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PREMIERE BATAILLE DE LA RÉSISTANCE

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stan_hudson
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Message  stan_hudson 15/12/2006, 15:47

Glières Haute-Savoie
31 janvier - 26 mars 1944
PREMIERE BATAILLE DE LA RÉSISTANCE


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Les photos sont de moi et ont été principalement prises en été. Il faut donc imaginer comment c’est en hiver, c’est à dire avec de la neige. Il y a quelques années, j’ai tenté l’expérience, sans ski en janvier, comme les maquisards, de monter au Plateau à partir de la Roche sur Foron, l’un des points de départ (où je logeais), et ce ne fut pas une mince affaire.

Les chalets ont été, naturellement, reconstruits après la guerre. Petite précision, pour y aller au Plateau on peut prendre une route qui n’existait pas à l’époque.
Il est facile d'y monter à pied mais dès la fonte des neiges; c'est d'ailleurs le scénario qui fut employé en 1944.


Au cœur du massif des Bornes situé dans le sud-est de la France en Haute-Savoie, compris entre les communes de Thorens-Glières et du Grand-Bornand entre 1400 et 2000 mètres d'altitude, s'étend le plateau des Glières qui a été le théâtre de février à mars 1944, au cours de la Seconde Guerre mondiale, d'un violent combat opposant quelques centaines de maquisards à la Milice française et l'armée allemande.

Créé par l'A.S. le 31 janvier 1944, commandé par l'ancien officier d'active Tom Morel, c'est le premier grand maquis à avoir livré bataille aux Allemands en mars 1944.

Le plateau des Glières ayant été homologué comme zone de parachutage d'armes par une mission franco-britannique composée d'un officier anglais et d'un officier français (le capitaine Rosenthal dit Cantinier), ce dernier, représentant de la France libre, convainc, début février 1944 (Alban Vistel), les chefs départementaux de l'AS (capitaines Clair et Anjot) d'y établir une base d'opérations en vue de harceler les Allemands lors du débarquement attendu des Alliés et de montrer à ceux-ci que la Résistance française, sous la direction du général de Gaulle, est capable d'actions de grande envergure.

Pourchassés par les forces de l'ordre du gouvernement de Vichy qui a mis la Haute-Savoie en état de siège fin janvier 1944, de nombreux combattants de l'AS se rassemblent sur le plateau des Glières sous le commandement d'anciens cadres du 27e bataillon de chasseurs alpins d'Annecy. Ils sont bientôt rejoints par deux sections de FTP (Francs-tireurs et partisans, d'obédience communiste), qui veulent aussi des armes, et par une cinquantaine de républicains espagnols réfugiés. Assiégés, à partir de la mi-février 1944, par des centaines de gardes mobiles, de policiers et de miliciens français, les 450 maquisards des Glières réceptionnent trois parachutages d'armes légères d'infanterie, dont le plus important le 10 mars 1944.

Malheureusement, la nuit précédente, le prestigieux chef des Glières, le lieutenant Tom Morel, remarquable entraîneur d'hommes, est tué au cours d'une attaque du maquis contre un village tenu par un G.M.R. (Groupe mobile de réserve de la police de Vichy). Deux jours plus tard, l'aviation allemande commence à bombarder les chalets et la Milice française lance quelques assauts, mais sans succès.

La Wehrmacht déclenche alors l'opération Korporal : principalement, trois bataillons de chasseurs de montagne et deux batteries d'artillerie de la 157e division de réserve prennent position au pied du plateau le 24 mars 1944.

Pour le capitaine Anjot, qui a remplacé Tom Morel, la raison commanderait de se replier pendant qu'il est encore temps. Cependant, à l’initiative de Cantinier qui, au nom de la France libre, veut un combat exemplaire, un duel sur les ondes oppose Radio Londres à Radio Paris au sujet du maquis des Glières. Celui-ci acquiert une renommée internationale et devient un élément important de la guerre psychologique menée pour conquérir l'opinion. C'est pourquoi Anjot décide de se battre afin de sauvegarder l'honneur, mais en tentant d'épargner le plus possible la vie de ses hommes.

Le 26 mars 1944, tandis que l'aviation incendie les derniers chalets du plateau et que la Milice française échoue de nouveau dans ses tentatives, le commandement allemand envoie deux sections à l'attaque afin de tâter le dispositif de défense adverse : la première est aisément repoussée depuis les rochers, mais la seconde, dans un secteur moins facile à surveiller, parvient à tourner un avant-poste et à obliger les maquisards à se replier à la faveur de la nuit. Deux maquisards sont tués et plusieurs sont blessés, dont un grièvement.

Apprenant que les Allemands ont ouvert une brèche, le capitaine Anjot, qui estime l'honneur sauf, ordonne l'exfiltration du bataillon des Glières. Le lendemain, les Allemands, qui ont capturé quelques hommes, s'en aperçoivent et donnent l'assaut général initialement prévu pour le 28 mars, mais n'obtiennent pas le résultat escompté, le plateau ayant été promptement évacué.

Néanmoins, traqués et souvent dénoncés par les collaborateurs français, les maquisards subissent de lourdes pertes : les deux tiers sont faits prisonniers ; environ 130 mourront (tués au combat, sous la torture, fusillés ou déportés comme francs-tireurs et terroristes). Pratiquement toutes les armes et les munitions parachutées sont détruites ou tombées aux mains de l'ennemi... De leur côté, les Allemands n'ont que quelques blessés et un tué accidentellement (Amouroux).

Pourtant, l'événement connaît un grand retentissement dans le cadre de la guerre des ondes. Défaite des armes, mais victoire des âmes (Romans-Petit), l'épopée des Glières prend vite naissance et persuade les Alliés que la Résistance française est capable de combattre à visage découvert. Ainsi reçoit-elle une aide accrue : en particulier, le grand parachutage anglo-américain du 1er août 1944 sur le plateau des Glières permet aux résistants d'empêcher la plus grande partie des Allemands (policiers, douaniers et soldats, la plupart hospitalisés), contraints au repli par l'avance alliée, de quitter le département.

Selon l'historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac (Revue d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, 99, 1975), une défaite des armes peut être une victoire d'opinion. [...] les combattants de Haute-Savoie ont défini et comme projeté vers l'extérieur l'image qu'ils souhaitaient donner d'eux-mêmes ; ils ont pu, à l'écoute de la BBC, suivre l'édification de leur propre légende. Cette légende, qui sait s'ils l'auraient vécue de la même façon et jusqu'au bout, comme ils l'ont fait, s'ils n'avaient su - ou cru - que la France entière les regardait ?


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Le plateau des Glières est le théâtre de la résistance acharnée des maquisards opposés aux troupes de la Milice française et de la police politique allemande (Gestapo). Malgré une lutte farouche et héroïque et l'appui de parachutages alliés, ce groupe de résistants, qui se sont retranchés sur les hauteurs du plateau en février 1944, est complètement anéanti par près de 20 000 soldats et nazis, soutenus par des miliciens français et par l'aviation allemande, à l'issue de combats particulièrement sanglants qui se déroulent entre le 17 et le 26 mars 1944. 250 maquisards sont tués.

Les blessés et les prisonniers sont quant à eux fusillés ou déportés.
Un musée de la Résistance en Haute-Savoie est aujourd'hui aménagé à proximité du cimetière des Glières où sont inhumés 105 résistants. Un monument national de la Résistance, œuvre du sculpteur Emile GILIOLI, a également été érigé, en 1973, à la mémoire des victimes.


31 janvier 1944 : arrivée sur le plateau de trois camps A.S. (environ cent vingt hommes) sous la protection du corps franc de Thônes.

5 février : déclenchement des opérations par une rafle de la Milice à Thônes ; accrochage avec le corps franc (seuls Roger Cerri et Chocolat en réchappent).

7 février : à l'Essert, les gardes mobiles tirent sans sommation sur une sizaine de ravitaillement et font prisonniers trois maquisards.

12 février : de nouveau à l'Essert, un important détachement de gardes mobiles en reconnaissance tombe dans une embuscade : deux tués, six blessés (dont deux mortellement), trois prisonniers ; aucune perte du côté des maquisards.

13 février : encerclement complet du plateau par les forces de l'ordre.

14 février : premier parachutage : cinquante-quatre conteneurs.

2 mars : expédition punitive contre les GMR cantonnés à Saint-Jean-de-Sixt.

5 mars : deuxième parachutage : trente conteneurs.

7 mars : la Garde mobile est relevée par les G.M.R..

8 mars : accrochages avec la Milice en reconnaissance au col du Freu et aux Collets : un milicien est mortellement blessé.

9 au 10 mars : coup de main contre les GMR stationnés à Entremont : deux policiers sont tués (dont le commandant Lefèvre), trois blessés et soixante prisonniers ; deux maquisards sont tués sur le coup (dont le lieutenant Tom Morel), trois blessés (dont un mortellement).

10 mars : par représailles, les GMR attaquent en direction de Notre-Dame-des-Neiges et... tombent dans une embuscade : dix prisonniers. Dans la nuit, troisième parachutage : environ deux cent cinquante conteneurs !

12 mars : trois Heinkel 111 lancent une centaine de bombes de cinquante kilos qui détruisent quelques chalets.

17 mars : les Heinkel reviennent pour bombarder le col des Auges, la position la plus élevée.

18 mars : la Milice relève les GMR en première ligne.

20 mars : attaque des miliciens à la Rosière et au col de Landron ; quatre maquisards en patrouille sont abattus.

22 mars : accrochage avec les miliciens au col du Freu.

23 mars : quatre Focke Wulf 190 mitraillent la plaine de Dran : quatre maquisards sont blessés (dont un mortellement et un gravement) ; plusieurs chalets sont incendiés.

24 mars : la Wehrmacht prend position au pied du plateau. Au col de la Buffaz, les miliciens tendent une embuscade à une sizaine de maquisards : un maquisard est tué, un autre grièvement blessé, mais un milicien est sérieusement touché et un autre fait prisonnier.

25 mars : bombardement aérien sur le plateau et pilonnage d'artillerie sur Monthiévret.

26 mars : le matin, les avions incendient les derniers chalets et font sauter le dépôt de munitions.

Attaque repoussée des miliciens au col de l'Enclave : deux morts, deux blessés, quatre disparus ; aucune perte du côté des maquisards.
Attaque repoussée des Allemands au Lavouillon : deux ou trois blessés de leur côté ? ; aucune perte pour les maquisards.
Le soir, attaque et percée des Allemands à Monthiévret : deux ou trois blessés ? ; du côté des maquisards, deux tués et quelques blessés (dont un gravement).

La NUIT, ordre de décrochage...
27 mars : embuscade à Nâves : six maquisards tués (dont le capitaine Anjot) ; embuscade à Morette : une douzaine de maquisards sont abattus ; embuscade à Thorens : deux maquisards tués.

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http://beaucoudray.free.fr/glieres.htm

http://alain.cerri.free.fr/index4.html#Un%20combat%20pour%20l'honneur

http://partisans.ifrance.com/partisans/lutte.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Maquis_des_Gli%C3%A8res

L'hôtel où Tom Morel perdit la vie

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Le mat avec le drapeau est l’endroit où fut enterré provisoirement Tom Morel ainsi que l’un de ses compagnons d’armes.



Voici des sites sur le musée et le cimetière des Glières qui se trouvent à Morette près de Thônes. C'est aussi là que sont enterrés les maquisards du plateau des Glières ainsi que leurs chefs dont Tom Morel.
http://alain.cerri.free.fr/index4.html

http://www.mairie-thones.fr/index.php?contenu=fr%2Farticle.php%3Fdossier%3D31%26_id%3D47

http://ia74.edres74.net/article.php3?id_article=126

http://www.cocluses.edres74.ac-grenoble.fr/infos/college/Eta/Nom/inauguration/morette/index.htm
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Message  stan_hudson 15/12/2006, 15:49

2 septembre 1973, discours prononcé au Plateau des Glières pour l'inauguration du monument commémoratif de Gilioli en souvenir du maquis des Glières, Haute Savoie

Discours d'André Malraux

Prononcé le 2 septembre 1973 à l'occasion de l'inauguration du Monument de la Résistance érigé par le sculpteur Gilioli sur le Plateau des Glières.

Je parle au nom des Associations des Résistants de Haute-Savoie et de l'Ordre de la Libération. En mémoire du général de Gaulle, pour les survivants et pour les enfants des morts.
Lorsque Tom Morel eut été tué, le maquis des Glières exterminé ou dispersé, il se fit un grand silence. Les premiers maquisards français étaient tombés pour avoir combattu face à face les divisions allemandes avec leurs mains presque nues, non plus dans nos combats de la nuit, mais dans la clarté terrible de la neige. Et à travers ce silence, tous ceux qui nous aimaient encore, depuis le Canada jusqu'à l'Amérique latine, depuis la Grèce et l'Iran jusqu'aux îles du Pacifique, reconnurent que la France bâillonnée avait au moins retrouvé l'une de ses voix, puisqu'elle avait retrouvé la voix de la mort.
L'histoire des Glières est une grande et simple histoire, et je la raconterai simplement. Pourtant, il faut que ceux qui n'étaient pas nés alors - et depuis, combien de millions d'enfants ! - sachent qu'elle n'est pas d'abord une histoire de combats. Le premier écho des Glières ne fut pas celui des explosions. Si tant des nôtres l'entendirent sur les ondes brouillées, c'est qu'ils y retrouvèrent l'un des plus vieux langages des hommes, celui de la volonté, du sacrifice du sang.

Peu importe ce que fut dans la Grèce antique, militairement, le combat des Thermopyles. Mais dans ses trois cents sacrifiés, la Grèce avait retrouvé son âme, et, pendant des siècles, la phrase la plus célèbre fut l'inscription des montagnes retournées à la solitude, et qui ressemblent à celles-ci « Passant, va dire à la cité de Sparte que ceux qui sont tombés ici sont morts selon la loi ».
Passant, va dire à la France que ceux qui sont tombés ici sont morts selon son cœur. Comme tous nos volontaires depuis Bir-Hakeim jusqu'à Colmar, comme tous les combattants de la France en armes et de la France en bâillons, nos camarades vous parlent par leur première défaite comme par leur dernière victoire, parce qu'ils ont été vos témoins.
On ne sait plus guère, aujourd'hui, que tout commença par un mystère de légende. Le plateau des Glières était peu connu; presque inaccessible, et c'est pourquoi les maquis l'avaient choisi.
Mais alors que nous combattions par la guérilla, ce maquis, à tort ou à raison - peut importe: la France ne choisit pas entre ses morts ! - avait affronté directement la Milice, allait affronter directement l'armée hitlérienne. Presque chaque jour, les radios de Londres diffusaient : " Trois pays résistent en Europe : la Grèce, la Yougoslavie, la Haute-Savoie. "La Haute-Savoie, c'était les Glières.
Pour les multitudes éparses qui entendaient les voix du monde libre, ce plateau misérable existait à l'égal des Balkans. Pour des fermiers canadiens au fond des neiges, la France retrouvait quelques minutes d'existence parce qu'un Savoyard de plus avait atteint les Glières.
La Milice de Darnand, les troupes italiennes, la police de l'Ovra, n'avaient pas suffi pour venir à bout de ces combattants toujours regroupés. Hitler y mit la Gestapo, et contre nous, la Gestapo pesait lourd. La Gestapo ne suffit pas.
En janvier 44, les maquis de l'Ain sont harcelés par trois divisions. Ceux de Haute-Savoie reçoivent l'ordre de se regrouper ici, au commandement du lieutenant Tom Morel, décoré en 40 pour l'un des plus éclatants faits d'armes des unités alpines. La montée commence. Les accrochages aussi. Le 13 février, les messages codés de la BBC annoncent le premier parachutage.
Voici la nuit. Le champ - pauvre champ - est éclairé par cinq torches électriques et des lampes de poche. On n'entend pas les avions. On n'entend rien. Jusqu'à ce que les sirènes antiaériennes d'Annecy emplissent lentement la nuit. Bon augure : les avions approchent. Mauvais augure : ils sont repérés. On allume les quatre énormes bûchers de sapin préparés. Le bruit des moteurs. Le premier avion, invisible, fait clignoter son signal. Le bruit s'éloigne. La neige, le flux et le reflux des sirènes dans la nuit préhistorique. Pas encore d'ennemis, plus d'amis. Mais sur le ciel noir, apparaissent un à un, éclairés en roux par les feux du sol, cinquante-quatre parachutes.
Pas d'armes lourdes.

Tant pis. Les accrochages reprennent. Le 9 mars, cent hommes des Glières vont attaquer Entremont pour délivrer des prisonniers. Après deux heures et demie de descente, ils atteignent le village qu'alertent les chiens. Village conquis, prisonniers délivrés, 47 gardes, prisonniers à leur tour, montent ici, tirant un monceau d'armement. Tirant aussi le corps de Tom Morel, tué par le commandant des gardes capturé, à qui il avait laissé son revolver.
Le maquis enterre son chef. Et entend, bouleversé, le glas de toutes les églises monter de la vallée comme montait l'appel des sirènes pendant le parachutage. Ici, le drapeau claque dans les rafales de neige, sur ce que Tom Morel appelait «le premier coin de France qui ait recouvré la liberté ».
Le mot " Non ", fermement opposé à la force, possède une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles. Toutes les plus hautes figures spirituelles de l'humanité ont dit Non à César. Prométhée règne sur la tragédie et sur notre mémoire pour avoir dit Non aux Dieux. La Résistance n'échappait à l'éparpillement qu'en gravitant autour du Non du 18 juin. Les ombres inconnues qui se bousculaient aux Glières dans une nuit de Jugement dernier n'étaient rien de plus que les hommes du Non, mais ce Non du maquisard obscur collé à la terre pour sa première nuit de mort suffit à faire de ce pauvre gars, le compagnon de Jeanne et d'Antigone... L'esclave dit toujours oui.
Les gardes de Vichy attaquent au Sud, du côté de Notre-Dame, pour délivrer les leurs, et sont repoussés. Le combat s'achève à peine lorsque la BBC transmet le message : " Le petit homme casse des tessons de bouteille. " Avant minuit, trente quadrimoteurs larguent 90 tonnes de matériel.
Quand un avion allemand vient en reconnaissance, la vaste neige est encore constellée de parachutes multicolores : le ramassage n'est pas terminé. Le lendemain, trois Heinkel bombardent et mitraillent à loisir le plateau redevenu innocent. Sans grands résultats. Sauf celui-ci : les Allemands savent désormais que le maquis ne possède pas d'armes antiaériennes. Donc cinq jours plus tard, Stukas et Junkers. Chalets transformés en torches. Le capitaine Anjot remplace Tom Morel au commandement des Glières. Nouvelle attaque des gardes, de nouveau repoussée. Le 23, bombardement massif. Les Allemands prennent le commandement. Une division alpine de la Wehrmacht arrive à Annecy.
Assistée de deux escadrilles de chasseurs et de bombardiers. Police allemande, Milice vichyste. L'artillerie divisionnaire, les automitrailleuses.
En face, le maquis dont nous attendons, heure après heure, que la radio de Londres nous parle. Entre tant de Français à l'écoute, pas un ne sait que ce maquis est un fantôme. Moins de cinq cents combattants.
L'armement qui attend leurs compagnons ne comprend que des armes légères. Contre l'artillerie divisionnaire allemande et les automitrailleuses, par un canon, pas un bazooka. Plus de ravitaillement.
Autour, vingt mille hommes.
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Message  stan_hudson 15/12/2006, 15:50

Discours d'André Malraux (suite)

Le premier grand combat du Peuple de la Nuit s'engage. Écoutons les dépêches allemandes :
" Le 24 - Terroristes font sauter train renforts allemands devant Annecy - Attaque Milice au-dessus d'Entremont. Sentinelles espagnoles tuées - Rejointes par groupes terroristes - Milice engagée deux heures stop - Troupes Milice regroupées à l'arrière. "

" Le 25 - Préparation artillerie et bombardement aviation. "
" Le 26 - Attaque Milice ouest et nord-ouest. Troupes regroupées - Attaque allemande nord stoppée, envoyez aviation - Nos mortiers mis en place - Attaque Milice et garde de réserve deux points ouest depuis cinq heures - Attaque générale 11 heures. "
Ils attaquent, en effet, de tous côtés.

L'avant-poste de la passe d'Entremont - dix-huit hommes - est attaqué par deux bataillons. Deux sections de renfort atteignent la passe. Le premier fusil-mitrailleur s'enraye. Le second est détruit, son servant tué. L'un des deux chefs de section, Baratier, a l'impression d'être seul à tirer: il ignore qu'il survit seul. Il se replie en continuant à combattre, est pris à revers et tué. Il défendait la passe depuis une heure et demie.
Les maquisards, qui se rabattent vers le centre, reçoivent plus vite les munitions, et tiennent. Pourquoi l'ennemi s'enfouit-il dans la neige ? Dix minutes plus tard, commencent les piqués ininterrompus des Stukas, serrés comme des fers de herse. La nuit va descendre. Le capitaine Anjot combat devant les tombes de Morel et de Descours. L'aviation s'en va, remplacée par le pilonnage méticuleux de l'artillerie. Il fait nuit.
Le 27 au matin, les troupes allemandes de l'est touchent le poste de commandement du maquis, commencent le feu. En face, des cris allemands, poussés par leurs camarades de l'ouest.
Les maquisards ont disparu.

Ils connaissaient bien ce terrain, que les Allemands ne connaissaient pas du tout. Anjot a convoqué les chefs de section, et ils ont décidé de décrocher.
Pendant que toute la Résistance, à l'écoute, attend le pire (chacun sait maintenant que les Glières n'ont ni canons ni avions), des chaînes de fantômes qui se tiennent par la main dans la nuit pour pouvoir relever leurs blessés lorsqu'ils tombent, traversent l'anneau discontinu des troupes d'assaut. Encore leur faut-il arriver jusqu'aux agglomérations de la vallée, où leurs camarades que l'on appelle les sédentaires leur donneront asile.
Le jour se lève.

Alors, commence la grande trahison de la neige.

Ces insaisissables fantômes dont les Allemands ne rencontraient que les balles et ne trouvaient que les cadavres, sont partis avec la nuit." La petite aube dissipe les spectres ", dit le proverbe espagnol qu'un des miliciens de l'Ebre cite au capitaine Anjot. Ces ombres, hélas ! sont devenues des traces. Les Allemands cherchent le gros du maquis réfugié dans quelque abri de montagne, car ils croient combattre quelques milliers d'adversaires. Mais nombreuses ou non, les traces mènent aux hommes, et les sections ennemies occupent les pentes. Le lendemain, le capitaine Anjot et les six Espagnols qui combattent avec lui sont tués. De ce qui fut l'épopée des ombres, il ne restera le jour venu que 121 cadavres tués entre les villages, exécutés sur les places ou torturés à mort. " Inutile de reprendre l'interrogatoire des blessés, télégraphie la Gestapo: ces débris sont vides. "

C'est l'heure des représailles. Les paysans suspects de contacts avec le maquis sont exécutés ou déportés, et l'on reconnaît les hameaux, la nuit, aux torches des chalets qui flambent.
Pourtant, si les torturés sont vides, la Résistance ne l'est pas encore. Le premier chef est mort, le second chef est mort; les rescapés organisent d'autres maquis, rejoints par des jeunes de plus en plus nombreux. Le gros des unités allemandes est appelé en Normandie. Le 1er mai, les maquis les plus .proches reviennent manœuvrer sur ce plateau où ils retrouvent les cylindres couverts de rouille des parachutages, entre les chalets incendiés. Le 14 juillet, ils défilent à travers Thônes. Le ler août, les camions ont rassemblé 1 500 hommes de l'armée secrète et 400 FTP. A onze heures, les forteresses volantes lâchent le dernier parachutage, qui apporte enfin les armes lourdes.
Fini, le temps des maquis de misère ! Un char qui se dresse est certes une terrible bête ; mais pour lui, un bazooka invisible est un monstre caché. C'est le bazooka, non la mitraillette, qui a fait des vrais maquis une force supplétive considérable. Un char est plus fort qu'une compagnie de mitraillettes, il n'est pas plus fort qu'une torpille.
Le 13, pendant trois jours, les automitrailleuses ennemies combattent les maquis, et sautent. Le 19, lorsque la radio annonce que l'insurrection générale commence à Paris, cinq mois jour pour jour après l'attaque des Glières, le général Oberg, qui la commandait, apporte au capitaine Nizier, chef militaire de la Résistance, la capitulation de ses troupes.
Alors, dans tous les bagnes depuis la Forêt-Noire jusqu'à la Baltique, vos déportés qui survivaient encore se levèrent sur leurs jambes flageolantes. Et le peuple de ceux dont la technique concentrationnaire avait tenté de faire des esclaves parce qu'ils avaient été parfois des héros, le peuple dérisoire des tondus et des rayés, notre peuple ! pas encore délivré, encore en face de la mort, ressentit que même s'il ne devait jamais revoir la France, il mourrait. avec une âme de vainqueur.
Et maintenant, le grand oiseau blanc de Gilioli a planté ses serres ici. Avec son aile d'espoir, son aile amputée de combat, et entre elles, son soleil levant. Avec son lieu de recueillement, sa statue dont les bras dressés sont pourtant des bras offerts. Avec ses voix entrecroisées, qui feront penser à l'interrogation des tombeaux égyptiens : Que disent les voix de l'autre monde, avec leur bruit d'abeilles... Elles disent:
«Nous sommes les torturés agonisants, dont la Gestapo disait qu'il était inutile de les lui envoyer puisqu'ils étaient vides.
Les Espagnols tombés ici en se souvenant des champs de l'Ebre et du jour où la Révolution vida les monts-de-piété de tout ce. que les pauvres y avaient engagé.
Les Français qui avaient rejoint après avoir combattu, eux, dans la ligne Maginot jusqu'au dernier jour.
Les gens des villages sans lesquels le maquis n'aurait pu ni se former ni se reformer; ceux qui ont sonné le glas pour lui ; ceux que les hitlériens ont déportés, ceux qu'ils ont fait courir pour rigoler, pendant la répression, devant leurs mitrailleuses qui les descendirent tous.
Peu importent nos noms, que nul ne saura jamais. Ici, nous nous appelions la France. Et quand nous étions Espagnols, nous nous appelions l'Ebre, du nom de cette dernière bataille.
Je suis la mercière fusillée pour avoir donné asile à l'un des nôtres.
La fermière dont le fils n'est pas revenu.

Nous sommes les femmes, qui ont toujours porté la vie, même lorsqu'elle risquaient la leur.
Nous sommes les vieilles qui vous indiquaient la bonne route aux croisées des chemins, et la mauvaise, à l'ennemi. Comme nous le faisons depuis des siècles.
Nous sommes celles qui vous apportaient un peu à manger; nous n'en avions pas beaucoup.
Comme depuis des siècles.

Nous ne pouvions pas faire grand-chose ; mais nous en avons fait assez pour être les Vieilles des camps d'extermination, celles dont on rasait les cheveux blancs.
Jeanne d'Arc ou pas, Vierge Marie ou pas, moi, la statue dans l'ombre au fond du monument, je suis la plus vieille des femmes qui ne sont pas revenues de Ravensbrück.
Morel, Anjot et tous mes morts du cimetière d'en bas, c'est à moi que viendront ceux qui ne connaîtront pas votre cimetière. Ils sauront mal ce qu'ils veulent dire lorsqu'ils chuchotent seulement qu'ils vous aiment bien.
Moi, je le sais, parce que la mort connaît le murmure des siècles. Il y a longtemps qu'elle voit ensevelir les tués et les vieilles. Il y a longtemps, Anjot, qu'elle entend les oiseaux sur l'agonie des combattants de la forêt; ils chantaient sur les corps des soldats de l'an II. Il y a longtemps qu'elle voit les longues files noires comme celle qui a suivi ton corps, Morel, dans la grande indifférence de l'hiver. Depuis la fonte des glaces, vous autres dont les noms sont perdus, elle voit s'effacer les traces des pas dans la neige, celles qui ont fait tuer. Elle sait ce que disent aux morts ceux qui ne leur parlent qu'avec les prières de leur mère, et ceux qui ne disent rien. Elle sait qu'ils entendront le glas que toutes les églises des vallées ont sonné un jour pour vous, et qui sonne maintenant dans l'éternité.
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Message  greytwo 15/12/2006, 20:39

Bonsoir,
je n'est pas tout lu mais le post est très interressant pouce merci.
Ce genre d'histoires toutes aussi tristes que les autres se sont répétées trop souvent.
Comme ton sujet est nommé ce fût bien la première bataille des résistants suivit par celle du Mont Mouchet puis par celle du Vercors, malheuresement cette fois là le dicton "jamais deux sans trois" c'est produit.

J'avais lu que cette histoire atroce qui était parvenus jusqu'au Vercors, avait bien refroidit les maquisards qui s'y trouvaient en hiver; et déja que la vie en hiver dans les camps de maquisards n'était pas simple (toilette à l'eau gelée, neige, froid, interdiction de descendre au village sauf pour les missions de ravitaillement...) cela provoquait le renonçement des moins motivés. L'histoire des Glières c'est déroulée quasiment comme celle du Vercors, triste Crying or Very sad

Bon plus qu'un post sur le Mont-Mouchet et ça sera bon !

En tout cas merci !! pouce
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PREMIERE BATAILLE DE LA RÉSISTANCE Empty Re: PREMIERE BATAILLE DE LA RÉSISTANCE

Message  Invité 20/12/2006, 12:41

Bonjour,
Mince, j'avais rate ce poste, stan.
Excellent, merci.

J'ai envie de le mettre en ligne sur Histoquiz, je peux ?
Si oui, fait moi un MP pour me donner un nom de plume.

Note pour greytwo :
Avec la meme idee en tete, je piste ton fil sur le Vercors.
beret

Note pour tout le monde :
Les prochaines mises en lignes sur Histoquiz d'information provenant de ce forum feront l'objet d'une mention du forum en question dans les sources. Un peu de pub, quoi.
mort de rir gri

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PREMIERE BATAILLE DE LA RÉSISTANCE Empty Re: PREMIERE BATAILLE DE LA RÉSISTANCE

Message  greytwo 20/12/2006, 12:45

Ah ça pour ces 2 sujets ça serait une très bonne idée ! beret pouce
Par contre mon sujet sur le Vercors est un résumé je pourrais rajouter des choses mais ça serait plus judicieux d'en réecrire un.
En gros quand j'aurais le temps j'en écrirais un autre plus complet.
D'ailleur si vous vous interressez à cette histoire je vous conseille le numéro traitant sur ce sujet. magazine "les dossiers de la seconde guerre mondiale"

Voilà,
à bientôt
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PREMIERE BATAILLE DE LA RÉSISTANCE Empty Les héros tombés au plateau des Glières en Haute-Savoie.

Message  roger15 5/5/2008, 12:19

Les héros tombés au plateau des Glières en Haute-Savoie le dimanche 26 mars 1944.

Bonjour à toutes, et bonjour à tous, : Smile

En hommage aux héros civils et militaires tombés au plateau des Glières en Haute-Savoie tombés en luttant contre la barbarie nazie, je voudrais vous expliquer un peu ce qui s'est passé là-haut, un matin où pour la plupart d'entre nous, nous n'y étions pas, il y a un peu plus de 64 ans, le dimanche 26 mars 1944...

Mais, commençons l'histoire un peu avant la date de l'assaut allemand contre le refuge des Maquisards alto-savoyards.

* Le samedi 8 janvier 1944 à 20h00 : enlèvement par des Maquisards de neuf policiers (chargés de lutter contre les Maquisards) à Bonneville en train de dîner à l’hôtel-restaurant du Sapeur. Ils sont emmenés au camp du Petit-Bornand, au châlet des Lignères.

* Le jeudi 13 janvier 1944 : enlèvement par des Maquisards de dix policiers (également chargés de traquer les Maquisards) à La Roche-sur-Foron en train de déjeuner à la brasserie Mino. Ils sont emmenés au lieu-dit Le Planet, au-dessus de Saint-Laurent.

* Fin janvier 1944 : le commandement FTP (Francs Tireurs et Partisans) du secteur décide de fusiller 17 des 19 policiers enlevés à Bonneville et à La Roche-sur-Foron.

* Le samedi 4 mars 1944 : la Milice ouvre la fosse à Saint-Laurent où huit personnes ont été exécutées dans le dos par les maquisards.

* Le mardi 7 mars 1944 : obsèques solennels à Annecy de sept policiers exécutés par des maquisards, en présence de Philippe Henriot (ministre de la Propagande du Gouvernement de Vichy).

* Le dimanche 26 mars 1944 : attaque massives des troupes allemandes de montagne contre le plateau des Glières (le Gouvernement de Vichy cachera ce fait, et annoncera que c'est la seule Milice qui a attaqué et anéanti le Maquis du plateau des Glières) contre les Maquisards, c'est à cette occasion que le lieutenant Tom Morel sera tué...

* mercredi 29 mars 1944 : Philippe Henriot et Joseph Darnand arrivent à Annecy. A 12h40 la radio diffuse le premier éditorial de Philippe Henriot depuis Thorens. A 19h40 il diffuse son deuxième éditorial dans lequel il décrit les maquisards : « Quand je les regardais et que je les entendais, je souffrais. J’ai vraiment souhaité entendre un cri de fierté, un cri de défi. J’aurais voulu trouver des hommes. J’ai trouvé des loques. Je le dis, comme je l’ai vu. ».

Fin mars 1944 (donc à un peu plus de deux mois seulement du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944) la situation était simple en Haute Savoie : « l'ordre régnait désormais sur Annecy et sur ses environs... » Bien entendu, tous les Maquisards rescapés de l'assaut allemand du 26 mars 1944 se faisaient oublier et se cachaient prudemment en attendant d'hypothétiques jours meilleurs... En effet, la répression des troupes allemande et de la Milice avait été si violente en avril et mai 1944 que tous les Alto-Savoyards n'évoquent que tout bas, et encore avec des gens dont ils étaient absolument sûrs, les événements récents du plateau des Glières...

Donc, vous constatez, Chers amis Internautes de ce forum, que depuis le 29 mars 1944, tout semblait définitivement perdu pour les Maquisards de la Haute-Savoie et leurs Sympathisants...

Et pourtant, et pourtant…

* Le lundi 31 juillet 1944 : à 19h30 puis à 21h15 (heure en Temps Universel, soit 21h30 et 23h15, heure française d'occupation) Radio Londres envoie le message suivant « Sur mon balcon je ferai pousser des volubilis ». En entendant ce message personnel codé, les Chefs de secteurs de la Résistance (qui restaient prudemment cachés depuis le 26 mars 1944) savent qu'enfin le vent va tourner favorablement !…

* Le mardi 1er août 1944 : parachutage massif d’armes et de matériel pour le plateau des Glières à 13h30. 72 bombardiers de la Royal Air Force, escortés par 63 chasseurs, en six vagues de 12 appareils, survolent Thorens et larguent 162,5 tonnes de matériel en contenairs. Pour protéger ce parachutage massif EN PLEIN JOUR !!! pas moins de 3 500 maquisards et 150 camions ont investi le plateau des Glières…. Un général allemand, venu spécialement de Lyon pour une cérémonie de remise de médailles à Annecy, impressionné par ce largage aérien en plein jour, quitte précipitamment la ville pour retourner à Lyon…

* Le jeudi 3 août 1944 : l’aviation allemande bombarde en représailles Thônes.

* Le vendredi 4 août 1944 : l’aviation allemande bombarde en représailles Villars-sur-Thônes.

* Le mercredi 16 août 1944 : les Maquisards libèrent Évian-les-Bains, Saint-Gingolph et Saint-Julien-en-Genevois.

* Le jeudi 17 août 1944 : les Maquisards libèrent Chamonix, Le Fayet et Thonon-les-Bains.

* vendredi 18 août 1944 : les Maquisards libèrent Cluses, Bonneville et Annemasse (dans cette dernière ville frontière 150 Allemands arrivent à se réfugier en Suisse où ils sont internés, les Miliciens français qui les accompagnaient sont interdits de passage de la frontière par les soldats suisses, et tombent donc aux mains des Maquisards).

* samedi 19 août 1944 : les Maquisards libèrent Annecy. 100 Miliciens sont fait prisonniers et internés à Saint-Jorioz, puis au Grand-Bornand.

* jeudi 24 août 1944 : cour martiale au Grand-Bornand : 97 Miliciens sont prévenus ; 76 sont condamnés à mort et fusillés le lendemain, 21 sont relaxés au bénéfice du doute.

* jeudi 7 septembre 1944 : cour martiale à Annemasse : 32 Miliciens sont prévenus; 18 sont condamnés à mort et fusillés le jour-même, 14 sont relaxés au bénéfice du doute.

* jeudi 5 octobre 1944 : cour martiale à Annecy pour 8 miliciens : 7 condamnations à morts avec fusillade le jour-même, 1 supplément d’information.

Vous voyez, aucune situation n'est jamais définitivement désespérée, un jour ou l'autre le vent de l'histoire finit par tourner dans le bon sens !...

Roger le Cantalien. Rolling Eyes

PS : si vous vouliez en savoir plus sur ces événements de plateau des Glières, et plus généralement comment la Haute-Savoie a vécu la Seconde guerre mondiale, je vous recommande les quatre excellents livres de Michel Germain, professeur d'histoire et de géographie à Annecy (éditions "La fontaine de Siloé", 2 rue du Docteur Veyrat 73801 Montmélian Cedex) :

* Tome 1 : "La nuit sera longue" (septembre 1939 - 8 novembre 1942) ;
* Tome 2 : "Les maquis de l'Espoir" (novembre 1942 - septembre 1943) ;
* Tome 3 : "Le sang de la Barbarie" (septembre 1943 - 26 mars 1944) ;
* Tome 4 : "Le prix de la Liberté" (du 26 mars 1944 à la Libération).
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Message  Invité 5/5/2008, 12:50

Entièrement d'accord avec toi Roger ! Tant qu'il reste un souffle de vie, une espoir d'espoir, rien n'est jamais joué.
Je fais comme avec Eddy, je copie tes écrits sur des fichiers Word, pour mon usage personel ou si besoin est, pour le forum.

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Message  tayp' 5/5/2008, 13:29

Salut,
Merci pour ce récapitulatif Roger15. Je lis actuellement le nouveau livre sur la vie de Théodose Morel (Tom) de Patrick de Gmeline. Ce livre est excellent et allie le spirituel (beaucoup trop en avant dans l'ancienne bio de Tom) et le militaire, historique!

La résistance des Glières ne peut s'expliquer uniquement par une montée dans les montagnes et quelques combats. Le maquis est un aboutissement d'une résistance active menée dès 1940 par les soldats du 27ème BCA, commandé par, à cette époque, le chef de corps Valette Osia qui sera le chef de l'AS jusqu'à son arrestation (il s'enfuira et partira en Angleterre par la Suisse, dès lors le Colonel Roman Petit puis le Capitaine Claire seront les chef de l'AS). En effet avant que les commissions d'armistices viennent prendre leurs armes, Tom Morel (chef de la section, officieuse, de camouflage) avec deux camarades vont cacher près de 4000 armes dans quelques 30 dépôts. Par la suite, le 27ème BCA pendant ses entraînement ne manquera "d'égarer" du matériel, dont deux mortiers tombé officiellement au fond d'une rivière lors de sa traversé par des soldats... Malheureusement 24 des 30 dépôts sont trouvés par la Milice. Valette Osia va aussi en Suisse pour prendre le contact avec les Américains (il ne veut en aucun cas être sous obédience anglaise) et reçoit une grosse somme d'argent pour le réseau.
Le maquis est formés, comme la majorité, par l'arrivé importante de réfractaire du STO! Les quelques officiers, beaucoup du 27ème BCA, les prennent en main, après la dissolution de l'armée d'armistice, et organisent leur logement et leur approvisionnement. De plus, il faut faire de ses hommes des soldats pour pouvoir assurer les parachutages et surtout se battre le moment venu! Il y a donc une nécessité de créer des cadres pour former les nombreux jeunes et donc est mis en place une "école de cadre" qui doivent apprendre le maniement des armes, le cloisonnement... dans un stage de..... 8 jours! Tom est à la tête d'un groupe de maquisards à former et passe quelques temps dans "l'école" pour donner des cours.
Les arrestations se multipliant par la Gestapo, la Milice et autres le réseau est en alerte. Tom Morel manquant deux fois de se faire arrêter, il monte au maquis avec un groupe, qui sont "brûler" dans la région pour réceptionner les parachutages et se mettre en place le maquis!
- mars 1943: premier parachutage sur les Glières: 5 containers d'armes envoyés par un seul avion!
-21 mars 43: 15 containers sont parachutés
Ce sont les premières actions du maquis, pris d'assaut par des poignets de réfractaires, encadré par un certain René Morel, n'ayant aucun rapport avec Tom!
Je me suis arrêté là dans le livre, je finirais le résumé après! clin doeil gri

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Message  glider82 5/5/2008, 18:40

Post très interessant Roger15, Merci Smile
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