Et Céline alors ?
3 participants
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Et Céline alors ?
Voilà bien du poil à gratter,
Céline,
le second écrivain (après rabelais) à avoir secoué la littérature française !
J'ai bien sûr hésité à mettre le sujet dans le fil traitant des écrivains, mais je pense son cas
si particulier qu'il mériterait bien un fil à lui tout seul, car entre l'infâme tenant d'un "antisémite inexcusable"
qu'il a été et le "génie littéraire" qu'il a été tout autant... entre des chef-d'oeuvres comme "le voyage", "mort à crédit" où "d'un château l'autre"
qui est l'une des seules descriptions de la vie à Ziegmaringen qui nous soit parvenue ( même si elle ne saurait être que "célinienne" et donc très "romantisée )
entre ces ouvrages et ses pamphlets à gerbe où il laisse libre court à un antisémitisme des plus grotesques,
il y a quand même un homme pour l'essentiel antimilitariste et surtout d'un masochisme exceptionnel.
Nouveau sur le forum, je ne sais pas s'il y a ou non lieu d'aborder un tel auteur sur ce site, mais si déjà on a ouvert un fil
sur les écrivains de cette époque, il serait dommage de ne pas parler de cet individu
ne serait-ce que pour l'image qu'il se fait de l'homme et de ses pulsions en général.
Abstraction faite de son stupide antisémitisme (qu'il tient de famille et qui à l'époque était assez à la mode, suite à l'affaire Dreyfus,
jusque dans les milieux littéraires les plus bien pensants)
et de l'individu lui même qu'on peut fort bien juger "infréquentable"
( je suis pour ma part très partagé entre dégoût et pitié bien qu'ayant lu avec délectation ses principaux romans )
Alors, je vous propose la question : Que pensez-vous de l' "écrivain" en tant qu' "écrivain " ?
Céline,
le second écrivain (après rabelais) à avoir secoué la littérature française !
J'ai bien sûr hésité à mettre le sujet dans le fil traitant des écrivains, mais je pense son cas
si particulier qu'il mériterait bien un fil à lui tout seul, car entre l'infâme tenant d'un "antisémite inexcusable"
qu'il a été et le "génie littéraire" qu'il a été tout autant... entre des chef-d'oeuvres comme "le voyage", "mort à crédit" où "d'un château l'autre"
qui est l'une des seules descriptions de la vie à Ziegmaringen qui nous soit parvenue ( même si elle ne saurait être que "célinienne" et donc très "romantisée )
entre ces ouvrages et ses pamphlets à gerbe où il laisse libre court à un antisémitisme des plus grotesques,
il y a quand même un homme pour l'essentiel antimilitariste et surtout d'un masochisme exceptionnel.
Nouveau sur le forum, je ne sais pas s'il y a ou non lieu d'aborder un tel auteur sur ce site, mais si déjà on a ouvert un fil
sur les écrivains de cette époque, il serait dommage de ne pas parler de cet individu
ne serait-ce que pour l'image qu'il se fait de l'homme et de ses pulsions en général.
Abstraction faite de son stupide antisémitisme (qu'il tient de famille et qui à l'époque était assez à la mode, suite à l'affaire Dreyfus,
jusque dans les milieux littéraires les plus bien pensants)
et de l'individu lui même qu'on peut fort bien juger "infréquentable"
( je suis pour ma part très partagé entre dégoût et pitié bien qu'ayant lu avec délectation ses principaux romans )
Alors, je vous propose la question : Que pensez-vous de l' "écrivain" en tant qu' "écrivain " ?
outretemps- Caporal
- Nombre de messages : 12
Age : 77
Localisation : bretagne
Date d'inscription : 05/07/2014
Re: Et Céline alors ?
Une sorte de génie. Rien que sa description de New York ou encore de la boue des tranchées de 14-18 vaut le détour. Sans parler de l'ambiance de Sigmaringen, cette espèce de fin d'un monde poisseux et lourd avec toutes les petites trahisons.
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Patrie, Courage, Foi. Regarde Saint Michel et saute rassuré.
Wenn de net wellcht metkommen, los es stehn !
Membre du club des survivants du péril thaïlandais, du canon de 88 sulfateur de l'infâme colonel Olrik (rebus: oui russe, non russe, liquide, vomi)
Membre du service de protection de Sa Majesté Impériale, la bien touffue et heureuse nordique.
Ming- Général (Administrateur)
- Nombre de messages : 5781
Age : 52
Localisation : MingLouffie occidentale
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Et Céline alors ?
Pour commencer, je pense que cette discussion gagnerait vraiment a figurer dans la section littérature.
Pour finir, je dirais qu'il fait partie de ses personnages intéressant qui prouve l'ambiguïté intrinsèque du monde, ou le talent côtoyer certains des pires aspects de l'homme.
Pour finir, je dirais qu'il fait partie de ses personnages intéressant qui prouve l'ambiguïté intrinsèque du monde, ou le talent côtoyer certains des pires aspects de l'homme.
Luhkah- Lieutenant-colonel
- Nombre de messages : 438
Age : 45
Localisation : Bruxelles
Date d'inscription : 31/05/2010
Re: Et Céline alors ?
Merci à Ming pour sa réponse et parfaitement d’accord avec lui. New-York, la ville debout !
pas de problème Luhkah, si la modération veut bien déplacer le fil. c'est vrai qu'il n'est peut être pas à sa place là où il se trouve.
Pour en revenir au sujet, en attendant, le livre que j'estime être le plus remarquable reste « Nord » car peut-être plus encore que « d’un château l’autre » qui nous décrit une ambiance d’attente feutrée avec des personnages identifiables, « Nord » nous fait traverser une Allemagne en ruine peuplée de personnages « improbables ». Improbables en temps de paix… mais dans des villes en ruines ? Dans sa fuite, en compagnie de sa femme, de Le Vigan (un acteur collabo) et de son chat Bébert, à travers cet enfer d’après et de sous les bombes n’ apparaît plus, à l’inverse d’« un château l’autre », aucun personnage connu. Il n’y côtoie plus que des « incroyables » à la « démerde », qu’on ne saurait rencontrer ailleurs qu'en pays en ruine.
Suivent des épisodes tragi-comiques ( des « jeunesses hitlériennes » qui les prennent pour des parachutistes ennemis) , le but du quatuor en fuite restant d’atteindre le Nord, planche de salut.
Pour ceux que l’œuvre de Céline intéresse, je conseille, afin de s'initier au plus simple, le « Céline » de Frédéric Vitoux 1978 (collection Belfond » chez Belfond, bien sûr. L’intérêt de ce livre est, après un condensé biographique des plus banals, de résumer de façon chronologique toute l’œuvre de l’écrivain, livre après livre.
J’ignore s’il y a eu réédition, mais c'est facile à trouver en occase sur le web.
L’importance de Céline tient pour ma part au fait qu’il « va à la moelle » de l’homme, qu’il fouille son tragique en chirurgien de l’âme, oh, pas dans l'idée de guérir en quoi que ce soit, son cas est bien trop désespéré, juste pour décortiquer au plus près son fonctionnement et nous en livrer ses conclusions. J’aimerais à ce sujet, citer un petit passage de « Guignol’s band qui me semble assez significatif :
« Plus tard on prend son parti… on s’arrange de tout… on se contente, on chante même plus… on radote… puis on chuchote… puis on se tait… Mais quand on est jeune… c’est dur ! Il vous faut du vent !... de la fête !... des fanfares ! et hop là ! du tonnerre ! La vérité c’est la mort !... J’ai lutté gentiment contre elle, tant que j'ai pu... cotillonnée, l'ai festoyée, rigodonnée, ravigotée et tant et plus!... enrubannée, émoustillée à la farandole tire-lire... Hélas ! je sais bien que tout casse, cède, flanche un moment… Je sais bien qu’un jour la main tombe, retombe le long du corps… J’ai vu ce geste mille et mille fois… l’ombre… le poids du mort !... Et tous les mensonges sont dits ! tous les faire-part envoyés, les trois coups vont frapper ailleurs !... d’autres comédies !... »
pas de problème Luhkah, si la modération veut bien déplacer le fil. c'est vrai qu'il n'est peut être pas à sa place là où il se trouve.
Pour en revenir au sujet, en attendant, le livre que j'estime être le plus remarquable reste « Nord » car peut-être plus encore que « d’un château l’autre » qui nous décrit une ambiance d’attente feutrée avec des personnages identifiables, « Nord » nous fait traverser une Allemagne en ruine peuplée de personnages « improbables ». Improbables en temps de paix… mais dans des villes en ruines ? Dans sa fuite, en compagnie de sa femme, de Le Vigan (un acteur collabo) et de son chat Bébert, à travers cet enfer d’après et de sous les bombes n’ apparaît plus, à l’inverse d’« un château l’autre », aucun personnage connu. Il n’y côtoie plus que des « incroyables » à la « démerde », qu’on ne saurait rencontrer ailleurs qu'en pays en ruine.
Suivent des épisodes tragi-comiques ( des « jeunesses hitlériennes » qui les prennent pour des parachutistes ennemis) , le but du quatuor en fuite restant d’atteindre le Nord, planche de salut.
Pour ceux que l’œuvre de Céline intéresse, je conseille, afin de s'initier au plus simple, le « Céline » de Frédéric Vitoux 1978 (collection Belfond » chez Belfond, bien sûr. L’intérêt de ce livre est, après un condensé biographique des plus banals, de résumer de façon chronologique toute l’œuvre de l’écrivain, livre après livre.
J’ignore s’il y a eu réédition, mais c'est facile à trouver en occase sur le web.
L’importance de Céline tient pour ma part au fait qu’il « va à la moelle » de l’homme, qu’il fouille son tragique en chirurgien de l’âme, oh, pas dans l'idée de guérir en quoi que ce soit, son cas est bien trop désespéré, juste pour décortiquer au plus près son fonctionnement et nous en livrer ses conclusions. J’aimerais à ce sujet, citer un petit passage de « Guignol’s band qui me semble assez significatif :
« Plus tard on prend son parti… on s’arrange de tout… on se contente, on chante même plus… on radote… puis on chuchote… puis on se tait… Mais quand on est jeune… c’est dur ! Il vous faut du vent !... de la fête !... des fanfares ! et hop là ! du tonnerre ! La vérité c’est la mort !... J’ai lutté gentiment contre elle, tant que j'ai pu... cotillonnée, l'ai festoyée, rigodonnée, ravigotée et tant et plus!... enrubannée, émoustillée à la farandole tire-lire... Hélas ! je sais bien que tout casse, cède, flanche un moment… Je sais bien qu’un jour la main tombe, retombe le long du corps… J’ai vu ce geste mille et mille fois… l’ombre… le poids du mort !... Et tous les mensonges sont dits ! tous les faire-part envoyés, les trois coups vont frapper ailleurs !... d’autres comédies !... »
outretemps- Caporal
- Nombre de messages : 12
Age : 77
Localisation : bretagne
Date d'inscription : 05/07/2014
Re: Et Céline alors ?
Paradoxalement -ou peut-être pas d'ailleurs- j'avais abordé Céline par les carnets du cuirassier Destouches. Brillante illustration de ce qu'est la vie militaire, d'autant plus que par la suite j'ai travaillé dans ce qui fut l'ancien bordel de sa caserne (qui avait été reconverti bien sur mais dont il restait l'aménagement "étrange" propre à ce genre d'établissement). Pour revenir sur la boue, c'est le nombre de synonymes employés qui m'a toujours stupéfait : on imagine alors parfaitement ce que sont les tranchées, la merde (il n'y a pas d'autre mot) à laquelle est confronté le soldat de seconde classe, qu'il soit cuirassier, artilleur ou fantassin. On saisit nettement mieux ce que cela a été chez Céline. Plus peut-être que chez Dorgelès, Barbusse, Remarque ou même encore l'auteur de la fameuse "guerre comme expérience intérieure" celui des orages d'acier.
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Wenn de net wellcht metkommen, los es stehn !
Membre du club des survivants du péril thaïlandais, du canon de 88 sulfateur de l'infâme colonel Olrik (rebus: oui russe, non russe, liquide, vomi)
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Ming- Général (Administrateur)
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Age : 52
Localisation : MingLouffie occidentale
Date d'inscription : 04/10/2007
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