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Quand les professeurs peinent à enseigner la Shoah

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Message  Phil642 15/2/2014, 20:22

Des élèves contestent l'évocation du génocide juif. L'affaire Dieudonné a ravivé un antisémitisme latent.

Avec l'affaire Dieudonné, une digue morale vient de sauter dans les établissements scolaires, selon certains enseignants interrogés par Le Figaro. «La Shoah, j'en suis gavé depuis la classe de troisième. Entre les émissions de télé, les séries, l'école, on ne parle que de ça. Moi, ça me fait du bien d'en rire avec Dieudonné.» Voici ce qu'a entendu la semaine dernière un professeur d'histoire parisien lors d'un cours consacré à la Seconde Guerre mondiale. «Pourquoi parle-t-on tout le temps du génocide juif et pas du génocide rwandais ou cambodgien?», écrit une élève à la fin d'un devoir d'histoire sans vouloir réaliser, apparemment, qu'elle vit en France. Le mois dernier, une enseignante, professeur contractuelle d'histoire-géographie dans un lycée de Saint-Priest (Rhône), a déposé plainte en raison d'attaques à caractère antisémite de ses élèves. Elle s'est ainsi entendu dire: «On ne veut pas d'une juive comme professeur dans notre classe.»

Sur certaines photos de classe abondamment médiatisées, des élèves font, depuis deux ans environ, le signe de ralliement à Dieudonné, la «quenelle», ce geste que le ministre de l'Intérieur a récemment qualifié d'antisémite mais que les élèves revendiquent plutôt comme «antisystème». Déjà en 2009, alors qu'un enseignant de mathématiques du Blanc-Mesnil avait été la cible d'une inscription anti-juive, la conseillère principale d'éducation du lycée y voyait l'influence de Dieudonné:«Son auteur aurait été influencé par des idées véhiculées dans les banlieues, et par le polémiste qui y fait parfois figure d'idole», estimait-elle.

« Il faut entrer dans cette question par le nazisme, par la politique. Si les souffrances ne peuvent être comparées, les systèmes politiques peuvent l'être »
Iannis Roder, professeur d'histoire en Seine-Saint-Denis et formateur au Mémorial de la Shoah

«Dans certains endroits, il est difficile d'enseigner tout court, ce sont ces endroits où les élèves sont trop éloignés de l'école. Ailleurs, il n'y a pas de difficulté spécifique à enseigner la Shoah», estime toutefois Sophie Ernst, professeur de philosophie, enseignante dans le Val-de-Marne. Avant la forte médiatisation du bras de fer mené par Manuel Valls pour annuler la nouvelle tournée de Dieudonné, avance-t-elle, «une bonne moitié d'élèves» n'avaient jamais entendu le nom du personnage. «Depuis, certaines voix se sont élevées pour dire qu'on en parlait beaucoup parce que les juifs étaient visés.»

«Aujourd'hui, la mémoire est devenue l'affaire de chaque communauté souffrante. Chacun réclame son droit à l'histoire», regrette la philosophe qui propose de réinscrire l'enseignement de la mémoire dans celui de la morale laïque. «On a communautarisé la mémoire, alors que la visée aurait dû rester universaliste.»

Rapportant les propos de professeurs démunis face à l'affaire Dieudonné, Vincent Peillon estime que «cette situation n'est pas tolérable». L'enseignement de la Shoah doit-il être remis en question? Pour nombre d'historiens, on a trop souvent considéré l'évocation de cette période de l'histoire comme un moyen de lutter contre l'antisémitisme. Au risque de mélanger les genres. Cet enseignement a aujourd'hui adopté une approche résolument scientifique. Mais pour Iannis Roder *, professeur d'histoire en Seine-Saint-Denis et formateur au Mémorial de la Shoah, des progrès considérables restent à faire.

Les professeurs qu'il voit passer - environ 1 000 par an - viennent rechercher des contenus. «Lediscours public laisse à penser que l'on connaît tout sur cette période. Nous sommes abreuvés de Shoah, mais les choses sont mal dites.» Iannis Roder combat ce qu'il appelle «la pédagogie de l'horreur». «En choquant, on paralyse la pensée», poursuit celui qui bannit le film Nuit et Brouillard pourtant souvent diffusé en classe de troisième ainsi que «les pèlerinages doloristes à Auschwitz». D'aucuns estiment même que ces voyages pensés comme des vaccins antiracistes sont un ratage complet. «Il faut entrer dans cette question par le nazisme, par la politique. Si les souffrances ne peuvent être comparées, les systèmes politiques peuvent l'être», résume l'enseignant qui entend ainsi couper court aux interrogations communautaristes classiques formulées par certains élèves.

* L'un des auteurs de l'ouvrage «Les territoires perdus de la République», paru en 2002.

source lefigaro.fr
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Message  pilou60 20/2/2014, 09:46

Merci pour ce post.
Je ne tenterai pas en outre de répondre ou d’émettre une pensée, de peur que mes propos soient interprétés, mal pris ou face l'objet de critiques (ou non), risquant de fermer le sujet très intéressant pour ma part.
Merci pour la retranscription.

Nous traversons une fois encore (hélas) une période bien trouble... maleureu gri 
Une pensée pour nos enfants et leurs vie futures...
Ca fait peur.
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Message  riderdigeste 21/2/2014, 11:11

Eh bien, moi je vais répondre  beret Si on ne peut plus émettre d'opinion (modérée)
à quoi bon être sur (ou dans  Quand les professeurs peinent à enseigner la Shoah 248453 ) un forum...
Enseigner vous dites ? Qu'entendent-ils par "enseigner"  ? Faire un cours complet
un peu comme la période néolithique, ou encore, le Moyen âge ? Là non, je ne
suis pas d'accord (bien que non français et plus en âge d'école)  clin doeil gri 
Je m'explique.
Que la Shoah soit mentionnée avec un développement, tel que les raisons et surtout
les conséquences sur l'être humain, ça me paraît utile. Après tout cela fait partie
des conséquences de la IIe guerre mondiale. Et quelles conséquences...
Mais elle ne fait pas partie de l'origine ni de la composante essentielle, en tout cas
pas selon ma conception, de l'Histoire avec un grand H. Celle que j'ai étudiée.

De là à ce que des élèves -probablement musulmans orientés politiquement à la
maison ou ailleurs- en viennent à contester la simple mention, ça vous étonne
vraiment dans le climat actuel en France ou ailleurs ? Eh, revenez sur terre, et
surtout en Europe.
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Message  Ming 21/2/2014, 17:09

Ce qui est extrêmement navrant c'est que les anciens déportés ne soient plus qu'une poignée aujourd'hui. J'ai connu Jo Wajsblat, qui était passé par Birkenau et qui à 70 ans largement passés emmenait des élèves à Auschwitz pour leur expliquer ce qu'il avait vécu, ce que c'était et ce qu'a été sa vie après. Ca aurait permis à pas mal de petits jeunes de comprendre que ce n'est pas une affaire israelo-palestienne ourdie par les puissances obscures qui détiennent le grand capital et le système judéo franc maçonnique (je n'ajoute pas le reste, vous m'avez compris), mais que ça concerne bien toute l'humanité.

Alors réflexionnage intense et je me suis demandé ce que le cas des musulmans bosniaques volontairement affamés durant le conflit yougoslave avait de différent avec celui des Juifs, Tsiganes, résistants, Ukraniens, Russes, Polonais, Tchèques, Français dans les camps de la mort en 39-45 -sans parler des exécutions menées par les tigres d'Arkan qui ressemblent exactement à celles de la Shoah par balles, au fossé près-. La seule différence c'est le non-emploi du Zyklon B durant la guerre de Yougoslavie et l'absence de fours crématoires... C'est sous cet angle qu'il leur faudrait leur expliquer, afin que leurs neurones commencent à se détartrer et qu'ils commencent à réfléchir... Bordel ! Quitte à faire venir des Bosniaques pour qu'ils leur explique ce que ça a été. 

Mais je partage le point de vue de riderdigeste : ce n'est pas de l'histoire au sens propre du terme, ça devrait figurer dans un autre cours, parce que cela concerne tout un chacun, à la différence de ce que trop de personnes pensent. Quitte même à créer un pseudo jeu de rôles (ça m'a démangé de le faire ici un moment pour que certains comprennent comment ça s'est passé et comment les Allemands ont laissé faire).

Il serait également juste de virer quelques imams et de cesser de sponsoriser certaines cités par des états au régime polotico-religieux, parce que l'on est en train (rectificatif : nos politiciens sont en train...) d'armer la bombe à retardement qui nous pètera dans les dents d'ici quelques années.

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Message  Lynx88 21/2/2014, 18:21

En tant qu’éleve actuellement, j'ai eu ce programme sur la Shoah en début d'année scolaire. J'avoue que passer une dizaine d'heures à nous redire que 6millions de Juifs sont morts ma fortement exaspéré même si je trouve ce crime totalement odieux et inacceptable. Même si mon professeur d'histoire à évoqué le massacre des chinois par les japonais une moitié d'heure, le reste c'est purement et simplement QUE les Juifs. J'étais au courant pour pas mal de choses données dans le cours contrairement à mes camarades, mais la plupart reste déçu de n'avoir pas passer aussi un peu de temps sur les événements de la Seconde Guerre mondial autre que la Shoah. Shoah oui, mais à dose plus réduite !

(édit : Je tiens à bien préciser que les moyens et les manières utilisées pour réaliser se génocide nous ont été clairement données. J'ai bien compris comment cela c'est passé et comment les allemands, mais aussi la communauté internationale (car je reste certain qu'elle était au courant avant de découvrir tout cela) à laisser cela ce réaliser, mes neurones et synapse sont donc bien en fonction sans aucun dysfonctionnement)
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Message  Ming 21/2/2014, 19:16

Lynx88 a écrit:En tant qu’éleve actuellement, j'ai eu ce programme sur la Shoah en début d'année scolaire. J'avoue que passer une dizaine d'heures à nous redire que 6millions de Juifs sont morts ma fortement exaspéré même si je trouve ce crime totalement odieux et inacceptable. Même si mon professeur d'histoire à évoqué le massacre des chinois par les japonais une moitié d'heure, le reste c'est purement et simplement QUE les Juifs. J'étais au courant pour pas mal de choses données dans le cours contrairement à mes camarades, mais la plupart reste déçu de n'avoir pas passer aussi un peu de temps sur les événements de la Seconde Guerre mondial autre que la Shoah. Shoah oui, mais à dose plus réduite !

(édit : Je tiens à bien préciser que les moyens et les manières utilisées pour réaliser se génocide nous ont été clairement données. J'ai bien compris comment cela c'est passé et comment les allemands, mais aussi la communauté internationale (car je reste certain qu'elle était au courant avant de découvrir tout cela) à laisser cela ce réaliser, mes neurones et synapse sont donc bien en fonction sans aucun dysfonctionnement)

Bien justement le problème c'est que ce n'étaient pas que des juifs, mais par extension tout ceux qui étaient considéré comme nuisibles ou opposants au régime nazi. Ne parler uniquement que des juifs, c'est oublier les tsiganes ou les homosexuels par exemple, voire les soldats russes qui ont été gazés quelles qu'aient été leurs origines ou leurs convictions politiques, sans parler des détenus de droit commun -il n'y a pas eu que des kapos- ni des asociaux (en clair, les SDF et les clochards que l'on rencontre aujourd'hui dans nos rues) et encore moins des malades mentaux (programme T4 c'est par là qu'a commencé l'étude de l'extermination à une échelle industrielle) et des opposants politiques (sociaux-démocrates, socialistes, communites, droite conservatrice, chrétiens démocrates et j'en passe) qu'ils aient été Allemands ou Autrichiens.

C'est oublier énormément de monde, au final.

Mais pour ta décharge, je dois dire que des cours d'histoire à l'école, je retiens une sensation proche de celle que me procurent les laxatifs. A deux professeurs près, le reste ne cherchait pas à développer, interpeller, faire réflechir, déduire, commenter. Le sumum a été atteint pour la période 39-45 -celle qui m'intéresse pourtant le plus- ou je me suis demandé ce que je faisais là assis sur une chaise à écouter un discours à la fois mal fait et totalement creux, absent de ce qui compte le plus.

Si t'as pas encore quitté l'école, dis-toi que le plus gros reste à découvrir. Maintenant que tu as appris, c'est comme pour les arts martiaux : on atteint le sommet en désaprenant ou plutôt en oubliant ce que l'on appris en se forgeant presque soi-même.

C'est en tous cas ce que j'en pense.

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Message  Lynx88 21/2/2014, 19:44

Et, je te rassure, c'est aussi ce que je pense. Mes idées ne sont pas arrêtées aux seuls cours d'histoire-géographie de mon cursus scolaire actuel !
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Message  Narduccio 21/2/2014, 21:21

Ming a écrit:Mais je partage le point de vue de riderdigeste : ce n'est pas de l'histoire au sens propre du terme, ça devrait figurer dans un autre cours, parce que cela concerne tout un chacun, à la différence de ce que trop de personnes pensent.


Si ce n'est pas de l'histoire, il faudra me dire ce que s'est. Je me souviens d'avoir suivi des cours sur les guerres de religions et on a évoqué la Saint Barthélemy et les massacres de l'époque. Si la Shoah n'est pas de l'histoire, il faudra aussi retirer le massacre de la Saint Barthélemy du programme. L'histoire sert à étudier les évènements fâcheux ou pas du passé. Ça sert aussi à permettre aux élèves de comprendre que nos sociétés sont basées sur une certaine morale et que certaines choses ne ce font pas ou ne se font plus. J'ai des voisins catholiques, protestants, juifs, musulmans, athée, bouddhistes, ou peut-être adonné au pastafarisme. Depuis quelques siècles, tuer quelqu'un qui a une autre religion que la sienne est considéré comme un assassinat. C'est ce qui fait que je puisse vivre au milieu de gens qui ont un tas de religions différentes.

C'est un enseignement que nous apporte l'étude de notre histoire. Il faut tout faire que la Shoah reste dans le domaine historique et pas dans l'actualité.

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Message  Phil642 22/2/2014, 09:31

Perso, je pense qu'il faudrait distinguer l'histoire classique de l'histoire contemporaine qui devrait plus servir de tremplin vers la citoyenneté et ce tout au long des études.
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Message  Ming 22/2/2014, 10:42

Narduccio a écrit:
Ming a écrit:Mais je partage le point de vue de riderdigeste : ce n'est pas de l'histoire au sens propre du terme, ça devrait figurer dans un autre cours, parce que cela concerne tout un chacun, à la différence de ce que trop de personnes pensent.


Si ce n'est pas de l'histoire, il faudra me dire ce que s'est. Je me souviens d'avoir suivi des cours sur les guerres de religions et on a évoqué la Saint Barthélemy et les massacres de l'époque. Si la Shoah n'est pas de l'histoire, il faudra aussi retirer le massacre de la Saint Barthélemy du programme. L'histoire sert à étudier les évènements fâcheux ou pas du passé. Ça sert aussi à permettre aux élèves de comprendre que nos sociétés sont basées sur une certaine morale et que certaines choses ne ce font pas ou ne se font plus. J'ai des voisins catholiques, protestants, juifs, musulmans, athée, bouddhistes, ou peut-être adonné au pastafarisme. Depuis quelques siècles, tuer quelqu'un qui a une autre religion que la sienne est considéré comme un assassinat. C'est ce qui fait que je puisse vivre au milieu de gens qui ont un tas de religions différentes.

C'est un enseignement que nous apporte l'étude de notre histoire. Il faut tout faire que la Shoah reste dans le domaine historique et pas dans l'actualité.

Ce n'est pas de l'histoire au sens ou cela ne doit pas être un cours rébarbatif ou plat, qui se contente d'énumérer des statistiques, des faits -comme notre ami l'a déploré et comme moi-même je le déplore-. Ce n'est pas de l'histoire au sens ou je reste persuadé que l'intervention de personnes qui ont vécu et souffert cette époque n'est pas une possibilité mais une obligation, une nécessité absolue afin que les élèves comprennent réellement ce que cela a été. C'est sous ce sens qu'il faut le comprendre. Et pas un autre, mon ami.

Jo Wajsblat n'emmenait pas les élèves dans le cadre d'un cours d'histoire. C'en était un en fait, mais il était vivant et réel parce que l'on pouvait voir les chambres à gaz, voir les restes des crématoires, voir les bat-flancs sur lesquels les déportés étaient entassés. Il ne le faisait pas en été mais en plein hiver, pour accentuer la sensation des éléves en doudoune et autres bonnets. Et lorsque ces derniers grelottaient (il fait vraiment froid en Pologne en hiver) il prenait soin de leur ajouter "t'as froid ? Eh bah imagine que cette saison, je l'ai passée en pyjama deux fois de suite".

C'était donc une sortie, au même titre que d'autres élèves effectuent des séjours linguistiques.

Si cela doit rester dans un cours d'histoire, il y a tout intérêt -et notamment pour les plus obtus et les plus influençables- à ce que ce cours prenne totalement en compte la dimension humaine de l'holocauste.

Je pense que Phil s'approche de la vérité au sens ou l'antiquité, la préhistoire et l'histoire contemporaine ne méritent pas le même traitement. A mes yeux c'est fondamental. Il devrait en être de même pour ce qui s'est passé au Cambodge -cela devrait au moins être mentionné et c'est loin d'être le cas- sous le régime de Pol Pot. On pourrait également discuter de l'histoire de l'URSS en 39-45 et la manière dont cela est enseigné -et dans ce cas, ce serait plutôt des conseils de lecture. Ce ne sont pas les ouvrages qui manquent-.

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Message  Narduccio 22/2/2014, 19:09

Ming a écrit:

Je pense que Phil s'approche de la vérité au sens ou l'antiquité, la préhistoire et l'histoire contemporaine ne méritent pas le même traitement. A mes yeux c'est fondamental. Il devrait en être de même pour ce qui s'est passé au Cambodge -cela devrait au moins être mentionné et c'est loin d'être le cas- sous le régime de Pol Pot. On pourrait également discuter de l'histoire de l'URSS en 39-45 et la manière dont cela est enseigné -et dans ce cas, ce serait plutôt des conseils de lecture. Ce ne sont pas les ouvrages qui manquent-.

Là, je te rejoins, certains épisodes historiques, et je pense que les guerres de religion en font partie, méritent une réflexion plus poussée qu'une stricte analyse historique. Entre autre parce qu'elles conditionnent la manière dont on vit aujourd'hui. On devrait parfois faire suivre le cours historique par un cours plus philosophique ou d'instruction civique.

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Message  Phil642 22/2/2014, 19:27

Narduccio a écrit:
Ming a écrit:

Je pense que Phil s'approche de la vérité au sens ou l'antiquité, la préhistoire et l'histoire contemporaine ne méritent pas le même traitement. A mes yeux c'est fondamental. Il devrait en être de même pour ce qui s'est passé au Cambodge -cela devrait au moins être mentionné et c'est loin d'être le cas- sous le régime de Pol Pot. On pourrait également discuter de l'histoire de l'URSS en 39-45 et la manière dont cela est enseigné -et dans ce cas, ce serait plutôt des conseils de lecture. Ce ne sont pas les ouvrages qui manquent-.

Là, je te rejoins, certains épisodes historiques, et je pense que les guerres de religion en font partie, méritent une réflexion plus poussée qu'une stricte analyse historique. Entre autre parce qu'elles conditionnent la manière dont on vit aujourd'hui. On devrait parfois faire suivre le cours historique par un cours plus philosophique ou d'instruction civique.

Merci.

Nous pourrions plancher sur le sujet et suggérer le résultat aux autorités compétentes.

Qu'en pensez-vous?

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Message  Ming 22/2/2014, 20:06

Ca me parait une idée intéressante, en tous cas elle mérite qu'on se penche dessus.

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Message  riderdigeste 23/2/2014, 10:37

Il me semble avoir vu dans une émission (ou un doc') que certaines écoles françaises invitaient
des rescapés de la Shoah -ou des camps de concentration/stalags/etc- à venir faire un exposé
de leur expérience. On pourrait se dire que si l'intéressé n'a pas de don pour le didactique,
et probablement pas de don d'enseignement, ça risque d'être peu probant, mais l'idée me paraît
bonne. Ça ne dure pas des heures et ça a au moins le mérite de la transmission humaine. Quelques expériences de ce type on dû avoir lieu chez nous mais je ne sais si elles perdurent.
Ce qui barbe les jeunes gens est la longueur et le statique. Je doute que beaucoup d'entre vous aient vraiment aimé les cours d'histoire tels qu'ils étaient prodigués dans le temps. À moins d'avoir affaire à un prof' doué d'éloquence et de mise en scène virtuelle.
Au risque de me répéter, je prétends que ce n'est pas en "assommant" les élèves qu'on les fait "aimer" un cours ou un exposé. Tout ce qu'on m'a enfoncé dans le crâne à propos des guerres Puniques, Sparte, Athènes, et tout le Saint Frusquin n'est pas demeuré longtemps frais en mémoire -à part les dates pour l'exam'. Pareil pour la Géo.
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Message  Phil642 23/2/2014, 12:28

Hélas les rescapés de la Shoah ou tout autre vétéran deviennent rare.

C'est à notre génération maintenant de faire quelque chose d'utile.
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Message  riderdigeste 23/2/2014, 14:50

Phil642 a écrit:Hélas les rescapés de la Shoah ou tout autre vétéran deviennent rare.

C'est à notre génération maintenant de faire quelque chose d'utile.
Ou les enfants, les proches de ceux-là. Si la transmission est fidèle à l'original,
cela ne me gêne en rien. Bien sûr ce sujet est compliqué et délicat. J'en conviens.
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Message  Lynx88 23/2/2014, 16:00

riderdigeste a écrit:(...)
Au risque de me répéter, je prétends que ce n'est pas en "assommant" les élèves qu'on les fait "aimer" un cours ou un exposé. Tout ce qu'on m'a enfoncé dans le crâne à propos des guerres Puniques, Sparte, Athènes, et tout le Saint Frusquin n'est pas demeuré longtemps frais en mémoire -à part les dates pour l'exam'. Pareil pour la Géo.

Choses que je confirme pleinement et qui sont agréable à lire de la part de quelqu'un sorti du cursus scolaire !
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Message  Phil642 23/2/2014, 18:25

Il s'agit d'un héritage, d'une conscience collective que chacun doit garder en tête en permanence de façon à éviter les comportements qui permettraient des répétitions.

Pour nous c'est relativement aisé puisque nous sommes plongés dedans, et je pense que des personnes comme nous ou faisant partie de cercles historiques sont qualifiées pour relater l'histoire contemporaine.

Il s'agirait de créer un squelette, une méthodologie, décrire les buts...
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Message  eddy marz 24/2/2014, 09:55

Phil642 a écrit:Il s'agit d'un héritage, d'une conscience collective que chacun doit garder en tête en permanence de façon à éviter les comportements qui permettraient des répétitions.

Pour nous c'est relativement aisé puisque nous sommes plongés dedans, et je pense que des personnes comme nous ou faisant partie de cercles historiques sont qualifiées pour relater l'histoire contemporaine.

Il s'agirait de créer un squelette, une méthodologie, décrire les buts...
J'ai pu constater par moi-même que nombre d'enseignants de collèges ou de lycées ne sont pas très au courant du fonctionnement ou des prémisses de la Solution Finale qu'ils enseignent; j'en ai même entendu un relater des "faits" qui, nous le savons aujourd'hui (par les recherches et enquêtes), n'ont jamais eu lieu… Il y a donc encore un point de vue suranné et un peu "bien-pensant" de cette tragédie (façon "Historia" dans les années 70). Comme nous, ici, le savons, cette histoire est extrêmement compliquée et dense, implique également - de façon négative - énormément de pays européens autres que l'Allemagne (ce qui pourrait créer de nouvelles tensions); les liens entre T4 et l'Holocauste ne sont jamais établis alors qu'ils sont primordiaux; les tentatives d'émigration d'avant guerre organisée par le biais du SD et des agences juives au Proche-Orient non plus... bref les enseignants ne sont pas très au fait de leur sujet qui, comme vous le savez, requiert des lectures intensives pour pouvoir se permettre des cours globaux compréhensibles… Il est vrai aussi qu'il faut absolument désacraliser car cela nuit à la transmission.
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Message  Phil642 24/2/2014, 10:57

Je pense que le sujet doit porter vers la signification du mot histoire, l'histoire c'est hier.

Les tragédies des deux querres mondiales ne sont pas tout, Le génocide Arménien, Combodgien, Rwandais et d'autres évènements majeurs, le Rideau de Fer, le plan Condor, ... Doivent êtres étudiés de façon à pouvoir arriver à émettre un avis sur un évènement en cours et agir en conséquence en tant que citoyen.

Voici un article qui tombe à pic pour expliquer un certain mailaise:

Amnésie belge au Rwanda

http://www.levif.be/info/actualite/international/amnesie-belge-au-rwanda/article-4000537434660.htm
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Message  le ronin 24/2/2014, 12:41

Pour le Rwanda, il n'y a pas que les belges qui étaient amnésiques. J'ai des connaissances qui se trouvaient là bas, en 94, et qui m'en ont parlé .C'est assez honteux.



Amicalement,



le ronin.

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Message  MEIERS 16/3/2014, 19:21

Phil642 a écrit:Il s'agit d'un héritage, d'une conscience collective que chacun doit garder en tête en permanence de façon à éviter les comportements qui permettraient des répétitions.

Je crois que lorsque Phil écrit qu'il s'agit d'un héritage, d'une conscience collective que chacun doit garder en tête en permanence... il exprime en fait un oxymore. En effet la Shoah  est un héritage de la seconde guerre mondiale et des populations européennes. Or si l'on regarde par exemple la composition actuelle de la société française, celle-ci ne correspond plus à ce qu'elle était en 1945. Actuellement par exemple vivent en France près de 6 millions de personnes d'ascendance maghrébine (Près de 4 millions d'habitants d' origine algérienne, plus d'un million d'habitants d'origine marocaine, quelques centaines de milliers de tunisiens) dont la plupart ont également la nationalité française.

D'autre part la composition de la population juive actuelle en France ne correspond plus non plus à ce qu'elle était en 1945. En 1939 la population juive française était essentiellement d'origine européenne et comptait environ 300000 personnes. 150000 juifs de nationalité française et 150000 étrangers. Au cours de la seconde guerre mondiale plus de 75000 juifs vivant en métropole furent victimes de la Shoah dont 22000 de nationalité française et les autres de nationalités étrangères européennes. Actuellement la composition de la population juive en France a été modifiée par l'apport après 1962 de 150000 juifs d'origine algérienne rapatriés en France avec le reste du million de pieds-noirs suite à l'indépendance algérienne. Or ni les populations d'origine arabe, ni les juifs d'origine algérienne n'ont le même héritage, ni la même conscience collective que les populations d'origine européenne. Dans le cas des populations arabes on peut même dire que cette conscience collective est diamétralement opposée. Peut donc dans ce cas attendre de ces populations qu'elles épousent la conscience collective européenne?

Pour concrétiser ma question je vais revenir sur une intéressante recherche historique que j'effectue depuis quelques années au service des archives fédérales suisses à Berne sur l'un des grands scandales d'Etat en France après 1945, systématiquement occulté jusqu'à aujourd'hui. La politique de recrutement de la Légion étrangère après 1945. Il faut savoir qu'avant et pendant la seconde guerre mondiale la Légion étrangère était restée grosso-modo une force militaire respectable. Elle avait accueilli avant 1939 des républicains espagnols, puis des antifascistes allemands, lors de la campagne de Norvège en avril 1940 des troupes de la légion avaient remportées la seule victoire française sur le front occidental contre les troupes allemandes à Narvik.

Après 1945 la Légion recruta essentiellement à partir des camps de prisonniers de guerre allemands pour assumer ses besoins en effectifs pour les guerres coloniales à venir, en Indochine puis en Algérie. On estime que des 30000 hommes que comptait alors la Légion 20000 étaient allemands suisses ou autrichiens. Des journalistes occidentaux couvrant les débuts de la guerre d'Indochine en 1947 rapportaient que des légionnaires en quartier libre entonnaient le "Horst Wessel Lied" dans les rues de Saïgon.

Les dossiers suisses sont intéressants en raison d'une particularité légale. Lors de la création de l' état fédéral en 1848 il fut décrété qu'un citoyen helvétique ne pouvait plus accepter un service dans une armée étrangère sans l'autorisation du conseil fédéral (gouvernement), ceci en rapport avec la politique de neutralité. Cette pratique était en rupture avec la politique des siècles précedents où la Suisse avait été pourvoyeuse de mercenaires. Désormais un Suisse qui passait outre à cette interdiction pour, par exemple s'engager dans la Légion étrangère, devait à son retour au pays, comparaître devant la justice militaire et être condamné à une peine de prison.

Au XXème siècle cette loi suisse fut en particulier appliquée à l'encontre des membres suisses des brigades internationales de la guerre d'Espagne, mais aussi des Suisses qui s'étaient engagés dans les rangs des volontaires étrangers de la Waffen SS durant la seconde guerre mondiale, puis à l'encontre des légionnaires suisses après 1945.

Conformément à la législation suisse les archives générales deviennent publiquement consultables après 30 ans, les archives nominatives, dont les dossiers des légionnaires suisses, à l'expiration d'un délai de 50 ans. La guerre d'Algérie s'étant achevée en 1962, ces actes judiciaires sont librement consultables depuis 2012.

Au cours de mes recherches j'ai retrouvé les dossiers de deux suisses nés dans les années 20 qui avaient pendant la seconde guerre mondiale franchis la frontière germano-suisse pour s'engager dans la Waffen SS. A leur retour en Suisse en 1945, ils durent comparaître devant la justice militaire, furent condamnés à une peine de prison, puis après leur élargissement, se rendirent en France pour s'engager dans la légion étrangère. Ils servirent en Indochine et en Algérie. Il est à noter que les membres de la Waffen SS portaient un tatouage de groupe sanguin sous l'épaule, détail qui ne pouvait pas échapper aux autorités de la légion. On appréciera l'ironie de la situation. La France, partie prenante au procès de Nuremberg avait contribué à faire définir la Waffen SS comme une organisation criminelle, pour ensuite recruter ses anciens membres dans son armée et les lancer contre une population arabe d'Algérie, qui pendant la seconde guerre mondiale, avait été loyale, en fournissant des soldats qui avaient sauvés la mise à la métropole, en contribuant à la libération de l'Europe du joug nazi. Un remerciement à la française en somme!

D'autres légionnaires suisses, plus jeunes car nés dans les années 30, n'avaient pas participés à la seconde guerre mondiale, mais s'étaient retrouvés sous l'autorité de Sous-Officiers, anciens membres de la Waffen SS. L'un d'entre eux avait reconnu dans son audition ce que son sous-officier lui avait fait faire. Lors d'une patrouille ils avaient trouvés dans une maison arabe un poste radio émetteur des rebelles. Dans la maison ne se trouvaient qu'une vieille femme et une fillette d'une dizaine d'années. L'ancien SS donna l'ordre, à titre de représailles au jeune légionnaire suisse, qui était tireur de précision au fusil d'abattre la fillette. Comme ce jeune légionnaire ne voulait d'abord pas s'éxécuter l'ancien SS menaça de l'abattre. En fin de compte le jeune légionnaire suisse exécuta l'ordre en tirant à bout portant une balle de fusil dans la tête de l'enfant.

Dans un autre cas un légionnaire suisse rapporta le traitement réservé aux prisonniers du F-L-N. Après les avoir torturés à l' électricité pour leur soutirer des informations, les légionnaires s'amusaient à les faire mourir lentement, en les découpant à vif au couteau( par égard pour les lecteurs je n'entre pas dans les détails tels qu' ils ressortent de l'audition).

Au final le nombre de morts de la guerre d'Algérie est controversé. La France reconnait un nombre de victimes de 300000 morts. Les autorités algériennes partent sur un chiffre beaucoup plus important de 1500000 morts probablement exagéré. Il n'en reste pas moins, même si l'on retient l'hypothèse basse qu'il s'agit de la plus grande hécatombe commise par un gouvernement républicain à l'encontre d'une partie de sa population. Pendant la terreur au cours de la Révolution Française environ 100000 personnes furent tuées (dont 16000 guillotinées) mais pour une population française de 26 millions d'habitants à l'époque. Les arabes algériens étaient 9 millions en 1954 et disposaient de la nationalité française depuis 1947 (avec des dispositions discriminatoires au plan électoral). Tant au plan absolu que relatif ce chiffre de tués est beaucoup plus important. Il est aussi quatre fois plus important que le nombre de victimes de la Shoah pendant la Seconde Guerre Mondiale en France.

Il reste à aborder le cas de la population juive d'Algérie. Celle-ci, indigène comme la population arabe avait obtenue collectivement la nationalité française par le décret Crémieux en 1870 (alors que les arabes restaient sujets français). L'une des premières mesures  du gouvernement de Vichy en 1940 fut donc d'abolir le décret Crémieux et de renvoyer les juifs d'Algérie à leur condition indigène, en imposant en plus la législation antisémite de Vichy. Il n'y a pas eu par contre de déportation des juifs algériens dans les camps de la mort nazis (sauf des cas tragiques où des juifs algériens s'étaient retrouvés en métropole entre 1940 et 1944). Il faut d'ailleurs savoir que le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942 ne mis pas fin à cette politique discriminatoire. L'amiral Darlan, représentant de Vichy, puis après son assassinat par un militant gaulliste le 24 décembre 1942, son successeur le Général Giraud, mis en place par Roosevelt qui souhaitait évincer De Gaulle, ne rétablirent pas les juifs algériens dans leurs droits. Ce n'est qu'au début de 1944, lorsque De Gaulle réussit à s'imposer comme seul chef de la France libre que le décret Crémieux fut rétabli.

En ce qui concerne la Guerre d'Algérie il faut savoir qu'en 1956 lors d'un congrès dit de la Soummâh le front de libération nationale algérien lança un appel à la communauté juive algérienne de rompre avec le colonialisme français, donc de renoncer au bénéfice du Décret Crémieux et donc de rejoindre la lutte pour l'indépendance. Les autorités juives en Algérie refusèrent de se positionner face à cet appel, ce que certains juifs algériens comprirent comme un feu vert pour rejoindre le camp des colons les plus extrémistes. Certains juifs algériens rejoignirent donc à partir de 1960 les terroristes de l'OAS (Organisation Armée Secrète). On peut citer les noms de Jean Guenessia, le lieutenant et l'âme damnée du dirigeant de l'OAS Joseph Ortiz, ainsi qu'à Alger et Oran les chefs des commandos colline Elie Azoulaï et Ben Attar. Leur modèle était les organisations clandestines juives en Palestine au temps du mandat britannique Irgoun et Haganah. Un officier supérieur français le Lieutenant-Colonel Pierre Rançon du 2ème Bureau fut victime de ces réseaux, ainsi que des élus musulmans. Les commandos juifs de l'OAS tentèrent également de mettre le feu à une prison dans laquelle étaient enfermés des prisonniers du F-L-N.

Si l'on regarde la situation actuelle en France on remarque que des personnalités juives d'origine algérienne sont le plus en pointe dans la défense de la mémoire de la Shoah et de la politique d'Israel. On pourrait citer l'universitaire et sociologue Schmouel Trigano, né à Blida en 1948, le journaliste Frédéric Haziza né à Marnia en 1960, dont le père Isaac Haziza était instituteur, ainsi que Bernard-Henri Lévy né à Béni-Saf en 1948. Toute la question est de savoir de quel degré de crédibilité disposent ces illustres personnes lorsqu'il s'agit d'expliquer à des collégiens ou lycéens d'origine algérienne par exemple qu'ils doivent aimer les morts de la Shoah plus que les morts de leurs propres familles, massacrés, torturés et exterminés par l'armée française, ses mercenaires allemands de la légion, sans oublier la contribution des terroristes juifs de l'OAS. On peut comprendre que des enseignants dans des collèges de banlieue ne souhaitent pas vraiment se mouiller dans ces controverses mémorielles, en allant à l'esclandre avec leurs élèves. A la différence des ministres Valls et Peillon ils ne disposent pas non plus de deux cordons de policiers et trois de CRS pour assurer leur sécurité au quotidien dans ces quartiers.

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Message  Chef Chaudard 20/3/2014, 13:45

Je doute très fortement que l'antisémitisme sévissant dans "les Banlieues" ait quelque chose à voir avec les groupes terroristes de l'OAS, Juifs ou pas...

Il n'a, en tous cas, aucun rapport avec les guerres de décolonisation.

Il a, au contraire, tout à voir avec une radicalisation de l'Islam, qui rejette au nom d'une idéologie, pas si éloignée que ça du Nazisme, les valeurs fondamentales de l'Humanité et reprend à son compte la lutte contre Israël menée par des groupuscules internationaux ou des états islamistes.

Il est en revanche indéniable que le passé a une grande influence sur les descendants  d’immigrés: la colonisation, les  guerres qui ont suivi, les humiliations qu’ont subi les immigrants dans leur pays d’accueil ont inévitablement laissé des traces.

Certains de nos jeunes, pour s’affirmer, se rebeller, rejoignent ces sectes extrémistes.

Il est d'autant plus nécessaire, dans ces conditions, de faire étudier la « Solution Finale », ne serait-ce que pour faire comprendre où mènent l’intolérance, le racisme et l’extrémisme.
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Message  MEIERS 20/3/2014, 17:45

Je doute très fortement que l'antisémitisme sévissant dans "les Banlieues" ait quelque chose à voir avec les groupes terroristes de l'OAS, Juifs ou pas...

Il n'a, en tous cas, aucun rapport avec les guerres de décolonisation.

Il a, au contraire, tout à voir avec une radicalisation de l'Islam, qui rejette au nom d'une idéologie, pas si éloignée que ça du Nazisme, les valeurs fondamentales de l'Humanité et reprend à son compte la lutte contre Israël menée par des groupuscules internationaux ou des états islamistes.

Certains de nos jeunes, pour s’affirmer, se rebeller, rejoignent ces sectes extrémistes.
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Quand chef Chaudard écrit que l'antisémitisme dans les banlieues n'a aucun rapport avec les guerres de décolonisation il faudrait précisément poser la question de savoir ce qu'est au juste le conflit israélo-palestinien depuis 1947 sinon une guerre de décolonisation, la dernière et la plus âpre menée par le monde occidental contre un peuple du tiers-monde. De ce point de vue lorsque des jeunes d'origine maghrébine dont l'histoire familiale a été marquée par le passé colonial de leurs pays d'origine s'identifient à la lutte du peuple palestinien le rapport est à mon avis évident avec les guerres de décolonisation. D'autant plus évident à mon avis que lorsqu'on observe que les personnalités juives d'origine algérienne que j'avais citées dans mon post (Schmouel Trigano, Frédéric Haziza et B-H-L) dont les familles avaient soutenues le maintien du régime colonial en Algérie appuient désormais la colonisation israélienne on peut penser qu'un certain bagage familial, paternaliste, colonialiste et en en mot raciste vis à vis des peuples arabes a été ramené au Nord de la Méditerrannée à la fin de la Guerre d'Algérie en 1962. On est en tout cas très loin de l'idéologie d'un militant communiste comme Henri Alleg, juif d'origine européenne, qui avait dénoncé dans son livre "la question" la torture qu'il avait lui même subie en Algérie.

Lorsque l'on parle d'autres part de valeurs fondamentales de l' Humanité l'on est en pleine tarte à la crème. Le ministre de l'Instruction publique Jules Ferry, grand partisan de la colonisation par ailleurs, avait à la fin du XIXème siècle en 1885 défendu le devoir des races "supérieures" de "civiliser les races inférieures". Ferry étant Franc-maçon, l'on peut admettre qu'il croyait aussi aux "valeurs fondamentales de l'humanité". Toujours est-il que son idéologie a fini par causer un drame comme la guerre d'Algérie.

Lorsqu'on fait le rapprochement entre l'Islam et le Nazisme il ne serait pas inutile de rappeler que des phénomènes comme la condamnation de Galillée, l'inquisition, les croisades, la chasse aux sorcières, l'extermination des indiens après la découverte de l'Amérique étaient plutôt d'inspiration catholique, qu'islamistes.

Par ailleurs et pour information on trouve aussi d'assez jolis morceaux d'anthologie dans le judaïsme. L'un des plus grands commentateurs de la loi juive Moïse Maimonide, fils de rabbin, médecin et philosophe mort en 1204 écrivait ainsi dans son "Livre des égarés" Tome III IIIème partie chap.51, page 434 de l'exemplaire déposé à la bibliothèque impériale en 1861: " Quant à ceux qui étaient hors de la ville" ce sont tous les hommes qui n'ont aucune croyance religieuse, ni spéculative, ni traditionnelle, comme les derniers des Turcs à l'extrème nord, les nègres à l'extrème sud et ceux qui leurs ressemblent dans nos climats. Ceux-là sont à considérer comme des animaux irraisonnables; je ne les place point au rang des hommes, car ils occupent parmi les êtres un rang inférieur à celui de l'homme et supérieur à celui du singe, puisqu'ils ont la figure et les linéaments de l'homme et un discernement au-dessus de celui du singe" (fin de citation et sans commentaires!)

On pourrait se demander pourquoi des jeunes musulmans éprouvent le besoin de se revolter et de rejoindre des groupes extrémistes s'ils ne se sentent pas atteints dans leur dignité humaine et familiale; et le fait de ne leur présenter que des européens comme exemple d'injustices historiques et non leurs propres ancêtres n'est pas fait pout arranger les choses.

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Message  Chef Chaudard 21/3/2014, 07:53

Les problèmes au Moyen-Orient, s'ils sont indubitablement nés de la décolonisation, ne sont pas une guerre de décolonisation, mais une lutte entre deux peuples se disputant le même pays. Israël n'est la colonie d'aucune puissance.

Quand aux valeurs de l'Humanité, elles ne sont pas une tarte à la crème, mais se veulent universelles. Qu'il y ait des dérives est réel, mais ne saurait remettre le fond en cause. Le colonialisme Français se voulait généreux: paternaliste, "civilisateur", l'Homme Blanc apportant un monde meilleur à ses frères moins chanceux (quoique cela n'ait été souvent qu'une façade, nous en serons probablement d'accord).

Le Nazisme a voulu la disparition de certaines catégories d'Humains. Si le phénomène n'était pas nouveau, c'était la première fois qu'un pays civilisé organise industriellement le massacre de millions de personnes. Le pire est toujours possible...

Demain, un quelconque extrémiste pourrait retenter le coup s'il parvenait au pouvoir. Il y a des chances qu'il soit un extrémiste islamiste, peu qu'il soit catholique, le pape François n'ayant pas, à ma connaissance, appelé à combattre les Infidèles. On peut espérer également qu'il ne sera pas Juif, que les Israéliens ne tomberont jamais dans ce piège.

Quand au traumatisme dont souffrent beaucoup de Français enfants d'immigrés maghrébins, s'il est réel et que l'on peut y trouver des raisons, il n'excuse pas la dérive extrémiste de certains.
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