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Le garage Lietukis : Dessous d'un pogrom

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Message  eddy marz 9/5/2008, 12:26

Bonjour à tous... Quelques notes sur les évènements survenus à Kaunas, le 25 juin 1941... (en 2 parties):

Dimanche 22 juin, Hitler déclanche l’opération Barbarossa, et boute le feu à l’Union Soviétique… 183 divisions allemandes déferlent en Russie, couvrant un front qui s’étend sur plus de 3.000 km, de la Baltique jusqu’à la Mer Noire… Dans le sillage de la Wehrmacht, les Einsatzkommandos ratissent les villes soviétiques où vivent environ 90% des Juifs d’URSS. Tallinn, Riga, Jelgava, et Kaunas (Kovno) sont envahies simultanément par l’Armée et les tueurs d’Heydrich. L’indépendance de la Lituanie – annexée par l’URSS depuis 1940 (suite au pacte Molotov-Ribbentrop) – est décrétée dans la foulée, dans l’espoir que les Soviétiques, débordés, soient contraints d’abandonner le territoire. Le 24 juin, Juonas Ambrazevius, membre du Lietuviu Aktivystu Frontas ou LAF (Front des Activistes Lituaniens) anti-Soviétiques, devient Premier Ministre. Les Russes refluent vers l’intérieur, massacrant au passage les prisonniers politiques Lituaniens, à Rainiai.

Le 25 juin, à peine entrés dans Kaunas, quelques hommes d’une troupe d’avant-garde de la Wehrmacht (apparemment la « Compagnie 562 », boulangers attachés à l’Intendance), assistent, en pleine rue, devant le garage Lietukis, au massacre de 10-30 hommes (chiffre incertain) par une foule Lituanienne, et prennent quelques photos… Les victimes sont assassinées à coups de barres de fer, de pelles, et de pieds de biches, devant une foule d’hommes, de femmes, et d’enfants enthousiastes ; certains portent même leur progéniture sur leurs épaules, qu’ils puissent profiter du spectacle.

Après guerre, ces photos furent propagées dans des publications officielles soviétiques, dénonçant la complicité des Nationalistes Lituaniens anti-Soviétiques dans les crimes Nazis… Deux des photos montrent le pogrom pendant son déroulement : victimes ensanglantées à terre, hommes armés de barres de fer (et/ou de bâtons) ; la troisième montre un jeune homme blond, posant pour le photographe, avec une barre de fer…

Les photos ont par la suite été très largement diffusées – surtout celle du jeune homme blond (connue dans les pays anglo-saxons sous le titre « The Death-Dealer of Kaunas" – « Le Pourvoyeur de Mort de Kaunas ») – et sont habituellement présentées comme preuves d’un pogrom « improvisé » (c’est-à-dire non prémédité) par des éléments criminels contre des victimes Juives innocentes. Par conséquent, à l’étranger, le massacre fut immédiatement considéré comme un pogrom antisémite.

Mais que s’est-il réellement passé ce jour-là au Garage Lietukis ? Et qu’en furent les véritables raisons ?

pogrom - Le garage Lietukis : Dessous d'un pogrom 111
« Le Pourvoyeur de Mort de Kaunas » (source : « The Good Old Days: The Holocaust as Seen by Its Perpetrators and Bystanders », E. Klee, W. Dressen V. Riess ; Free Press, New York, 1991).)

Dans une étude éditée en 1997 par Zvi Gitelman : « Bitter Legacy : Confronting the Holocaust in the USSR » (Indiana University Press, 1997), un chapitre est consacré aux « Relations Lituaniens-Juifs à l’Ombre de l’Holocauste ». Le chapitre contient une description de l’incident (à l’origine publiée en 1989 dans le mensuel « Pergale », un journal littéraire et artistique, organe de l’Union Soviétique des Auteurs Lithuaniens ; n°3 – 1989). Le récit est signé Alexandras Bendinskas qui, en 1941, était également membre du LAF :

« Ce qui s’est passé au garage Lietukis ? Je déclare qu’à peine dix personnes y furent tuées, peut-être moins. Ces gens furent cruellement assassinés. Le fait même d’être tué sans jugement préalable, sans accusation, par des personnes n’écoutant que leur passion, ne peut en aucun cas être justifié, légalement ou moralement. Le 5e commandement dit : « Tu ne tueras point ». Concernant le pourquoi de l’événement, aucun document n’existe, ni d’un côté ni de l’autre (Allemand ou Lituanien). Ceux qui préparèrent l’insurrection et y participèrent peuvent citer plusieurs faits expliquant les origines et circonstances de ce douloureux incident. […] Les 13, 14, et 15 juin (soit 10 jours avant l’invasion allemande), lors de la déportation des Lithuaniens (par les Russes), des camions provenant du garage Lietukis ainsi que d’autres établissements furent utilisés. […] »

« Les 17 et 18 juin, une rumeur commença à circuler selon laquelle une nouvelle déportation, encore plus grande, vers la Sibérie se préparait. Nous, dirigeants du LAF, nous réunîmes afin de juger de la situation. […] La tâche était d’empêcher l’Armée Rouge de détruire les canalisations d’eau, les centrales électriques, la centrale téléphonique, le pont ferroviaire, les fours à pain etc. et d’empêcher le pillage des entreprises, ou l’appropriation des moyens de transport. […] Le jour fatidique, le 22 juin. Le premier danger était le Bolchévisme […]. Nous avions assistés aux arrestations en masse et aux déportations de familles entières sans jugement ni accusation. Le second danger était la guerre. Nous avons choisi la guerre ; le moindre des deux dangers. Le soir du 22, les Bolcheviks fuirent en masse ; mais pas tous le même jour. Certains officiels du Parti, de la police, de l’Intérieur, restèrent afin de détruire tout document témoignant de leurs crimes et de leur ampleur, et de la participation de Moscou aux provocations. Parmi les plus zélés se trouvaient des Russes, des Lituaniens, et des Juifs ».

« Le 23, en soirée, le personnel de sécurité (des détectives pour la plupart) décidèrent de fuir à leur tour. Ils coururent au garage Lietukis pour y trouver des voitures. C’est là qu’ils furent arrêtés et enfermés dans le garage même, car la prison n’était pas encore entre nos mains ».

« […] Le 25 juin, quelques prisonniers politiques, libérés des geôles soviétiques, découvrirent les prisonniers enfermés dans le garage […] et en reconnurent quelques-uns. Alors commença quelque chose que personne n’aurait plus prévoir : . […] remplis de haine, ivres de vengeance, car certains d’entre eux avaient perdus leurs familles déportées en Sibérie, les ex prisonniers assassinèrent tous ceux enfermés dans le garage. Ils les frappèrent avec tout ce qui leur tombait sous la main. […] Ce fut un spectacle atroce ! . […] Ni moi, ni d’autres que je connais, ne trouvent de justification pour cette bacchanale de mort ».







pogrom - Le garage Lietukis : Dessous d'un pogrom 211
Photo #2 : Pogrom du garage Lietukis (source : « The Good Old Days: The Holocaust as Seen by Its Perpetrators and Bystanders », E. Klee, W. Dressen V. Riess ; Free Press, New York, 1991).)

Dans la photo #2, ci-dessus, des soldats allemands regardent et prennent des photos. On réussit à identifier des femmes. Mais, en regardant en haut et à droite de l’image, on reconnaît, se tenant légèrement devant la foule, les bras levés pour frapper, le « jeune homme blond ». Preuve que les deux photos furent prises le même jour...

à suivre
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Message  eddy marz 9/5/2008, 12:34

Suite et fin...

pogrom - Le garage Lietukis : Dessous d'un pogrom 310
Photo #3 : Pogrom du garage Lietukis (source : « The Good Old Days: The Holocaust as Seen by Its Perpetrators and Bystanders », E. Klee, W. Dressen V. Riess ; Free Press, New York, 1991).)

Le récit de Bendinskas semble solide. Pourtant, les choses ne sont pas tout à fait ce qu’elles paraissent…

Qui étaient exactement les individus tués au garage Lietukis ? Nombre d’auteurs ayant traité le sujet le présentent comme un pogrom antisémite. L’était-ce ? D’après les informations disponibles, la majorité étaient des détectives des services de sécurité, et des chefs de « sections spéciales » d’entreprises. Ils furent tués en raison de leur statut officiel, et pas particulièrement parce qu’ils étaient Juifs (bien que la majorité d’entre eux l’étaient). Le nombre change également. À l’époque de l’insurrection, il était question d’une douzaine. Plus tard, la presse soviétique annoncera 30, puis 40, et finalement 70.

Mais les avis concernant cette terrible journée du 25 juin 1941 diffèrent. Pour d’autres, le massacre du garage Lietukis ne fut qu’une partie des tueries organisées mises en place par les Allemands lorsqu’ils occupèrent Kaunas. Le Brigadeführer SS, Generalmajor der Polizei, et Commandant de l’Einsatzgruppe A, Walter Stahlecker, aurait réussi à provoquer un pogrom, suggérant ainsi que les victimes Juives étaient haïes par la population. Dans son rapport, Stahlecker explique et donne des chiffres :

« Actions contre la Juiverie : Depuis le début, il fallait s’attendre à ce que le problème Juif ne puisse être résolu que par des pogroms. […] Des détachements spéciaux, renforcés par des unités Lituaniennes sélectionnées, […] procédèrent à des exécutions extensives, autant dans les villes que dans les régions rurales. […] Lors du recrutement des détachements Lituaniens ou Lettons pour les pelotons d’exécution, les hommes furent choisis parmi ceux dont les familles avaient été liquidées ou déportées par les Russes. […] Il fallait créer l’impression que la population locale elle-même avait fait le premier pas, une sorte de réaction naturelle aux décennies d’oppression par les Juifs et la terreur plus récente exercée par les Communistes ».

« […] Quelques heures après notre arrivée en ville (Kaunas), les éléments antisémites locaux furent persuadés d’organiser des pogroms contre les Juifs, malgré les conditions extrêmement difficiles. […] Lors du premier pogrom, la nuit du 25/26 juin, plus de 1.500 Juifs furent éliminés par les partisans Lituaniens, plusieurs synagogues incendiées, et un quartier Juif d’environ 60 maisons fut rasé. […] La Wehrmacht fut informée de l’action et démontra toute sa compréhension. De ce fait, les opérations se déroulèrent en douceur. […] Dans certains lieux – et particulièrement à Kovno (Kaunas) – les Juifs étaient armés et participèrent activement comme francs-tireurs et incendiaires. En plus de ces activités, les Juifs avaient collaborés étroitement avec les Soviets. […] Pendant les pogroms de Kovno, 3.000 Juifs furent éliminés. »

(Rapport du Brigadeführer SS W. Stahlecker – cité dans « The Good Old Days: The Holocaust as Seen by Its Perpetrators and Bystanders », édité par Ernst Klee, Willi Dressen and Volker Riess (Free Press, New York, 1991). Les éditeurs citent leur source : « Einsatzgruppe A, Gesamtbericht bis zum 15. Oktober 1941 » ; Franz Walter Stahlecker, Einsatzgruppe A. Nbg Dok).

Mais aucune analyse des récits des témoins allemands ne semble avoir été faite, ni aucune tentative pour déterminer dans quelle mesure ces derniers corroborent, ou réfutent, les affirmations d’Alexandras Bendinskas, le dirigeant LAF. Ces témoignages allemands furent-ils obtenus lors d’interrogatoires par les vainqueurs soviétiques, et concoctés pour établir une version où des actes criminels furent commis contre des innocents, plutôt qu’une insurrection populaire contre l’URSS ? Il est important de noter que les témoignages d’allemands recueillis par les tribunaux allemands ne sont pas issus des procès eux-mêmes, mais des archives soviétiques d’après-guerre. D’autres problèmes se présentent également : les variations des cinq témoignages allemands quant à la date du massacre au garage Lietukis. Elle diverge du 23 au 28 juin. Si ces divergences ne revêtent pas une importance capitale (sauf dans le cas ou les témoins auraient assisté à un pogrom se déroulant sur plusieurs jours, provoquant ainsi plus de victimes que les 10-30 annoncées), nous pouvons sans doute accepter le récit du photographe, Wilhelm Gunsilius : « Le mardi 24 juin 1941, je faisais partie d’une unité d’avant garde en route pour Kaunas. Nous y sommes arrivés avant le déjeuner, mercredi 25 juin. » Son récit correspond à la réalité puisqu’il est historiquement avéré que les avants gardes de la Wehrmacht atteignirent Kaunas le 25.

Gunsilius déclare aussi que le motif du massacre était une vengeance de la part du « jeune homme blond », dont les parents avaient été tués par les soviétiques 48h auparavant (ce qui confirme également les exactions russes des 22-23 juin précédents). Son récit concorde avec celui de Bendinskas, à savoir que les victimes étaient des collabos. Gunsilius affirme que le nombre des victimes s’élevait à 40 personnes environ.

Quant à Wilhelm Stahlecker, tout porte à croire que ses affirmations, selon lesquelles l’Einsatzgruppe A aurait été à l’origine du pogrom, n’étaient destinées qu’à se mettre en valeur aux yeux de Berlin. En effet, une déclaration faite le 20 octobre 1947 par le Général Von Roques (membre de l’OKW « Front de l’Est ») semble le confirmer :

« Le Général SS Stahlecker m’informa que les Lituaniens avaient initiés et accomplis la première vague de massacres à Kovno, y compris celui du garage Lietukis ».

Le compte rendu de Bendinskas paraît donc crédible (même s’il est évident qu’il n’assista pas personnellement aux tueries), et correspond aux circonstances reconnues de la retraite des soviétiques (débutée le 21 juin) : à savoir l’insurrection des nationalistes Lituaniens, et l’intervalle de 3-4 jours avant la prise de contrôle totale des Allemands.

Sources :
- The Good Old Days: The Holocaust as Seen by Its Perpetrators and Bystanders, E. Klee, W. Dressen V. Riess ; Free Press, New York, 1991).
- Rhodes, Richard. Masters of Death : The SS Einsatzgruppen and the Invention of the Holocaust – Vintage Books, USA (ré-édition août 2003).

Cheers
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Message  Goliath 9/5/2008, 15:53

Très intéressant, merci Eddy ! clin doeil gri
Je suis allé à Kaunas, et sur les restes d'un ancien camp, on a construit un cimetière et monuments aux
nombreux juifs qui y sont morts. Il y a également un vaste musée.
Le cimetière est lui aussi vaste.
La ville de Kaunas elle-même, est d'après mes souvenirs, très jolie.
De terribles massacres eurent lieus dans ces régions et la Lettonie voisine.


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Message  eddy marz 9/5/2008, 18:08

Salut Goliath;

Oui, la Lituanie, la Lettonie, la Biélorussie, furent le théâtre d'exactions d'une ampleur et d'une cruauté défiant l'imagination; encore insuffisamment documentées. Beaucoup de recherches modernes sont effectuées par des chercheurs et historiens locaux, mais pas nécessairement traduites en Français (beaucoup plus en Anglais, à cause de l'éventail de distribution). Les recherches françaises récentes sur les Einsatzgruppen par ce prêtre français (je ne me souviens plus de son nom - "La Shoah par balles") furent devancées de plusieurs années par des recherches anglo-saxonnes (UK & US) avec l'appui des autorités, universitaires et services scientifiques locaux (comme les fouilles archéologiques de Belzec, par exemple)... Avec le temps...

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Message  furie 9/5/2008, 21:38

eddy marz a écrit:Les recherches françaises récentes sur les Einsatzgruppen par ce prêtre français (je ne me souviens plus de son nom - "La Shoah par balles") furent devancées de plusieurs années par des recherches anglo-saxonnes

Le pére Patrick Desbois il me semble : http://www.un-echo-israel.net/article.php3?id_article=2096
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Message  Phil642 9/5/2008, 21:45

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Message  eddy marz 10/5/2008, 09:25

Oui, c'est ça. Merci Phil & Furie...

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Message  Jules 15/11/2012, 10:50

Salut Eddy,
j'aimerais en savoir un peu plus sur ces fameux pogroms.

D'après ce que j'ai lu :
1) ceux-ci sont des humiliations/tueries entre populations d'un même pays mais d'origines ethniques différentes,
2) ceux-ci ont lieu principalement dans les pays baltes, en Ukraine, Roumanie et en Russie après que les Russes ont décampé face à l'invasion allemande,
3) Heydrich aurait encouragé les Einsatzgruppen à participer à ces pogroms.

Ma question est : pourquoi le retrait Russe dans ces pays occupés (qui se sentent libérés de l'envahisseur) engendre de telles violences chez ces populations ?
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Message  Eustachie 15/11/2012, 11:39

La vindicte populaire, des mois, des annees de soumission a un regime autoritaires, surtout si le maitre qui s'en va est etranger...dans ce cas, et a chaque fois c'est la meme chose on s'en prend au premier venu qui devient responsable de tous les mots, et les "crieurs" attisent la haine collective de la foule, mais bien souvent on s'appercoit que ces vengeurs qui se cachent derriere l'anonyma de la foule n'etaient forcement les plus actifs a la lutte et la resistance durant l'occupation.

Voir pour quelques exemple les histoires pas tres belles de l'epuration en France a la liberation, tout comme a l'entree en vigueur de l'independance en Algerie, tout comme aussi il n'y a pas si longtemps au moment de l'eclatement de l'ex Yougoslavie.

Dans le cas present, le regime policier stalinien etait tel, et particulierement dans les etats d'URSS non-russes, que Staline avait fait naitre une opposition sourde mais massive, quel % exactement?

En resume sur l'ensemble de L'URSS (peut on parler de majorite ou toute la population?), le peuple en avait "ras le bol" de Staline. On dit que si les allemands etaient entres en Russie en liberateur plutot qu'en conquerant, aux ideaux raciaux sur la question des slaves et convaincus d'etre des maitres colonisateurs, Hitler aurait pu seduire une partie importante de la population, qui sait? Neanmoins ce fut une des taches des plus vitales pour Staline que de rallier derriere lui le peuple russe, l'attitude du conquerant "nazi" favorisa grandement son travail, mais il fut oblige de faire aussi des concessions a sa population dont une partie fut abrogee apres la guerre.

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Message  eddy marz 15/11/2012, 14:43

C'est à peu près ça. N'oublions pas que de nombreux habitants d'Ukraine, de Biélorussie, de Lettonie, etc. accueillirent les troupes allemandes en libérateurs au cours des premières semaines (le réveil fut brutal). Lorsque les troupes soviétiques battirent en retraite, les prisons furent ouvertes et nombre d'opposants politiques (intellectuels, nationalistes de droite etc.) furent libérés. Parmi eux se trouvaient également beaucoup de droits communs et d'assassins. Les tables étaient retournées en l'espace de quelques heures et les "traîtres" à la solde des soviétiques furent massacrés. Bien entendu, et comme c'est toujours le cas, beaucoup de personnes furent également victimes de vengeances personnelles, d'opportunité de leur voler leurs commerces ou propriétés; ou tout simplement d'appartenir à tel ou tel groupe ethnique. Notons que dans le cas du pogrom du garage Lietukis, les quelques membres de la troupe d'avant-garde allemande se contentent d'êtres spectateurs...

Deux exemples de pogroms en 1941 (attention, désagréable) :
https://www.youtube.com/watch?v=WggIDuOrLy0
https://www.youtube.com/watch?v=YiaV-4YSyuE
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Message  Jules 15/11/2012, 15:39

En fait j'ai oublié un truc fondamental dans ma question, d'ailleurs je le précisais implicitement dans le 3). Pourquoi les juifs étaient précisément visés par ces pogroms ?
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Message  eddy marz 15/11/2012, 15:54

Jules a écrit:En fait j'ai oublié un truc fondamental dans ma question, d'ailleurs je le précisais implicitement dans le 3). Pourquoi les juifs étaient précisément visés par ces pogroms ?

La plupart du temps pour les raisons antisémites habituelles propres à l'époque: "Juifs", "profiteurs", "propagateurs du communisme", "souilleurs de race", "capitalistes" etc.
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