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Les Normandes en Resistance

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Message  Invité 18/2/2007, 08:09

Bonjour,
Roger Lenevette m'a envoye un document que j'ai trouve tres interessant et que je vous livre tel quel.
Il s'agit d'une enquete realisee par des eleves de classe de seconde, quelque part en Normandie, publie en mars 1997.
Je n'en sais pas plus et, quand cela me viens de Roger, lui fait confiance sans lui casserr les pieds a demander des sources...
Mais si l'un de ces ex-lyceens est sur ce forum, merci de se signaler

LES FEMMES DANS LA RESISTANCE

CADRAGE DES FEMMES EN 1939-40 :

Il convient tout d'abord de préciser que les femmes d'avant guerre n'étaient pas aussi reconnues que celles d'aujourd'hui.

En 1939-40, la population féminine ne forme pas un groupe homogène. Les femmes vivant dans des milieux sociaux différents - les modes de vie, l'éducation... ne sont pas les mêmes chez la paysanne, la bourgeoise, l'intellectuelle... Cependant la condition féminine, par delà des différences, voire des oppositions, a des traits communs. Notamment, le statut civil des femmes est un statut de mineure (référence au code civil de Napoléon). Étant considérées comme " le sexe faible ", ce code place les femmes sous la tutelle du mari ou du père qui sont " les chefs de famille " : les femmes sont jugées incapables de se débrouiller seules.

Une des autres injustice est qu'elles ne sont pas considérées comme des citoyennes à part entière : elles ne sont ni électrices, ni éligibles, et connaissent de nombreuses inégalités devant la loi, face au divorce par exemple. La plupart des femmes n'exercent pas de profession car la France privilégie la fonction domestique de la femme en tant que maîtresse de la maison, mère et garante de l'unité familiale, c'est à dire " femme au foyer ". Beaucoup de femmes vivent à la campagne : la population totale est à 50 % rurale.

INVASION ALLEMANDE :
Le 3 septembre 1939, deux jours après l'attaque nazie contre la Pologne, la France et le Royaume Uni entrent en guerre contre l'Allemagne, mais le territoire français n'est pas envahi.
Huit mois plus tard, le 10 mai 1940, Hitler lance une fulgurante offensive vers l'ouest et perce le front français le 14 mai 1940. Le 10 juin 1940, devant l'avancée des troupes allemandes, le gouvernement de Paul Reynaud quitte Paris pour Bordeaux.
Le 17 juin, le Maréchal Pétain forme son gouvernement tandis que le Général de Gaulle s'exile à Londres, d'où il lance son appel à la résistance sur les ondes de la B.B.C. le 18 juin 1940 : " il faut continuer le combat ".
Le 22 juin, l'armistice est signée à Rethondes par le Maréchal Pétain. La France est divisée en deux : au Nord, la zone occupée, au Sud, la zone libre. Une semaine plus tard, le gouvernement Français s'établit à Vichy.
Le 10 juillet, l'Assemblée Nationale accorde les pleins pouvoirs au Maréchal qui, dès le lendemain, fonde l'État Français. La République disparaît, le régime démocratique et parlementaire a vécu. On supprime toute référence républicaine : le triptyque " Liberté, Égalité, Fraternité " est remplacé par celui de " Travail, Famille, Patrie ".
Cependant, dès le début de l'année 1940, certaines personnes manifestent leurs refus de l'occupation par des actes d'hostilités envers les Allemands en constituant des réseaux et des mouvements qui formeront un peu plus tard " La Résistance ". C'est alors que des femmes que rien ne disposaient à agir vont s'affirmer dans la lutte.

LA RÉSISTANCE AU FÉMININ :
La nature même de la Résistance, l'improvisation au coup par coup qui la caractérise, favorise la participation des femmes. De plus, la femme considérée comme un être faible, paraît moins suspecte que les hommes.
Dans leur diversité, venues de tous les horizons sociaux, les femmes participent à l'ensemble de l'action résistante, aux côtés des hommes. Il n'y a pas un seul secteur de l'organisation clandestine où elles ne sont pas en majorité et où elles n'exercent pas des fonctions importantes de direction.
Certaines d'entres elles participent aux combats militaires. Elles sont aussi nombreuses dans les services de renseignements. Et c'est souvent à elles qu'est confié le travail particulièrement dangereux d'infiltration de l'appareil militaire allemand.
On les retrouve aussi dans certaines administrations : aux P.T.T où elles peuvent transmettre des renseignements, acheminer des courriers dans les mairies, où elles peuvent fournir de faux papiers, dans les hôpitaux, où elles s'avèrent très utiles pour les services sanitaires de la Résistance.
Elles jouent un rôle essentiel dans l'aide aux emprisonnés, aux persécutés, notamment aux juifs. La femme est donc particulièrement désignée pour des actions qui impliquent une présence au milieu de la population et surtout de l'ennemi : distribution de tracts.

QUELQUES FEMMES DU RÉSEAU RÉSISTANCE P.T.T EN NORMANDIE :

Parmi les figures féminines de la résistance P.T.T, nous avons retenu celles-ci :
- Simone MICHEL-LEVY : Emma dans la résistance,
- Melle Germaine de Saint Jorre : du réseau P.T.T de Beaucoudray.
- Berthe Leblond : des réseaux P.T.T de Beaucoudray.

Ce dossier sur les femmes dans la résistance est entièrement basé sur des témoignages, notamment celui de Melle Germaine de Saint Jorre, et sur des informations recueillies dans des ouvrages parfois anciens.
Nous vous présenterons ces femmes dans l'ordre énoncé précédemment en précisant que le Président du Comité des fusillés de Beaucoudray a porté une attention toute particulière au cas " Berthe Leblond ".

SIMONE MICHEL LEVY :
Née en 1906, elle est l'une des figures les plus caractéristiques de la Résistance dans les P.T.T. Entrée dans l'administration en 1924, Simone Michèle LEVY est affectée au département dit " communication " dont la gestion administrative et financière lui est confiée.

Le pays occupé, elle comprend vite le parti qu'elle peut tirer de sa présence à la D.R.C.T, car dans l'administration des P.T.T, aux communications, à la poste, lien de nouveau, de délicat, d'important ne se fait plus sans l'intervention de ce service. Le bureau de Simone devient alors une véritable agence d'informations clandestines.

En janvier 1942, Ernest Pruvost, rédacteur au ministère des P.T.T réussit avec Debeaumarchais à coordonner les opérations de résistance dans l'administration des P.T.T, en particulier en Normandie avec Henri Le Veillé. C'est alors qu'une certaine Melle Flaubert, tailleur noir, écharpe verte - qui n'était autre que Simone - arrive en Normandie pour coordonner l'ensemble des opérations de Résistance P.T.T. dans les cinq départements du Calvados, de l' Orne,de la Manche,de la Seine inférieure, et de l'Eure.

Les résistants normands, dont Henri Le Veillé, sont d'abord très sceptiques sur l'intervention de cette Melle Flaubert, mais vite ils se rendent compte qu'elle mène au mieux ses missions avec dynamisme, un courage et une volonté remarquables. Simone devient alors responsable de la radio clandestine du réseau PTT en liaison avec le réseau C.N.D du colonel Rémi. C'est ainsi qu'elle parvient à installer des postes de radio en Normandie et ailleurs, par exemple en banlieue parisienne, à Montgeron, dans la propriété du Général Lelong et dont la rue porte maintenant ce nom.

En juillet 1943, Simone retourne en Normandie accompagnée de deux opérateurs spécialistes de radio pour y installer et desservir un nouveau poste émetteur.
En novembre 1943, ces deux opérateurs sont arrêtés en même temps que Simone, mais comme elle, malgré les souffrances endurées, ils ne livrent pas de nom à la Gestapo. Sous le nom d'Emma, elle participe à un transport de poste radio et d'armes reçues par parachutage en utilisant les voitures et les services ambulants des P.T.T.

En juillet 1943, Simone devient adjoint responsable de la radio.
Pendant les dures années 1942-1943, Simone se consacre à ses tâches de résistance avec toute sa foi et tout son coeur, et sans que ses fonctions administratives n'en souffrirent jamais. Chargée de la gestion administrative et financière, elle participe à l'action de son service avec pour objectifs de :
* soustraire ou camoufler le plus possible de matériel téléphonique et télégraphique de façon à éviter son incorporation dans les stocks de l'occupant ;
* mener des études et mettre au point des différents matériels pour usages militaires ou résistants, mais alors sous des appellations différentes, par exemple un poste militaire de campagne, créé à la D.R.C.T en même temps que le poste ordinaire U43, est dénommé " poste portatif pour ouvrier des lignes ".
Elle ne tient alors aucun compte des conseils de prudence qu'on lui donne et elle sollicite très fréquemment des missions pour la zone côtière. Rien ne peut entamer son ardeur et la véritable flamme qui l'anime. Elle a fait son choix et le sacrifice de sa sécurité et de sa vie à la cause d'une France Libre.

Le 5 novembre 1943, vers 16H30, Simone reçoit un coup de téléphone d'un correspondant, certainement bien connu d'elle qui lui demande de venir la rejoindre au café voisin. Elle s'y rend aussitôt sans méfiance, laissant son stylo et ses affaires personnelles sur son bureau où elle pense revenir bientôt, mais la Gestapo l'attend et l'emmène. Un dénommé Tilden, pour éviter la torture, l'a dénoncée ainsi que beaucoup d'autres résistants de son équipe. Soumise à des supplices dont la baignoire, Simone, elle, ne donne aucun nom. Quelques jours après son arrestation, elle réussit, on ne sait par quel moyen, à faire parvenir à son chef de service un rapport détaillé sur les questions administratives et financières dont elle est chargée et qu'elle a dû laisser en suspens.

Ainsi donc, malgré les pires tortures physiques et morales qu'elle endure, martyrisée par la Gestapo, elle garde intacte dans son esprit la préoccupation du fonctionnement du service que son arrestation lui fait quitter malgré elle.

Après son arrestation, Simone est envoyée en Allemagne. Elle voyage dans le camion des femmes déportées qui chantèrent la Marseillaise en traversant Compiègne.
En mars 1944, elle est au camp de Ravensbrück, et ensuite dans une usine d'armement, à Hofleischen, où elle est chargée du contrôle des postes radio fabriqués par cette usine. Elle est alors soupçonnée de les avoir trafiqués.
Elle est transférée au camp de Flossenbourg, où elle est jugée, condamnée à mort pour sabotage et pendue le 13 avril 1945. Elle a, à l'époque, 39 ans. La veille de son exécution, elle écrivait à sa malheureuse mère à Chaussin, en son Jura natal :

" Ne pleure pas, c'est un ordre. Ne soyez pas triste. Moi je ne le suis pas. Mon coeur est calme, autant que mon esprit. Dans ma petite cellule, j'interroge le ciel, je pense à tout ce qui est beau, à tout ce qui est clair ".

Ces phrases si simples expriment bien la sérénité que donne le véritable sentiment du devoir accomplit jusqu'au bout.
Grâce à l'impulsion donné par grâce à l'organisation qu'elle a mise sur pied, grâce aussi à son silence, tous ses camarades résistants P.T.T ont continués avec acharnement à mener leur action pour que circulent et soient distribués le courrier clandestin, l'argent, les armes nécessaires à diverses équipes de résistants. L'organisation et les moyens radioélectriques mis en place par Simone à partir de 1942 ont été particulièrement utiles et efficaces au moment du débarquement.

Les mérites de Simone sont trop peu connus, mais ont été récompensés par de nombreux titres. Un juste hommage lui a été rendu par l'émission d'un timbre à son effigie en 1958 et la pose d'une plaque en son pays natal, dans le Jura, inauguré à Chaussin, le 6 Juillet 1952 par le ministre de P.T.T Duchet. Enfin, une plaque posée au service des P.T.T où elle était affectée pendant les années 1942-1943 veut montrer qu'aux valeurs techniques doivent s'ajouter les valeurs morales dont Simone a donné le plus pur exemple.

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Message  Invité 18/2/2007, 08:10

Melle GERMAINE DE SAINT-JORRE :

Nous avons rencontré Melle Germaine de Saint Jorre, une résistante qui habite Villebaudon et qui a participé au parachutage d'armes de Sainte Marie Outre L'Eau, le 10 mai 1944.
Née en Juin 1912, elle a vécu avec sa famille à Percy, où en 1940, elle exerçait la profession de couturière à domicile. Son entrée dans la Résistance s'est faite par hasard, puisqu'elle a entendu vaguement parler d'hommes qui n'hésitent pas à s'investir dans des réseaux pour la libération de la France. Mais elle ne pensait pas qu'un jour elle en ferait parti.

Ces nombreuses relations lui ont permis de faire connaissance avec la famille Fillâtre qui tenait une épicerie-tabac à Villebaudon. Très vite, ils sont devenus des amis et Germaine de Saint Jorre était toujours prête à les aider quand cela s'avérait nécessaire.
Ce qu'elle ne sait pas en revanche, c'est que M. Fillâtre est l'un des principaux commanditaires du réseau de Résistance P.T.T de Villebaudon. C'est ainsi que Germaine de Saint Jorre un peu malgré elle, est entraînée dans de actions clandestines à la demande de Mr Fillâtre qui doit trouver des femmes pour porter des messages d'un groupe à un autre, une grande discrétion était requise.

Germaine de Saint Jorre accepta de faire partie de cette organisation, sans se soucier des risques qu'elle encoure. Entre Germaine de Saint Jorre et la famille Fillâtre s'est crée une relation plus qu'amicale. Ainsi, quand M. Fillâtre a besoin d'elle, il lui téléphone en lui disant la chose suivante : " Lucienne est malade, viens vite, nous avons besoin de toi ".
Aussitôt, elle prend sa bicyclette et part pour Villebaudon. Cette phrase n'est en réalité qu'un code signifiant qu'une mission l'attend,
Mme Leblond, institutrice à Villebaudon, est aussi engagée dans la résistance des P.T.T. et elle doit écouter régulièrement les messages de Londres.

C'est ainsi, que le 10 mai 1944 , à 12 H, elle entend le message " aimer c'est vivre " et qui annonce un parachutage à Sainte Marie Outre L'Eau la nuit suivante. M. Fillâtre se rend à Saint-Lô auprès des PTT, mais personne n'a entendu le message.
On pense qu'il y a eu confusion avec un autre message. A 21 H, le même message passe sur les ondes, il n'y a plus aucun doute, si l'équipe de Saint-Lô ne réagit pas, Villebaudon y va. L'équipe de Villebaudon comprend M. Pruvost, M. Fillâtre, Mme Leblond et M. Abdon. Ce dernier pris de tremblements et ne peut y aller. Il est donc remplacé par Germaine de Saint Jorre.
C'est à bicyclette qu'ils partent par groupe de deux : Germaine avec M. Fillâtre, et Mme Leblond avec M. Pruvost. C'est une période de pleine lune, il fait donc très clair.

Ils doivent passer par Pont-Farcy qui est occupé par des soldats allemands. Il faut traverser, et M. Fillâtre demande à Germaine de Saint Jorre d'écouter, du fait de sa bonne audition, si le pas des allemands se rapproche ou s'il s'éloigne, en maintenant son oreille sur le sol, d'où son expression " j'entends très bien ". Le pas se faisant distant, ils continuent donc leur route qui doit les mener dans une carrière où le parachutage doit avoir lieu.

Soudain, entend le bruit d'une voiture. Elle descend de bicyclette et prévient M. Fillâtre qu'elle ne veut pas aller plus loin, mais celui-ci refuse de la croire jusqu'à ce que le deuxième groupe les rejoigne et leur certifie avoir entendu le bruit d'une voiture et vu de la lumière.
Pris de panique, ils se réfugient dans un champ et attendent le passage de la voiture qui finalement est conduite par un agent des P.T.T. Après avoir repris leurs esprits, ils repartent à bicyclette et arrivent à la carrière où 10 minutes plus tard le bruit d'un avion se fait entendre. C'est pour eux le moment de faire leur signal qui est de reproduire la lettre R en morse avec des lampes électriques : trois blanches et une rouge pour signaler leur présence.

Après avoir vu le signal, l'avion doit faire trois tour s « et au troisième, il lance une fusée rouge. L'avion se met ensuite sur le côté et il largue les onze parachutes. Une fois l'opération finit, tout le monde se met au travail pour récupérer les containers et charger le camion. Les membres des P.T.T partent avec le camion et les autres, parmi lesquels on compte Germaine de Saint Jorre, reprennent leurs bicyclettes et rentrent à Villebaudon. Le camion est déchargé à Beaucoudray où les armes sont entreposées et camouflées à l'abri des regards indiscrets. Ces armes sont destinées à permettre une intervention à l'arrière des lignes allemandes, ce en collaboration avec les Alliés, au tout dernier moment.

À la suite de cette opération, ils attendent patiemment le jour du débarquement. Le parachutage de Sainte Marie Outre L'Eau n'est pas le seul événement marquant de la vie de Germaine de Saint Jorre.

Une nuit, Germaine de Saint Jorre, accompagnée d'autres résistants des P.T.T. se rend à Percy dans le but de saboter les lignes téléphoniques. À l'origine son rôle consiste à faire le guet, mais à la suite d'une manoeuvre malencontreuse, l'un de ses compagnons se blesse à la cheville, obligeant Germaine de Saint Jorre à le remplacer dans sa tâche.

Malgré le manque d'outils, ils scient les poteaux et Germaine De Saint-Jorre coupe les fils (tâche assez difficile pour une femme). Une fois le travail achevé, ils rejoignent Villebaudon à travers champs et se retrouvent chez M. Fillâtre pour se ravitailler et reprendre le cours normal de leur vie.

Le lendemain matin, une agitation se fait ressentir dans le bourg de Villebaudon, à la découverte du sabotage, car la population craint des représailles allemandes. Tous se demandent alors qui est à l'origine de cette manoeuvre, mais toute l'équipe fait semblant de ne rien savoir, car ils doivent jouer la comédie en ignorant tout. Le secret a été gardé et la population n'a subi aucunes persécutions par les Allemands.

M. Fillâtre, un des principaux dirigeant des P.T.T à Villebaudon, apprend par un ami que les Allemands ont l'intention de l'arrêter ainsi que Germaine de Saint Jorre à la suite de dénonciation. Ils décident de fuir avec Mme Fillâtre, en emportant des sacs de poivre.

Germaine de Saint Jorre obéit, mais elle met du temps à comprendre l'utilité d'un tel procédé. Sur les routes, Germaine de Saint Jorre doit marcher sur les même pas de Mme Fillâtre qui l'a devance, tout en saupoudrant du poivre derrière elle. M. Fillâtre qui les suit, doit lui aussi marcher sur les traces laissées sur le poivre. À ce moment, elle comprend que le poivre sert à brouiller les pistes face aux chiens allemands qui doivent être à leur poursuite, C'est ainsi qu'ils rejoignent un champ dans lequel ils passent la nuit.

Le jour suivant, ils continuent leur route et décident d'aller à la ferme de M. Feuillet où ils peuvent se ravitailler. Arrivés au bout du chemin, ils se trouvent face à une route qui est perpétuellement surveillée par les soldats allemands. Ils attendent que les soldats s'éloignent pour que Mme Fillâtre passe de l'autre côté de la route. Arrivé face à la ferme, Mme Fillâtre se mouche longuement pour signaler à Germaine de Saint Jorre qu'elle peut la rejoindre.

Elle fait le même geste, une fois passée, pour que M. Fillâtre puisse traverser à son tour.
Une fois l'approvisionnement effectué chez M. Feuillet, ils repartent se réfugier chez des cousins de M. Fillâtre. Malheureusement, lors des bombardements, la maison est détruite et ils doivent se cacher dans une tranchée. Un jour, Germaine de Saint Jorre entend du bruit sur la route, inquiète, mais courageuse, elle regarde discrètement et aperçoit des soldats Anglais. Elle prend alors un mouchoir blanc qu'elle lève pour montrer qu'elle est française.

C'est pour tout le monde un moment inoubliable, car la vue de ces hommes signifie " La Libération ". Ils rejoignent Villebaudon, mais ils sont attristés de constater que la maison de la famille Fillâtre a été incendiée.
Nous semble être une femme gentille, modeste et pour elle, ce qu'elle a fait n'a rien d'extraordinaire, car chasser l'ennemi est quelque chose de spontané d'après elle.
Elle nous a raconté les événements tels qu'elle les a vécu.

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Message  Invité 18/2/2007, 08:11

BERTHE LEBLOND :
Institutrice à Tourlaville, puis déplacée d'office à Villebaudon lorsque Tourlaville a été classé " zone dangereuse ". Berthe Leblond se retrouve au début 19-43 contrainte de s'installer avec son fils Gilles âgé de onze ans à Villebaudon.
Elle a 33 ans. Elle loge chez Alphonse Fillâtre qui tient un café tabac endroit qui est un point de ralliement où l'on discute beaucoup entre amis, adversaires des Nazies et du système Pétainiste. Quelques unes des plus grandes figures de la Résistance P.T.T vont se rencontrer à Villebaudon.
Elle fait rapidement connaissance avec Ernest Pruvost qui est " pensionnaire " chez M. Fillâtre, et Berthe Leblond comprend que celui-ci n'est pas un homme comme les autres.
Bientôt elle est engagée, un peu par hasard dans la Résistance, et n'aura aucun mal à s'intégrer dans le réseau P.T.T en devenant l'égérie de " Nenest " Pruvost - Ernest Pruvost -qu'elle accompagnera notamment lors du parachutage de Sainte Marie Outre L'Eau.

Elle a su conserver chez elle un gros poste radio - malgré l'interdiction allemande - qui lui permet d'écouter les messages provenant de Londres. C'est ainsi que le 10 mai 1944, à 12 H, elle entend le message " Aimer c'est vivre " qui annonce le parachutage d'armes à Sainte Marie Outre L'Eau prévu la nuit du 10 au 11 mai 1944, auquel elle participe.
Berthe Leblond est la femme de confiance, mais dans un petit village où tout le monde se connaît, tout en s'épiant mutuellement, elle ne s'intègre pas. Elle a des manières qui ne sont pas celle d'une villageoise - ses tenues vestimentaires - attirent les regards.
Lorsque Berthe Leblond se verra confier le 13 juin 1944 la lourde tâche d'assurer une liaison entre la maison du maquis et le bourg de Villebaudon, elle n'a pas le sens aigu de perspicacité qu'il est nécessaire d'avoir durant une telle mission. Accompagné de son fils et d'une amie, elle se rend dans la matinée, à la maison du maquis, malgré l'interdiction pour des raisons de sécurité de Mr Fillâtre.
Elles s'y rendent pour ravitailler les résistants cachés dans les maquis, en prenant soin de les cacher dans des lessiveuses. En cours de route, elles se perdent et tombent dans un cantonnement allemand. Les soldats interrogent les deux femmes qui ne leur révèlent rien de leur identité. Mais les officiers ne manquent pas de se poser la question suivant
" où vont-elles donc avec leurs lessiveuses pleines de vivres ? ".

Cependant les allemands les laissent repartirent avec comme guide Jacqueline, la fille de la maison du cantonnement. Mais la curiosité des Allemands ne s'arrête pas là. Après le retour de la jeune fille, un Allemand et son chien se mettent sur la piste des deux femmes.
Le lendemain matin, la maison du maquis est encerclée par des S.S. Berthe LEBLOND et son fils sont interrogés. Au cours de l'interrogatoire de Gilles - onze ans - un des soldats pointe son pistolet sur la poitrine de sa mère ce qui oblige l'enfant en larmes à révéler aux Allemands l'existence des maquisards. Les onze résistants sont donc arrêtés puis fusillés à Beaucoudray le 15 juin 1944. Cette dénonciation semble leur avoir permis de garder la vie sauve.
Ce que l'on retiendra, c'est que les Allemands sont soudain informés de la présence d'un résistant à Villebaudon qui n'est autre qu'Alphonse Fillâtre. Mais celui-ci prévenu à temps par un ami réussit à s'enfuir. Mais la question est toujours posée : " Qui a donné aux Allemands le nom de Fillâtre ? "
Les relations entre Fillâtre et Berthe Leblond étaient très mauvaises. L'enquête de la gendarmerie, au lendemain de la Libération n'aura aucune suite.

CONCLUSION :
Notre voyage à la découverte de résistante est maintenant terminé. Nous avons du laisser sur la route beaucoup d'héroïnes. Des nobles figures comme celle de Simone MICHEL LEVY à laquelle les nazis réservèrent le plus horrible des supplices mérite bien d'avoir ici leurs mémoires évoquées.
Nous nous sommes efforcées de jeter une lumière plus dense sur les militantes qui se sont trouvaient engagées, parfois dés 1941-42, dans la Résistance - timidement d'abord - faute de moyens - puis au fur et à mesure que les moyens augmentaient leurs actions ont pu prendre un tout autre visage.

CONCLUSION GÉNÉRALE :
Il reste à nous demander si le sacrifice de ces jeunes femmes dans la Résistance, leurs abnégations, leur courage, peuvent encore, nous guider, nous servir d'exemple, plus d'un demi siècle après l'événement.

Suite à leur aide durant cette période, les femmes ont vu les mentalités changer à leur égard. Elles sont considérées, à partir de 1945, comme des citoyennes à part en tiers, en ce voyant accorder le droit de vote. Grâce à la loi Veil , les femmes possèdent la liberté pour l'avortement. À présent, elles ne sont plus seulement des femmes au foyer, mais exercent des professions similaires à celles des hommes. De plus, une journée leur a été consacrée pour célébrer leur nouveau statut.

La seconde Guerre Mondiale a permis d'améliorer la situation des femmes, mais en revanche cela n'a pas changé la cruauté humaine.
A l'aube du XXIéme siècle, nous constatons que dans certains pays, les guerres existent encore, les horreurs de la seconde Guerre Mondiale n'ayant pas vraiment servie d'exemple.
T Lavalley, K Piedagnel ***

Madame Leblond (Témoignage) :
Visite chez Mme Leblond à Joinville (Près Réville le dimanche 11 décembre 1983) Institutrice à Tourlaville jusqu'en 1943, elle est d'office déplacée à Villebaudon où elle ouvre une troisième classe (M. Alliet, Mr Abdon et elle-même).
Elle a alors 33 ans. Fait rapidement connaissance avec Mr Pruvost qui est " pensionnaire " chez Mr Fillâtre, elle aussi pendant un mois car le prix de la pension s'avère supérieur au salaire. Son fils pensionnaire à Torigni revient avec elle. Rapidement Madame Leblond comprend que Mr Pruvost n'est pas un pensionnaire comme les autres. Bientôt elle est engagée dans la résistance. Elle a su conserver chez elle un gros poste radio - malgré l'interdiction allemande – Sur ce poste qui fait pick-up, trois lampes peuvent être enlevées, de telle sorte que le poste ne fait plus récepteur. Mme Leblond écoute Londres régulièrement. Mme Leblond confirme avoir entendu les deux messages :

Aimer c'est vivre. Aimer est la raison de vivre. Alors qu'à Saint-Lô, on n'avait entendu à 12 h que le second qui ne concernait pas Beaucoudray. C'est ainsi que le 10 mai à 12 h, elle entendra le message " aimer c'est vivre " qui annonce un parachutage à Sainte Marie Outre l'Eau pour la nuit prochaine. Mr Fillâtre se rend à Saint-Lô auprès des P.T.T. Personne n'a entendu le message.

On pense qu'il y a eu confusion avec un autre message. À 21 h le même message passe sur les ondes – plus de doute – Si St Lô ne se remue pas, Villebaudon y va – c'est à dire Mr Pruvost, Mme Leblond. Mr Abdon est près d'un malaise cardiaque, il sera remplacé par Mlle de Saint Jorre. On part à bicyclette, on a du mal à trouver le terrain. La petite chienne à Mr Fillâtre suit le mouvement. Le groupe doit se cacher dans un herbage dont la barrière est difficile à manœuvrer. Le véhicule P.T.T. partant de Saint-Lô passera à Villebaudon. C'est dans la cour de la ferme de Mr Godemer que R. Robin effectuera le changement de " carburant " Essence au lieu de Gaz.

Le camion dont on a cru qu'il était allemand est celui des P.T.T. de Saint-Lô, il passe devant l'herbage où le groupe Pruvost est caché. Mr Fillâtre le retrouve, l'identifie. C'est bon. Le signal est lancé. Vite fait. L'avion tourne en rond. La lettre R est faite à la pile électrique rouge. On invite les femmes à faire leurs besoins car le spectacle peut impressionner. Les parachutes arrivent corolles blanches – corolles kakis. On saute sur le matériel. Tout est mis dans le camion P.T.T. Mr Robin est au volant qui crie " chargez ! chargez ! Le camion ne démarre pas ! Il part, il est temps, le jour se lève. Une fermière voit le groupe descendre de la colline. " D'où ils viennent ceux-là à cette heure ! et il y a deux femmes !

Mr Pruvost prend place à côté du conducteur, donne son vélo à quelqu'un. Crouzeau est à côté aussi du conducteur. Direction Villebaudon. Les armes entreposées à la ferme de Mr Godemer seront ensuite transportées par celui-ci avec son tombereau et son cheval jusqu'à la maison du bois. Le temps passe et le soir du 6 juin 1944, Mme Leblond participe à la coupure du gros câble souterrain St-Lô Villedieu avec Mr Pruvost, Mr Godemer, Mlle de Saint Jorre. On casse des lames de scies à métaux mais Mr Fodemer est solide, c'est lui qui fait la fouille. Mr Pruvost n'est pas costaud et il se limite à aider à la coupure du câble. St-Lô brûle à l'horizon. On a mis en place un dispositif pour avertir de la venue des allemands. Un autre (Mr Godemer) est en contre-bas avec une mitrailleuse. Opération terminée. On rebouche. L'herbe est remise bien, au-dessus et on regagne son domicile. Le 12 juin, le domicile de Mme Leblond a été cambriolé de jour par des allemands " c'est la guerre madame ! "

Madame Leblond décide d'aller coucher à la maison proche du maquis avec son fils.
Le 14 juin vers 6 h, un véhicule allemand passe et repasse devant sa maison. Il a des branchages sur le toit. Alerte. Madame Leblond prévient immédiatement le groupe.
Puis c'est le calme. Vers 10 h nouvelle alerte, deux allemands vont à son domicile, l'un a une bouteille de cidre à la main. Ils demandent à manger et entrent dans la maison. Mme Leblond envoie son fils au maquis " va chercher le chat ". Le chat est d'ailleurs au maquis. Il y a des souris dans la maison du maquis. Le jeune Leblond rapporte le chat auquel on donne à manger une boite de corned beef (du parachutage). Il refuse ce menu en partie, on jette le reste au feu.
Cette fois, une autre voiture arrive avec un officier allemand, un interprète et un autre allemand qui a de la distinction et parle remarquablement le français. Ce serait Dufour de la gestapo de Saint-Lô, de son vrai nom Junger. Mme Leblond est interrogée : vous tremblez madame ? Pourquoi tremblez-vous ? – Parce que ma maison a été cambriolée par des allemands il y a deux jours et j'ai peur des allemands.
À proximité immédiate de l'unique salle de séjour, il y a une grange où se trouve du bois et Mme Leblond a profité d'un court répit pour y mettre des documents et objets divers. Pourquoi avez-vous été dans cette grange ? – pour cacher mon jambon (c'est d'ailleurs vrai).
Le fils une seconde fois est allé " chercher le chat ". Il revient tout troublé. Les allemands sont là bas. Il en a vu 5, arme à la bretelle ; prendre le petit chemin. Il s'est caché mais en revenant un allemand s'est saisi de lui et lui a appliqué son pistolet sur la poitrine. – Si tu dis que ta maman est allée les prévenir, elle ne sera pas fusillée. " Oui je suis allé les prévenir " en larmes puis se met à proximité de sa mère. Des coups de feu ont claqué. Les résistants arrivent mains en l'air, face au mur de la maison de Mme Leblond. On les fouille. On pense que tout le monde va être exécuté mais non. Guy est amené au groupe les deux jambes atteintes par balle. Les résistants retourneront à la ferme et devront dégager les armes entreposées sous le tas de fagots ainsi que 2 véhicules (l'auto du curé Hardy de Villebaudon et celle des P.T.T.
Crouzeau est interrogé. Origine de ces armes ? " On les a récupérés dans un avion américain tombé à Moyon il y a quelque jours ! "
Les explications ne sont pas admises. Il y a des brassards de la résistance. Le ton monte. Finalement les allemands posent la question " Êtes pour ou contre nous ? – nous sommes contre vous !
En fin de journée, Madame Leblond en tête avec son fils. Les résistants mains liées deux par deux quittent les lieux et sont conduits à la ferme de Mr. Lallemand où se trouve le groupe Todt. Ils sont dignes le long du pignon de la maison d'habitation, puis plus tard introduits dans l'écurie située à gauche en entrant à la ferme. Le fils dormira dans une mangeoire.
Interdit de parler mais un résistants dira à Madame Leblond : - j'ai des cigarettes anglaises dans une poche, vous qui n'avez pas les mains liées, pouvez vous les enlever ? ce qu'elle fera.
Vers 4 h du matin, on fait sortir les résistants, Un fusil est mis en travers et interdit à Madame Leblond de passer avec son fils. Quelques minutes plus tard un camion démarre, rafale de mitrailleuse entendue. Mme Leblond et son fils seront emmenés dans une petite voiture (celle des P.T.T. ?) au château de Domjean pour interrogatoire.
On connaît Pruvost, Fillâtre. Où sont-ils ? " Je ne les connais point ". " Je ne connais personne du groupe ". – Où est votre mari ? – À Tourlaville. Systématiquement madame Leblond va nier avoir eu connaissance des faits et activités des résistants.
Elle sera transférée à St Jean du Corail. L'interprète qui est alsacien lui donne des conseils : tenez bon. Niez tout ! Ce qu'elle fera.
Au château de St Jean du Corail, elle est occupée à faire du ménage. Mal reçue par les fermiers du château. Là aussi elle est interrogée et sur le point de céder. Mais non " elle tient ". Vers le 20 juillet, elle sera relâchée.
Sous réserve qu'elle se rende à Goron où elle sera en résidence surveillée. (documents des services allemands).
Les américains arriveront quelques jours plus tard.
*
**
Madame Leblond explique l'arrivée des allemand de la manière suivante :
Ne pouvant utiliser les grands axes, les allemands empruntent des petites routes. Ils cherchent des coins pour se cacher des avions. Le fils Leblond a vu une douzaine de véhicules, bourrés d'allemands en armes auprès de la ferme, mitrailleuse sur son trépied. " Ils étaient à la recherche du cantonnement. " Ce que je ne crois point, ils étaient là pour passer à l'action contre le maquis qu'ils croyaient plus solide... Une voiture allemande serait le matin du 14 allée au bout du petit chemin et aurait tourné dans la cour de la ferme où se trouvait le groupe(

Le fils de Madame Leblond a déclaré : j'ai vu une mitrailleuse allemande montée sur son trépied prête à tirer au bout de chemin.
Question posée : Les allemands ont à un moment donné emporté le jeune PATIN chez son patron Mr Haupais et ont administré une " correction " à Mr Patin qui ne disait mot. L'objectif était de lui faire avouer que son patron Mr Haupais était parfaitement au courant de l'affaire. Mme Leblond ne se souvient pas de cette chose et déclarait ignoré qu'il y avait des allemands (S.S.) au château de Beaucoudray. Le véhicule à bord duquel elle a été emmenée avec son fils à Domjean était-il le véhicule administratif (Simca 5) que les allemands avaient découverts sous les fagots. C'était " un fort petit véhicule probablement une Simca 5 ". Madame Leblond n'a pas entendu dire qu'il y avait des allemands dans le bois de Moyon tout proche.

Mme Leblond :
- j'avais caché dans la boite à sel le brassard confectionné par mes soins, à croix de Lorraine et destiné à Mr Abdon. Quand les allemands m'ont laissée libre, j'en ai profiter pour le brûler.
- Avez vous entendu dire que des armes entreposées chez Mr Godemer avaient le 15 juin été balancés dans la mare juste avant l'arrivée des allemands ?
- non mais par contre j'ai appris que le matériel radio de mon mari avait été ce jour là balancé dans la mare où elle doivent toujours être. En curant la mare, on devrait en retrouver trace.
Melle de Saint Jorre : appris par le boulanger Mr Guillon ce qui s'est passé... Mr Guillon hébergeait le jeune Albertini.
Mr Lepilleur : tenait café à Villebaudon.
Mr Lepilleur Auguste. La Réauté. Frère était du maquis, ne l'ignorait pas. A découvert les 2 fosses dans l'herbage qu'il louait, un matin, sans doute le 18. terre fraîchement remuée cachée par des branchages.

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Message  Helmet62 26/2/2007, 11:18

C'est ce que j'appelle de l'investigation! Les récits sont incroyables. Pour ma part, je n'ai jamais douté de l'importance des femmes dans notre société. Ignorer ceci, c'est ignorer notre faiblesse. Et quand on ignore sa faiblesse, on est tout près du chaos.
Ma grand-mère paternelle (90 ans cette année) n' a jamais fait partie de la resistance. Originiaire du nord de la France, elle a subi, comme beaucoup d'autres, les affres de l'occupation allemandes: humiliation, tristesse, inquiétude et incertitude. La pauvreté matérielle et la misère sociale ne l'ont jamais découragée malgré la captivité de son mari fait prisonnier militaire dès le début de la guerre. Avec courage et abnégation, cette femme a suivi le périple de son homme au travers des différents camps de travail. Ainsi, elle accouchera seule d'une petite fille en Pologne, un soldat allemand coupera le cordon ombilicale à l'aide bayonette "*mozaire" (*mauser) m'a-t- elle dit. Et tout ceci avec une grande humilité. Elle m'a beaucoup parlé de son attachement à sauver "ses petits" de la misère alimentaire. Et là, ça colle parfaitement avec l'idée de la femme en tant que maîtresse de la maison, mère et garante de l'unité familiale, c'est à dire " femme au foyer ". Cette femme a continué à être ce qu'elle était durant la guerre. Et ce, avec ses enfants et ses petits enfants et arrières petits enfants.
Ce sujet est formidable. Je le conseillerai au frangin. A lire et a relire.
Cordialement.
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Message  Invité 26/2/2007, 13:37

Bonsoir,
Helmet62 a écrit:Et là, ça colle parfaitement avec l'idée de la femme en tant que maîtresse de la maison, mère et garante de l'unité familiale, c'est à dire " femme au foyer ". Cette femme a continué à être ce qu'elle était durant la guerre. Et ce, avec ses enfants et ses petits enfants et arrières petits enfants.
Merci Helmmet62. Se souvenir juste que ces textes m'on ete transmis par Roger, ancien FTPF Breton, qui a donc vecu tout cela. Je ne suis que le facteur.

Ah ! Ces femmes ! Modestes menageres sans droits selon les concepts du 21eme siecle. Mais ce qu'elles ont fait !

Je sens, dans ton message, Helmett62, une sorte de regret, de nostalgie pour l'epoque ou la Femme etait la Garante du foyer, de la famille, et je te comprends.

Il etait, certes, absolument indispensable de reparer les injustices dont les femmes etaient victimes. Ce fut fait, petit a petit, et Charles de Gaulle fut le premier a se mettre a l'ouvrage en accordant le droit de vote aux femmes des la Liberation puis, en 46, en etablissant une constitution qui donne aux femmes des droits egaux a ceux des hommes.

Tout ceci a bien evolue depuis. A la fois dans le bon sens (La liberation de la femme) et dans le mauvais sens.

C'est l'effet du pendule. Les exagerations "machistes" d'avant ont ete brisees et le pendule est aujourd'hui, apparement, de l'autre cote, celui des exagerations feministes. Et il faudra du temps pour qu'il se stabilise au juste milieu.

Cela viendra, et, un jour, la femme pourra etre libre, tout en restant "mère et garante de l'unité familiale", concept honorable et louable que les Petainistes ont ignoblement galvaude sans l'avoir compris.

Je suis completement hors sujet et demarre une polemique sur le feminisme qui n'a rien a voir avec ce forum. Mince, que font les modos !
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Message  Helmet62 26/2/2007, 18:37

Daniel Laurent,

C'est une preuve que ce forum est vivant. Il traite du passé, du présent et du futur. Le devoir de mémoire est lié à l'apprentissage du passé, à la compréhension de notre présent et à la fabrication du futur.

Tu es un fin psy et il vrai que je ne regrette pas vraiment ce passé de la femme. Mais je crois qu' à une certaine époque, et pas forcément pendant la guerre, je dirai sans doute quelques années plus tard (après absorbtion du choc), que les hommes et les femmes savaient se respecter car ils étaient conscients de leur position au sein de la société, au sein de la famille, et de leur rôle à jouer.

Aujourd'hui, tout le monde voudrait niveler nos différences et nos aptitudes. L'augmentation du célibat en est un exemple flagrant car plus personne n'est capable de se comprendre! Je suis issu d'une courte formation de l'étude économique et sociale de notre société et ce que je pouvais étudier il y a quelques années se vérifie encore aujourd'hui.

Dans notre contexte sociale d'aujourd'hui , je pense que les soldats allemands se méfiraient autant des femmes que des hommes par le simple unique fait qu'ils les croiraient aussi dangereuses que les hommes. Le statut des femmes en 39-45, et la compréhension du monde sociale des hommes de cet époque ont permis d'abuser de la crédulité de nos occupants. Tout ceci serait-il possible aujourd'hui?

Néanmoins, je suis ravi que les femmes occupent une meilleure place dans notre société, même si elles ne "pèsent" pas autant que les hommes que cela soit sur le marché du travail, en politiques, etc...Mais il y a eu progrés, faut-il le souligner. Aucune régression n'est permise et je pense que le statut des femmes peut être encore amélioré.

Néanmoins, pour avoir parler avec mes grand-mères, "quelques chose" s'est cassé. L'une d'elle m'a dit un jour: "Ce que l'on reprochait aux hommes (alcoolisme, violence, vulgarité, égoïsme, etc...), on peut le reprocher aux femmes aujourd'hui!" Evidemment, ne stigmatisons pas, cela serait là une écueille impardonable! D'autres données sociales ont changé ce monde. Mais je crois avoir saisi ce qu'elle voulait me dire...

Voilà, j'ai un peu dévier de ton post initiale mais je voulais répondre à ton dernier!mort de rir gri

Je dirai après avoir relu tes posts, que ces femmes ne sont pas comporter comme de vrais soldats, ou de vrais hommes mais comme de vraies femmes, puissantes, déterminées et qui possèdaient ce que tout le monde a perdu aujourd'hui: le don de soi !!! Il serait d'ailleur très interessant de connaitre des points de vue de femmes qui ont vécu cette époque. Comment on-t-elles perçu le monde durant l'invasion, l'occupation et la libération?

Cordialement.
Helmet62

PS:
dur de dire en quelques mots ce que l'on perçoit.Confused
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