Ubik83 : projet de roman
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ubik83
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Re: Ubik83 : projet de roman
ubik83 a écrit:Parce que si tel est le cas, la seule configuration où mes lascars pourraient avoir croisé des prisonniers, ce serait lors d'une manœuvre à l'extérieur, ils passent près d'un kommando, et voilà tout.
A certaines périodes, il y eut de très nombreux commandos. Donc, en ville, à la gare, en divers endroits, on pouvait croiser des forçats travailler sous la surveillance de quelques gardes.
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Vase clos.
Il faut que je relise à nouveau ce chapitre, mais il me semble que j'insiste énormément sur le côté "vase clos", étouffant, dans cette caserne SS. Ils sont coupés de tout, n'ont pas de permissions avant longtemps, et sont soumis à une constante surveillance, sans parler du martellement idéologique. Je crois qu'ils n'ont, en réalité, quasiment aucune chance de croiser des prisonniers, si je m'en tiens à ce climat que j'ai instauré. Et je l'ai instauré après avoir lu et cherché sur le sujet, évidemment. Je m'en vais vérifier et on en reparle. A plus...
Ubik.
Ubik.
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Re: Ubik83 : projet de roman
ubik83 a écrit:Il faut que je relise à nouveau ce chapitre, mais il me semble que j'insiste énormément sur le côté "vase clos", étouffant, dans cette caserne SS. Ils sont coupés de tout, n'ont pas de permissions avant longtemps, et sont soumis à une constante surveillance, sans parler du martellement idéologique. Je crois qu'ils n'ont, en réalité, quasiment aucune chance de croiser des prisonniers, si je m'en tiens à ce climat que j'ai instauré. Et je l'ai instauré après avoir lu et cherché sur le sujet, évidemment. Je m'en vais vérifier et on en reparle. A plus...
Ubik.
Ils pourraient croiser un commando. Éventuellement même 2 fois, une fois en arrivant et une fois en partant,ce qui permettrait de montrer leur endoctrinement.
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... Faut voir...
Oui, il faut voir si c'est crédible, si la probabilité d'une telle rencontre est suffisante. Il ne faut pas oublier que par ailleurs, le roman est déjà épais. J'ai du mal à évaluer, mais en papier A4, avec un interligne d'un et demi, en laissant une petite marge à gauche, bref, en respectant toutes les consignes de mon éditeur, j'en suis quand même à 450 pages environ, et on entame à peine la seconde partie, la guerre à l'Est. Donc le côté "foisonnant" est déjà largement pourvu. Quant à montrer leur endoctrinement, je l'ai fait jusqu'à l’écœurement, je crois, dans les autres passages. Alors bon, je vais relire le chapitre 15 et je verrai bien s'ils ont l'occasion de mettre le nez dehors. Je crois que le seul moment se passe à une bonne cinquantaine de bornes de la caserne, dans le cadre du DAF, ils vont aider aux travaux dans une ferme des environs. Donc, là, je n'ai pas mis de prisonniers, je voulais qu'il y ait très peu de personnages, pour des raisons internes au roman... C'est la seule partie où enfin la pression se relâche, ou ils peuvent enfin parler librement, tous les deux, de ce qu'ils ressentent.
Je posterai un extrait, peut-être celui-là, ça fera bucolique.
A suivre,
Ubik.
Je posterai un extrait, peut-être celui-là, ça fera bucolique.
A suivre,
Ubik.
ubik83- Lieutenant-colonel
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Extrait : la ferme.
Hello,
Je confirme : à aucun moment mes cadets SS ne mettent le nez hors de la caserne. Donc, soit il y a proximité effective entre celle-ci et le camp de Sachsenhausen, auquel cas j'ajouterai quelque chose... Soit non, et on en restera là pour cet aspect.
Voilà le seul moment où ils sont à l'extérieur. Un petit stage d'une semaine dans le cadre du Deutsche Arbeit Front, dans une ferme des environs. Bonne lecture !
==================================================
L’institution était, naturellement, en relation avec d’autres centres éducatifs. Fréquemment, des missions étaient organisées. C’est ainsi que nos camarades du groupe C partirent une semaine en Italie, dans une école Fasciste, dont ils revinrent enchantés. D’autres s’en furent visiter les enclaves Allemandes des Carpates. Les relations étaient étroites avec les Adolf Hitler Schulen, les Napolas et, bien sûr, les sections des Hitlerjugend dans tout le Reich. Il y eut aussi un séjour organisé parmi les Alpenkorps, dans le Tyrol, auquel Franz et moi aurions bien voulu participer. Plus prosaïquement, on nous envoya en renfort, en collaboration avec le Deutsche Arbeit Front, dans une ferme des environs.
Le paysan qui nous accueillait, Pabsdorf, était trapu, peu causant ; nous ne le vîmes guère, l’exploitation étant vaste. Sa femme, petite, rougeaude, les cheveux graisseux, fit l’effort de nous proposer du vin. Il y avait aussi une grand-mère, clouée sur une chaise à bascule près de la cuisinière à bois et qui nous ignora ; impassible, perdue dans je ne sais quelle rêverie, elle se balançait, tandis qu’au-dessus d’elle cliquetait la grande pendule.
Nous croisâmes aussi Gertrud, fille des propriétaires, bien en chair mais charmante. Elle devait avoir dans les vingt-deux ans, un joli visage rond, des nattes blondes, une poitrine généreuse. Nous lui parlâmes assez peu, elle semblait plutôt timide.
Pendant trois jours, nous aidâmes à rentrer des meules de foin. C’était assez éreintant et malgré notre bonne condition physique, je dois avouer que le soir, je m’endormais comme une brute. Nous étions logés dans une sous-pente en bois, juste au-dessus de l’étable. Sous nos corps, à quelques centimètres, les vaches ruminaient, meuglaient, et leur fumet nous montait au nez, on avait l’impression d’être couchés entre elles, de faire partie du troupeau, à notre façon.
Heffner nous accompagnait. Au début de ce séjour, il ne nous quittait pas des yeux. Cependant, le quatrième matin, au lieu de nous chaperonner, il nous envoya à la porcherie. Il s’agissait de nourrir les animaux, nettoyer, autant que possible.
Depuis que nous étions entrés à Oranienburg, Franz et moi avions appris un mot, qui ponctuait toute demande, quelle que soit sa nature : Jahwohl ! Aussi, même si cette besogne ne nous enchantait guère, équipés de bottes en caoutchouc, nous prîmes pelles, seaux, balais, sans protester.
En m’éloignant dans le soleil, je réalisai tout à coup que nous étions seuls, Franz et moi. Cette sensation me dérangea presque. Elle était étrange. Je m’étais accoutumé à une constante surveillance.
La bauge, immonde, puait abominablement. On portait les sacs de grain, les restes, les épluchures de légumes, qu’on répartissait approximativement. Je me chargeais de remplir d’eau les abreuvoirs. On travaillait sans relâche. Franz passait sa mauvaise humeur sur les animaux. De temps en temps, quand une bestiole se montrait trop rétive, ou le serrait de trop près, il la chassait d’un coup de pied. Chaque fois ou presque, il ponctuait d’une phrase assassine, toujours dans le même registre :
- Prends ça, Mayerbaum ! Cochon de Juif !
Vers treize heures, on s’arrêta pour le casse-croûte. Nous avions emporté du pain et des saucisses froides. On les fit descendre avec quelques gorgées de bière. Les porcs grognaient, le nez dans les restes, trognons de navets et grains de maïs. Enfin, je me laissai aller à quelques confidences :
- Franz, je voulais te dire….
- Ne te fatigue pas, je sais.
- La question est : Von Hagen l’a-t-il compris, lui aussi ?
- Alors là… je pense que pour l’instant, tu réussis assez bien à donner le change.
- Oui mais il est sur moi, il ne me lâche pas… Constamment je me sens oppressé. J’ai des pensées tristes.
- Il est après tout le monde. Peu importent tes états d’âme, du moment que tu les caches soigneusement. On attend de toi un certain comportement, rien d’autre. Je suis là, je veille sur toi. N’oublie jamais que nous figurons sur le film « Triomphe de la Volonté ». Nous appartenons déjà à l’Histoire. Un brillant avenir nous est promis. Nous sommes les enfants chéris du National-socialisme.
- …
Il ajouta, sur un ton qui se faisait presque menaçant :
- Rappelle-toi ce qu’a dit Goebbels : qui n’est pas avec nous est contre nous. Tu as choisi ton camp, depuis longtemps. Tu ne peux plus reculer.
Après ce repas, le dos calé contre les bottes de paille, dans un coin moins souillé de déjections, nous grillâmes une cigarette ; nous n’étions pas pressés de nous remettre à l’ouvrage. Quand il eût fini de fumer, Franz jeta son mégot sur une truie, qui s’éloigna en couinant.
- Tiens, Sarah.
Puis, croisant ses mains sous sa tête, il s’étira :
- Nettoyer ce merdier... Quel intérêt ? Dans deux heures, ou trois, ce sera pareil. Ces putains de bestioles chient plus vite qu’on ne frotte. Je te le dis, l’ami : on va filer un coup de balai, grossièrement, et ça ira très bien. Après, on finit au jet d’eau et voilà.
- Oui, tu dois avoir raison. Mais si Heffner déboule et nous voit assis ?
Il eut un petit rire :
- A mon avis, aucun risque. Tu n’as donc rien compris à son manège ?
- Quoi donc ?
- Gertrud. Il lui tourne autour depuis le début. Tu crois qu’il nous a expédiés ici par hasard ? C’était pour avoir les coudées franches. Il est avec elle, à la baratiner. Il faut dire qu’elle a des formes appétissantes. Elle a de quoi recevoir ! Je te parie qu’il ne viendra même pas voir ce qu’on a fichu ici.
Effectivement, lorsque nous nous retrouvâmes pour la soupe autour de la grande table, il me semblait qu’un quelque chose avait changé, qui flottait entre Gertrud et Heffner. Mais je ne saurais dire si cette impression était causée par une modification réelle de leurs relations. Peut-être, simplement parce que Franz m’en avait parlé, les regardais-je d’un autre œil.
J’ignore si Heffner eut le temps ou pas d’avancer ses pions, jusqu’à pouvoir concrétiser. Au bout d’une semaine, nous rentrâmes à la caserne.
Je confirme : à aucun moment mes cadets SS ne mettent le nez hors de la caserne. Donc, soit il y a proximité effective entre celle-ci et le camp de Sachsenhausen, auquel cas j'ajouterai quelque chose... Soit non, et on en restera là pour cet aspect.
Voilà le seul moment où ils sont à l'extérieur. Un petit stage d'une semaine dans le cadre du Deutsche Arbeit Front, dans une ferme des environs. Bonne lecture !
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L’institution était, naturellement, en relation avec d’autres centres éducatifs. Fréquemment, des missions étaient organisées. C’est ainsi que nos camarades du groupe C partirent une semaine en Italie, dans une école Fasciste, dont ils revinrent enchantés. D’autres s’en furent visiter les enclaves Allemandes des Carpates. Les relations étaient étroites avec les Adolf Hitler Schulen, les Napolas et, bien sûr, les sections des Hitlerjugend dans tout le Reich. Il y eut aussi un séjour organisé parmi les Alpenkorps, dans le Tyrol, auquel Franz et moi aurions bien voulu participer. Plus prosaïquement, on nous envoya en renfort, en collaboration avec le Deutsche Arbeit Front, dans une ferme des environs.
Le paysan qui nous accueillait, Pabsdorf, était trapu, peu causant ; nous ne le vîmes guère, l’exploitation étant vaste. Sa femme, petite, rougeaude, les cheveux graisseux, fit l’effort de nous proposer du vin. Il y avait aussi une grand-mère, clouée sur une chaise à bascule près de la cuisinière à bois et qui nous ignora ; impassible, perdue dans je ne sais quelle rêverie, elle se balançait, tandis qu’au-dessus d’elle cliquetait la grande pendule.
Nous croisâmes aussi Gertrud, fille des propriétaires, bien en chair mais charmante. Elle devait avoir dans les vingt-deux ans, un joli visage rond, des nattes blondes, une poitrine généreuse. Nous lui parlâmes assez peu, elle semblait plutôt timide.
Pendant trois jours, nous aidâmes à rentrer des meules de foin. C’était assez éreintant et malgré notre bonne condition physique, je dois avouer que le soir, je m’endormais comme une brute. Nous étions logés dans une sous-pente en bois, juste au-dessus de l’étable. Sous nos corps, à quelques centimètres, les vaches ruminaient, meuglaient, et leur fumet nous montait au nez, on avait l’impression d’être couchés entre elles, de faire partie du troupeau, à notre façon.
Heffner nous accompagnait. Au début de ce séjour, il ne nous quittait pas des yeux. Cependant, le quatrième matin, au lieu de nous chaperonner, il nous envoya à la porcherie. Il s’agissait de nourrir les animaux, nettoyer, autant que possible.
Depuis que nous étions entrés à Oranienburg, Franz et moi avions appris un mot, qui ponctuait toute demande, quelle que soit sa nature : Jahwohl ! Aussi, même si cette besogne ne nous enchantait guère, équipés de bottes en caoutchouc, nous prîmes pelles, seaux, balais, sans protester.
En m’éloignant dans le soleil, je réalisai tout à coup que nous étions seuls, Franz et moi. Cette sensation me dérangea presque. Elle était étrange. Je m’étais accoutumé à une constante surveillance.
La bauge, immonde, puait abominablement. On portait les sacs de grain, les restes, les épluchures de légumes, qu’on répartissait approximativement. Je me chargeais de remplir d’eau les abreuvoirs. On travaillait sans relâche. Franz passait sa mauvaise humeur sur les animaux. De temps en temps, quand une bestiole se montrait trop rétive, ou le serrait de trop près, il la chassait d’un coup de pied. Chaque fois ou presque, il ponctuait d’une phrase assassine, toujours dans le même registre :
- Prends ça, Mayerbaum ! Cochon de Juif !
Vers treize heures, on s’arrêta pour le casse-croûte. Nous avions emporté du pain et des saucisses froides. On les fit descendre avec quelques gorgées de bière. Les porcs grognaient, le nez dans les restes, trognons de navets et grains de maïs. Enfin, je me laissai aller à quelques confidences :
- Franz, je voulais te dire….
- Ne te fatigue pas, je sais.
- La question est : Von Hagen l’a-t-il compris, lui aussi ?
- Alors là… je pense que pour l’instant, tu réussis assez bien à donner le change.
- Oui mais il est sur moi, il ne me lâche pas… Constamment je me sens oppressé. J’ai des pensées tristes.
- Il est après tout le monde. Peu importent tes états d’âme, du moment que tu les caches soigneusement. On attend de toi un certain comportement, rien d’autre. Je suis là, je veille sur toi. N’oublie jamais que nous figurons sur le film « Triomphe de la Volonté ». Nous appartenons déjà à l’Histoire. Un brillant avenir nous est promis. Nous sommes les enfants chéris du National-socialisme.
- …
Il ajouta, sur un ton qui se faisait presque menaçant :
- Rappelle-toi ce qu’a dit Goebbels : qui n’est pas avec nous est contre nous. Tu as choisi ton camp, depuis longtemps. Tu ne peux plus reculer.
Après ce repas, le dos calé contre les bottes de paille, dans un coin moins souillé de déjections, nous grillâmes une cigarette ; nous n’étions pas pressés de nous remettre à l’ouvrage. Quand il eût fini de fumer, Franz jeta son mégot sur une truie, qui s’éloigna en couinant.
- Tiens, Sarah.
Puis, croisant ses mains sous sa tête, il s’étira :
- Nettoyer ce merdier... Quel intérêt ? Dans deux heures, ou trois, ce sera pareil. Ces putains de bestioles chient plus vite qu’on ne frotte. Je te le dis, l’ami : on va filer un coup de balai, grossièrement, et ça ira très bien. Après, on finit au jet d’eau et voilà.
- Oui, tu dois avoir raison. Mais si Heffner déboule et nous voit assis ?
Il eut un petit rire :
- A mon avis, aucun risque. Tu n’as donc rien compris à son manège ?
- Quoi donc ?
- Gertrud. Il lui tourne autour depuis le début. Tu crois qu’il nous a expédiés ici par hasard ? C’était pour avoir les coudées franches. Il est avec elle, à la baratiner. Il faut dire qu’elle a des formes appétissantes. Elle a de quoi recevoir ! Je te parie qu’il ne viendra même pas voir ce qu’on a fichu ici.
Effectivement, lorsque nous nous retrouvâmes pour la soupe autour de la grande table, il me semblait qu’un quelque chose avait changé, qui flottait entre Gertrud et Heffner. Mais je ne saurais dire si cette impression était causée par une modification réelle de leurs relations. Peut-être, simplement parce que Franz m’en avait parlé, les regardais-je d’un autre œil.
J’ignore si Heffner eut le temps ou pas d’avancer ses pions, jusqu’à pouvoir concrétiser. Au bout d’une semaine, nous rentrâmes à la caserne.
ubik83- Lieutenant-colonel
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Re: Ubik83 : projet de roman
450 pages en A4 ? Combien au format "roman" ?
Jules- Général de Division
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Re: Ubik83 : projet de roman
Comme tu le vois sur la carte, Sachsenhausen - dont le camp est nettement plus important que celui d'Oranienburg - est un patelin différent, au nord d'Oranienburg. Mais somme toute très proche.ubik83 a écrit:
D'accord, à Oranienburg même, et pas à Sachsenhausen. Donc il y a une distance entre les deux ? C'est quoi, en fait, deux patelins différents ?
Tes SS n'auraient eus aucune difficulté à voir des détenus - tout le monde (villageois, commerçants, administration, etc.) les voyaient. Les détenus travaillaient dans des commandos hors du camp en permanence (travaux publics), et cette "visibilité" était d'ailleurs encouragée dans le but de servir d'avertissement à n'importe quel type d'opposant.
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Ubik83 : projet de roman
Jules a écrit:450 pages en A4 ? Combien au format "roman" ?
Justement, j'ai du mal à estimer le ratio. D'autant que ça dépend de la politique de l'éditeur. Quand mon troisième roman est sorti, le boss trouvait qu'il serait trop épais si on l'imprimait avec la même taille de police que les deux autres. Il a donc réduit cette taille, et le bouquin a "pesé" 471 pages au final.
Franchement, je ne sais pas ce que ça peut donner. D'autant plus qu'il y a de très fortes chances que mon éditeur n'en veuille pas : j'ai parlé avec lui et il m'a tout de suite dit : "c'est pour nous, ça" ?
Eh oui, leur domaine est essentiellement cantonné à la SF, la Fantasy et le Roman Noir, genres où ils excellent. Mais là, roman sur la WW2... Je ne pense pas qu'ils feraient exception pour moi, même si je fais partie de leurs auteurs. Donc si ça sort éventuellement, ce sera ailleurs, et là, c'est encore plus flou.
Et puis il s'agit de 450 pages pour le moment... Je suis loin d'avoir fini.
Bah, tentons déjà de tenir le coup, de ne pas lâcher l'affaire. Et on verra le reste en son temps.
Merci...
Ubik.
ubik83- Lieutenant-colonel
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Re: Ubik83 : projet de roman
eddy marz a écrit:et cette "visibilité" était d'ailleurs encouragée dans le but de servir d'avertissement à n'importe quel type d'opposant.
Oui, le message était net : "les "mauvais" allemands doivent être punis. Faites en sorte de rester de bons allemands". On a tendance a confondre aujourd'hui les camps de concentration avec les camps de la mort et de confondre aussi la politique de secret vis-à-vis de la shoah avec la politique de mise au pas de l'Allemagne qui a eu lieu à partir de 1933. Or, la politique de répression était tout à fait officielle et visible. Tout le monde savait qu'il y avait des camps où les "mauvais" allemands étaient reéduqués. Dans les territoires annexés, ce fut encore plus violents. D'après certains historiens, un tiers des habitants de l'Alsace a fait un séjour plus ou moins long au camp de Schirmeck ou dans une de ses annexes. La création du camp fut d'ailleurs une des premières décisions prise par le gauleitner Wagner dès début juillet 1940. Et on voyait donc partout des commandos qui faisaient dans des conditions déplorables des travaux "d'intérêt public". J'ai mis intérêt public entre guillemet parce qu'on ne cherchait pas toujours un rendement excellent, le but était de rabaisser les gens, de les punir. Comme cette image où l'on voit des intellectuels juifs "condamnés" à nettoyer une inscription dans la rue avec des brosses à dents. On ne cherche pas l'efficacité, à la limite, il n'est pas nécessaire que le travail soit bien fait, mais il faut qu'il soit avilissant.
Narduccio- Général (Administrateur)
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A la caserne SS.
eddy marz a écrit:
Comme tu le vois sur la carte, Sachsenhausen - dont le camp est nettement plus important que celui d'Oranienburg - est un patelin différent, au nord d'Oranienburg. Mais somme toute très proche.
Tes SS n'auraient eus aucune difficulté à voir des détenus - tout le monde (villageois, commerçants, administration, etc.) les voyaient. Les détenus travaillaient dans des commandos hors du camp en permanence (travaux publics), et cette "visibilité" était d'ailleurs encouragée dans le but de servir d'avertissement à n'importe quel type d'opposant.
Salut ami,
Ben en fait, j'ai relu mon chapitre, à aucun moment ils ne sortent de la caserne, en tous cas pas pour se balader dans la ville. La seule occasion est un kommando au bénéfice du DAF, dans la campagne environnante ( voir extrait au-dessus ).
J'ai ajouté une allusion à Sachsenhausen là où c'était le plus pertinent : d'entrée de jeu, quand ils arrivent, on les prévient sur les conséquences d'éventuels écarts de conduite. Et il y a des cas de figure où c'est le KZ directement. Donc, j'ai rajouté une simple phrase, que je mets en gras.... Je te laisse juger.
Si tu penses qu'il faut absolument que je rajoute un quoi que ce soit pour parler des détenus du camp de Sachsenhausen, je le ferai. Sinon, ce chapitre étant bouclé, je garderai mes forces pour le suivant, là où ils pénètrent sur le sol Polonais et commencent leur forfaits. Notamment, je me demande comment Wolfgang va passer à l'acte et accepter de tirer sur des gens sans défense. Franz, je ne me fais pas de soucis pour lui.
==============================
Je me souviens que le premier jour, on nous avait relativement laissés tranquilles. Guidés par un SS-Oberschütze nommé Heffner, nous avions visité les installations et on nous avait donné les consignes de sécurité. Puis, on nous avait remis un texte que nous devions recopier, à destination de nos familles, visant à les informer que nous étions bien arrivés. Il était interdit d’ajouter quoi que ce fût de personnel. Ce courrier serait relevé dans une demi-heure. Ensuite, nous avions quartier libre. Il était, évidemment, interdit de sortir de l’enceinte de la caserne, ni même de parler aux gardiens.
C’est le soir, alors que le soleil s’enfonçait dans une agonie sanglante, que le SS Sturmbannführer Julius Ziebke avait fait son apparition.
Il ne ressemblait guère à l’image d’un commandant SS. Petit, trapu, nanti d’une bedaine de bon vivant, il évoquait de prime abord quelque facteur débonnaire, ou un fonctionnaire des douanes. Mais lorsqu’il nous passa en revue, je réalisai que les apparences m’avaient trompé. Ce que j’avais pris pour un sourire était une moue cruelle. Il nous sondait, nous toisait avec ses yeux gris fer, et ne ménageait pas ses commentaires. Et d’où lui sortait cette bande de freluquets, on les avait tirés du berceau ou quoi ? Nous n’étions que des minables, des fils à maman. Des merdeux à peine capables de se torcher.
Le tout aboyé à la cantonade, comme si les habitants des quartiers avoisinants devaient connaître son jugement. De temps en temps, il rajoutait un coup de cravache, à celui qui ne se tenait pas droit, ou soutenait son regard.
Il nous assura qu’il ferait de nous des SS, dût-il nous rendre la vie impossible. Ceux qui ne correspondraient pas seraient impitoyablement jetés dehors, par la peau des fesses. Ici, on ne conservait que les plus coriaces, qui le méritaient. Il nous le promit : on allait en baver.
Il enchaîna sur un couplet plus conventionnel, ainsi que je l’ai mentionné : notre statut d’élite, nos devoirs de prestige, de perfection. Puis il reprit un ton nettement venimeux : sous son commandement, on attendrait de nous un engagement fanatique, un sens du sacrifice, de l’honneur, du devoir, exemplaires. Tout homme qui se montrerait médiocre ou tiède, par son comportement, actes ou paroles, serait jugé indigne et refoulé sur le champ. Nous devions incarner l’idéal National-socialiste. Et gare à celui qui serait surpris à voler, cacher de l’alcool ou tenter de faire le mur : là, ce serait directement le camp de concentration. Sachsenhausen était juste à côté, on s’y retrouverait avant même d’avoir le temps de comprendre.
Voilà, cher ami. Qu'en penses-tu ? J'espère que je suis sur la "bonne" voie... Enfin, la voie du crédible en tous cas. Quelle histoire de fous ce roman !
Bises....
Ubik.
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Faut voir.
Narduccio a écrit:
Oui, le message était net : "les "mauvais" allemands doivent être punis. Faites en sorte de rester de bons allemands". On a tendance a confondre aujourd'hui les camps de concentration avec les camps de la mort et de confondre aussi la politique de secret vis-à-vis de la shoah avec la politique de mise au pas de l'Allemagne qui a eu lieu à partir de 1933. Or, la politique de répression était tout à fait officielle et visible. Tout le monde savait qu'il y avait des camps où les "mauvais" allemands étaient reéduqués. Dans les territoires annexés, ce fut encore plus violents. D'après certains historiens, un tiers des habitants de l'Alsace a fait un séjour plus ou moins long au camp de Schirmeck ou dans une de ses annexes. La création du camp fut d'ailleurs une des premières décisions prise par le gauleitner Wagner dès début juillet 1940. Et on voyait donc partout des commandos qui faisaient dans des conditions déplorables des travaux "d'intérêt public". J'ai mis intérêt public entre guillemet parce qu'on ne cherchait pas toujours un rendement excellent, le but était de rabaisser les gens, de les punir. Comme cette image où l'on voit des intellectuels juifs "condamnés" à nettoyer une inscription dans la rue avec des brosses à dents. On ne cherche pas l'efficacité, à la limite, il n'est pas nécessaire que le travail soit bien fait, mais il faut qu'il soit avilissant.
Hello,
Oui, je n'ai aucun mal à imaginer ce que je pourrais montrer... Mais comme j'ai beaucoup insisté sur la coupure des cadets avec le monde extérieur, leur relative claustration, le contrôle permanent sur le moindre aspect de leur vie, j'ai du mal à voir comment je pourrais montrer ça. A moins qu'un kommando soit amené à faire je ne sais quelle besogne aux abords immédiats de la caserne SS. Remarque, c'est possible aussi, ma foi. A voir. Si ça se passe vraiment tout près de la caserne ( mais faut-il encore un prétexte pour ça ), alors oui, ils peuvent le voir pendant qu'ils apprennent pendant des heures à marcher au pas, ou qu'ils font des manoeuvres, ou que sais-je.
Ubik.
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Re: Ubik83 : projet de roman
En fait, il n'est pas nécessaire de montrer cela dans ce chapitre. J'ai le témoignage d'un Malgré-Nous qui s'étonnait de la réaction de la population allemande face à ces malheureux. En fait, en 42-43, les Allemands sont tellement habitués à cela qu'ils le trouvent normal."S'ils sont là, c'est que ce sont des mauvais allemands", sont des phrases qu'on entend. On ne montre aucune compassion envers les victimes du nazisme. Un coup d’œil furtif pour la plupart des gens. Les plus virulents ne se privant pas de lâcher une insulte, voire un coup de pied au passage.
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Re: Ubik83 : projet de roman
Narduccio a écrit:En fait, il n'est pas nécessaire de montrer cela dans ce chapitre. J'ai le témoignage d'un Malgré-Nous qui s'étonnait de la réaction de la population allemande face à ces malheureux. En fait, en 42-43, les Allemands sont tellement habitués à cela qu'ils le trouvent normal."S'ils sont là, c'est que ce sont des mauvais allemands", sont des phrases qu'on entend. On ne montre aucune compassion envers les victimes du nazisme. Un coup d’œil furtif pour la plupart des gens. Les plus virulents ne se privant pas de lâcher une insulte, voire un coup de pied au passage.
Je vois ça très bien. Sur des reportages filmés, effectivement, les gens raillent, se marre, insultent, etc. Jettent des choses aussi.
Mon seul souci est de savoir s'il est possible que mes cadets SS soient physiquement témoins de cela ou pas. Si oui, je rajoute. Sinon, je zappe. Le bouquin est déjà parti pour être épais !
Merci...
Ubik.
ubik83- Lieutenant-colonel
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Re: Ubik83 : projet de roman
ubik83 a écrit:
Mon seul souci est de savoir s'il est possible que mes cadets SS soient physiquement témoins de cela ou pas. Si oui, je rajoute.
Il me paraît évident que oui, ne serait-ce que par les fenêtres, ou par la présence "d'ouvriers esclaves" issus du camp et utilisés pour des travaux ou des transports de matériel, peut-être même au sein de la caserne. Cette présence serait parfaitement banale, et encadrée.
Tu n'es pas non plus obligé de le mentionner - où alors juste en passant...ubik83 a écrit: Sinon, je zappe. Le bouquin est déjà parti pour être épais !
eddy marz- Membre légendaire
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On va tenter...
Ok, je comprends.
Je vais relire minutieusement ce chapitre pour voir où et comment on pourrait glisser cela, un peu à la façon du cambrioleur qui inspecte une porte pour se demander où il va mettre un coin, dans le but de démolir le chambranle. Ou alors comme le mosaïste qui, son œuvre presque finie, trouve un beau morceau de pierre et se dit : voyons voir si je peux lui faire de la place ?
Allez, on y retourne. Ce soir il est tard, je suis à peine rentré chez moi. Mais demain, à un moment ou un autre, il y aura bien moyen de se pencher sur l'ouvrage, le voir d'un œil neuf, qui sait ?
Merci Eddy. Pour ça, pour le reste, pour tout.
Ubik.
Je vais relire minutieusement ce chapitre pour voir où et comment on pourrait glisser cela, un peu à la façon du cambrioleur qui inspecte une porte pour se demander où il va mettre un coin, dans le but de démolir le chambranle. Ou alors comme le mosaïste qui, son œuvre presque finie, trouve un beau morceau de pierre et se dit : voyons voir si je peux lui faire de la place ?
Allez, on y retourne. Ce soir il est tard, je suis à peine rentré chez moi. Mais demain, à un moment ou un autre, il y aura bien moyen de se pencher sur l'ouvrage, le voir d'un œil neuf, qui sait ?
Merci Eddy. Pour ça, pour le reste, pour tout.
Ubik.
ubik83- Lieutenant-colonel
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...
... Me revoilà.
J'ai trouvé un point d'insertion possible pour une petite description des détenus et des besognes humiliantes ou peu productives dont on parlait. Il va sans dire que je vous la soumettrai si je réussis à la pondre correctement.
Maintenant, j'aimerais savoir à quoi ressemblait l'entrée d'Oranienburg. Mon accroche est que j'ai imaginé que mes deux zozos, pendant leurs pauses, aient pris l'habitude, de temps en temps, de se balader, de faire le tour des bâtiments. Et donc, passent près de l'entrée.
J'ai déjà fait une minutieuse ( mais fantaisiste ) description de la caserne, en l'exagérant, comme si elle était immense, dotée de toutes sortes d'équipements, etc. Mais si quelqu'un avait une photo de l'entrée, j'essaierais de voir comment je peux l'exploiter, à savoir : ce qu'on peut voir ou pas, si les murs sont hauts, etc. Enfin, des considérations pratiques, en quelque sorte.
Ma super description de la caserne, je n'y toucherai pas : j'utilise trop, dans mon chapitre, les équipements en question. Et puis ça n'est qu'un détail, ça n'est pas essentiel du point de vue de la véracité. Si on commence comme ça, après on va angoisser et on finira pas même vouloir donner les numéros minéralogiques des voitures, faut savoir se calmer par moments. Mais voilà, une photo de l'entrée m'aiderait. Si vous n'avez pas, tant pis. Je demande à tout hasard...
Merci quoi qu'il en soit.
Ubik.
J'ai trouvé un point d'insertion possible pour une petite description des détenus et des besognes humiliantes ou peu productives dont on parlait. Il va sans dire que je vous la soumettrai si je réussis à la pondre correctement.
Maintenant, j'aimerais savoir à quoi ressemblait l'entrée d'Oranienburg. Mon accroche est que j'ai imaginé que mes deux zozos, pendant leurs pauses, aient pris l'habitude, de temps en temps, de se balader, de faire le tour des bâtiments. Et donc, passent près de l'entrée.
J'ai déjà fait une minutieuse ( mais fantaisiste ) description de la caserne, en l'exagérant, comme si elle était immense, dotée de toutes sortes d'équipements, etc. Mais si quelqu'un avait une photo de l'entrée, j'essaierais de voir comment je peux l'exploiter, à savoir : ce qu'on peut voir ou pas, si les murs sont hauts, etc. Enfin, des considérations pratiques, en quelque sorte.
Ma super description de la caserne, je n'y toucherai pas : j'utilise trop, dans mon chapitre, les équipements en question. Et puis ça n'est qu'un détail, ça n'est pas essentiel du point de vue de la véracité. Si on commence comme ça, après on va angoisser et on finira pas même vouloir donner les numéros minéralogiques des voitures, faut savoir se calmer par moments. Mais voilà, une photo de l'entrée m'aiderait. Si vous n'avez pas, tant pis. Je demande à tout hasard...
Merci quoi qu'il en soit.
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ubik83- Lieutenant-colonel
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Autre idée.
... Oubliez, j'ai une meilleure idée ce matin. Je la teste et je la poste dès qu'elle est écrite.
Au plaisir,
Ubik.
Au plaisir,
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ubik83- Lieutenant-colonel
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Re: Ubik83 : projet de roman
ubik83 a écrit:
Maintenant, j'aimerais savoir à quoi ressemblait l'entrée d'Oranienburg. Mon accroche est que j'ai imaginé que mes deux zozos, pendant leurs pauses, aient pris l'habitude, de temps en temps, de se balader, de faire le tour des bâtiments. Et donc, passent près de l'entrée.
Alors quoi, Ubik; tu ne regarde pas les posts qu'on t'envoie ? J'ai posté la photo de l'entrée il y a 3 pages de cela !
Entrée du camp
eddy marz- Membre légendaire
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Les tabous de l'histoire.
... Quelqu'un a-t-il vu la série Italienne "Les tabous de l'histoire" ? Il y a un opus consacré à "Nazisme et ésotérisme". La vache, ça délire bien...
Ce qui est marrant, c'est qu'ils parlent des Externsteine, près de Detmold, dans le Teutoburgerwald. C'est marrant, par hasard, j'ai choisi de placer mon récit dans cette région et voilà que, pof, j'apprends l'histoire de ces pierres. Sans parler de Wewelsburg près de Paderborn, donc tout près...
Du coup, j'ai un peu utilisé ce matériau, sans tomber dans le délire non plus. Le nazisme était une idéologie assez mystique. Alors une touche d'ésotérisme, why not...
Ubik.
Ce qui est marrant, c'est qu'ils parlent des Externsteine, près de Detmold, dans le Teutoburgerwald. C'est marrant, par hasard, j'ai choisi de placer mon récit dans cette région et voilà que, pof, j'apprends l'histoire de ces pierres. Sans parler de Wewelsburg près de Paderborn, donc tout près...
Du coup, j'ai un peu utilisé ce matériau, sans tomber dans le délire non plus. Le nazisme était une idéologie assez mystique. Alors une touche d'ésotérisme, why not...
Ubik.
Dernière édition par ubik83 le 8/5/2012, 12:41, édité 2 fois
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Re: Ubik83 : projet de roman
eddy marz a écrit:
Alors quoi, Ubik; tu ne regarde pas les posts qu'on t'envoie ? J'ai posté la photo de l'entrée il y a 3 pages de cela !
Entrée du camp
Ah, ne m'en parle pas, je deviens dingue ! J'y ai repensé hier, et j'ai eu beau parcourir le post dans tous les sens, je ne voyais pas la photo... C'est l'alcool, sans doute.
Non, moi je pensais à l'entrée de la caserne. Mais je crois que j'ai eu une meilleure idée entre temps.
Toutefois, ça reste inquiétant. Je me souvenais avoir vu cette photo, et pas moyen de remettre la main dessus.
Comme on dit par chez moi : "toi, tu irais à la mer, tu ne trouverais pas l'eau"... Pas rassurant pour la suite. Vite, avant qu'Alzheimer m'ait complètement rétamé, finissons ce roman !
Bises.
Ubik.
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Gardiens.
... Je reviens à ma question précédente...
Voilà un agrandissement d'un des gardiens.
Quel uniforme porte-t-il ? A quel corps appartient-il ?
Merci...
Ubik.
Voilà un agrandissement d'un des gardiens.
Quel uniforme porte-t-il ? A quel corps appartient-il ?
Merci...
Ubik.
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Re: Ubik83 : projet de roman
Ça m'a tout l'air d'être des SA des premiers temps. N'oublions pas qu'Oranienburg - y compris le lieu sur lequel le camp fut érigé - était un fief SA.
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Ubik83 : projet de roman
Une autre photo de l'entrée du camp d'Oranienburg, trouvée sur le web.
Légende : Le premier camp d'Oranienburg gardé par les S.A.
Photo extraite du livre "La déportation"
Légende : Le premier camp d'Oranienburg gardé par les S.A.
Photo extraite du livre "La déportation"
Jules- Général de Division
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Merci...
Oui, j'ai bien pensé aux S.A. puisque d'origine, c'étaient eux qui administraient les camps. Mais franchement, pour les reconnaître sur une telle photo, pffff....
Ok, donc l'image doit dater des débuts, avant que l'organisation passe aux mains de l'ordre noir.
Bien. Je continue à plancher sur ma scène des prisonniers. A suivre... Et merci.
Ubik.
Ok, donc l'image doit dater des débuts, avant que l'organisation passe aux mains de l'ordre noir.
Bien. Je continue à plancher sur ma scène des prisonniers. A suivre... Et merci.
Ubik.
ubik83- Lieutenant-colonel
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Vor der Kaserne...
Salut,
Je bosse sur mon chapitre 15 et la fameuse histoire de prisonniers.
En attendant que je finisse ce passage, voilà un extrait qui devrait vous intéresser...
Au plaisir. Et merci de vos éventuels commentaires.
Ubik.
===========================================================
... Je me souviens que le premier jour, on nous avait relativement laissés tranquilles. Guidés par un SS-Oberschütze nommé Heffner, nous avions visité les installations et on nous avait donné les consignes de sécurité. Puis, on nous avait remis un texte que nous devions recopier, à destination de nos familles, visant à les informer que nous étions bien arrivés. Il était défendu d’ajouter quoi que ce fût de personnel. Ce courrier serait relevé dans une demi-heure. Ensuite, nous avions quartier libre. Il était, évidemment, interdit de sortir de l’enceinte de la caserne, ni même de parler aux gardiens.
C’est le soir, alors que le soleil s’enfonçait dans une agonie sanglante, que le SS Sturmbannführer Julius Ziebke avait fait son apparition.
Il ne ressemblait guère à l’image d’un commandant SS. Petit, trapu, nanti d’une bedaine de bon vivant, il évoquait de prime abord quelque facteur débonnaire, ou un fonctionnaire des douanes. Mais lorsqu’il nous passa en revue, je réalisai que les apparences m’avaient trompé. Ce que j’avais pris pour un sourire était une moue cruelle. Il nous sondait, nous toisait avec ses yeux gris fer, et ne ménageait pas ses commentaires. Et d’où lui sortait cette bande de freluquets, on les avait tirés du berceau ou quoi ? Nous n’étions que des minables, des fils à maman. Des merdeux à peine capables de se torcher.
Le tout aboyé à la cantonade, comme si les habitants des quartiers avoisinants devaient connaître son jugement. De temps en temps, il rajoutait un coup de cravache, à celui qui ne se tenait pas droit, ou soutenait son regard.
Il nous assura qu’il ferait de nous des SS, dût-il nous rendre la vie impossible. Ceux qui ne correspondraient pas seraient impitoyablement jetés dehors, par la peau des fesses. Ici, on ne conservait que les plus coriaces, qui le méritaient. Il nous le promit : on allait en baver.
Il enchaîna sur un couplet plus conventionnel, ainsi que je l’ai mentionné : notre statut d’élite, nos devoirs de prestige, de perfection. Puis il reprit un ton nettement venimeux : sous son commandement, on attendrait de nous un engagement fanatique, un sens du sacrifice, de l’honneur, du devoir, exemplaires. Tout homme qui se montrerait médiocre ou tiède, par son comportement, actes ou paroles, serait jugé indigne et refoulé sur le champ. Nous devions incarner l’idéal National-socialiste. Et gare à celui qui serait surpris à voler, cacher de l’alcool ou tenter de faire le mur : là, ce serait directement le camp de concentration. Sachsenhausen était juste à côté, on s’y retrouverait avant même d’avoir le temps de comprendre.
Le souper qu’on nous servit me parut fade. J’avais un nœud dans la gorge, l’estomac contracté. Puis, dans la chambrée, je n’arrivais pas à dormir. Je commençai par me tourner, d’un côté, de l’autre, en me disant que le sommeil finirait par venir. Mais en vain. Franz aussi était excité par cette nouvelle vie. Nous étions au fond de la pièce, près de l’étroite fenêtre. Je lui parlais à voix basse, il me répondait tout doucement. Mais nos chuchotements furent entendus : Heffner couchait dans un coin, séparé de la troupe par un simple rideau. Il nous intima l’ordre de faire silence.
Enfin, je dus m’assoupir. Cependant, vers quatre heures, on nous réveilla sans ménagements : sac et barda sur le dos, nous dûmes crapahuter dans les bois, alors qu’il faisait un froid terrible. C’était le SS-Unterscharführer Karl Von Hagen qui se chargeait de notre instruction. Un grand type, maigre et blond, reconnaissable à une balafre qu’il portait sur la joue gauche. Il l’avait reçue lors d’un duel au fleuret et ne cherchait pas à la cacher, à l’atténuer par quelque artifice. Bien au contraire, il semblait fier de l’arborer et présentait de préférence ce côté de son visage. On disait qu’il avait tué son adversaire ce jour-là, un Oberleutnant de la Wehrmacht. Mais le motif restait obscur.
Cavaler en pleine nuit, parmi les ronces et les taillis, n’avait rien d’agréable. En plus, à l’instant où Von Hagen avait débarqué en hurlant, en renversant des lits, je traversais un songe merveilleux où Inge me prenait la main, m’embrassait... Un quart d’heure plus tard, j’étais trempé de rosée, de sueur, griffé sur jambes et bras, les reins sciés par le paquetage. Heureusement qu’avec Franz, nous étions déjà endurcis. Cependant, j’avais du mal à tenir le rythme. Mon ami s’efforçait de m’encourager, avec discrétion. Si Von Hagen s’en était aperçu, je n’ose imaginer ce que ça aurait pu donner.
J’étais fourbu, mais guère surpris : beaucoup de ces entraînements ressemblaient à ceux que nous avions maintes fois effectués aux Hitlerjugend, puis à la caserne Schutzpolizei de Brême.
Au bout de quarante-huit heures, alors que je commençais tout juste à trouver mes marques, on nous annonça qu’un test décisif aurait lieu. Dès notre lever, on nous prévint : aujourd’hui, l’affaire devenait sérieuse.
Je traversai cette matinée le ventre gonflé d’angoisse. Il gargouillait, protestait, refusait d’avaler quoi que ce fût ; je me forçai tout de même, mais le petit déjeuner me pesait, emplissait mes joues d’une salive aigre. Moi qui ne fumais jamais, j’acceptai une des Eicksten de Franz ; elle me fit tourner la tête, j’étais comme engourdi.
Vers midi, nous étions rassemblés près du réfectoire pour l’appel, quand Heffner vint nous chercher.
On nous mit en ligne en bordure d’une clôture grillagée, surélevée de trois rangées de barbelés. Nous étions là, chargés d’un sac à dos rempli de pierres. Dans la main droite, une pelle d’infanterie, en ferraille. Von Hagen, qui commandait cet exercice, énonça en une phrase lapidaire qu’il s’agissait de courir et creuser un trou assez vite pour ne pas être écrasé. Cela me rappela les jeux organisés à la section de Detmold. Sauf que dans le cas présent, ce ne seraient pas des camarades avec une charrette qui chargeraient, mais de véritables véhicules blindés.
Cette épreuve avait valeur de sélection finale : celui qui, trop lent pour éviter le tank, se faisait blesser, était considéré comme incapable d’appartenir à la SS ; il retournait à la vie civile, éclopé. Celui qui finissait écrasé n’appartenait plus à rien, on envoyait un bulletin à sa famille expliquant qu’il était mort au cours d’une manœuvre en conditions réelles.
Von Hagen ajouta que nous avions de la chance : la veille, il avait plu, le sol était gorgé d’eau. On perdrait du temps en glissades, mais on en gagnerait au moment de s’enfouir. Dans d’autres promotions, par temps très froid, il y avait eu beaucoup de cadets tués, la terre étant trop dure et compacte.
Il parlait à contre-jour. J’étais certain que ça n’était pas un hasard. Je clignais des yeux, m’efforçant de ne pas me détourner, de rester bien raide, digne. Il m’apparaissait comme nimbé de lueurs effrayantes. Sa voix calme portait dans le silence alentour. Le soleil chauffait les mottes grasses, par endroits de la vapeur montait. Des corbeaux tournoyaient au loin. J’avais du mal à prendre la menace au sérieux. Pourtant, sur son ordre, derrière lui les moteurs se mirent à vrombir, vomissant une fumée âcre. Il y avait des observateurs sur les tourelles, prêts à guider les pilotes. De chaque côté du terrain, des gardes armés de mitrailleuses. Pendant que l’Unterscharführer retournait vers les chars, je me rapprochai discrètement de Franz :
- Dis, tu crois que c’est vrai ? Ils vont le faire ?
- Ils vont se gêner, peut-être ! Va falloir foncer.
- Mais je…
- Laisse tomber. Prépare-toi, déplie ta pelle !
Non, ça n’était pas une mise en scène, encore moins une plaisanterie. Au coup de sifflet, nous partîmes comme une bande de lièvres débusqués par une volée de plomb.
Je suivais mon ami désespérément, me raccrochais à lui, comme si fixer mon regard sur sa nuque pouvait nous enchaîner, empêcher une distance de s’introduire entre nous. A chaque foulée, les cailloux me défonçaient le dos, s’acharnaient sur ma colonne vertébrale. Au loin, Von Hagen s’était mis à crier, les mastodontes d’acier s’ébranlaient en grinçant. L’officier avait sorti un pistolet, il tirait, j’ignorais si c’était sur nous. Deux fois je me pris les pieds dans une fondrière et m’étalai lamentablement. Mais aussitôt je me relevais, la peur au ventre.
Lorsque nous parvînmes à environ cent mètres de l’extrémité du champ, les gardes firent feu, coupant toute retraite. Alors je me jetai au sol, le grattai avec rage. Sans réfléchir, je me mis à élargir la brèche que Franz avait ouverte dans les touffes d’herbe. Je ne savais pas si nous avions le droit d’unir nos forces, mais c’était venu instinctivement. Le bruit des roues dentées, des engrenages, se rapprochait. Von Hagen, perché sur le premier blindé, nous encourageait à sa manière : visant nos jambes, il faisait siffler ses balles. Un porte-voix devant la bouche, il criait : « Allez-y mes petits cochons ! On ne garde pas les péteux, ici ! Les dégénérés, la merdouille, retour chez Maman » ! Du coin des yeux, je voyais son visage blême se tordre, déformé par une sorte de furie qui n’avait plus rien de commun avec le masque impassible servi quelques minutes auparavant.
Nous réussîmes de justesse à nous tasser dans la cavité. Au tout dernier instant, je n’avais pu m’empêcher de me retourner : les chenilles arrivaient droit vers ma figure. J’étais hypnotisé, incapable de bouger. Franz, couché sur moi, me tira par le col. Mon ami avait eu le réflexe d’arracher son sac ; malgré cela, sa poitrine écrasa la mienne, les pierres me broyèrent les omoplates. Nous étions comme d’involontaires amants, cloués par un spasme non de plaisir, mais d’intense douleur. Je voulus crier, mais je n’avais plus de souffle, mes poumons s’étaient vidés instantanément. Si le char continuait, je vivrais. Si par malheur Von Hagen lui ordonnait de s’arrêter, alors c’en était fini de moi. Franz, livide, son nez plaqué sur ma joue, me vomit dessus. Je fus noyé sous un flot de matières tièdes, un haut le cœur me secoua à mon tour. Confusément, j’entendis un hurlement quelque part.
Le véhicule s’éloigna. Franz se releva, hébété, me tendit la main. Il dut insister pour m'extirper de cette boue, qui avait gardé l’empreinte de mon corps. Nous étions là, tous les deux, les pieds enfoncés dans le sol, couverts de glaise collante. Pliés en deux, crachant, peinant à retrouver notre respiration. Réduits à l’état de loques. Il se laissa tomber sur le bord du fossé, ses fesses firent un floc sonore. Les bottes encore à moitié enlisées, il eut une sorte de haussement d’épaules, un rictus gêné :
- Je suis désolé, c’est le pot d’échappement. Ce putain de Diesel m’a fait dégueuler.
J’étais incapable de lui répondre. Je me rendis compte, à cet instant, que je m’étais déféqué dessus.
Je bosse sur mon chapitre 15 et la fameuse histoire de prisonniers.
En attendant que je finisse ce passage, voilà un extrait qui devrait vous intéresser...
Au plaisir. Et merci de vos éventuels commentaires.
Ubik.
===========================================================
... Je me souviens que le premier jour, on nous avait relativement laissés tranquilles. Guidés par un SS-Oberschütze nommé Heffner, nous avions visité les installations et on nous avait donné les consignes de sécurité. Puis, on nous avait remis un texte que nous devions recopier, à destination de nos familles, visant à les informer que nous étions bien arrivés. Il était défendu d’ajouter quoi que ce fût de personnel. Ce courrier serait relevé dans une demi-heure. Ensuite, nous avions quartier libre. Il était, évidemment, interdit de sortir de l’enceinte de la caserne, ni même de parler aux gardiens.
C’est le soir, alors que le soleil s’enfonçait dans une agonie sanglante, que le SS Sturmbannführer Julius Ziebke avait fait son apparition.
Il ne ressemblait guère à l’image d’un commandant SS. Petit, trapu, nanti d’une bedaine de bon vivant, il évoquait de prime abord quelque facteur débonnaire, ou un fonctionnaire des douanes. Mais lorsqu’il nous passa en revue, je réalisai que les apparences m’avaient trompé. Ce que j’avais pris pour un sourire était une moue cruelle. Il nous sondait, nous toisait avec ses yeux gris fer, et ne ménageait pas ses commentaires. Et d’où lui sortait cette bande de freluquets, on les avait tirés du berceau ou quoi ? Nous n’étions que des minables, des fils à maman. Des merdeux à peine capables de se torcher.
Le tout aboyé à la cantonade, comme si les habitants des quartiers avoisinants devaient connaître son jugement. De temps en temps, il rajoutait un coup de cravache, à celui qui ne se tenait pas droit, ou soutenait son regard.
Il nous assura qu’il ferait de nous des SS, dût-il nous rendre la vie impossible. Ceux qui ne correspondraient pas seraient impitoyablement jetés dehors, par la peau des fesses. Ici, on ne conservait que les plus coriaces, qui le méritaient. Il nous le promit : on allait en baver.
Il enchaîna sur un couplet plus conventionnel, ainsi que je l’ai mentionné : notre statut d’élite, nos devoirs de prestige, de perfection. Puis il reprit un ton nettement venimeux : sous son commandement, on attendrait de nous un engagement fanatique, un sens du sacrifice, de l’honneur, du devoir, exemplaires. Tout homme qui se montrerait médiocre ou tiède, par son comportement, actes ou paroles, serait jugé indigne et refoulé sur le champ. Nous devions incarner l’idéal National-socialiste. Et gare à celui qui serait surpris à voler, cacher de l’alcool ou tenter de faire le mur : là, ce serait directement le camp de concentration. Sachsenhausen était juste à côté, on s’y retrouverait avant même d’avoir le temps de comprendre.
Le souper qu’on nous servit me parut fade. J’avais un nœud dans la gorge, l’estomac contracté. Puis, dans la chambrée, je n’arrivais pas à dormir. Je commençai par me tourner, d’un côté, de l’autre, en me disant que le sommeil finirait par venir. Mais en vain. Franz aussi était excité par cette nouvelle vie. Nous étions au fond de la pièce, près de l’étroite fenêtre. Je lui parlais à voix basse, il me répondait tout doucement. Mais nos chuchotements furent entendus : Heffner couchait dans un coin, séparé de la troupe par un simple rideau. Il nous intima l’ordre de faire silence.
Enfin, je dus m’assoupir. Cependant, vers quatre heures, on nous réveilla sans ménagements : sac et barda sur le dos, nous dûmes crapahuter dans les bois, alors qu’il faisait un froid terrible. C’était le SS-Unterscharführer Karl Von Hagen qui se chargeait de notre instruction. Un grand type, maigre et blond, reconnaissable à une balafre qu’il portait sur la joue gauche. Il l’avait reçue lors d’un duel au fleuret et ne cherchait pas à la cacher, à l’atténuer par quelque artifice. Bien au contraire, il semblait fier de l’arborer et présentait de préférence ce côté de son visage. On disait qu’il avait tué son adversaire ce jour-là, un Oberleutnant de la Wehrmacht. Mais le motif restait obscur.
Cavaler en pleine nuit, parmi les ronces et les taillis, n’avait rien d’agréable. En plus, à l’instant où Von Hagen avait débarqué en hurlant, en renversant des lits, je traversais un songe merveilleux où Inge me prenait la main, m’embrassait... Un quart d’heure plus tard, j’étais trempé de rosée, de sueur, griffé sur jambes et bras, les reins sciés par le paquetage. Heureusement qu’avec Franz, nous étions déjà endurcis. Cependant, j’avais du mal à tenir le rythme. Mon ami s’efforçait de m’encourager, avec discrétion. Si Von Hagen s’en était aperçu, je n’ose imaginer ce que ça aurait pu donner.
J’étais fourbu, mais guère surpris : beaucoup de ces entraînements ressemblaient à ceux que nous avions maintes fois effectués aux Hitlerjugend, puis à la caserne Schutzpolizei de Brême.
Au bout de quarante-huit heures, alors que je commençais tout juste à trouver mes marques, on nous annonça qu’un test décisif aurait lieu. Dès notre lever, on nous prévint : aujourd’hui, l’affaire devenait sérieuse.
Je traversai cette matinée le ventre gonflé d’angoisse. Il gargouillait, protestait, refusait d’avaler quoi que ce fût ; je me forçai tout de même, mais le petit déjeuner me pesait, emplissait mes joues d’une salive aigre. Moi qui ne fumais jamais, j’acceptai une des Eicksten de Franz ; elle me fit tourner la tête, j’étais comme engourdi.
Vers midi, nous étions rassemblés près du réfectoire pour l’appel, quand Heffner vint nous chercher.
On nous mit en ligne en bordure d’une clôture grillagée, surélevée de trois rangées de barbelés. Nous étions là, chargés d’un sac à dos rempli de pierres. Dans la main droite, une pelle d’infanterie, en ferraille. Von Hagen, qui commandait cet exercice, énonça en une phrase lapidaire qu’il s’agissait de courir et creuser un trou assez vite pour ne pas être écrasé. Cela me rappela les jeux organisés à la section de Detmold. Sauf que dans le cas présent, ce ne seraient pas des camarades avec une charrette qui chargeraient, mais de véritables véhicules blindés.
Cette épreuve avait valeur de sélection finale : celui qui, trop lent pour éviter le tank, se faisait blesser, était considéré comme incapable d’appartenir à la SS ; il retournait à la vie civile, éclopé. Celui qui finissait écrasé n’appartenait plus à rien, on envoyait un bulletin à sa famille expliquant qu’il était mort au cours d’une manœuvre en conditions réelles.
Von Hagen ajouta que nous avions de la chance : la veille, il avait plu, le sol était gorgé d’eau. On perdrait du temps en glissades, mais on en gagnerait au moment de s’enfouir. Dans d’autres promotions, par temps très froid, il y avait eu beaucoup de cadets tués, la terre étant trop dure et compacte.
Il parlait à contre-jour. J’étais certain que ça n’était pas un hasard. Je clignais des yeux, m’efforçant de ne pas me détourner, de rester bien raide, digne. Il m’apparaissait comme nimbé de lueurs effrayantes. Sa voix calme portait dans le silence alentour. Le soleil chauffait les mottes grasses, par endroits de la vapeur montait. Des corbeaux tournoyaient au loin. J’avais du mal à prendre la menace au sérieux. Pourtant, sur son ordre, derrière lui les moteurs se mirent à vrombir, vomissant une fumée âcre. Il y avait des observateurs sur les tourelles, prêts à guider les pilotes. De chaque côté du terrain, des gardes armés de mitrailleuses. Pendant que l’Unterscharführer retournait vers les chars, je me rapprochai discrètement de Franz :
- Dis, tu crois que c’est vrai ? Ils vont le faire ?
- Ils vont se gêner, peut-être ! Va falloir foncer.
- Mais je…
- Laisse tomber. Prépare-toi, déplie ta pelle !
Non, ça n’était pas une mise en scène, encore moins une plaisanterie. Au coup de sifflet, nous partîmes comme une bande de lièvres débusqués par une volée de plomb.
Je suivais mon ami désespérément, me raccrochais à lui, comme si fixer mon regard sur sa nuque pouvait nous enchaîner, empêcher une distance de s’introduire entre nous. A chaque foulée, les cailloux me défonçaient le dos, s’acharnaient sur ma colonne vertébrale. Au loin, Von Hagen s’était mis à crier, les mastodontes d’acier s’ébranlaient en grinçant. L’officier avait sorti un pistolet, il tirait, j’ignorais si c’était sur nous. Deux fois je me pris les pieds dans une fondrière et m’étalai lamentablement. Mais aussitôt je me relevais, la peur au ventre.
Lorsque nous parvînmes à environ cent mètres de l’extrémité du champ, les gardes firent feu, coupant toute retraite. Alors je me jetai au sol, le grattai avec rage. Sans réfléchir, je me mis à élargir la brèche que Franz avait ouverte dans les touffes d’herbe. Je ne savais pas si nous avions le droit d’unir nos forces, mais c’était venu instinctivement. Le bruit des roues dentées, des engrenages, se rapprochait. Von Hagen, perché sur le premier blindé, nous encourageait à sa manière : visant nos jambes, il faisait siffler ses balles. Un porte-voix devant la bouche, il criait : « Allez-y mes petits cochons ! On ne garde pas les péteux, ici ! Les dégénérés, la merdouille, retour chez Maman » ! Du coin des yeux, je voyais son visage blême se tordre, déformé par une sorte de furie qui n’avait plus rien de commun avec le masque impassible servi quelques minutes auparavant.
Nous réussîmes de justesse à nous tasser dans la cavité. Au tout dernier instant, je n’avais pu m’empêcher de me retourner : les chenilles arrivaient droit vers ma figure. J’étais hypnotisé, incapable de bouger. Franz, couché sur moi, me tira par le col. Mon ami avait eu le réflexe d’arracher son sac ; malgré cela, sa poitrine écrasa la mienne, les pierres me broyèrent les omoplates. Nous étions comme d’involontaires amants, cloués par un spasme non de plaisir, mais d’intense douleur. Je voulus crier, mais je n’avais plus de souffle, mes poumons s’étaient vidés instantanément. Si le char continuait, je vivrais. Si par malheur Von Hagen lui ordonnait de s’arrêter, alors c’en était fini de moi. Franz, livide, son nez plaqué sur ma joue, me vomit dessus. Je fus noyé sous un flot de matières tièdes, un haut le cœur me secoua à mon tour. Confusément, j’entendis un hurlement quelque part.
Le véhicule s’éloigna. Franz se releva, hébété, me tendit la main. Il dut insister pour m'extirper de cette boue, qui avait gardé l’empreinte de mon corps. Nous étions là, tous les deux, les pieds enfoncés dans le sol, couverts de glaise collante. Pliés en deux, crachant, peinant à retrouver notre respiration. Réduits à l’état de loques. Il se laissa tomber sur le bord du fossé, ses fesses firent un floc sonore. Les bottes encore à moitié enlisées, il eut une sorte de haussement d’épaules, un rictus gêné :
- Je suis désolé, c’est le pot d’échappement. Ce putain de Diesel m’a fait dégueuler.
J’étais incapable de lui répondre. Je me rendis compte, à cet instant, que je m’étais déféqué dessus.
ubik83- Lieutenant-colonel
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