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Des Justes à Ernée

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Message  Logico 18/2/2007, 18:32

De la Mayenne au Panthéon en passant par l'Afrique
la vie mouvementée de Pierre Le Donné

Pierre François Alcide Le Donné est né à Domfront (61, Orne) le 31 mai 1906 marié avec Marie Madeleine Victorine Villette née le 18 septembre 1905, à Domfront également.

La Mairie de Domfront certifie que « Pierre François Constant LE DONNÉ est bien né à Domfront (Orne) le 31 mai 1906, marié à Domfront (Orne) le 23 septembre 1930 avec Marie Madeleine Victoire VILLETTE, et il est décédé à Saint Masmes (Marne) le 03 janvier 1970 ; sa femme Marie VILLETTE, née à Domfront (Orne) le 17 septembre 1905, est décédée à Vitry sur Seine (Seine) le 26 avril 1962. »
Pierre Le Donné et sa femme Marie furent Résistants pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pierre fut chef d'un Groupe de Résistants à Ernée (Mayenne), où il tenait un garage automobile, route de Fougères dans le Bas-De-Ville.

Les époux Le Donné partirent pour Casablanca au Maroc en 1945-46 avec leurs enfants après avoir vendu leur garage. Ils étaient toujours présents pour la grande cérémonie d'inhumation des Résistants de la Région d'Ernée qui étaient morts suite aux combats, captures et tortures nazies; elle eut lieu le 11 septembre 1944. La famille a donc exploité un fonds de commerce de « mécanicien-garagiste » à Ernée jusqu'en avril 1945. Il fut revendu à et par l'intermédiaire de M. et Maître Duchêne, notaire à Mayenne, le 23 septembre 1946.
Ils l'avaient acheté le 16 octobre 1930. Ils disposaient de deux pompes distriburices d'essence sur le bord de la route. Lors de la vente, ils n'ont pu donner aucune indication sur le chiffre d'affaire et les bénéfices commerciaux réalisés pendant l'occupation allemande , les livres et renseignements de comptabilité relatifs à ces indications ayant été signalés avoir été détruits par les occupants. Il fut donc déclaré que la réouverture après la Libération le fut pour huit mois seulement (c'est à dire jusqu'en avril 1945 environ).
Ressentant une certaine animosité de la part de quelques-uns de leurs concityens, l'épouse puis le couple auraient vendu tous leurs biens personnels sur place, avant de se rendre au Maroc, à Casablanca, pour exploiter un garage jusqu'en 1948, mais l'affaire n'aurait pas été rentable. Malgré sa formation de garagiste, Pierre Le Donné se serait établi avec sa famille à Konacri, en Guinée, où il aurait ouvert un commerce et vécu de l'exploitation d'une plantation de bananes « Cania ? ». Pierre Le Donné aurait été administrateur local en Haute-Guinée à « Kissi Dougou » quand Sékou-Touré a pris le pouvoir et chassé les Français en 1960-1961.
Son épouse, Marie, est décédée à Vitry sur Seine en 1962, peu de temps après son retour. Elle n'a pas supporté la manière brutale dont venait de s'achever leur vie africaine.
Pierre est décédé en 1970 à Saint-Masmes, près de sa fille, Marie-Jeanne Galland-Le Donné, et il y est inhumé dans le cimetière local. Il était très peiné lui aussi par la tournure brutale qu'avait prise son aventure africaine.

Pierre Le Donné a reçu à titre posthume la médaille des Justes pour avoir caché et sauvé une famille Juive de 9 personnes, dont 4 seulement étaient encore récemment vivantes. Sa femme n'a pas reçu la médaille. Sa fille Marie-Jeanne, résidant à Saint Masmes dans la Marne, et son fils Joseph, demeurant à Maurepas dans les Yvelines, furent contactés en vue de cette remise de médaille, et le nom de leur père figure sur le mur des Justes du Mémorial de la Shoah de Paris, à titre posthume.
P. LE DONNÉ était ami avec la famille FAUQUE du « Poirier » qui a caché et contribué à sauver avec lui ces 9 personnes d'une même famille juive à Ernée. Les parents FAUQUE sont décédés depuis, mais leurs enfants, Marie-Louise et Suzanne, sont toujours des témoins vivants à Ernée. L'une d'entre eux, Suzanne FAUCON-FAUQUE était invitée par Jenny FRESCO-LANEURIE à assiter à la cérémonie organisée en présence de Jacques CHIRAC le 18 Janvier 2007, au Panthéon, à Paris.

L'action de Pierre Le Donné et du Groupe d'Ernée pendant la Deuxième Guerre Mondiale

Ernée se situe en Mayenne, autrefois appelée « Maine », proche de la Bretagne et de la Normandie. Balzac écrit dans Les Chouans : « Ernée , là est le Maine , et là finit la Bretagne ». La région d'Ernée ignorait qu'elle comptait parmi ses habitants des « Justes » honorés comme tels ou qui le seront.
Le Groupe d'Ernée appartenait au Mouvement Libé Nord dont les grands noms étaient COSTE, CHEVALLIER, TABURET et LE BASSER pour la Mayenne. A l'origine, le chef du Groupe était Pierre LE DONNÉ, garagiste, route de Fougères dont les membres actifs était Romain GILLES père (il vivait près de la Gare; son épouse Germaine, va dépasser ses 101 ans le 13 janvier 2007), René JUSTIN (des P&T), Georges DELHOMMEL (vivant à Lioges, et dont le frère vit à Ernée), René BOURCIER,M. BRONDY, M. SIGOIGNE (de Montenay), M. GARNAVAULT (de Chailland)...
Leur quartier général se situait alors chez Michel ROUSSEAU, aujourdhui décédé. Il a caché beaucoup de monde dans sa ferme et n'en a jamais tiré bénéfice, ni même aucune notoriété. Un anonyme comme beaucoup. Il recevait le Groupe Le Donné dans sa ferme du « Domaine » près de Saint Pierre des Landes. Dans ce groupe, des Résistants mais aussi des réfractaires et des Juifs... Sa ferme se trouvait à proximité d'Ernée, assez retirée du garage que gérait le couple Le Donné dans le Bas-de-Ville d'Ernée sur la route de Fougères. Pierre Le Donné avait dû quitter son garage occupé par les Allemands, et s'était sans doute réfugié dans la famille Rousseau


René JUSTIN servait d'agent de liaison et acheminait le courrier destiné à P. LE DONNÉ. Ils se donnaient donc rendez-vous près de poteaux de téléphone numérotés.
L'emploi de réparateur de lignes téléphoniques exerçé par René JUSTIN facilitait cette tâche. (Son épouse, Germaine JUSTIN, réside toujours à Laval). Les époux LE DONNÉ, Pierre et Marie, s'étaient mariés dans l'été 1930 et avaient repris le garage du Bas-de-Ville sur la route de Fougères. Ils avaient 4 enfants. Les Allemands étaient intéressés par leur garage, ce que Pierre ne pouvait accepter, d'où son entrée en Résistance.

Auguste FAUQUE et son épouse Marie-Louise RONDEAU s'étaient mariés en 1927 et avaient 41 ans et 37 ans en 1943. Ils étaient exploitants au « Poirier », une ferme dont la famille LAMBERT (célèbres marchands de tissus aux confins de ces trois provinces) était propriétaire. Auguste avait été mobilisé en 1939 et était revenu amer après la défaite de 1940 quand son officier lui avait dit, à Dinan, de rentrer dans ses foyers. Ils possédaient une automobile et étaient en relation avec Pierre LE DONNÉ. Ce dernier était venu cacher chez eux des moteurs pour que les occupants allemands ne puissent s'en emparer.

La famille de Jenny FRESCO-LANEURIE était originaire des Ardennes, de Charleville-Mézières. Devant l'avance allemande, elle avait fuit en voiture lors de l'Exode l'avance des troupes allemandes. Elle s'était rendue dans le Sud-Ouest, à Lonzac, chez un frère de son grand-père qui disparaîtra par la suite dans les convois de la mort Nazie. Ils sont ensuite remontés sur Laval où ils se sont installés dans le commerce de toiles.
Lors des raffles de juillet 1942, la famille a été arrêtée au petit matin et conduite au camp de Mulsanne, commune située dans un cadre boisé proche du Mans, et plus célèbre pour son virage des 24 Heures du Mans que pour son camp de transit vers les convois de la Mort.
La famille devait être composée de 9 membres; La grand-mère maternelle de Jenny, Jeannette, veuve, Les grands parents, Messin et son épouse Eugénie , leurs trois enfants :
- Raphaël FRESCO marié à Solange, parents de Jenny,
- sa soeur Annette FRESCO mariée avec Pierre NAMER (Prisonnier de Guerre) et leur fils Jacques,
- son jeune frère (Samy) Salomon FRESCO.
Le jeune oncle, parlant un peu l'allemand, a discuté avec la secrétaire du Camp, lui a dit que leur arrestation était une erreur, qu'ils étaient Turcs et que leur pays était neutre dans la guerre. Coup de chance, les 9 ont été relâchés. La famille est retournée à Laval au 8 route d'Angers jusqu'en octobre 1943.
Une lettre envoyée par un oncle en août 1943 leur annonça que désormais tout le monde serait arrêté ! Des contacts ont donc été pris avec la Résistance par le biais du fils du Préfet, qui fréquentait le même collège que Samy FRESCO. Par chance, ce Préfet était dans la Résistance. S'agissait-il du Préfet Édouard BONNEFOY ? (Ce dernier servit en Mayenne vingt mois seulement. Le 6 juillet 1943, il fut promu préfet de la Loire-Inférieure, en remplacement de M. Dupard. Il quitta Laval le premier août 1943). Ou bien du Préfet Richard POUZET ?
Un contact fut pris par le Dr Francis LE BASSER, vers Ernée, sans doute relayé par René JUSTIN à Pierre LE DONNÉ. Le papa, Raphaël FRESCO, prit son vélo, parcourut les 30 kms qui séparaient Laval d'Ernée. Il arriva au Garage et, malgré les réticences de Marie LE DONNÉ dans le bureau occupé par des officiers allemands, il trouva par la suite Pierre LE DONNÉ qui comprit tout de suite la gravité de la situation. Ce dernier prit des contacts avec des agriculteurs du coin, Les FAUQUE et les ROUSSEAU chez qui il avait établi son Q.G.
Les FAUQUE avaient acquis le « Petit Poirier » lors du décès de la grand-mère en 1941. C'était une maisonnette, sur la route du Rollon, à 300 mètres à travers champs. Il y avait une pièce et un grenier accessible par une échelle. Les meubles de la grand-mère étaient restés jusqu'à l'arrivée en octobre 1943 de la famille FRESCO-NAMER.
Ces derniers, après avoir réparti leurs meubles et biens, avaient quitté Laval, et étaient tous partis pour Ernée. Une partie de la famille s'était d'abord réfugiée chez les ROUSSEAU, au « Domaine », puis avait rejoint les autres membres au « Petit Poirier », chez la famille FAUQUE. Suzanne FAUQUE avait 9 ans, sa soeur Marie-Louise (aujourdhui épouse de Joseph MANCEAU) en avait 13.
Les gosses rentraient de l'école dans cette après-midi d'automne 1943. Suzanne se rappelle avoir vu, sur la route du Rollon au niveau de la Croix Ruault, deux femmes qui montaient à pied. Mme LE DONNÉ était là et lui dit « Tu vas avoir une nouvelle copine pour jouer ! ». La seconde, souriante, était Solange, la maman de la petite Jenny âgée de 4 ans et demi. « Ah ! Je vais avoir une petite copine !? »
Mais arrivée à la ferme du Poirier, sa mère, Marie-louise RONDEAU-FAUQUE, avec le bon sens qu'imposait le danger de ces circonstances, lui dit : « Viens t'asseoir !; je vais t'expliquer... Il ne faut rien dire du tout sinon les allemands nous fusilleront tous... Ne rien dire à personne, ne rien dire à l'école... ».
D'ailleurs, Suzanne n'a jamais rien dit jusqu'à aujourdhui... Elle est connue de tous pour aimer les relations et discuter, mais elle n'avait jamais parlé, ni elle, ni ses parents... ni sa soeur. Le secret s'est prolongé.

La famille FRESCO-NAMER est restée en contact avec la famille FAUQUE, toujours chaleureuse, généreuse, revenant au « Poirier »... Suzanne et Georges leur rendant visite à Paris... Ils sont restés très attachés, malgré la disparition des parents âgés. Mais jusque là, Ernée ignorait ses « Justes » : Les LE DONNÉ, Les FAUQUE, ROUSSEAU, BOUVIER... tout un réseau qui savait mais n'a jamais rien dit.

Jenny est aujourd'hui secrétaire du Comité Yad-Vashem France et se démène avec une belle énergie, aux côtés de son mari Jean-Yves Laneurie et de leurs amis. Elle a fait venir Suzanne et Georges FAUCON chez elle à Paris pour l'hommage que le Président Jacques CHIRAC, au nom de la Nation, a rendu aux Justes de France le jeudi 18 janvier. Avec Mme VEIL ils se sont rendus ensemble dans la crypte du Panthéon pour dévoiler la plaque portant l'inscription à la mémoire des Justes, ces personnes qui ont caché et sauvé des Juifs pendant la guerre. Jenny et son amie Suzanne, qui était pour elle comme une grande soeur, et bien d'autres, étaient présents.
On pourrait encore développer leur histoire, la clandestinité, la promiscuité, la peur, le ravitaillement, les sorties nocturnes, les couvertures sur les portes à deux battants, caractéristiques des maisons du Maine, l'arrivée des américains les 5 et 6 août 1944 dans le village des Poiriers alors que les Allemands étaient dissimulés dans le champ devant la Maison du Petit Poirier... La joie de la Libération !..
Cette histoire à la fin heureuse, qui montre le pire et le meilleur de notre humanité, est passée par Ernée et 62 ans après, on commence à savoir... Pour tous, dans les difficultés qui nous entourent, cela fait du bien et nous montre le chemin de notre humanité et de ses devoirs !

L'histoire de Pierre Le Donné a bien été rendue publique, puisqu'on lui a remis la médaille des Justes à titre posthume. Mais son existence a été très mouvementée, les secousses de l'Histoire s'étant doublées d'un parcours personnel tortueux.
C'est pourquoi j'aimerai recueillir le témoignage de personnes cachées pendant la guerre par la famille Le Donné. Les témoignages que j'ai déjà recueillis évoquent l'existence d'enfants qui venaient à l'école sous d'autres noms et qui n'étaient pas de la région...

Pour me contacter, passez par la rubrique "Nous contacter" de ce site.


Marc BETTON

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Message  Invité 19/2/2007, 06:08

Bonjour,
Une petite precision, ce texte etant un appel a temoin.
Si quelqu'un a une piste :
contact@SPAMzahor.org
(Virer le SPAM bien sur)

Monsieur Le Donne en septembre 1944 :

Des Justes à Ernée Resistantpierreledonnesbm5

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