Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
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Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Bonjour à tous ;
Un article un peu dense (et un peu long), mais intéressant, je pense (j’espère). Comme d'habitude, les sources sont en fin d'article. Je voulais entrer un peu dans les arcanes de la conduite de Reinhard Heydrich dans son rapport avec la « Solution Finale ». Ce n’est pas une chose aisée car non seulement Heydrich était, par nature et par nécessité, un personnage secret et manipulateur, mais l’opération à laquelle il donna son empreinte et élan initial était elle-même « secret d’État », et donc peu documentée. Il suffit de savoir que malgré son agacement devant tant d’efficacité et d’audace, Himmler ne le considéra jamais comme un rival ; au contraire, il semble s’être appuyé sur les prodigieux talents technocratiques de son subordonné afin de mettre en place la tâche qui lui fut assignée par le Führer, et à laquelle son nom demeurera éternellement lié. Quant à Heydrich, même si nous ne connaissons pas réellement les détails de tous ses agissements, ses réunions, ses conclusions personnelles, nous pouvons être certains que tout ce qui porte la marque du SD dans l’affaire qui va suivre, porte également sa trace…
La SS fut l’exécutante du plus grand crime contre l’humanité à ce jour, aucun doute ne subsiste à ce sujet. Par conséquent, durant de nombreuses années, et plus particulièrement la période 1946-1960, la quasi-totalité des chercheurs, des participants, et des témoins, ont considéré que l’idée de l’Endlösung der Judenfrage, ou « Solution Finale du Problème Juif », revenait à Heinrich Himmler et Reinhard Heydrich. Il semblait impossible que les auteurs de ce crime incommensurable n’eussent envisagé son éventualité avant que la décision fût prise… Pourtant, cette conclusion ne repose sur aucune preuve concrète. Il semble en effet impossible que le Reichsführer-SS et le chef du SD aient pu envisager, organiser, et mener à bien une opération de cette gravité et de cette ampleur à l’insu, ou sans l’ordre formel d’Adolf Hitler. Grâces aux recherches plus récentes, et notamment celles de Gerald Fleming, Christopher Browning, et Raul Hilberg – pour ne citer qu’eux, nous pensons aujourd’hui en savoir un peu plus :
Comparaissant, en août 1946, à Nuremberg, l’ex-juge et Sturmbannführer-SS Konrad Morgen soutient que les centres d’exterminations n’étaient pas administrés par la SS. À la surprise générale, il affirme avoir été, pendant la guerre, transféré par Himmler des Tribunaux Militaires SS à la KRIPO afin d’enquêter sur la corruption et le vol dans les camps. En automne 1943, instruisant dans le district de Lublin, Morgen rencontre le Polizeihauptmann Christian Wirth (Inspecteur des centres d’extermination AR) qui lui fait des révélations inouïes :
« Tout d’abord, je pensais que les explications de Wirth étaient absolument fantastiques, mais à Lublin même, j’ai vu un dépôt de Wirth. […] Déjà son étendue – il y avait une énorme quantité de montres amoncelées – m’a prouvé qu’il se passait là des choses épouvantables. […] je n’ai jamais vu autant d’argent, surtout d’argent étranger, toutes sortes de monnaies, de tous les pays du monde ».
Les tueries ont donc bien lieu, mais il y a autre chose… Morgen découvre des informations classées top secret. Devant la Cour Alliée, il affirme avoir personnellement vus les ordres transmis à Christian Wirth et certifie que ces derniers ne provenaient pas des services d’Himmler, mais directement de la Chancellerie du Führer (KdF), et étaient signés
« Blankenburg » (Werner Blankenburg, chef de la Section 2A du KdF). Ce témoignage est le seul indice désignant la véritable origine du programme d’extermination. Il désigne la Chancellerie… et donc Adolf Hitler.
Werner Blankenburg (USHMM)
Le Führer a rendu l’image du « père » à une Allemagne orpheline, brisée et humiliée par le Traité de Versailles et le cataclysme économique de 1923. Il lui a rendu vigueur et enthousiasme, et restitué son « honneur », une notion digne de tous les sacrifices ; et celui qu’il va exiger d’elle n’aura aucune limite. Comme tout régime totalitaire, le nazisme propose – en premier lieu – une nouvelle image de l’Homme. Ses prétentions révolutionnaires ne se bornent pas uniquement à la reconstruction de l’État ; il préconise non seulement de nouvelles lois, de nouveaux principes, et un changement de relations sociales, mais appelle l’avènement d’un « Homme Nouveau ». Contrairement aux grandes révolutions du passé, le nazisme ne vise pas à changer les choses, mais à changer les gens ; il ne vise pas à changer les structures, mais à changer la vie elle-même. Enivrées par cette promesse de renaissance, les foules applaudissent, convaincues d’êtres à l’aube d’un nouvel « âge d’or »…
Mais, une fois au pouvoir, Adolf Hitler, guide infaillible, et petit-bourgeois étriqué tout à la fois, tombe le masque. Ce qui, durant les « années de luttes », n’était qu’obsession nauséabonde tapie au fin fond de ses cellules remonte à la surface sous forme de programme politique secret. L’ex-agitateur se mue en Moloch qui, au nom de cette renaissance, va imposer et déclancher une frénésie homicide apocalyptique sans précédent. Plus que ses préjugés bornés, que sa soif de revanche, et son nationalisme exacerbé, son antisémitisme prend des dimensions pathologiques, viscérales – où s’entremêlent une haine hors norme, des sentiments réprimés de saleté, d’humiliation, de lâcheté (voir Mein Kampf). Pour lui, les Untermenschen Juifs forment une maladie répugnante qui dévore le monde, exploitant ses ressources, polluant son sang et sa moralité. Et le temps presse ; Hitler sait qu’il n’a que quelques années devant lui… Dix, quinze tout au plus. La solution doit donc être radicale ; pas de sentimentalisme déplacé, car personne après lui n’aura le courage de réaliser cette « œuvre immense ». Jugé à Nuremberg, Hans Frank, ex-Gouverneur de Pologne, déclare : « à un moment donné, lors de leurs entretiens privés, Hitler a certainement ordonné à Himmler d’exterminer des peuples entiers ». Comment le Führer s’y est-il pris pour convaincre le « fidèle Heinrich » de franchir la ligne ? Quels mots furent utilisés ? Nous ne le saurons jamais…
Himmler n’est pas comme Hitler ; même s’il n’existe qu’à travers lui, même s’il lui voue une admiration sans bornes, il n’a pas le « cœur noir » de son idole. Personnage complexe et complexé, s’il jette toute son énergie organisatrice dans la réalisation du crime, son antisémitisme est resté – malgré sa teinte nazie et malgré ses discours radicaux – celui de l’antisémitisme petit-bourgeois « institutionnel » des 18e et 19e siècles. Pour lui, les Juifs restent des êtres humains ; profondément nuisibles, inférieurs, parasites, certes, mais humains tout de même. Et sa « terrible » tâche, accomplie dans un sentiment de « sacrifice de soi », lui crée de sérieux problèmes de conscience dont il ne réussira jamais à se défaire totalement. Tout en perfectionnant la machine de mort, tout en essayant de donner l’image de « l’homme fort », il cherche simultanément à s’en dissocier, répétant inlassablement à qui veut l’écouter qu’il a agi « selon la volonté du Führer »…
Mais qu’en est-il de Reinhard Heydrich ? Heydrich ne s’intéresse qu’au pouvoir, au pouvoir total ; il est l’apôtre de la performance… L’homme SS idéal. Il imagine très bien le Reich Millénaire sans Hitler et sans Himmler, mais pas sans lui. Bien sûr, Heydrich doit tout, son statut et sa fulgurante ascension, au Reichsführer-SS ; obligatoirement, une estime mutuelle, et une certaine forme d’amitié, lie les deux hommes. Mais Heydrich est un technocrate, et un battant ; les perpétuelles tergiversations, doutes, rêveries néo-Templières, et bavardages völkish, de son mentor l’exaspèrent au plus haut point. Lina Heydrich, quant à elle, méprise profondément « les Himmler », et plus particulièrement Marga Himmler qu’elle déteste, et ne nomme, en privé, que par sa taille de culotte (50 environ)… Certes, Heydrich est antisémite, mais, à l’instar d’Himmler, son antisémitisme est aussi de souche institutionnelle. Les Juifs sont des parasites et des Untermenschen, au même titre que les Slaves ou les Tziganes, mais il n’entretient pas – malgré les avanies de sa jeunesse – de haine pathologique à leur égard… S’ils ont pu, jadis, représenter pour lui une honte sociale, sa progression vers les sommets de la hiérarchie nazie l’a dissocié de tout ressentiment personnel inutile, sentimental, et inefficace. Les Juifs ne seront jamais pour lui qu’une masse de chair sans âme, sans existence juridique, qu’il convient de détruire selon les directives « hygiéniques » du Reich.
Reinhard Heydrich; 1934 (Bundesarchiv)
La SS est donc l’exécutante, mais pas l'initiatrice… Bien entendu, la conception eugéniste nazie, qui consiste à nier aux Juifs une appartenance à l’humanité, n’est pas étrangère à la SS ; les sombres rêves Teutoniques de supériorité raciale, d’aryens aux yeux bleus, et la vision darwinienne de lutte pour la vie, ont plus de succès à la Schutzstaffel, ordre d’élite, que dans les autres formations NSDAP. Reste que la « Solution Finale » est en contradiction totale avec l’attitude adoptée depuis le début par la SS, qui défend l’idée d’une expulsion massive des Juifs hors des frontières allemandes. L’antisémitisme vulgaire du NSDAP n’est pas le fait des SS. Les intellectuels du SD – pourtant bien acquis aux idées nazies – n’apprécient pas les techniques expéditives, la fureur raciste, et les écarts de langage du Parti. En juin 1935, Das Schwarze Korps, la gazette SS, déclare ouvertement : « Cet antisémitisme de bas étage ne peut que nous nuire, et nuire à la réputation de l’Allemagne ». Pour les cadres SD, il s’agit de trouver une solution raisonnable…
En 1934, la vague de terrorisme antisémite orchestrée par le Parti se calme. En été 1935, revenant d’un voyage au Moyen-Orient, l’Untersturmführer-SS Leopold Von Mildenstein publie un article sur les perspectives d’une Palestine Juive. Von Mildenstein – intimement lié à des chefs Sionistes – pense qu’une émigration Juive vers la Palestine serait réalisable avec l’appui de la SS. Himmler donne son accord. Sous la férule d’Heydrich, Von Mildenstein crée, au sein du SD, la direction II-112 des Affaires Juives. Mais, Von Mildenstein prend à son service un obscur Scharführer-SS du nom d’Adolf Eichmann… Dix mois après la création de « son » service II-112, Von Mildenstein, incommodé par la surveillance continue des sbires d’Heydrich, quitte le SD. Eichmann reste en place.
Adolf Eichmann, en 1940 (USHMM)
Le « valet » Eichmann passe maintenant toutes ses nuits à apprendre des notions d’hébreu, à lire (péniblement) L’État Juif de Theodor Herzl, et entretient des contacts suivis avec de nombreux groupes sionistes, dont la Hagannah, et ira même, le 3 octobre 1937, avec la bénédiction d’Heydrich, au Caire rencontrer un de ses dirigeants, le Juif Polonais Feivel Polkes. Mais Eichmann et l’Oberscharführer-SS Herbert Hagen (successeur de Von Mildenstein) se rendent compte du dilemme créé par la position
« pro-sioniste » du SD : d’un côté on prête son appui à l’émigration Juive en Palestine, de l’autre on craint que cela ne deviennent le prétexte pour la création d’un état Juif…
Eddy
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Un article un peu dense (et un peu long), mais intéressant, je pense (j’espère). Comme d'habitude, les sources sont en fin d'article. Je voulais entrer un peu dans les arcanes de la conduite de Reinhard Heydrich dans son rapport avec la « Solution Finale ». Ce n’est pas une chose aisée car non seulement Heydrich était, par nature et par nécessité, un personnage secret et manipulateur, mais l’opération à laquelle il donna son empreinte et élan initial était elle-même « secret d’État », et donc peu documentée. Il suffit de savoir que malgré son agacement devant tant d’efficacité et d’audace, Himmler ne le considéra jamais comme un rival ; au contraire, il semble s’être appuyé sur les prodigieux talents technocratiques de son subordonné afin de mettre en place la tâche qui lui fut assignée par le Führer, et à laquelle son nom demeurera éternellement lié. Quant à Heydrich, même si nous ne connaissons pas réellement les détails de tous ses agissements, ses réunions, ses conclusions personnelles, nous pouvons être certains que tout ce qui porte la marque du SD dans l’affaire qui va suivre, porte également sa trace…
La SS fut l’exécutante du plus grand crime contre l’humanité à ce jour, aucun doute ne subsiste à ce sujet. Par conséquent, durant de nombreuses années, et plus particulièrement la période 1946-1960, la quasi-totalité des chercheurs, des participants, et des témoins, ont considéré que l’idée de l’Endlösung der Judenfrage, ou « Solution Finale du Problème Juif », revenait à Heinrich Himmler et Reinhard Heydrich. Il semblait impossible que les auteurs de ce crime incommensurable n’eussent envisagé son éventualité avant que la décision fût prise… Pourtant, cette conclusion ne repose sur aucune preuve concrète. Il semble en effet impossible que le Reichsführer-SS et le chef du SD aient pu envisager, organiser, et mener à bien une opération de cette gravité et de cette ampleur à l’insu, ou sans l’ordre formel d’Adolf Hitler. Grâces aux recherches plus récentes, et notamment celles de Gerald Fleming, Christopher Browning, et Raul Hilberg – pour ne citer qu’eux, nous pensons aujourd’hui en savoir un peu plus :
Comparaissant, en août 1946, à Nuremberg, l’ex-juge et Sturmbannführer-SS Konrad Morgen soutient que les centres d’exterminations n’étaient pas administrés par la SS. À la surprise générale, il affirme avoir été, pendant la guerre, transféré par Himmler des Tribunaux Militaires SS à la KRIPO afin d’enquêter sur la corruption et le vol dans les camps. En automne 1943, instruisant dans le district de Lublin, Morgen rencontre le Polizeihauptmann Christian Wirth (Inspecteur des centres d’extermination AR) qui lui fait des révélations inouïes :
« Tout d’abord, je pensais que les explications de Wirth étaient absolument fantastiques, mais à Lublin même, j’ai vu un dépôt de Wirth. […] Déjà son étendue – il y avait une énorme quantité de montres amoncelées – m’a prouvé qu’il se passait là des choses épouvantables. […] je n’ai jamais vu autant d’argent, surtout d’argent étranger, toutes sortes de monnaies, de tous les pays du monde ».
Les tueries ont donc bien lieu, mais il y a autre chose… Morgen découvre des informations classées top secret. Devant la Cour Alliée, il affirme avoir personnellement vus les ordres transmis à Christian Wirth et certifie que ces derniers ne provenaient pas des services d’Himmler, mais directement de la Chancellerie du Führer (KdF), et étaient signés
« Blankenburg » (Werner Blankenburg, chef de la Section 2A du KdF). Ce témoignage est le seul indice désignant la véritable origine du programme d’extermination. Il désigne la Chancellerie… et donc Adolf Hitler.
Werner Blankenburg (USHMM)
Le Führer a rendu l’image du « père » à une Allemagne orpheline, brisée et humiliée par le Traité de Versailles et le cataclysme économique de 1923. Il lui a rendu vigueur et enthousiasme, et restitué son « honneur », une notion digne de tous les sacrifices ; et celui qu’il va exiger d’elle n’aura aucune limite. Comme tout régime totalitaire, le nazisme propose – en premier lieu – une nouvelle image de l’Homme. Ses prétentions révolutionnaires ne se bornent pas uniquement à la reconstruction de l’État ; il préconise non seulement de nouvelles lois, de nouveaux principes, et un changement de relations sociales, mais appelle l’avènement d’un « Homme Nouveau ». Contrairement aux grandes révolutions du passé, le nazisme ne vise pas à changer les choses, mais à changer les gens ; il ne vise pas à changer les structures, mais à changer la vie elle-même. Enivrées par cette promesse de renaissance, les foules applaudissent, convaincues d’êtres à l’aube d’un nouvel « âge d’or »…
Mais, une fois au pouvoir, Adolf Hitler, guide infaillible, et petit-bourgeois étriqué tout à la fois, tombe le masque. Ce qui, durant les « années de luttes », n’était qu’obsession nauséabonde tapie au fin fond de ses cellules remonte à la surface sous forme de programme politique secret. L’ex-agitateur se mue en Moloch qui, au nom de cette renaissance, va imposer et déclancher une frénésie homicide apocalyptique sans précédent. Plus que ses préjugés bornés, que sa soif de revanche, et son nationalisme exacerbé, son antisémitisme prend des dimensions pathologiques, viscérales – où s’entremêlent une haine hors norme, des sentiments réprimés de saleté, d’humiliation, de lâcheté (voir Mein Kampf). Pour lui, les Untermenschen Juifs forment une maladie répugnante qui dévore le monde, exploitant ses ressources, polluant son sang et sa moralité. Et le temps presse ; Hitler sait qu’il n’a que quelques années devant lui… Dix, quinze tout au plus. La solution doit donc être radicale ; pas de sentimentalisme déplacé, car personne après lui n’aura le courage de réaliser cette « œuvre immense ». Jugé à Nuremberg, Hans Frank, ex-Gouverneur de Pologne, déclare : « à un moment donné, lors de leurs entretiens privés, Hitler a certainement ordonné à Himmler d’exterminer des peuples entiers ». Comment le Führer s’y est-il pris pour convaincre le « fidèle Heinrich » de franchir la ligne ? Quels mots furent utilisés ? Nous ne le saurons jamais…
Himmler n’est pas comme Hitler ; même s’il n’existe qu’à travers lui, même s’il lui voue une admiration sans bornes, il n’a pas le « cœur noir » de son idole. Personnage complexe et complexé, s’il jette toute son énergie organisatrice dans la réalisation du crime, son antisémitisme est resté – malgré sa teinte nazie et malgré ses discours radicaux – celui de l’antisémitisme petit-bourgeois « institutionnel » des 18e et 19e siècles. Pour lui, les Juifs restent des êtres humains ; profondément nuisibles, inférieurs, parasites, certes, mais humains tout de même. Et sa « terrible » tâche, accomplie dans un sentiment de « sacrifice de soi », lui crée de sérieux problèmes de conscience dont il ne réussira jamais à se défaire totalement. Tout en perfectionnant la machine de mort, tout en essayant de donner l’image de « l’homme fort », il cherche simultanément à s’en dissocier, répétant inlassablement à qui veut l’écouter qu’il a agi « selon la volonté du Führer »…
Mais qu’en est-il de Reinhard Heydrich ? Heydrich ne s’intéresse qu’au pouvoir, au pouvoir total ; il est l’apôtre de la performance… L’homme SS idéal. Il imagine très bien le Reich Millénaire sans Hitler et sans Himmler, mais pas sans lui. Bien sûr, Heydrich doit tout, son statut et sa fulgurante ascension, au Reichsführer-SS ; obligatoirement, une estime mutuelle, et une certaine forme d’amitié, lie les deux hommes. Mais Heydrich est un technocrate, et un battant ; les perpétuelles tergiversations, doutes, rêveries néo-Templières, et bavardages völkish, de son mentor l’exaspèrent au plus haut point. Lina Heydrich, quant à elle, méprise profondément « les Himmler », et plus particulièrement Marga Himmler qu’elle déteste, et ne nomme, en privé, que par sa taille de culotte (50 environ)… Certes, Heydrich est antisémite, mais, à l’instar d’Himmler, son antisémitisme est aussi de souche institutionnelle. Les Juifs sont des parasites et des Untermenschen, au même titre que les Slaves ou les Tziganes, mais il n’entretient pas – malgré les avanies de sa jeunesse – de haine pathologique à leur égard… S’ils ont pu, jadis, représenter pour lui une honte sociale, sa progression vers les sommets de la hiérarchie nazie l’a dissocié de tout ressentiment personnel inutile, sentimental, et inefficace. Les Juifs ne seront jamais pour lui qu’une masse de chair sans âme, sans existence juridique, qu’il convient de détruire selon les directives « hygiéniques » du Reich.
Reinhard Heydrich; 1934 (Bundesarchiv)
La SS est donc l’exécutante, mais pas l'initiatrice… Bien entendu, la conception eugéniste nazie, qui consiste à nier aux Juifs une appartenance à l’humanité, n’est pas étrangère à la SS ; les sombres rêves Teutoniques de supériorité raciale, d’aryens aux yeux bleus, et la vision darwinienne de lutte pour la vie, ont plus de succès à la Schutzstaffel, ordre d’élite, que dans les autres formations NSDAP. Reste que la « Solution Finale » est en contradiction totale avec l’attitude adoptée depuis le début par la SS, qui défend l’idée d’une expulsion massive des Juifs hors des frontières allemandes. L’antisémitisme vulgaire du NSDAP n’est pas le fait des SS. Les intellectuels du SD – pourtant bien acquis aux idées nazies – n’apprécient pas les techniques expéditives, la fureur raciste, et les écarts de langage du Parti. En juin 1935, Das Schwarze Korps, la gazette SS, déclare ouvertement : « Cet antisémitisme de bas étage ne peut que nous nuire, et nuire à la réputation de l’Allemagne ». Pour les cadres SD, il s’agit de trouver une solution raisonnable…
En 1934, la vague de terrorisme antisémite orchestrée par le Parti se calme. En été 1935, revenant d’un voyage au Moyen-Orient, l’Untersturmführer-SS Leopold Von Mildenstein publie un article sur les perspectives d’une Palestine Juive. Von Mildenstein – intimement lié à des chefs Sionistes – pense qu’une émigration Juive vers la Palestine serait réalisable avec l’appui de la SS. Himmler donne son accord. Sous la férule d’Heydrich, Von Mildenstein crée, au sein du SD, la direction II-112 des Affaires Juives. Mais, Von Mildenstein prend à son service un obscur Scharführer-SS du nom d’Adolf Eichmann… Dix mois après la création de « son » service II-112, Von Mildenstein, incommodé par la surveillance continue des sbires d’Heydrich, quitte le SD. Eichmann reste en place.
Adolf Eichmann, en 1940 (USHMM)
Le « valet » Eichmann passe maintenant toutes ses nuits à apprendre des notions d’hébreu, à lire (péniblement) L’État Juif de Theodor Herzl, et entretient des contacts suivis avec de nombreux groupes sionistes, dont la Hagannah, et ira même, le 3 octobre 1937, avec la bénédiction d’Heydrich, au Caire rencontrer un de ses dirigeants, le Juif Polonais Feivel Polkes. Mais Eichmann et l’Oberscharführer-SS Herbert Hagen (successeur de Von Mildenstein) se rendent compte du dilemme créé par la position
« pro-sioniste » du SD : d’un côté on prête son appui à l’émigration Juive en Palestine, de l’autre on craint que cela ne deviennent le prétexte pour la création d’un état Juif…
Eddy
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Dernière édition par eddy marz le 8/1/2012, 17:33, édité 3 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
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Le 8 novembre 1938, Ernst Vom Rath, diplomate nazi en poste à Paris, est assassiné par un jeune Juif allemand d’origine polonaise, Herschel Grynszpan. Le lendemain, fomenté par les extrémistes du NSDAP, un des plus gros pogrom antisémite s’étend sur l’ensemble de l’Allemagne : Kristallnacht. Heydrich est pris de court. Mais les ordres du KdF sont formels : la SS ne doit intervenir en aucune façon pour rétablir l’ordre. Certains membres du SD s’offusquent ; le préfet de Police Von Eberstein trouve « toute cette action parfaitement dégoûtante »… Cette éruption de violence est suivie d’une période d’accalmie, mais les extrémistes NSDAP, et Göbbels en particulier viennent de compromettre à jamais la souveraineté d’Himmler et d’Heydrich en matière de politique Juive… C’est maintenant qu’Hermann Göring entre en scène. Le 2 janvier 1939, le Reichsmarshall ordonne à Heydrich de reprendre la politique d’émigration. Une « Direction Centrale pour l’Émigration Juive » est créée, et placée par Heydrich sous les ordres du Standartenführer-SS Heinrich Müller, Chef de la section II du Gestapa. Des pressions sont exercées sur les dirigeants sionistes allemands pour accélérer le processus. L’émigration vers la Palestine est organisée par le SD et la Hagannah à travers le « Mossad le Aliyah Bet ». Le SD accroît son aide au Mossad, mais les Anglais raidissent leur action de contrôle dans la région…
Heydrich félicite un sportif; 1939 (Bundesarchiv)
Printemps 1939, 180.000 Juifs ont été contraints de quitter le pays. Mais la politique d’émigration ne peut tenir qu’aussi longtemps que la SS accepte de maintenir les frontières ouvertes et de collaborer avec les organisations de secours Juives. Les extrémistes antisémites du NSDAP en profitent pour saboter les desseins d’Eichmann. Le projet n’aboutira pas.
En août 1939, Adolf Hitler annonce à Himmler que la Pologne devra être « effacée de la carte ». La classe dirigeante sera exterminée, et la population réduite en esclavage. Toutefois, cette tâche « politique » n’est pas appropriée pour les forces régulières ; il faut des hommes sûrs, prêts à tout. Himmler se tourne vers Heydrich… Chargé de piloter l’aspect technique de l’opération, Heydrich scinde rapidement quelque 2.700 tueurs recrutés au sein de la SIPO en six Einzatsgruppen : Cinq opèreront derrière la Wehrmacht sous le couvert d’actions de contre-espionnage et de saisies d’armes ; le sixième sera cantonné dans le district de Poznan. Il ne s’agit pas encore spécifiquement de « Solution Finale », mais « d’assainissement politique » ; des listes de « cibles » sont dressées, visant en priorité intellectuels, médecins, instituteurs, fonctionnaires, religieux, propriétaires terriens et, bien entendu, les Juifs. Adressant ses chefs d’escadrons, Reinhard Heydrich commente : « Nous épargnerons les petites gens, mais les aristocrates, prêtres et Juifs doivent périr ».
Conviés au Berghof, le 22 août, 10 jours avant l'assaut, les généraux sont instruits par Hitler en personne quant à l’imminence de l’invasion. Soucieux d’éviter tout malentendu, le Führer précise : « Il se passera des choses qui risquent de ne pas rencontrer l’approbation des généraux. Aussi l’Armée n’aura-t-elle pas à procéder à l’élimination des indésirables. Cette tâche sera confiée à la SS » (Generalfeldmarschall Fedor Von Bock). Le lendemain, le pacte de non-agression Ribbentrop-Molotov est signé, prévoyant également un échange économique entre l’URSS et le Reich. Un protocole secret y est accolé à l’insu des généraux allemands, garantissant le partage de la Pologne en zones d'influence allemande et soviétique. Rassuré, Hitler déchaîne la Blitzkrieg : Le 1er septembre 1939, à l’aube, un million et demi d’hommes, et deux mille panzers envahissent la Pologne. L’Angleterre, le Commonwealth, et la France réagissent aussitôt. La 2e Guerre Mondiale a commencé…
Dans le sillage de la Wehrmacht, les tueurs d’Heydrich s’acquittent de leur mission à un rythme ahurissant. En moins d’un mois, le chef du SD peut se targuer d’avoir exterminé 98% de l’intelligentsia polonaise. Plus de 500 villes et villages ont été incendiés, et 16.000 personnes assassinées… Plusieurs milliers de Juifs de la région de Lublin fuient vers l’Est, préférant passer en URSS. Dans les mois qui suivent, la Pologne est démantelée. L’Ouest et le Nord sont annexés au Reich (Warthegau) ; le Sud et l’Est sont colonisés en un seul bloc, le Generalgouvernement, sous la tutelle du Reichsleiter Dr. Hans Frank.
Mais la dimension des atrocités commises est telle, que la Wehrmacht réagit, mettant en doute la légalité de la mission dirigée par Heydrich. Au QG du Führer, les hauts gradés refusent même de serrer la main des officiers SS ; des plaintes sont adressées personnellement à Hitler. Heydrich, moins motivé par des sentiments humanitaires – qui lui sont probablement étrangers – que par le goût de la discipline, parle « d’actes de vengeance individuels hélas incontrôlables ». Mais Hitler connaît ses généraux, et il sait les faire taire. Aux environs de septembre 1940, il les informe de la poursuite et de l’intensification de l’action SS/SD : « Notre combat ne peut s’embarrasser de notions de légalité ou d’illégalité… […] Dans ce cas précis, nos méthodes doivent aller à l’encontre de nos principes. […] Éviter qu’une nouvelle intelligentsia polonaise n’accède au pouvoir ; nettoyer le Reich de la racaille juive et polonaise… ». Stupéfiés, les généraux se détournent pudiquement ; préférant – pendant un temps – se distancier des « affaires secrètes du Reich ». La Pologne est donc laissée à la merci des SS et du NSDAP.
Les massacres de 1939 en Pologne ne sont en fait que le préliminaire à un programme secret beaucoup plus ambitieux… Jusqu’à l’été 1941, aucun document ne fait allusion à la destruction physique des Juifs. Dans son mémoire sur le « Problème des Étrangers à l’Est », écrit en mai 1940, soit un an auparavant, Himmler, et donc la SS et le SD, s’oppose toujours à la « destruction physique d’un peuple, méthode bolchevique, impraticable, et parfaitement contraire au génie germanique ». Il faut accélérer l’émigration. Et de fait, à partir de l’été 1940, Adolf Eichmann, désormais promu Sturmbannführer-SS (RSHA 4BIV) planche sur le projet irréaliste de transformer l’île de Madagascar en « réserve juive », contrôlée et administrée par la SS.
Malgré les exactions des Einsatzgruppen, l’approche préférée de la SS reste encore celle de l’immigration forcée. Mais, le Royaume-Uni n’ayant ni capitulé ni mis fin à son blocus du continent, les corridors d’immigration se retrouvent coupés par l’extension des hostilités ; le projet « Madagascar » avorte. Un nombre croissant de Juifs étrangers se retrouvent maintenant piégés dans la sphère d’influence nazie ; une approche « plus radicale » doit alors être envisagée…
Partie 2 : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t8813-heydrich-et-la-solution-finale-part-ii
Eddy
Sources :
- Günther Deschner Heydrich ; the Pursuit of Total Power London 1981
- Shlomo Aronson Reinhard Heydrich und die Frügeschichte von Gestapo und SD, DVA, Stuttgart, 1971.
- Max Williams Reinhard Heydrich. The biography, vol. 1 : Road to War Ulric Publishing, Church Stretton, 2001.
- Heinz Höhne L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968
- Arendt, Hannah. Eichmann in Jerusalem ; a report on the banality of evil – Viking Compass, New York, 1965.
- Arendt, Hannah. The Origins of Totalitarianism – Knopf Doubleday Publishing Group (réédition), 2004
- Browning, Christopher R. The Path to Genocide: Essays on Launching the Final Solution. Cambridge University Press ; Cambridge, 1992
- Browning, Christopher R. The Origins of the Final Solution – The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939 – March 1942 – William Heinemann ; London, 2004
- Fleming, Gerald. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984
- Friedländer, Henry. The Origins of Nazi Genocide: From “euthanasia” to the Final Solution – University of North Carolina Press ; Chapel Hill, 1995.
Le 8 novembre 1938, Ernst Vom Rath, diplomate nazi en poste à Paris, est assassiné par un jeune Juif allemand d’origine polonaise, Herschel Grynszpan. Le lendemain, fomenté par les extrémistes du NSDAP, un des plus gros pogrom antisémite s’étend sur l’ensemble de l’Allemagne : Kristallnacht. Heydrich est pris de court. Mais les ordres du KdF sont formels : la SS ne doit intervenir en aucune façon pour rétablir l’ordre. Certains membres du SD s’offusquent ; le préfet de Police Von Eberstein trouve « toute cette action parfaitement dégoûtante »… Cette éruption de violence est suivie d’une période d’accalmie, mais les extrémistes NSDAP, et Göbbels en particulier viennent de compromettre à jamais la souveraineté d’Himmler et d’Heydrich en matière de politique Juive… C’est maintenant qu’Hermann Göring entre en scène. Le 2 janvier 1939, le Reichsmarshall ordonne à Heydrich de reprendre la politique d’émigration. Une « Direction Centrale pour l’Émigration Juive » est créée, et placée par Heydrich sous les ordres du Standartenführer-SS Heinrich Müller, Chef de la section II du Gestapa. Des pressions sont exercées sur les dirigeants sionistes allemands pour accélérer le processus. L’émigration vers la Palestine est organisée par le SD et la Hagannah à travers le « Mossad le Aliyah Bet ». Le SD accroît son aide au Mossad, mais les Anglais raidissent leur action de contrôle dans la région…
Heydrich félicite un sportif; 1939 (Bundesarchiv)
Printemps 1939, 180.000 Juifs ont été contraints de quitter le pays. Mais la politique d’émigration ne peut tenir qu’aussi longtemps que la SS accepte de maintenir les frontières ouvertes et de collaborer avec les organisations de secours Juives. Les extrémistes antisémites du NSDAP en profitent pour saboter les desseins d’Eichmann. Le projet n’aboutira pas.
En août 1939, Adolf Hitler annonce à Himmler que la Pologne devra être « effacée de la carte ». La classe dirigeante sera exterminée, et la population réduite en esclavage. Toutefois, cette tâche « politique » n’est pas appropriée pour les forces régulières ; il faut des hommes sûrs, prêts à tout. Himmler se tourne vers Heydrich… Chargé de piloter l’aspect technique de l’opération, Heydrich scinde rapidement quelque 2.700 tueurs recrutés au sein de la SIPO en six Einzatsgruppen : Cinq opèreront derrière la Wehrmacht sous le couvert d’actions de contre-espionnage et de saisies d’armes ; le sixième sera cantonné dans le district de Poznan. Il ne s’agit pas encore spécifiquement de « Solution Finale », mais « d’assainissement politique » ; des listes de « cibles » sont dressées, visant en priorité intellectuels, médecins, instituteurs, fonctionnaires, religieux, propriétaires terriens et, bien entendu, les Juifs. Adressant ses chefs d’escadrons, Reinhard Heydrich commente : « Nous épargnerons les petites gens, mais les aristocrates, prêtres et Juifs doivent périr ».
Conviés au Berghof, le 22 août, 10 jours avant l'assaut, les généraux sont instruits par Hitler en personne quant à l’imminence de l’invasion. Soucieux d’éviter tout malentendu, le Führer précise : « Il se passera des choses qui risquent de ne pas rencontrer l’approbation des généraux. Aussi l’Armée n’aura-t-elle pas à procéder à l’élimination des indésirables. Cette tâche sera confiée à la SS » (Generalfeldmarschall Fedor Von Bock). Le lendemain, le pacte de non-agression Ribbentrop-Molotov est signé, prévoyant également un échange économique entre l’URSS et le Reich. Un protocole secret y est accolé à l’insu des généraux allemands, garantissant le partage de la Pologne en zones d'influence allemande et soviétique. Rassuré, Hitler déchaîne la Blitzkrieg : Le 1er septembre 1939, à l’aube, un million et demi d’hommes, et deux mille panzers envahissent la Pologne. L’Angleterre, le Commonwealth, et la France réagissent aussitôt. La 2e Guerre Mondiale a commencé…
Dans le sillage de la Wehrmacht, les tueurs d’Heydrich s’acquittent de leur mission à un rythme ahurissant. En moins d’un mois, le chef du SD peut se targuer d’avoir exterminé 98% de l’intelligentsia polonaise. Plus de 500 villes et villages ont été incendiés, et 16.000 personnes assassinées… Plusieurs milliers de Juifs de la région de Lublin fuient vers l’Est, préférant passer en URSS. Dans les mois qui suivent, la Pologne est démantelée. L’Ouest et le Nord sont annexés au Reich (Warthegau) ; le Sud et l’Est sont colonisés en un seul bloc, le Generalgouvernement, sous la tutelle du Reichsleiter Dr. Hans Frank.
Mais la dimension des atrocités commises est telle, que la Wehrmacht réagit, mettant en doute la légalité de la mission dirigée par Heydrich. Au QG du Führer, les hauts gradés refusent même de serrer la main des officiers SS ; des plaintes sont adressées personnellement à Hitler. Heydrich, moins motivé par des sentiments humanitaires – qui lui sont probablement étrangers – que par le goût de la discipline, parle « d’actes de vengeance individuels hélas incontrôlables ». Mais Hitler connaît ses généraux, et il sait les faire taire. Aux environs de septembre 1940, il les informe de la poursuite et de l’intensification de l’action SS/SD : « Notre combat ne peut s’embarrasser de notions de légalité ou d’illégalité… […] Dans ce cas précis, nos méthodes doivent aller à l’encontre de nos principes. […] Éviter qu’une nouvelle intelligentsia polonaise n’accède au pouvoir ; nettoyer le Reich de la racaille juive et polonaise… ». Stupéfiés, les généraux se détournent pudiquement ; préférant – pendant un temps – se distancier des « affaires secrètes du Reich ». La Pologne est donc laissée à la merci des SS et du NSDAP.
Les massacres de 1939 en Pologne ne sont en fait que le préliminaire à un programme secret beaucoup plus ambitieux… Jusqu’à l’été 1941, aucun document ne fait allusion à la destruction physique des Juifs. Dans son mémoire sur le « Problème des Étrangers à l’Est », écrit en mai 1940, soit un an auparavant, Himmler, et donc la SS et le SD, s’oppose toujours à la « destruction physique d’un peuple, méthode bolchevique, impraticable, et parfaitement contraire au génie germanique ». Il faut accélérer l’émigration. Et de fait, à partir de l’été 1940, Adolf Eichmann, désormais promu Sturmbannführer-SS (RSHA 4BIV) planche sur le projet irréaliste de transformer l’île de Madagascar en « réserve juive », contrôlée et administrée par la SS.
Malgré les exactions des Einsatzgruppen, l’approche préférée de la SS reste encore celle de l’immigration forcée. Mais, le Royaume-Uni n’ayant ni capitulé ni mis fin à son blocus du continent, les corridors d’immigration se retrouvent coupés par l’extension des hostilités ; le projet « Madagascar » avorte. Un nombre croissant de Juifs étrangers se retrouvent maintenant piégés dans la sphère d’influence nazie ; une approche « plus radicale » doit alors être envisagée…
Partie 2 : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t8813-heydrich-et-la-solution-finale-part-ii
Eddy
Sources :
- Günther Deschner Heydrich ; the Pursuit of Total Power London 1981
- Shlomo Aronson Reinhard Heydrich und die Frügeschichte von Gestapo und SD, DVA, Stuttgart, 1971.
- Max Williams Reinhard Heydrich. The biography, vol. 1 : Road to War Ulric Publishing, Church Stretton, 2001.
- Heinz Höhne L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968
- Arendt, Hannah. Eichmann in Jerusalem ; a report on the banality of evil – Viking Compass, New York, 1965.
- Arendt, Hannah. The Origins of Totalitarianism – Knopf Doubleday Publishing Group (réédition), 2004
- Browning, Christopher R. The Path to Genocide: Essays on Launching the Final Solution. Cambridge University Press ; Cambridge, 1992
- Browning, Christopher R. The Origins of the Final Solution – The Evolution of Nazi Jewish Policy, September 1939 – March 1942 – William Heinemann ; London, 2004
- Fleming, Gerald. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984
- Friedländer, Henry. The Origins of Nazi Genocide: From “euthanasia” to the Final Solution – University of North Carolina Press ; Chapel Hill, 1995.
Dernière édition par eddy marz le 8/1/2012, 17:33, édité 2 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
J'aime beaucoup cette photo ,pas parce qu'il y Heydrich,mais parce qu'il y a de la fraternitée entre des hommes ...eddy marz a écrit:
Heydrich félicite un sportif; 1939 (Bundesarchiv)
Amicalement Victor.
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Euh, c'est à dire ?
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Regarde les ,ils ont l'air vraiment content de se sérer la main ...
Tu ne vois presque plus ça de nos jours ,sauf avec Obama ...
Amicalement Victor.
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L axe- Général de Brigade
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
... tu dois pas t'intéresser beaucoup à l'actualité alors. Et puis Obama n'a heureusement pas le monopole du sourire -_-
Eddy, on attend la suite avec impatience ! C'est "dense", comme tu dis, mais comme d'habitude tu rends le tout très clair
Eddy, on attend la suite avec impatience ! C'est "dense", comme tu dis, mais comme d'habitude tu rends le tout très clair
Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Même un dictateur sanglant comme Staline savait afficher de beaux sourires et de la bonhommie ,c'est la comédie humaine.......
Major cowburn- Général de Division
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Et puis c'est une photo posé ça L'axe, ça se voit.
Survivor- Police militaire (Modérateur)
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Je suis pas vraiment expert la dedans ,mais je pensais qu elle etait vraie ,et ce malgré le fait que je ne sois pas un pigeon...
Elle est vraiment bien posée ...
Amicalement Victor.
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L axe- Général de Brigade
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Par posé, je veux dire que Heydrich savait pertinement que le photographe etait présent, et a donc agit en consequence.
Survivor- Police militaire (Modérateur)
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Il existe même une image d'un détenu libéré de Dachau en 33-34, qui serre la main d'un ss au moment de sa libération.
http://www.germaniainternational.com/images/buchy1concamptableware10.jpg
Mais sur la photo, c'est peut être des ss déguisés en détenus libérés, il existe une chance que ce soit un photo de propagande.
http://www.germaniainternational.com/images/buchy1concamptableware10.jpg
Mais sur la photo, c'est peut être des ss déguisés en détenus libérés, il existe une chance que ce soit un photo de propagande.
navigant- Général de Brigade
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Il est effectivement possible que ce soit une photo de propagande; ou même une vraie puisque la période 33-34 était encore un moment où l'on pouvait sortir d'un camp de concentration, du moment que l'on était allemand, aryen, et que l'on s'était seulement "égaré" idéologiquement.
En même temps, je m'étonne que mon article ne suscite que des commentaires sur des mecs souriant sur des photos... Allez comprendre
En même temps, je m'étonne que mon article ne suscite que des commentaires sur des mecs souriant sur des photos... Allez comprendre
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
L axe a écrit:Je suis pas vraiment expert la dedans ,mais je pensais qu elle etait vraie ,et ce malgré le fait que je ne sois pas un pigeon...
Elle est vraiment bien posée ...
Amicalement Victor.
Il s'agit évidemment d'une photo de propagande et les sourires sont plus que probablement de circonstance. Heyndrich n'avait en fait pas d'amis et était craint par presque tout le monde dans l'appareil du parti. Si sa mort posa un réel problème, elle dû aussi soulager pas mal de mode, et pas qu'au sein de l'opposition.
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
eddy marz a écrit:En même temps, je m'étonne que mon article ne suscite que des commentaires sur des mecs souriant sur des photos... Allez comprendre
Une fois de plus le choc des photos l'a emporté sur le poids des mots...
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
J'attends la suite, tu me connais, je pose tout le temps plein de questions tordues... je vais au moins te laisser finir avant de mitrailler Sauf si tu veux voir tout de suite ce que j'ai noté sur mon petit calepineddy marz a écrit:
En même temps, je m'étonne que mon article ne suscite que des commentaires sur des mecs souriant sur des photos... Allez comprendre
Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Hi, Kal;
Je n'en attendais pas moins de toi, mais cela pourrait prendre un peu de temps... donc n'hésites pas...
je vais au moins te laisser finir avant de mitrailler
Je n'en attendais pas moins de toi, mais cela pourrait prendre un peu de temps... donc n'hésites pas...
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Vous avez pensé à créer une section spéciale dédiée à Heydrich dans le forum des "forces en présence" ?
Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Ok, voilà les questions alors ceci dit tu peux les garder pour plus tard, surtout si la réponse ne te vient pas tout de suite. Priorité à la suite de l'article !
-A propos des épouses : Lina et Marga étaient-elles au courant de ce qu'il se passait ? Si oui, sait-on ce qu'elles en pensaient, si elles soutenaient leur époux... est-ce que Lina y fait référence dans ses témoignages d'après guerre ?
-Heydrich faisait-il partie de ceux qui critiquaient ouvertement cet "antisémitisme de bas étage" ? Est-ce que le Parti a, à un moment ou à un autre, pris des mesures contre les cadres SS qui s'en plaignaient ?
-L'Etat allemand a-t-il eu des discussions avec les Anglais quant à la Palestine quand ils ont raidis la politique d'immigration ?
-Lors des opérations en Pologne, l'extermination a-t-elle aussi concerné des volksdeutsche polonais et des polonais pro nazis ?
-Comment Eichmann pouvait-il sérieusement penser que Madagascar serait un projet possible ? O_o C'est loin, l'Allemagne n'a pas la maîtrise des mer et par la terre, on peut pas dire qu'il soit pratique d'y aller...
Voilà pour cette fois, si j'en ai d'autres qui me reviennent... ^^
Psycho : Oh ouiiiii ce serait le bonheur
-A propos des épouses : Lina et Marga étaient-elles au courant de ce qu'il se passait ? Si oui, sait-on ce qu'elles en pensaient, si elles soutenaient leur époux... est-ce que Lina y fait référence dans ses témoignages d'après guerre ?
-Heydrich faisait-il partie de ceux qui critiquaient ouvertement cet "antisémitisme de bas étage" ? Est-ce que le Parti a, à un moment ou à un autre, pris des mesures contre les cadres SS qui s'en plaignaient ?
-L'Etat allemand a-t-il eu des discussions avec les Anglais quant à la Palestine quand ils ont raidis la politique d'immigration ?
-Lors des opérations en Pologne, l'extermination a-t-elle aussi concerné des volksdeutsche polonais et des polonais pro nazis ?
-Comment Eichmann pouvait-il sérieusement penser que Madagascar serait un projet possible ? O_o C'est loin, l'Allemagne n'a pas la maîtrise des mer et par la terre, on peut pas dire qu'il soit pratique d'y aller...
Voilà pour cette fois, si j'en ai d'autres qui me reviennent... ^^
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Kalendeer a écrit:
-Lors des opérations en Pologne, l'extermination a-t-elle aussi concerné des volksdeutsche polonais et des polonais pro nazis ?
??????????????????????????????
Pourquoi éliminer des alliés?
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
... pourquoi Staline a-t-il fait déporter des prisonniers de guerre qui auraient dû être ses "alliés" ?
Si la SS avait estimé que ces "alliés" étaient peu fiables, ou quelque chose du genre, c'est possible. Peu probable mais possible. Je me doute de la réponse à la question mais comme je me disais qu'Eddy devait probablement l'avoir en tête, je préfère être sûre.
Si la SS avait estimé que ces "alliés" étaient peu fiables, ou quelque chose du genre, c'est possible. Peu probable mais possible. Je me doute de la réponse à la question mais comme je me disais qu'Eddy devait probablement l'avoir en tête, je préfère être sûre.
Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Kalendeer a écrit:Ok, voilà les questions alors ceci dit tu peux les garder pour plus tard, surtout si la réponse ne te vient pas tout de suite. Priorité à la suite de l'article !
Voici quelques réponses partielle. Je suis persuadé qu'Eddy me complètera ou me corrigera si je fais des omissions ou des erreurs.
Les épouse: Selon Guido Knopp (Les SS: une avertissement de l'hitoire), Lina Heydrich était parfaitement au courant des activités de l'intéressé et aurait à plusieurs reprises essayé de le persuader d'arrêter. Il aurait toujours refusé en expliquant que "lui seul pouvait s'en occuper". En revanche, je ne pense pas que Marga Himmler ait jamais été au courant de quoi que ce soit. Le couple vivait séparé depuis 1940 et Himmler avait une maîtresse.
Il semble que Heydrich n'appréciait pas du tout Julius Streicher et son journal Der Strümer, expressions de l'antisémitisme de bas étage (et c'est uen litote). En revanche, je suis incapble de dire s'il s'est exprimé publiquement sur la question.
A ma connaissance, il n'y eut pas de discussion entre l'Allemagne et le Royaume-Uni sur le discussion de l'immigration en Palestine.
Pas de réponse sur la question de l'occupation.
L'attitude d'Eichmann est effectivement assez étonnante. Et pourant, il semble bien que pendant longtemps il a travaillé sur ce projet en étant persuadé qu'il était réalisable. Peut-être voulait-il s'y raccrocher parce qu'il n'osait pas trop s'avouer à lui-même ce qu'était l'autre branche de l'alternative?
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Oui, mais pourquoi Madagascar ? Il n'y avait pas d'autres coins un peu plus accessibles, même si plus difficiles à boucler qu'une ile ? Une fois la France vaincue, ils auraient sans doute pu caser ça dans une colonie un peu pourrave, une zone désertique par exemple. Histoire que Vichy ne grogne pas trop.
Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Si j'en juge ceci et ça, les nazis n'ont rien inventé et se sont bornés à reprednre une idée qui avait été lancée à la fin du siècle précédent.
A titre de réflexion personnelle, j'ajouterai que l'Allemagne souhaitait se ménager le monde arabe et qu'il aurait donc été malvenu de déporter les Juifs vers les colonies françaises d'Afrique du Nord (qui, en outr, étaient encore sous contrôle de Vichy). En revanche, une colonie française presque aux antipodes devait paraître acceptable aux yeux de nazis. Je suis cependant loin d'être persuadé qu'en dehors d'Eichmann, beaucoup de dirigeant nazis de haut rang y aient cru.
A titre de réflexion personnelle, j'ajouterai que l'Allemagne souhaitait se ménager le monde arabe et qu'il aurait donc été malvenu de déporter les Juifs vers les colonies françaises d'Afrique du Nord (qui, en outr, étaient encore sous contrôle de Vichy). En revanche, une colonie française presque aux antipodes devait paraître acceptable aux yeux de nazis. Je suis cependant loin d'être persuadé qu'en dehors d'Eichmann, beaucoup de dirigeant nazis de haut rang y aient cru.
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
Hello, Kal et Baugnez;
Tous les Allemands étaient au courant des camps de concentration (sur le territoire allemand) ; ces derniers avaient été créés exprès pour inspirer terreur, soumission, et « correction politique » au sein de la nation. Lors de l’invasion de la Pologne, de nombreuses personnes furent au courant des exactions commises par les 1er Einzatsgruppen (2.700 hommes de la SIPO/SD), surtout à cause des fuites issues de la Wehrmacht. Mais, en l’absence de « documentation », le peuple les percevaient sous la forme qu’on lui présentait, mais pas dans le détail. C’est-à-dire des opérations de Police Politique, regrettables mais nécessaires en temps de guerre. C’est à partir de l’invasion de l’URSS et des nouveaux Einzatzgruppen (5.000 hommes SS/SD), des groupes autonomes (RONA, Dirlewanger) et des unités collabos (nationalistes locaux, mercenaires) que les choses dégénèrent. La dimension des atrocités, leur nature, les témoignages de toutes parts (assassins, témoins civils, victimes rescapées, militaires), les abandons de postes, les dépressions nerveuses, les rapports des diverses organisations de résistance, créèrent une situation difficile à gérer, surtout du point de vue du secret, au fur et à mesure que les opérations se radicalisaient. Mais, en même temps, la population était concernée par des problèmes plus pressants telles que l’opération T4 et la persécution des églises. La guerre (et les atrocités) étaient loin… Marga Himmler était donc sûrement au courant de toutes les choses citées plus haut, comme le reste de la population, ni plus ni moins. Il est évident qu’elle ne savait rien des centres d’extermination. Quant à Lina Heydrich, soyons précis : c’est une nazie ardente, elle est antisémite, traites ses « esclaves » avec dédain et, parfois, brutalité – mais c’est aussi une femme assez cultivée et, par-dessus tout, ambitieuse. Elle reste toutefois une épouse « soumise » selon les codes nazis d’une société exclusivement masculine. Elle était au courant, bien sûr, comme le reste de la population ; elle a également une idée assez précise des tâches qui incombent à son époux, 1er flic du Reich… Je ne suis pas certain que Reinhard Heydrich se soit épanché auprès d’elle à ce sujet… Ou alors seulement pour renforcer l’aspect « nécessaire bien que désagréable » lié à sa charge de Chef du SD. Les livres de Knopp sont corrects d’un point de vue vulgarisateur, mais ses sources, même si elles comptent des « classiques », sont loin d’êtres les meilleures. Lina Heydrich devait certainement, comme n’importe quelle épouse et mère « sensée », se faire du souci pour la sécurité de son mari, de sa famille – qu’elle ait confié ses craintes à Reinhard semble une chose parfaitement naturelle au sein d'un couple… Lina savait qu’il se passait des choses terribles (rien qu’à voir les exactions commises à Prague lors de la nomination d’Heydrich) ; quant aux exterminations par chambres à gaz fixes dans des centres prévus à cet effet, elles ne débutèrent que 2 mois avant l’assassinat d’Heydrich : Aktion Reinhard – probablement nommée ainsi en son honneur - mais dépendaient du KdF, et non du SD.
Heydrich, je pense, évitait de se « mouiller » personnellement, mais encourageait sûrement ses « intellectuels » du SD à le faire, à travers des articles de presse, des conférences, des études… Le prestige de la SS – ordre d’élite – était en jeu. Le NSDAP et la SS s’affrontèrent tout au long de l’existence du Reich. Rien ne pouvait être officiellement entrepris par le Parti contre Himmler ou Heydrich (la SS étant au-dessus toute juridiction civile) ; seul Hitler pouvait décider dans ce cas précis. Donc, lorsque le NSDAP œuvre contre la SS, il le fait par complot, manœuvre politique, ou sabotage. La « Nuit de Cristal » est un exemple flagrant.
Aucune entente préalable à ma connaissance. Je pense que le SD crut pouvoir forcer la main des Anglais avec l’appui des organisations sionistes. L’entrée en guerre mit un terme immédiat au projet.
-
Les collabos, nationalistes, nazis, en territoire conquis n’avaient rien à craindre des Allemands. Quant aux civils, ils ne craignaient rien non plus s'ils ne faisaient pas partie des "cibles" (intelligentsia, clergé) et bien sûr s’ils n’étaient pas Juifs. De nombreux Polonais participèrent à la traque et la dénonciation de Juifs. Quant aux collabos Ukrainiens, Lithuaniens, Russes etc. ils collaborèrent à l’extermination de façon active, travaillant dans les centres d’extermination AR et même à San Sabba, près de Trieste, où ils furent mutés en même temps que leurs cadres allemands lors de l’opération OZAK. Un gène polonais n’était nullement rédhibitoire : Le Standartenführer-SS Joachim Mrugowsky, directeur de l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS, et haute instance des expériences médicales criminelles était – comme son nom l’indique – de souche polonaise…
Notre cher Baugnez nous a éclairé là-dessus (je n’en étais moi-même pas certain). De plus, Eichmann etait uncon médiocre qui se prenait pour un expert. Nombre de SS qui le fréquentèrent le considéraient comme une nullité arrogante.
-A propos des épouses : Lina et Marga étaient-elles au courant de ce qu'il se passait ? Si oui, sait-on ce qu'elles en pensaient, si elles soutenaient leur époux... est-ce que Lina y fait référence dans ses témoignages d'après guerre ?
Tous les Allemands étaient au courant des camps de concentration (sur le territoire allemand) ; ces derniers avaient été créés exprès pour inspirer terreur, soumission, et « correction politique » au sein de la nation. Lors de l’invasion de la Pologne, de nombreuses personnes furent au courant des exactions commises par les 1er Einzatsgruppen (2.700 hommes de la SIPO/SD), surtout à cause des fuites issues de la Wehrmacht. Mais, en l’absence de « documentation », le peuple les percevaient sous la forme qu’on lui présentait, mais pas dans le détail. C’est-à-dire des opérations de Police Politique, regrettables mais nécessaires en temps de guerre. C’est à partir de l’invasion de l’URSS et des nouveaux Einzatzgruppen (5.000 hommes SS/SD), des groupes autonomes (RONA, Dirlewanger) et des unités collabos (nationalistes locaux, mercenaires) que les choses dégénèrent. La dimension des atrocités, leur nature, les témoignages de toutes parts (assassins, témoins civils, victimes rescapées, militaires), les abandons de postes, les dépressions nerveuses, les rapports des diverses organisations de résistance, créèrent une situation difficile à gérer, surtout du point de vue du secret, au fur et à mesure que les opérations se radicalisaient. Mais, en même temps, la population était concernée par des problèmes plus pressants telles que l’opération T4 et la persécution des églises. La guerre (et les atrocités) étaient loin… Marga Himmler était donc sûrement au courant de toutes les choses citées plus haut, comme le reste de la population, ni plus ni moins. Il est évident qu’elle ne savait rien des centres d’extermination. Quant à Lina Heydrich, soyons précis : c’est une nazie ardente, elle est antisémite, traites ses « esclaves » avec dédain et, parfois, brutalité – mais c’est aussi une femme assez cultivée et, par-dessus tout, ambitieuse. Elle reste toutefois une épouse « soumise » selon les codes nazis d’une société exclusivement masculine. Elle était au courant, bien sûr, comme le reste de la population ; elle a également une idée assez précise des tâches qui incombent à son époux, 1er flic du Reich… Je ne suis pas certain que Reinhard Heydrich se soit épanché auprès d’elle à ce sujet… Ou alors seulement pour renforcer l’aspect « nécessaire bien que désagréable » lié à sa charge de Chef du SD. Les livres de Knopp sont corrects d’un point de vue vulgarisateur, mais ses sources, même si elles comptent des « classiques », sont loin d’êtres les meilleures. Lina Heydrich devait certainement, comme n’importe quelle épouse et mère « sensée », se faire du souci pour la sécurité de son mari, de sa famille – qu’elle ait confié ses craintes à Reinhard semble une chose parfaitement naturelle au sein d'un couple… Lina savait qu’il se passait des choses terribles (rien qu’à voir les exactions commises à Prague lors de la nomination d’Heydrich) ; quant aux exterminations par chambres à gaz fixes dans des centres prévus à cet effet, elles ne débutèrent que 2 mois avant l’assassinat d’Heydrich : Aktion Reinhard – probablement nommée ainsi en son honneur - mais dépendaient du KdF, et non du SD.
-Heydrich faisait-il partie de ceux qui critiquaient ouvertement cet "antisémitisme de bas étage" ? Est-ce que le Parti a, à un moment ou à un autre, pris des mesures contre les cadres SS qui s'en plaignaient ?
Heydrich, je pense, évitait de se « mouiller » personnellement, mais encourageait sûrement ses « intellectuels » du SD à le faire, à travers des articles de presse, des conférences, des études… Le prestige de la SS – ordre d’élite – était en jeu. Le NSDAP et la SS s’affrontèrent tout au long de l’existence du Reich. Rien ne pouvait être officiellement entrepris par le Parti contre Himmler ou Heydrich (la SS étant au-dessus toute juridiction civile) ; seul Hitler pouvait décider dans ce cas précis. Donc, lorsque le NSDAP œuvre contre la SS, il le fait par complot, manœuvre politique, ou sabotage. La « Nuit de Cristal » est un exemple flagrant.
-L'Etat allemand a-t-il eu des discussions avec les Anglais quant à la Palestine quand ils ont raidis la politique d'immigration ?
Aucune entente préalable à ma connaissance. Je pense que le SD crut pouvoir forcer la main des Anglais avec l’appui des organisations sionistes. L’entrée en guerre mit un terme immédiat au projet.
-
Lors des opérations en Pologne, l'extermination a-t-elle aussi concerné des volksdeutsche polonais et des polonais pro nazis ?
Les collabos, nationalistes, nazis, en territoire conquis n’avaient rien à craindre des Allemands. Quant aux civils, ils ne craignaient rien non plus s'ils ne faisaient pas partie des "cibles" (intelligentsia, clergé) et bien sûr s’ils n’étaient pas Juifs. De nombreux Polonais participèrent à la traque et la dénonciation de Juifs. Quant aux collabos Ukrainiens, Lithuaniens, Russes etc. ils collaborèrent à l’extermination de façon active, travaillant dans les centres d’extermination AR et même à San Sabba, près de Trieste, où ils furent mutés en même temps que leurs cadres allemands lors de l’opération OZAK. Un gène polonais n’était nullement rédhibitoire : Le Standartenführer-SS Joachim Mrugowsky, directeur de l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS, et haute instance des expériences médicales criminelles était – comme son nom l’indique – de souche polonaise…
-Comment Eichmann pouvait-il sérieusement penser que Madagascar serait un projet possible ? C'est loin, l'Allemagne n'a pas la maîtrise des mer et par la terre, on peut pas dire qu'il soit pratique d'y aller...
Notre cher Baugnez nous a éclairé là-dessus (je n’en étais moi-même pas certain). De plus, Eichmann etait un
Dernière édition par eddy marz le 31/5/2013, 17:49, édité 2 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Heydrich et la "Solution Finale" - Part I
La propagande antisémite la plus répugnante du nsdap, étaient répandue dans la ss, le journal de Streicher était distribué au gardiens des camps de concentration.
Des officiers ss étaient aussi des gauleiter par exemple.
Mais Heydrich avait peu de pouvoir dans les camps, c'était T Eicke qui dirigeait, il était loin d'être contre la pire propagande antisémite.
Des officiers ss étaient aussi des gauleiter par exemple.
Mais Heydrich avait peu de pouvoir dans les camps, c'était T Eicke qui dirigeait, il était loin d'être contre la pire propagande antisémite.
navigant- Général de Brigade
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