L'aide des britanniques à la résistance française.

tietie007 29/10/2012, 19:04

Dans L'Histoire n°381, novembre 2012, page 8 à 12, à l'occasion de la projection du documentaire "Les anglais dans la Résistance, une guerre régulière" au festival de Pessac, l'historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac revient sur l'importance de l'aide britannique à la résistance française, et son occultation pendant longtemps.
L'historien précise que la résistance française a oublié cette aide britannique puisque dans ses Mémoires de guerre, De Gaulle n'en parle pas et que le colonel Passy, dans ses Mémoires inachevés parle des anglais plus comme des adversaires que comme des alliés !
C'est en 1966 qu'un livre de l'historien Michael Foot, SOE in France, évoque les actions du SOE en France. Etude commandée par le premier ministre Harold Mcmillan, qui a fait ouvrir les archives au jeune universitaire, le livre fut interdit de publication en France par le Foreign Office, en 1968, pour ne pas froisser le général de Gaulle. Surtout qu'à la même époque, le colonel Passy cria au scandale face à ce livre qui minimisait le rôle de la résistance française ! La geste nationale passait avant la vérité historique !
Il fallut attendre 1991, avec l'érection d'un Mémorial à Valençay, dans l'Indre, rendant hommage aux 104 agents de la section F du SOE, pour que l'action des agents du SOE, dans l'hexagone, fut officiellement reconnue.

eddy marz 29/10/2012, 23:22

Merci pour ces renseignements, Tietie. Je ne savais pas du tout que cette aide/collaboration avait été ainsi occultée. Quel plaie que l'orgueil...

tietie007 30/10/2012, 07:32

eddy marz a écrit:Merci pour ces renseignements, Tietie. Je ne savais pas du tout que cette aide/collaboration avait été ainsi occultée. Quel plaie que l'orgueil...

Le projet gaulliste était militaire mais surtout politique, et il fallait réparer l'humiliation de mai-juin 40, ce qui nécessitait la construction d'une légende résistante, au détriment de la vérité historique. La reconstruction de l'unité nationale valait bien un petit mensonge et il est normal qu'en ces temps mouvementés, où la guerre civile pointait, le mythe d'une France se libérant presque toute seule était nécessaire.
De plus, les relations tendues entre le général et Churchill eurent raison des agents du SOE en France, qui furent priés de dégager rapidement, lors de la Libération de la France, comme George Starr, agent de la section F dans le Gers, qui équipa en armes tous les maquis d'Aquitaine.
La résistance communiste, évidemment, majoritaire, taira cette aide anglaise qui fut moins généreuse avec elle qu'avec des maquis non-communistes.
Par contre, ce qui plus étonnant, c'est que si on peut comprendre le silence des autorités françaises juste après la guerre, pour des raisons politiques, il est difficile de saisir la pérennité de celui-ci, jusqu'à la fin des années 80. On mettra ça sur l'anglophobie qui a toujours traversé les gaullistes, et, plus généralement, la classe politique française, puisqu'il fallut attendre 1991, pour voir un mémorial dédié aux agents du SOE, morts pour la France !

Ming 30/10/2012, 14:31

En fait cela va même plus loin que cela. De Gaulle était tellement anglophobe et tellement énervé vis-à-vis de l'existence de la section F qu'il en vint à créer la section RF (pour République Française) au sein de laquelle la plupart des Français servirent. Mais ça ne se fit pas sans mal, puisqu'à l'époque de la création de RF, il y eut des empoignades sévères - il y a eu au moins un cas d'enlèvement d'un agent F par la section RF avec un passage à tabac pour le "motiver" à rejoindre RF ou ce que l'on nomma par la suite le BCRA -. Passy ferma les yeux sur ces épisodes de guerre interne entre services. Et dans ses mémoires (en deux tomes) il est loin d'être tendre avec les Britanniques - on en vient à se demander si parfois il ne se trompe pas d'ennemi -.

L'autre raison de l'interdiction de publication du livre de Foot (du moins de sa première édition, car l'édition actuelle est expurgée de certains passages que l'on trouve dans la première) est relative au sacrifice du réseau Prosper en 1943, dans le but de faire croire aux Allemands un débarquement sur les côtes françaises en septembre 1943 (opération Starkey de mémoire). Certains agents furent délibérément vendus au contre-espionnage allemand -sans le savoir- et furent exécutés, d'autres firent exprès de tomber dans les mains de la gestapo (Jacques Bureau notamment). C'est principalement ce cadavre dans le placard - qui est d'ailleurs toujours sous le sceau du secret puisque les archives du PRO concernant cette histoire tragique sont verrouillées - qui fut à l'origine de l'interdiction.

Phil642 30/10/2012, 18:41

Sir W. Churchill était très méfiant à 'égard des Français et surtout de De Gaulle en qui il voyait un arriviste plus politicien que militaire déjà que celui-ci avait essayé de l'entourlouper lors du discours du 18 juin.

Ceci dit il n'a pas ménagé l'aide aux groupes de Résistants sur lesquels il était sûr de compter, faisant une différence entre les cocos et autres donnant une nette préférence à ceux qui étaient organisés par d'anciens militaires comme l'AS en Belgique, par exemple.

C'est de la stratégie réciproque.

tietie007 30/10/2012, 19:04

A noter l'action héroïque de Michael Trotobas, alias "capitaine Michel" de la section F, qui de décembre 1942 à novembre 1943, date de sa mort, tué par les allemands, qui organisa 23 sabotages dans la région Nord, dont l'usine de locomotives de Lille-Fives, qui se permettait même de revenir sur les lieux de ses actions, en uniforme vichyste, pour évaluer les dégâts !

http://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Trotobas

Un héros oublié de la résistance en France.

Contenu sponsorisé

L'aide des britanniques à la résistance française.

L'aide des britanniques à la résistance française.

Re: L'aide des britanniques à la résistance française.

Re: L'aide des britanniques à la résistance française.

Re: L'aide des britanniques à la résistance française.

Re: L'aide des britanniques à la résistance française.

Re: L'aide des britanniques à la résistance française.

Re: L'aide des britanniques à la résistance française.