80 ans de l'accession d'Hitler au pouvoir

Il y a 80 ans, Hitler arrivait au pouvoir en Allemagne. L’occasion pour Angela Merkel de rappeler que « la liberté ne va pas de soi » et que « la démocratie ne réussit pas de soi », alors que l’Europe regarde à nouveau vers les années 30.

Il y a exactement 80 ans, Adolf Hitler arrivait au pouvoir en Allemagne. Il devient chancelier de la République de Weimar après un mois d'intrigues politiques au sommet de l'Etat. En 1934, il est plébiscité à la présidence de la République.

En cette période de crise économique et de remontée des populismes en Europe, où les regards se tournent à nouveau vers les années 30, cet anniversaire résonne comme une alarme.

« Cela doit être un avertissement permanent pour nous, Allemands », a martelé Mme Merkel. Un avertissement que « les droits de l’Homme ne s’imposent pas d’eux-mêmes. La liberté ne va pas de soi et la démocratie ne réussit pas de soi ».

La chancelière s’exprimait lors de l’inauguration à Berlin d’une exposition consacrée aux six premiers mois du « Führer » au pouvoir, à l’emplacement même de l’ancien siège de la Gestapo. Elle a rappelé qu’il n’avait fallu que six mois à Adolf Hitler « pour anéantir toute la diversité » de la société allemande et a souligné qu’une grande partie de la société allemande avait soutenu « ou au moins cautionné » le régime hitlérien.

L’Allemagne a regardé ses crimes en face pour se reconstruire
On connaît la suite, le durcissement du pouvoir qui évolua en régime totalitaire, les autodafés de livres, les camps de concentration, l’invasion de la Pologne et la Seconde guerre mondiale. Tout cela s’est passé en six ans à peine.

« Tout ce qui fait une société vivante et humaine nécessite des hommes qui manifestent respect et attention les uns vis-à-vis des autres, qui prennent des responsabilités pour eux et pour les autres », a insisté Angela Merkel, née après la Seconde Guerre mondiale, réaffirmant « la responsabilité permanente » de l’Allemagne pour les crimes nazis.

L’Allemagne n’a jamais nié ses crimes et les a au contraire regardés en face. Elle s’est reconstruite de zéro et est aujourd’hui la locomotive de l’Union européenne et une des démocraties qui fonctionnent le mieux au monde.


http://www.lesoir.be/174975/article/actualite/monde/2013-01-30/il-y-80-ans-hitler-arrivait-au-pouvoir%E2%80%A6

L’Allemagne n’a jamais nié ses crimes et les a au contraire regardés en face. Elle s’est reconstruite de zéro et est aujourd’hui la locomotive de l’Union européenne et une des démocraties qui fonctionnent le mieux au monde.

Oui, enfin, "jamais", c'est un bien grand mot. Le mythe de la werhmacht propre à l'est a perduré longtemps tout de même. Et beaucoup de gens on rejeté les crimes de la période sur les nazis déclaré et membre du partis. Je ne parlerais même pas des petits malins qui ont profité de la guerre froide pour se faire oublier en pointant du doigt les "cocos". (Gehlen, Speer, la plupart des officiers supérieurs allemands de la werhmacht...)

Sinon, pour le reste, je me dois d'être en accords avec ce post.

1. Les nazis n'avaient pas la majorité absolue
2. Ils sont passés grâce à la droite parlementaire
3. Le climat ne permettait pas ce qu'on peut appeler une élection sereine et normale. L'Allemagne était au bord de la guerre civile et on pouvait craindre un retour des troubles de 1918

ghjattuvolpa* a écrit:1. Les nazis n'avaient pas la majorité absolue
2. Ils sont passés grâce à la droite parlementaire
3. Le climat ne permettait pas ce qu'on peut appeler une élection sereine et normale. L'Allemagne était au bord de la guerre civile et on pouvait craindre un retour des troubles de 1918

 C'est exact !

En fait les nazis ne seraient probablement jamais arrivés au pouvoir s'il n'y avait pas eu la crise de 1929. En 1927, ils avaient eu un score dérisoire aux élections nationales et locales. A cette époque-là, ils représentaient à peine quelques dizaines de milliers de fanatiques (ce qui est déjà beaucoup mais peu par rapport à la population allemande au complet). En 1927 également, ils furent frappés d'interdiction, avec les uniformes SA proscrits et Goebbels eut l'interdiction de parler en public. Ils durent renoncer à leurs marches, leurs drapeaux et tout le décorum qui va avec.

D'autre part, à l'extrême droite comme à l'extrême gauche, on voulait la peau de la République de Weimar. L'impact du chomage a ravivé le traumatisme des années qui ont suivi la Première Guerre mondiale, traumatisme à l'origine même de la naissance du national-socialisme -matiné à la suite des spartakistes et autres révolutionnaires qui crachèrent sur les soldats revenant du front-. Tous les Allemands nés entre 1900 et 1910 ont largement adhéré par pensée ou par carte de membre du parti au NSDAP, avec un très, très fort sentiment de nationalisme. Il y avait bien d'autres partis à droite de la droite, comme celui de Luddendorf pour ne citer que lui, mais aucun d'entre eux n'a fédéré comme l'a fait le NSDAP. La grande dépression, c'est le miracle que les nazis attendaient, parce qu'en 1926, Goebbels leur avait dit qu'ils pourraient atteindre leur objectif à condition de se mobiliser contre la faim, le désespoir et le sacrifice -comprenez de s'en servir comme leviers pour accéder ensuite au pouvoir-.

Le seul qui ait directement affronté Hitler les yeux dans les yeux se nommait Hans Litten. Un petit avocat allemand, juif et de gauche, vouté, aux lunettes d'écaille rondes. Il ne payait pas de mine en apparence mais Il avait à peine 30 ans lorsqu'il colla Hitler devant un tribunal suite à ce qui s'était passé dans un quartier de Berlin, Charlottenburg, à l'Eden-Palast, une salle de danse ou en novembre 1930, les SA de la Sturm 33 blessèrent des communistes. A cette époque-là, ils n'employaient plus les gourdins et les poings mais les armes à feu. Des coups de feu ont été tirés et trois communistes ont été grièvement blessés.

Litten s'en est servi pour poursuivre non seulement les hommes de la Sturm 33 mais également Hitler. En mai 1931, il obtint la comparution devant un tribunal et ne se démonta pas quand il attaqua Hitler de face. Il ne parvint pas à faire condamner Hitler pour faux témoignage, parce que Litten avait logé des infiltrés au sein de l'unité SA -réputée pour être la plus violente de toutes, parce qu'elle faisait régulièrement la une des quotidiens suite à ses exactions et autres coups de feu-, mais il parvint à démontrer qu'Hitler était complice, qu'il était un menteur et qu'il était violent au travers de la vaste campgne de presse qui se déroula pendant le procès. Litten est le seul qui ait réellement ébranlé Hitler et qui lui ait fait peur.

Malheureusement Litten en paya le prix. Lorsqu'Hitler arriva au pouvoir, il fut envoyé à Dachau. Pendant cinq ans, il vécut un enfer qui commença dès son arrivée. ll finit par se suicider en 1938. Le barreau allemand remet chaque année un prix qui porte son nom.