Terreur dans l'armée rouge.
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Kojédoub
tietie007
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Terreur dans l'armée rouge.
Le livre de Simon Sebag Montefiore, "Staline, la cour du tsar rouge, 1941-1953", Perrin (Tempus), 2010, évoque les mesures punitives et de terreur, frappant l'armée rouge.
Le désastre originel de la bataille des frontières, largement imputable à la cécité de Staline, devait avoir son lot de bouc émissaire. Le général Pavlov, commandant en chef du Front de l'Ouest,

qui se prit tout le poids du "schwerkpunt" allemand, avec le GAC de von Bock qui lui tomba sur le râble, ne put éviter le désastre militaire, submergé par les panzers.
Dans la confusion ambiante et les rapports contradictoires, la Stavka missionne le "grotesque Maréchal Koulik" (Montefiore, page 29) sur le front Ouest, pour tirer les choses au clair ...Décontenancé par la déroute de la 10e armée, sur le chemin de Minsk,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bia%C5%82ystok%E2%80%93Minsk
Koulik faillit être capturé et réussit à s'échapper en se déguisant en paysan. Le commissaire politique d'un régiment déclara à Mekhlis (Montefiore, page 29):
"Le maréchal Koulik s'est comporté de façon incompréhensible. Il a ordonné à tous les hommes d'enlever leurs insignes, de jeter leurs documents et de se déguiser en paysan [...] Il a demandé qu'on se débarrasse de nos armes et m'a dit de jeter mes médailles et mes papiers[...] Puis il a décampé dans une carriole à cheval, sur la route qui venait d'être prise par les tanks allemands !".
Devant la disparition de Koulik et de Chapochnikov, Staline dépêcha alors Vorochilov ...qui retrouva, près de Mohilev, Chapochnikov et Pavlov, dans un campement de fortune. Le maréchal stalinien, dans son train spécial, après un bon repas, morigéna Pavlov qui tomba à ses pieds, demandant pardon. Le 4 juillet, Pavlov fut arrêté pour trahison par Lev Mekhlis. Après avoir été torturé, Pavlov dénonça le général Meretskov, qui fut aussi interpellé.
Lorsque Poskrebychev remit à Staline le "projet de verdict", ce dernier répondit (Montefiore, page 31):
"J'approuve le verdict mais dites à Ulrich de m'enlever tout ce verbiage sur la conspiration. Il ne faut pas que le procès tombe en longueur. Pas d'appel. Et ensuite, que les soldats du front soient informés du verdict. Ils comprendront qu'il n'y a pas de pitié pour les défaitistes.".
Le 22 juillet, les 4 commandants du front occidental furent passés par les armes. Mekhlis délégua aux unités le soin de juger et de fusiller leurs propres traîtres.
Par cet acte fondateur, la terreur allait s'installer dans l'armée rouge, chez les officiers, qui pouvaient, à tout moment, au gré d'une défaite, être passés par les armes.
Le désastre originel de la bataille des frontières, largement imputable à la cécité de Staline, devait avoir son lot de bouc émissaire. Le général Pavlov, commandant en chef du Front de l'Ouest,

qui se prit tout le poids du "schwerkpunt" allemand, avec le GAC de von Bock qui lui tomba sur le râble, ne put éviter le désastre militaire, submergé par les panzers.
Dans la confusion ambiante et les rapports contradictoires, la Stavka missionne le "grotesque Maréchal Koulik" (Montefiore, page 29) sur le front Ouest, pour tirer les choses au clair ...Décontenancé par la déroute de la 10e armée, sur le chemin de Minsk,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bia%C5%82ystok%E2%80%93Minsk
Koulik faillit être capturé et réussit à s'échapper en se déguisant en paysan. Le commissaire politique d'un régiment déclara à Mekhlis (Montefiore, page 29):
"Le maréchal Koulik s'est comporté de façon incompréhensible. Il a ordonné à tous les hommes d'enlever leurs insignes, de jeter leurs documents et de se déguiser en paysan [...] Il a demandé qu'on se débarrasse de nos armes et m'a dit de jeter mes médailles et mes papiers[...] Puis il a décampé dans une carriole à cheval, sur la route qui venait d'être prise par les tanks allemands !".
Devant la disparition de Koulik et de Chapochnikov, Staline dépêcha alors Vorochilov ...qui retrouva, près de Mohilev, Chapochnikov et Pavlov, dans un campement de fortune. Le maréchal stalinien, dans son train spécial, après un bon repas, morigéna Pavlov qui tomba à ses pieds, demandant pardon. Le 4 juillet, Pavlov fut arrêté pour trahison par Lev Mekhlis. Après avoir été torturé, Pavlov dénonça le général Meretskov, qui fut aussi interpellé.
Lorsque Poskrebychev remit à Staline le "projet de verdict", ce dernier répondit (Montefiore, page 31):
"J'approuve le verdict mais dites à Ulrich de m'enlever tout ce verbiage sur la conspiration. Il ne faut pas que le procès tombe en longueur. Pas d'appel. Et ensuite, que les soldats du front soient informés du verdict. Ils comprendront qu'il n'y a pas de pitié pour les défaitistes.".
Le 22 juillet, les 4 commandants du front occidental furent passés par les armes. Mekhlis délégua aux unités le soin de juger et de fusiller leurs propres traîtres.
Par cet acte fondateur, la terreur allait s'installer dans l'armée rouge, chez les officiers, qui pouvaient, à tout moment, au gré d'une défaite, être passés par les armes.
Re: Terreur dans l'armée rouge.
Bonjour,
[quote]
C'était cependant un bon théoricien à qui on doit les divisions blindées soviétiques d'une structure autrement plus efficace que l'ingouvernable corps mécanisé de 1941.
Chapochnikov n'avait disparu nulle part, jusqu'à la fin juin le brillant officier essaya d'extraire les troupes bloquées dans le saillant. N'ayant pas de poste de commandant réel et prestement rappelé par Moscou pour d'autres fonctions il n'a pas pu faire grand chose, à part contribuer à sauver "quelques meubles".
Après ce n'est qu'un détail, l'accusation de "haute trahison" fut commuée en "impéritie" ou incompétence...
Oui enfin, la terreur dans l'armée rouge sévissait bien avant celà.
En se suicidant comme son adjoint à l'aviation Ivan Kopéts, Pavlov aurait pu éviter la déportation à sa propre famille, c'est déjà ça...
D'ailleurs il n'était guère besoin de commettre d'erreurs pour être fusillé y compris sans procès: après une critique justifiée sur la mauvaise qualité de fabrication des avions soviétiques le Maréchal Rytchagov sera demis de ses fonctions, et exécuté sur ordre personnel de Béria ainsi que son épouse dans une des nombreuses datchas nu NKVD.
Cordialement.
[quote]
Cependant, le commandement de Pavlov n'a pas été des plus brillants même si la faute revient surtout au manque de communications avec ses troupes et la méconnaissance de la situation réelle sur le terrain; et bien sur, des ordres ineptes de Moscou.tietie007 a écrit:Le livre de Simon Sebag Montefiore, "Staline, la cour du tsar rouge, 1941-1953", Perrin (Tempus), 2010, évoque les mesures punitives et de terreur, frappant l'armée rouge.
Le désastre originel de la bataille des frontières, largement imputable à la cécité de Staline, devait avoir son lot de bouc émissaire. Le général Pavlov, commandant en chef du Front de l'Ouest,
C'était cependant un bon théoricien à qui on doit les divisions blindées soviétiques d'une structure autrement plus efficace que l'ingouvernable corps mécanisé de 1941.
De l'avis général, Koulik était un incompétent notoire. Mais qui ne méritait quand même pas son exécution en 1950.Dans la confusion ambiante et les rapports contradictoires, la Stavka missionne le "grotesque Maréchal Koulik" (Montefiore, page 29) sur le front Ouest, pour tirer les choses au clair ...Décontenancé par la déroute de la 10e armée, sur le chemin de Minsk,
Devant la disparition de Koulik et de Chapochnikov, Staline dépêcha alors Vorochilov ...qui retrouva, près de Mohilev, Chapochnikov et Pavlov, dans un campement de fortune.
Chapochnikov n'avait disparu nulle part, jusqu'à la fin juin le brillant officier essaya d'extraire les troupes bloquées dans le saillant. N'ayant pas de poste de commandant réel et prestement rappelé par Moscou pour d'autres fonctions il n'a pas pu faire grand chose, à part contribuer à sauver "quelques meubles".
Merestkov sera interpellé au deuxième jour de Barbarossa, lorsqu'il était en partance pour le district de Léningrad. Son arrestation longuement préméditée n'est pas due à celle de Pavlov. Au contraire Staline saura à l'occasion se souvenir du talentueux officier héros de la guerre d'Espagne pour le renommer immédiatement dans ses fonctionsLe maréchal stalinien, dans son train spécial, après un bon repas, morigéna Pavlov qui tomba à ses pieds, demandant pardon. Le 4 juillet, Pavlov fut arrêté pour trahison par Lev Mekhlis. Après avoir été torturé, Pavlov dénonça le général Meretskov, qui fut aussi interpellé.
Lorsque Poskrebychev remit à Staline le "projet de verdict", ce dernier répondit (Montefiore, page 31):
"J'approuve le verdict mais dites à Ulrich de m'enlever tout ce verbiage sur la conspiration. Il ne faut pas que le procès tombe en longueur. Pas d'appel. Et ensuite, que les soldats du front soient informés du verdict. Ils comprendront qu'il n'y a pas de pitié pour les défaitistes.".
Après ce n'est qu'un détail, l'accusation de "haute trahison" fut commuée en "impéritie" ou incompétence...
Le 22 juillet, les 4 commandants du front occidental furent passés par les armes. Mekhlis délégua aux unités le soin de juger et de fusiller leurs propres traîtres.
Par cet acte fondateur, la terreur allait s'installer dans l'armée rouge, chez les officiers, qui pouvaient, à tout moment, au gré d'une défaite, être passés par les armes.
Oui enfin, la terreur dans l'armée rouge sévissait bien avant celà.
En se suicidant comme son adjoint à l'aviation Ivan Kopéts, Pavlov aurait pu éviter la déportation à sa propre famille, c'est déjà ça...
D'ailleurs il n'était guère besoin de commettre d'erreurs pour être fusillé y compris sans procès: après une critique justifiée sur la mauvaise qualité de fabrication des avions soviétiques le Maréchal Rytchagov sera demis de ses fonctions, et exécuté sur ordre personnel de Béria ainsi que son épouse dans une des nombreuses datchas nu NKVD.
Cordialement.
Kojédoub- Sous-lieutenant
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Re: Terreur dans l'armée rouge.
En effet, comme le précise David E.Murphy dans Ce que Staline savait, le maréchal Rytchagov fut arrêté juste avant l'attaque allemande, il aura payé, entre autres, le fait d'avoir nommé quelques avions soviétiques des "cercueils volants" en réponse à une réflexion de Staline, qui s'interrogeait sur les accidents aériens durant les manoeuvres.
Le 16 juillet 1941, Staline rétablissait le double commandement militaire en restaurant les postes de commissaires politiques dans les unités. Il avait été aboli après la calamiteuse campagne de Finlande (Montefiore, page 42). Avec Lev Mekhlis à leur tête, bolchevik pur et honnête, mais totalement fou furieux,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lev_Mekhlis
les commissaires étaient chargés de traquer les lâches, les défaitistes et les paniquards. Dans les faits, les commissaires politiques se substituaient souvent au commandement militaire, souvent terrorisé, ce qui peut expliquer le désastre militaires de des premiers mois.
Staline en profita d'ailleurs pour réintégrer le NKGB, dirigé par Merkoulov,
http://en.wikipedia.org/wiki/People%27s_Commissariat_for_State_Security
sous la férule du NKVD de Beria, faisant de ce dernier le plus puissant des diadoques staliniens.
Le 16 juillet 1941, Staline rétablissait le double commandement militaire en restaurant les postes de commissaires politiques dans les unités. Il avait été aboli après la calamiteuse campagne de Finlande (Montefiore, page 42). Avec Lev Mekhlis à leur tête, bolchevik pur et honnête, mais totalement fou furieux,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lev_Mekhlis
les commissaires étaient chargés de traquer les lâches, les défaitistes et les paniquards. Dans les faits, les commissaires politiques se substituaient souvent au commandement militaire, souvent terrorisé, ce qui peut expliquer le désastre militaires de des premiers mois.
Staline en profita d'ailleurs pour réintégrer le NKGB, dirigé par Merkoulov,
http://en.wikipedia.org/wiki/People%27s_Commissariat_for_State_Security
sous la férule du NKVD de Beria, faisant de ce dernier le plus puissant des diadoques staliniens.
Re: Terreur dans l'armée rouge.
Deux des futurs plus grands maréchaux de Staline ont aussi échappé de très peu à la balle de Tokarev dans la nuque ou à celle de Mosint-Nagant, collée au peloton d'exécution.
- Hovhannes Khristopherevitch Bagramian fut soupçonné de trahison et d'incompétence par le NKVD mais réussit à sauver sa tête.
- Sévèrement malmené dans les débuts de Barbarossa, Ivan Stepanevitch Koniev dut sa tête à Joukov... avec qui il entrera en concurrence féroce dès 1943 par les bons soins de devinez-qui.
- Hovhannes Khristopherevitch Bagramian fut soupçonné de trahison et d'incompétence par le NKVD mais réussit à sauver sa tête.
- Sévèrement malmené dans les débuts de Barbarossa, Ivan Stepanevitch Koniev dut sa tête à Joukov... avec qui il entrera en concurrence féroce dès 1943 par les bons soins de devinez-qui.
Yeoman 35- Membre d'honneur
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Re: Terreur dans l'armée rouge.
Yeoman 35 a écrit:Deux des futurs plus grands maréchaux de Staline ont aussi échappé de très peu à la balle de Tokarev dans la nuque ou à celle de Mosint-Nagant, collée au peloton d'exécution.
- Hovhannes Khristopherevitch Bagramian fut soupçonné de trahison et d'incompétence par le NKVD mais réussit à sauver sa tête.
- Sévèrement malmené dans les débuts de Barbarossa, Ivan Stepanevitch Koniev dut sa tête à Joukov... avec qui il entrera en concurrence féroce dès 1943 par les bons soins de devinez-qui.
Staline avait un faible pour l'incompétent Vorochilov, qu'il traitait comme un chien, d'ailleurs, surtout après le désastre finlandais, et pour Boudienny, le cavalier moustachu,

qui commandait la région de Kiev, avant le gigantesque encerclement.
C'était des vieux amis de l'époque de la guerre civile, de Tsaritsyne.
Re: Terreur dans l'armée rouge.
Le 16 août 1941, le décret n°270 est signé par Staline et d'autres membres du Politburo.
http://en.wikipedia.org/wiki/Order_No._270
Il stipulait que tout officier ou responsable politique fait prisonnier, serait considéré comme un déserteur passible d'une exécution immédiate. Les membres de la famille de ces déserteurs devaient être immédiatement arrêtés. Il précisait aussi que les troupes encerclées devaient combattre jusqu'au dernier homme. Ceux qui préfèreraient se rendre seront supprimés et leurs familles privées de toute assistance. (Montefiore, page 44)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2004_num_23_2_2416
Sur ce lien, un article intéressant de Nicolas Werth.
http://en.wikipedia.org/wiki/Order_No._270
Il stipulait que tout officier ou responsable politique fait prisonnier, serait considéré comme un déserteur passible d'une exécution immédiate. Les membres de la famille de ces déserteurs devaient être immédiatement arrêtés. Il précisait aussi que les troupes encerclées devaient combattre jusqu'au dernier homme. Ceux qui préfèreraient se rendre seront supprimés et leurs familles privées de toute assistance. (Montefiore, page 44)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2004_num_23_2_2416
Sur ce lien, un article intéressant de Nicolas Werth.
Re: Terreur dans l'armée rouge.
Sur Boudiennyi circulait une boutade "sur les lèvres" et dans les coulisses de la STAVKA que "sa moustache était plus grosse que son cerveau".
Ne pouvant se débarrasser de son vieux et truculent ami de la même manière qu'un général commandant d'Armée, le maître du Kremlin lui donna le commandement de la Cavalerie pour qu'il puisse s'amuser sans interférer dans les affaires stratégiques.
Ne pouvant se débarrasser de son vieux et truculent ami de la même manière qu'un général commandant d'Armée, le maître du Kremlin lui donna le commandement de la Cavalerie pour qu'il puisse s'amuser sans interférer dans les affaires stratégiques.
Yeoman 35- Membre d'honneur
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Localisation : Haute-Minglouffie
Date d'inscription : 09/03/2009
Re: Terreur dans l'armée rouge.
tietie007 a écrit:Le 16 août 1941, le décret n°270 est signé par Staline et d'autres membres du Politburo.
http://en.wikipedia.org/wiki/Order_No._270
Il stipulait que tout officier ou responsable politique fait prisonnier, serait considéré comme un déserteur passible d'une exécution immédiate. Les membres de la famille de ces déserteurs devaient être immédiatement arrêtés. Il précisait aussi que les troupes encerclées devaient combattre jusqu'au dernier homme. Ceux qui préfèreraient se rendre seront supprimés et leurs familles privées de toute assistance. (Montefiore, page 44)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2004_num_23_2_2416
Sur ce lien, un article intéressant de Nicolas Werth.
Nicolas Werth, dans La Terreur et le désarroi, Staline et son système, Perrin, 2007, page 357, évoque le "tristement célèbre ordre n°270", mais aussi l'ordre n°227, du 28 juillet 1942, qui prévoyait l'exécution immédiate de tous les "paniqueurs et couards", et la mise en place d'unités du NKVD chargées spécialement d'empêcher tout mouvement de retraite.(Ca me rappelle la scène d'ouverture du film d'Annaud, Stalingrad). D'ailleurs, Werth rajoute, que pour la seule bataille de Stalingrad, 13 500 soldats soviétiques furent exécutés pour avoir fait preuve de couardise.
Re: Terreur dans l'armée rouge.
Dans son Joukov, Jean Lopez revient sur les premiers jours de l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht. Il revient sur l'épisode de l'exécution de 9 généraux, dont Pavlov, par une promulgation de l'ordre n°38, émanant du GKO, le 16 juillet 1941. Il précise qu'une vingtaine de généraux soviétiques se sont aussi suicidés entre juin et juillet 41. Après l'encerclement de Byalistok-Minsk et la chute du chaudron (avec 300 000 soldats soviétiques prisonniers), le 9 juillet, deux généraux sont arrêtés et fusillés.
Le 20 juillet, Staline réactive la direction bicéphale des armées, avec un commissaire politique chargé de surveiller le commandant d'unité.
Le 17 juillet, est créé un département spécial du NKVD chargé de réprimer la trahison et la lâcheté devant l'ennemi et une quinzaine de divisions du NKVD sont constituées.
Ici, on voit l'extrême résolution de Staline dans le combat féroce qui s'annonçait, contre les allemands. Hitler n'arrivera jamais à cette extrémité contre son corps d'officiers, institution respectée et puissante, alors que le géorgien avait mis au pas, avec les purges de 1937, l'armée.
Re: Terreur dans l'armée rouge.
tietie007 a écrit:Hitler n'arrivera jamais à cette extrémité contre son corps d'officiers, institution respectée et puissante, alors que le géorgien avait mis au pas, avec les purges de 1937, l'armée.
Ca n'est pas tout a fait exact.
A partir de l'attentat du 20 juillet 1944, Hitler témoignera d'une férocité certaine envers ses officiers, et déclarera a plusieurs reprise ne pas avoir imiter Staline en cela.
A partir de 1945, le corps des officiers allemands se doublera d'un type d'officier politique très similaires aux commissaires politique stalinien, sans compter le caractère assez hardi, sinon cruel de certains officiers comme Model ou Schorner, qui étaient réputés pour faire fusiller pour un oui ou un non.
Les Feldgendarme avaient la réputation d'avoir la punition rapide et dans les derniers jours de 1945, les pendaisons et les peloton d'exécution vont se multiplier. (Surtout sur le front de l'Est.). N'oublions pas l'habitude, aussi bien nazie que Stalinienne de recourir à la punition retombant sur la famille, notamment pour les généraux.
La seule chose qui empêcha Hitler d'aller jusqu'au bout de la subjugation de la Werhmacht était d'ordre culturel autant qu'institutionnel : le corps des officiers allemands disposaient d'un prestige et d'une influence incroyablement plus importante en Allemagne qu'en Russie et il avait besoin des officiers allemands pour arriver au pouvoir avant la guerre, ensuite, lors des première victoire, il n'avait encore aucune raison de leur chercher des noises, et lors des premières défaites, il ne pouvait pas s'en débarrasser trop brutalement sans mettre ses fesses dans la catapulte du siège éjectable.
La tentative d'assassinat du 20 Juillet 44 changera la donne, et donnera à Hitler une excuse pour mener ses propres purges. Cependant, il ne pouvait faire comme Staline qui dans les années de paix relative, avait décapité toute l'armée, sans risquer de compromettre encore plus la guerre.
Luhkah- Lieutenant-colonel
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Re: Terreur dans l'armée rouge.
Oups ! Coquille aperçue tardivement. Je voulais dire "Hitler déclarera à plusieur avoir regretté de ne pas avoir imiter Staline en cela."Luhkah a écrit:tietie007 a écrit:Hitler n'arrivera jamais à cette extrémité contre son corps d'officiers, institution respectée et puissante, alors que le géorgien avait mis au pas, avec les purges de 1937, l'armée.
Ca n'est pas tout a fait exact.
A partir de l'attentat du 20 juillet 1944, Hitler témoignera d'une férocité certaine envers ses officiers, et déclarera a plusieurs reprise ne pas avoir imiter Staline en cela.
J'espère que les lecteurs du post sauront me pardonner !

Luhkah- Lieutenant-colonel
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Re: Terreur dans l'armée rouge.
Luhkah a écrit:
J'espère que les lecteurs du post sauront me pardonner !
Nous avions compris

elgor- Général de Division
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Re: Terreur dans l'armée rouge.
oui, d'après ce que j'ai lu dans un numéro de "guerres et histoire", l'armée rouge aurait fait passer par les armes dix fois plus de ses propres soldats que la whermacht ne l'a fait. Les SS n'avaient pas, loin s'en faut, le pouvoir sur l'armée allemande qu'avait le NKVD sur l'armée rouge. Il leur faudra attendre le 20 juillet 44, et même là, malgré tous les efforts d'Himmler, l'armée restera jusqu'au bout "relativement" indépendante.
venom1968- Caporal
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Re: Terreur dans l'armée rouge.
venom1968 a écrit:oui, d'après ce que j'ai lu dans un numéro de "guerres et histoire", l'armée rouge aurait fait passer par les armes dix fois plus de ses propres soldats que la whermacht ne l'a fait. Les SS n'avaient pas, loin s'en faut, le pouvoir sur l'armée allemande qu'avait le NKVD sur l'armée rouge. Il leur faudra attendre le 20 juillet 44, et même là, malgré tous les efforts d'Himmler, l'armée restera jusqu'au bout "relativement" indépendante.
C'est parce que Hitler sait qu'il faut contrebalancer le pouvoir de chaque "groupe d'intérêt" au sein de l'état nazi.
Les SS, mener par Hitler sont un balancier vis-à-vs des la Luftwaffe, qui est le "cheval de bataille" par Goering. La Gestapo en fait autant pour les services secrets de l'amiral Canaris. Les Gauleiters mettront des bâtons dans les roues de Speer ET de la Werhmacht jusqu'à la fin de la guerre pour garder leurs prérogatives. Même Himmler se forgera un empire industriel au dépend de la production de guerre "classique".
Hitler joue ainsi ses allés les uns contre les autres, et l'interventionnisme souterrain de Bormann n'arrange rien, et cela produit une relative... anarchie au sein de l'état qui l'empêche de fonctionner rationnellement.
En Comparaison, Staline est un "modèle" d'ordre et de discipline, car tout gravite autour de lui sans compromis ni discussion. Sa paranoïa est destructrice, certes, mais l'état stalinien est relativement unifié dans ce qu'il entreprend, il y a comparativement peu de "lobbying".
Mais l'armée stalinienne est toute particulière, car elle sort culturellement de l'armée tsariste, ou la vie du soldat ne valait pas beaucoup plus chère. Les cadres sont pour beaucoup plupart mauvais, démissionnaire et cherche à se couvrir en lèchant les bottes du partis, d'ou dénonciations, fusillade pour l'exemple, etc...
Luhkah- Lieutenant-colonel
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Re: Terreur dans l'armée rouge.
Luhkah a écrit:venom1968 a écrit:oui, d'après ce que j'ai lu dans un numéro de "guerres et histoire", l'armée rouge aurait fait passer par les armes dix fois plus de ses propres soldats que la whermacht ne l'a fait. Les SS n'avaient pas, loin s'en faut, le pouvoir sur l'armée allemande qu'avait le NKVD sur l'armée rouge. Il leur faudra attendre le 20 juillet 44, et même là, malgré tous les efforts d'Himmler, l'armée restera jusqu'au bout "relativement" indépendante.
C'est parce que Hitler sait qu'il faut contrebalancer le pouvoir de chaque "groupe d'intérêt" au sein de l'état nazi.
Les SS, mener par Hitler sont un balancier vis-à-vs des la Luftwaffe, qui est le "cheval de bataille" par Goering. La Gestapo en fait autant pour les services secrets de l'amiral Canaris. Les Gauleiters mettront des bâtons dans les roues de Speer ET de la Werhmacht jusqu'à la fin de la guerre pour garder leurs prérogatives. Même Himmler se forgera un empire industriel au dépend de la production de guerre "classique".
Hitler joue ainsi ses allés les uns contre les autres, et l'interventionnisme souterrain de Bormann n'arrange rien, et cela produit une relative... anarchie au sein de l'état qui l'empêche de fonctionner rationnellement.
En Comparaison, Staline est un "modèle" d'ordre et de discipline, car tout gravite autour de lui sans compromis ni discussion. Sa paranoïa est destructrice, certes, mais l'état stalinien est relativement unifié dans ce qu'il entreprend, il y a comparativement peu de "lobbying".
Mais l'armée stalinienne est toute particulière, car elle sort culturellement de l'armée tsariste, ou la vie du soldat ne valait pas beaucoup plus chère. Les cadres sont pour beaucoup plupart mauvais, démissionnaire et cherche à se couvrir en lèchant les bottes du partis, d'ou dénonciations, fusillade pour l'exemple, etc...
Ah, ça, l'anarchie au sein du 3e reich..Une conséquence fâcheuse du "führerprinzip"..D'ailleurs, Hermann Raushning, dans son bouquin passionnant "Hitler m'a dit", pose la question : "Hitler est-il un dictateur ?".
venom1968- Caporal
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Re: Terreur dans l'armée rouge.
tietie007 a écrit:Le 16 août 1941, le décret n°270 est signé par Staline et d'autres membres du Politburo.
http://en.wikipedia.org/wiki/Order_No._270
Il stipulait que tout officier ou responsable politique fait prisonnier, serait considéré comme un déserteur passible d'une exécution immédiate. Les membres de la famille de ces déserteurs devaient être immédiatement arrêtés. Il précisait aussi que les troupes encerclées devaient combattre jusqu'au dernier homme. Ceux qui préfèreraient se rendre seront supprimés et leurs familles privées de toute assistance. (Montefiore, page 44)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2004_num_23_2_2416
Sur ce lien, un article intéressant de Nicolas Werth.
Concernant l'ordre n°270, Jean Lopez y revient dans sa biographie sur Joukov. En effet, après 38 jours passé comme chef d'état-major de l'armée, Joukov est limogé de son poste pour être envoyé à la tête de la 24eme armée, face au saillant d'Elnia, près de Smolensk. Les dessous de ce limogeage ne sont pas encore très clairs pour l'auteur.La bataille d'Elnia dura 4 semaines et Joukov réussit à faire reculer les allemands, début septembre, ce qui fut considéré comme la première victoire de l'armée rouge sur la Wehrmacht. Joukov utilisa la terreur pour mobiliser ses officiers et sa troupe ce qui fit réagir l'écrivain Vladimir Stavskii, envoyé spécial de la Pravda sur le front, qui écrivit une lettre à Staline, sur l'ampleur des soldats soviétiques fusillés, entre 480 et 600, sur l'ordre de Joukov, signe de la férocité du général soviétique et qui renvoie expressément à l'ordre n°270.
Lopez explique alors la génèse de cet ordre. Le 23 juillet, Timoshenko fait lancer une offensive pour reprendre Smolensk. Parmi les armées qui s'élancèrent, la 28eme, commandée par le général Katchalov. Avec sa poignée de KV et de T-34, l'unité arriva à percer le front allemand, entraînant une contre-offensive allemande qui encercla les flèches blindées soviétiques. Effrayé par les menaces de Staline et de Timoshenko qui ne juraient que par l'offensive, Katchalov continua sa chevauchée, ignorant l'encerclement de ses hommes qui fut effectif les 3 et 4 août. 20 % de la 28eme armée réussit à se sauver du chaudron laissant 38 000 prisonniers aux allemands.
Après enquête, on ne retrouva pas, tout de suite, le général lKatchalov (qui en fait mourut dans son char ors d'une dernière attaque) ce qui mit en fureur Staline qui élabora l'ordre n°270. Le 29 septembre 1941, il fut condamné à mort par contumace et même si la nouvelle de sa mort au combat fut apprise après, le Vojd ne changea rien quant à la persécution de sa famille. La condamnation ne fut levée qu'en 1954, sous la pression de Joukov.
Re: Terreur dans l'armée rouge.
Dans Grandeur et Misère de l'armée rouge, Jean Lopez évoque, page 135, les "strafabaty" ou bataillon disciplinaire soviétique. Créés le 6 juillet 1940, ils sont théoriquement abolis le 12 août 1941, puis réactivés à grande échelle par l'ordre n°227, du 28 juillet 1942. Ils concernaient les officiers et soldats convaincus d'indiscipline, de lâcheté, de panique qui seront intégrés dans des bataillons pénaux de 800 hommes chacun pour racheter leur honneur devant la patrie.

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