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Jürgen Stroop détruit le ghetto...

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Jürgen Stroop détruit le ghetto... Empty Jürgen Stroop détruit le ghetto...

Message  ubik83 26/6/2016, 17:08

Bonjour, tout le monde va bien ?

Je poste encore quelques extraits de mon roman. J'ai enfin réussi à passer le cap du ghetto et sa révolte. Je vous soumets mon texte. Si vous voyez quoi que ce soit qui vous semble inexact, merci de me le signaler...
Au plaisir de vous lire.





Vers la mi avril, nous vîmes arriver un général de la waffen SS, Jürgen Stroop, accompagné de forces considérables : une division de panzergrenadiers SS, des hommes de la cavalerie SS, un groupe de pionniers de l’armée et des membres de la Sicherheitspolizei, des unités de police lituanienne et lettone. Il entreprit immédiatement Ferdinand von Sammern-Frankenneg, notre SSPF.
En temps ordinaire, celui-ci gérait la coordination entre la police et la SS, en tant que SS-Oberfüher. Il faisait la pluie et le beau temps à Szucha, c’était le pacha, le grand patron. Pourtant, cet homme que je voyais rarement (nous avions presque toujours affaire à des officiers moins gradés) m’apparaissait comme falot, insignifiant, quoi que imbu de sa personne, comme beaucoup d’aristocrates. Il ne m’avait jamais impressionné, contrairement à Lothar Beutel, pour ne prendre que cet exemple, ou même Horst Kreisler. Von Sammern avait son quartier général opérationnel rue Uzadowska, dans un immeuble qui avant guerre avait été l’ambassade de Belgique.
Il y eut deux ou trois réunions avec Stroop, et divers membres importants de la hiérarchie, comme Friedrich Willhelm Krüger, le HSSPF4 qui s’était déplacé spécialement, et d’autres : Herbert Becker, Eberhardt Schöngarth - notre chef direct -, Ernst Hahn, Max Jesuiter, etc. Que des grosses légumes. Les informations filtraient peu à peu, mais nous n’étions que sous-officiers, nous n’y avions pas vraiment accès. Les chefs ne nous communiquaient pas leurs intentions, ils se contentaient d’aboyer des ordres.
Franz me confia, à la suite d’une de ces conférences :
- Tiens-toi prêt, ça va chauffer. Stroop a combattu sur le front de l’Est, on dit qu’il est impitoyable avec les civils. S’il est dans le secteur, ça n’est pas pour rien. Ils tirent des plans, là-haut, pour régler son compte à toute la racaille juive qui reste.
 

 

 

Et puis, le 19 avril, l’opération fut déclenchée, dirigée par von Sammern. La veille, je m’étais disputé avec Natalia, pour des broutilles. La Pervitine modifiait mon comportement, me rendait irascible, voire agressif. Le fait que nous n’ayons que peu de relations sexuelles venait ajouter à la tension. L’atmosphère devenait électrique. Je la désirais mais, exaspérée, elle me repoussait, ce que je ne supportais pas. Enervé, je n’avais pas dormi de la nuit. J’étais dans mon lit, immobile. J’attendais, je ne sais quoi.
A cinq heures, la lumière s’alluma, tout le monde devait se lever. Un café brûlant accompagné de deux comprimés, un morceau de pain, un peu de confiture, et nous étions dehors.
Dès quatre heures du matin, les forces de police avaient été déployées autour du mur d'enceinte. Tout d'abord les "bleu marine", secondés ensuite par la Feldgendarmerie. Le but avoué était de réduire drastiquement la population, peut-être même d’éliminer toute présence. En tous cas, il fallait, conformément aux directives du Reichsfüher, vider, purger le ghetto. Chasser ces gens en direction de l’Est. Franz m’avait appris que là-bas existait un camp nommé Treblinka, mais il n’avait aucune information sur ce qui s’y passait. Toutefois il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que très probablement s’y déroulaient toutes sortes de choses horribles.
Moi, j’étais là, les yeux ouverts, dopé à la Pervitine, en mode « Jawohl ». Prêt à tout.
Cinq bataillons avaient investi le ghetto par des portes différentes et devaient suivre un plan précis. Des pièces d’artillerie avaient été postées aux abords de ces points d’entrée. Nous nous tenions en rangs, derrière deux véhicules blindés. Au signal, nous avançâmes. Les immeubles semblaient abandonnés. Un grand silence régnait. Nous ne vîmes personne.  
Nous descendions l’avenue Zamenhof en direction de la rue Mila. Franz était à côté de moi. Chacun de nous avait sous sa responsabilité une escouade de quatre hommes. J’étais tendu. Je pensais à Ackermann.
Et tout à coup, jaillis des étages, des toits, une grêle de projectiles s’abattit. Des coups de feu, partout. Des grenades furent jetées. En un instant, cette rue tranquille, déserte, s’était transformée en champ de bataille. Les Juifs employaient également des cocktails Molotov. L’un d’eux explosa à côté de moi et je ressentis une vive douleur : je brûlais ! Je poussai un cri strident. Franz se précipita, se coucha sur moi pour éteindre le feu, tant bien que mal. Puis il me prit sur ses épaules, me ramena vers la sortie au pas de course. C’était la débandade. Ballotté, tordu de souffrance, je voyais nos hommes s’éparpiller, rebrousser chemin, dans le plus grand désordre.
 

 

Je fus conduit à l’infirmerie. Mon épaule était atteinte. On me fit des pansements gras, j’eus des cachets contre la douleur. Puis je vis le médecin SS, le docteur Wagemann. C’était un homme brun, dégarni, portant une courte moustache et des lunettes rondes. Il défit les bandages, observa mes plaies, hocha la tête, puis déclara :
- Dans votre malheur, vous avez de la chance. L’essence a surtout détruit votre uniforme, elle a brûlé à l’extérieur. Deux minutes de plus et vous auriez été salement amoché. Votre copain vous a, c’est le cas de le dire, sauvé la peau.  Vous êtes blessé à l’épaule et sous l’aisselle, mais c’est superficiel. Vous en avez pour quelques jours… Mettons deux semaines, au grand maximum. Mais après, il faudra surveiller et changer régulièrement vos pansements.
Il est reparti et durant tout mon séjour aux urgences, je ne l’ai pas revu une seule fois.
Il faut dire que je dormais beaucoup. Sans Pervitine et sous antalgiques, j’ai rapidement sombré dans un sommeil de brute.
Quand j’émergeais, généralement au moment des repas, j’entendais les déflagrations au dehors. Franz avait raison : ça chauffait.
Je m’ennuyais. Je n’avais qu’une envie, sortir. Trois camarades étaient dans la même pièce. L’un deux, grièvement blessé par une grenade, en proie à la fièvre, délirait jour et nuit. Il est mort le surlendemain.
J’étais obsédé par deux pensées : d’abord, étais-je diminué ? Mes blessures, une fois guéries, laisseraient-elles de vilaines boursouflures ? Allais-je devenir affreux ? Et puis : Natalia, comment la prévenir ? Ne va-t-elle pas s’affoler, commettre quelque bêtise ? Sans mon soutien, mon argent, comment s’en sort-elle ? Ces questions tournaient en boucle dans ma tête, sans réponse. Je n’osais en parler à Franz. Quant à Wojtek, bien évidemment je n’avais avec lui aucun contact.
Mais Franz, lui, passait tous les jours pour me remonter le moral. Il me racontait ce qui se passait dehors :
Von Sammern était rentré comme un chien battu, il ne parvenait pas à se rependre. Complètement affolé, impuissant, minable. C’était presque comique. Au départ, cet imbécile avait affirmé que l’Aktion ne durerait que trois jours !
Stroop avait pris les commandes. Avec ses waffen SS, il déployait à présent une stratégie pour réduire inexorablement la résistance. Des blindés, des véhicules chenillés, des canons antichars, un obusier de 100mm, étaient engagés. On avait découvert que les insurgés se cachaient dans des bunkers aménagés à l’intérieur des immeubles. Stroop avait mobilisé les lance-flammes et détruisait les îlots de résistance un par un. Les pièces d’artillerie tiraient sans relâche. Deux panzers avançaient dans le ghetto, faisant s’écrouler les édifices rue par rue, mais les Juifs se battaient avec acharnement.
Franz me raconta aussi que le lendemain de l’assaut, une petite fête avait été organisée, en l’honneur du Führer, dont c’était le cinquante-troisième anniversaire. Ce soir-là, il était prévu de boire du champagne entre gradés, à sa santé. Le grand hall avait été décoré de fanions, de drapeaux du parti, des tables avaient été dressées, avec  du jambon, des saucisses, des canapés. Pourtant, dans l’après-midi, les Juifs firent exploser une mine antichar qui tua plusieurs de nos camarades. Comment se l’étaient-ils procurée ? Mystère. Effectivement, à l’infirmerie, j’avais vu arriver une bonne trentaine de blessés, certains atrocement déchiquetés. Franz m’apprit qu’il y avait eu seize morts. Du coup, l’apéritif avait annulé, ce qui avait exaspéré les hommes du KdS.
Franz continuait, me décrivant les actions entreprises par Stroop, et ce que faisaient les Juifs, qui se défendaient avec pugnacité. A présent, les ingénieurs faisaient exploser les ruines, afin que personne ne pût s’y cacher. Je demandai à mon ami s’il participait aux combats. Il se pencha vers moi et, à voix basse :
- Non, nous sommes chargés de démanteler les réseaux d’approvisionnement en armes. A ce sujet… J’ai suspendu mes activités, tu me suis ? Donc, discrétion absolue, d’accord ?
 

 

Puis on m’autorisa à me lever. La première chose que je fis, une fois debout, fut de me regarder dans une glace :
Certes, ça n’était pas très joli. Mes chairs avaient comme fondu. Mon tatouage SS, sous l’aisselle, n’existait plus. Mais c’était très localisé, donc moins grave que ce que j’avais imaginé. Je me souviens être resté, dans ces toilettes, à examiner ma peau. Je pleurais, submergé par une vague de désespoir. Je me disais : Wolfgang, tu ne seras plus jamais le même, à présent. Physiquement, ça n’est pas bien méchant. Mais à l’intérieur, tu es devenu un monstre. Ces marques sur mon corps me semblaient être le signe de ma dégradation morale.
Je contemplais, angoissé, ces vilaines brûlures : je craignais de faire peur à Natalia. Voudrait-elle encore faire l’amour avec moi, dans l’état où je me trouvais ?
 

 

Le jour où je sortis, Franz vint m’accueillir. Nous sommes allés boire un café sur l’avenue Marszalkowska. Puis, je lui fis part de ma curiosité : je voulais voir comment était le ghetto. Il hocha la tête et nous nous y rendîmes, à pieds.
Le spectacle était effrayant : ça brûlait de partout, des immeubles entiers. D’énormes colonnes de fumée montaient vers le ciel, se rejoignant pour l’obscurcir. Les murs crépitaient, leur ciment se craquelait, tandis que les foyers ronflaient, dévorant meubles et boiseries, charpentes, qui s’effondraient. De temps à autre, une personne sortait des bâtiments pour échapper aux flammes ; elle était immédiatement abattue. Les rues étaient jonchées de cadavres. J’aperçus un corps de femme qui grillait, à cause de l’intense chaleur, tandis que le bitume autour se liquéfiait, formant des cloques qui éclataient, épaisses. Les vitres se disloquaient, éclataient en sifflant. Des milliers d’escarbilles volaient, l’atmosphère empestait la suie. Je vis un petit garçon, il devait avoir sept ans au maximum, qui pleurait, appelait au secours, derrière une fenêtre, alors que de part et d’autre des rideaux flambaient. Une balle l’atteignit en pleine tête ; il s’écroula comme une poupée de chiffons. On entendait des tirs, au loin, à l’intérieur du labyrinthe des façades. Les édifices étaient devenus comme les parois de quelque falaise, renvoyant les échos de la bataille. Des rafales de mitrailleuse lourde provenaient de la partie Est. De là où nous étions, nous pouvions voir, de çà de là, des Juifs qui, du haut des toits encore intacts, jetaient des cocktails Molotov sur les troupes en contrebas. Les tireurs d’élite les dégommaient à mesure, inexorablement. C’était un gigantesque affrontement urbain, d’une rare sauvagerie, une zone de guerre. Une vision d’autant plus étrange qu’autour de nous, dans la partie Polonaise, les passants continuaient à aller et venir. Certes, ils restaient à l’écart, pour éviter les balles perdues, et beaucoup regardaient, comme nous. Mais cela ne les empêchait pas de vaquer à leurs affaires.
Nous sommes restés un bon moment à contempler cette scène, muets. Franz avait allumé une cigarette. Il attendait pour repartir. Moi, j’étais comme hypnotisé.  
 

 

Il y eut des pertes dans nos rangs : morts et blessés étaient rapatriés à l’arrière. Peu à peu, les unités de Stroop se jetaient à l’assaut des places fortes. D’après ce qu’en disaient les hommes avec lesquels j’ai pu parler, les Juifs se servaient de passages entre les blocs pour évacuer un bunker quand il était directement menacé, se repliant sur un autre, un peu plus loin. Il était très difficile de les localiser. Néanmoins, nos équipes avaient déjà liquidé pas mal de partisans. Chaque jour, on tuait environ deux mille Juifs. Peu à peu, les poches de résistance diminuaient en nombre.
Les waffen SS capturaient beaucoup de gens qui tentaient de se soustraire aux incendies. Ils les torturaient dans les caves de Szucha, pour leur faire dire où se cachaient les responsables de la révolte. Deux noms étaient sortis : Mordechaï Anielewicz, Itzhak Zuckerman. Mais on ignorait où ils se cachaient.
Je ne sais pas ce que Sammern-Frankenneg devenait. Himmler avait du lui passer un savon, j’imagine. On ne le voyait plus guère. Peut-être se terrait-il dans son QG à Uzadowska ?
 
 



Les combats faisaient rage. A présent, les patrouilles SS étaient attaquées la nuit, par des groupes de Juifs armés de pistolets. Je me suis rendu un soir, aux abords, pour voir ce que ça donnait. Franz était allé au 19 Nowogrodzka, pour faire la fête. Je lui avais demandé de me déposer près du ghetto. Il m’avait alors répondu :
- Je ne comprends pas pourquoi tu t’intéresses à ce nid de punaises.
Le ghetto n’était plus qu’un brasier. Un souffle ardent desséchait la peau, et je sentis mon épaule, cuisante, réagir à cette chaleur. Je dus me reculer, m’abriter derrière un mur. Mais je continuais à regarder. On n’entendait qu’un crépitement de charpentes en feu, ponctué de sifflements, de craquements quand les toitures s’effondraient. Pas de tirs : les waffen SS n’entraient plus maintenant que de jour. L’obscurité, propice aux escarmouches,  présentait trop de dangers. De temps en temps, je voyais une silhouette courir, sautant d’une ruine à l’autre, le visage protégé d’un foulard, à cause des fumées. Parfois, ces Juifs s’égaraient dans les gravats et, cernés par les incendies, s’effondraient, se tordaient de douleur, succombant de façon atroce.
Dans la journée, les unités de Stroop avançaient à coups d’explosifs, attaquaient les bunkers avec des grenades au phosphore, ou des gaz toxiques. Un blindé avait été perdu, brûlé par un cocktail Molotov. Les artilleurs déplaçaient constamment les canons antichars, pour pilonner méthodiquement chaque construction. Les mortiers claquaient sans relâche, arrosant le ghetto d’une pluie d’éclats meurtriers. De temps à autre, un groupe de Juifs sortait, les mains en l’air. Ils étaient alignés contre un mur et fusillés. Hommes, femmes, enfants. 
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