Pzkw IV mit 7,5 cm Rückstoßfrei Kanone 43 und 3cm MK 103

Lorsque débute, en Union soviétique, la mise au point du canon sans recul, il apparaît très clair que l'arme est promise à un grand avenir. Les Allemands s'intéressent très tôt à ce système d'arme, à la fois léger et qui n'entraîne pas d'obligation de remédier au recul du tir. Au cours de l'année 1930, le Traité de Versailles est alors toujours en vigueur, des échanges entre ingénieurs soviétiques et allemands – ces derniers oeuvrant pour la firme Rheinmetall – s'effectuent dans le plus grand des secrets. Ce travail se révèle fructueux, puisque rapidement des prototypes de canon sans recul sont développés par Rheinmetall, Krupp et Böhler. Cet état de fait aboutit logiquement à la production en série de l'un d'eux, le canon sans recul pour parachutiste LG-42.
Du fait des avantages déjà cités du canon sans recul, les Allemands pensent rapidement à une adaptation sur blindé, à l'instar de ce qui s'est déjà effectué en Union soviétique sur de très nombreux prototypes. La guerre est déjà bien avancée lorsque Hitler, en mai 1943, s'entretient avec Albert Speer pour planifier la production d'un canon sans recul à hautes performances, pouvant éventuellement être embarqué à bord d'un char. Le but n'est alors pas d'obtenir un palliatif aux canons classiques, puisque la trajectoire courbe et la faible vitesse initiale des projectiles de canons sans recul ne permet pas d'engager des cibles mobiles à des distances excédant 300 mètres. L'objectif est plutôt de faire de ces canons des armes anti-infanterie, destinée principalement au combats de rue, et occasionnellement d'effectuer des engagements anti-chars à courte distance. Le canonnier Krupp réalise promptement le prototype d'un tel canon, qui est validé par les autorités allemandes en septembre 1943, sous le nom de 7,5 cm Rückstoßfrei Kanone 43. Un contrat portant sur la production de 1000 exemplaires de cette pièce est ensuite passée en octobre. Les livraisons sont par la suite honorées, puisque Krupp produit 400 pièces dès ce même mois d'octobre et réalise la 1000e pièce en mars 1944.
La question du châssis de char destiné à emporter de tels équipement reste cependant entière à ce stade. Divers projets apparaissent, principalement dans les usines Krupp, qui ont déjà proposé par le passé d'autres engins similaires. Un des projets semble alors favorisé par les ingénieurs, se basant principalement sur un char Panzer IV, dont la tourelle est fortement modifiée. Les deux canons sans recul sont disposés de part et d'autre de la tourelle, pendant qu'une troisième pièce de 3cm, de type MK 103, se voit placée très classiquement sur le mantelet de la tourelle. Une telle configuration permet de conférer à l'engin une fonction d'appui, tout en conservant une certaine capacité à engager des cibles faiblement blindées, du fait de son canon automatique central aux performances très élevées. Afin de présenter le projet aux autorités et dans l'espoir de le voir commandé, une maquette en bois grandeur nature est réalisée.

Ce projet de char destiné au soutien de l'infanterie a indéniablement souffert de plusieurs facteurs ne lui laissant que peu de chances d'aboutir. Tout d'abord, la situation de l'Allemagne ne lui a pas permis d'éparpiller la production de ses trop rares usines vers des projets à la valeur militaire encore peu avérée. Par ailleurs, la production des munitions de canons sans recul demandant une très importante quantité de poudre, il a été impossible d'assurer un approvisionnement correct pour les besoins du front. Pour illustrer cet état de fait dramatique, il convient de rappeler qu'au 25 novembre 1944, seules 10 000 munitions de 7,5 cm Rückstoßfreie Kanone 43 avaient été produites (soit un maximum de 10 coups disponibles par arme).
Les Anglais capturent en 1945 la maquette grandeur nature de ce blindé resté à l'état de projet, qui a sans doute été ultérieurement transformée en bois de chauffage.

Le canon sans recul 7,5 cm Rückstoßfreie Kanone 43, qui a engendré de nombreux projets d'engins d'appui.

Vue ¾ avant de la maquette du projet de blindé sujet de ce post. Contrairement à ce que pourrait évoquer le tube du canon central, ce n'est pas un KWK 39 de 5cm qui est destiné à être monté, mais un redoutable MK 103 de 3cm.

Autre vue de l'avant de cette maquette, notez l'absence apparente de mitrailleuse de caisse.

Comme le figure cette photo, les deux canons sans recul sont rattachés de part et d'autres de la tourelle, mais ne sont pas intégrés à l'intérieur même, afin de permettre l'évacuation des gaz de combustion des munitions. Le problème de leur ravitaillement se pose alors, puisque l'équipage semble obligé de devoir sortir du blindé pour l'approvisionner. Une procédure risquée qui aurait pu être palliée par un des successeurs prévu du 7,5 cm Rückstoßfreie Kanone 43, le 7,5 cm Rückstoßfreie Bordkanone.

L'architecture du Pzkpfw IV mit 7,5 cm Rückstoßfrei Kanone 43 und 3cm MK 103 se retrouve dans les engins d'acompagnement d'infanterie modernes, à l'instar du BMP-T russe.

Source image : http://rusarmy.com/photo/bron0/tnk_bmpt/tnk_bmpt_003.htm


Sources :

BOECKLE Willi, Deutschlands Rüstung im Zweiten Weltkrieg, Akademische Verlagsgesellschaft Athenaion.

GRIEHL, Manfred. Deutsche Flugzeurg-bewaffnung bis 1945. Editions Motorbuchverlag, Stuttgart, 2008.

PAWLAS Karl, Waffen Revue n°46, Nuremberg, décembre 1982.