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Ruibet et Gatineau

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Message  Panzer5 5/8/2006, 14:00

Laissez-moi vous comter ce qui fut le plus beau coup d'éclat de la résistance prés de mon patelin, à savoir l'acte de Pierre Ruibet et de Claude Gatineau.

Né le 9 juillet 1925 à Grenoble, Pierre Ruibet essaie à diverses reprises de rejoindre les F.F.L.
En 1943, il est arrêté au cours d’une tentative de franchissement des Pyrénées et réussit à s’évader. Pour éviter le S.T.O. il s’engage dans une unité de travailleurs utilisée par les P.T.T. pour la réfection de réseaux téléphoniques. Il arrive ainsi à Jonzac (c'est chez moi) et entre en contact avec la Résistance, plus précisément avec le groupe « alerte » de Bordeaux.


Un gigantesque dépôt de munitions de la Kriegsmarine (80000 tonnes) est installé dans les carrières d’Heurtebize à Jonzac. Fin janvier 1944, Pierre Ruibet , réussit à s’y faire engager comme travailleur civil et se porte volontaire pour détruire les carrières. Au cours de ces préparatifs, il est surpris par un autre manœuvre des carrières, Claude Gatineau, jonzacais de 20 ans qui lui porte main forte pour sa mission. Les opérations de sabotage se multiplient.
Ce fut le 30 juin 1944 que Ruibet commença un peu plutôt qu’à l’ordinaire.
Il posait les explosifs lorsqu’un sous-officier s’avança dans les carrières. Le jeune homme comprenant que tout pouvait être perdu n’hésita pas à sacrifier sa vie : il bondit sur l’Allemand et le terrassa puis se remit à l’oeuvre. L’Allemand assez touché eut la force de se traîner jusqu’à l’entrée et annoncer qu’il y avait “sabotage". Pendant deux jours et deux nuits on entendit l’éclatement des bombes. Après s’être donné la mort d’un coup de pistolet, Ruibet sauta avec les munitions. Ainsi mourut ce héros, ce jeune, devant qui la vie s’ouvrait.
Le premier mourut dans l’explosion, le second qui faisait le guet fut arrêté et torturé. Il se dénonça pour éviter la mort de 50 otages dont les cercueils avaient été commandés. Il fut finalement fusillé.
Le 17 juillet après avoir retrouvé le corps de Pierre Ruibet, on organisa ses obsèques dans le plus grand recueillement. Le 8 décembre ses funérailles furent célébrées. Il devint citoyen d’ honneur de la ville de Jonzac.

Lettre de Pierre Ruibet à sa mère.


Ma chère petite maman.


Ma lettre va vous faire bien de la peine. J’ai été désigné pour faire sauter la carrière. J’avais posé des mines qui n’ont pas fait leur effet.
J’attendais quelqu’un qui n’est pas venu. Il est de mon devoir de tout détruire, tant pis, je vais y mettre le feu, je suis bien décidé, seulement il y a beaucoup de chances que j’y reste. Cependant, je tenais à la vie, mais je fais passer mon pays avant mon bonheur.
Je vous embrasse tous : Adieu.

Vive la France !

« Pierrot »


En décembre 1944, selon un décret du Général De Gaulle, la croix de la Libération est décernée à titre posthume au sous-lieutenant RUIBET Pierre, âgé de 19 ans.
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Message  Invité 5/8/2006, 14:38

Bonjour Panzer5,
Un fait d'arme, un courage, un sacrifice.
Merci
Pierre Ruibet a eu un peu plus qu'une Croix a titre postume.
Il a ete eleve a la dignite de Compagnon de la Liberation
Ils n'ont ete que 1038 a recevoir cette distinction.
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Message  Panzer5 5/8/2006, 15:43

Le sabotage du dépôt a aussi permis, au moment de la déflagration, à une colonne de prisonniers de s'évader ( à travers un champ de mine, il y eut plusieurs blessés); qui rejoignirent par la suite le maquis.
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Message  Ivy mike 5/8/2006, 16:46

Vraiment impressionnant
Un fait d'armes magnifique, ce jeune qui fait preuve d'esprit de sacrifice pour son pays est un hero nationale

Le lettre est tout ce qu'il y a de plus emouvant, il a du avoir du cran pour ecrire ça !!

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Message  Panzer5 7/8/2006, 14:36

Je vous en remet une autre couche:

Le plus efficace de tous les sabotages, écrit Henri Gayot dans son ouvrage sur l'occupation en Charente-Maritime, est, sans conteste, celui effectué par le jeune Pierre Ruibet aux carrières d'Heurtebise, près de Jonzac, où les Allemands avaient établi le plus important des dépôts de munitions de la côte Atlantique.
Voici le récit de cette action par le capitaine Bernard, chef militaire de l'arrondissement de Jonzac.

« Pierre Ruibet a quinze ans au moment de la capitulation de juin 1940. Enfant de troupe à Autun, il n'a qu'un seul désir, servir la France. Il a tenté plusieurs fois de rejoindre les Forces Françaises Libres, quand, en 1943, il est arrêté à la frontière pyrénéenne. Il cache son identité, s'évade, et pour éviter le départ au Service du Travail Obligatoire en Allemagne, s'engage dans une unité de travailleurs du génie pour la construction des lignes téléphoniques à grande distance. Cette unité du génie, dissoute à Jonzac, début 1944, Pierre Ruibet s'engage comme travailleur civil au dépôt de munitions de la Kriegsmarine situé dans les carrières à quelques centaines de mètres de Jonzac, sur la voie ferrée Bordeaux-Paris par Saintes.
Les carrières ont une voûte de 10 à 20 mètres d'épaisseur de rocher, les rendant à peu près invulnérables à tout bombardement aérien. Dès le mois de mai, Ruibet les connaît entièrement pour en avoir fait plusieurs relevés. Il y a même passé une nuit clandestinement pour réaliser par cordeau détonant un dispositif reliant entre eux les dépôts de grosses munitions, afin que l'explosion de l'un d'eux entraîne celle des autres.
L'importance du dépôt de Jonzac est grande. Au cours de l'audience du tribunal allemand de Bordeaux, qui s'est transporté sur place pour juger les responsables de l'explosion, un colonel viendra déposer qu'il était, en importance, le deuxième de l'armée allemande en France, et que sa destruction équivalait à la perte d'une bataille.
En effet, au moment de sa destruction, c'est-à-dire en pleine bataille de France, le dépôt de Jonzac comprend la valeur de 120 trains de munitions, d'artillerie, d'armes portatives, de bombes d'avions, non compris les explosifs, des mines terrestres, des mines marines, de la poudre en plaquettes, etc. Ces munitions sont alloties, tarées, entreposées par chargement homogène, pour wagons ou pour camions.
Il comprend aussi un parc stratégique sur roues d'une dizaine de trains dont 133 canons de 75, 40, de 77 et de 88 ; 5 000 obus de 105, 3 500 obus de 155, 2 000 obus de 220, de nombreux canons de DCA. Il est le dépôt de la Kriegsmarine pour l'Atlantique et la mer du Nord, et sa destruction va priver de munitions les grandes unités allemandes, et compromettre la manoeuvre du Haut commandement.
L'attaque du dépôt par un kommando extérieur était impossible. Quatre Blockhaus l'entouraient, armés de quatre à huit mitrailleuses lourdes, de canons antichars, de lance-flammes, reliés par un double réseau de barbelés et par deux larges champs de mines, occupés et surveillés par une compagnie permanente.
Il ne restait alors que la solution héroïque de l'explosion intérieure, qui fut proposée par Pierre Ruibet lui-même, lorsque le groupe franc "Alerte", de Bordeaux, reçut l'ordre de détruire le dépôt à la veille du débarquement allié en Normandie. Ruibet est volontaire pour assurer l'exécution de l'opération : Il agira avec un seul aide, Claude Gatineau, d'un an son aîné, en qui il a toute confiance et qui l'aide dans ses préparatifs. C'est le 4 juin que le groupe "Alerte" reçoit de l'État-major régional l'ordre de détruire les carrières d'Heurtebise.

Des explosifs dans un carton à chapeaux


On se réunit 32 rue de la Devise à Bordeaux, chez Melle Marguerite Crauste, dit le lieutenant Marchadier, sous-chef du groupe franc "Alerte". C'est une femme qui a de réelles qualités d'organisation et une foi ardente. Contrôleur des PTT, c'est elle qui reçoit les courriers. Nous n'avons pas d'explosifs, mais Melle Crauste, sous le pseudonyme de "Jacqueline", sait toujours où il y en a. Un soir elle en rapporte dans un carton à chapeaux, suivie d'un artificier qui nous en démontre l'emploi. Je me rends à Jonzac avec les explosifs, et j'en explique le maniement à Ruibet ; les crayons ont un retard possible de détonation de six heures.
C'est le 8 juin que Ruibet complète son dispositif d'explosif plastique, deux dans les poudres, deux dans les munitions. Les crayons détonateurs sont réglés pour que les explosions se produisent à 13 heures, pendant que le personnel prend son repas à l'extérieur. Mais ces crayons ne fonctionnent pas, et il faut enlever et dissimuler le dispositif.
En fin de journée Ruibet fait télégraphier à Melle Crauste par Mathilde Robert, fille de la concierge du tribunal de Jonzac, chez qui il est hébergé, d'envoyer de "nouveaux remèdes urgents".
Les remèdes sont apportés deux jours après, par une liaison de Bordeaux, et le 18 juin, malgré la surveillance, Pierre Ruibet réussit à mettre en place les dispositifs de plastique ; mais les nouveaux crayons ne fonctionnent pas plus que ceux du 8 juin. Quelques jours après, sous prétexte de consulter à Bordeaux un médecin spécialiste, Pierre Ruibet se rend chez Melle Crauste où il reçoit un revolver et de nouveaux explosifs. Melle Crauste essaie elle-même deux détonateurs. Le 29 juin, Ruibet repart pour Jonzac.
Le 30 juin, à 8 heures, il remet en place les nouveaux explosifs, aidé de Gatineau, pendant que les 200 ouvriers sont sortis de la carrière pour la pause casse-croûte. Le sous-officier allemand, chef de l'équipe de travail à laquelle appartiennent Ruibet et Gatineau, constate leur absence, pénètre dans la carrière à leur recherche et les surprend en pleine action. Il saute sur Ruibet, qui tente de le neutraliser, mais ne réussit qu'à le blesser à la tête. Le sous-officier sort en criant : "Ruibet, Gatineau, sabotage". Dix-sept sous-officiers et soldats allemands, accompagnés de chiens policiers, se précipitent dans la carrière, mais y trouvent la mort en même temps que Pierre Ruibet qui avait mis le feu, à la main, à l'énorme entrepôt de poudre.
L'incendie s'est rapidement communiqué à l'ensemble du dépôt et les explosions se sont succédé pendant deux jours, anéantissant la totalité de l'entrepôt. Claude Gatineau, qui dans l'affolement avait réussi à sortir et à rentrer chez lui où il s'était habillé en pompier pour revenir sur les lieux combattre le sinistre, a été immédiatement arrêté. Torturé pour obtenir de lui l'origine et les circonstances de la mise au point de cet acte héroïque, Claude Gatineau a reconnu sa participation mais n'a rien révélé qui puisse mettre en cause d'autres personnes. Il n'a donné aucun nom du groupe "Alerte" de Bordeaux où étaient Bouillon dit Martial, qui devait être tué à l'attaque de Montluçon, Robert Laurentz qui devait tomber à l'attaque de Saint-Jean-d'Angély, Pierre Galais qui devait être tué devant Metz. Claude Gatineau a été fusillé le 1er juillet en présence de ses camarades de travail, sans avoir non plus livré le nom de Melle Crauste, responsable du groupe "Alerte", héroïne de la Résistance PTT.
Mais celle-ci a été démasquée en même temps que Mathilde Robert, 17 ans, par le télégramme envoyé par Ruibet le 8 juin, signé : Robert. Arrêtées et jugées toutes les deux par le Tribunal militaire allemand de Bordeaux, et condamnées à être fusillées le 24 août, la libération de Bordeaux les sauvera du peloton d'exécution.
Sur place, l'adjudant allemand "Bibendum" réclame l'exécution de quarante otages. Il demande au maire de Jonzac, M. Gautret, de les désigner. Celui-ci s'inscrit le premier sur la liste, quant aux autres : "Désignez-les vous-même" dit-il. Le commandant allemand, un Rhénan, intervient, disant que "déjà trop de sang a été versé" et calme la fureur de son adjudant. Seul Claude Gatineau est fusillé.
La destruction du dépôt de munitions de la Kriegsmarine à Jonzac a pu avoir, par son importance, une influence relative sur le déroulement des opérations dans la campagne de France, en privant le Haut commandement allemand de munitions sur lesquelles il croyait pouvoir compter selon les plans établis.
Les sous-lieutenants Pierre Ruibet, 19 ans, compagnon de la Libération, chevalier de la Légion d'honneur, et Claude Gatineau, 20 ans, chevalier de la Légion d'honneur, cités à l'ordre de la Nation, ont donné un bel exemple de courage et de dévouement pour la libération de la patrie. »
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Message  Invité 11/8/2006, 12:02

Bonjour,
En lisant des histoires comme celle-la, il y a des jours ou je me pose des questions, enfin LA question.

Et moi, a leur place, aurais-je ete capable d'en faire autant ?

Je n'ai pas trouve la reponse.
Et, a mon avis, nul n'est capable de repondre, sauf a se trouver, un jour, dans ce genre de situation.

Ma generation, et la votre, jeunes amis, n'ont pas eu a devoir decouvrir la reponse, car nous n'avons pas ete exposes a ce que, eux, ils ont du faire face.

Felicitons-nous en, et, surtout, felicitons-les en.
C'est grace a eux que nous avons eu la chance de vivre en paix, du moins en France.

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Message  Panzer5 11/8/2006, 12:56

Je ne te cache pas que chez pas mal de Jonzacais, il existe un véritable culte autour de Ruibet et Gatineau qui font véritablement figure de héros et de martyrs.
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