Les mutins anglais de Salerne !
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Les mutins anglais de Salerne !
Un épisode dont j'ai rarement entendu parler, les mutins de Salerne. Des hommes de la 51 st Highland Division et de la 50 th Northumbrian Division, dont une majorité de vétérans de la campagne d'Afrique du Nord, qui embarquant de Tripoli pour rejoindre leur unité, en Sicile, en septembre 43, furent mis au courant, dans le bateau de transport, qu'ils rejoindraient, en fait, la 46 th Infantry Division qui faisait partie de l'Opération Avalanche, relatif au débarquement allié à Salerne. En fait, le débarquement se passant pas aussi bien que prévu, les alliés avaient besoin de renforts immédiat, d'où, le changement de programme pour ces hommes. Apparemment, 192 soldats refusèrent le changement d'unité, et furent accusés de mutinerie, arrêtés, ils passèrent en cour martiale, en Algérie, à Constantine, où 3 sergents furent condamnés à mort et les autres à des peines de prison.
http://en.wikipedia.org/wiki/Salerno_Mutiny
Apparemment et selon le témoignage d'un petit-fils de mutin, l'Adjudant-Général, Sir Ronald Adam, fit relâcher les "condamnés", qui furent dispersés dans des unités en Italie. Mais ces hommes, vus comme des mutins, furent, en général, victimes de l'institution militaire, dans leurs nouvelles unités, chargés de missions dangereuses ou de brimades diverses. Leurs pensions de guerre furent amputées et leurs médailles reprises !
http://www.theaker.info/theaker/salerno.htm
Re: Les mutins anglais de Salerne !
Bonjour. Merci Tietie pour l'information.
- Il s'agit là d'un cas aussi unique qu'intéressant puisqu'il concerne l'Armée Britannique qui n'était pas vraiment réputée pour ses mutineries.
En revanche je pense comprendre la réaction de ces soldats britanniques. Après avoir passé toute une partie de la Campagne d'Afrique (bien que la 50th Northumberland a combattu elle aussi dans le Nord de la France en 1940) à combattre dans la même unité, à marcher dans le désert et à affronter les Allemands et les Italiens dans les "tobrouks", ils pouvaient éprouver une certaine rancoeur à se voir verser dans des divisions qu'ils considéraient comme des unités de "bleus" ou de "planqués". Il faut savoir que le pragmatisme du commandement britannique consistait à verser au sein d'unités qui n'avaient jamais combattu, des soldats qui s'étaient "fait la main" dans des combats antérieurs. La vertu de cette gestion des forces était que les divisions pouvaient s'appuyer sur des soldats ou des cadres pourvus d'une certaine expérience des combats. Mais le vice, que l'on retrouvera énormément en Normandie dans une unité comme la 7th Armoured Division, était que la rencontre entre vétérans ou "bleus" pouvait très mal se passer.
D'autre part, pour galvauder quelque peu les propos d'Omer Bartov sur les "groupes primaires", il faut savoir que le recrutement des unités combattantes de l'Armée Britannique n'a pas beaucoup évolué depuis la Grande-Guerre, voire même depuis les XVIIIe-XIXe siècles. Mis à part les unités blindées, techniques ou spécialisées, le recrutement des Regiments, scindés en plusieurs Battalions, se fait au niveau du Comté (Shire). Et plusieurs Shire Regiments formaient une division. C'est ainsi que l'on trouvait des divisions formées à partir de l'Angleterre, de l'Ecosse ou du Pays de Galles. Pendant la Grande-Guerre, on parlait de "Pals" ou "Chums" Battalions, ce que l'on traduit par les "Bataillons de Copains". L'idée était que les soldats combattant ensemble, presque tous issus de la même région, puissent trouver une forte cohésion. Le problème était que cela pouvait poser des problèmes d'ordre démographique au niveau local si l'on observait une trop forte mortalité au sein d'un Battalion.
Ce cas prévaut aussi dans l'Armée du Reich. Dans la Heer, les divisions sont formées aux niveaux des Länder ou au niveau des provinces historiques. On trouve par exemple, des unités de Jäger ou d'Alpenjäger formées presque exclusivement d'Autrichiens, de Bavarois ou de Wurtembergois. Dans les deux cas typiques, on voit bien que les Ecossais de la 51st Highland Division, qui se retrouvaient soudainements versés au sein de la 46th North Middlands Division, pouvaient éprouver un certain désarroi du fait qu'on les "déraçinait" en quelque sorte.
Mais on le voit bien, ceci ne représente qu'une minorité de soldats britanniques et est aucunement représentatif de l'ensemble des forces du Commonwealth.
Cordialement
- Il s'agit là d'un cas aussi unique qu'intéressant puisqu'il concerne l'Armée Britannique qui n'était pas vraiment réputée pour ses mutineries.
En revanche je pense comprendre la réaction de ces soldats britanniques. Après avoir passé toute une partie de la Campagne d'Afrique (bien que la 50th Northumberland a combattu elle aussi dans le Nord de la France en 1940) à combattre dans la même unité, à marcher dans le désert et à affronter les Allemands et les Italiens dans les "tobrouks", ils pouvaient éprouver une certaine rancoeur à se voir verser dans des divisions qu'ils considéraient comme des unités de "bleus" ou de "planqués". Il faut savoir que le pragmatisme du commandement britannique consistait à verser au sein d'unités qui n'avaient jamais combattu, des soldats qui s'étaient "fait la main" dans des combats antérieurs. La vertu de cette gestion des forces était que les divisions pouvaient s'appuyer sur des soldats ou des cadres pourvus d'une certaine expérience des combats. Mais le vice, que l'on retrouvera énormément en Normandie dans une unité comme la 7th Armoured Division, était que la rencontre entre vétérans ou "bleus" pouvait très mal se passer.
D'autre part, pour galvauder quelque peu les propos d'Omer Bartov sur les "groupes primaires", il faut savoir que le recrutement des unités combattantes de l'Armée Britannique n'a pas beaucoup évolué depuis la Grande-Guerre, voire même depuis les XVIIIe-XIXe siècles. Mis à part les unités blindées, techniques ou spécialisées, le recrutement des Regiments, scindés en plusieurs Battalions, se fait au niveau du Comté (Shire). Et plusieurs Shire Regiments formaient une division. C'est ainsi que l'on trouvait des divisions formées à partir de l'Angleterre, de l'Ecosse ou du Pays de Galles. Pendant la Grande-Guerre, on parlait de "Pals" ou "Chums" Battalions, ce que l'on traduit par les "Bataillons de Copains". L'idée était que les soldats combattant ensemble, presque tous issus de la même région, puissent trouver une forte cohésion. Le problème était que cela pouvait poser des problèmes d'ordre démographique au niveau local si l'on observait une trop forte mortalité au sein d'un Battalion.
Ce cas prévaut aussi dans l'Armée du Reich. Dans la Heer, les divisions sont formées aux niveaux des Länder ou au niveau des provinces historiques. On trouve par exemple, des unités de Jäger ou d'Alpenjäger formées presque exclusivement d'Autrichiens, de Bavarois ou de Wurtembergois. Dans les deux cas typiques, on voit bien que les Ecossais de la 51st Highland Division, qui se retrouvaient soudainements versés au sein de la 46th North Middlands Division, pouvaient éprouver un certain désarroi du fait qu'on les "déraçinait" en quelque sorte.
Mais on le voit bien, ceci ne représente qu'une minorité de soldats britanniques et est aucunement représentatif de l'ensemble des forces du Commonwealth.
Cordialement
Dernière édition par Yeoman 35 le 28/6/2010, 16:44, édité 1 fois
Yeoman 35- Membre d'honneur
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Re: Les mutins anglais de Salerne !
Yeoman 35 a écrit:En revanche je pense comprendre la réaction de ces soldats britanniques. Après avoir passé toute une partie de la Campagne d'Afrique (bien que la 50th Northumberland a combattu elle aussi dans le Nord de la France en 1940) à combattre dans la même unité, à marcher dans le désert et à affronter les Allemands et les Italiens dans les "tobrouks", ils pouvaient éprouver une certaine rancoeur à se voir verser dans des divisions qu'ils considéraient comme des unités de "bleus" ou de "planqués". Il faut savoir que le pragmatisme du commandement britannique consistait à verser au sein d'unités qui n'avaient jamais combattu, des soldats qui s'étaient "fait la main" dans des combats antérieurs. La vertu de cette gestion des forces était que les divisions pouvaient s'appuyer sur des soldats ou des cadres pourvus d'une certaine expérience des combats. Mais le vice, que l'on retrouvera énormément en Normandie dans une unité comme la 7th Armoured Division, était que la rencontre entre vétérans ou "bleus" pouvait très mal se passer.
Je pense que l'endroit où on voulait les emmener a aussi eu son importance. L'opération Avalanche n'est pas à franchement parler une réussite, la preuve, à la fin, son commandant coté allié est relevé de ses fonctions. En 11 jours de combats, il a montré ses limites.
D'accord, ce n'est pas un échec comme le débarquement d'Anzio, mais ces hommes pouvaient redouter d'être affectés dans un chaudron mal commandé ou la vie du fantassin de base ne tenait qu'à un fil.
Narduccio- Général (Administrateur)
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Re: Les mutins anglais de Salerne !
- Bien vu Narduccio. J'ai en effet oublié de mentionner cette idée. Beaucoup d'auteurs anglo-saxons ont montré que bon nombre de soldats britanniques qui ont participé à la campagne d'Afrique, éprouvaient une sorte de ras-le-bol d'être expédiés en première ligne. On va retrouver ce même type de cas en Normandie au sein d'unités comme la 7th Armoured Division, qui va compter plus de 100 désertions (un reccord pour l'armée de Sa Majesté !) dans ses rangs pour toute la campagne de juin-août 1944. Là, deux principaux facteurs sont entrés en jeux ; d'une part, le fait qu'on demande aux vétérans de faire une grosse partie du travail au profit des "bleus" et des "planqués" et d'autre part, la forte résistance des Allemands qui ont profité d'un terrain cloisonné qui ne ressemblait guère aux vastes espaces du désert de Libye.
On peut imaginer que pour ceux de Salerne des 50th et 51th Divisions, qui ont participé aux durs combats de Sicile, les sentiments de rancoeurs et de "grève du zèle" ont pu être les mêmes.

On peut imaginer que pour ceux de Salerne des 50th et 51th Divisions, qui ont participé aux durs combats de Sicile, les sentiments de rancoeurs et de "grève du zèle" ont pu être les mêmes.

Yeoman 35- Membre d'honneur
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Date d'inscription : 09/03/2009
Re: Les mutins anglais de Salerne !

Une mutinerie rarement abordée par l'historiographie officielle ...mais il faut dire que ce genre de rebellion, n'est en général guère apprécié par les autorités, et qu'à l'époque, les anglais n'ont pas du propager l'information, mais plutôt l'étouffer !
Re: Les mutins anglais de Salerne !
Si j'ai tout saisi, les 3 sergents condamnés à mort en première instance ont été "graciés" en voyant leur peine commuée en peine de détention, c'est ça ?
Ont-ils récupéré ces pensions et médailles, pendant ou après la guerre, fut-ce à titre posthume ?Leurs pensions de guerre furent amputées et leurs médailles reprises !
Briselance- Général de Division
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Date d'inscription : 05/04/2008

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