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L'opération "Goodwood", 18-20 juillet 1944

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Message  Charlemagne 1/12/2008, 14:15

I Organisation, plan et forces en présence



Contexte:



Selon les prévisions de l'état-major allié, la ville de Caen, chef lieu du Calvados, devait être libérée le jour même du débarquement. Cependant, l'intervention de la 21.Panzer-Division et notamment de son régiment blindé ( Panzer-Regiment.22) ainsi que l'arrivée rapide de puissants renforts blindés allemands (12.SS-Panzer-Division "Hitlerjugend", Panzer-Lehr-Division, schwere Panzer-Abteilung.503...), vont empêcher les alliés et notamment les Britanniques et les Canadiens d'occuper cette ville dans les délais convenus. Un mois après le 6 juin, le 21st Army Group du General Montgomery lance une série d'offensives qui a pour objectif la prise de cette ville qui reste une menace pour le flanc est des alliés. La première de ces offensives se nomme l'opération "Windsor" et a pour but d'occuper l'aérodrome à proximité de Caen, situé à Carpiquet. Si le village de Carpiquet est pris, l'aérodrome, lui, reste fermement occupé par des éléments de la 12.SS-Panzer-Division. Quatre jours plus tard, l'opération " Charnwood" va permettre de repousser la "Hitlerjugend" au sud de l'Orne et entraîner la libération de la partie nord de Caen. De plus, cette offensive a permis à la 3rd British Division d'occuper le terrain au nord-est de Caen en mettant en déroute la 16.Luftwaffen-Feld-Division. C'est de là que partira la nouvelle offensive de Montgomery: l'opération "Goodwood"



Effectif allié:



"Le pays dans lequel nous nous battons est idéal pour la défense; nous attaquons et le boche colle bien au terrain. Nous perdons trois hommes quand il en perd un. Mais la 2nd Army dispose maintenant de trois division blindées. Elles sont plutôt fraîches et n'ont, pour ainsi dire, pas souffert. Possédant Caen, mon flanc est à présent ferme: toute ma tête de pont est sécurisée et protégée par des divisions d'infanterie. J’ai à ma disposition pour travailler avec l'infanterie, un capital de huit brigades blindées indépendantes dont les effectifs dépassent 1000 chars. C’est pourquoi j'ai décidé de lever le rideau sur le flanc est et d'envoyer un corps de trois divisions blindées en terrain dégagé, le long de la route de Caen à Falaise". Ce rapport de Monty, envoyé à Londres le 14 juillet, résume bien la situation du côté britannique. En effet, les durs combats depuis le 6 juin ont mis la British Army dans une grave crise car elle accuse déjà 40 000 pertes et le War Office craint un manque crucial d'effectif dans les semaines à venir. Pour combler ce problème, Monty décide d'employer le char comme pilier de son offensive car si il ne peut se permettre de perdre trois hommes pour un allemand tué, il peut perdre trois chars contre un panzer. Il décide donc d'employer le VIII Corps de la 2nd Army de Dempsey. Ce corps est composé de la Guard Armoured Division commandée par le Général Adair et qui compte 771 officiers et 14 838 hommes. L'autre division est la célèbre 7th Armoured Division du Général Erskine et qui compte 738 officiers et 14 400 hommes. Enfin, la 11th Armoured Division du Général Roberts et qui compte 741 officiers et 13 648 hommes. On peut ajouter le 8° Groupe d'Artillerie (Royal Artillery) qui comprend 305 officiers et 6 311 hommes. L'ensemble du VIII° Corps comprend 3194 officiers et 58 614 hommes.



Objectifs et plan de marche allié:



L'objectif de cette opération est double. En effet, il s'agit d'abord de percer les défenses allemandes afin d'user le gros des unités allemandes et notamment celles de panzer. L'autre objectif est de s'assurer que les allemands concentrent sur le secteur britannique le maximum de divisions blindées afin de permettre aux américains de mettre en place leur propre offensive. Pour cela, c'est la 11th Armoured Division qui devra ouvrir la danse. En effet, le 18 juillet, à 07h45, la division doit traverser le "no man's land" avec l'appui de chars démineurs "fléaux" du 22nd Drangons (79nd Armoured Division). La "charge du taureau" (surnom de la 11th Armoured Division) doit poursuivre son avancée le long de l'axe Cuverville-Demouville-voie ferrée-Cagny et Gentheville afin de prendre et tenir la zone Bras-Rocquancourt-Fontenay le Marmion-ferme de Beauvoir. La Guard Armoured Division doit, elle, suivre la 11th jusqu'à Cagny puis bifurquer sur Vimont afin de tenir le flanc gauche de l'opération. Quant à la 7th Armoured Division, elle doit suivre la route de la 11th et une fois avoir franchi la ligne de chemin de fer Caen-Falaise, à l'ouest de Cagny, elle doit occuper la région de la Hogue à Garcelles-Secqueville. Il est cependant important de noter une chose: pour lancer son offensive, Monty doit faire traverser le canal de Caen et l'Orne par ses divisions blindées qui doivent emprunter trois routes avec deux ponts Bailey chacun. Ces trois goulots d’étranglement vont réduire considérablement l'impact des divisions sur les lignes allemandes et ce manque de puissance va être fatal à "Goodwood" et cela malgré un débit de passage sur ces ponts qui atteindra 200 véhicules par heure. Parallèlement à "Goodwood", il est prévu un assaut de la 3° Division d'infanterie canadienne sur Vaucelles (opération "Atlantic) ainsi qu'une offensive du I° corps à l'ouest de Caen.



L'offensive aérienne:



On l'a vu, la puissance du VIII° Corps est redoutable avec pas moins de 1000 chars. Cependant le premier choc de cette offensive viendra du ciel. En effet, pour "Goodwood", Montgomery rassemble une flotte aérienne impressionnante: 15 Mosquito "Pathfinders", 667 Lancaster et 260 Halifax du Bomber Comand de l'air-Marshal Harris ainsi que 571 B-24 "Libérator" de la 8th USAAF du Général Spaatz. L'objectif de ce bombardement est double. Dans un premier temps, les Lancaster et les Halifax doivent "cratériser" les flancs de l'axe de progression prévu de l'offensive terrestre, c'est à dire, créer de véritables fossés antichar pour empêcher toute contre-attaque allemande. Pour cela, les "lourds" anglais sont équipés de bombes de 250 à 1000 kg. Ils doivent toucher trois secteurs: le secteur A (Colombelles, Mondeville), le secteur H (Touffreville, Sannerville, Mannerville, Guillerville) et enfin le secteur M (Cagny, uniquement des bombes de 250 kg). Pendant ce temps les B-24 américains doivent détruire les positions d'artillerie allemandes à l'aide de bombes à fragmentation afin de permettre aux engins du VIII° Corps de pouvoir y progresser par la suite. Trois secteurs sont visés par la 8th USAAF: le secteur I (Troarn), le secteur P ( Grentheville, Soliers, Bourguébus) et le secteur Q (plaine à l'est de Troarn). On doit aussi ajouter des B-26 et des A-20 de la 9th USAAF qui doivent neutraliser l'artillerie allemande hors de portée de son homologue allié. Enfin, le soutien aérien traditionnel sera effectué par la 2nd Tactical Air Force britannique et ses B-25, A-20, Typhoon, P-51 et Spitffire. L'ensemble de l'opération "Goodwood" sera protégé par une escorte de pas moins de 800 Spitfire! En tout c'est 2000 bombardiers lourds et 2500 bombardiers moyens et chasseurs-bombardiers qui vont ouvrir la voie aux 1000 chars du VIII° Corps.



Les allemands en crise:



"Que va-t-on faire?" " Faire la paix, qu'est ce qu'il y a d'autre à faire?" Cette réponse de von Rundstedt à la question de Keitel montre bien l'état de crise dans laquelle se trouve l'armée allemande. En effet, depuis le début de la bataille de Normandie, l'Allemagne va de défaite en défaite. Ainsi, elle a perdu depuis le 6 juin près de 350 de ses précieux panzern qu'elle ne peut remplacer qu'avec de grandes difficultés. De plus, les Allemands manquent cruellement eux aussi d'infanterie. A cette grave crise de moyens va s'ajouter une crise de commandement. En effet, le 29 juin, Paul Hausser prend le commandement de la 7.Armee car son ancien commandant, Dollmann, s'est suicidé. Le 3 juillet, Eberbach prend la tête du Panzer Gruppe West car Greyr von Schweppenburg est limogé après avoir demandé un repli hors de portée de l'artillerie de marine alliée. Enfin, le même jour, von Rundstedt, le chef de l'Oberkommando West est limogé pour avoir envisagé de négocier la paix avec les alliés ; il sera alors remplacé par von Kluge. Ces limogeages en séries montrent bien que finalement, le commandement sur le terrain reste très fantomatique et qu'en réalité, c'est l'OKW qui dirige le tout, c'est à dire Hitler lui-même. De plus, le chef du groupe d'armée B, Erwin Rommel, est victime d'une attaque de son convoi par des Spitfire du 602. Squadron de la RAF. Il sera évacué sur l'Allemagne et ne reviendra plus jamais en Normandie, c'est von Kluge qui le remplacera.



Effectif allemand engagé contre Goodwood



Si comme on a pu le voir, le commandement allemand à l'ouest est en pleine crise, il ne faut pas croire pour autant que le VIII° Corps se prépare à une promenade de santé. En effet, la défense allemande dans ce secteur reste redoutable. On retrouve en première ligne la 16.Luftwaffen-Feldivision au nord du dispositif. Ses positions vont du sud de Colombelles au Bois de Bures, c'est donc elle qui subira en premier l'offensive de Monty. Au sud-ouest, on retrouve la 272.Infanterie-Division qui occupe la moitié sud de Caen jusqu'à Cormelles. On peut noter que le flanc gauche de la 16.Luftwaffen-Feldivision est tenu par la 346.Infanterie-Division. Derrière cette première ligne se trouve une rescapée de la Deutsche-Afrika-Korps, à savoir la 21.Panzer-Division qui combat depuis le Jour J. Cette division a formé un kampfgruppe d'une grande efficacité commandé par le Major von Luck. L'état-major du KG Luck est basé à Frénouville. Le Panzer-Grenadier-Regiment.192 de la 21.Pz-D soutient directement la 16.Luftwaffen-Feldivision très affaiblie lors de Charnwood. On retrouve alors deux grandes formations de combat: la première est composée du premier bataillon du Panzer-Grenadier-Regiment.125 (le deuxième régiment de grenadier de la 21.Panzer-Division) ainsi que le StuG-Abteilung.200 avec notamment les engins du major Becker. Enfin, l'état major du I/125 se trouve dans la ferme de Mesnil-Frémentel. Cette première formation se trouve dans le secteur de Giberville-Démouville-RN13. Plus à l'est se trouve dans le secteur Sannerville Banneville- Emiéville, la deuxième formation allemande composée du deuxième bataillon du Panzer-Grenadier-Regiment.125 ainsi que le premier bataillon du Panzer-Regiment.22 et surtout le schwere.Panzer-Abteilung.503 avec ses deux compagnies de Tigre I et sa compagnie de Tigre II. L’état-major du II/125 est basé à Emierville. Ces deux grandes formations disposent aussi d'un appui important puisqu'on y retrouve toute une brigade de Nebelwerfer à Grentheville, les canons anti-aériens de 8,8 cm du Sturm-FlaK-Regiment.2 ainsi que des PaK 40 et 43 de l'Artillerie.PaK-Abteilung.1039 et du Panzer-Jäger-Abteilung.200. Voici pour ce qui est de la deuxième ligne de défense mais Rommel ayant été informé de l'opération Goodwood, il décide d'établir une défense encore plus en profondeur avec une troisième ligne. Cette ligne va de Ifs jusqu'à Vimont et elle est la plus étoffée; par exemple, la crête de Bourguébus qui offre un terrain favorable à la défense anti-char, compte pas moins de 12 PaK 36 (r) de 7,62 cm, de 18 PaK 40 de 7,5 cm et de 112 pièces de 8,8 cm ( FlaK et PaK)!!! De plus cette ligne jouit de la proximité immédiate de la 1.SS-Panzer-Division "Leistandarte Adolf Hitler" et cette dernière peut lancer de vigoureuses contre-attaques grâce à la puissance de son SS.Panzer-Regiment.1 dont le premier bataillon est équipé de chars Panther. Rommel a organisé son dispositif selon la méthode employée sur l'Ostfront, c'est à dire en mettant toutes les unités en hérissons. Cette tactique a pour avantage de permettre aux unités de se couvrir mutuellement. On peut donc le voir, les allemands n'ont jamais été aussi bien préparés à stopper une offensive en Normandie mais il y a une chose qu'ils ignorent...
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Message  Charlemagne 1/12/2008, 14:16

II Début de l'offensive



Le ciel leur est tombé sur la tête



"Les avions apparurent flânant dans le ciel, dispersés, non-chalants, indifférents. Les premiers franchirent nos lignes et la terre se mit à trembler sous le grondement continu qui dura trois quarts d'heure, et à aucun moment on n'en vit moins de cinquante à la fois. Le vacarme était assourdissant. Nous pouvions voire les bombes sortir des avions, dériver vers le bas presque gentiment comme la laitance du saumon, et lorsqu'elles disparaissaient derrière les arbres, le grondement s'élevait un peu pour redescendre ensuite à son ancienne tonalité". Cette description féérique du bombardement par un soldat du VIII° Corps donne une trés belle image de l'enfer que subirent les première et deuxiême lignes allemandes. Tout débuta à 5h35 quant 920 appareilles du Bomber Command s'en prennent à quatre cibles dans les zones A et H. Quarante minutes plus tard, Cagny est touchée par 100 bombardiers lourds anglais. A ce stade du bombardement, seulement 5 Halifax et 1 Lancaster sont tombés sous le feu des 8,8 cm de la FlaK, une perte négligeable si l'on compare à ce que coute un raid sur l'Allemagne. Cependant, à peine les lourds de la R.A.F parti, une nouvelle vague apparait à sept heure. Il s'agit de 415 bombardiers moyens de la 9th USAAF qui s'en prennent aux secteurs de Cuverville, Démouville et Giberville. Génés par la poussière et la fumé, 97 appareilles largueront leurs bombes dans la nature. A 7h30, la 8th USAAF prend le relais et 643 B-24 largueront 1412 tonnes de bombes sur Troarn, Soliers, Frénouville, Hubert-Folie et Mézidon. A cela on doit ajouter les 1168 sorties effectués par la 2nd TAF. En tout, les alliés perdront 8 bombardiers ainsi que 9 chasseurs dans un engagement avec la Luftwaffe. Du côté allemand la situation est simple et terrible: la 16.Luftwaffen-Feldivision n'existe plus, le Panzer-Grenadier-Regiment.125 est durement touché et notamment son premier bataillon. Le I/Pz-Rgt.22 a perdu de nombreux chars. Malgré leurs 58 tonnes, certains Tigre I sont littéralement retournés par le souffle des bombes. A cela il faut ajouter l'effet psychologique d'un tels bombardement: les hommes pleurs, certains deviennent complètements fou. Le lieutenant Bandomir, commandant la 3.Kompanie du I/125 raconte: "C'est alors que s'ouvrent les portes de l'enfer! Les escadrons s'avancent, de plus en plus nombreux. Le bombardement de l'aviation, puis de l'artillerie, durera près de deux heures. Nous sommes alors sans réactions, nous sommes assis et attendons la mort, incapable de faire quoi que ce soit". La réaction du Major von Luck est aussi très révélatrice. Absent au moment du bombardement, Von Luck arrive à son quartier général à 9h où il se rend compte que toutes les communications sont coupées. Il décide alors d'aller voir le I/125. Quant il arrive sur les positions du bataillon, une seul pensé lui vint en tête:" Mon dieu, le bombardement et le barrage d'artillerie ont détruit le bataillon!". Certains landser et jäger iront jusqu'à se suicider. Cependant, il faut relativiser les choses car si en effet la première ligne de défense n'existe plus, certaines unités de la deuxième ligne garde encore un fort potentiel combatif comme c'est le cas du II/125, du StuG-Abt.200 ou du s.Pz-Abt.503 dont seulement la 3.Kompanie est sévèrement touché. Plus grave encore pour Monty et ses divisions, la troisième ligne est quasiment intacte et la 1.SS-Panzer-Division peut lancer à n'importe quel moment prés d'une centaine de panzer dans la bataille.



A l'attaque!!!



Les opérations terrestres vont commencer à 5h30 par un barrage d'artillerie massif de plusieurs heures. C'est prés de 760 canons des I°, VIII° et XII° Corps ainsi que le 8° AGRA soit 37 régiments d'artillerie sous les ordres du Brigadier Matthew. Il faut ajouter l'artillerie de trois croiseurs de la Royal Navy, le HMS Roberts, le HMS Mauritius et le HMS Entreprise. Pendant ce temps, la 11th Armoured Division commence à se réveiller. A 6 heure, le major Bell (chef de la compagnie G du 3th Rifle Brigade) et le colonel Silvertop (chef du 3rd Royal Tank Regiment) observent le terrain sur lequel les hommes du premier et les chars du second vont devoir évoluer. Une première constatation: ils sont en face d'un champ de mines non pas allemand mais écossais. En effet, la 51st Highland Division a placée un champ de mines et rien n'a été prévu pour ouvrir la route aux blindés. Il faudra donc attendre l'ouverture d'un couloir déminé ce qui va entrainer un premier retard. L'autre problème est que la 159th Brigade (l'autre brigade d'infanterie de la 11th Armoured Division avec la 8th Rifle Brigade) est motorisée et non mécanisée, c'est à dire que son déplacement se fait par camion et donc l'infanterie doit avancer à pied face à l'ennemie contrairement à la 8th Rifle Brigade qui dispose de Bren-Carrier et de Half-Track. A 7h45, après le bombardement aérien et celui de l'artillerie, les colonnes blindés de la division s'ébranlent, le régiment de reconnaissance en tête ( 2nd Northant Yeomantry) suivi de la 159° Brigade d'infanterie tandis que le 3rd RTR ouvre la voie au reste de la 29° Armoured Brigade. L'avance est rapide malgré les retards. Déjà se forme les premiers embouteillages au niveau des ponts sur le canal de Caen et sur l'Orne. La concentration de prés de 30 000 véhicules et canons fait de ces ponts des cibles privilégiés pour une Luftwaffe absente la journée. Durant la première heure, les anglais avancent de plusieurs kilomètres sans être inquiétés par les survivants de la 16.Luftwaffen-Feldivision, d'ailleurs ceux-ci sont tellement en état de choc qu'ils sont incapables de marcher voir même de lever les bras. Les tankistes anglais les laisseront assis sur le bord de la route sans une réelle surveillance afin qu'ils puissent reprendre leurs esprits. A 8h30 à Démouville le 2nd Northant Yeomanry ouvre le feu sur deux automoteurs (probablement des StuH 42) de la première batterie de la StuG-Abteilung.200. Un peu plus loin, le 3th RTR arrive face à une voie de chemin de fer qui constitue le premier obstacle de l'offensive, obstacle mineur mais suffisant pour couper l'élan initial.



Le chant des 88



Comme il a été dit précédemment, le major von Luck s'aperçois que le I/125 est durement touché et qu'il ne pourra opposer qu'une résistance symbolique aux blindés de Monty. Le commandant du kampfgruppe décide alors de regagner son QG à Frénouville afin d'organiser une contre-attaque basée sur les Tigre I et II du s.Pz-Abt.503 et des survivants du I/Pz-Rgt.22. Dans son Panzerbefehlswagen III , von Luck rencontre en ralliant son QG, une batterie complête de FlaK 8,8cm pret de l'église de Cagny. Complètement surpris, il va à la rencontre de cette batterie du Sturm-FlaK-Regiment.2 , dont les canons sont dirigés vers le ciel. Le commandant, un capitaine de la Luftwaffe, ignore tout de la situation:

"Pouvez-vous me dire ce qui se passe ici?" Demande-t-il au major.

"Mon dieu, que faites-vous ici? Avez-vous une idée de ce qui se passe sur votre gauche?"

"J'appartiens à un groupe de FlaK qui doit protéger les usines de la ville de Caen. Pour le moment, j'attend le prochain raid aérien."

"Des tanks ennemis vous ont déjà dépassés. Au nord, ça grouille de tanks. Vous allez immédiatement vous mettre en position sur la crête au nord de Cagny et engager les tanks qui avancent. Ne vous occupez pas de ceux qui sont déjà partis vers le sud. Frapper leur flanc, c'est ainsi que vous les arrêterez."

"Je m'occupe des avions ennemis, combattre les chars c'est votre boulot. Je suis de la Luftwaffe."

Le major sort alors son pistolet et dit:

"Ou vous êtes un homme mort ou vous serez décoré!"

"Je me plie devant la force, que dois-je faire?"

Grâce à ces quatre canons de 8,8 cm, von Luck va disposer d'une puissance de feu trés apréciable. A 10h15, les 88 ouvrent le feu et immédiatement les premiers sherman brulent. John Thorp du C Squadron du 2nd Fife and Forar alors sous le feu des 88, résume la situation dans laquelle se trouve son unité:" Les chars brûlent, les hommes brûlent, les champs brûlent." En fait, c'est tout le C Squadron qui risque d'être anéanti par la batterie allemande d'ailleurs le journal de marche de la 29° Armoured Brigade est très explicite:" 12h45, 2 FF Yéo indique qu'il ne lui reste plus que 20 chars sur 61. Le tir violent provenant de Cagny serait à l'origine de la moitié de ces pertes". Au même moment où les 88 ouvrent le feu, la 5° batterie de la Stug-Abteilung.200 du major Becker ouvre le feu au hameau du Prieuré sur les engins du 23rd Hussars Regiment. Les cinq batteries du majors Becker en fait composés d'engins capturés sur lesquelles on a posé des canons de 7,5 cm ou 10,5 cm. Ces engins conçus par Becker lui même qui est ingénieur, font preuves d'une grande efficacité et c'est avec les quatre batteries restantes (la 1° batterie a été détruit à Démouville) plus la batterie de FlaK que von Luck veut briser l'offensive. Les cinq batteries de von Luck contre les 1000 chars de Monty!

La dernière bonne nouvelle de la matinée pour les Britanniques arrive à 11h30 lorsque le 8° Rifle Brigade Groupe prend Mesnil-Frémentel, QG du premier bataillon du Panzer-Grenadier-Regiment.125 qui a été durement touché par le bombardement aérien et l'artillerie. Les Tommy's feront 134 prisonniers.



Le vent tourne



Si jusqu'à midi, les nouvelles sont plutôt bonnes pour Monty qui annonce déjà une victoire, plusieurs facteurs vont changer la donne. En effet, les Anglais ont certes bien progressés mais l'infanterie est très en retard puisqu'elle se bat encore à Démouville alors que les blindés se trouvent face à la crête de Bourguébus. Ensuite, non seulement les chars sont sans infanterie mais ils sont aussi hors de portés de l'artillerie toujours en position sur la rive gauche de l'Orne. De plus, du côté adverse, la surprise et le choc du bombardement est passé et les allemands commencent à s'organiser d'autant plus que les blindés britanniques font désormais face à la douzaine de villages de la crête de Bourguébus qui constituent la troisième ligne de défense allemande qui est la plus puissante avec un grand nombre de 88 et aussi la moins touché par les bombardement du matin. Du coup, chacun son tour, les trois régiments blindés britanniques vont êtres stoppés voir repoussés par les défenseurs.

A Hubert-Folie, le half-track du lieutenant David Stileman est envoyé en reconnaissance. A son retour, il transmet son rapport à 12 h30 au colonel Silvertop commandant du 3rd Royal Tank Regiment, ce rapport indique que Stileman n'a pas rencontré d'allemands dans le village. En conséquence, le 3rd RTR se lance à l'attaque du village. C'est le moment qu'attendaient les 88 pour ouvrir le feu. Le 3rd RTR ainsi que la Compagnie G du 8th Rifle Brigade sont stoppés net par le tir des 88 et de la 2° batterie du StuG-Abteilng.200 et finissent par se replier a 14h sur la voie ferrée Paris-Caen.

Du côté du 2nd Fife and Forar, cela ne va pas mieux car le régiment à quasiment perdu tout le C Squadron à Cagny. Le reste du régiment n'est pas dans une situation meilleure car il est partout engagé. Trois batteries de canons d'assauts attaquent de Solier (3./200), du hameau de Poirier (4./200) et de Four (5./200) pendant que les 88 ouvrent le feu depuis Bourguébus et La Hogue. Il faut aussi noter la présence d'une batterie de Nebelwerfer à Grentheville mais qui aura une efficacité limité contre les chars britanniques et qui devra se replier a midi sur Solier. Le 2nd Fife and Forar devra à partir de midi se replier et ses restes seront mis en réserve.

Le dernier régiment blindé de la 11th Armouredd Division, le 23rd Hussars est engagé a 15h pour remplacer le 2nd Fife and Forar. Ce régiment n'aura pas plus de succès que les deux autres car en plus des 88 et des StuG, le 23rd se retrouve face à la contre-attaque allemande menée par le bataillon de Panther du SS-Panzer-Regiment.1. Le C Squadron du 23rd Hussars arrive à 300 mètres de Four mais ils se font repérer alors qu'ils ouvrent le feu sur les Panther de Peiper. Les défenseurs de Four ouvrent le feu et en une minute, 16 Sherman sont détruis. Le I./SS-Pz-Rgt.1 va revendiquer une quarantaine de victoires lors de l'affrontement contre le 23rd Hussars (chiffre probablement exagéré mais révélateur de la tournure de l'engagement). Son attaque brisé par les Waffen-SS, le 23rd Hussars doit alors passer à la défensive pour la nuit comme l'ensemble de la 11th Armoured Division qui a perdu ce 18 juillet 129 chars contre seulement 13 pour les allemands.
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Message  Charlemagne 1/12/2008, 14:17

III La fin des opérations



Les Guards et les "Rats du désert" passent à l'attaque



La Guards Armoured Division est lancée dans la bataille dans l'après midi dans le secteur de Cagny mais il faudra plusieurs heures pour que les hommes du 2nd Grenadier Guards et les tanks du 2nd Irish Guards appuyés par les M7 Priest du Leicestershire Yeomanry, puissent enfin prendre le village (qui a été abandonné par les hommes du deuxième bataillon du Panzer-Grenadier-Regiment.125) et capturer la batterie de 88 qui s'y trouvait. Une fois Cagny dépassé, les Guards doivent obliquer vers le sud ouest pour prendre Vimont mais ils se retrouvent face à des Panzer IV, des StuG et pire encore, les chars Tigre du schwere-Panzer-Abteilung.503. Les combats vont se dérouler de façon complètement anarchique et les Guards n'arriveront pas à dépasser Frénouville. Maigre compensation pour la Guards Armoured Division, elle aura, au cour de cet engagement, le privilège de détruire le premier Tigre II sur le front occidentale.

Quant à la 7th Armoured Division, elle devait appuyer la 11th Armoured Division. Finalement elle sera peu utilisée le 18 mais elle prendra quand même Grentheville vers 17h et repoussera une contre-attaque de Panther.



Les journées du 19 et 20 juillet



La nuit du 18 au 19 juillet est utilisée par les deux camps pour réorganiser leur dispositif très bouleversé. Les Britanniques qui ne peuvent plus jouir de l'effet de surprise et du bombardement aérien massif, reviennent à une stratégie plus classique: les chars accompagnés par l'infanterie et appuyé par l'artillerie devront prendre contrôle des points d'appui allemands. Quant aux allemands, ils font monter en première ligne des renforts avec notamment un Kampfgruppe de la 12.SS-Panzer-Division "Hitler Jugend". La division SS prend place entre les restes de la 21.Panzer-Division et la Leibstandarte SS Adolf Hitler qui est monté complètement au front. On peut noter que vers minuit des Junker 88 vont bombarder les positions britanniques et faire mouche grâce à la très forte concentration de troupes.

La matinée est utilisé par les britanniques pour mener des reconnaissances. Les opérations commencent vers 11H30 lorsque les "rats du déserts" s'emparent de Solier. Vers 16h, le 5th Royal Tank Regiment (7th A-D) part à l'assaut de Bourguébus mais est stoppé par une contre attaque de Panther et de Tigre mais ces derniers devront se replier face à une attaque de Typhoon. Finalement, le village sera pris le lendemain matin à 8h.

Du côté de la 11th Armoured Division, le 2nd Northampshire Yeomanry appuyé par le 3th RTR prend le village de Bras vers 16h. La compagnie G de la 8th Rifle Brigade et les chars du très éprouvé 2nd Fife and Forar montent à l'assaut de Hubert-Folie et après plusieurs heures de dure combats, le village est pris. Les tommy's reçoivent alors le renfort du 4th Kings Shropshire Light Infantry.

La Guards Armoured Division se lance vers 17h. La division prend Le Poirier et Frénouville mais échoue devant Emiéville. Durant l'après- midi, 18 Messerschmitt Bf 109 passe au travers du filet de la chasse allié et mitraillent à plusieurs reprises les positions du secteurs avant que les Mustangs les refoulent. Quatre appareilles seront touchés par la DCA.

Le 20 juillet, la pluie se met a tomber et transforme le champs de bataille sec et poussiéreux en un océan de boue mettant un terme à "Goodwood".



Conclusion



Lorsque l'on se penche sur l'opération "Goodwood", une question vient naturellement: qui est le vainqueur? Pour les Britanniques, les pertes matérielles sont lourdes puisqu'ils perdent en trois jours 314 blindés mais vue qu'ils conservent le terrain, ils pourront récupérer une bonne partie de ces chars et seul 140 seront définitivement perdus mais très vite remplacés. Cependant, "Goodwood" a vérifié la théorie de Guderian, les chars épargnent le sang puisque les britanniques perdent le 18 juillet, 521 hommes "seulement". Néanmoins, si les pertes humaines sont faibles par rapport au terrain conquis, les Britanniques ont été incapable de percer le front allemand malgré une certaine débauche de moyen, le raid aérien du 18 juillet étant l'exemple le plus marquant. Pire encore, ils ont parfois étaient localement repoussés par des contre attaques de panzer. Du côté allemand la fin de l'opération britannique ne marque aucunement une victoire car si "Goodwood" a montré la grande efficacité de la défense allemande pouvant stopper un adversaire largement supérieur numériquement et disposant d'une puissance de feu incroyable, l'offensive britannique a été horriblement couteuse aux Allemands: prés de 5000 hommes ont été perdus (2500 prisonniers) et une centaine de panzer (130 selon d'autres sources). Les jägers de la 16.Luftwaffen-Feldivision ont été rayés de la carte. Les 272.Infantrie-Division et 21.Panzer-Division sont si touchées que la première formera un Kampfgruppe intégré au I.SS-Panzer-Korps alors que la deuxième affichera les effectifs d'un simple bataillon. De plus pour stopper les Britanniques, les Allemands ont du faire monter au front deux Panzer-Divisionnen de réserve (1.SS-Pz-D et 12.SS-Pz-D) et ponctionner une partie des Panther de la 9.SS-Panzer-Division "Hohenstaufen" qui est réduite à 45 chars le 23 juillet. Le résultat est que 5 jours après "Goodwood", les américains passent à l'offensive (Opération "Cobra")et le 26 juillet, une fois qu'ils auront percés le front tenu par la Panzer-Lehr-Division, il n'y aura plus d'unité allemande en réserve pour stopper la chevauchée des chars de Patton.

Je terminerais cette étude par un témoignage d'un vétéran allemand, l'ex-lieutenant Bandomir, sur ce qui fit la force de l'offensive du 18 juillet:" Plus tard, j'arriverais à la conclusion qu'un nouveau type de guerre est né ce 18 juillet: une première vision de l'âge nucléaire. Lorsque le feu de l'artillerie cesse, après tant d'heures, nous sommes surpris d'être encore en vie."
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Message  Clem 3/12/2008, 21:32

Les britanniques n'ont en effet libéré caen que tardivement (c'était un des objectifs du jour j), et ce au prix de lourdes pertes.
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