Les modalités de recrutement du SD

C'était pour savoir, en gros, comment on pouvait entrer au SD. La seule "référence" que j'ai à ce propos est la série Holocaust, qui peut difficilement être considérée comme très fiable.

Dans la série, Erik Dorf, avocat, se contente de se présenter à Heydrich et est engagé après un entretien. Je suppose que ça ne se passait pas comme ça à tous les coups, surtout quand le SD est devenu un gros service. Donc voilà : est-ce que vous sauriez quelles procédures étaient utilisées en général ? Suffisait-il d'être aryen pour rentrer, ou fallait-il en plus être physiquement capable de rentrer dans l'armée ?
Est-ce qu'on pouvait entrer au SD en étant réformé de l'armée ? Par exemple, si mon personnage est asthmatique, pourrait-il être accepté ?

Merci d'avance pour vous réponses ^^

Il me semble que dans le roman Les Bienveillantes le héros, qui est membre du SD,

Spoiler:

En tant que source, ça vait ce que ça vaut.

Sûrement par CV + lettre de motiv'.
T'as un avantage certain avec le CV vidéo.

Ok, je sors.

Bonjour à tous ; quelques notes sur la technique de recrutement du SD :

Tout d’abord, l’objet central du SD, comme le définit l’historien Martin Broszat (voir : Broszat, Martin & Krausnick, Helmut Anatomy of the SS State – Granada Publishing Ltd, London, 1970) est : « à procéder avec le peuple comme avec un potager d’où l’on retire à intervalles plus ou moins réguliers les mauvaises herbes et les plantes qu’on juge malsaines ». La criminalité en Allemagne, à l’époque, n’est pas particulièrement élevée, mais la SIPO (Sicherheitspolizei) procède de temps à autre (sur ordre du Chef de la Police ou de son subordonné immédiat) à de tels nettoyages. Il s’agit donc de confondre les ennemis de l’État, certes, mais, plus particulièrement, « d’identifier les éventuels ennemis de l’État » afin de les neutraliser avant qu’ils n’aient pu passer à l’acte… La SIPO s’appuie sur deux entités administratives : Le GESTAPA (Geheime Staats Polizei Amt), qui régit toutes les polices politiques du Reich, et le LKPA (Landeskriminalpolizei Amt ; et à partir de 1937 : RKPA), qui administre la police criminelle sur l’ensemble du territoire.

Fin avril 1933, Heydrich prend la direction du GESTAPA. En 1934, le SD – qui n’est à ce stade qu’une organisation squelettique (à peine 100 membres) – devient, par décision du NSDAP, le service officiel unique d’information du Parti. Mais ses agents ne sont pas aussi bien qualifiés que les fonctionnaires de police de l’ancienne école. Ils amusent et énervent… Mais Heydrich va entrer en scène ; son moment est venu.

Il est important de comprendre que les « jeunes loups » du SD estiment n’avoir rien à voir avec les « vulgaires vétérans du Parti » dont les idées sont « totalement dépassées ». Ils se rebiffent contre les querelles de clocher, l’opportunisme, et la corruption, des grands et des petits nazis, car « non, ce n’est pas ainsi qu’ils imaginaient le IIIe Reich » (voir : Höhne, Heinz. L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968). Et voici qu’Himmler leur parle d’une organisation qui a pour rôle de découvrir les tares de l’État, et de les corriger. Le baromètre de la nation, en quelque sorte. Que veut le SD ? « Des hommes à l’esprit critique » ; c’est ainsi que Reinhard Höhn, chef d’une section SD à Berlin, le définit clairement et sans ambages à un jeune avocat dont la foi dans le nazisme est ébranlée : Otto Ohlendorf. Un instant « égaré », Ohlendorf reprend le chemin de la maison et s’engage.

Le ton est donné. À partir de cet instant, une grosse vague de jeunes intellectuels entre au SD. Gunther d’Alquen, ancien journaliste nazi écarté par le NSDAP ; le Dr Behrends, docteur en droit et ami de Heydrich ; Walther Schellenberg, docteur en droit et en sciences politiques (en qui Heydrich flaire le collaborateur talentueux), et tant d’autres… Donc le recrutement au SD focalise sur les intellectuels – des hommes qui, mêmes s’ils ont eu des ennuis avec le NSDAP, font preuve d’intelligence supérieure et d’une certaine dose d’anticonformisme. Heydrich veut en fait détruire le fonctionnarisme et transformer le SD en un outil technocratique haut de gamme, géré par des agents dynamiques, prêts à tout, et libérés des entraves de la rigidité prussienne classique. Des hommes sûrs, hautement capables, mais surtout pas des techniciens. Une véritable révolution aux yeux des « vieux » policiers de carrière. Il n’y a pas de paradoxe ; Heydrich souhaite que l’outil technocratique soit géré par des hommes avec de l’imagination. Les techniques de recrutement du SD ne sont pas très différentes des techniques pratiquées plus tard par la CIA, ou d’autres services de renseignements, à savoir : les universités, les écoles de droit, les écoles de commerce, les écoles d’architecture… Bref, le monde des spécialistes. C’est cette stratégie qui va donner au SD son caractère si terriblement efficace et innovateur. Les autres, les enquêteurs, flics, et mouchards, seront sélectionnés au sein de la Gestapo et de l’Allgemeine-SS.

Heydrich scinde le SD en 2 formations distinctes : le SD en tant que formation du NSDAP d’une part (tous les fonctionnaires de la SIPO en feront partie), qui sera l’outil de l’intégration à la SS de l’ensemble de la SIPO. Et, d’autre part, le SD en tant que centre de renseignements : l’instrument mobile, le « sixième sens » du Parti, omniprésent, et agissant dans tous les milieux, dans tous les domaines, sur tous les esprits…

Eddy

Merci pour les infos, comme d'hab la qualité est là ^^

Donc j'en déduis qu'un Allemand asthmatique pourrait être au SD, tant qu'il a de la cervelle. En fait, je me doutais pas que le système de recrutement d'Heydrich ouvrait la porte à ce genre de personnes ; c'est très inspirant en fait.

Sur le terrain pour les basses besognes en Pologne et en Russie, on peut voir des individus avec le sigle sd sur la manche, qui ne semblent pas être de grands intellectuels.

Salut Navigant;

Lorsque je parlais des intellectuels du SD, je parlais de la colonne vertébrale du système, c'est à dire les cadres, cadres supérieurs, et chefs de services. Ce sont eux qui donnent le ton au service, qui lancent les nouvelles méthodes, ou qui prennent les décisions. En ce qui concerne le SD, le fait d'y injecter des universitaires, des gens ayant eu des ennuis avec les autorités, et des juristes, fut un pas en avant énorme dans la direction de changer les règles et méthodes du jeu par rapport à la vieille école de flics de Weimar. Et c'est celà qui doit être pris en compte

Deuxièmement, on ne peut juger un individu sur son physique. Les gens du SD engagèrent - bien entendu - des exécuteurs de basses oeuvres pour former la "troupe" du SD. Comme je l'avais précisé,

Les autres, les enquêteurs, flics, et mouchards, seront sélectionnés au sein de la Gestapo et de l’Allgemeine-SS.

Eux aussi, bien entendu, portaient le losange du SD, preuve de leur légitimité...

Eddy

Kalendeer a écrit:Merci pour les infos, comme d'hab la qualité est là ^^

Donc j'en déduis qu'un Allemand asthmatique pourrait être au SD, tant qu'il a de la cervelle. En fait, je me doutais pas que le système de recrutement d'Heydrich ouvrait la porte à ce genre de personnes ; c'est très inspirant en fait.

Qu'entends-tu, Kalendeer, par ce "genre de personnes" ? Vu la complexité du SD (service divisé en je ne sais combien de départements spécifiques, eux-mêmes sous-divisés etc.) il n'est pas vraiment étonnant de voir des "tronches" intégrer ces organisations. Je dirai même que c'était grâce à ces dits-cerveaux que ces "machines à surveiller" fonctionnaient si bien. La plupart des cadres étaient sans doute de maginifiques organisateurs, rigoureux mais aussi et surtout ouverts aux nouvelles méthodes.
Sans vouloir caricaturer, certains ayant vu le reportage diffusé récemment sur France Télévisions concernant les Commandos De La Mort ont du rester bouche bée en apprenant que la plupart des commandants d'Einsatzgruppen étaient de gros intellos, bardés souvent d'un voire plusieurs doctorats. "Quoi ? ce n'étaient pas des fous dangereux armés jusqu'aux dents ?"

Par "ce genre de personnes", j'entendais surtout qu'ils s'agissait apparement de jeunes cadres diplômés, pas forcément ultra impliqués dans le parti nazi ou faisant partie de la "vieille garde". Je m'attendais aussi un peu au cliché du genre, qui correspond à l'idée qu'on se fait de la Gestapo : qu'il y avait des rebuts dont la police ou l'Abwehr n'auraient pas voulu ou auraient expulsés pour opinions politiques douteuses... bref, je m'attendais pas à voir les résultats que je considère comme la branche étudiantine dont je suis censée faire partie ^^" (je dis bien censée vu que je suis plus en transition orientatoire, mais c'est pas le sujet)

Des officiers du sd sont venus en renfort de la gestapo dans les territoires occupés, un sigle sd modifié existait.