VOEUX NOEL 2011

A tous les intervenants je souhaite un joyeux réveillon, ainsi que mes meilleurs voeux pour l'année 2012. Ci dessous un petit texte de souvenirs :

25 décembre 1960 – Noël à BAB EL ASSA, QG du 3ème bataillon de Fusiliers Marins.

C’était il y a un demi siècle……

Je suis arrivé à bord d’un GMC à bout de souffle à BAB EL ASSA (frontière marocaine) le 18 décembre 1960, par un matin froid et très humide. En bas du piton sur l’aire dévolue aux mécanos, une bouillasse malaxée par les jumelés des GMC, et les chenilles des half-track, je crade mes belles godasses de sortie. Mon sac « marine » sur l’épaule je crapahute vers le BSI (1), quand des détonations font vibrer l’air. Une bande de types, casque lourd à poste, entoure frénétiquement le mortier Brandt de 120 mm, et enfourne des pélots, l’un après l’autre, dans le tube qui tressaute à chaque départ. Tir de barrage m’indique un passant.

Après les formalités d’embarquement (2), je me rends dans ma baraque. Imaginez une baraque en tôle ondulée entourée de murs de sacs de sable dont on m’expliquera la destination avec minutie. Un poele a pétrole empuantit l’atmosphère, plutôt qu’il ne la réchauffe. Un type barbu me montre mon plumard, et me donne sac à viande et sac de couchage, en me précisant que son précédent locataire a sauté sur une mine la semaine d’avant. Il est midi, et je suis sapé en biffin, mais les ancres de marine sur mon épaule gauche attestent que je suis toujours dans la marine.

Il est midi et je fais la connaissance des garçons (tous des appelés) qui seront mes copains pour un an. Ils me disent que j’arrive au bon moment car Noël arrive, et que le repas sera absolument merveilleux, et dépassera en richesse le camp du Drap d’Or. Jugez un peu : 6 huîtres en hors d’œuvre avec une rondelle de foie gras, poulet rôti avec patates sautées, fromage, et une rondelle de bûche de Noël. Et la boisson ? Pas de danger, dans la Marine à l’époque nous n’étions pas au jus de fruit. Un « apéro du piton » concocté par les types de la baraque à base de rhum, de Martini, et d’un truc explosif qui donnait du tonus, puis du vin blanc pour les huîtres et le foie gras, et enfin du rouge pour le poulet avant de repasser au blanc pour la bûche. En prime un verre de cognac et un cigare. Oui mes amis un cigare. Tout est prévu, et tous souhaitent que les fells auront le bon goût de ne pas troubler la nouba qui se profile.

Le 24 décembre 1960 je suis de patrouille de 20.00 à 22.00, et dans l’half-track embarque l’aumônier de la marine. Il se présente à tous les types de l’engin, le mitrailleur arrière, le lance VB, le radio, le chauffeur, le chef d’engin et le mitrailleur de tourelle. Nous roulons en expédiant dans les fonds d’oueds quelques VB anti-personnel. A mi parcours on stoppe pour reposer nos articulations douloureuses, et l’aumônier fait circuler son paquet de « troupes » en disant : « une bénite garçon ? ». Je m’en souviens comme si c’était hier, elle avait un parfum spécial cette « bénite ». Au retour il a dit au chef d’engin : garez vous sur l’esplanade du QG, je vais dire la messe de minuit dans votre half-track. Ancien enfant de chœur, je lui ai proposé mes services. Et me voilà installant l’autel au dessus des bandes de mitrailleuse et de la caisse remplie de VB.

A minuit il fait un froid de canard. L’état major et tous les types qui ne sont pas en patrouille sur le réseau, entourent l’half-track éclairé par deux lampes de poches discrètes. J’ai servi des centaines de messe, mais celle-ci restera dans ma mémoire jusqu’à ma mort. Quelques belles voix de bretons enchantèrent les cieux, et élevèrent nos cœurs vers la voûte céleste étoilée. Les fellouzes étaient restés au chaud et la paix tomba sur cette portion de réseau électrifié.

Le 25 midi ce fut une nouba inoubliable, dont je garde un souvenir confus après le verre de cognac final. L’aumônier avant de quitter le piton, vint nous bénir en nous offrant encore quelques « bénites ». Il goûta notre « apéro du piton » en louant le seigneur pour l’ingéniosité des hommes…et repartit en heurtant les deux chambranles de la porte.

J’ai fait 125 patrouilles de nuit sur cet half-track. Nous avons soutenu une bonne douzaine de combats rapprochés avec des unités de fels enragés, appuyés par des mitrailleuses lourdes. À part quelques trous de balles de MG42, nous n’avons jamais été bazookés, et pas un homme ne fut tué ni blessé à bord (3), ce qui ne fut pas le cas pour les autres blindés du poste hélas. Cette messe de Noël as t elle protégé notre engin et ses occupants ? Je ne saurais le prouver, mais j’y crois dur comme fer.

(1) Bureau du Service Intérieur, géré par le bidel (capitaine d’armes).
(2) Embarqué : un marin est toujours « embarqué » dans une affectation, même si celle-ci est un poste à terre.
(3) Le chauffeur, qui pilota un soir un autre engin, fut grièvement blessé à la tête par l’explosion prématurée d’un VB.

Bonsoir, et bonnes fêtes à toi et ta famille "l'ancien" , que de souvenirs , c'est bon de s'y replonger parfois, en ces temps "tumultueux " , une autre époque , d'autres idées, mais l'idéal toujours présent , et ce feu que l'on garde en soit .Merci pour ton texte , ces époques lorsque l'on les vit, ce sont de grandes aventures .


amicalement,



le ronin.

Merci aux Anciens de nous permettre de fêter le renouveau en liberté !!!

Bon Noël à tous...1962 .....Noël en perm avant une inoubliable traversée de retour sur "Sidi Mabrouck" et 10 jours de séjour au quatre étoiles de Sainte Marthe et une visite en touriste de la rue Tubano accompagné par des anciens de la légion.....

Major COWBURN tu me rappelles des souvenirs marrants à ce propos :

En ce temps là, les relations entre saccos en biffins, c'est-à-dire fusiliers marins, et fantassins de l'armée de Terre, étaient empreintes d'un certain caractère. Disons le franchement: nous nous détestions cordialement et les accrochages n'étaient pas rares. Surtout avec certains gradés de l'infanterie qui prenaient très mal la latitude que nous autres matafs prenions avec la discipline militaire, telle qu'ils la concevaient dans l'armée de Terre, c'est-à-dire, "jugulaire-jugulaire", en appliquant strictement le manuel d'instruction. Je vais vous conter une petite anecdote illustrant l'ambiance qui régnait alors entre nous.

Durant la guerre d'Algérie, le camp Saint Marthe, à Marseille, accueillait - si l'on peut utiliser un terme aussi flatteur - les soldats en transit, avant leur embarquement sur les navires de transport de troupes qui les emmenaient vers Alger, Oran ou Philippeville.

Mes souvenirs sont ceux - je vais être sincère, donc brutal, et même trivial, qu'on me le pardonne - d' une saloperie de caserne où la bouffe était infecte, et l'hébergement pire encore. Heureusement, les fuscos en transit, dont je faisais partie, étaient exemptés de gardes et de corvées. En quelque sorte, nous étions des invités. Donc, à notre arrivée, avec un pote, on pose nos sacs dans le baraquement réservé aux matafs, et nous voilà partis sans désemparer, pour aller becqueter en ville et courir la gueuse du côté de la rue Thubaneau.

Nous nous dirigeons sereinement vers la porte principale, quand un sonore:

- Pssst, Hé vous là bas !!! gueulé à pleine voix derrière nous, nous interpelle.

Mon copain me dit: - Te retourne pas!.

Et voilà-t-il pas qu'un adjupète biffin, haut comme trois merdes à genoux, nous court après, et se foutant devant nous en rogne, commence à vitupérer:

- Pourquoi ne vous êtes vous pas arrêtés lorsque je vous ai interpellés ?


Mon pote - un costaud d'un mètre quatre vingt - lui colle sa manche de vareuse sous le nez et lui dit :

- Même quand j'ai la chiasse, on m'appelle quartier-maître, t'as pigé, biffin ?

Oh putain !, l'autre saute en l'air comme une mine bondissante, et nous enjoint de l'accompagner sur le champ vers le poste de garde.
Il entre avec nous, claque les talons et lance à l'officier de permanence qui lisait le journal :

- Mon capitaine, j'ai surpris ces deux hommes qui se dirigeaient vers la porte principale sans permission de sortie.

Le capitaine lève la tête, nous jette un regard, et d'un geste las de la main, dit à l'autre agité :

- Laissez, laissez, adjudant ne voyez-vous pas qu'il s'agit de marins ? et il replonge derechef le nez dans son canard.

Il avait tout dit. Nous saluons, faisons un demi-tour impeccable, et en passant près du juteux déconfit, mon pote lui glisse à voix basse :

- Hein ça te la coupe mon canard?

L'autre en est resté la gueule grande ouverte.

Mêmes souvenirs de Sainte Marthe :un de ces" vrais merdiers "comme notre géniale armée s'est toujours trouvée à la hauteur pour les organiser.....Avec les copains on s'était trouvés obligés de patrouiller autour des baraques et d'organiser des gardes internes contre les vols commis par des civils qui s'introduisaient dans le camp....J'étais passé par les cuisines,par hasard quand j'ai vu la saleté,le manque d'hygiène,j'ai décidé de ne pas manger au casernement,tous les soirs j'allais manger du côté du vieux port et je revenais avec une paire de sandwiches pour le lendemain midi.Service minimum pour les plateaux en alu bosselés,jetés dans un coin avec les restes de nourriture et "nettoyés" au jet en tas....Les aliments sortis des bacs de cuisson avec des pelles de terrassiers qui traînaient dans la boue et que tout le monde piétinait......................

Salut à tous
Feu mon Grand Père m'avait raconté une drôle d'histoire, quand il était déporté sur la construction du chemin de fer Douala Yaoundé, à la fin de 1939, à l'époque de la colo Allemande et peu avant la première GM - excusez si je retarde d'une guerre; le 24 Décembre de cette année, le responsable des troupes Allemandes qui les gardaient les avait rassemblé pour leur dire " Ach,bande de baiens, auchourd'hui est une grande fête; allez chercher de quoi mancher"!!! ils se sont répandus dans les campagnes et villages environnants, raflé sous les ordres des soldats poules, chèvres, porcs etc. qu'ils ont fait rôtir et ont mangé tous ensembles, en chantant-pour les uns- et en baragouinant- pour les autres des cantiques célestes...
Joyeux Noël, gloire aux cieux et paix sur la terre aux Hommes de bonne volonté
Amitiés;
Tec'