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L’industrie revisite son passé nazi

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Message  Phil642 29/9/2011, 11:42

Le gotha de l’industrie allemande est rattrapé par son passé nazi. Les héritiers tentent de solder les comptes.

La famille Quandt, richissime propriétaire de BMW, Deutsche Bank ou la griffe de prêt à porter Hugo Boss… des grands noms de l’économie allemande, tentent de solder les comptes de leur passé nazi, 70 ans après.

Michel Dumoulin, vous êtes historien à l’UCL, pourquoi ces mea culpa arrivent-ils si tard ?

Nous quittons lentement une histoire nourrie de mémoire vive, autrement dit de témoignages à charge et à décharge, d’expériences personnelles, de polémiques. Nous assistons au passage de témoin d’une génération à une autre, dont le souci n’est pas de refermer la porte, mais de faire place nette en analysant les choses au-delà de la mémoire orale, en se fondant sur des éléments plus objectivables.

Mais pourquoi maintenant ?

Aujourd’hui, les temps sont mûrs pour que l’on entre dans l’histoire, ce qui n’exclut pas que l’on cultive la mémoire. Le passé des grandes familles allemandes a été revisité à la faveur d’un mouvement plus général qui, ces dix dernières années, a vu des historiens se pencher sur le passé des magistrats, des policiers, des diplomates.

Pourquoi ces grands industriels n’ont-ils jamais été inquiétés ?

En Belgique, si l’on avait poursuivi et condamné, en 1944-45 et par la suite, toutes les entreprises, tous les patrons, petits et grands, auxquels on pouvait reprocher des activités illicites sur base des enquêtes de l’auditorat militaire, la vie économique du pays aurait été décapitée. C’eut été la même chose en Allemagne. Ce n’est pas le seul facteur. La guerre froide a joué un rôle essentiel. La proclamation de la République fédérale en mai 1949, suivie le 1er octobre par celle de la République démocratique, a évidemment ouvert une plaie béante mais aussi un risque majeur dans le contexte de l’époque. Donc, sur injonction de Washington, on a freiné le démantèlement de l’industrie allemande. Il fallait reconstituer rapidement un bouclier pour faire obstacle à l’Union soviétique. À l’instar d’Hermann Abs, président de la Deutch Bank qui était déjà en service durant la Seconde Guerre mondiale, une série de personnages se sont reconvertis et ont poursuivi leur carrière.

Quels sont les grands noms de l’industrie allemande rattrapés par leur passé nazi ?

Les Krupp, Flick… grosso modo tout le gotha de l’industrie allemande et au-delà des familles mêmes, IG Farben, à cause du gaz exterminant, qui a poursuivi ses activités après-guerre sous d’autres appellations à travers des filiales.

Il y a aussi le monde de la finance et plus particulièrement de la banque. La Deutsche Bank a récemment confié à des historiens le soin de faire la lumière sur son passé nazi.

Pourquoi cherchent-ils à rétablir la vérité ?

On peut faire un parallèle entre cette quête de vérité, ce souci d’être moralement droit dans ses bottes, avec l’attitude d’un nombre non négligeable de descendants de dignitaires nazis qui manifestent de la sympathie pour les milieux juifs. Je n’exclus pas que la nouvelle génération de dirigeants soit soucieuse non seulement de faire place nette mais aussi de réparer.¦

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20110929_00051430

BMW a exploité 50 000 travailleurs

Les propriétaires de BMW brisent le tabou sur le passé nazide leur familleet écornent l’image du père et du grand-père.

Loin d’être une« victime des nazis », comme il a voulu le faire croire à la sortie de la guerre, Günther Quandt, patriarche d’une des familles les plus riches d’Allemagne et propriétaire de BMW, « faisait partie du régime », assène le rapport commandé à un historien indépendant. Publié fin septembre, l’enquête de Joachim Scholtyseck est un exercice « d’ouverture et de transparence » selon ses petits enfants, qui écorne sérieusement l’image du fondateur de leur empire industriel et de ses fils Herbert et Harald.

Dans ses usines, Günther Quandt a exploité parfois jusqu’à la mort plus de 50 000 travailleurs forcés, prisonniers de guerre et de camps de concentration, pour fabriquer armes et batteries indispensables à Hitler. Entrepreneur « sans scrupule », il a prospéré pendant le nazisme, en profitant pour spolier des entrepreneurs juifs et transformer son affaire en empire industriel.

Son fils Herbert, l’une des figures du patronat allemand lors du « miracle économique » de l’après guerre, révéré pour avoir sauvé BMW de la banqueroute en le rachetant en 1959, en prend aussi pour son grade. Il a eu recours à des travailleurs forcés alors qu’il dirigeait l’une des entreprises du groupe à Strasbourg et à la fin de la guerre, a même chapeauté la construction d’un baraquement pour des prisonniers de camps de concentration à Sagan, dans l’actuelle Pologne, révèle l’historien.

Forts de ce travail, les petits-enfants Quandt, à la tête d’une fortune estimée à 20 milliards d’euros, disent à présent leurs « regrets profonds » du travail forcé, mais ne se résolvent pas à répudier leur grand-père.

Le « couturier préféré » d’Hitler

Du côté d’Hugo Boss, pas d’histoire de famille mais le souci de couper court aux « déclarations vagues sur son passé ». Une rumeur embarrassante voulait que son fondateur fût le « couturier préféré » d’Hitler.

Ferdinand Hugo Boss a bien fourni le parti nazi en chemises brunes, dès 1924. Après la crise de 1929, il a adhéré au parti, et pas seulement pour pouvoir fournir la Wehrmacht et les SS en uniformes.

Ferdinand Hugo Boss n’était « clairement pas » hostile aux nazis, et adhérait à leur politique, juge l’étude commandée à un autre historien et qui vient de paraître, mais il était loin d’être le principal fournisseur d’uniformes du régime.

Pour solder le passé, le fabricant de prêt-à-porter a « présenté ses profonds regrets » d’avoir employé 140 travailleurs forcés, dont une majorité de femmes et 40 prisonniers de guerre français.

20 millions de travailleurs forcés

La plupart des entreprises allemandes ont eu recours au travail forcé pendant le nazisme. Au total, 6 500 d’entre elles ont contribué au financement de la fondation Mémoire, responsabilité et avenir (EVZ), qui a versé 4,4 milliards d’euros de dédommagement à plus de 1,6 million d’anciens travailleurs forcés ou à leurs héritiers.

Mais beaucoup d’autres, ne répondant pas aux critères, n’ont jamais été indemnisés. Les dernières recherches historiques évaluent jusqu’à 20 millions le nombre de travailleurs forcés dans l’Europe hitlérienne.

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20110929_00051812
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Message  le lecteur 10/10/2011, 20:35

Je suis un peu surpris de cet interview... Le fait d'étudier l'histoire industrielle sous le nazisme n'est pas une nouveauté, mais se fait depuis 10-15 ans. L'auteur semble un peu découvrir l'eau chaude.

Au passage, ce n'est pas IG Farben qui fabriquait les gaz exterminants, mais Degussa, une entreprise qui existe toujours et n'a pas changé de nom.

Beaucoup de détails ici, si vous êtes intéressés: http://www.mapiledelivres.org/dotclear/index.php?post/2010/02/07/From-cooperation-to-complicity-Degussa-in-the-Third-Reich%2C-by-Peter-Hayes

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