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Négationnisme: la "Thèse" d'Henri Roques

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Message  eddy marz 2/6/2010, 12:26

Bonjour à tous ;
Je profite de l’actuelle déferlante de nazillons disciples du « mensonge de l’Holocauste » pour examiner d’un peu plus près le négationnisme ; d’une part pour mieux cerner son fonctionnement, son langage (toujours le même – jusque dans le style, et ce quel qu’en soit l’auteur), sa technique d’intoxication et, d’autre part, pour détecter plus rapidement les incursions ponctuelles de ses épigones (disciples sans originalité qui ne font qu’imiter) sur notre forum… Il serait bien entendu présomptueux de ma part de prétendre faire le tour de la question qui est très vaste, embrouillée, et multiforme, aussi je me cantonnerais à un événement spécifique sur lequel j’ai quelques données.

À titre d’exemple, je n’aborderais que les points les plus marquants (sinon ce serait beaucoup trop long), mais je pense que cela sera suffisant pour saisir de quoi il retourne. Ce sera une lecture ardue et dense, mais en revanche, ceux qui souhaiteront nous défier sur ce terrain ne pourront plus le faire à partir de simples « négations » ou d’ironie arrogante ; il leur faudra argumenter, et ce ne sera pas pour eux chose aisée. En effet, à la lecture des échanges sur la plupart des forums soit disant « historiques », mais en réalité négationnistes, force est de constater que la quasi-totalité des primitifs – brûlés aux ultra-violets du Walhalla – qui propagent cette idéologie n’ont ni lus les divagations des maîtres qu’ils défendent, ni lus les sources historiques que ces derniers remettent en question. C’est pour cela qu’ils ne peuvent que répéter, inlassablement, comme des moutons, l’éternelle litanie « montrez-nous une photo des chambres à gaz » ; les limites de leur savoir et de leur capacité de réflexion ne leur autorisant pas beaucoup plus.

J’ai donc choisi, à dessein, la « thèse » d’Henri Roques sur Kurt Gerstein, au sujet duquel, comme certains d’entre vous le savent, je me suis longuement renseigné. Pour comprendre ce qui va suivre, il convient d’abord de brosser un tableau de la situation :

Qui est Kurt Gerstein ?

Allemand, né en 1905 au sein d’une famille bourgeoise, étriquée, et totalement soumise à l’autorité de l’Empire de Wilhelm II, Kurt Gerstein est un ingénieur des Mines profondément religieux (de confession Luthérienne mais, selon ses propres dires : Chrétien sans appartenance), et leader des Bibelkreise (Cercles Bibliques – sorte de YMCA de l’époque) de Westphalie. Au début du nazisme, très indécis sur l’attitude à adopter par rapport au nouveau régime, il oscille entre soumission et rébellion. Probablement sous la pression paternelle, il adhère au NSDAP en mai 1933, cinq mois après l’accession d’Hitler à la Chancellerie. Cela lui permet de réduire les pressions exercées par son père et ses frères, tous déjà membres depuis le début. Malgré un court engagement à la SA (qu’il ressent peut-être comme un « devoir » patriotique) dont on ne sait pas grand-chose, il tente, au sein des Cercles Bibliques, de prévenir la jeunesse contre l’endoctrinement National-Socialiste, tout en militant et en se créant des contacts au sein de l’Église Confessante – mouvement luthérien en rupture avec les « Chrétiens Allemands » en accord avec le régime. C’est à travers cet engagement religieux que Gerstein entre en conflit avec le régime. Plus l’église Confessante s’érige contre l’idéologie nazie, plus l’état Allemand empiète sur l’église et ses organisations ; Gerstein doit choisir : défendre sa foi, ou défendre sa patrie.

En janvier 1935, il est passé à tabac pour avoir protesté contre une pièce anti-chrétienne au théâtre de Hagen. Le 24 septembre 1936, il est arrêté par la Gestapo de Sarrebruck. Relâché au bout de 20 jours, il est officiellement exclu du NSDAP pour « activités hostiles à l’état ». Février 1937, il est exclu du service de l’État et, trois mois plus tard, « interdit de parole sur le territoire du Reich ». Le 14 juillet 1938, Gerstein est à nouveau arrêté pour « menées subversives » (en réalité une fréquentation distraite du mouvement pro monarchiste de Reinhold Wulle), et incarcéré pendant six semaines dans la prison policière de Welzheim ; une expérience dont il sort malade et profondément ébranlé. Au chômage, dans l’incapacité de trouver un emploi (vu son palmarès), Gerstein semble se tenir à carreau. Mais, environ un mois après sa libération, lors d’une perquisition à son domicile, la Gestapo découvre plus de 5.000 tracts anti nazis prêts à l’envoi… Une instruction pour « haute trahison » est ouverte contre lui, mais aboutira finalement à une ordonnance de non-lieu. Son exclusion du NSDAP est transformée en simple congédiement, mais il reste dans l’impossibilité de trouver un emploi, et travaillera donc pour l’entreprise familiale (De Limon Fluhme & Co) et pour une société minière (Winterschall à Merkers) dont les dirigeants sont des intimes de son père.

Négationnisme: la "Thèse" d'Henri Roques Gerste11

Rebelle, tourmenté, excentrique, comédien, imbu de sa personne, mais généreux et croyant, Gerstein ne sait toujours pas ce qu’il veut faire dans la vie, ni comment « se rendre utile ». Il tente alors de s’engager dans la Wehrmacht, mais sa candidature reste lettre morte. De plus en plus choqué par les excès du nazisme, et en particulier par l’opération T4, Gerstein décide – de son propre aveu – de « voir les choses de l’intérieur » et fait acte de volontariat à la SS. Il ne sera incorporé dans la Waffen-SS (Germania) que trois mois plus tard. Or, au cours de ces trois mois, sa belle-sœur, Bertha Ebeling, souffrant de longue date d’une dépression, est assassinée dans la clinique de Hadamar dans le cadre de l’opération T4. La plupart des Historiens (et des négationnistes qui sautent sur l’occasion), se basant sur les déclarations de Gerstein devant ses juges, pensent qu’il a menti en laissant entendre que ce serait cet assassinat qui aurait motivé son entrée à la Waffen-SS alors qu’il avait fait acte de volontariat avant. Or, dans son témoignage écrit, Gerstein ne dit rien de tel :

• Rapport Français : « Écoutant des massacres des imbéciles et aliénés à Grafeneck, Hadamar etc., choqué et blessé dans mon intérieur, ayant tel cas dans ma famille, je n’avais qu’un seul désir voir, voir dans toute cette machinerie […] »

• Rapport Allemand : « Lorsque j’entendis parler de l’assassinat massif de malades mentaux à Hadamar, Grafeneck et autres lieux, je n’eu plus qu’un seul désir : ‘Il te faut voir toi-même dans cette chaudière du Diable et faire connaître au peuple ce qui se passe, même au péril de ta vie. […] Ceci d’autant plus que ma belle-sœur Bertha Ebeling de Saarbrücken avait été mise à mort à Hadamar ».

Il n’utilise l’excuse du meurtre de sa belle-sœur qu’en 1945, devant le juge, et probablement uniquement pour éviter d’avoir à entrer dans des explications sur ses motifs religieux.

Souffrant d’une hypoglycémie grave le rendant inapte au combat, et compte tenu de son expertise en ingénierie, en épuration, et en produits toxiques, Gerstein est transféré immédiatement après ses classes à l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/crimes-de-guerre-et-contre-l-humanite-f18/l-institut-d-hygiene-de-la-waffen-ss-et-les-experiences-t6195.htm?highlight=institut).

Novembre 1941, il est promu Untersturmführer-SS F (spécialiste) et, deux mois plus tard, nommé chef du département Sanitaire/technique de l’Institut. Ses grandes réalisations seront surtout dans le domaine de l’eau potable pour les troupes combattantes.

1942… La campagne de Russie permet à Hitler de passer à la phase fondamentale de son programme : la destruction physique des Juifs européens. Mais les procédés sont lents et manquent de discrétion, et ont un « effet néfaste » sur le psychisme des tueurs. Pour remédier à ces inconvénients, 3 centres d’extermination par chambre à gaz (Belzec, Sobibor, Treblinka) – utilisant le C02 d’échappement de moteurs – sont érigés en Pologne. Mais on est loin du résultat escompté…

Le 8 juin 1942, le Sturmbannführer-SS (Major) Rolf Günther de la section 4BIV de la Gestapo (Service d’Adolf Eichmann) rencontre Gerstein à l’Institut et le charge d’une mission secrète : procurer 250 kg d’acide cyanhydrique et les acheminer vers une destination également secrète (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/crimes-de-guerre-et-contre-l-humanite-f18/zyklon-b-la-mission-secrete-de-kurt-gerstein-t6300.htm?highlight=gerstein).

À la mi-août, Gerstein et un « observateur » SS, le professeur Wilhelm Pfannenstiel, se rendent à Kolin, en Tchécoslovaquie, prennent livraison d’un chargement de Zyklon B à l’usine Kaliwerke puis poursuivent leur voyage vers la Pologne. En chemin, prétextant une fuite, Gerstein en fait enterrer une partie, déclarant le reste inutilisable avant vérification. En tant qu’Officier Sanitaire, sa décision n’est pas contestée. Arrivés à Lublin, Gerstein et Pfannenstiel se présentent au Brigadeführer-SS Odilo Globocnik, pour d’ultimes directives.

Insistant sur la stricte confidentialité de l’opération, Globocnik instruit Gerstein quant à la véritable nature de sa mission – déterminer la faisabilité d’une amélioration de la technique de gazage, en remplaçant le monoxyde de carbone par du Zyklon B. Le lendemain, 18 août, Gerstein et Pfannenstiel se rendent au camp d’extermination de Belzec, afin de discuter des aspects techniques avec le commandant, le Hauptsturmführer-SS Christian Wirth. À sept heures du matin, le 19 août, Gerstein assiste au gazage par monoxyde de carbone de 6.700 Juifs Galiciens.

Si l’on en croit son rapport, rédigé à la fin de la guerre, l’opération fut un désastre ; des pannes de moteur répétées, retardant la mise à mort des heures durant, augmentaient le martyre des victimes de façon épouvantable. Mais l’ « orgueil professionnel » de Wirth, ainsi que les difficultés techniques d’un changement de système, l’empêchait d’admettre la « supériorité » écrasante du Zyklon B sur le monoxyde de carbone. Aussi, Wirth demande-t-il à Gerstein de ne pas proposer d’autre gaz à Berlin. Trop heureux d’accéder à sa requête, Gerstein ne procède même pas à des essais au Zyklon. La livraison est enterrée aux environs du camp. Le 20 août, il est conduit à Treblinka, où il assiste à une opération similaire, mais plus importante, et termine sa tournée d’inspection par la visite du dépôt de vêtements pillés, et du camp de Maïdanek, encore en construction.

Sur le train qui le ramène à Berlin, écrasé, Gerstein rencontre le Baron Göran Von Otter, Secrétaire de la Légation de Suède, et lui divulgue le secret d’Etat. Von Otter propose d’informer le gouvernement Suédois, et promet de reprendre contact avec lui à Berlin. Ébranlé, mais réalisant le caractère unique de sa position en tant que témoin, Gerstein décide alors de faire tout ce qui est en son pouvoir pour alerter l’opinion. Il se rend à la Nonciature de Berlin, dans l'espoir de faire transmettre l'information à Rome car, dans son esprit, une fois le Vatican alerté, le Pape prendra la parole, créant un tollé international d’une telle dimension que les Nazis seront contraints de faire machine arrière et mettre fin aux tueries… Mais la visite se solde par un échec. Gerstein n'est même pas reçu. Par la suite, il réussit quand même à communiquer l'essentiel des faits à la Résistance Hollandaise - mais il n'en sortira rien.

Aux environs de juin 1943, Gerstein rencontre le Dr. Gerhard Peters, gérant de la société Degesch (fabricant de Zyklon B). Selon Peters « Gerstein me demanda de faire retirer l’irritant contenu dans le gaz afin de détecter les fuites, car d’après lui ce dernier provoquait d’épouvantables et inutiles souffrances aux victimes ».

Début 1944, Gerstein est chargé de fournir d’énormes quantités de Zyklon B à Berlin.

Lors d’un rendez-vous secret, convenu longtemps à l’avance, Gerstein informe Paul Hochstrasser, un diplomate suisse de haut rang, dans l’espoir d’une plainte officielle de la part du gouvernement Suisse. Mais, une fois de plus, cette tentative n’aboutit à rien. Simultanément, Rolf Günther et la section 4BIV de la Gestapo, lassés des réserves scientifiques de ce petit lieutenant, abandonnent la filière Gerstein, lui préférant son propre personnel, nettement moins scrupuleux.

Le 22 avril 1945, anxieux de témoigner, Gerstein quitte Berlin, rejoint sa famille à Tübingen et, de là, enfourche une bicyclette, se dirige vers le front, et se rend aux forces Française de la VIe Armée, cantonnées à Reutlingen. Après un interrogatoire préliminaire, il est transféré à Rottweil et maintenu aux arrêts dans un petit hôtel local, le Mohren ; à charge pour lui de se présenter à la Police Militaire tous les matins. C’est là qu’il écrit son fameux témoignage (en français et en allemand).

Le 26 Mai, il est transféré à Constance puis, début Juin, à Paris. Mais les Français ne sont pas convaincus. Indisposé par toute l’affaire, le Juge Militaire Matteï l’inculpe pour assassinats collectifs et complicité, et ordonne sa mise au secret dans la section de haute sécurité de la prison militaire du Cherche Midi, pour y attendre son instruction.

23 Juillet… Le Baron Von Otter écrit d’Helsinki au Baron Lagerfelt – son homologue à Londres – et lui demande de prévenir la War Crimes Commission, afin que cette dernière intervienne pour sauver Gerstein. Trop tard. Le 25 Juillet, à 14h30, Kurt Gerstein est retrouvé pendu au vasistas de sa cellule avec des morceaux de couverture déchirés. Une enveloppe adressée au Juge Militaire est également trouvée, et remise au commandant de la prison, François Chiaramonti, qui la lira avant de la transmettre : « Elle était courte. Il disait qu’il était innocent de tous les crimes qu’on lui reprochait et il demandait que son corps ne soit pas mutilé (autopsié) ». La lettre a depuis disparu. Certains ont suggéré que Gerstein fût assassiné par des détenus SS pour le faire taire, mais cette conclusion « moralement satisfaisante » ne repose sur aucune preuve quelle qu’elle soit. Gerstein fut enterré au cimetière de Thiais, en banlieue parisienne, sous le nom de « Gastain ».

Le 30 janvier 1946, le « Rapport Gerstein » (dossier PS 1553) est soumis au Tribunal International à Nuremberg, mais sera écarté. En 1950, bien qu’admettant des circonstances atténuantes, une Cour de dénazification allemande condamne Gerstein, à titre posthume. En 1956, une section du cimetière de Thiais, comprenant la tombe de Gerstein, est rasée ; ses restes sont jetés dans la fosse commune. En 1960, le « Rapport Gerstein » est utilisé au procès d’Eichmann, à Jérusalem. En 1964, Paul Rassinier – fondateur du révisionnisme – met en doute la véracité du « Rapport Gerstein ». En 1986, à Nantes, Henri Roques soutient une thèse de doctorat, très controversée, sur la folie supposée de Gerstein et conclut à la non-existence des chambres à gaz. La thèse fut annulée par le ministre de la Recherche et de l’Enseignement.

Le Rapport Gerstein

Le « Rapport » Gerstein (titre officiel) qu’Henri Roques nomme « Les Confessions de Kurt Gerstein », et que, par pur esprit de contradiction, je nommerais « Le Témoignage Gerstein », fut écrit lors de sa période de semi captivité à Rottweil, entre le 21 avril et le 26 mai 1945, et est constitué de 6 éléments (le 5e présente trois moutures dont une traduction anglaise). Ces textes sont catalogués de T I à T VI :

• T I, texte manuscrit, en français, daté du 26 avril 1945
• T II, texte dactylographié, en français, daté du 26 avril 1945 (PS 1553 – dossier Nuremberg)
• T III, texte dactylographié, en allemand, daté du 4 mai 1945
• T IV, texte manuscrit, en français, daté du 6 mai 1945
• T V, texte dactylographié, en français, daté du 6 mai 1945 (copie d'interrogatoire)
(+ T V a, version de I'ORCG (Organe de recherche des crimes de guerre, France); T V b, transcription (archives de Washington: 010813); T V c, traduction anglaise)
• T VI, texte dactylographié en allemand, daté du 6 mai 1945 (PS 2170)

D’après Henri ROQUES : l’origine des T I, T II et T IV est certaine (elles sont de Gerstein). Pour T V, l'origine est certaine mais la rédaction n'est pas due à Gerstein. Pour T III et T VI (deux textes dactylographiés en allemand), l'origine est suspecte.


Qui est Henri Roques ?

Né à Lyon en 1920, Henri Roques est un ingénieur agronome à la retraite. Il fut secrétaire général de la Phalange Française, un groupuscule néofasciste et raciste fondé dans les années 50, et dirigé par Charles Luca, un parent du collaborateur Marcel Déat. C’est en 1981 qu’Henri Roques commence à rédiger sa « thèse » : « Les confessions de Kurt Gerstein. Étude comparative des différentes versions ». Les raisons qu’il invoque pour cette « étude » sont tout simplement : « contribuer quelque peu à ce que l'école révisionniste qui se consacre à mettre l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en accord avec les faits, se voit reconnaître un droit de cité dans l'université ».
Négationnisme: la "Thèse" d'Henri Roques H-roqu10

Procédurier, agressif, pédant, malhonnête, mais pas fou, Henri Roques sollicite des non-historiens comme rapporteurs de son doctorat. Jacques Rougeot, professeur de lettres à Paris IV lui donne d’abord son accord mais fait finalement marche arrière. Ce sera donc Jean-Claude Rivière, militant d'extrême-droite du Syndicat autonome de l'enseignement supérieur, professeur de littérature médiévale à Nantes, et ancien militant du groupe fasciste Europe-Action, qui remplacera Rougeot. Jusqu’ici, que du beau linge, comme nous pouvons le constater. Mais ce n’est pas tout : Au sein du jury qui se réunit le 15 juin 1985 à Nantes, siègent deux Lyonnais : Jean-Paul Allard, professeur de langue et littérature germanique à Lyon III. Il dirige la revue Études Indo-Européennes, et milite au GRECE. Rédacteur à Nouvelle-École, il anime aussi la collection "Patrimoine de l'Europe" aux éditions du Porte Glaive. Le second est Pierre Zind, père mariste alsacien, professeur associé au département de sciences de l'éducation de Lyon 2. Il collabore à la revue Nouvelle Voix, un mensuel alsacien nostalgique du nazisme et, en 1982, témoigne dans un procès en faveur de terroristes pro-hitlériens, les Loups Noirs, n’hésitant pas à collaborer au bulletin néo-nazi Devenir Européen créé par l'ancien SS Yves Jeanne.

Henri Roques entame son exposé (dont le contenu ne pouvait être étranger aux membres du jury) en déclarant : « Monsieur le Président, Messieurs. Ma découverte du récit de Gerstein remonte à près d'un quart de siècle. J'étais à cette époque, et depuis déjà quelques années, un lecteur de Paul Rassinier ». En effet, en 1962 (déjà), Paul Rassinier, « inventeur » du négationnisme, lui aurait offert son livre « Le véritable procès Eichmann ou les vainqueurs incorrigibles » avec cette dédicace: « A Henri Roques, avec qui j'ai eu le plaisir de faire connaissance et que j'ai mis au travail aussitôt ». Que nous faut-il de plus ? Mais soyons honnêtes, et poursuivons :

La présentation de la thèse (partiellement enregistrée) tourne au scandale. Nous assistons à 3h de propagande nazie « abritée par les murs d'une université française ». Ce scandale dévoile de nombreuses irrégularités :

• Henri Roques ne possède pas les diplômes exigés pour passer un doctorat
• Son inscription est hors délai.
• Les pages du registre administratif portant les noms des personnes présentes pour la soutenance de la thèse ont disparues
• La signature d’un membre du jury absent a été falsifiée

La presse se déchaine, et exige des explications ; le négationniste Robert Faurisson dresse sa crête : « En 1986, François Bédarida, chrétien d'origine juive, ne parvint à mobiliser contre H. Roques que cinq "historiens", Pierre Vidal-Naquet et quatre autres personnes d'origine juive, un rabbin et, enfin, un personnage médiatique du nom de Harlem Désir qui est, lui aussi peut-être d'origine juive ». Le 2 juillet 1986, le ministre de l'éducation nationale, Alain Devaquet, annule la thèse de Roques, annulation confirmée par le Conseil d'État en 1992, et une plainte est déposée pour "faux en écriture publique". Le ministre de l'intérieur, Charles Pasqua, déclare: "Les universitaires qui ont accepté cette thèse ne sont plus dignes d'enseigner".

Inutile de continuer. Nous pouvons affirmer qu’Henri Roques, n’est ni historien, ni « docteur » en Histoire ; qu’il est néo-nazi, que ses apôtres, collaborateurs, et complices le sont aussi, et que sa thèse n’avait aucunement pour but d’éclaircir le témoignage de Gerstein mais, au contraire, de tenter de le discréditer en invoquant la folie de son auteur, et ainsi prouver la non existence des chambres à gaz.

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Message  eddy marz 2/6/2010, 12:40

La « Thèse » et les Écrits d’Henri Roques : Affirmations et réponses

Dans ce qui suit, je cite des passages choisis de la thèse d’Henri Roques ainsi que d’autres de ses écrits (sources en fin d’article) et propose de les contredire. Les extraits du témoignage de Gerstein, en français et en allemand, seront respectivement annotés KG-Fr et KG-All.

ROQUES :
« Gerstein est très souvent présenté comme un officier membre de la SS, sans plus de précision. […]
Ce flou laissé autour du grade de Gerstein est destiné à impressionner le lecteur ; le néophyte imagine un solide militaire aux convictions nationales-socialistes ancrées, qui a gravi les échelons en combattant et qui a choisi de révéler les massacres dont il aurait été le témoin direct ; peut-on rêver mieux comme « témoin » de la Shoah ? »

Réponse :
FAUX : Mis à part les définitions de dictionnaires (par manque de place) ou de documentaires non spécifiques, tous les livres, magazines ou revues historiques un tant soit peu sérieuses, parues depuis 1966 (y compris « grand public » tels Historia n°21 Hors Série – 1971), font état d’un officier de rang subalterne attaché aux services sanitaires de la Waffen-SS. C’est plutôt Henri ROQUES qui tente ici d’égarer des lecteurs néophytes, ignorant tout du sujet, et peu susceptibles de se documenter. On note également le ton de « subtile » ironie.

ROQUES :
« K. Gerstein eut bien un compagnon de voyage : l'inoffensif Professeur Docteur W. Pfannenstiel, qui était docteur en médecine et titulaire d'une chaire d'hygiène à l'Université de Marbourg. Aujourd’hui, il est présenté comme celui qui aurait confirmé « pour l’essentiel » les récits de K. Gerstein. Mais la vérité est bien différente. W. Pfannenstiel accompagna K. Gerstein par hasard, parce qu'il allait lui aussi à Lublin, proche de Belzec, et qu'une place était libre dans la voiture. Dans sa première « confession », K. Gerstein n’a pas hésité à compromettre le docteur, en précisant qu’il avait non seulement profité de sa voiture mais aussi assisté à la conversation pendant laquelle Odilo Globocnik, chef des SS et de la Police de Lublin, avait révélé qu’un massacre de masse se perpétrait et que ceux qui le révèleraient serait immédiatement fusillés. […] C’est ainsi que le malchanceux docteur, qui aurait assisté aux opérations décrites par K. Gerstein, se retrouva en 1945 cinquième sur une liste des principaux coupables recherchés par la délégation française à la Commission des Nations-Unies pour les crimes de guerre. Il arrivait après Hitler Adolf, Himmler Heinrich, Eickmann [Eichmann], et Günther (Ibid., p. 463). Fichtre !

Réponse : ABSURDE et MENSONGER ; en plus, ROQUES fait de l’esprit ; sûr de son coup. Les renseignements concernant l’Obersturmbannführer-SS Professeur Wilhelm Pfannenstiel sont minces. Presque toujours associés au rapport Gerstein, ils sont pour la plupart identiques et succincts. Or, si ROQUES est, comme il semble le prétendre, mieux renseigné, il ment par omission en tentant de nous présenter un Pfannenstiel respectable, candide, et donc digne de foi. La réalité est toute autre (et ROQUES le sait) :

• Titulaire d’une chaire d’hygiène de l’université de Marbourg, ex médecin au sein de l’Oberabschnitt Fulda-Werra, auteur de plusieurs articles sur la sérologie, la désinfection, et la tuberculose, Pfannenstiel devient, en 1939, conseiller en hygiène et en bactériologie auprès la Waffen-SS. ROQUES nous décrit un homme ayant vécu « […] une existence fertile en mésaventures imprévues » et s’empresse d’ajouter que « Même si son rôle ne fut que celui d'un spectateur, son témoignage, de ce fait, revêt une importance capitale ». L’Obersturmbannführer-SS Pfannenstiel ne serait donc qu’un honnête professeur d’hygiène, parachuté malgré lui dans une mission ultrasecrète en tant que simple spectateur ?

• En réalité, ses fonctions d’hygiéniste prévoient non seulement l’inspection des casernes SS mais également des camps de concentrations sur l’ensemble du territoire allemand. Parallèlement, Pfannenstiel agit en conseiller auprès du Lebensborn, se spécialise en hygiène raciale, et préside la Deutsche Gesellschaft für Rassenhygiene (Société Allemande pour l’Hygiène Raciale) de Marbourg. Pfannenstiel fait aussi partie du proche entourage d’Ernst Grawitz, Reichsarzt SS, chef du Service de Santé SS pour l’ensemble du Reich. Comme Grawitz, Pfannenstiel se passionne pour les expériences médicales sur cobayes humains.

• ROQUES déclare : « Ajoutons qu'on lui reprochait également d'avoir été plus ou moins [sic] complice d'expériences médicales de résistance au froid effectuées sur des détenus du camp de concentration de Dachau par le Dr. Rascher. Il s'en défend, mais, vraie ou fausse, l'accusation peut avoir pour lui de lourdes conséquences ». Une lettre datée du 18 novembre 1943, dans laquelle le médecin criminel Sigmund Rascher, écrivant du camp de Dachau, s’adresse à Pfannenstiel, ne laisse planer aucun doute à ce sujet : « Professeur hautement estimé! » (« Hochverehrter Herr Professor ! ») […] Je me permets de vous demander si vous souhaitez toujours que nous pratiquions des expériences sur des êtres humains dans le cadre d’une résistance accrue à l’altitude par administration de vitamines. Dans l’affirmative, je vous saurais gré de bien vouloir vous adresser au président du Conseil de Recherches du Reich et chef du Comité de Direction d’Entreprise, le Standartenführer SS Wolfram Sievers, […] afin qu’une chambre à basse pression mobile puisses être réquisitionnée auprès de la Luftwaffe pour nos expériences communes » (NMT 01. « Procès des Médecins » - USA v. Karl Brandt, et al., Traduction anglaise p. 10363; 26 Juin 1947). Pour compléter le tableau, notons que Pfannenstiel fréquente le Standartenführer-SS Max de Crinis, professeur en psychiatrie à la Faculté de Berlin, et participant de l’opération T4. Comme on le voit, l’acheminement de Pfannenstiel vers l’Aktion Reinhard n’a rien d’une suite de « mésaventures imprévues » comme Henri Roques voudrait nous le faire croire, mais témoigne au contraire de l’itinéraire d’un initié vers un aboutissement logique.

• Lors d’une de ses premières dépositions, le 6 juin 1950, Pfannenstiel déclare devant le tribunal de Darmstadt : « Durant l’été 1942, en qualité de spécialiste en hygiène, il me fut ordonné de me rendre à Lublin afin en tant que conseil en travaux sanitaires urbains (réserves d’eau potable, traitement des eaux usées). Je me suis donc rendu à Berlin afin d’y obtenir une voiture car le trajet en train prenait trop de temps. Je n’ai pas réussi à obtenir une voiture, mais on m’indiqua que le Dr. Gerstein se rendait à Lublin et on m’ordonna de prendre contact avec lui, ce que je fit. Le Dr. Gerstein m’informa qu’il devait passer par Prague. J’y consentis. Un camion vide suivait notre voiture. Pendant le voyage, le Dr. Gerstein m’expliqua qu’il devait aller chercher de l’acide prussique dans une usine de Collin près de Prague. Il ne me dit pas à quelles fins. Je ne le demandais pas non plus. Sachant que le Dr. Gerstein était chargé de travaux de désinfection, il me semblait en effet tout naturel que l’acide fût destiné à cet usage ». Ce récit est une pure fiction. Non seulement Pfannenstiel reste délibérément vague sur son rôle technique, et tente par ce biais de suggérer le hasard total de sa présence dans une mission Aktion Reinhard, mais il est également difficile de croire qu’un « passager » ait pu prendre place à côté de Gerstein alors que ce dernier accomplit une mission ultrasecrète. Il n’y a pas, en 1942, de pénurie ; Pfannenstiel, un Obersturmbannführer SS, n’aurait eu aucune difficulté à trouver un moyen de transport.

• Dés le départ, Pfannenstiel fait tout ce qu’il peut pour se distancier de la mission, quitte à prétendre qu’il n’en faisait pas partie. Or, tout semble indiquer que Gerstein et Pfannenstiel partirent ensemble de Berlin, tous deux individuellement mandatés à Lublin avec des tâches différentes dans le cadre d’une seule et même opération : remédier aux problèmes d’hygiène dans les camps d’Aktion Reinhard et que, dans une certaine mesure, leurs missions respectives se superposèrent. Il n’est pas non plus exclu, toujours pour des raisons de sécurité, que Gerstein n’ait eu, au départ, qu’une connaissance officielle des tâches assignées à Pfannenstiel (travaux sanitaires urbains), et vice-versa.

• L’Aktion Reinhard, entreprise d’extermination en masse, est une opération classée secret d’état ; les clauses exigeant des exécutants une discrétion totale sont sans équivoque. Dans son témoignage, Gerstein précise que Globocnik se vante non seulement de diriger l’opération « la plus secrète qui existe », mais que les bavards sont exécutés. De toute évidence, la proposition selon laquelle Pfannenstiel aurait pu visiter Belzec par simple « curiosité » n’est pas crédible. Personne ne pénètre dans les camps d’Aktion Reinhard sans y avoir été invité pour des raisons précises. Or si Globocnik dévoile ouvertement à Pfannenstiel « les opérations d’extermination contre les Juifs qui, pour la plupart, étaient tués à Belzec », c’est que ce dernier y est mandaté. L’unique autre possibilité serait, comme Pfannenstiel essaye sans doute de le suggérer, pour des motifs hygiéniques afin de procéder à la désinfection des vêtements, mais, comme il l’admet lui-même, « Gerstein fut chargé par Globocnik de s'occuper de la désinfection des grandes quantités de vêtements qui se trouvaient à Belzec ». De quoi s’agit-il, alors ? Quel intérêt un professeur d’Hygiène SS aurait-il à visiter un camp de la mort, à moins que cela ne concerne la destruction hygiénique des cadavres ? Si c’est le cas, la présence de Pfannenstiel à Belzec n’a plus rien de mystérieux.

ROQUES :
« D’après K. Gerstein, Hitler et Himmler auraient visité le camp de Belzec le 15 août 1942 pour demander d’activer l’extermination. Or, il est historiquement établi que c'est une contre-vérité. K. Gerstein a visité le camp les 17 et 18 août 1942. Certains ont prétendu qu’il n'avait fait que répéter l'affirmation fausse du général-SS, commandant le secteur [Odilo Globocnik] ; celui-ci était connu, disent-ils, pour sa vantardise. Cette explication ne tient pas, car K. Gerstein, lui-même très bavard, a conversé avec une dizaine de responsables du camp, qui n'auraient pas manqué de rétablir la vérité ».

Réponse :FAUX et ROUBLARD : Voici le texte français de Gerstein :

« Globocnik dit : […] Votre autre devoir sera : de changer le service de nos chambres à gaz, maintenant fonctionnant par échappement d’un ancien moteur « Diesel », à une chose plus toxique et fonctionnant plus vite, c’est acide prussique. Mais le Fuehrer et Himmler, qui étaient ici le 15 août – c’est avant hier – m’ont obligé d’accompagner moi-même tous ceux qui doivent voir les installations »… Aucune ambigüité. Malgré son français hésitant Gerstein est clair : c’est bien Globocnik qui parle (Globocnik dit), et qui précise même avoir reçu l’ordre d’escorter tout visiteur (confidentialité d’Aktion Reinhard). ROQUES utilise maintenant une ruse, en mélangeant le vrai et le faux : Hitler n’a bien évidemment jamais visité un camp d’extermination. Par contre, il est formellement attesté que Himmler se rendit à Lublin à la mi-juillet 1942, soit un mois avant la visite de Gerstein ; il est parfaitement plausible que l’ordre fut donné à Globocnik lors de cette visite. Globocnik tente d’impressionner Gerstein en affichant son intimité avec Hitler. Cette posture, à la fois arrogante et immature, correspond à sa personnalité. Mais ROQUES n’a visiblement rien lu sur Globocnik ; ni les recherches, ni les témoignages de sa maîtresse quant à ses prises de calmants, d’excitants, et à son alcoolisme. Si Globocnik peut se targuer d’avoir entretenu des rapports personnels avec Hitler lors de l’Anschluss, c’est à Himmler seul qu’il rend des comptes sur Aktion Reinhard.

La dernière phrase de ROQUES : « Cette explication ne tient pas, car K. Gerstein, lui-même très bavard, a conversé avec une dizaine de responsables du camp, qui n'auraient pas manqué de rétablir la vérité » est donc purement subjective et imaginative et ne mérite aucun commentaire.

La question suivante est longue ; j’y réponds donc au fur et à mesure des points importants :

ROQUES :
« Dans les différentes versions de ses « confessions », K. Gerstein a expliqué qu’il avait pu visiter Belzec à l’occasion d’une mission qui lui avait été confiée : approvisionner le camp en gaz toxique afin de changer le mode d’exécution (jusqu’ici, dit-il, on tuait en asphyxiant avec les gaz d’échappement d’un moteur Diesel). Il précise : « Je n’avais pas non plus le plus léger scrupule. Car si je n’avais pas accepté cette mission, un autre l’aurait exécutée dans le sens voulu par le SD tandis que, grâce à mon autorité dans le domaine des gaz hautement toxiques, je pouvais sans difficultés faire disparaître tout le chargement, comme étant décomposé ou devenu dangereux ou détérioré » Nulle part, toutefois, il n’expliqua comment il était parvenu à ce que le gaz ne soit pas utilisé, c’est-à-dire à ne pas réaliser sa mission. Lorsqu’il fut interrogé le 26 juin 1945, il se contenta de dire : « [j’] étais décidé [...] à essayer d’en faire disparaître », sans plus de précision. Interrogé une nouvelle fois le 19 juillet 1945, il tenta de s’expliquer, mais il s’empêtra dans ses contradictions. Le matin, il déclara : « […] le cyanure n’arriva pas à sa destination […]. Les quarante-quatre bouteilles qui restaient [une 45ème avait, dit-il, été vidée en cours de route] n’ont pas été amenées au camp de Belzec mais furent dissimulées par le chauffeur et moi-même à douze cents mètres du camp ».

L’après-midi, il allégua : « Je suis arrivé avec le cyanure au camp […] J’ai indiqué au commandant du camp le danger que représentait l’emploi du cyanure en lui faisant connaître que je ne pouvais prendre sur ma responsabilité l’emploi du cyanure que j’avais apporté. Ce commandant était un homme peu cultivé et s’est contenté de mes explications, disant par ailleurs être satisfait du système d’extermination en usage ». Cette explication lui valut la réplique suivante de l’officier interrogateur : « Ce matin, vous avez déclaré que quarante-quatre bouteilles […] n’étaient pas arrivées au camp de Belcec car elles avaient été dissimulées (…] ; tout à l’heure, vous venez de nous dire être arrivé au camp avec votre chargement. Quand dites-vous la vérité ? » Nullement décontenancé, K. Gertein répondit : « Je suis arrivé au camp sans le cyanure mais le commandant du camp savait que j’en avais apporté dans la voiture qui était restée à douze cents mètres du camp ».

En quelques heures, donc, l’ « espion de Dieu » avait dit noir puis blanc : « Je suis arrivé avec le cyanure au camp » ; « Je suis arrivé au camp sans le cyanure ».

Réponse : TARABISCOTÉ et VOLONTAIREMENT TROMPEUR. Restons simples : Gerstein ne s’exprime que moyennement en français (voiture/camion, dissimulé/enterré etc.) et dépose 3 ans après les faits. Comment se souvenir avec exactitude ? En réalité, Gerstein ramasse un cargo de 45 bouteilles de cyanure puis, en route pour Lublin, en fait enterrer une (fuite due à la corrosion), ce qui en laisse 44. Le surlendemain, après une journée passée à Lublin, il arrive au camp mais, par mesure de sécurité et de secret, laisse ce cargo extrêmement volatil, le camion qui le contient, et le chauffeur du camion, à 1200 mètres de l’enceinte. Il a donc, de toute évidence, amené le cyanure au camp, mais n’est pas entré avec dans le camp.

ROQUES :
« J’ajoute que selon ses dires, il avait dissimulé les bouteilles avec l'aide du chauffeur du camion qu'il ne connaissait pas (mais qu'il soupçonnait d’être lié au service de sécurité de la SS [sic]) et que par la suite, ni le général SS commandant le secteur, ni les autorités de Berlin dont K. Gerstein dépendait, ne se sont préoccupé de savoir ce qu’était devenu le gaz toxique ».

Réponse : Gerstein connaît très bien le chauffeur, il s’agit du Hauptcharführer-SS Robert Weigelt, responsable de sa formation lors de son entrée à l’Institut d’Hygiène Waffen-SS, et avec qui il entretient des relations amicales. Étant responsable du transport de la mission, Gerstein s’est bien évidemment fait seconder par une personne de confiance. Devant le juge, en 1945, Gerstein, bon acteur, prétendra ne pas connaître le chauffeur afin d’éviter à Weigelt tout avis de recherche. Ni le « général SS commandant le secteur » (Globocnik), ni les autorités de Berlin ne se sont préoccupés de savoir ce qu’était devenu le gaz toxique pour la simple raison que Christian Wirth n’en voulait pas : « Le Hauptmann de Police Wirth me pria de ne pas proposer à Berlin quelconque autre méthode » (KG-Fr) et que « Je mentis – ce que j’avais fait à tout cas – que l’acide prussique était déjà détruit par le transport et devenue très dangereuse. Alors je serai forcé de l’enterrer – que se fit aussitôt » (KG-Fr). Bref, l’expert en Hygiène a déclaré l’acide dissocié et dangereux à la manipulation et le fait enterrer ; il est mandaté par l’Institut, personne n’y trouve rien à redire. Tout simplement. Une fois de plus, les « recherches » de M. ROQUES paraissent bien légères pour un doctorat…

ROQUES :
« Là encore, le magistrat militaire lui fit une réplique de bon sens : « Vous avez été chargé d’une mission. Vous nous dites ne point l’avoir remplie. Vous nous dites également que le commandant du camp où vous deviez remplir cette mission ne tenait pas du tout à ce que vous la remplissiez. Vous avez ce matin déclaré qu’à votre retour de Berlin vous n’aviez rendu compte à quiconque du résultat de votre mission. Nous avons tout lieu de penser que des choses pareilles n’étaient pas précisément en usage dans l’armée allemande ».

« Pour s’en sortir, K. Gerstein prétendit qu’en vérité, le 17 août 1942, il n’avait pas rencontré le véritable commandant du camp, que celui-ci était arrivé le lendemain et qu’il avait tout arrangé : « Le lendemain de mon arrivée au camp de Belcec est revenu le véritable commandant du camp, le Hauptmann Polizei Wirth, qui avait une grosse influence à Berlin et qui a liquidé cette question sans que j’aie à intervenir ».

« Le juge d’instruction n’insista pas. Toutefois, s’il avait connu l’histoire de Belzec, il aurait su que depuis le 1er août 1942, Christian Wirth n’était plus commandant du camp ; il avait été remplacé par Gottlieb Hering et ses nouveaux bureaux se trouvaient à Lublin [« Christian Wirth fut nommé au début d’août 1942 inspecteur des trois camps d’extermination et […) Gottlieb Hering prit sa succession […]. Le nouveau quartier général de Wirth se trouvait maintenant à Lublin » (Voy. E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, Les chambres à gaz, secret d’État [éd. de Minuit, 1984], p. 166). De son côté, Raul Hilberg précise : « Le 1er août 1942, Wirth fut nommé inspecteur des trois camps » (voy. R. Hilberg, La destruction des juifs d’Europe). Par conséquent, c’est G. Hering que K. Gerstein aurait dû rencontrer le 18 août 1942 en tant que « véritable commandant » du camp de Belzec, et non pas C. Wirth. Il est surprenant que K. Gerstein n’ait pas mentionné le nom de G. Hering ; d’autant plus qu’il n’a pas manqué dans son « témoignage » de citer les noms de militaires subalternes comme le sous-officier Heckenholt (voy. A. Chelain, op. cit., p. 67) et l’Hauptsturmführer (capitaine) Obermeyer, originaire de Pirmasens (Ibid., p. 65) [Cet Obermeyer n’a d’ailleurs jamais été identifié. La justice allemande inculpa à sa place un certain Oberhauser qui n’était ni capitaine ni originaire de Pirmasens, mais qui avait monté la garde à l’entrée du camp de Belzec. Il écopa d’une peine de prison assez légère...] »

Réponse :
Malgré ses prétentions de chercheur, ROQUES ne connaît ni l’histoire d’Aktion Reinhard, ni le parcours de Christian Wirth – et compte sur une même ignorance chez ses lecteurs :

• Gerstein a effectivement été chargé d’une mission : amener le cyanure à Belzec et vérifier la faisabilité d’un changement de système de mise à mort. Il « n’a pas rempli sa mission » uniquement dans le sens où le Zyklon B ne fut pas adopté car Christian Wirth « ne tenait pas du tout à » changer de système, et qu’il était la suprême autorité en la matière, tant aux yeux du KdF que de son supérieur hiérarchique (en théorie seulement) Odilo Globocnik.

• Gerstein ne tente pas « de s’en sortir » en disant qu’il n’avait pas « rencontré le véritable commandant du camp, et que celui-ci était arrivé le lendemain et qu’il avait tout arrangé » : Lors de son arrivée à Belzec, Gerstein est reçu – en l’absence de Christian Wirth – par l’Oberscharführer-SS Josef Oberhauser, second de Wirth, et « commandant » en son absence. Gerstein n’assiste à aucun gazage ce jour là. Ce n’est que le lendemain matin (ou pendant la nuit) que Wirth arrive au camp pour superviser l’opération.

• Wirth, qui a des entrées directes au KdF (« le Hauptmann Polizei Wirth, qui avait une grosse influence à Berlin »), a effectivement été nommé Inspecteur des Camps au début août 1942, mais n’est pas pour autant « planqué » dans des bureaux éloignés. Il est à proximité des camps, car il gère également le dépôt de vêtements pillés aux déportés situé sur l’aérodrome désaffecté de Lublin (à 1h de voiture de Belzec), et fait la navette entre les diverses installations. À la date de la visite de Gerstein, il est vrai que le Hauptsturmführer-SS Gottlieb Hering a déjà succédé à Wirth, depuis le 1er août, en tant que Kommandant de Belzec; mais, Henri ROQUES choisit d'ignorer que la mission de Gerstein, qui prévoit une éventuelle transformation du système de gazage créé par Wirth, concerne obligatoirement et directement ce dernier puisqu'il s'agit peut-être d'une totale remise en question de son système au regard du KdF. Il est donc évident que ce fut effectivement Wirth, grand organisateur et gestionnaire des 3 camps d'AR, qui reçut Gerstein. Deuxième élément que ROQUES choisit d'ignorer par rapport à la "non présence" de Hering dans le témoignage de Gerstein : le témoignage de Rudolf Reder. Rescapé de Belzec, Reder déclare: "Il (Hering) était rarement présent dans le camp et ne venait qu’à l’occasion d’évènements particuliers" (REDER, Rudolf. Belzec C.Z.K.H., Cracovie 1946, pp. 59-60).

• Dans son témoignage (écrit 3 ans après les faits), Gerstein semble confondre Oberhauser avec Obermeyer (similitude des noms ?). Comme nous l’avons vu, Josef Oberhauser est le second de Wirth, et non « un certain Oberhauser qui n’était ni capitaine ni originaire de Pirmasens, mais qui avait monté la garde à l’entrée du camp de Belzec » ( !). Quant au Hauptsturmführer-SS Willi Obermeyer, c’est un spécialiste en textiles employé par Wirth au dépôt de vêtements de l’aérodrome désaffecté de Lublin ; preuve encore que Gerstein a bien visité le dépôt, et qu’il a simplement confondu les noms du second de Wirth et de l’expert en textile… Donc, ROQUES ne connaît pas l’histoire de Belzec lui non plus, et ne semble pas avoir fait d’efforts particuliers pour s’instruire.

ROQUES :
« Dans leur ouvrage déjà cité, E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl évoquent la « construction de nouvelles chambres à gaz » en juillet 1942 à Belzec notamment, afin « d’accélérer les processus d’extermination, et donc de donner une plus grande capacité aux chambres à gaz ». A aucun moment, selon eux, il n’aurait été question de changer le mode d’exécution par gaz d’échappement. Ils citent d’ailleurs un « survivant » selon lequel le nouveau bâtiment de mort comprenait « un appentis de deux mètres sur deux où était installé le moteur à gaz ». On en déduit qu’à la fin de juillet 1942, toujours selon l’histoire officielle, Belzec était doté de tout nouveaux locaux homicides qui fonctionnaient au gaz d’échappement. »

« Par conséquent on ne voit pas pourquoi K. Gerstein aurait été envoyé dans ce camp à la mi-août 1942 avec pour mission « de changer [les] chambres à gaz » qui venaient d’être refaites, en substituant au gaz d’échappement utilisé de l’ « acide prussique » [Dans une première version (connue) de ses « confessions », K. Gerstein a prétendu qu’à son arrivée à Lublin, le général Globocnik lui aurait dit : « Votre deuxième devoir : de changer nos chambres à gaz, maintenant fonctionnant avec échappement d’un ancien moteur “Diesel” à une chose plus toxique et plus vite, c’est acide prussique ». C’est totalement absurde [Avant de préciser à K. Gerstein son « deuxième devoir », O. Globocnik lui avait dit prioritairement : « il vous faudra faire la désinfection de très grandes quantités de vêtements ». Il est évident que telle était la vraie mission confiée à K. Gerstein. L’a-t-il remplie ? Il ne nous donne aucune indication à ce sujet, ce qui est pour le moins troublant et ne peut que laisser perplexe tout lecteur de bonne foi ».

Réponse : ROQUES affirme qu’il « ne voit pas pourquoi K. Gerstein aurait été envoyé dans ce camp à la mi-août 1942 avec pour mission « de changer [les] chambres à gaz » qui venaient d’être refaites, en substituant au gaz d’échappement utilisé de l’ « acide prussique ». Il n’y a en fait aucun mystère là-dedans :

• Comme dans tout l’appareillage nazi, il règne au sein d’Aktion Reinhard une violente lutte d’influence. Odilo Globocnik, Chef officiel de l’Aktion n’est préoccupé que par son plan de carrière : tuer le plus de Juifs possible (et ainsi se faire bien voir par Himmler), implémenter le Generalplan Ost, s’enrichir, et accéder à d’autres postes d’importance. Wirth, quant à lui, ne se préoccupe que des aspects techniques et de la bonne conduite des opérations (même s’il souhaite probablement lui aussi accéder à d’autres commandements). Donc Globocnik cherche à accélérer les mises à mort (par le Zyklon B) et, œuvrant contre lui, Wirth tente d’empêcher que « son » système au C02, parfaitement « géré », ne soit modifié. D’ailleurs un message radio, intercepté le 13 juin 1942, par les services secrets Britanniques, entre le service du Gruppenführer Grawitz et Globocnik, en réponse à un message précédent de ce dernier, fait état de ce que Grawitz aurait transmis un message de Globocnik au Service de Santé de la SS à Berlin. À ce qu’il y paraît, Globocnik demandait la création d’un Institut d’Hygiène Waffen-SS à Lublin. (Public Record Office. Kew, Royaume Uni : HW 16/19 /ZIP/GPDD 124, message 36/37, transmis le 13 juin 1942). La date du message correspond de près à la visite de Rolf Günther à Gerstein. Or si elle ne prouve aucunement un lien entre les deux évènements, elle confirme indéniablement les préoccupations de Globocnik quant aux questions d’hygiène dans son fief de Lublin, et ceci deux mois avant la visite de Gerstein.

• Tant les recherches les plus pointues que les documents SS eux-mêmes prouvent que les convois de déportés vers Belzec (ainsi que les gazages) furent momentanément interrompus au mois de mai 1942 afin de procéder aux transformations prévues. Le camp fut divisé en deux sections distinctes et, en juillet, les anciennes chambres à gaz en bois remplacées par une nouvelle structure en brique et béton, plus grande et plus fonctionnelle. Un renfort de personnel T4 fut acheminé vers le camp, et ce n’est que le 15 juillet que Belzec reprit son activité d’extermination. C’est à partir du 1er Août 1942 que l’extermination des Juifs Européens et du district de Lublin est nettement accélérée. Gerstein dit la vérité, puisque le délai de deux mois qu’il respecte entre la commande de Günther, en juin, et la mission à Lublin, mi-août, correspond à la période d’inactivité de Belzec. Gerstein n’en fait d’ailleurs aucun mystère puisqu’il déclare au juge avoir été chargé de transporter sa cargaison ultérieurement.

• ROQUES nous explique que la « vraie mission de Gerstein était de désinfecter de très grandes quantités de vêtements » et pose la question : « l’a-t-il remplie ? ». La réponse est dans le témoignage en Allemand de Gerstein – justement celui que ROQUES trouve suspect : « Je m’enquis ensuite auprès des compagnies les plus efficaces de la possibilité de désinfecter une telle quantité de textiles – qui consistait d’un stock accumulé d’approximativement 40 millions kgs = 60 trains de marchandises remplis – dans les blanchisseries existantes et les installations de désinfection. Toutefois il était impossible de placer des commandes aussi importantes. Je profitais de ces négociations pour faire savoir de façon habile ou au moins à suggérer, la réalité du meurtre des Juifs. À la fin, Globocnik se contenta de ce que tout fut saupoudré d’un peu de Detenoline de sorte à au moins sentir de désinfection » (KG-All). Il paraît donc probable, et logique, que Globocnik ait emmené Gerstein aux dépôts du Bekleidungswerke puisque c’est là qu’étaient entreposés les vêtements en question. Ce qui saute aux yeux c’est qu’il n’est nulle part question de cyanure (ou de Zyklon B) ; en professionnel, Gerstein tente de rationaliser la désinfection de quantités colossales de textiles par des moyens plausibles et fonctionnels, c’est-à-dire industriels. Il s’adresse auprès des compagnies de désinfection de Lublin, même s’il s’avère que par la suite ces dernières ne peuvent assumer la tâche et que Globocnik doive se résoudre à un artifice. La livraison de Zyklon B n’a, par contre, d’autre but que celui d’extermination expérimentale. Elle a été envisagée conjointement à la mission de désinfection de vêtements, dans le dessein non avoué, mais bien réel, d’améliorer la technique de mise à mort ; contribuant ainsi à une amélioration globale du fonctionnement technique d’Aktion Reinhard.

ROQUES :
« Gerstein nous dit encore, dans chacune des versions de son récit, que 700 à 800 personnes étaient entassées debout dans une pièce [une des chambres à gaz] de 25 m2. Une simple division permet de s'interroger sur la possibilité d'entasser 30 personnes environ sur 1 m2 ».

Réponse : RIDICULE et IGNORANT DE LA NATURE HUMAINE. Pour répondre, je m’inspire des excellentes observations de Pierre Bridonneau, qui avait également réagit à cette « question » :

• L'homme ne peut porter de témoignage absolument sûr que sur son expérience subjective présente, par exemple: « j'ai mal aux dents ». Déjà des jugements qui portent sur une expérience personnelle passée (après l'accident, j'ai souffert pendant six mois de violents maux de tête) peuvent être faux (les souffrances peuvent être apparues déjà avant l'accident, mais on a pu alors ne pas y prendre garde).

• Quant aux descriptions, les erreurs sont nombreuses, du fait des lacunes de mémoire, ou même des lacunes dans la perception et dans son élaboration (on comble les lacunes à partir de fragments personnels). Les estimations d'un témoin [...] concernant les distances dans l'espace, dans le temps ou le nombre de personnes, sont en général sujettes à caution. Ainsi des expériences ont été faites avec des élèves adultes gendarmes sur la longueur d'une caserne qui mesurait 64 pas. Les réponses allaient de 15 à 213 pas.

• Cela correspond précisément à certaines « invraisemblances » et « étrangetés » que ROQUES croit relever dans les « confessions » de Gerstein, les données numériques dont Allard parle pendant la soutenance: « Vous garderez le mérite d'avoir souligné [...] les incohérences multiples du témoignage de Gerstein, ce rappel aux évidences notamment en ce qui concerne les indications numériques [...] ».

• Kurt Gerstein [...] a visité, en août, les camps d'extermination de Belzec et de Treblinka. Il a assisté à l'arrivée d'un train de déportés juifs à Belzec et a été témoin de leur extermination par l'oxyde de carbone. Il en fait confidence à un diplomate suédois. Son témoignage a été confirmé par le professeur nazi Pfannenstiel [...]. Mais Gerstein a déclaré que dans la chambre à gaz de Belzec 700 à 800 personnes s'entassaient sur 25 mètres carrés. Témoignage refusé. Il aurait dû se munir de son mètre pliant et faire défiler les Juifs un par un pour les compter.

• Autrement dit, la critique du témoignage aurait imposé de constater: premièrement, que Gerstein avait estimé à vingt-cinq mètres carrés, sans possibilité de la mesurer, la superficie d'une chambre (Kammer) où les SS poussaient sans ménagement des hommes, des femmes et des enfants; deuxièmement, que Gerstein avait évalué, sans possibilité de les compter, ces Juifs que l'on empilait à coups de cravache dans la chambre, à sept cents ou huit cents (essayez donc de compter un troupeau de plusieurs centaines de têtes qui défilent devant vous); troisièmement, que cette estimation et cette évaluation avaient été effectuées dans les conditions d'émotion bien légitime; quatrièmement, que Gerstein fournissait un rapport écrit de ces événements -- qui s'étaient déroulés en août 1942 -- seulement en avril 1945.

• Or que fait ROQUES, à l'instar de Faurisson, son gourou ? Il prend en considération les données numériques fournies par Gerstein, sans tenir compte de la marge d'erreur que la vraie critique du témoignage imposerait, pour faire porter la critique, au second degré, sur le caractère invraisemblable de la scène présentée.


ROQUES :
« Cet étrange officier S.S. qui ne manquait pas d'imagination a vu des tas de chaussures ou de linge qui atteignaient 35 à 40mètres de hauteur, soit l'équivalent de 10 à 12 étages. N'a-t-il pas eu conscience de l'absurdité d'une telle affirmation? Comment aurait-on pu accéder à de telles hauteurs pour placer ces chaussures? Ces monticules, en outre, auraient été repérables de très loin, alors que Gerstein nous dit que l'extermination dans les camps devait se dérouler dans le plus grand secret ».

Réponse : Mis à part le fait que ROQUES semble ignorer que des chaussures peuvent se lancer, pas de commentaires. Même réponse qu’à la question précédente…

Et, pour conclure, le « cheval de bataille » de Monsieur Henri ROQUES pour discréditer le Témoignage Gerstein, et donc « prouver » que les chambres à gaz de Belzec n’ont jamais existées, est le suivant (les remarques entre crochets sont miennes) :

Dans son rapport, écrit dans un français hésitant, Kurt Gerstein nous dit :

« Avant [devant] nous une maison comme institut de bains, à droite et à gauche grand pot de béton avec géranium ou autres fleurs. Après avoir monté un petit escalier, à droite et à gauche, trois et trois chambres [donc 6 chambres] comme des garages, 4x5 mètres, 1,90 mètre d’altitude » (KG-Fr).

Or, lors de son procès à Munich en 1963, l’ex Unterscharführer-SS Karl Schluh, qui servit à Belzec de juin 1942 à juillet 1943, préposé au « boyau » menant les victimes aux chambres (et qui les vit donc tous les jours pendant plus d’1 an), affirme : « Elles mesuraient environ 4x8 mètres chacune »

En un premier temps, sautant sur l’occasion, Henri ROQUES ironise en déclarant d’un air goguenard que pour un ingénieur « Gerstein n’a pas le compas d’en l’œil ». Est-ce là sont argumentation ? Écrivant de mémoire, 3 ans après les faits, Gerstein se trompe de 2 mètres sur la longueur des chambres… La belle affaire ! Est-ce suffisant pour mettre en doute son rapport – et donc l’existence des chambres à gaz ? Probablement conscient de sa propre inconséquence, ROQUES tente alors d’élaborer :

Roques :
« Gerstein donne les dimensions des prétendues chambres à gaz : environ 25 m2 pour un cubage de 45 m3. Il prétend que l'on y entassait 700 à 800 personnes, soit à peu près 30 personnes pour 1 m2. Est-ce croyable ? »

Gerstein : (Rapport en allemand datant des 4 et 6 mai 1945 ; même période que les rapports en français, mais « suspect » pour ROQUES) :

« Les chambres se remplissent. « Bien entasser !», c'est ce qu'a ordonné le capitaine Wirth. Les gens se marchent sur les pieds, 700 à 800 personnes sur 25 mètres carrés dans 45 mètres cubes. Je fais une estimation: poids moyen, tout au plus 35 kg, plus de la moitié sont des enfants, poids spécifique 1, donc 25.250 kg d'êtres humains par chambre. Wirth a raison, si la SS pousse un peu, on peut faire entrer 750 personnes dans 45 mètres cubes! - et les SS y poussent, avec leurs cravaches et les contraignent à entrer, autant que cela est possible physiquement. Les portes se ferment. »

Je vous laisse seuls juges… et j’arrête là. Ce n’est pas que je crains les autres questions – je suis prêt (archi-prêt) à affronter qui que ce soit souhaitant me les soumettre ; et même à admettre mon ignorance pour celles que je ne puis expliquer en toute transparence – mais je pense que vous devez tous commencer à saturer. Quoi qu’il en soit, si mon article a aidé un tant soit peu à vous permettre de vous forger une petite idée de la médiocrité et du dilettantisme d’Henri ROQUES, et des idées qu’il défend, mon but aura été atteint.

Merci de votre patience et de votre attention.

Eddy


Sources :

- Rapport Gerstein ; dactylographié, rédigé en allemand et daté du 6 mai 1945. Original de treize pages conservé aux National Archives de Washington (NARA).

- Rapport Gerstein ; dactylographié, rédigé en français et daté du 26 Avril 1945 à Rottweil.

- Interrogatoire de Kurt Gerstein. 19 juillet 1945 – 2e Tribunal Militaire. Paris

- Déposition de Wilhelm Pfannenstiel – Tribunal de Darmstadt, 6 juin 1950

- Déposition Max Runhof – Wiesbaden, 1961 – cité par Poprzeczny op.cit.

- Correspondance de Michael Tregenza à Eddy Marz

- Interrogatoire d’Adolf Eichmann ; Archives de la Police Israélienne – cité par Pierre Joffroy : Eichmann par Eichmann (Paris, 1970).

- Procès Belzec – Oberhauser – Cité par Y. ARAD op. cit.

- Roques, Henri Les « confessions » de Kurt Gerstein. Étude comparative des différentes versions » (Édition Critique.) 1985.

- Roques, Henri. Quand Alain Decaux raconte l'histoire du SS Kurt Gerstein – Éditions Vincent Reynouard (1998)

- Déposition de Stefan Kirsz, conducteur de locomotive Polonais ayant convoyé plusieurs transports de déportés à Belzec. Procès Belzec – Oberhauser – cité par Y. ARAD op. cit.

- Arad, Yitzhak. Belzec, Sobibor, Treblinka ; The Operation Reinhard Death Camps – Indiana University Press, 1987.

- Brayard, Florent. Comment l’idée vint à M. Rassinier ; naissance du révisionnisme – Fayard, 1996.

- Friedländer, Saul. Kurt Gerstein ou l’ambiguïté du bien – Casterman, Tournai, 1967
- Joffroy, Pierre. L’Espion de Dieu ; la passion de Kurt Gerstein (ré-édition) – Seghers, Paris, 1992.

- Poprzeczny, Joseph. Odilo Globocnik ; Hitler’s man in the East – Mc Farland & Co., 2004

- O’Neil, Robin. Belzec : Prototype for the Final Solution ; Hitler's answer to the Jewish Question – E-book : www.jewishgen.org/belzec1/belzec.html

- Quecke, Kurt « Die Geschichte der Medizinischen Fakultät der Universität Marburg » dans « Das Gesundheitswesen in Hessen » Trautheim 1962


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Message  Phil642 2/6/2010, 13:10

As usual dear old fellow pouce

Il est important pour un responsable d'unité d'apprécier la qualité du prisonnier capturé, si celui-ci à tant à dire, il est de la plus haute importance de le garder en vie, quitte à l'observer 24/24, il est important de lui donner toute l'écoute nécessaire en tant que témoin. Il n'y arien de plus précieux dans un procès qu'un témoin à charge.

Les nombreuses interventions de Gerstein vers l'extérieur et ses troubles face à l'horreur plaident en sa faveur, c'est l'importance à lui apporter du crédit immédiatement qui a manqué.

Quant à roques ... tout est dit!
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Message  eddy marz 2/6/2010, 13:13

Thanks Phil clin doeil gri
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Message  sukhoi 2/6/2010, 13:37

Excellent article eddy marz, vraiment impressionnant comme qualité de recherche.

Sinon j'aurai juste une petite question sur le parcours de Gerstein: comment se fait t'il qu'une personne connut pour ses activités "subversive", emprisonnée a de multiple reprise pour activité potentiellement dangereuse pour l'état et qui ne réussit pas a se faire engager dans l'armée régulière puisse intégrer un "corps d'élite" sans que cela n'éveille la méfiance d'un quelconque service de surveillance politique, ou tout du moins judiciaires? La ss était elle a ce point en manque d'effectif?

Je me permets d'insister sur cette question car je craint que ce ne soit un point sur lequel des négationniste puisse s'appuyer pour soutenir le thèse de l'incohérence du parcours de Gerstein.

Sinon merci encore pour ces articles.

sukhoi
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Message  eddy marz 2/6/2010, 15:15

sukhoi a écrit:Sinon j'aurai juste une petite question sur le parcours de Gerstein: comment se fait t'il qu'une personne connut pour ses activités "subversive", emprisonnée a de multiple reprise pour activité potentiellement dangereuse pour l'état et qui ne réussit pas a se faire engager dans l'armée régulière puisse intégrer un "corps d'élite" sans que cela n'éveille la méfiance d'un quelconque service de surveillance politique, ou tout du moins judiciaires? La ss était elle a ce point en manque d'effectif?

Je me permets d'insister sur cette question car je craint que ce ne soit un point sur lequel des négationniste puisse s'appuyer pour soutenir le thèse de l'incohérence du parcours de Gerstein.

Sinon merci encore pour ces articles.

Salut Sukhoi ;

Tu as raison de poser la question et la réponse est, somme toute, assez simple :

• Primo, le père de Kurt Gerstein (Ludwig Gerstein) était juge d’instruction, et membre du NSDAP. Les enquêtes que je mène me poussent à croire que Walter Schellenberg (futur chef du SD Ausland – Amt VI), avocat à l’époque, faisait partie de ses relations, probablement parmi d’autres. Tout ça pour dire que la famille Gerstein était, disons, plutôt bien « connectée ». En plus, ses trois autres frères sont également membres du NSDAP.

• Pour le NSDAP, Kurt Gerstein est un « opposant » mais uniquement du point de vue idéologique, comme la plupart des membres de l’Église Confessante. Pour eux, il fait partie du problème religieux ; mais il est Allemand, « aryen », membre du Parti lui aussi, on veut donc bien lui faire peur (l’arrêter, le menacer, l’interdire de parole, l’interdire de travailler pour l’État), afin de le « remettre dans le droit chemin ».

• Ses contacts avec le groupe pro-monarchique de Reinhold Wulle sont, par contre, vus d’un mauvais œil, et il est donc incarcéré à Welzheim (6 semaines) en attendant son instruction, qui se solde par un non-lieu et une libération (absence de preuves concrètes, relations du père, bienveillance d’Ernst Zerrer de la Gestapo qui – ayant lu ses brochures sur la pureté de la jeunesse – est convaincu de son innocence, et fait tout ce qu’il peut pour le faire libérer).

• Miracle de l’administration, lorsque Gerstein s’engage à la SS, son dossier n’a pas encore été transféré aux autorités compétentes. Il ne le sera que plus tard, lorsque Gerstein a déjà été enrôlé à l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS, où il jouit d’une excellente réputation de professionnel, et de l’estime de son chef, le Standartenführer-SS/Doktor Joachim Mrugowsky. Mrugowsky considère Gerstein un véritable « petit génie » et le tient pour indispensable au sein de son service d’hygiène et d’épuration de l’eau. La Waffen-SS, toujours en quête de « spécialistes » pour conserver son identité d’élite et ainsi surpasser la Wehrmacht, est également réfractaire à l’influence du NSDAP. Le dossier avec les antécédents de Gerstein sera bien transmis à Mrugowsky, mais ce dernier l’ignorera complètement et couvrira Gerstein de bout en bout, dans le seul espoir de le garder dans « son » service.

Négationnisme: la "Thèse" d'Henri Roques Mrugow10
Joachim MRUGOWSKY (USHMM)

• Anecdote/exemple 1 : Lors de l’enterrement d’un de ses frères, Gerstein assiste aux funérailles en uniforme. Un juge NSDAP le remarque et fait immédiatement parvenir un rapport à l’Institut, stipulant que Gerstein est toujours congédié du Parti – le rapport restera lettre morte.

• Anecdote/exemple 2 : Gerstein, qui a horreur des armes, porte une brosse à cheveux dans son étui de service (à la place du Walther PPK de rigueur) ; Mrugowsky en rit, tout comme le reste du service.

• Anecdote/exemple 3 : Dans son bureau de l’Institut, pendent les deux portraits réglementaires d’Hitler et d’Himmler… Gerstein les retourne, face contre le mur, et colle des paysages au verso… Aucune réaction. L’Institut apprécie Gerstein humainement (bon camarade) et professionnellement, et accepte « l’excentrique plutôt sympathique » qu’il est.

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Message  Phil642 2/6/2010, 15:30

C'est bien l'image du personnage nuancé par la ss.

Quand on pense que d'autres chefs nazis ont protégés des personnages qui eux étaient tout à fait infâmes même aux yeux du droit commun, les crimes de pensées de Gerstein font figure de "futiles" à côté de ça.
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Message  sukhoi 2/6/2010, 15:48

Merci eddy me voila éclairci.

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Message  le ronin 2/6/2010, 16:19

Bonjour. Extrêmement instructif, et quel "boulot", merci Eddy pour ces éclaircissements, tu es vraiment doué .


Très amicalement .



Le ronin. pouce
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Message  eddy marz 2/6/2010, 17:33

Merci Ronin
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Message  naze 2/6/2010, 21:49

Eddy ca m'interesse ce sujet mais trop longs l'article pas le temps de le lire x)

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Message  Phil642 2/6/2010, 22:26

Dommage Padawan, il te faudrait pourtant le prendre ce temps.

Chaque mot devrait entrer dans ta caboche et si tu ne le comprends pas être soumis à ton dictionnaire et chaque phrase difficile être source d'nterrogations auxquelles nous nous aurions le plaisir de répondre afin de t'aider à comprendre.

Mais j'entends que tu n'as pas le temps.

Dommage spamafote
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Message  Kalendeer 2/6/2010, 22:30

Un post très intéressant ^^
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Message  supertomate 2/6/2010, 23:58

pas le temps de tout lire
Imagine pour l'écrire.

Bravo et merci.
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Message  Calendos I 3/6/2010, 14:56

supertomate a écrit:
pas le temps de tout lire
Imagine pour l'écrire.

Bravo et merci.

+ 1 Négationnisme: la "Thèse" d'Henri Roques Ide_gri
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Message  Jules 3/6/2010, 16:43

Superbe Monsieur "Eddy" comme d'hab'. Très bien documenté.
Je suis frappé par la "trop faible" argumentation de Roques. Je me doute bien que sa "thèse" ne peut-être résumée ici mais tout ce dont il parle sent l'approximation. En gros, là où il y a un doute, Henri Roques ne cherche pas comme un historien devrait le faire, il se sert de ces incertitudes pour se frayer un chemin vers ses opinions personnelles. Si "ça" c'est soutenir une thèse, alors tout enfant à l'âge de 13 ans peut en soutenir une. Pas besoin d'être sorti de "sciences-po" pour se douter qu'il y a un "hic".

Sans entrer dans les détails, tu cites dans tes sources une correspondance avec Michael Tregenza. Je crois que c'est un spécialiste de Wirth. Il t'as parlé de Roques ou c'était juste pour ton argumentation ?

Merci. Négationnisme: la "Thèse" d'Henri Roques Clin_doi
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Message  eddy marz 3/6/2010, 17:36

Jules a écrit:Superbe Monsieur "Eddy" comme d'hab'. Très bien documenté.
Je suis frappé par la "trop faible" argumentation de Roques. Je me doute bien que sa "thèse" ne peut-être résumée ici mais tout ce dont il parle sent l'approximation. En gros, là où il y a un doute, Henri Roques ne cherche pas comme un historien devrait le faire, il se sert de ces incertitudes pour se frayer un chemin vers ses opinions personnelles. Si "ça" c'est soutenir une thèse, alors tout enfant à l'âge de 13 ans peut en soutenir une. Pas besoin d'être sorti de "sciences-po" pour se douter qu'il y a un "hic".

Sans entrer dans les détails, tu cites dans tes sources une correspondance avec Michael Tregenza. Je crois que c'est un spécialiste de Wirth. Il t'as parlé de Roques ou c'était juste pour ton argumentation ?

Merci. Négationnisme: la "Thèse" d'Henri Roques Clin_doi

Salut Jules;
Non, j'étais en contact avec Tregenza il y a 4 ans à peu près, lorsque je recherchais de solides infos sur Wirth, et sur l'administration SS de Lublin et d'Aktion Reinhard. Je pense qu'il se fout complètement de ROQUES.

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Message  eddy marz 3/6/2010, 17:50

Salut tout le monde ;
Je constate avec amusement, mais sans surprise (compte tenu de l’évidente présence de fouines sur notre forum), que les réactions à mon article n’ont pas trainées

Comme je le prévoyais également – malgré les adjurations de leurs admins : « qu'allez-vous répondre sur sa contribution ? et surtout des sources » – les savants du forum en question ne me proposent aucune recherche personnelle, aucune source récente, aucun développement analytique personnel – bref, aucun argument du tout. Ils ne font que citer quelques jugements liés à des affaires judiciaires opposant leurs maîtres à penser à d’autres chercheurs ou témoins, et pratiquement toujours concernant leur droit d’affirmer « A-t-on le droit de nier l’existence des chambres à gaz », plutôt que le « débat » sur l’existence même des chambres à gaz.

Comme je le précisais dans le préambule, mon article ne s’attache qu’à Henri ROQUES et à sa « critique » du témoignage de Kurt Gerstein. Comme je l’ai, je pense, démontré par quelques points choisis (mais je pourrais continuer ad libitum), les conclusions de ROQUES sont erronées, partiales, incomplètes, souvent mensongères, et de toutes façon très superficiellement recherchées. Comment pouvons-nous donc nous fier au reste ?

M. ROQUES nous parle de Belzec (donc de l’Aktion Reinhard), de Gerstein (un membre de la Waffen-SS), de Christian Wirth, des officiers et sous-officiers Waffen-SS et Polizei ayant fréquenté de près le personnage central de sa "thèse" lors de cet épisode dramatique, mais n’est même pas capable de différencier un personnage d’un autre ; une lacune grave lorsqu’on mène une enquête et que l’on porte des accusations aussi sérieuses… Un petit exemple pour rire, tiré de l’article, justement – il nous donne la profondeur exacte des recherches de M. ROQUES :

ROQUES :
« […] d’autant plus qu’il n’a pas manqué dans son « témoignage » de citer les noms de militaires subalternes comme […] l’Hauptsturmführer (capitaine) Obermeyer, originaire de Pirmasens [Cet Obermeyer] n’a d’ailleurs jamais été identifié. La justice allemande inculpa à sa place un certain Oberhauser qui n’était ni capitaine ni originaire de Pirmasens, mais qui avait monté la garde à l’entrée du camp de Belzec ».

Réponse : Je suppose que ROQUES base son affirmation sur cette photo très connue :

Négationnisme: la "Thèse" d'Henri Roques P1810

Nous y voyons, de gauche à droite : l’Oberscharführer-SS Josef Oberhauser (adjoint de Wirth), l’Oberscharführer-SS Fritz Jirmann (responsable de auxiliaires Ukrainiens), et le célèbre Kurt Frantz (qui sévira plus tard à Treblinka), tous les trois posant au soleil devant la poterne basse de Belzec - donc trois sergents-majors lors d’un moment de détente (Jirmann, au centre, a ses mains sur les épaules des deux autres)… À part l'auxiliaire Ukrainien dans le fond à gauche, vous voyez quelqu’un d'autre en train de monter la garde ? mort de rir gri. Et puis ROQUES devrait savoir qui est Oberhauser, non ? Puisque ce dernier avait tout confirmé lors de son procès (y compris les chambres à gaz)

Mais, au cours de son formidable travail de recherche, M. ROQUES n’a, de toute évidence, jamais consulté le Zentrale Stelle der Landesjustizverwaltungen, l’Office Central d’Administration Judiciaire de Ludwigsburg qui contient la totalité des renseignements, documents, affectations, avis de décès, grades, curriculums, casiers judiciaires etc. de la SS, Waffen-SS, et autres organismes officiels nazis (http://www.zentrale-stelle.de/servlet/PB/menu/1193201/index.html). Il est vrai que s’il y avait été il aurait rencontré l’ensemble des chercheurs universitaires internationaux écrivant sur le sujet, et se serait sans doute senti en eaux trop profondes. Il aurait pu pourtant, puisqu’il est allé en Allemagne pour – sous de fallacieux prétextes documentaires – harceler Elfriede Gerstein, veuve de Kurt Gerstein, dans l’espoir de déceler une faille qui prouverait la folie de son mari (ah, ça il ne l’a pas dit à tout le monde !).

Donc comme je disais, j’ai posté un article sur Gerstein et ROQUES, proposant de façon argumentative une alternative à la « thèse » de dernier. Or, que me propose-t-on en guise d’argumentation :

Pour ceux qui travaillent sur pièces, documents, minutes de procès, l'affaire/K.Gerstein est un bobard démontré par tous les historiens !il n'y a que ton béta pour nous sortir de telles sornettes

Réponse : Oui, moi je travaille sur pièces, documents, minutes de procès… J’attends toujours vos preuves, citations, extraits, et bien entendu… sources.
et
Des hommes comme Paul Rassinier ont eu raison bien avant les historiens officiels sur l'absence de chambre à gaz dans une série de camps sur la non-valeur des prétendus témoignages de Gestein ou de Nyiszli sur les formidables exagérations de chiffres

Réponse : Ah bon ? Rassinier n’a rien prouvé du tout ; il a simplement provoqué une immense polémique (fortement appuyée par tous les aigris de Vichy, anti-bourgeois antisémites de l’ultra-gauche, et les crânes rasés qui se prennent pour la SA). Et en plus il n’est pas du tout renseigné historiquement, tout comme son apôtre ROQUES. À titre d’exemple, je cite un extrait de son œuvre, « Le véritable procès Eichmann ou les vainqueurs incorrigibles » (aux Éditions Les Sept Couleurs – 1962) :

Rassinier : « En arrivant à Belzec le 18 août, M. Kurt Gerstein a commencé par visiter le camp sous la conduite d’une personne que Globocnick met à sa disposition. M. Poliakov n’a pas pu lire le nom de cette personne. Mais, en s’appliquant un peu, il a cru déceler « Wirth » : plus heureux que lui, M. Schoenberner a pu lire clairement « SS. Hauptsturmführer Obermeyer de Pirmasens », le malheur étant seulement que, quand il parle du SS. Wirth, qui est une autre personne que celle dont parle M. Poliakov, il lui colle le grade de « Hauptmann » qui... n’a jamais existé dans la S.S. !... »

Réponse :
S’il avait fait ses devoirs d’Historien, Rassinier (qui, notons au passage, fait la même erreur que ROQUES – qui le copie – au sujet de Josef Oberhauser), saurait que :

• Le « SS Wirth » (il ne sait visiblement pas qui est ce personnage extrêmement important de l’Aktion Reinhard, le l’Aktion T4, et de l’OZAK), est un Polizei Hauptmann (Commissaire de brigade criminelle de Stuttgart).

• Il devrait savoir aussi qu’Himmler, en 1942, ordonna à tous les éléments de Polizei servant dans l’Aktion Reinhard d’arborer un grade et un uniforme Waffen-SS. Tous les témoins (SS ou non, y compris Eichmann qui visita Lublin avant Gerstein) s’accordent pour dire que Wirth revêtait- à sa guise – son uniforme de Hauptmann (capitaine) de Polizei ou de Hauptsturmführer-SS (capitaine), dépendant des occasions. Gerstein est donc parfaitement plausible lorsqu’il dit que le Wirth qu’il rencontra était un « Hauptmann de Police » (mais Rassinier n’a pas été à Ludwigsburg non plus apparemment)

Le détail de l’uniforme de Wirth, qui ne prend son importance qu’en raison de la vérification des dires de Gerstein, n’a donc pas été élucidé par Rassinier, mais il s’obstine quand même à en parler (et à dénigrer) comme s’il savait… mais il ne sait pas. Et c’est comme ça dans toute sa besogne de dilettante ; il construit son édifice, brique par brique, cimentant le tout avec son ignorance, sa fainéantise de chercheur, et le mensonge.

Pour finir, on m’assène Michel de Boüard professeur de paléographie, et professeur d’Histoire de l’université de Caen en 1940. Boüard était résistant et communiste mais, en 1985, rejoint l’avis d’Henri ROQUES sur la non-existence des chambres à gaz (mais uniquement celles de Mauthausen). Et alors ? On essaierait de me dire que parce que un professeur d’Histoire, Résistant et universitaire, nie les chambres à gaz et se rallie à ROQUES, qu’elles n’ont pas existé ? N’oublions pas que ce sont des universitaires français pro-nazis qui tentèrent de faire passer à M. ROQUE son doctorat…

Si ce sont là vos arguments, vous pouvez retourner au tas de sable... Sans rancune.

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Message  sukhoi 3/6/2010, 18:29

Personnellement je ne voit dans leur torchon qu'une sorte de rappel de divers compte rendus de ce qu'ils considèrent être des faits d'armes glorieux mais qui ne sont ni plus ni moins que des procès. Pas de quoi faire le fiérot en somme. Conformément a leurs habitudes ils éludent les questions et répondent par d'autres attaques de mauvaise foi. Stratégie usé jusqu'à la corde et qui devient vraiment lassante.

J'ai juste une requête auprès de jo la fouine:la prochaine fois que tu cites une liste de "bêta" du fofo vert bon pour le barbac tu pourra me rajouter stp?

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Message  Psychopompos 3/6/2010, 19:41

Eddy, c'était très intéressant et très instructif. oui gri
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Message  eddy marz 3/6/2010, 20:09

Merci Psychopompos - il faut savoir ce que ces gens font et comment ils le font - ils comptent sur l'ignorance; c'est pour cela qu'il faut s'instruire.

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Message  eddy marz 4/6/2010, 11:05

Bonjour à tous;

Désolé de vous bassiner avec ça... Libération-44 nous pond ceci aujourd'hui :


A la lecture de son "témoignage" que plus un seul historien ne prend en référence,
le bonhomme parle d'ignorance ! l'hôpital qui se fiche de la charité....
son avatar va très bien avec ses délires.

Fières paroles. Ils sont capables d'ironiser, d'injurier... mais incapables d'argumenter ou de citer des sources. Ils n'en n'ont à priori pas puisque 80% des ouvrages internationaux sur la Solution Finale mentionnent et prennent en compte d'une manière ou d'une autre le témoignage Gerstein.

Ne peuvent-ils faire mieux ?
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Message  Phil642 4/6/2010, 11:41

La bave des crapeaux n'atteind pas la blancheur des étoiles! spamafote
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Message  Narduccio 4/6/2010, 11:41

eddy marz a écrit:Ne peuvent-ils faire mieux ?

Pas grand chose. Ils sont enfermés dans leur logique. 100% des historiens étant contre leur cause, ils ne les lisent pas. Du coup, ils sont enfermés dans un cadre conceptuel assez étroit. Nous on lit des choses diverses, ça nous fait réagir, nos avis changent et ça participe à l'élaboration de notre sens critique. Eux sont enfermés dans leur rhétorique.

De plus, la plupart des "historiens" négationnistes sont des hommes de lettres, mais pas des historiens. Ils ne savent pas travailler avec des sources et en extraire la substantifique moelle. En fait, ils doivent plutôt cacher les sources parce qu'ils savent qu'elles les contredisent. TOut ce qu'il peuvent faire, c'est un travail de sur-interprétation en cherchant des failles entre divers argumentaires.

Et il semble que leurs mentors préfèrent parader dans des salons plutôt que devant des ordis, quand aux suiveurs, il ne semble pas qu'il y en ai beaucoup de ta classe capables de te porter une opposition construite et coordonnée.

Ce qui est choquant, c'est qu'avec la pauvreté de leur discours qu'ils arrivent à embrigader des suiveurs.

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Message  eddy marz 4/6/2010, 17:27

Narduccio a écrit:Ce qui est choquant, c'est qu'avec la pauvreté de leur discours qu'ils arrivent à embrigader des suiveurs.

Ces suiveurs se laissent embrigader non pas parce qu'ils croient réellement à la non existence des CàG, mais pour d'autres motifs, dont le plus évident est l'antisémitisme primaire. En refusant d'admettre la vérité historique, ils "contraignent" certains Juifs ou mouvements Juifs (qui bien entendu se sentent "obligés" de répondre) à se justifier perpétuellement. C'est uniquement de la politique d'agitateur; ils seront rapidement dépassés.
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