Tranche de vie
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Tranche de vie
Voici le résumé de l'interview filmée que j'ai réalisé du compagnon de ma mère.
Je compte monter le film en essayant de réaliser un documentaire. Il me faut encore interroger d'autres vétérans d'autres micro-régions pour avoir un poit de vue plus large et plus objectif.
Mon beau père est né et a vécu toujours dans le village de Calenzana dans l'ouest de la Corse. D'après lui les habitants écoutaient radio Londres mais il a pu compter les résistants sur les doigts d'une main (3 dans un village de 1500 habitants...). La vie était dure car il n'y avait rien à manger. Chacun devait faire son jardin et semer son blé, souvent à la pioche car tous n'avaient pas de boeufs de labour (ça se louait comme une voiture à l'époque). Les Italiens sont arrivés en 1942 (Novembre). Avec l'armée régulière ça allait, mais avec les Camisge Nere c'était comme avec des Allemands : arrestation, interrogatoire, déportation... Le village était soumis au couvre feu et à des check point.
Il y a eu un parachutage en montagne mais c'était une erreur. Les résistants ont fait passer les armes à la barbe des Italiens.
La situation s'est retournée en septembre 1943 quand les Italiens ont demandé l'armistice. Les troupes régulières sont parties sans combat. Les combats ont eu lieu ailleurs. Mon beau père se rappelle de la bataille de Teghjime pour la prise de Bastia mais ne l'a pas vécue. A l'appel de de Gaulle, les jeunes se sont engagés. Il s'est engagé avant l'âge. Il est parti en Afrique du Nord comme DCA (armée de l'air) après les classes (il a appris d'abord la reconnaissance des appareils et savaient tous les reconnaitre) il a été tranféré à Bizerte comme servant de mitrailleuse puis comme télépointeur (appremment sur radar) d'un canon Bofors. Le port de Bizerte servait de départ pour le débarquement à Anzio et la bataille de Monte Cassino. Il a subi une attaque et a été blessé à la jambe car cela s'est mal passé avec les servants nord africains qui ont déserté pendant l'alerte. Il devait débarquer en Provence comme unité anti-char mais le commandant a dissous l'unité et son capitaine s'est engagé dans les commandos. Il est retourné en Algérie dans un camp d'aviation équipé de P19, qui a été transféré à Miramas ensuite. Il était au ravitaillement.
Son frère s'est engagé après lui. Il a été stationné d'abord en Algérie (mais mon beau père n'a jamais pu le contacter sur place). Versé dans la deuxième DB, il a débarqué en première vague à Saint Tropez. Il a combattu pour la libération de la Provence puis est remonté le long de la vallée du Rhone. Il a fait la campagne d'Alsace. Les Américains voulaient abandonner Strasbourg mais de Gaulle a refusé. Le frère de mon beau père est tombé début 1945 dans la réduction de la poche de Belfort. A partir de cette date mon beau père a eu une permission. Le village a fêté l'armistice du 8 mai 1945, mais la famille n'y a pas participé car elle était en deuil.

Je compte monter le film en essayant de réaliser un documentaire. Il me faut encore interroger d'autres vétérans d'autres micro-régions pour avoir un poit de vue plus large et plus objectif.
Mon beau père est né et a vécu toujours dans le village de Calenzana dans l'ouest de la Corse. D'après lui les habitants écoutaient radio Londres mais il a pu compter les résistants sur les doigts d'une main (3 dans un village de 1500 habitants...). La vie était dure car il n'y avait rien à manger. Chacun devait faire son jardin et semer son blé, souvent à la pioche car tous n'avaient pas de boeufs de labour (ça se louait comme une voiture à l'époque). Les Italiens sont arrivés en 1942 (Novembre). Avec l'armée régulière ça allait, mais avec les Camisge Nere c'était comme avec des Allemands : arrestation, interrogatoire, déportation... Le village était soumis au couvre feu et à des check point.
Il y a eu un parachutage en montagne mais c'était une erreur. Les résistants ont fait passer les armes à la barbe des Italiens.
La situation s'est retournée en septembre 1943 quand les Italiens ont demandé l'armistice. Les troupes régulières sont parties sans combat. Les combats ont eu lieu ailleurs. Mon beau père se rappelle de la bataille de Teghjime pour la prise de Bastia mais ne l'a pas vécue. A l'appel de de Gaulle, les jeunes se sont engagés. Il s'est engagé avant l'âge. Il est parti en Afrique du Nord comme DCA (armée de l'air) après les classes (il a appris d'abord la reconnaissance des appareils et savaient tous les reconnaitre) il a été tranféré à Bizerte comme servant de mitrailleuse puis comme télépointeur (appremment sur radar) d'un canon Bofors. Le port de Bizerte servait de départ pour le débarquement à Anzio et la bataille de Monte Cassino. Il a subi une attaque et a été blessé à la jambe car cela s'est mal passé avec les servants nord africains qui ont déserté pendant l'alerte. Il devait débarquer en Provence comme unité anti-char mais le commandant a dissous l'unité et son capitaine s'est engagé dans les commandos. Il est retourné en Algérie dans un camp d'aviation équipé de P19, qui a été transféré à Miramas ensuite. Il était au ravitaillement.
Son frère s'est engagé après lui. Il a été stationné d'abord en Algérie (mais mon beau père n'a jamais pu le contacter sur place). Versé dans la deuxième DB, il a débarqué en première vague à Saint Tropez. Il a combattu pour la libération de la Provence puis est remonté le long de la vallée du Rhone. Il a fait la campagne d'Alsace. Les Américains voulaient abandonner Strasbourg mais de Gaulle a refusé. Le frère de mon beau père est tombé début 1945 dans la réduction de la poche de Belfort. A partir de cette date mon beau père a eu une permission. Le village a fêté l'armistice du 8 mai 1945, mais la famille n'y a pas participé car elle était en deuil.

ghjattuvolpa*- Police militaire (Modérateur)
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Re: Tranche de vie
Tu parles d'un camp d'aviation équipé de P-19 et je pense que tu veux dire des P-39, probablement du groupe Travail (Cat' corrige moi si je ne me trompe). Il y a également eu un groupe français équipé en P-47 qui a stationné en Corse, qu'on voit d'ailleurs dans le film de propagande sur les "roues", le groupe de P-47 américain.
Quoi qu'il en soit le témoignage est très intéressant, ce n'est pas tous les quatre matins qu'on entend quelqu'un nous parler de l'île de beauté et de la manière dont s'y est passé le conflit.
Quoi qu'il en soit le témoignage est très intéressant, ce n'est pas tous les quatre matins qu'on entend quelqu'un nous parler de l'île de beauté et de la manière dont s'y est passé le conflit.
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Ming- Général (Administrateur)
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Re: Tranche de vie
Je vais confirmer le WE prochain et essaierai de la faire parler mais s'il est mal luné...
ghjattuvolpa*- Police militaire (Modérateur)
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Re: Tranche de vie
Pssst, C'est pas la réduction de la poche de Colmar plutôt que celle de Belfort ?
Sinon, oui, c'est excellent comme boulot, voir la Corse de cette manière, c'est exceptionnel !
Sinon, oui, c'est excellent comme boulot, voir la Corse de cette manière, c'est exceptionnel !

Invité- Invité
Re: Tranche de vie
Il est mort à Belfort à 20 ans en février 1945
ghjattuvolpa*- Police militaire (Modérateur)
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Date d'inscription : 18/06/2008
Re: Tranche de vie
Il est vrai que Belfort a fait l'objet de violent combats, mais la ville à été libérée le 25 novembre 1944. Je pencherais donc pour la thèse que le frère du compagnon de ta mère a été grièvement blessé lors de la réduction de la poche de Colmar, puis transféré dans un hôpital de Belfort et y est décédé en février 1945.
Invité- Invité
Re: Tranche de vie
Voilà j'ai plus d'information.
Mon beau père est parti de Ajaccio le 23/10/43 sur le trooper Marrakech (peut être cargo civil).
Il a fait ses classes à Blida puis à Tipasa puis à Bera. Pendant qu'il était à Blida en classe, une escadrille anglaise (équipée en Halifax) était à proximité et faisait des raids.
Pendant ce temps tout le monde désertait de cette armée Giraud pour rejoindre De Gaulle. Avec des amis il avait projeté de le faire mais ils n'ont pas pu et de toute façon De Gaulle a récupéré le contrôle de l'armée d'Afrique.
EN mai 44, il a été affecté à la DCA de Bizerte. Il a d'abord été mitrailleur puis télépointeur au PC de batterie. Il réglait l'horizontale de la pièce (un Bofors de 40 mm à balle explosive). Il a essuyé un raid. Il a été blessé quand il a dû en urgence remplacé les convoyeurs qui avaient fui.
La batterie a été embarquée (31/04/44) pour servir d'antichar pour l'opération Dragoon mais le commandant l'a dissoute. Le capitaine a déserté et rejoint les commandos. Ils ont été placé à EL Aiun en attente jusque septembre 44 où il a été affecté au groupe de chasse 2/6 à Regaia en tant que magasinier à l'alimentation. Il fournissait popottes, ordinaire, pilotes en mission. Un copain pilote quand il partait en mission piquait sur l'entrepôt pour le saluer. Les missions portaient sur l'Italie et la Provence.
LE 3/12/44 il a embarqué en dernier sur un Liberty Ship pour rejoindre Arles, nouvel affectation du 2/6. Il n'y est arrivé que le 3/01/45.
Anecdote : des camarades ont effectué un raid sur la Forêt Noire mais au retour sont tombés dans une purée de pois. Un à pris de l'altitude pour en sortir par le haut, le second a choisi de passer par en dessous. Mauvaise pioche, il s'est écrasé.
Son équipement : tout US : casque , calot, etc.. Armement mousqueton 36 et baïonnette.
Mon beau père est parti de Ajaccio le 23/10/43 sur le trooper Marrakech (peut être cargo civil).
Il a fait ses classes à Blida puis à Tipasa puis à Bera. Pendant qu'il était à Blida en classe, une escadrille anglaise (équipée en Halifax) était à proximité et faisait des raids.
Pendant ce temps tout le monde désertait de cette armée Giraud pour rejoindre De Gaulle. Avec des amis il avait projeté de le faire mais ils n'ont pas pu et de toute façon De Gaulle a récupéré le contrôle de l'armée d'Afrique.
EN mai 44, il a été affecté à la DCA de Bizerte. Il a d'abord été mitrailleur puis télépointeur au PC de batterie. Il réglait l'horizontale de la pièce (un Bofors de 40 mm à balle explosive). Il a essuyé un raid. Il a été blessé quand il a dû en urgence remplacé les convoyeurs qui avaient fui.
La batterie a été embarquée (31/04/44) pour servir d'antichar pour l'opération Dragoon mais le commandant l'a dissoute. Le capitaine a déserté et rejoint les commandos. Ils ont été placé à EL Aiun en attente jusque septembre 44 où il a été affecté au groupe de chasse 2/6 à Regaia en tant que magasinier à l'alimentation. Il fournissait popottes, ordinaire, pilotes en mission. Un copain pilote quand il partait en mission piquait sur l'entrepôt pour le saluer. Les missions portaient sur l'Italie et la Provence.
LE 3/12/44 il a embarqué en dernier sur un Liberty Ship pour rejoindre Arles, nouvel affectation du 2/6. Il n'y est arrivé que le 3/01/45.
Anecdote : des camarades ont effectué un raid sur la Forêt Noire mais au retour sont tombés dans une purée de pois. Un à pris de l'altitude pour en sortir par le haut, le second a choisi de passer par en dessous. Mauvaise pioche, il s'est écrasé.
Son équipement : tout US : casque , calot, etc.. Armement mousqueton 36 et baïonnette.
ghjattuvolpa*- Police militaire (Modérateur)
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Re: Tranche de vie
La 2ème DB commandée par Leclerc a débarqué en Normandie.ghjattuvolpa* a écrit:Versé dans la deuxième DB, il a débarqué en première vague à Saint Tropez.
ghjattuvolpa* a écrit:Le frère de mon beau père est tombé début 1945 dans la réduction de la poche de Belfort.
La campagne d'Alsace subit un coup d'arrêt pendant l'hiver 44-45. Ce qui permet à la poche de Colmar de perdurer. Au début 45, les alliés reprennent leur marche en avant et réduisent totalement cette poche. En janvier 45, le front est à environ 40-50 km de Belfort.
Narduccio- Général (Administrateur)
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Date d'inscription : 05/10/2006
Re: Tranche de vie
Pas seulement, Leonarducciu, mais comme il est mort les souvenirs qu'on a de lui sont facilement estompés. J'ai lu cela sur son "diplôme souvenir", une espèce de feuille A4 format paysage où il y a son portrait et ses médailles. Elle a dû être délivrée par le ministère après la guerre. Je vais essayer d'être plus précis et de collecter plus de renseignement le WE prochain.
ghjattuvolpa*- Police militaire (Modérateur)
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Re: Tranche de vie
Il a pu faire parti de la relève qui a "blanchit" les unités combattantes. La principale raison de l'arrêt des hostilités durant l'hiver 44-45, c'est que les troupes étaient fatiguées. Les nords-africains et les afriquains qui avaient fait la campagne d'Italie, de Provence et la première partie de la campagne d'Alsace avaient terriblement souffert. De plus, l'hiver fut très rigoureux. Des unités très démunies tinrent dans des conditions difficiles durant ce dur hiver. Mais epndant ce temps-là, l'armée française formait des troupes fraîches composées essentiellement de jeunes recrues et de Résistants qui avaient décidé de continuer le combat. Ces troupes furent formées durant l'automne et le début de l'hiver. Puis, les jeunes conscrits prirent la place des anciens engagés de l'Armée d'Afrique. C'est cela que l'on nomme le blanchiment.
http://groups.google.com/group/fr.soc.histoire/browse_thread/thread/eef6a90a9f542ce3/c0ea7b886703bffe
http://www.ami1rc.org/his153.htm
Les Tirailleurs et les Spahis marocains réalisent de véritables prouesses malgré la crue des rivières, les champs de mines et surtout la réaction violente des Allemands. Les troupes françaises piétinent dans la boue et le froid. Partout ailleurs, les Alliés sont immobilisés par les chutes de neiges.
En campagne depuis quatre mois, épuisés par les combats et par les conditions climatiques, les troupes françaises originaires d'Afrique sont complètement usées et n'en peuvent plus.
Le Commandement français procède alors à ce qui est communément appelé "le blachissement" (ou le "blanchiment") des troupes.
Les pertes subies par les troupes africaines sont complétées ou remplacées par des éléments venus des FFI, qui n'ont pas encore l'expérience du front mais sont mieux adaptés aux combats d'hiver.
C'est le mérite, après avoir été son souci, du général Jean de Lattre de Tassigny d'avoir réalisé la cohabitation théorique, sous un même drapeau, des divisions de l'armée d'Afrique et des FFI venus pour la plupart des maquis avec leurs chefs et leurs armes.
Sur le terrain, ce mélange est fort complexe et délicat. Il y avait des questions de grades, de chefs que les nouveaux venus entendaient conserver, de mentalité, d'éducation militaire qui laissaient souvent à désirer dans les FFI.
La synthèse s'est donc réalisée progressivement. En février 1945, l'intégration des FFI sera une réalité.
Avec les formations issues de la Résistance sont reconstitués des régiments par emprunt au répertoire historique des Corps d'armée de l'Armée française.
C'est ainsi qu'aux soldats venus de l'Empire colonial français, qui représentent alors les trois quarts des effectifs, s'y ajoutent 137000 autres provenant de la France métropolitaine.
http://groups.google.com/group/fr.soc.histoire/browse_thread/thread/eef6a90a9f542ce3/c0ea7b886703bffe
http://www.ami1rc.org/his153.htm
Narduccio- Général (Administrateur)
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Date d'inscription : 05/10/2006
Re: Tranche de vie
Non, non il a été mobilisé en 43 comme son frère et était de la première vague à Saint Tropez.
Je ne sais pas comment mais je vais essayer de trouver de précisions.
Je ne sais pas comment mais je vais essayer de trouver de précisions.
ghjattuvolpa*- Police militaire (Modérateur)
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