Staline, continuateur de Lénine ?
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Staline, continuateur de Lénine ?
La question fait débat, depuis le célèbre XXeme Congrès du PCUS, où Nikita Khrouchtchev avait dénoncé les crimes de Staline et avait donc diabolisé, à jamais, le Petit Père des Peuples.
Le successeur d'Illitch étant devenu "persona non grata", les communistes du monde entier, s'évertuèrent à dissocier les deux hommes, en affirmant que le stalinisme était, fondamentalement différent du léninisme ...Pourtant, tout pousse à croire que Staline s'est inscrit dans le sillon léniniste et qu'il n'a fait que se servir des outils forgés par Illitch !
1°) La conception de Parti.
Formalisé dans Que Faire, en 1903, Lénine théorise un Parti de militants professionnels, centralisé et hiérarchisé, voué à la conquête du pouvoir, passage obligé pour déclencher la révolution socialiste, ce qui le différenciera fondamentalement d'un Plekhanov, intellectuel raffiné qui fut un des fondateurs du Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, en 1898, matrice des mouvements bolcheviks et mencheviks. Rosa Luxembourg stigmatisera cette conception élitiste du Parti, qui débouchera, nécessairement, sur une dictature sur le prolétariat de la part du Parti.
Staline s'inscrira dans cette conception léniniste du Parti, organisation d'élus, dépositaires de la Vérité Historique, seuls capables de guider un prolétariat, incapable de dépasser le stade du trade-unionisme, c'est à dire la seule défense des intérêts corporatistes, vers une conscience de classe.
Le corollaire de cette conception du Parti, sera la purge, nécessaire pour renouveler les effectifs et imposer une tension permanente aux militants, pour attiser leur ardeur révolutionnaire.
"...le parti se renforce en s'épurant ..." sera le credo mis dans la préface de Que Faire !
http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1902/02/19020200a.htm
Lénine n'a certes jamais purgé le Parti, mais il n'en a, peut-être, pas eu le temps ... Staline, lui, ne s'en privera pas, selon l'antienne léniniste !
2°) La conception du pouvoir et de l'Etat..
jusqu'alors, Lénine avait surtout théorisé la prise de pouvoir par un parti, dans son Que faire, en 1903, mais n'avait jamais vraiment précisé sa pensée quant à l'organisation du futur état révolutionnaire. Ce sera chose faite lors de son exil en Finlande, en 1917, avec son livre L'Etat et la Révolution.
http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er00t.htm
Curieux ouvrage, à la limite de l'anarchisme, que cet Etat et la Révolution. La destruction totale de l'Etat bourgeois, sera remplacé par un Etat prolétarien qui prendra la forme de la Commune. Ici, Lénine est astucieux car il réutilise un épisode qui est resté mythique chez les socialistes et qui a longuement été analysé par Marx. L'état prolétarien se distinguera de l'état bourgeois, en ce que le pouvoir policier et militaire, piliers du second, seront gérés par le peuple en armes, qui élira et révoquera ses représentants. Cette idée léniniste est en contradiction avec ses écrits antécédents, qui érigeait le Parti, avant-garde du prolétariat, comme tout-puissant. On peut y voir un écrit de circonstance, adapté au contexte de l'époque, puisque Lénine et les bolcheviks n'ont pas encore le pouvoir, et doivent rallier le maximum de personnes pour y arriver. Aussi, affirmer qu'il remettra tout le pouvoir au peuple ne pouvait lui attirer que les faveurs de ce dernier !
Après le coup d'état manqué de Lénine, en juillet 1917, obligé de s'enfuir en Finlande, Illitch écrit Les illusions constitutionnelles,
http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/vil19170808.htm
dans lequel Lénine stigmatise le gouvernement provisoire pour avoir arrêté quelques dirigeants bolcheviks, dont Trotsky, et reproche à celui-ci de toujours remettre aux calendes grecques la tenue de l'Assemblée Constituante ...accusation savoureuse lorsqu'on sait que les bolcheviks dissoudront cette même assemblée constituante, début janvier 1918. Mais l'autre idée importante dans ce texte d'ailleurs assez confus, c'est l'idée, c'est qu'en période révolutionnaire, la majorité, à la limite, importe peu, ce qui est décisif, c'est qu'il faut vaincre !
Continuons. La révolution se distingue précisément de la situation « normale » des affaires de l'Etat en ce que les questions litigieuses de la vie publique sont tranchées directement par la lutte des classes et par une lutte des masses qui va jusqu'au recours aux armes. Il ne peut en être autrement, puisque les masses sont libres et armées. Il résulte de ce fait essentiel qu'il ne suffit pas, en période révolutionnaire, de connaître la « volonté de la majorité » ; non, il faut être le plus fort, au moment décisif et à l'endroit décisif ; il faut vaincre.
Sous-entendu, c'est ceux qui prendront le pouvoir effectivement, qui auront raison, même au détriment de la majorité du pays. Ici, Lénine renoue avec sa conception du Parti, avant-garde éclairé qui doit guider le prolétariat.
Le successeur d'Illitch étant devenu "persona non grata", les communistes du monde entier, s'évertuèrent à dissocier les deux hommes, en affirmant que le stalinisme était, fondamentalement différent du léninisme ...Pourtant, tout pousse à croire que Staline s'est inscrit dans le sillon léniniste et qu'il n'a fait que se servir des outils forgés par Illitch !
1°) La conception de Parti.
Formalisé dans Que Faire, en 1903, Lénine théorise un Parti de militants professionnels, centralisé et hiérarchisé, voué à la conquête du pouvoir, passage obligé pour déclencher la révolution socialiste, ce qui le différenciera fondamentalement d'un Plekhanov, intellectuel raffiné qui fut un des fondateurs du Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, en 1898, matrice des mouvements bolcheviks et mencheviks. Rosa Luxembourg stigmatisera cette conception élitiste du Parti, qui débouchera, nécessairement, sur une dictature sur le prolétariat de la part du Parti.
Staline s'inscrira dans cette conception léniniste du Parti, organisation d'élus, dépositaires de la Vérité Historique, seuls capables de guider un prolétariat, incapable de dépasser le stade du trade-unionisme, c'est à dire la seule défense des intérêts corporatistes, vers une conscience de classe.
Le corollaire de cette conception du Parti, sera la purge, nécessaire pour renouveler les effectifs et imposer une tension permanente aux militants, pour attiser leur ardeur révolutionnaire.
"...le parti se renforce en s'épurant ..." sera le credo mis dans la préface de Que Faire !
http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1902/02/19020200a.htm
Lénine n'a certes jamais purgé le Parti, mais il n'en a, peut-être, pas eu le temps ... Staline, lui, ne s'en privera pas, selon l'antienne léniniste !
2°) La conception du pouvoir et de l'Etat..
jusqu'alors, Lénine avait surtout théorisé la prise de pouvoir par un parti, dans son Que faire, en 1903, mais n'avait jamais vraiment précisé sa pensée quant à l'organisation du futur état révolutionnaire. Ce sera chose faite lors de son exil en Finlande, en 1917, avec son livre L'Etat et la Révolution.
http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er00t.htm
Curieux ouvrage, à la limite de l'anarchisme, que cet Etat et la Révolution. La destruction totale de l'Etat bourgeois, sera remplacé par un Etat prolétarien qui prendra la forme de la Commune. Ici, Lénine est astucieux car il réutilise un épisode qui est resté mythique chez les socialistes et qui a longuement été analysé par Marx. L'état prolétarien se distinguera de l'état bourgeois, en ce que le pouvoir policier et militaire, piliers du second, seront gérés par le peuple en armes, qui élira et révoquera ses représentants. Cette idée léniniste est en contradiction avec ses écrits antécédents, qui érigeait le Parti, avant-garde du prolétariat, comme tout-puissant. On peut y voir un écrit de circonstance, adapté au contexte de l'époque, puisque Lénine et les bolcheviks n'ont pas encore le pouvoir, et doivent rallier le maximum de personnes pour y arriver. Aussi, affirmer qu'il remettra tout le pouvoir au peuple ne pouvait lui attirer que les faveurs de ce dernier !
Après le coup d'état manqué de Lénine, en juillet 1917, obligé de s'enfuir en Finlande, Illitch écrit Les illusions constitutionnelles,
http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/vil19170808.htm
dans lequel Lénine stigmatise le gouvernement provisoire pour avoir arrêté quelques dirigeants bolcheviks, dont Trotsky, et reproche à celui-ci de toujours remettre aux calendes grecques la tenue de l'Assemblée Constituante ...accusation savoureuse lorsqu'on sait que les bolcheviks dissoudront cette même assemblée constituante, début janvier 1918. Mais l'autre idée importante dans ce texte d'ailleurs assez confus, c'est l'idée, c'est qu'en période révolutionnaire, la majorité, à la limite, importe peu, ce qui est décisif, c'est qu'il faut vaincre !
Continuons. La révolution se distingue précisément de la situation « normale » des affaires de l'Etat en ce que les questions litigieuses de la vie publique sont tranchées directement par la lutte des classes et par une lutte des masses qui va jusqu'au recours aux armes. Il ne peut en être autrement, puisque les masses sont libres et armées. Il résulte de ce fait essentiel qu'il ne suffit pas, en période révolutionnaire, de connaître la « volonté de la majorité » ; non, il faut être le plus fort, au moment décisif et à l'endroit décisif ; il faut vaincre.
Sous-entendu, c'est ceux qui prendront le pouvoir effectivement, qui auront raison, même au détriment de la majorité du pays. Ici, Lénine renoue avec sa conception du Parti, avant-garde éclairé qui doit guider le prolétariat.
Il faut rajouter que Lénine a toujours été contre un gouvernement de "coalition", avec les autres familles socialistes, que ce soit avec les Mencheviks ou le Socialistes-Révolutionnaires. En septembre 1917, alors qu'il était en exil en |i]Finlande[/i], après les journées de juillet 1917, il adressa plusieurs missives violentes au comité central du parti bolchevik, à Petrograd, pour organiser au plus vite une insurrection armée et prendre le pouvoir, qui tendait les mains aux bolcheviks, le gouvernement provisoire, guidé par Kerenski, étant à l'agonie. Mais cette option n'a pas la préférence de beaucoup de membres du CC, notamment Kamenev et Trotski, qui aimeraient attendre le congrès des soviets le 17 octobre 1917, pour prendre le pouvoir en douceur, les bolcheviks étant majoritaires depuis fin août dans les soviets de Petrograd et de Moscou. Mais d'après Orlando Figes, "La révolution russe, Denoël, 2007, page 588, Lénine ne voulait nullement prendre le pouvoir lors de ce Congrès, qui l'aurait obligé à gouverner avec les autres formations socialistes, d'où son obsession d'une insurrection armée, jusqu'à insulter ses amis bolcheviks en les traitant de "traîtres à la cause prolétarienne". Certes, il composera avec les SR de gauche, après sa prise de pouvoir, mais c'était avant tout une opération tactique pour élargir un peu sa base politique et avoir de l'influence dans les campagnes, terrain de prédilection des SR. Des SR de gauche, qui, de toute façon, seront absorbés par le Parti ou chassés.
Cet épisode de septembre-octobre, montre bien que Lénine voulait tout le pouvoir pour son Parti, conception du pouvoir solitaire et totalitaire.
Nikolaï Tchernychevski, est un philosophe et un socialiste utopique russe.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola%C3%AF_Tchernychevski
Il aura influencé tous les futurs marxistes russes, dont Lénine (cf Lénine de JJ Marie, Balland, 2004, page 34):
"Son frère admirait Tchernychevski, écrivain démocrate et révolutionnaire, arrêté en 1862, après avoir dénoncé la réforme abolissant le servage et spoliant les serfs émancipés, condamnés à 20 ans de bagne puis d'exil après lesquels il rentrera à Sarat, pour y mourir. Que faire ? son roman didactique et allégorique sur l'avènement du socialisme était une des lectures favorites d'Alexandre. Vladimir, qui l'avait lu, à 14 ans, sans intérêt, le relit et dévore pendant des semaines entières ses articles le crayon à la main. Il en fait de longs extraits et des résumés qui couvrent plusieurs cahiers. Que faire ? écrit par l'auteur dans sa prison de Pierre et Paul pendant l'hiver 1862-1863, a enthousiasmé toute une génération de jeunes révolutionnaires. [...] Quand en février 1904, l'éphémère bolchevik Valentinov manifestera son dédain pour Tchernychevski, Lénine se fâchera tout rouge et déclarera inadmissible qu'on trouve Que faire ? primaire et pauvre !
"Tchernychevski est le plus grand et le plus doué des représentants du socialisme avant Marx !"
[...]
Tcherny, dit-il, l'a initié au matérialisme philosophique, à la dialectique hégélienne, lui ouvrant à la compréhension à Marx ...
Le "Que faire" écrit par Lénine, en 1903, est, évidemment, un hommage au "Que faire" de Tchernychevski, roman écrit en 1862-1863, alors qu'il était emprisonné dans la Forteresse Pierre et Paul, à Petersbourg.
Les deux principales idées des populistes, c'est qu'il faut s'appuyer sur la science, pour organiser la société et qu'il existe une spécificité russe, par rapport à l'Europe occidentale, c'est la "communauté villageoise" ou "Mir", autour duquel la nouvelle société socialiste pourrait s'organiser, sans passer par la transition bourgeoise, chère à Marx.
Cette singularité russe, dans la future révolution socialiste, sera fortement critiqué par Plekhanov, le père du marxisme russe, dans "Nos désaccords", en 1885, qui stigmatisera cette spécificité russe, cheval de bataille des populistes, et affirmera que la révolution russe marchera sur les traces du modèle occidental. Il rajouta que miser sur la spécificité de l'organisation rurale russe constituait une dangereuse utopie. On ne peut, écrira-t-il souvent, éviter le capitalisme, éviter la lutte des classes. Et il entrevoit lucidement les périls d'une révolution qui se réclamerait du socialisme et n'en remplirait pas les conditions préalables :
« Ce serait un monstre politique..., un despotisme tsariste repeint aux couleurs communistes". (In Lénine, d'Hélène Carrère d'Encausse, Fayard, 1998, p.74).
Pierre Strouvé, théoricien marxiste qui virera libéral, qui participa à la fondation du PSODR, le Parti ouvrier social démocrate de Russie, à Minsk, en 1898, dans son livre, paru en 1894, "Remarques critiques sur le développement économique de la Russie", stigmatise, encore une fois, la conception populiste de la révolution, et niait à la Russie une spécificité quelconque, par rapport à la future révolution socialiste, qui devrait suivre les canons marxistes de la nécessaire transition bourgeoise.
La pensée léniniste, est donc un mélange entre l'héritage marxiste et la pensée populiste, entre l'influence internationaliste du philosophe allemand et la singularité russe de Tchernychevski et des populistes.
Or, dès avril 1917, alors que Lénine remet le pied sur le sol russe, après 17 ans d'exil, Illitch remet en cause la légitimité du gouvernement provisoire, censée incarner, pour beaucoup de socialistes et de bolcheviks, comme Kamenev, la phase de transition bourgeoise, chère à Marx. Lénine stigmatise ces socialistes comme les SR et les mencheviks, qui sont prêts à soutenir cette phase bourgeoise, prodrome indispensable à une révolution socialiste, selon les canons de la théorie marxiste. D'ailleurs, dans son slogan "Terre et Paix", consacrant, implicitement, le partage des terres à la base, par les paysans, via la "communauté villageoise", qui se retrouvera dans le décret sur la Terre du 26 octobre 1917, Lénine, s'inspire ouvertement des thèses populistes relayées par les Socialistes-Révolutionnaires.
De même, les journées de juillet 1917, puis d'octobre 1917, avec la prise de pouvoir des bolcheviks, et la traduction de cette volonté de Lénine de contrôler tout seul le pouvoir, sans les autres partis socialistes, et sans passer par la transition bourgeoise.
Même si il remettra en cause ce décret sur la Terre, vision populiste et anarchisante de pouvoir à la base, promue par les SR, en exportant la lutte des classes à la campagne, par le décret du 11 juin 1918, instituant le "comité des paysans pauvres", on peut dire que Lénine, en refusant toute coalition avec les autres forces socialistes russes et en appuyant le décret sur la Terre, mettait en avant une conception "russe" de la révolution, annonçant le "socialisme dans un seul pays", de Staline.
De même, le choix de la paix de Brest-Litovsk, de février 1917, dénoncée par Boukharine, qui voulait faire de la guerre "impérialiste", une guerre "révolutionnaire", et acceptée, du bout des lèvres, par un Trotski, qui voulait ne rien signer avec les allemands, fut une décision du seul Lénine, qui voulait sauver, à tout prix, la Révolution russe, fermant définitivement la porte à une possible "guerre révolutionnaire" initiant une révolution "allemande". Ce choix, que l'on peut voir comme uniquement pragmatique, préfigurait aussi le "socialisme dans un seul pays" !
4°) Les bolcheviks et le monde paysan.
Pour beaucoup de socialistes, une révolution dans un pays arriérée comme la Russie, dont la grande majorité de la population était composée de paysans, était vouée à l'échec ou rait nécessité une longue période de transition bourgeoise selon les SR et les Mencheviks, pour sortir ses masses paysannes de l'analphabétisme.
Or, après octobre, Lénine et les bolcheviks se trouvent confrontés à un "océan paysan", des millions de petits propriétaires qui se sont partagés la Terre, dont l'horizon se borne aux limites de la communauté villageoise et qui défendent férocement leur liberté face aux oukazes de Moscou.
Avec la totale désorganisation de la production et des circuits commerciaux, les paysans ne vendent plus leur production contre de l'argent qui ne vaut plus rien ou contre d'autres produits de la ville qui n'existent plus. Aussi, la confrontation des bolcheviks avec le monde paysan devient inévitable, puisque la famine qui guette les villes menace la survie même de la révolution d'octobre. Cette lutte était déjà inscrit dans l'idéologie léniniste, qui voyait plutôt les paysans comme une masse obscurantiste, petite-bourgeoise dans son attachement à la terre, superstitieuse et arriérée.
La dissolution de la Constituante, le 5 janvier 1918, à majorité SR, qui reflétait la sociologie rurale du pays, était déjà un acte de guerre contre le pays profond. Les débats furent intenses dans le parti bolchevique pour savoir quelle position adopter par rapport à ce problème du ravitaillement des villes et c'est la ligne gauchiste, incarnée par Boukharine, qui va l'emporter. Cela se traduira par la loi sur le monopole du grain, en mai 1918, qui ordonnera aux paysans de donner leur surplus de grain à l'Etat et par le déplacement de la lutte des classes à la campagne, avec la création des comités de paysans pauvres, ou kombedy, en juin 1918, pour faire rendre gorge aux koulaks, les paysans riches. Or, comme le précise Orlando Figes, dans son histoire de la révolution russe, page 760, le nombre de paysans ayant des salariés était très faible, avant 1917, mois de 2 %, et la révolution de février va faire baisser ce chiffre, puisque les paysans vont exproprier eux-même les terres des nobles, le "partage noir", avalisé par Lénine, en octobre 1917, par son décret sur la Terre. Aussi, comme le dit Charles Bettelheim, la campagne russe était surtout composée de paysans "moyens", et pas de koulaks, ce qui expliquera l'échec de cette lutte des classes à la campagne et de la constitution des fermes collectives.
Mais la figure du koulak, paysan riche, vampire et sangsue, affameur du prolétariat, aura la vie dure dans l'imaginaire bolchevik, comme le montre de discours très violent de Lénine envers eux, cet été 1918:
"Les koulaks sont les ennemis enragés du gouvernement soviétique[...] Ces vampires se sont enrichis sur la faim du peuple. [...] Ces araignées ce sont engraissées aux dépens des paysans ruinés par la guerre, aux dépens des ouvriers. Ces sangsue ont sucé le sang des travailleurs et se sont enrichies alors que les ouvriers des villes et des usines mourraient de faim [...]. Guerre implacable aux koulaks ! Tous à mort." (in La Révolution russe, d'Orlando Figes, Denoël, 2007, page 762).
La désignation du koulak comme ennemi de la révolution, aura le mérite de détourner la colère des citadins et des ouvriers vers cette figure du "paysan riche", qui n'existait quasiment pas dans les campagnes russes. Staline reprendra cette logomachie anti-koulak qui était inscrite dans les gênes du parti bolchevik.
La dernière grande flambée paysanne, fut la révolte du Tambov, immense jacquerie de moujiks qui se révoltait contre la brutalisation des méthodes bolcheviks, avec son cortège de brigades d'approvisionnements, qui traquait les stocks de grains. L'historien Pierre Broué cite un rapport de Thoukhatchevki à Lénine, daté du 16 juillet 1921, qui fait commencer la révolte en septembre 1920, et qui qualifie les révoltés de "bandits" !
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/PB_tky_18.htm
En février 1921, devant l'ampleur de la révolte, Lénine fera donner la troupe contre les moujiks, et Thoukhatchevski utilisera les gaz combats pour débusquer les révoltés dans les immenses forêts du Don.
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_de_Tambov
5°) L'hyper-centralisation du Parti.http://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola%C3%AF_Tchernychevski
Il aura influencé tous les futurs marxistes russes, dont Lénine (cf Lénine de JJ Marie, Balland, 2004, page 34):
"Son frère admirait Tchernychevski, écrivain démocrate et révolutionnaire, arrêté en 1862, après avoir dénoncé la réforme abolissant le servage et spoliant les serfs émancipés, condamnés à 20 ans de bagne puis d'exil après lesquels il rentrera à Sarat, pour y mourir. Que faire ? son roman didactique et allégorique sur l'avènement du socialisme était une des lectures favorites d'Alexandre. Vladimir, qui l'avait lu, à 14 ans, sans intérêt, le relit et dévore pendant des semaines entières ses articles le crayon à la main. Il en fait de longs extraits et des résumés qui couvrent plusieurs cahiers. Que faire ? écrit par l'auteur dans sa prison de Pierre et Paul pendant l'hiver 1862-1863, a enthousiasmé toute une génération de jeunes révolutionnaires. [...] Quand en février 1904, l'éphémère bolchevik Valentinov manifestera son dédain pour Tchernychevski, Lénine se fâchera tout rouge et déclarera inadmissible qu'on trouve Que faire ? primaire et pauvre !
"Tchernychevski est le plus grand et le plus doué des représentants du socialisme avant Marx !"
[...]
Tcherny, dit-il, l'a initié au matérialisme philosophique, à la dialectique hégélienne, lui ouvrant à la compréhension à Marx ...
Le "Que faire" écrit par Lénine, en 1903, est, évidemment, un hommage au "Que faire" de Tchernychevski, roman écrit en 1862-1863, alors qu'il était emprisonné dans la Forteresse Pierre et Paul, à Petersbourg.
Les deux principales idées des populistes, c'est qu'il faut s'appuyer sur la science, pour organiser la société et qu'il existe une spécificité russe, par rapport à l'Europe occidentale, c'est la "communauté villageoise" ou "Mir", autour duquel la nouvelle société socialiste pourrait s'organiser, sans passer par la transition bourgeoise, chère à Marx.
Cette singularité russe, dans la future révolution socialiste, sera fortement critiqué par Plekhanov, le père du marxisme russe, dans "Nos désaccords", en 1885, qui stigmatisera cette spécificité russe, cheval de bataille des populistes, et affirmera que la révolution russe marchera sur les traces du modèle occidental. Il rajouta que miser sur la spécificité de l'organisation rurale russe constituait une dangereuse utopie. On ne peut, écrira-t-il souvent, éviter le capitalisme, éviter la lutte des classes. Et il entrevoit lucidement les périls d'une révolution qui se réclamerait du socialisme et n'en remplirait pas les conditions préalables :
« Ce serait un monstre politique..., un despotisme tsariste repeint aux couleurs communistes". (In Lénine, d'Hélène Carrère d'Encausse, Fayard, 1998, p.74).
Pierre Strouvé, théoricien marxiste qui virera libéral, qui participa à la fondation du PSODR, le Parti ouvrier social démocrate de Russie, à Minsk, en 1898, dans son livre, paru en 1894, "Remarques critiques sur le développement économique de la Russie", stigmatise, encore une fois, la conception populiste de la révolution, et niait à la Russie une spécificité quelconque, par rapport à la future révolution socialiste, qui devrait suivre les canons marxistes de la nécessaire transition bourgeoise.
La pensée léniniste, est donc un mélange entre l'héritage marxiste et la pensée populiste, entre l'influence internationaliste du philosophe allemand et la singularité russe de Tchernychevski et des populistes.
Or, dès avril 1917, alors que Lénine remet le pied sur le sol russe, après 17 ans d'exil, Illitch remet en cause la légitimité du gouvernement provisoire, censée incarner, pour beaucoup de socialistes et de bolcheviks, comme Kamenev, la phase de transition bourgeoise, chère à Marx. Lénine stigmatise ces socialistes comme les SR et les mencheviks, qui sont prêts à soutenir cette phase bourgeoise, prodrome indispensable à une révolution socialiste, selon les canons de la théorie marxiste. D'ailleurs, dans son slogan "Terre et Paix", consacrant, implicitement, le partage des terres à la base, par les paysans, via la "communauté villageoise", qui se retrouvera dans le décret sur la Terre du 26 octobre 1917, Lénine, s'inspire ouvertement des thèses populistes relayées par les Socialistes-Révolutionnaires.
De même, les journées de juillet 1917, puis d'octobre 1917, avec la prise de pouvoir des bolcheviks, et la traduction de cette volonté de Lénine de contrôler tout seul le pouvoir, sans les autres partis socialistes, et sans passer par la transition bourgeoise.
Même si il remettra en cause ce décret sur la Terre, vision populiste et anarchisante de pouvoir à la base, promue par les SR, en exportant la lutte des classes à la campagne, par le décret du 11 juin 1918, instituant le "comité des paysans pauvres", on peut dire que Lénine, en refusant toute coalition avec les autres forces socialistes russes et en appuyant le décret sur la Terre, mettait en avant une conception "russe" de la révolution, annonçant le "socialisme dans un seul pays", de Staline.
De même, le choix de la paix de Brest-Litovsk, de février 1917, dénoncée par Boukharine, qui voulait faire de la guerre "impérialiste", une guerre "révolutionnaire", et acceptée, du bout des lèvres, par un Trotski, qui voulait ne rien signer avec les allemands, fut une décision du seul Lénine, qui voulait sauver, à tout prix, la Révolution russe, fermant définitivement la porte à une possible "guerre révolutionnaire" initiant une révolution "allemande". Ce choix, que l'on peut voir comme uniquement pragmatique, préfigurait aussi le "socialisme dans un seul pays" !
4°) Les bolcheviks et le monde paysan.
Pour beaucoup de socialistes, une révolution dans un pays arriérée comme la Russie, dont la grande majorité de la population était composée de paysans, était vouée à l'échec ou rait nécessité une longue période de transition bourgeoise selon les SR et les Mencheviks, pour sortir ses masses paysannes de l'analphabétisme.
Or, après octobre, Lénine et les bolcheviks se trouvent confrontés à un "océan paysan", des millions de petits propriétaires qui se sont partagés la Terre, dont l'horizon se borne aux limites de la communauté villageoise et qui défendent férocement leur liberté face aux oukazes de Moscou.
Avec la totale désorganisation de la production et des circuits commerciaux, les paysans ne vendent plus leur production contre de l'argent qui ne vaut plus rien ou contre d'autres produits de la ville qui n'existent plus. Aussi, la confrontation des bolcheviks avec le monde paysan devient inévitable, puisque la famine qui guette les villes menace la survie même de la révolution d'octobre. Cette lutte était déjà inscrit dans l'idéologie léniniste, qui voyait plutôt les paysans comme une masse obscurantiste, petite-bourgeoise dans son attachement à la terre, superstitieuse et arriérée.
La dissolution de la Constituante, le 5 janvier 1918, à majorité SR, qui reflétait la sociologie rurale du pays, était déjà un acte de guerre contre le pays profond. Les débats furent intenses dans le parti bolchevique pour savoir quelle position adopter par rapport à ce problème du ravitaillement des villes et c'est la ligne gauchiste, incarnée par Boukharine, qui va l'emporter. Cela se traduira par la loi sur le monopole du grain, en mai 1918, qui ordonnera aux paysans de donner leur surplus de grain à l'Etat et par le déplacement de la lutte des classes à la campagne, avec la création des comités de paysans pauvres, ou kombedy, en juin 1918, pour faire rendre gorge aux koulaks, les paysans riches. Or, comme le précise Orlando Figes, dans son histoire de la révolution russe, page 760, le nombre de paysans ayant des salariés était très faible, avant 1917, mois de 2 %, et la révolution de février va faire baisser ce chiffre, puisque les paysans vont exproprier eux-même les terres des nobles, le "partage noir", avalisé par Lénine, en octobre 1917, par son décret sur la Terre. Aussi, comme le dit Charles Bettelheim, la campagne russe était surtout composée de paysans "moyens", et pas de koulaks, ce qui expliquera l'échec de cette lutte des classes à la campagne et de la constitution des fermes collectives.
Mais la figure du koulak, paysan riche, vampire et sangsue, affameur du prolétariat, aura la vie dure dans l'imaginaire bolchevik, comme le montre de discours très violent de Lénine envers eux, cet été 1918:
"Les koulaks sont les ennemis enragés du gouvernement soviétique[...] Ces vampires se sont enrichis sur la faim du peuple. [...] Ces araignées ce sont engraissées aux dépens des paysans ruinés par la guerre, aux dépens des ouvriers. Ces sangsue ont sucé le sang des travailleurs et se sont enrichies alors que les ouvriers des villes et des usines mourraient de faim [...]. Guerre implacable aux koulaks ! Tous à mort." (in La Révolution russe, d'Orlando Figes, Denoël, 2007, page 762).
La désignation du koulak comme ennemi de la révolution, aura le mérite de détourner la colère des citadins et des ouvriers vers cette figure du "paysan riche", qui n'existait quasiment pas dans les campagnes russes. Staline reprendra cette logomachie anti-koulak qui était inscrite dans les gênes du parti bolchevik.
La dernière grande flambée paysanne, fut la révolte du Tambov, immense jacquerie de moujiks qui se révoltait contre la brutalisation des méthodes bolcheviks, avec son cortège de brigades d'approvisionnements, qui traquait les stocks de grains. L'historien Pierre Broué cite un rapport de Thoukhatchevki à Lénine, daté du 16 juillet 1921, qui fait commencer la révolte en septembre 1920, et qui qualifie les révoltés de "bandits" !
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/PB_tky_18.htm
En février 1921, devant l'ampleur de la révolte, Lénine fera donner la troupe contre les moujiks, et Thoukhatchevski utilisera les gaz combats pour débusquer les révoltés dans les immenses forêts du Don.
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_de_Tambov
Rosa Luxembourg avait rapidement percé la nature centralisatrice du parti bolchevik et elle stigmatisa cette conception léniniste du parti léniniste :
"Ce qui importe, pour la social-démocratie, ce n'est d'ailleurs pas deprévoir et de construire à l'avance une recette toute prête de tactique future, mais de maintenir vivante dans le parti l'appréciation politique correcte des formes de la lutte
correspondant à chaque circonstance, le sens de la relativité de chaque phase de la lutte, de l'inéluctabilité del'aggravation des tensions révolutionnaires sous l'angle du but final de la lutte des classes. Mais, en accordant à l'organisme directeur du parti des pouvoirs aussi absolus de caractère négatif que le souhaite Lénine, onne fait que renforcer très dangereusement le conservatisme naturel inhérent à un tel organisme. Le centralisme extrême défendu par Lénine nous semble imprégné non point d'un esprit positif et créateur, mais de l'esprit stérile du veilleur de nuit. Tout son soucitend à contrôler l'activité du parti et non à la féconder, à rétrécir le mouvement plutôt qu'à le développer, à le juguler, non à l'unifier. »
(Cité par Pierre Broué dans La révolution allemande : https://www.marxists.org/francais/broue/works/1971/00/broue_all_03.htm#_ftnref32 )correspondant à chaque circonstance, le sens de la relativité de chaque phase de la lutte, de l'inéluctabilité del'aggravation des tensions révolutionnaires sous l'angle du but final de la lutte des classes. Mais, en accordant à l'organisme directeur du parti des pouvoirs aussi absolus de caractère négatif que le souhaite Lénine, onne fait que renforcer très dangereusement le conservatisme naturel inhérent à un tel organisme. Le centralisme extrême défendu par Lénine nous semble imprégné non point d'un esprit positif et créateur, mais de l'esprit stérile du veilleur de nuit. Tout son soucitend à contrôler l'activité du parti et non à la féconder, à rétrécir le mouvement plutôt qu'à le développer, à le juguler, non à l'unifier. »
Le comité central du Parti, organe dirigeant, va, dès 1917, laisser place à un comité restreint, qui se nommera, en 1919, le Politburo, ou Bureau Politique, se composera de 5 dirigeants, dont Lénine, Staline et Trotsky. Nécessaire en cas de guerre, pour centraliser les décisions, après la fin des hostilités, le Bureau Politique se pérennisera comme instance de pouvoir. Normalement, le Politburo était subordonné au Comité Central, mais dans les faits, il concentre le pouvoir et fera du Comité Central une chambre d'enregistrement. Il suffira à Staline de neutraliser les 4 autres personnalités du Bureau Politique et de les remplacer par des créatures à lui, pour avoir le pouvoir absolu !
Il est à noter que lors du XIeme Congrès du Parti, début 1922, Preobrajensky stigmatisa la concentration des pouvoirs que collationnait Staline, membre du Bureau Politique, de l'Orgburo, Commissaire aux Nationalités et patron de l'Inspection ouvrière et agricole. Qui défendit Staline ? Lénine, qui le déclara irremplaçable !
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/PB_tky_19.htm#_edn22
Peu après, en avril 1922, Staline sera nommé secrétaire général du PCUS, qui contrôlait tous les permanents du Parti et qui passa de 150 à 15 000 fonctionnaires de 1920 à 1922, traduisant la bureaucratisation du Parti, avec l'extrême-onction de Lénine.
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/PB_tky_19.htm#_edn43
6°) La bureaucratisation du Parti.
Dans son Etat et la Révolution, Lénine affirmait que l'état prolétarien, ou la Commune, remettrait son pouvoir au peuple qui élira et révoquera ses représentants et les fonctionnaires. Or, dès 1919, Chliapnikov, au comité central du parti bolchevique depuis 1918, seul dignitaire léniniste à avoir vraiment travaillé en usine, défend l'idée que la production doit être contrôlée par les syndicats, par la base, et non pas par des "spécialistes", souvent bourgeois, nommés par le Parti. Il dénonce d'ailleurs la bureaucratisation du parti et rappelle l'importance du principe électif, défendu par Lénine dans son Etat et la Révolution.
Il est à noter que lors du XIeme Congrès du Parti, début 1922, Preobrajensky stigmatisa la concentration des pouvoirs que collationnait Staline, membre du Bureau Politique, de l'Orgburo, Commissaire aux Nationalités et patron de l'Inspection ouvrière et agricole. Qui défendit Staline ? Lénine, qui le déclara irremplaçable !
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/PB_tky_19.htm#_edn22
Peu après, en avril 1922, Staline sera nommé secrétaire général du PCUS, qui contrôlait tous les permanents du Parti et qui passa de 150 à 15 000 fonctionnaires de 1920 à 1922, traduisant la bureaucratisation du Parti, avec l'extrême-onction de Lénine.
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/PB_tky_19.htm#_edn43
6°) La bureaucratisation du Parti.
Dans son Etat et la Révolution, Lénine affirmait que l'état prolétarien, ou la Commune, remettrait son pouvoir au peuple qui élira et révoquera ses représentants et les fonctionnaires. Or, dès 1919, Chliapnikov, au comité central du parti bolchevique depuis 1918, seul dignitaire léniniste à avoir vraiment travaillé en usine, défend l'idée que la production doit être contrôlée par les syndicats, par la base, et non pas par des "spécialistes", souvent bourgeois, nommés par le Parti. Il dénonce d'ailleurs la bureaucratisation du parti et rappelle l'importance du principe électif, défendu par Lénine dans son Etat et la Révolution.
Mais la bureaucratisation du Parti va se développer sous Lénine:
-Un décret du 3 mars 1918, pris par le VSNKh (organisme gérant la planification économique) précise que chaque direction principale est chargée de nommer, dans les entreprises relevant d'elle, un commissaire représentant le gouvernement, et deux directeurs, l'un technique, l'autre administratif. Seules les décisions du directeur administratif pourraient être contestées par les comités d'usines. Quant au directeur technique, il relevait exclusivement de la Direction centrale de l'Industrie. (Bettelheim, Les luttes des classes en URSS, Maspero, 1974, p.134)
-Un autre décret du 21 février 1919, organisera une échelle des salaires beaucoup plus variée que prévue, selon les principes d'Octobre. Le salaire minimum sera fixé à 600 roubles et le traitement maximum pour le "personnel administratif hautement qualifié" sera fixée à 3000 roubles, ceci pour la ville de Moscou et ses environs. Ailleurs, selon le contexte local, les salaires minimums peuvent varier. Pour le personnel administratif hautement qualifié, le salaire maximum peut dépasser 3000 roubles. Devant le mécontentement que peut générer ses mesures, Lénine répondra qu'on ne peut "obliger toute une couche sociale à travailler sous le régime de la trique".(Bettelheim, La lutte des classes en URSS, 1917-1923), Maspero, 1974, page 143).
- En avril 1919, un décret fixe les traitement des "travailleurs politiques responsables" et décide que les commissaires du Peuple, les membres du VTsIK et quelques hauts fonctionnaires percevront un traitement de 2000 roubles par mois, ce qui correspond à abandonner partiellement le "partmax", c'est à dire la règle selon laquelle les membres du parti ne doivent pas recevoir un salaire supérieur à un salaire ouvrier.(Bettelheim, ibid, p.144)
Le salaire ne comprend pas les avantages en "nature". Par ces mesures, Charles Bettelheim parle de la formation d'une bourgeoisie d'Etat. (Betteilheim, ibid, page 142).
Un second groupe se forma, composé de Valerian Ossinski, Timofei Sapronov et Vladimir Smirnov demandant un vrai centralisme démocratique et critiquant la bureaucratisation galopante du Parti.
Or, dès le IXeme Congrès du PCUS, en mars 1919, Lénine s'opposera à Chliapnikov, et refusera la soumission de la production aux syndicats, dans lequel il y voit une entorse au principe d'Unité du Parti, fondamental, pour lui et il éliminera le principe d'élection des dirigeants et des fonctionnaires, au profit de la nomination, participant donc à la formation d'une nouvelle classe bureaucratique qui n'aura plus aucun compte à rendre au peuple.
Sous Staline, ce principe électif sera définitivement enterré !
Au niveau quantitatif, de 1917 à 1921, le nombre de fonctionnaire est passé de 576 000 à 2 400 000.(chiffres donnés par Orlando Figes, La révolution russe, Denoël, 2007, page 845).
7°) L'interdiction des oppositions.-Un décret du 3 mars 1918, pris par le VSNKh (organisme gérant la planification économique) précise que chaque direction principale est chargée de nommer, dans les entreprises relevant d'elle, un commissaire représentant le gouvernement, et deux directeurs, l'un technique, l'autre administratif. Seules les décisions du directeur administratif pourraient être contestées par les comités d'usines. Quant au directeur technique, il relevait exclusivement de la Direction centrale de l'Industrie. (Bettelheim, Les luttes des classes en URSS, Maspero, 1974, p.134)
-Un autre décret du 21 février 1919, organisera une échelle des salaires beaucoup plus variée que prévue, selon les principes d'Octobre. Le salaire minimum sera fixé à 600 roubles et le traitement maximum pour le "personnel administratif hautement qualifié" sera fixée à 3000 roubles, ceci pour la ville de Moscou et ses environs. Ailleurs, selon le contexte local, les salaires minimums peuvent varier. Pour le personnel administratif hautement qualifié, le salaire maximum peut dépasser 3000 roubles. Devant le mécontentement que peut générer ses mesures, Lénine répondra qu'on ne peut "obliger toute une couche sociale à travailler sous le régime de la trique".(Bettelheim, La lutte des classes en URSS, 1917-1923), Maspero, 1974, page 143).
- En avril 1919, un décret fixe les traitement des "travailleurs politiques responsables" et décide que les commissaires du Peuple, les membres du VTsIK et quelques hauts fonctionnaires percevront un traitement de 2000 roubles par mois, ce qui correspond à abandonner partiellement le "partmax", c'est à dire la règle selon laquelle les membres du parti ne doivent pas recevoir un salaire supérieur à un salaire ouvrier.(Bettelheim, ibid, p.144)
Le salaire ne comprend pas les avantages en "nature". Par ces mesures, Charles Bettelheim parle de la formation d'une bourgeoisie d'Etat. (Betteilheim, ibid, page 142).
Un second groupe se forma, composé de Valerian Ossinski, Timofei Sapronov et Vladimir Smirnov demandant un vrai centralisme démocratique et critiquant la bureaucratisation galopante du Parti.
Or, dès le IXeme Congrès du PCUS, en mars 1919, Lénine s'opposera à Chliapnikov, et refusera la soumission de la production aux syndicats, dans lequel il y voit une entorse au principe d'Unité du Parti, fondamental, pour lui et il éliminera le principe d'élection des dirigeants et des fonctionnaires, au profit de la nomination, participant donc à la formation d'une nouvelle classe bureaucratique qui n'aura plus aucun compte à rendre au peuple.
Sous Staline, ce principe électif sera définitivement enterré !
Au niveau quantitatif, de 1917 à 1921, le nombre de fonctionnaire est passé de 576 000 à 2 400 000.(chiffres donnés par Orlando Figes, La révolution russe, Denoël, 2007, page 845).
Les oppositions externes au Parti, comme l'interdiction des KD, SR de droite et des Mencheviks, puis des alliés des bolcheviks, les SR de gauche, opposés à la paix de Brest-Litovsk, en février 1918.
Puis, il y aura l'interdiction des oppositions internes. Lors du Xeme Congrès du PCUS, en mars 1921, l'interdiction des fractions est votée, sous la houlette de Lénine ... Radek, en votant cette motion, avouera qu'il avait l'impression de se mettre la corde au cou !
De l'interdiction à la criminalisation des oppositions, il n'y a qu'un pas, que Staline franchira allègrement ! Mais encore une fois, le géorgien se servira des outils forgés à l'époque de Lénine.
D'ailleurs, à la même époque, en mars 1921, Lénine ne se gênera pas pour réprimer dans le sang la "révolte de Cronstadt", initiée, notamment, par des anarchistes, demandant la fin de la dictature bolchevique !
Pierre Broué revient sur cette révolte des marins de Cronstadt, qui fut précédé par des grèves à Petrograd, des ouvriers des usines Poutilov, qui furent réprimées par les pouvoir bolchevik via Zinoviev.
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/PB_tky_18.htm#_edn11
8°) La prédominance des organes de sécurité.
La police politique, la V.Tcheka, fut crée par Lénine en décembre 1918, dans le cadre de la guerre civile qui se pointait à l'horizon. De 1918 à 1921, l'inflation des organes de sécurité va être impressionnante, passant de 30 000 tchékistes, fin décembre, à 260 000 en 1921 ! Certes, c'était la guerre civile, et cette inflation était légitime, mais avec la fin de celle-ci, la Tcheka ne vit pas ses effectifs diminuer ...
Un article très intéressant de Nicolas Werth,
http://monderusse.revues.org/95?file=1
s'appuyant sur des archives de 1924, illustre le pouvoir grandissant de la police politique, qui d'organisation provisoire, lors de sa création, en décembre 1917, deviendra un organisme d'Etat, avec l'OGPU, en 1922. Or, des bolcheviks s'inquiètent de ce pouvoir tchekiste, qui dispose d'une autorité extra-judiciaire qui l'affranchit de la "légalité" soviétique. Les commissaires de la Justice, des Affaires Etrangères, de l'Economie, Boukharine, stigmatisèrent ce pouvoir policier extra-judiciaire, qui arrêtaient et exécutaient sans avoir de comptes à rendre. Dans ce débat exposé par Werth, c'est Dzerjinski soutenu par Staline qui va imposer ses vues et garder le pouvoir de l'OGPU intact, qui deviendra désormais l'arbitre suprême entre les différentes factions.
9°) Le Goulag.
Les camps de travaux forcés furent crées en avril 1919, à l'époque de Lénine, Staline ne fit qu'utiliser, plus massivement, un Goulag déjà existant !
Aussi, il est difficile d'affirmer qu'il n'y a rien à voir entre les deux hommes, Staline ne faisant qu'utiliser les outils forgés par Lénine, en y ajoutant sa paranoïa extrême !
Puis, il y aura l'interdiction des oppositions internes. Lors du Xeme Congrès du PCUS, en mars 1921, l'interdiction des fractions est votée, sous la houlette de Lénine ... Radek, en votant cette motion, avouera qu'il avait l'impression de se mettre la corde au cou !
De l'interdiction à la criminalisation des oppositions, il n'y a qu'un pas, que Staline franchira allègrement ! Mais encore une fois, le géorgien se servira des outils forgés à l'époque de Lénine.
D'ailleurs, à la même époque, en mars 1921, Lénine ne se gênera pas pour réprimer dans le sang la "révolte de Cronstadt", initiée, notamment, par des anarchistes, demandant la fin de la dictature bolchevique !
Pierre Broué revient sur cette révolte des marins de Cronstadt, qui fut précédé par des grèves à Petrograd, des ouvriers des usines Poutilov, qui furent réprimées par les pouvoir bolchevik via Zinoviev.
http://www.marxists.org/francais/broue/works/1988/00/PB_tky_18.htm#_edn11
8°) La prédominance des organes de sécurité.
La police politique, la V.Tcheka, fut crée par Lénine en décembre 1918, dans le cadre de la guerre civile qui se pointait à l'horizon. De 1918 à 1921, l'inflation des organes de sécurité va être impressionnante, passant de 30 000 tchékistes, fin décembre, à 260 000 en 1921 ! Certes, c'était la guerre civile, et cette inflation était légitime, mais avec la fin de celle-ci, la Tcheka ne vit pas ses effectifs diminuer ...
Un article très intéressant de Nicolas Werth,
http://monderusse.revues.org/95?file=1
s'appuyant sur des archives de 1924, illustre le pouvoir grandissant de la police politique, qui d'organisation provisoire, lors de sa création, en décembre 1917, deviendra un organisme d'Etat, avec l'OGPU, en 1922. Or, des bolcheviks s'inquiètent de ce pouvoir tchekiste, qui dispose d'une autorité extra-judiciaire qui l'affranchit de la "légalité" soviétique. Les commissaires de la Justice, des Affaires Etrangères, de l'Economie, Boukharine, stigmatisèrent ce pouvoir policier extra-judiciaire, qui arrêtaient et exécutaient sans avoir de comptes à rendre. Dans ce débat exposé par Werth, c'est Dzerjinski soutenu par Staline qui va imposer ses vues et garder le pouvoir de l'OGPU intact, qui deviendra désormais l'arbitre suprême entre les différentes factions.
9°) Le Goulag.
Les camps de travaux forcés furent crées en avril 1919, à l'époque de Lénine, Staline ne fit qu'utiliser, plus massivement, un Goulag déjà existant !
Aussi, il est difficile d'affirmer qu'il n'y a rien à voir entre les deux hommes, Staline ne faisant qu'utiliser les outils forgés par Lénine, en y ajoutant sa paranoïa extrême !
Dernière édition par tietie007 le 5/6/2013, 06:47, édité 13 fois
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
super comme description!
forrest guth- Soldat 1ère classe
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
En effet, bel exposé !
Les exécutions "d'ennemis du peuple" et autres indésirables (sans même parler des purges) n'ont pas attendues Staline ... déjà sous Lénine l'armée et les services secrets/intérieurs se sont chargés de liquider rivaux et obstacles (comme le cas de la révolte de Cronstadt comme Tietie le cite).
Disons que Staline n'est plus trop une figure positive actuelle, c'est certain, étant donné que sa paranoïa meurtrière a été pleinement démontrée et n'est plus à prouver. Cela dit il a fallut pas mal de temps .... le PCF a été pendant longtemps LA référence stalinienne à l'étranger, y compris encore après la dénonciation du stalinisme faite par Khrouchtchev ! Mais disons que ce n'est plus trop d'acutalité ... si ce n'est chez Annie Lacroix-Riz et "éclairés" du PRCF ou autres joyeusetés du genre !
Les exécutions "d'ennemis du peuple" et autres indésirables (sans même parler des purges) n'ont pas attendues Staline ... déjà sous Lénine l'armée et les services secrets/intérieurs se sont chargés de liquider rivaux et obstacles (comme le cas de la révolte de Cronstadt comme Tietie le cite).
Disons que Staline n'est plus trop une figure positive actuelle, c'est certain, étant donné que sa paranoïa meurtrière a été pleinement démontrée et n'est plus à prouver. Cela dit il a fallut pas mal de temps .... le PCF a été pendant longtemps LA référence stalinienne à l'étranger, y compris encore après la dénonciation du stalinisme faite par Khrouchtchev ! Mais disons que ce n'est plus trop d'acutalité ... si ce n'est chez Annie Lacroix-Riz et "éclairés" du PRCF ou autres joyeusetés du genre !
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Goliath a écrit:En effet, bel exposé !
Les exécutions "d'ennemis du peuple" et autres indésirables (sans même parler des purges) n'ont pas attendues Staline ... déjà sous Lénine l'armée et les services secrets/intérieurs se sont chargés de liquider rivaux et obstacles (comme le cas de la révolte de Cronstadt comme Tietie le cite).
Disons que Staline n'est plus trop une figure positive actuelle, c'est certain, étant donné que sa paranoïa meurtrière a été pleinement démontrée et n'est plus à prouver. Cela dit il a fallut pas mal de temps .... le PCF a été pendant longtemps LA référence stalinienne à l'étranger, y compris encore après la dénonciation du stalinisme faite par Khrouchtchev ! Mais disons que ce n'est plus trop d'acutalité ... si ce n'est chez Annie Lacroix-Riz et "éclairés" du PRCF ou autres joyeusetés du genre !
Le point fondamental, comme l'indique aussi Orlando Figes, l'historien de la Révolution Russe, c'est bien le vote de l'interdiction des fractions, lors du Xeme Congrès du PCUS, en mars 1921.
Jusqu'alors, les zélateurs d'Illitch pouvait justifier l'inflation des organes de sécurité, la V.Tcheka, de 1918 à 1921, la création du Goulag ou la chasse aux opposants du régime, par les nécessités légitimes de la guerre civile, ce qui était un argument tout à fait pertinent.
Par contre, en mars 1921, la guerre civile est gagnée et les armées blanches défaites. Aussi cette motion "criminalisant" les oppositions au sein même du Parti, illustre bien l'essence même du système léniniste, dont l'obsession reste l'unité du Parti, à tout prix ! Et le concept d'unité contient en lui-même sa propre radicalité, justifiant, par la suite, les mises à mort successive des opposants réels ou imaginaires à Staline !
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Je ne suis pas un fan du communisme...
Néanmoins, je ne traiterais pas les 2 hommes comme un égal fléau. Je suis certain qe Lénine n'était pas un ange, mais dans les période révolutionnaire (Et n'importe quelle autre d'ailleurs.) on se sent parfois obligé de faire des choses très douteuse.
Pour moi, les crimes de Staline restent les siens. Dire qu'il n'a été que le prolongement de Lénine, c'est faire a ce dernier un procès d'intention.
C'est sur les actes qu'on juge les individus. Lénine avait peut-être bien l'intention de faire ce qu'à accomplis Staline, mais il est mort trop tôt .
Nous ne saurons jamais.
Néanmoins, je ne traiterais pas les 2 hommes comme un égal fléau. Je suis certain qe Lénine n'était pas un ange, mais dans les période révolutionnaire (Et n'importe quelle autre d'ailleurs.) on se sent parfois obligé de faire des choses très douteuse.
Pour moi, les crimes de Staline restent les siens. Dire qu'il n'a été que le prolongement de Lénine, c'est faire a ce dernier un procès d'intention.
C'est sur les actes qu'on juge les individus. Lénine avait peut-être bien l'intention de faire ce qu'à accomplis Staline, mais il est mort trop tôt .
Nous ne saurons jamais.
Luhkah- Lieutenant-colonel
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Date d'inscription : 31/05/2010
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
On oublie aussi Trotsky qui, malgré le fait qu'à partir de 1924 il soit dans l'opposition, a puissamment participé à l'écrasement des oppositions et à la créations des outils qui opprimeront le peuple.
elgor- Général de Division
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Des "choses douteuses", ça dépend à quoi tu fais référence .... l'ordre d'exécution de la famille du Tsar est venu de "haut" et fut signé par Lénine. De même, le début de la "Terreur Rouge" (1 septembre 1918) fut également signé et approuvé par Lénine ; les ordres d'exécution étaient approuvés, ceci concernant, tout de même, des milliers de personnes, à la fois des rivaux politiques (comme l'indique Titetie) ou autres "indésirables" du peuple. Rendons donc à Lénine ce que nous lui devons, non ?
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Goliath a écrit:En effet, bel exposé !
Les exécutions "d'ennemis du peuple" et autres indésirables (sans même parler des purges) n'ont pas attendues Staline ... déjà sous Lénine l'armée et les services secrets/intérieurs se sont chargés de liquider rivaux et obstacles (comme le cas de la révolte de Cronstadt comme Tietie le cite).
Disons que Staline n'est plus trop une figure positive actuelle, c'est certain, étant donné que sa paranoïa meurtrière a été pleinement démontrée et n'est plus à prouver. Cela dit il a fallut pas mal de temps .... le PCF a été pendant longtemps LA référence stalinienne à l'étranger, y compris encore après la dénonciation du stalinisme faite par Khrouchtchev ! Mais disons que ce n'est plus trop d'acutalité ... si ce n'est chez Annie Lacroix-Riz et "éclairés" du PRCF ou autres joyeusetés du genre !
Je pense que Lénine n'a pas véritablement saisi la nature du régime qu'il mettait en place ...se concentrant uniquement sur la prise du pouvoir, en forgeant cet outil "remarquable" que fut le Parti Bolchevique (d'où l'accusation de blanquisme, c'est à dire du pouvoir pour le pouvoir, qui lui sera faite), instrument idéal pour prendre et pour garder ce pouvoir, pour initier la révolution socialiste.
Pragmatique, Lénine était déjà pour un Parti uni, fortement centralisé, il en sera de même pour l'Etat, qui loin de dépérir, connaîtra une phase vers une centralisation extrême, que Lénine avait théorisé depuis longtemps !
De même, la "dictature du prolétariat", notion que Marx avait peu développé (c'est le point faible du marxisme ...l'organisation du pouvoir socialiste après la révolution ...) sera définie par Lénine comme une dictature du Parti sur le Prolétariat, comme l'avait bien remarqué, déjà, Rosa Luxembourg !
En fait, étant un régime nouveau, Lénine, vers la fin de sa vie, s'inquiètera du bureaucratisme touchant le régime soviétique, bureaucratisation qui me semble être le corollaire, d'une socialisation des moyens de production, puisqu'il faut bien surveiller et mesurer la production quand la "main invisible" du marché ne le fait pas pour vous, ce qui se traduit, inévitablement, par création d'une bureaucratie !
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Le vous conseille vivement la lecture de l'excellent livre de la non moins excellente spécialiste de la Russie, Hélène Carrère d'Encause, plus psécialement le titre "Le Malheur Russe".
Dans celui-ci, les régicides et massacres, les enbastillements et tortures sont une constante depuis la création d'un état nommé Russie.
Soljénitsyne dans ses témoignages reccueillis signale un prisonnier d'opinion de l'époque du tsar Nicolas II et pour lequel le changement de régime politique n'a aucunement modifié les conditions de détention un parmi des milliers "d'oubliés" par la nouvelle "justice".
Cette constante dans l'oppression des forces vives et des intellectuels dans un pays où les nobles du tsar étaient quasi illettrés à quelques exceptions notables près, où les charges de la gestion et de l'administration d'état furent confiée à une future classe moyenne révolutionaire, n'offrait pas les conditions pour une évolution du peuple vers plus de savoir.
On estime très honnêtement que le refus d'émancipation de la part des autorités successives, les goulags, les meutres des intellectuels a profondément affecté le pays lui conférant un retard considérable au point de vue des libertés, de l'économie et des avancées technologiques généralement empruntées à l'Occident.
Nous constatons actuellement encore ce retard et cette opression (désolé pour cette digression mais elle sert à illustrer mes propos).
Lénine n'échappe pas à la règle, que la période soit transitoire ou pas, le sang coule de ses mains. Il n'a évidemment pas vécu assez longtemps pour que l'on puisse faire un bilan plus global sur ce qu'il aurait fait en période post révolutionnaire.
Cependant, peu avant sa mort, il déconseilla vivement à ses partenaires de faire la moindre confiance en Staline allant jusqu'à dire qu'il ne devait jamais devenir le chef de l'état. Visionnaire il l'était certainement, lucide aussi mais ses conseils ne suffirent pas à éviter le pire ...
Dans celui-ci, les régicides et massacres, les enbastillements et tortures sont une constante depuis la création d'un état nommé Russie.
Soljénitsyne dans ses témoignages reccueillis signale un prisonnier d'opinion de l'époque du tsar Nicolas II et pour lequel le changement de régime politique n'a aucunement modifié les conditions de détention un parmi des milliers "d'oubliés" par la nouvelle "justice".
Cette constante dans l'oppression des forces vives et des intellectuels dans un pays où les nobles du tsar étaient quasi illettrés à quelques exceptions notables près, où les charges de la gestion et de l'administration d'état furent confiée à une future classe moyenne révolutionaire, n'offrait pas les conditions pour une évolution du peuple vers plus de savoir.
On estime très honnêtement que le refus d'émancipation de la part des autorités successives, les goulags, les meutres des intellectuels a profondément affecté le pays lui conférant un retard considérable au point de vue des libertés, de l'économie et des avancées technologiques généralement empruntées à l'Occident.
Nous constatons actuellement encore ce retard et cette opression (désolé pour cette digression mais elle sert à illustrer mes propos).
Lénine n'échappe pas à la règle, que la période soit transitoire ou pas, le sang coule de ses mains. Il n'a évidemment pas vécu assez longtemps pour que l'on puisse faire un bilan plus global sur ce qu'il aurait fait en période post révolutionnaire.
Cependant, peu avant sa mort, il déconseilla vivement à ses partenaires de faire la moindre confiance en Staline allant jusqu'à dire qu'il ne devait jamais devenir le chef de l'état. Visionnaire il l'était certainement, lucide aussi mais ses conseils ne suffirent pas à éviter le pire ...
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Phil642 a écrit:Le vous conseille vivement la lecture de l'excellent livre de la non moins excellente spécialiste de la Russie, Hélène Carrère d'Encause, plus psécialement le titre "Le Malheur Russe".
Je conseille vivement, aussi, de Carrère d'Encausse, une remarquable biographie de Lénine, en collection Pluriel, ainsi qu'un livre qui date un peu, de la même historienne, que je suis en train de relire, Staline, l'ordre par la Terreur, de 1979, en collection Champs/Flammarion.
L'oeuvre maîtresse de Lénine, restera "Que Faire", en 1903, livre hommage (?) au populiste Nicolas Tchernychevski,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola%C3%AF_Tchernychevsky
qui pensait que la Russie pouvait se faire l'économie de la phase bourgeoise pour passer, directement à la phase ouvrière, par le biais d'un Etat fort ! Tchernychevsky était aussi fasciné par la science, comme ses contemporains, et les Marx, Auguste Comte et autres Saint-Simon, penseront que les progrès scientifiques pourraient s'appliquer aux organisations sociales et à la compréhension historique.
Les travaux de Marx s'inscriront aussi dans cette foi scientiste, et le génial barbu pensera avoir trouvé la clé du développement historique avec sa lutte des classes comme moteur de l'Histoire. Aussi, Lénine, reprend l'héritage marxiste mais aussi la pensée plus russe de Tchernychevski, pour développer sa pensée politique sur la Russie, pays peu pertinent, d'après Marx, pour une révolution socialiste, à cause de son retard de développement et de l'absence de phase bourgeoise ! Mais en s'appuyant sur le 1er auteur de Que Faire, Illitch trouve les concepts pour évacuer la phase bourgeoise marxiste et permet, théoriquement parlant, de faire la Révolution en Russie !
La conception du Parti de Lénine, développée dans son Que Faire, fait la part belle à ce Parti, organisation omnisciente et totale, qui doit être l'outil de la prise de pouvoir, pour imposer sa dictature sur le prolétariat.
Il faut noter que chez Lénine, la conception du "peuple" reste très théorique ...Illitch était avant tout un intellectuel, qui ne voit le Peuple que comme un concept, et n'en connaît nullement la chair !
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
"sur le prolétariat" ou "du prolétariat"?pour imposer sa dictature sur le prolétariat.
supertomate- Capitaine
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Goliath a écrit:Des "choses douteuses", ça dépend à quoi tu fais référence .... l'ordre d'exécution de la famille du Tsar est venu de "haut" et fut signé par Lénine. De même, le début de la "Terreur Rouge" (1 septembre 1918) fut également signé et approuvé par Lénine ; les ordres d'exécution étaient approuvés, ceci concernant, tout de même, des milliers de personnes, à la fois des rivaux politiques (comme l'indique Titetie) ou autres "indésirables" du peuple. Rendons donc à Lénine ce que nous lui devons, non ?
Ah, excusez-moi, j'ai oublié de préciser que je pratiquais à l'occasion l'euphémismes...
Oh, c'est sur ! Lénine n'est pas un saint, loin de là, cependant lui prêter les horreurs de Staline, ce serait comme...eh bien disons... attribuer à Robespierre les horreurs de la guerre d'Espagne de Napoléon.
Mais comme il a été cité plus haut, ce n'est pas non plus comme si la russie était un pays de douce moeurs politiques...
Luhkah- Lieutenant-colonel
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
supertomate a écrit:"sur le prolétariat" ou "du prolétariat"?pour imposer sa dictature sur le prolétariat.
Je confirme le "sur" qui ne fut pas celui "du" ...
J'aborde sur les propos initiaux.
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
supertomate a écrit:"sur le prolétariat" ou "du prolétariat"?pour imposer sa dictature sur le prolétariat.
Lénine parle de la dictature du prolétariat, période d'exception et transitoire ... Dans les faits, comme l'avait remarqué Rosa Luxembourg, la conception du Parti Léniniste, formalisée dans Que Faire, aboutira plutôt à une dictature du Parti sur le Prolétariat !
D'ailleurs, le problème de cette dictature, on sait quand elle commence, et jamais quand elle finit ! Staline avait bien compris que pour perpétuer cet "état d'exception", il suffisait de créer, tout le temps, de nouveaux ennemis bien peu réels et souvent imaginaires comme les koulaks, les Trotskystes, puis les hitléro-trotskystes, ou les suppôts des forces du Mikado renaissantes ! George Orwell a superbement évoqué la construction d'ennemis imaginaires dans son livre 1984 !
Bref, il est très facile de voir des "contre-révolutionnaires" partout, et l'accusation était facilement utilisée par les bolcheviques, comme le montre Rudolf Rocker, un anarchiste qui a évoqué les dérives révolutionnaires de Lénine et de ses partisans, dans :
"Les soviets trahis par les bolcheviks" (1921).
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
En fait, j'avais compris à la lecture de la phrase de Titie
"La conception du Parti de Lénine, développée dans son Que Faire, fait la part belle à ce Parti, organisation omnisciente et totale, qui doit être l'outil de la prise de pouvoir, pour imposer sa dictature sur le prolétariat."
que la dictature sur le prolétariat était théorisé dans son "Que Faire". C'était ça ma question, est-ce qu'il a dit explicitement, d'une manière ou d'une autre, qu'il fallait une dictature sur le prolétariat ou est-ce que ça n'a été "que" la réalité?
Par ailleurs, il me semble que dés novembre 1917, les bolchéviks se sont allègrement assis sur leur principes théoriques en niant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qu'ils défendaient. Il me semble aussi que la révolution a été tellement belle que dés 1917, nombre de marxistes allemands ont calmé leurs véléïtés révolutionnaires en voyant la catastrophe à coté. Bref, nul besoin d'attendre le rapport Kroutchev ou les procès des 30's pour savoir que ce régime (Lénine à sa tête) était criminel et ne correspondait pas à ce qu'il prétendait être.
Nous avons Staline successeur de Lénine à la tête du même régime politique.
Tous les 2 sont criminels et méprisent leur théories.
Après, évidement que si n'avait pas été Staline, cela n'aurait pas été exactement pareil, il faut un peu de place aux lubies personnelles des uns ou des autres.
Mais, si ce n'avait pas été Staline (par exemple l'ami Léon, vainqueur de Kronstadt), cela serait resté un régime criminel sans humanité et reposant sur les mêmes bases. Pour moi, c'est l'essentiel et l'on peut dire que Staline est le continuateur de Lénine, même si cette continuité aurait pu être légèrement différente.
"La conception du Parti de Lénine, développée dans son Que Faire, fait la part belle à ce Parti, organisation omnisciente et totale, qui doit être l'outil de la prise de pouvoir, pour imposer sa dictature sur le prolétariat."
que la dictature sur le prolétariat était théorisé dans son "Que Faire". C'était ça ma question, est-ce qu'il a dit explicitement, d'une manière ou d'une autre, qu'il fallait une dictature sur le prolétariat ou est-ce que ça n'a été "que" la réalité?
Par ailleurs, il me semble que dés novembre 1917, les bolchéviks se sont allègrement assis sur leur principes théoriques en niant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qu'ils défendaient. Il me semble aussi que la révolution a été tellement belle que dés 1917, nombre de marxistes allemands ont calmé leurs véléïtés révolutionnaires en voyant la catastrophe à coté. Bref, nul besoin d'attendre le rapport Kroutchev ou les procès des 30's pour savoir que ce régime (Lénine à sa tête) était criminel et ne correspondait pas à ce qu'il prétendait être.
Nous avons Staline successeur de Lénine à la tête du même régime politique.
Tous les 2 sont criminels et méprisent leur théories.
Après, évidement que si n'avait pas été Staline, cela n'aurait pas été exactement pareil, il faut un peu de place aux lubies personnelles des uns ou des autres.
Mais, si ce n'avait pas été Staline (par exemple l'ami Léon, vainqueur de Kronstadt), cela serait resté un régime criminel sans humanité et reposant sur les mêmes bases. Pour moi, c'est l'essentiel et l'on peut dire que Staline est le continuateur de Lénine, même si cette continuité aurait pu être légèrement différente.
supertomate- Capitaine
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Qui a dit que les horreurs de Staline étaient celles de Lénine ? Relisez le titre du sujet : "Staline, continuateur de Lénine ?". On parle d'évolution et de continuation de principes et décisions déjà appliqués depuis la prise du pouvoir par Lénine et qui n'ont été que poussées plus "loin" (ça aussi, c'est un bel euphémisme !) par le bon et grand Vodj !Oh, c'est sur ! Lénine n'est pas un saint, loin
de là, cependant lui prêter les horreurs de Staline, ce serait
comme...eh bien disons... attribuer à Robespierre les horreurs de la
guerre d'Espagne de Napoléon
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
supertomate a écrit:En fait, j'avais compris à la lecture de la phrase de Titie
"La conception du Parti de Lénine, développée dans son Que Faire, fait la part belle à ce Parti, organisation omnisciente et totale, qui doit être l'outil de la prise de pouvoir, pour imposer sa dictature sur le prolétariat."
que la dictature sur le prolétariat était théorisé dans son "Que Faire". C'était ça ma question, est-ce qu'il a dit explicitement, d'une manière ou d'une autre, qu'il fallait une dictature sur le prolétariat ou est-ce que ça n'a été "que" la réalité?
Par ailleurs, il me semble que dés novembre 1917, les bolchéviks se sont allègrement assis sur leur principes théoriques en niant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qu'ils défendaient. Il me semble aussi que la révolution a été tellement belle que dés 1917, nombre de marxistes allemands ont calmé leurs véléïtés révolutionnaires en voyant la catastrophe à coté. Bref, nul besoin d'attendre le rapport Kroutchev ou les procès des 30's pour savoir que ce régime (Lénine à sa tête) était criminel et ne correspondait pas à ce qu'il prétendait être.
Nous avons Staline successeur de Lénine à la tête du même régime politique.
Tous les 2 sont criminels et méprisent leur théories.
Après, évidement que si n'avait pas été Staline, cela n'aurait pas été exactement pareil, il faut un peu de place aux lubies personnelles des uns ou des autres.
Mais, si ce n'avait pas été Staline (par exemple l'ami Léon, vainqueur de Kronstadt), cela serait resté un régime criminel sans humanité et reposant sur les mêmes bases. Pour moi, c'est l'essentiel et l'on peut dire que Staline est le continuateur de Lénine, même si cette continuité aurait pu être légèrement différente.
1°) Non, évidemment, Lénine parlait, dans Que Faire, d'une dictature du prolétariat ...mais comme dans les faits c'est le Parti qui incarne le prolétariat ...
2°) Les marxistes allemands ne se sont nullement calmés, se fut plutôt le contraire, puisque les tentatives de révolution, en Allemagne, ont été chronique !
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_allemande_de_novembre_1918
3°) Les objectifs léninistes, sont, à la base, humanistes, puisqu'il veut organiser une société plus égalitaire et plus juste. Le problème, c'est qu'Illitch ne s'est pas vraiment aperçu que le Parti qu'il forgeait, ainsi que les organes de sécurité, nécessaires, dans un premier temps, pour lutter contre la contre-révolution, allaient prendre une importance délirante et allaient étouffer la révolution !
4°) Car à l'origine, la Tcheka devait avoir un caractère provisoire et exceptionnel, pour lutter contre la contre-révolution. Cette dernière disparue, la Tcheka aurait été dissoute. De plus, dans l'idée de Lénine, elle devait être le bras séculier du Parti, et totalement subordonnée à lui.
Or, avec l'inflation de ses effectifs, et l'immensité de ses pouvoirs, cet organe de sécurité va prendre une place nouvelle et substantielle dans le régime soviétique, avec 260 000 fonctionnaires, en 1921, qui défendront, désormais, leurs intérêts ...
Dès 1922, cette Commission Extraordinaire, qui devait être éphémère, s'institutionnalise en se transformant en Administration d'Etat, l'OGPU.
Enfin, plus grave, en octobre 1923, Dzerjinski, au cours d'un discours devant le Comité Central, affirme que l'OGPU se doit de contrôler les membres du Parti, pour traquer le fractionnisme ...et que les dirigeants et les militants, doivent collaborer ! De subordonnée au Parti, l'OGPU devient l'égale de celui-ci, pour ne pas dire plus, et va désormais trancher les divergences au sein de celui-ci.
Or, en 1923, Dzerjinski va se rallier à Staline, dans la lutte pour la succession à Lénine, ce qui fait qu'on peut voir Staline comme l'expression des intérêts des organes de sécurité, qu'avaient crée Illitch !
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Goliath a écrit:Qui a dit que les horreurs de Staline étaient celles de Lénine ? Relisez le titre du sujet : "Staline, continuateur de Lénine ?". On parle d'évolution et de continuation de principes et décisions déjà appliqués depuis la prise du pouvoir par Lénine et qui n'ont été que poussées plus "loin" (ça aussi, c'est un bel euphémisme !) par le bon et grand Vodj !Oh, c'est sur ! Lénine n'est pas un saint, loin
de là, cependant lui prêter les horreurs de Staline, ce serait
comme...eh bien disons... attribuer à Robespierre les horreurs de la
guerre d'Espagne de Napoléon
Oh la ! Calmez-vous, Tovarich !
Justement, je me pose la question, "poussée plus loin", ne veut pas dire que Lénine aurait été jusque là. Vous admettez d'ailleurs vous-même qu'il s'agit d'un "euphémisme", je suis content de voir que je ne suis pas le seul. ;)
Ma seule impression, quand je lis vos propos, c'est que vous mettez les deux individus dans le même sac, et que si Lénine n'est pas coupable des crimes de Staline, il est coupable d'avoir initié le mouvement qui va mener à ces derniers. (Surtout, arretez-moi si je me trompe !)
C'est ce qui me dérange dans le raisonnement qui semble soutenir votre discours, c'est que cela est PROBABLE MAIS PAS PROUVER et difficilement prouvable. En terme d'histoire, dans l'absolu, on ne peut juger qu'à posteriori, pas a priori.
Staline a commis des crimes immondes, mais il n'y était pas obligé, et c'est cela qui fait de lui un monstre. Lénine en à fait d'autre, ce qui fait de lui un autre genre de créature, mais pas la même. Si vous êtes un adepte de la pensée libérale, vous devez être convaincus de la valeur intrinséquement particulière de chaque individus.
A nouveau, arretez-moi si je me trompe.
Luhkah- Lieutenant-colonel
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Moui, enfin là ça devient de la subtilité linguistique ...
Lénine aurait fait comme Staline s'il n'était pas mort en 1924 ? En effet, difficile à dire, puisque on est totalement dans de l'hypothétique là ... je n'ai pas émit ladite hypothèse, et je me garderai bien de le faire !
Lénine a "initié" le "mouvement" qui a été conduite sous Staline ? Oui, sur certains aspects, indéniablement, comme il a déjà été dit sur ce fil ; n'est-ce que la chasse aux "ennemis du peuple", matage des "révoltes", élimination de rivaux (n'est-ce pas la première chose faite par Staline avant de s'asseoir au Kremlin ?), une utilisation généreuse des Goulags et du Guépéou/NKvd ... tout cela est "né" sous Lénine sous une volonté de centraliser et d'unifier régime avec, au centre, un seul et unique Parti. Le contexte révolutionnaire est une chose, certes, mais après 1921 et l'écrasement des ennemis tant extérieurs qu'intérieurs, l'URSS retrouve un certain "calme" (enfin, politique ... la population subissant des famines dans les années 1922-23). Staline n'a fait que reprendre cette "ligne" en la poussant, dans certains cas, encore plus loin, puisque étant encore plus paranoïaque que son prédécesseur. Quant aux crimes "ethniques", visant des catégories de la population ... je ne m'avancerai pas trop : il est vrai que sous Staline, ils ont atteints leur paroxysme (Holodomor, déportations, russification ..), mais il me semble que déjà sous Lénine, des catégories de la population, appartenant à des groupes ethniques spécifiques (en Ukraine ou dans le Don par exemple) étaient déjà dans le collimateur de Moscou qui certes, en 1923, avait encore d'autres choses à régler.
Lénine aurait fait comme Staline s'il n'était pas mort en 1924 ? En effet, difficile à dire, puisque on est totalement dans de l'hypothétique là ... je n'ai pas émit ladite hypothèse, et je me garderai bien de le faire !
Lénine a "initié" le "mouvement" qui a été conduite sous Staline ? Oui, sur certains aspects, indéniablement, comme il a déjà été dit sur ce fil ; n'est-ce que la chasse aux "ennemis du peuple", matage des "révoltes", élimination de rivaux (n'est-ce pas la première chose faite par Staline avant de s'asseoir au Kremlin ?), une utilisation généreuse des Goulags et du Guépéou/NKvd ... tout cela est "né" sous Lénine sous une volonté de centraliser et d'unifier régime avec, au centre, un seul et unique Parti. Le contexte révolutionnaire est une chose, certes, mais après 1921 et l'écrasement des ennemis tant extérieurs qu'intérieurs, l'URSS retrouve un certain "calme" (enfin, politique ... la population subissant des famines dans les années 1922-23). Staline n'a fait que reprendre cette "ligne" en la poussant, dans certains cas, encore plus loin, puisque étant encore plus paranoïaque que son prédécesseur. Quant aux crimes "ethniques", visant des catégories de la population ... je ne m'avancerai pas trop : il est vrai que sous Staline, ils ont atteints leur paroxysme (Holodomor, déportations, russification ..), mais il me semble que déjà sous Lénine, des catégories de la population, appartenant à des groupes ethniques spécifiques (en Ukraine ou dans le Don par exemple) étaient déjà dans le collimateur de Moscou qui certes, en 1923, avait encore d'autres choses à régler.
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Goliath a écrit:Moui, enfin là ça devient de la subtilité linguistique ...
Lénine aurait fait comme Staline s'il n'était pas mort en 1924 ? En effet, difficile à dire, puisque on est totalement dans de l'hypothétique là ... .
En fait, je ne parle pas de la personnalité des uns et des autres, qui sont sûrement différentes, mais d'un système, forgé par Lénine, qui va se pérenniser sous Staline.
Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Il est certain que tout le système de répression a été forgé par Lénine et Trotsky. Staline trouvera un instrument tout fait qu'il n'aura qu'à utiliser suivant son bon plaisir
elgor- Général de Division
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
Pour moi Staline n'est pas la suite de Lenine, en effet celui çi est trop modéré aux vue des œuvre de Staline, Trosky aurai été sa suite logique. Je ne pense pas qu'on peut en vouloir à Lénine car généralement après une révolution, une dictature s'instore et des " épurages " commencent ( exemple la Terreur en France ...). Par contre le fait que Staline est continué et agravé ses crimes est condanable . Les communistes d'aujourd'hui font tout retomber sur Staline, l'acusant d'avoir condamné le communisme ... Mais la réalité est plus complexe vus qu'il ne fait que suivre le chemin qui à été fait et il est vrai, transformé ce chemin en autoroute. Aussi si Lénine est relativement épargné par la presse occidentale, ce n'est pas le cas de Staline qui se fait, encore aujourd'hui, lyncher au moins une fois par semaine.
.
.
D'ailleurs anecdote intéressante, les adolescent de mon âge ont tous, à cause du programme d'histoire un poil UMPiste, assimilé communiste à Staline et goulag donc c'est pas demain que le PC va avoir de nouveau sympathisants
.
Quand à Napoléon, il n'est pas responsable des massacres et pillage en Espagne, ce sont bel est et bien ses généraux qui, perverti par l'argent, essayait de pacifier leur régions pour espérer que Napoléon leur donne un couronne. Seul Suchet et la Catalogne s'en est bien sorti ( Fin HS )
.
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D'ailleurs anecdote intéressante, les adolescent de mon âge ont tous, à cause du programme d'histoire un poil UMPiste, assimilé communiste à Staline et goulag donc c'est pas demain que le PC va avoir de nouveau sympathisants
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Quand à Napoléon, il n'est pas responsable des massacres et pillage en Espagne, ce sont bel est et bien ses généraux qui, perverti par l'argent, essayait de pacifier leur régions pour espérer que Napoléon leur donne un couronne. Seul Suchet et la Catalogne s'en est bien sorti ( Fin HS )
Stonne- Général de Brigade
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
- Il me semble aussi que la révolution a été tellement belle que dés 1917, nombre de marxistes allemands ont calmé leurs véléïtés révolutionnaires en voyant la catastrophe à coté. Bref, nul besoin d'attendre le rapport Kroutchev ou les procès des 30's pour savoir que ce régime (Lénine à sa tête) était criminel et ne correspondait pas à ce qu'il prétendait être.
2°) Les marxistes allemands ne se sont nullement calmés, se fut plutôt le contraire, puisque les tentatives de révolution, en Allemagne, ont été chronique !
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_allemande_de_novembre_1918
Mes propos reposent là-dessus (histoire de l'Allemagne XIXè -XXè siècle de Heinrich A. Winkler):
Les sociaux-démocrates aux-mêmes, combattu pourtant par Lénine qui les traitait de "sociaux-patriotes", se joignirent d'abord au chœur des louanges à l'adresse des bolchéviks pacifistes: c'était sans effusion de sang majeur que Lénine et ses partisans avaient renversés le gouvernement Kerensky [...] Mais dés la fin-novembre, des voix de plus en plus nombreuses se firent entendre dans les rangs des sociaux-démocrates majoritaires et indépendants modérés pour reprocher aux bolchéviks la terreur qu'ils faisaient régner. Après le 19 janvier 1918, il ne se trouva plus guère de sociaux-démocrates pour exprimer leur sympathie pour les méthodes russes [...]
Même à l'extrême-gauche, chez les spartakistes, le putsch bolchévique de janvier ne faisait pas l'unanimité. Clara Zetkin et Franz Mehring défendaient sans réserve l'écrasement de la constituante [...] En revanche, Rosa Luxembourg, qui faisait l'objet d'une mesure d'internement administratif depuis juillet 1916, jugeait inexcusable que les bolchéviks n'aient pas appelé immédiatement à de nouvelles élections après la dissolution de l'assemblée constituante (qu'elle estimait, elle aussi, justifiée)."Une liberté réservée aux partisans du gouvernement, aux membres d'un parti - si nombreux soient-ils - n'est pas la liberté [...]"
Un peu plus tard:
Le premier Congrès général des conseils d'ouvriers et de soldats d'Allemagne se tint à Berlin du 16 au 21 décembre. [1918 ...]
[les délégués] repoussèrent sa motion visant à appuyer la Constitution de la République socialiste sur le système des conseils. En revanche [...] ils adoptèrent la proposition du social-démocrate majoritaire Max Chen-Reuss et fixèrent les élections législatives au 19 janvier 1919. [...]
Les puissants argument de Cohen-Reuss, ses mises en garde, inspirées par l'exemple russe, contre les conséquences intérieures et extérieures de l'instauration d'un régime des Conseils en Allemagne n'avaient pas été étranger à l'importance de la majorité favorable à la Constituante et hostile au système des conseils.
Je ne voulais pas minorer l'ambiance insurrectionnelle de l'époque en Allemagne, mais dire que dés le début de la révolution bolchévik des gens la regardant plutôt d'un bon œil, y compris au-delà des sociaux-démocrates, ont modifié leur appréciation en voyant le spectacle.
supertomate- Capitaine
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Re: Staline, continuateur de Lénine ?
supertomate a écrit:
Il me semble aussi que la révolution a été tellement belle que dés 1917, nombre de marxistes allemands ont calmé leurs véléïtés révolutionnaires en voyant la catastrophe à coté. Bref, nul besoin d'attendre le rapport Kroutchev ou les procès des 30's pour savoir que ce régime (Lénine à sa tête) était criminel et ne correspondait pas à ce qu'il prétendait être.
2°) Les marxistes allemands ne se sont nullement calmés, se fut plutôt le contraire, puisque les tentatives de révolution, en Allemagne, ont été chronique !
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_allemande_de_novembre_1918
Mes propos reposent là-dessus (histoire de l'Allemagne XIXè -XXè siècle de Heinrich A. Winkler):Les sociaux-démocrates aux-mêmes, combattu pourtant par Lénine qui les traitait de "sociaux-patriotes", se joignirent d'abord au chœur des louanges à l'adresse des bolchéviks pacifistes: c'était sans effusion de sang majeur que Lénine et ses partisans avaient renversés le gouvernement Kerensky [...] Mais dés la fin-novembre, des voix de plus en plus nombreuses se firent entendre dans les rangs des sociaux-démocrates majoritaires et indépendants modérés pour reprocher aux bolchéviks la terreur qu'ils faisaient régner. Après le 19 janvier 1918, il ne se trouva plus guère de sociaux-démocrates pour exprimer leur sympathie pour les méthodes russes [...]
Même à l'extrême-gauche, chez les spartakistes, le putsch bolchévique de janvier ne faisait pas l'unanimité. Clara Zetkin et Franz Mehring défendaient sans réserve l'écrasement de la constituante [...] En revanche, Rosa Luxembourg, qui faisait l'objet d'une mesure d'internement administratif depuis juillet 1916, jugeait inexcusable que les bolchéviks n'aient pas appelé immédiatement à de nouvelles élections après la dissolution de l'assemblée constituante (qu'elle estimait, elle aussi, justifiée)."Une liberté réservée aux partisans du gouvernement, aux membres d'un parti - si nombreux soient-ils - n'est pas la liberté [...]"
Un peu plus tard:Le premier Congrès général des conseils d'ouvriers et de soldats d'Allemagne se tint à Berlin du 16 au 21 décembre. [1918 ...]
[les délégués] repoussèrent sa motion visant à appuyer la Constitution de la République socialiste sur le système des conseils. En revanche [...] ils adoptèrent la proposition du social-démocrate majoritaire Max Chen-Reuss et fixèrent les élections législatives au 19 janvier 1919. [...]
Les puissants argument de Cohen-Reuss, ses mises en garde, inspirées par l'exemple russe, contre les conséquences intérieures et extérieures de l'instauration d'un régime des Conseils en Allemagne n'avaient pas été étranger à l'importance de la majorité favorable à la Constituante et hostile au système des conseils.
Je ne voulais pas minorer l'ambiance insurrectionnelle de l'époque en Allemagne, mais dire que dés le début de la révolution bolchévik des gens la regardant plutôt d'un bon œil, y compris au-delà des sociaux-démocrates, ont modifié leur appréciation en voyant le spectacle.
Pourtant la grande lueur qui se lève à l'Est, embrase les imaginations ! Et l'URSS restera pendant longtemps la patrie idéale pour beaucoup d'ouvriers. Dans les années 20 et 30, il y a d'ailleurs assez peu de témoignages sur ce qui se passe là-bas, même si certains auteurs avaient décrits, très tôt, la réalité de la politique bolchevique, je pense à Rudolf Rocker et à son livre, Les soviets trahis par les bolcheviks, qui date de 1921. Victor Serge, Boris Souvarine, Panaït Istrati ou André Gide furent aussi d'autres détracteurs du régime soviétique, avant d'en avoir été de fervents zélateurs.
Mais globalement, dans les 20 et 30, surtout avec la crise capitaliste de 29, l'URSS et son plan quinquennal, apparaissent comme une alternative au capitalisme et a une image plutôt positive. Surtout que dans le cadre de la montée du nazisme et du changement de ligne, du catastrophique "classe contre classe" à ligne de constitution de "front populaire", en 1934, les communistes apparaissent comme les alliés naturels des réformistes, permettant à la SFIO, en France et aux radicaux, en Espagne, d'arriver au pouvoir en 1936.
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