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Rudolf Höss face à la justice

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Message  PJ 29/11/2024, 15:03

Salut!

pour ceux que cela intérresse, vous trouverez ci-dessous une sélection d'interrogatoires, de déclarations, et de témoignages devant les tribunaux de Rudolf Hôss, datés de 1946 et 1947. Ces documents sont postés par ordre chronologique: Heide, puis Minden, Nuremberg, et enfin Cracovie.
Une courte séquence chronologique des évènenents allant de son arrestation jusqu'à son éxecution, sert d'introduction.
(traduit par moi de l'anglais et de l'allemand)




Rudolf Höss fût arrêté sur dénonciation forcée de sa femme Edwig, le 11 mars 1946 à 23.00 à Gottrupel sous le nom de Franz Lang, par le Capitaine Cross et 25 hommes du Field Security Section 92:

... "Il a été immédiatement forcé à descendre de l'étage en pyjama. Un médecin du 5ème Royal Horse Artillery Regiment présent l'a rapidement examiné et forcé à ouvrir la bouche pour déceler un éventuel poison qu'il aurait caché, car nous avions obtenu des informations selon lesquelles tous les membres de l'Amtgruppe D (du WVHA) avaient reçu le même poison avec lequel le Reichsführer-SS Himmler avait réussi à se suicider après sa capture. Höss vivait dans cette ferme sous le pseudonyme de LANG Franz, mais il a reconnu sa véritable identité moins de 10 minutes après son arrestation "Ich bin Rudolf Höss, und war Kommandant von Auschwitz. Mein rank war SS-Obersturmbannführer". Il a été ramené à la caserne du 5ème RHA à Heide. Après un intérrogatoire préliminaire, il a été jugé préférable de présenter un résumé sous la forme d'une déclaration rédigée dans ses propres mots, signée par lui, et attestée par 2 sous-officiers présents tout au long de la procédure. Höss a fait sa déclaration d'une manière très factuelle, et il semble qu'il soit tout à fait disposé à donner des informations."


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Lors de sa détention à Cracovie, Höss decrivit son arrestation par les britaniques en ces termes:

"J'ai été arrêté le 11 mars 1946 à 23 heures. Par hasard, ma fiole de poison s'était brisée 2 jours auparavant. Quand je fus réveillé, je crus d'abord que j'étais attaqué par des voleurs, car de nombreux vols avaient lieu à ce moment-là dans la région. C'est ainsi qu'ils ont réussi à m'arrêter. J'ai été maltraité par le Field Security. J'ai été traîné à Heide où j'ai été placé dans la même caserne d'où j'avais été libéré par les Britanniques 8 mois plus tôt. Lors de mon premier interrogatoire, des preuves ont été obtenues en me battant sévèrement. Je ne sais pas ce qu'il y a dans le protocole d'interrogatoire, même si je l'ai signé. L'alcool et le fouet étaient trop pour moi. Le fouet était le mien. Il s’était retrouvé par hasard dans les bagages de ma femme. Il n'avait presque jamais touché mon cheval, et encore moins les prisonniers. Néanmoins, l'un de mes interrogateurs était convaincu que je l'avais continuellement utilisé pour fouetter les prisonniers. Après quelques jours, j'ai été emmené à Minden-sur-la-Weser en Westphalie, le principal centre d'interrogatoire de la zone britannique. Là, j'ai été encore maltraité par un procureur anglais, un major. Les conditions de détention étaient conformes à ce comportement."

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Pendant les 2 semaines passées au centre d'internement No2 à Minden, Höss fût interrogé à plusieurs reprises et fit des déclarations, notamment les 16 et 20 mars 1946.
Il fût ensuite transféré à la prison de Nuremberg le 1er avril 1946. Dans le rapport de placement sous écrou, il est écrit que "le détenu mesure 1.71 mètre, pèse 67kg, et a les 2 pieds atteints d'engelures." Höss lui-même décrivit son transfert:

"Après 3 semaines à Heide et Minden, on m'a rasé, mes cheveux ont été coupés, et j’avais le droit de me laver. Depuis mon arrestation, mes menottes n’avaient pas été ouvertes. Le lendemain, je fus transféré à Nuremberg en voiture avec un prisonnier de guerre amené de Londres... Comparé à ce qui s’était passé auparavant, la détention à Nuremberg était comme une promenade de santé... Si l’incarcération s’est bien déroulée à tous égards – j’ai lu autant que le temps me le permettait car une bibliothèque bien fournie était à ma disposition - les interrogatoires ont été vraiment désagréables, pas physiquement, mais surtout mentalement..."

Durant son séjour à Nuremberg, Höss fût soumis à de multiples interrogatoires et ce, dès le premier jour de son arrivée.
Le 15 avril 1946, Il témoigna à la barre du Tribunal International Miltaire en tant que témoin pour la défense d'Ernst Kaltenbrunner.
Le 25 mai 1946, Höss fût extradé vers la Pologne.

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"Le 25 mai, jour de mon anniversaire de mariage, je fus conduit à l’aéroport avec von Burgsdorff et Bühler, et remis à des officiers polonais. Nous avons pris un avion américain pour Varsovie via Berlin. Bien que nous ayons été traités avec beaucoup de courtoisie en route, je craignais le pire en pensant aux expériences dans la zone d’occupation britannique. Les expressions faciales et les gestes des spectateurs à l’aéroport n’étaient pas non plus très rassurants."

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Höss resta en détention provisoire à Varsovie jusqu'au 30 juillet 1946, date à laquelle il fût ransféré à la prison Montelupich à Cracovie:

"A l’intérieur de la prison, plusieurs fonctionnaires sont venus me voir et m’ont montré leurs numéros de détenus d’Auschwitz tatoués sur leurs bras. Je ne comprenais pas ce qu’ils disaient, mais ce n’étaient certainement pas des vœux bienvenue avec lesquels ils m’accueillaient. Mais je n’ai pas été battu. Ma détention était très stricte et totalement isolée. J'y ai passé 9 semaines. Avec le temps, c'était devenu assez difficiles car je n’avais aucune distraction, je n’avais rien à lire et je n’avais pas le droit d’écrire.
Le 30 juillet, j’ai été amené à Cracovie avec 7 autres Allemands. La première semaine, la détention était plutôt supportable, mais soudain les gardiens se sont comportés comme s’ils avaient été transformés. D’après leur attitude et leurs propos - que je ne pouvais pas comprendre mais interpréter - j’ai compris qu’ils voulaient "me faire la peau". On me donnait toujours un tout petit morceau de pain et à peine une louche de soupe claire. Si le ministère public n’était pas intervenu, ils m’auraient eu non seulement physiquement, mais surtout mentalement. Par la suite, je dois dire franchement que je n’aurais jamais pensé être traité de manière aussi décente et accommodante dans une prison polonaise."


De même qu'en Allemagne, Höss fût soumis à d'incessants interrogatoires.
À l'instigation du juge Jan Sehn et du médecin et criminologue, le professeur Stanislaw Batawia, il écrivit de novembre 1946 et mars 1947 sous le titre "Mein psyche, werden, leben, und erleben", une série de textes sur sa vie, sa carrière, ses impressions personnelles, ainsi que plusieurs portraits de personnalités qu'il fût amené à recontrer au fil des années.

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(Jan Sehn)

Son procès s'ouvrit finalement le 11 mars 1947 devant le Tribunal National Suprême à Cracovie.
Le 2 avril 1947, il fût condamné à la peine de mort par pendaison.
Le 5 avril 1947, transfert à la prison Wadowice, à 25km d'Auschwitz, dans l'attente de son éxécution:

Erklärung (déclaration) le 12 avril 1947:

"Ma conscience m'oblige à faire la déclaration suivante: Dans l’isolement de mon incarcération, j’ai réalisé amèrement à quel point j’avais péché contre l’humanité. En tant que commandant du camp d’extermination d’Auschwitz, j’ai réalisé une partie des horribles plans d’extermination du Troisième Reich. J'ai ainsi gravement nui à l'humanité. J'ai infligé des souffrances indicibles, en particulier au peuple polonais. Pour ma responsabilité, je paie de ma vie. Que Dieu mon Seigneur me pardonne un jour mes actes. Je demande pardon au peuple polonais. Ce n’est que dans les prisons polonaises que j’ai appris ce qu’est l’humanité. Malgré tout ce qui s'est passé, j'ai été témoin d'une humanité à laquelle je ne m'attendais pas, et qui me fait profondément honte. Puissent les révélations, et les représentations actuelles des crimes monstrueux commis contre l'humanité, conduire à ce que, pour l'avenir, les conditions préalables à des événements aussi horribles soient empêchées."
Rudolf Franz Ferdinand Höss,
Wadowice, le 12 avril 1947.


Son exécution, prévue le 15 avril 1947 sur le site de l'ancien camp d'Auschwitz I fût reportée au lendemain, en raison d'une foule hostile, et par crainte de lynchage.
Le 16 avril, Höss est ramené de la prison Wadowice au camp à 8.00 du matin. Il fût d'abord amené à son ancien bureau de commandant. Là, il demanda à boire une tasse de café noir, et demanda encore une fois pardon au peuple polonais. Il fût ensuite transféré dans une cellule du block 11 pour y passer ses derniers moments. À 10.00, il fût mené à pied de par les rues du camp à la potence - construite spécialement pour l'occasion - en compagnie d'un prêtre, le père Tadeusz Zaremba, dont il avait demandé la présence à ses côtés. Rudolf Höss fût pendu à 10.08 sans avoir prononcé un mot, et déclaré mort à 10.21. Son corps fût ensuite transporté dans un endroit tenu secret pour y ètre incinéré, ses cendre étant ensuite dispersées dans la rivière Sola.

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Message  PJ 29/11/2024, 15:05

Déclaration de Rudolf Höss faite à Heide le 14 mars 1946.

"En novembre 1939, je devins chef du camp de détention préventive du camp de concentration de Sachsenhausen jusqu’à mon transfert à Auschwitz en mai 1940. J’avais été chargé par mon autorité supérieure, l’ancienne Inspection des Camps de Concentration (IKL), de créer sur le terrain de l’ancienne caserne d’artillerie polonaise près d’Auschwitz, un camp de quarantaine pour les détenus polonais. Après la visite d'inspection de Himmler au camp au printemps 1941, je reçus l’ordre de l’agrandir pour en faire un grand camp de concentration pour l’Est, en particulier pour affecter les détenus à l’agriculture qui devait être développée autant que possible, et ce, de manière à transforer toute la plaine marécageuse près de la Vistule en terres arables. En outre, il ordonna de mettre à ma disposition, environ 8 à 10.000 détenus pour la construction d’une nouvelle usine de Buna de l’IG Farben. Il ordonna simultanément la création d’un camp de prisonniers de guerre pour environ 100.000 prisonniers de guerre russes dans la région de Birkenau. Il ordonna en même temps la création d’un camp de prisonniers de guerre dans la région de Birkenau pour environ 100 000 prisonniers de guerre russes. Le nombre de détenus admis augmenta de jour en jour. Malgré mes objections concernant le manque de places d’hébergement, on m'envoyait de nouveaux internés. Comme les installations sanitaires étaient insuffisantes à tous égards, les maladies étaient inévitables. La mortalité augmenta également. Comme il n’était pas permis d’enterrer les détenus, il fallut construire des crématoires. En 1941, les premiers grands transports de juifs de Slovaquie et du district de Haute-Silésie furent effectués. Ceux qui ne pouvaient pas travailler furent gazés sur ordre de Himmler, ordre qu’il me donna personnellement. De plus, des prisonniers de guerre russes furent transférés pour être gazés par le quartier général de la police d'État de Breslau.

En juin 1941, je fus convoqué à Berlin par Himmler qui me dit en substance ce qui suit: le Führer a ordonné la solution de la question juive en Europe. Plusieurs camps d’extermination existent déjà dans le Gouvernement général (Belzek près de Rava Ruska à l’est de la Pologne, Treblinka près de Malkinia sur la rivière Bug, et Wolzek près de Lublin) (lire Belzec, Treblinka et Sobibor - ajouté par moi). Ces camps étaient sous l’autorité d'un commando spécial de la Police de Sécurité, dirigés par des officiers supérieurs de la SIPO et des gardes russes. Ces camps avaient cependant une faible capacité et ne pouvaient pas être agrandis. J’ai moi-même visité le camp de Treblinka pour me familiariser avec les procédures. Les exterminations étaient menées selon la méthode suivante: il y avait des petites chambres qui étaient remplies de gaz d'échappement provenant de moteurs de véhicules par des tuyaux d’alimentation. Cette méthode n’était pas fiable car les moteurs provenaient de vieux véhicules et de chars capturés, qui tombaient souvent en panne. Les transports ne pouvaient donc pas être organisés de manière à ce que le plan d’opération-  qui concernait l’évacuation du ghetto de Varsovie - puisse être mis en œuvre effectivement. Selon les déclarations du chef du camp, environ 800.000 personnes avaient été gazées au camp de Treblinka en 6 mois. Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, Himmler m’a expliqué que la seule possibilité d’agrandir les installations pour qu’elles correspondent au plan général, était Auschwitz. D’abord parce que il y avait un nœud ferroviaire de 4 lignes de transit, et aussi parce que la zone peu peuplée autour du camp pouvait être complètement bouclée. Pour ces raisons, il avait décidé de déplacer l’extermination de masse à Auschwitz, et je devais immédiatement commencer à prendre des mesures pour mettre cela en œuvre. Il souhaitait voir des plans de construction exacts et conformes à ces directives dans un délai de 4 semaines. Il a en outre déclaré que cette tâche était si difficile et si sérieuse qu’il ne pouvait pas la confier à n’importe qui. Il avait eu l'intention de d'abord la confier à un chef SS de rang supérieur, mais pendant la phase de construction, il n'aurait pas été bon que 2 chefs donnent des ordres côte à côte. C'est pourquoi j'ai reçu l'ordre clair de procéder à l'extermination des transports envoyés par le RSHA. En ce qui concerne le déroulement des convois entrants, j'ai dû prendre contact avec le SS-Obersturmbannführer Eichmann du bureau 4. Au même moment, des convois de prisonniers de guerre russes dépendants des bureaux de la Gestapo de Breslau, Troppau et Kattowitz arrivaient également. Eux aussi devaient être exterminés à Auschwitz, selon l'ordre de Himmler.

Les nouveaux crématoires n'étant terminés qu'en 1942, les détenus durent être gazés dans des salles de gazage provisoires, puis incinérés dans des fosses creusées dans le sol. Après l'achèvement des 4 grands crématoires, des transports de masse commencèrent depuis la Grèce, la France, la Belgique et la Hollande. Tous les détenus aptes au travail devaient être séparés à l'arrivée des trains de transport. Mes objections au Reichssicherheitshauptamt (RSHA) furent toujours rejetées en raison d'un ordre strict de Himmler selon lequel, ces opérations devaient être menées rapidement, et que tout chef SS qui les empêchait de quelque manière que ce soit devait en être tenu pour responsable. Les médecins firent tout ce qui était en leur pouvoir pour lutter contre les épidémies qui se développèrent en raison de la surpopulation excessive, et presque toutes les mesures sanitaires prises furent vaines.
Parmi les grands convois de juifs, environ 90.000 vinrent de Slovaquie, 65.000 de Grèce, 110.000 de France, 20.000 de Belgique, 90.000 de Hollande, 400.000 de Hongrie, 250.000 de Pologne et de Haute-Silésie, et 100.000 du Reich allemand et de Theresienstadt. Au cours de ces opérations, 2 à 3 trains de 2000 personnes chacun étaient généralement envoyés. Au cours de l'opération de Hongrie, 5 trains au maximum, soit 10.000 personnes arrivèrent chaques jours.
Procédure de gazage:
1. 2 anciennes fermes (Bunker 1 et 2 - ajouté par moi) avec des pièces étanches et sans interstices, et équipées de portes en bois solides. Les transports sont déchargés sur un embranchement latéral à Birkenau. Ceux qui peuvent marcher sont sélectionnés et conduits au camp. Tous les bagages sont déposés en ordre, et ensuite convoyés aux entrepôts. Tous les autres se rendent à pied aux installations à environ 1 km. Seuls les malades et ceux qui ne peuvent pas marcher sont transportés en camions. Tous doivent se déshabiller devant les fermes. Les portes ont un panneau indiquant "salle de désinfection". Puis les chambres sont remplies de 2 à 3000 personnes, selon la taille. Les portes sont fermées par des vis et on jette 1 à 2 boites de Zyklon B par les petites trappes latérales. La durée du gazage dépend de la météo: 3 à 10 minutes en moyenne. Après une demi-heure, les corps sont sortis par une unité qui travaille en permanence sur place, et brûlés dans des fosses creusées dans le sol. Durée: 6 à 7 heures. Avant l'incinération, les dents et les bagues en or sont retirées. Ce sont 2 sous-officiers SS, aides-soignants qualifiés, qui jettent les boites de gaz dans les chambres. Un médecin SS est également présent durant l'opération.
2. Les convois arrivent à une rampe près des 4 grands crématoires. Déchargement et enlèvement des bagages comme décrit ci-dessus. Les personnes à gazer entrent dans une grande salle souterraine équipée de bancs et de crochets sur le mur pour ranger les vêtements. Ensuite, elles entrent dans la salle de gazage proprement dite qui peut accueillir 2000 personnes. Elle est équipée de conduites d'eau et de douches, créant ainsi l'impression d'une salle d'eau normale. Pendant le déshabillage, on explique aux personnes qu'elles doivent se souvenir exactement où elles ont mis leurs vêtements, afin de les retrouver plus tard. 2 sous-officiers SS restent dans la chambre à gaz jusqu'au dernier moment pour éviter toute agitation. Puis ils sortent et les portes en fer sont fermées, et 4 à 5 boîtes de Zyklon B sont jetées à travers les trappes du toit. Le Zyklon B est une masse bleue granuleuse – du cyanure d'hydrogène – qui a un effet anesthésiant et paralysant immédiat. Après une demi-heure, les ventilateurs électriques sont allumés, et les corps sont conduits dans les fours situés à l'étage superieur. La crémation de quelque 2000 personnes dans 5 fours prend environ 12 heures. Il y avait 2 installations avec 5 fours doubles à Auschwitz (Kremas II et III - ajouté par moi), et 2 autres installations avec 4 grands fours doubles chacune (Kremas IV et V - ajouté par moi). Et ce en plus de l'installation temporaire (Bunker 5 anciennement dénommé Bunker 2, réactivé en mai 1944 - ajouté par moi) comme décrit précédemment.
Tous les effets et objets accumulés étaient triés dans l'entrepôt des effets. Les objets de valeur étaient envoyés chaque mois à la Reichsbank à Berlin. Les vêtements après nettoyage, aux entreprises d'armement, aux travailleurs de l'Est, et aux colons. L'or dentaire était fondu et envoyé à Berlin également.

Il arrivait parfois que des détenus se rendent compte de ce dont il s’agissait. En particulier, les convois venant de l’Est savaient lorsque les trains arrivaient en Haute-Silésie, qu’ils allaient probablement être emmenés à l’extermination. À l'occasion de ces transports, les mesures de sécurité étaient renforcées. Les convois étaient divisés en petits groupes, qui étaient ensuite répartis entre les différents crématoires pour éviter les émeutes. Les SS formaient une chaîne serrée et poussaient de force les résistants dans les salles de gazage. Cela n’arrivait que rarement, car les mesures de réconfort simplifiaient la procédure. Je me souviens surtout d’un exemple. Un convoi de Belsen était arrivé, et après qu'environ 2/3 étaient déjà dans la chambre à gaz, une mutinerie éclata parmi le tiers restant qui se trouvait encore dans la salle de déshabillage. 3 ou 4 sous-officiers SS entrèrent dans la salle avec leurs armes pour accélérer le déshabillage parce que les détenus de l'unité de crémation ne pouvaient pas gérer la situation par eux-mêmes. Pendant ce temps, les câbles d’éclairage furent arrachés, les SS furent agressés, l’un d’eux poignardé (le SS-Oberscharführer Josef Schillinger est tué et le Rapportführer Wilhelm Emmerich est blessé, tous 2 par arme à feu - ajouté par moi), et tous furent dépouillés de leurs armes. Comme il faisait complètement noir, une fusillade sauvage éclata entre les gardes à l'entrée de la salle, et les détenus à l’intérieur. Quand je suis arrivé, j’ai ordonné la fermeture des portes (de la chambre à gaz) et de commencer la procédure de gazage des 2/3 déjà dans la chambre. Puis nous sommes entrés dans la salle de déshabillage avec des lampes de poche et des pistolets, et avons forcé les détenus dans un coin. Sur mon ordre, ils furent ensuite emmenés individuellement et abattus d'un coup de feu dans la nuque avec des armes de petit calibre. Il arrivait souvent que les femmes cachent leurs (petits) enfants parmi leurs sous-vêtements et leurs vêtements et ne les emmènent pas dans les chambres à gaz. Les vêtements étaient soigneusement fouillés par l’unité permanente des détenus sous la surveillance du SS responsable, et les enfants trouvés ainsi étaient ensuite également envoyés dans la chambre à gaz. Au bout d’une demi-heure, les ventilateurs électriques de la salle de gazage étaient allumés, et les cadavres étaient conduits aux fours crématoires situés à l’étage supérieur par des ascenseurs.

En raison d'arrivées massives, le nombre de détenus aptes au travail augmenta considérablement. Du fait de la surpopulation énorme et des installations sanitaires tout à fait insuffisantes - en particulier dans le camp de Birkenau - de nouvelles épidémies de typhus, de scarlatine et de diphtérie se sont déclarées à plusieurs reprises. Les médecins ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour lutter contre ces épidémies qui en résultaient, mais presque toutes les mesures employées échouèrent. Sur le plan militaire, les médecins SS étaient subordonnés au commandant du camp, mais en ce qui concerne les questions médicales, ils disposaient de leur propre chaîne de commandement, et étaient subordonnés au chef du corps médical du WVHA, le Stansartenführer Dr. Lolling, lui-même subordonné au Reichsarzt-SS, le SS-Gruppenführer Dr Grawitz. Pour lutter contre les épidémies de typhus, on a eu recours à diverses méthodes pour exterminer les poux. Par exemple, on a infecté des personnes saines avec des poux porteurs du typhus, puis étant devenues gravement infectées, on les a traité avec divers remèdes comme le Lausetto, un produit obtenu à partir de poussière de cheval [sic]. Puis on a déterminé l'efficacité du produit. Le Dr Wirths, Sturmbannführer et médecin de la garnison, a sélectionné des femmes suspectées d'être atteintes d'un cancer, afin de procéder à l'ablation chirurgicale des tumeurs à un stade précoce. Il s'est appuyé pour cela sur les expériences de son frère qu'il avait faites dans un hôpital de Hambourg. En outre, ce médecin a également mené des expériences visant à tuer au moyen d'injections de cyanure d'hydrogène, des personnes condamnées à mort par la Gestapo.

Selon mes estimations, environ 3 millions de personnes ont péri à Auschwitz. J'estime que parmi elles, 2.5 millions ont été gazées.
Ces chiffres ont été officiellement établis par l'Obersturmbannführer Eichmann, responsable des questions juives au RSHA, dans son rapport au Reichsführer en avril 1945. Il s'agissait principalement de juifs.

Fait à Heide, le 14 mars 1946
Signé:
Rudolf Höss
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Message  PJ 29/11/2024, 15:07

Déclaration faite volontairement à la prison de Minden par Rudolf Höss, ancien commandant du camp d'Auschwitz.
le 20ème jour de mars 1946.


"J'ai personnellement organisé sur ordre reçu de Himmler en mai 1941, le gazage de 2 millions de personnes entre 
juin/juillet 1941 et fin 1943, période pendant laquelle j'étais commandant d'Auschwitz.

1. J'ai été commandant du camp de concentration d'Auschwitz du 1er mai 1940 au 1er décembre 1943.
2. Lorsque j'ai pris mes fonctions, il y avait environ 50 hommes de la Waffen-SS comme peloton de garde, et 12 à 15 hommes de la Waffen-SS dans la section de commandement (Kommandantur).
3. Au moment où j'ai quitté mon commandement, il y avait 3000 hommes de la Waffen-SS servant comme gardes, 300 hommes de la Waffen-SS comme personnel du camp, et 200 autres hommes de la Waffen-SS employés à d'autres tâches administratives, soit au total 3500 hommes de la Waffen-SS au camp de concentration d'Auschwitz.
4. Parmi ceux qui ont servi à l'origine dans le camp, environ 2500 hommes de la Waffen-SS ont été affectés à des unités militaires de combat, et remplacés par d'autres, de sorte que pendant mon commandement, au total 6000 Waffen-SS ont servi à un moment ou à un autre à Auschwitz. Après mon départ, cet échange de personnel s'est poursuivi, et je dirais que 1000 autres hommes de la Waffen-SS ont été remplacés jusqu'au moment de l'évacuation du camp en 1945. Ce qui fait qu'au total, environ 7000 hommes de la Waffen-SS ont servi à un moment ou à un autre au camp de concentration d'Auschwitz.
5. Une fois qu'un homme avait été sélectionné parmi les troupes de garde pour servir dans l'état-major du camp, il restait avec l'état-major, à moins d'être affecté hors du camp.

La déclaration ci-dessus a été faite volontairement par moi, Rudolf Höss, à la prison de Minden, en Allemagne, le 20 mars 1946.
Signé:
Rudolf Höss
Témoin, Capitaine A. Vollmar, 22th Dragoons, officier de la branche du JAG, QG, BAOR, prison de Minden, Allemagne, ce 20 mars 1946.
"Je certifie que j'ai traduit avec précision cette déposition de l'anglais vers l'allemand au déposant Rudolf Höss, qu'il en accepte pleinement le contenu, et que le texte ci-dessus a été lu au dit Rudolf Höss en allemand, ce qu'il a reconnu être vrai, et l'a signé volontairement."
Signé:
A. Vollmar, Capitaine.
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Message  PJ 29/11/2024, 15:15

Interrogatoire de Rudolf Höss enregistré à Nuremberg, Allemagne.
Après-midi du 1er avril 1946, de 14.30 à 17.30, conduit par M. Sender Jaari, et le lieutenant Whitney Harris.
également présents:
M. George Sackheim, interprète
Piilani A. Ahuna, sténographe judiciaire.



Q: Comment vous appelez-vous?
R: Rudolf Höss.
Q: Jurez-vous que vous direz toute la vérité devant Dieu?
R: Je le jure.
Q: Quel âge avez-vous?
R: 46 ans.
Q: Où êtes-vous né?
R: À Baden Baden
Q: Pouvez-vous nous donner une très brève description de votre éducation et de votre participation éventuelle à la Première Guerre mondiale? Parlez-vous anglais?
R: Je comprends un peu l'anglais. J'ai fréquenté le lycée de Halzbach en 1916. Je me suis porté volontaire dans la cavalerie, et j'ai passé 2 ans en Irak et en Palestine.
Q: Qu'avez-vous fait après la fin de la guerre?
R: Après mon retour, j'ai rejoint le FreiKorps Rossbach dans la Baltique.
Q: Un instant, combien de temps êtes-vous resté dans le FreiKorps Rossbach?
R: De 1919 à 1921.
Q: Vous avez d'abord combattu dans la Baltique?
R: Dans la région de la Ruhr et en Haute-Silésie contre l'Armée rouge. Il y a eu un soulèvement...
Q: Vous voulez dire un soulèvement communiste?
R: Oui.
Q: En Haute-Silésie, contre qui avez-vous combattu?
R: Contre les insurgés polonais.
Q: Jusqu'en 1921?
R: Oui.
Q: Et ensuite?
R: J'ai appris l'agriculture.
Q: Où?
R: En Silésie et dans le Mecklembourg.
Q: Et combien de temps cela a-t-il duré?
R: Jusqu'en 1923. Puis, en 1923, j'ai été arrêté parce que j'ai participé à un meurtre.
Q: Dans le Mecklembourg?
R: Oui.
Q: Qui a été assassiné?
R: L'homme qui a dénoncé Schlageter aux Français (Walther Kadow - ajouté par moi).
Q: Et avez-vous été condamné?
R: En 1924, j'ai été condamné par le tribunal d'État de Leipzig à 10 ans de pénitancier.
Q: Qui avait organisé le meurtre du dénonciateur de Schlageter?
R: Je dois le dire brièvement: le traître était membre de Rossbach, et il a fini par disparaître. Il est ensuite réapparu dans le Mecklembourg au moment de la résistance contre les Français dans la région de la Ruhr, et il a ensuite essayé d'embaucher des hommes parmi les anciens membres du FreiKorps de Rossbach pour aider les Français.
Q: Qu'entendez-vous par l'expression "aider les Français"?
R: Les membres des chemins de fer allemands ont refusé de conduire les trains, et il a voulu embaucher des gens qui conduiraient les trains pour les Français.
Q: C'est votre explication?
R: Oui.
Q: Les détails ne nous intéressent pas. Qui a pris la décision d'assassiner cet homme?
R: Nous avons tous pris cette décision à Pranz, dans le Mecklembourg, lorsque nous avons découvert, grâce à ses papiers et à son journal, qu'il travaillait pour les Français et qu'il avait trahi Schlageter.
Q: Pourquoi l'avez-vous recherché?
R: Parce que nous voulions savoir pour qui il travaillait, et qui le payait.
Q: Y avait-il des membres des groupes FreiKorps dans le pays?
R: Oui, j'avais un tel groupe à Parshim, composé de 20 hommes.
Q: Étiez-vous le chef de ce groupe?
R: Oui.
Q: De qui receviez-vous vos ordres?
R: De Rossbach.
Q: Quand vous dites "Rossbach", voulez-vous dire l'organisation Rossbach ou un homme du nom de Rossbach?
R: L'organisation.
Q: Qui était responsable de cette organisation?
R: C'était l'ancien chef du FreiKorps Rossbach.
Q: Son nom était Rossbach ?
R: Oui.
Q: Aviez-vous un contact direct avec lui?
R: Le FreiKorps avait été dissous et les membres restants avaient été divisés en petits groupes et travaillaient dans toute les campagnes, dans des fermes.
Q: Ces groupes avaient-ils des liens avec le NSDAP?
R: Non, seulement en partie. Les membres étaient représentés individuellement, mais ils n'avaient aucun lien direct en tant que groupes.
Q: Quand avez-vous rejoint le parti?
R: En novembre 1922 (No 3240 - ajouté par moi).
Q: Et le meurtre a été commis en novembre 1923 ?
R: Oui.
Q: Quelle était votre position dans le parti à cette époque?
R: Je n'étais qu'un membre.
Q: Vous nous avez dit que vous aviez été condamné à 10 ans de prison. Quand avez-vous été libéré?
R: En 1928. J'ai été gracié aprè 5 ans.
Q: Et qu'avez-vous fait ensuite?
R: Je suis retourné travailer dans l'agriculture, et j'ai rejoint les "Artamanen" ("Artam": mouvement de jeunesse d'extrême droite de la mouvance Völkisch fondé en 1923 à Munich - ajouté par moi), précurseur de l'organisation des Jeunesses hitlériennes. C'est aussi là que j'ai rencontré ma femme. (Edwig née Hensel - ajouté par moi)

Rudolf Höss face à la justice Hzss_a11
(carte de membre du mouvement Artam)

Rudolf Höss face à la justice Hzss_m10
(Hedwig et Rudolf Höss à l'époque de leur mariage, 1929)

Q: Qui était le chef des Artamanen?
R: Rosenberg.
Q: Quand avez-vous rejoint les SS?
R: En 1933 (No 193616 - ajouté par moi).
Q: Quand en 1933?
R: En juillet ou en août.
Q: Et vous êtes resté dans l'agriculture jusqu'en 1939, n'est-ce pas?
R: J'ai toujours travaillé dans l'agriculture.
Q: Et qu'avez-vous fait après 1933?
R: En 1933, lorsque j'ai rejoint les SS, j'étais dans une propriété en tant que chef d'un groupe d'Artamanen au moment où le Reichsführer-SS m'a convoqué et m'a envoyé à Dachau.
Q: Connaissiez-vous Himmler avant cela?
R: Oui. Himmler avait également été un ancien membre des Artamanen.
Q: Quand l'avez-vous rencontré pour la première fois?
R: Je crois que c'était en 1930 ou 1931. Je ne peux pas le dire exactement.
Q: Le connaissiez-vous intimement à cette époque?
R: Non, je l'ai rencontré lors d'une réunion.
Q: Pourquoi vous a-t-il rappelé en 1933 alors qu'il avait besoin d'un homme pour Dachau?
R: C'était à l'occasion d'un défilé où je dirigeais un petit groupe de cavalerie SS, et cela a attiré son attention. Il m'a appelé peu après et m'a demandé quels étaient mes projets, et m'a également demandé si je voulais rejoindre l'administration d'un camp de concentration.
Q: Et votre réponse?
R: J'ai accepté, oui.
Q: Et quel était votre grade à l'époque?
R: SS-Scharführer.
Q: Et à votre arrivée à Dachau, avez-vous été promu?
R: Non.
Q: Et quelles étaient vos fonctions?
R: Au début, j'ai participé à un programme de formation militaire pendant 6 mois.
Q: Où?
R: À Dachau, avec les SS.
Q: Y avait-il des sous-officiers ou des officiers de l'armée qui vous formaient?
R: Non, le personnel de formation était composé de membres de la police régionale bavaroise.
Q: Et Himmler était-il à l'époque chef de la police régionale (Landespolizei)?
R: Non, à l'époque, il ne l'était pas.
Q: Et après avoir terminé votre formation, qu'avez-vous fait?
R: Ensuite, j'ai rejoint le camp de concentration proprement dit, c'est-à-dire le camp de détention préventive.
Q: En quelle qualité?
R: En tant que commandant de compagnie de prisonniers, comme on l'appelait à l'époque.
Q: Quelles étaient vos fonctions en tant que commandant de cette compagnie?
R: J'avais 270 prisonniers sous mes ordres, et j'avais pour mission de superviser leur travail au camp.
Q: La supervision des camps, comme par exemple vos fonctions, appartenaient-elles toutes aux SS?
R: Oui.
Q: Un certain groupe de SS était-il lié à vos fonctions?
R : Oui, il s'agissait des unités "Tëte de Mort" (Totenkopfverbände, ou SS-TV - ajouté parmoi).
Q: Et combien de temps êtes-vous resté chef de compagnie?
R : Environ 1 an.
Q: Tout le temps passé à Dachau?
R: Oui.

Rudolf Höss face à la justice Hzss_s10
(SS-Hauptscharführer, Dachau 1936)

Q: Et que vous est-il arrivé ensuite?
R: Je suis ensuite devenu chef de rapport (Rapportführer - ajouté par moi), c'est-à-dire le supérieur immédiat des commandants de compagnies de prisonniers.
Q: Pourquoi avez-vous été promu à ce poste important?
R: Je ne sais pas.
Q: Et quelle a été ensuite la prochaine étape de vos promotions?
R: Et puis je suis devenu SS-Obersturmführer, mais c'était plus tard.
Q: Et combien de temps avez-vous conservé ce poste?
R: Jusqu'en 1937.
Q: Et ensuite?
R: Ensuite, je suis devenu administrateur des biens des prisonniers.
Q: Et tout cela s'est passé à Dachau?
R: Oui.
Q: Et combien de temps êtes-vous resté à ce poste?
R: Jusqu'en mai 1938.
Q: Que s'est-il passé ensuite?
R: Ensuite, j'ai été transféré comme adjudant auprès du commandant du camp de concentration de Sachsenhausen.
Q: Et combien de temps êtes-vous resté à Sachsenhausen?
R: J'y suis resté 2 ans, jusqu'en 1940.
Q: Vous n'avez pas été envoyé au front en 1939 ou 1940?
R: Non.
Q: Que s'est-il passé en 1940?
R: En 1940, j'ai été transféré en Pologne comme commandant du camp d'Auschwitz.
Q: Quel mois?
R: Le 1er mai 1940.
Q: Qui vous a nommé?
R: L'inspecteur des camps de concentration, le SS-Gruppenführer Glücks (Richard, chef du département D au WVHA - ajouté par moi).
Q : Mais Pohl n'était-il pas l'inspecteur des camps de concentration? (SS-Obergruppenführer Oswald Pohl, chef du WVHA - ajouté par moi)
R: À l'époque, il ne l'était pas.
Q: Était-ce un ordre écrit?
R: Oui.
Q: Signé par Glücks?
R: Oui.
Q: Et était-ce écrit sur ordre du Reichsführer-SS? Ou comment était-ce écrit?
R: J'ai été convoqué chez lui et j'ai reçu des instructions orales, puis un ordre écrit m'a été donné selon lequel je devais établir un camp de concentration en Haute-Silésie.
Q: Quand vous êtes arrivé, les travaux de construction avaient-ils commencé?
R: C'était une ancienne caserne d'artillerie polonaise, et quelques bâtiments s'y trouvaient déjà.
Q: Y avait-il des détenus au moment de votre arrivée?
R: Non, il n'y avait personne.
Q: Quelle était la superficie de la zone qui était réservée à cet effet?
R: Au départ, il s'agissait uniquement du camp militaire polonais.
Q: Comment s'appelait l'endroit où ils se trouvaient?
R: Auschwitz.
Q: Et maintenant, vous êtes arrivés. Vous avez alors commencé à construire les baraquements, n'est-ce pas?
R: Non. J'ai d'abord dû mettre de l'ordre dans les affaires du camp. Il avait été très négligé, et j'ai dû réparer plusieurs baraquements détruits. Ce n'est que plus tard que j'ai fait construire des bâtiments supplémentaires.
Q : Qui a fait le travail? Qui étaient les personnes qui ont réellement fait le travail?
R: Le travail était effectué par des détenus des camps de concentration; d’autres arrivaient sans cesse. Au début, seulement trente étaient venus de Sachsenhausen (30 triangles verts, détenus de droit commun utlisés comme kapos - ajouté par moi).
Q: D’où venaient les détenus supplémentaires et qui étaient-ils?
R: Kattowitz, du commandant de la police de sécurité de Kattowitz.
Q: Qui était-ce ?
R: Je ne sais pas quel était son nom, mais plus tard, c’était l’Oberführer Bierkamp (Walther, futur chef de l'Einsatzgruppe D à partir d'août 1942 - ajouté par moi).
Q: De quelle nationalité étaient ces détenus de Kattowitz?
R: Uniquement des Polonais.
Q: Étaient-ils des familles entières ou n’étaient-ils que des hommes?
R: Uniquement des hommes.
Q: Combien de Polonais avez-vous reçus de Kattowitz?
R: Au début, il devait y en avoir – c'est-à-dire jusqu'à la fin de 1940 – entre 2000 et 3000.
Q: Et c'est tout ce que vous avez eu comme détenus, ou peut-être disons-les comme travailleurs, jusqu'à la fin de 1940?
R: Oui, il n'y en avait plus à cette époque-là.
Q : Et quelle a été l'évolution du camp à partir de 1941?
R: En janvier 1941, le chiffre a augmenté de façon régulière, et il y en avait déjà 8000 ou 9000 à cette époque.
Q: Tous des Polonais?
R: Seulement des Polonais.
Q: Maintenant, veuillez nous donner une description chronologique - mais limitez-vous aux faits et aux chiffres - de l'évolution du camp et des nationalités.
R: En mars ou avril 1941, le Reichsführer-SS Himmler était venu là pour une inspection.
Q: Qui l'accompagnait ?
R: Le Gauleiter de Haute-Silésie Bracht, et le SS-Gruppenführer Karl Wolf qui était à l'époque l'adjudant personnel de Himmler. À cette occasion, Le Reichsführer avait été mis au courant en détail des plans concernant les extensions possibles du camp.
Q: Qui a fourni l'explication?
R: Moi. Puis le Reichsführer a ordonné que le camp devait être considérablement agrandi, et le gauleiter, qui était à l'époque responsable du développement agricole, devait mettre 20.000 hectares de terres à la disposition du camp à des fins agricoles.
Q: À qui la terre a-t-elle été prise?
R: Toute la zone se trouvait comprise entre la Vistule et la Sury. C'était une zone marécageuse avec beaucoup de terres immergées. Elle se composait de 7 villages habités par des Polonais.
Q: Qu'est-il arrivé aux habitants de ces villages?
R: Ils ont été réinstallés (lire explulsés) dans la ville d'Auschwitz, dans la mesure où ils étaient employés dans les industries de la ville.
Q: Et les autres?
R: Le reste a été renvoyé en Pologne dans le Gouvernement Général.
Q: Quels étaient vos ordres pour la construction de nouveaux bâtiments sur ces 20.000 hectares?
R: Le camp de concentration lui-même devait être agrandi pour accueillir 30.000 prisonniers, et dans la région de Birkenau, un camp de prisonniers de guerre (Kriegsgefangenenlager - ajouté par moi) pouvant accueillir 100.000 prisonniers de guerre devait être construit.
Q: Birkenau se trouvait-il entre la région de Sury et de la Vistule?
R: Oui, il se trouvait à 2 kilomètres du camp d'Auschwitz.
Q: Les gardiens de ce camp faisaient-ils aussi partie des unités "Tête de Mort"?
R: Tous sans exception.
Q: Aucun étranger?
R: Non, ils sont venus plus tard.
Q: Et le camp de Birkenau est le camp qui a été plus tard connu sous le nom de camp B?
R: Non. Le camp  B  était une sous-division de Birkenau. Birkenau était divisé en secteurs A, B, et C
Q: A-t-on jamais affecté des prisonniers de guerre à Birkenau?
R : Non. Seuls 10.000 prisonniers de guerre russes sont venus à Auschwitz, et ils ont construit Birkenau.
Q: Quand ils ont terminé la construction, que leur est-il arrivé?
R: Ils y ont toujours travaillé. Ils y sont restés.
Q : Et ils étaient encore là quand vous avez quitté Birkenau en 1944?
R: Pas tous ces 10.000, mais certains prisonniers de guerre étaient encore là.
Q: Pourquoi n'étaient-ils pas tous là?
R: Beaucoup d'entre eux sont morts de fièvre pourprée ou d'autres épidémies. Ils étaient sous-alimentés à leur arrivée au camp.
Q: Donc, si je vous comprends bien, les plans du Reichsführer-SS prévoyaient un camp de concentration pour 30.000 détenus à Auschwitz, et 100.000 à Birkenau, mais seulement 10.000 prisonniers sont arrivés et ils ont été utilisés pour des travaux de construction.
R: Oui.
Q: Qui est venu au camp prévu pour les 3000 et quand sont-ils arrivés?
R: Il s'agissait toujours de polonais de Haute-Silésie et du Gouvernement général.
Q: Uniquement des hommes?
R: Oui, au début il n'y avait que des hommes. Mais à partir du milieu ou de la fin de 1941, il y avait aussi des femmes.
Q: Et le chiffre était-il de 30.000?
R: C'était déjà à l'été 1941. Je ne pouvais pas loger la totalité de ces 30.000 personnes à Auschwitz, car les baraquements n'étaient pas terminés. J'ai donc dû en envoyer une partie à Birkenau.
Q: Quand les installations du camp d'Auschwitz ont-elles été achevées?
R: Les installations du camp d'Auschwitz furent terminées fin 1942.
Q: Et les travaux de construction à Auschwitz étaient toujours effectués uniquement par des polonais?
R: Oui.
Q: Et à Birkenau, uniquement des russes travaillaient?
R: Non, des polonais aussi.
Q: Et quand Birkenau a-t-il été achevé?
R: Il n’a jamais été achevé. Le secteur III (Mexico - ajouté par moi) n’était pas terminé en 1944.
Q: Vous agrandissiez donc le camp en permanence?
R: Pendant toutes ces années, il y avait toujours de nouveaux travaux de construction en cours.
Q: Quand avez-vous commencé à accueillir d’autres nationalités à Birkenau; je veux dire des personnes autres que des Polonais?
R: Au début de 1942.
Q: Arrêtons-nous un instant et revenons à 1941. À la fin de 1941 si j’ai bien compris, vous aviez dans toute la zone du camp de concentration, 30.000 polonais et 10.000 russes?
R: 30.000 au total, c’est-à-dire Russes et Polonais réunis.
Q: Vous voulez dire 20.000 polonais et 10.000 russes?
R: Oui.
Q: Seulement des hommes?
R: Oui, seulement des hommes.
Q: Mais vous avez dit que vous avez commencé à recevoir des familles à la fin de 1941.
R: J’ai dit 30.000 hommes, et en plus environ 6000 à 7000 femmes. Je ne sais pas exactement.
Q: Étaient-ils détenus séparément?
R: Oui.
Q: Au début, ils étaient hébergés à Auschwitz, puis?
R: Et ensuite à Birkenau.
Q: Revenons maintenant à l’année 1942.
R: Le développement s’est accéléré, et des prisonniers supplémentaires sont arrivés. En outre, il y a eu un afflux de juifs qui a commencé en 1941, et qui a repris au printemps 1942.
Q: Combien de juifs avez-vous accueillis en 1941?
R: Je crois qu’à l’époque, nous n’avons accueilli que 6000 juifs slovaques.
Q: Êtes-vous sûr du chiffre?
R: Il s’agissait peut-être de 7000. Ils ont été sélectionnés pour leur capacité à travailler.
Q: Cela s’ajoutait-il aux chiffres mentionnés précédemment, ou étaient-ils inclus dans les chiffres que vous avez mentionnés?
R: Ces chiffres sont inclus dans les chiffres que j'ai mentionnés.
Q: Et où travaillaient-ils? Dans les usines ou dans l'agriculture?
R: Beaucoup dans l'agriculture.
Q: Puis au début de 1942, les Juifs ont commencé à arriver en plus grand nombre n'est-ce pas?
R: Oui.
Q: D'où venaient-ils?
R: Au début de Pologne, c'est-à-dire du Gouvernement général. Et je crois aussi de Grèce ou de Hollande. Je ne peux pas dire la séquence exacte. Parallèlement à cela, il y avait aussi des expéditions en provenance de France.
Q: Et c'était en 1942?
R: Oui, cela a continué jusqu'en 1943, mais je ne me souviens pas de la séquence des expéditions.
Q: Combien en avez-vous reçu du Gouvernement général de Pologne?
R: Environ 250.000, c'est le chiffre dont je me souviens encore. Cela inclut la Haute-Silésie.
Q: Combien en avez-vous reçu de Grèce ?
R: 65.000.
Q: Combien d’Allemagne?
R: Nous en avons reçu 100.000, mais je ne sais pas exactement si tous venaient éffectivement d’Allemagne.
Q: Les transports passaient en grande partie par Teresienstadt?
R: Oui.
Q: Et de Hollande?
R: 90 000.
Q: Et de France?
R: 110 000.
Q: De Slovaquie?
R: 90 000.
Q: De Bulgarie?
R: Nous n’avons reçu aucun transport de Bulgarie
Q: De quels autres pays avez-vous reçu des Juifs?
R: 20.000 de Belgique, et enfin de Hongrie.
Q: Combien?
R: 400.000.
Q: Vous venez de nous dire que vous aviez des installations pour 130.000 personnes. Si vous additionnez tous ces chiffres, cela représente un nombre bien supérieur à 130.000. Comment pouviez-vous loger tous ces gens?
R: Ils n'étaient pas censés être employés là-bas. Ils étaient censés être exterminés.
Q: Vous aviez décidé cela?
R: J'ai reçu cet ordre au milieu de l'année 1941, je crois que c'était en juillet, du Reichsführer-SS en personne.
Q: Vous avez dit 1941?
R: Oui, 1941.
Q: Mais vous n'avez pas mentionné auparavant qu'aucun des Polonais ou des juifs que vous avez reçus en 1941 n'a été exterminé. Est-ce que quelqu'un a été tué en 1941?
R: Vous m'avez posé une question sur l'extension d'Auschwitz, et je voulais réserver cette histoire des massacres pour une autre série de questions.
Q: Bon, prenons les choses comme ça. Combien de personnes ont été tuées en 1941 et de quelle nationalité étaient-elles?
R: Je ne peux pas donner de chiffre total, mais les nationalités étaient polonaises, slovaques et allemandes.
Q: Vous n'avez pas mentionné auparavant que des juifs allemands étaient arrivés à Auschwitz en 1941. Savez-vous avec certitude que des juifs allemands ont été exécutés en 1941?
R: Ils ne pouvaient venir que du district de Haute-Silésie.
Q: Quand vous avez mentionné les polonais avant leur arrivée à Auschwitz en 1941, avez-vous inclus les juifs polonais?
R: Oui, ils étaient inclus.
Q: Par quels moyens ont-ils été exécutés en 1941?
R: Par le gaz.
Q: Aucun par balle?
R: Non.
Q: Aucun par pendaison?
R: Il n'y a pas eu de fusillades ou de pendaisons, à moins qu'ils n'aient été condamnées par le SS-Standgericht, c'est-à-dire le tribunal de la Gestapo.
Q: Y avait-il un Standgericht dans le camp?
R: Non, je n'ai pas eu de tribunal de ce genre, mais le SS-Standgericht de la Gestapo a été en session à Auschwitz.
Q: Vous avez utilisé le mot "Gestapo" à ce propos. Ce Standgericht a-t-il été supervisé ou introduit par la Gestapo?
R: Le siège de la Gestapo tenait ses réunions de tribunal à Auschwitz (dans le Block 11 - ajouté par moi), et le juge en chef était le Gauleiter.
Q: Mais vous avez dit que vous aviez reçu l'ordre du Reichsführer-SS en personne.
R: Oui.
Q: Vers juillet 1941? Où l'avez-vous vu?
R: J’ai reçu l’ordre d'aller le voir à Berlin.
Q: Êtes-vous sûr que c’était après le début de la campagne russe?
R: Non, c’était avant le début de la campagne russe.
Q: Ce ne pouvait donc pas être en juillet.
R: Je ne me souviens pas du mois exact, mais je sais avec certitude que c’était avant la date à laquelle la campagne russe a été lancée. (l'opération Barbarossa fût lancée le 22 juin 1941 - ajouté par moi)
Q: Où l’avez-vous rencontré?
R: Oui, dans son bureau au 8 de la Prinz-Albrecht Strasse.
Q: Qui d’autre était présent?
R: J’étais seul.
Q: Quelles raisons vous a-t-il données pour cet ordre?
R: Je ne me souviens pas de ses mots exacts, mais cela signifiait que le Führer avait donné l’ordre de mettre en route la solution finale du problème juif.
Q: Que signifie la "Solution Finale"?
R: Cela signifie l’extermination. C’est ainsi qu’il l’a formulé.
Q: Vous dites que cela signifie l’extermination?
R: Oui.
Q: Connaissiez-vous l’expression avant cette époque?
R: Non. C’est là que je l'ai entendu pour la première fois.
Q: S’est-il exprimé de cette façon? Vous a-t-il expliqué ce que signifiait la solution finale?
R: Oui, il me l’a expliqué.
Q: S’agissait-il d’une conception, ou d’un mot connu dans les milieux SS?
R: Non. Comme je l’ai déjà dit, ce mot est apparu pour la première fois à cette occasion. Plus tard, bien sûr, je l’ai entendu à plusieurs reprises en 1942 et 1943, et il y avait alors d’autres significations.
Q: Vous a-t-il donné des directives détaillées sur la manière dont l’extermination devait se dérouler?
R: Oui, il m’a expliqué ce qui suit: les camps d’extermination en Pologne qui existaient à cette époque n’étaient pas capables d’accomplir le travail qui leur était assigné.
Q: Quels étaient ces camps d’extermination? Où se trouvaient-ils, et comment s’appelaient-ils?
R. Il y avait 3 camps: le premier, Treblinka, Belzek près de Lemberg, et le troisième se trouvait à environ 40 kilomètres en direction de Kulm. Il se trouvait au-delà de Kulm, en direction de l'est. (Belzec, Sobibor et Treblinka II - ajouté par moi)
Q: Sous la surveillance de qui se trouvaient ces 3 camps?
R: Le commandant de la Police de Sécurité (SIPO).
Q: Vous voulez dire les SS?
R: Le RSHA. (Reichssicherheitshauptamt, Office Central de la Sûreté du Reich - ajouté par moi)
Q: Quel Amt du RSHA supervisait ces camps?
R. Je suppose que c’était l’exécutif. Moi-même, je ne le savais pas.
Q: Pourquoi ne le saviez-vous pas?
R: Par ce que à l'époque, je n’avais rien à voir avec l’inspection d’un camp de concentration. Je n’avais rien à voir avec ces questions dans ce contexte.
Q: Revenons à Berlin, où vous venez de discuter avec Himmler de l’extermination des juifs à Auschwitz.
R: Oui.
Q: Vous nous avez dit qu’il vous avait donné des ordres oraux détaillés, n’est-ce pas?
R: Oui.
Q: Avec qui d’autre avez-vous discuté des détails de l’extermination des juifs à Auschwitz?
R: Je n’avais pas le droit d’en discuter avec qui que ce soit. C’était une affaire classée top secret. ("Geheime Reichssache" Affaire Secrète du Reich - ajouté par moi)
Q: Himmler vous a-t-il donné des ordres concernant la construction de chambres à gaz?
R: Non. Il m’a dit que je devais aller visiter un camp d’extermination en Pologne, et ainsi éliminer de la construction de ma future installation les erreurs et l’inéfficacité qui existaient dans le camp polonais. Je devais lui soumettre les plans pour la construction mon camp en 4 semaines environ. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas me donner les chiffres exacts à ce moment-là, ni le nombre de personnes qui arriveraient. Mais il a ajouté que le chiffre s’élèverait à plusieurs millions.
Q: Et qu’avez-vous fait?
R: Il m’a expliqué que le plus important était que, lorsqu’une action était menée dans l’un de ces pays, elle ne devait pas être interrompue ou retardée à cause de l’insuffisance des installations à Auschwitz. Il m’a dit que les camps en Pologne n’étaient pas adaptés à une augmentations des convois, et que la raison pour laquelle il avait choisi Auschwitz, était le fait que ce camp avait de bonnes connexions ferroviaires et pouvait être agrandi, et qu’il était suffisamment éloigné des centres de population.
Q: Vous a-t-il dit autre chose? Vous y êtes-vous rendu immédiatement après votre entretien avec lui, lors de votre tournée d’inspection?
R: Non, je suis d’abord retourné à Auschwitz. Il m’a expliqué que ce n’était pas dans ses habitudes de discuter de telles questions avec des officiers subalternes. Cependant, cette affaire était si importante, et d’une telle portée, qu’il avait décidé de m’expliquer ses raisons. Il m’a dit que si l’extermination des juifs n’avait pas lieu à ce moment-là, alors le peuple allemand serait éliminé par les juifs.
Q: Vous a-t-il expliqué comment les juifs pourraient éliminer le peuple allemand?
R: Non.
Q: Quelles autres raisons a-t-il invoquées?
R: C'est la raison. Il avait prévu à l'origine d'envoyer un officier supérieur à Auschwitz pour cette action d'extermination, mais il a changé d'avis, car il pensait que cela serait une cause de friction éventuelle entre moi, en tant que commandant du camp, et l'officier de rang supérieur chargé de l'extermination. C'est pourquoi il m'a donné l'ordre personnellement. En plus de cela, le fait que je devais traiter cela comme une affaire top secret et n'en parler à personne m'a été expliqué clairement. Toutes les instructions, telles que la procédure et les ordres, je devais les recevoir du RSHA par l'intermédiaire d'Eichmann.
Q: Et puis avant de partir pour votre tournée d'inspection, vous êtes donc retourné à Auschwitz?
R: Oui.
Q: Qu'avez-vous fait à Auschwitz?
R: J'ai immédiatement contacté le chef d'une unité de construction, et je lui ai dit que j'avais besoin d'un grand crématoire. Je lui ai dit que nous allions recevoir un grand nombre de malades, mais je ne lui ai pas donné la véritable raison.
Q: Et ensuite?
R: Après avoir terminé nos plans, je les ai envoyés au Reichsführer. Après les avoir modifiés conformément au véritable objectif de ses instructions,
ils ont été approuvés.
Q: Avez-vous visité l'un des 3 camps d’extermination existants?
R: Oui.
Q: Lequel?
R: Treblinka.
Q: Qu’y avez-vous vu?
R: À cette époque, les opérations liées au ghetto de Varsovie étaient en cours et j’ai observé le déroulement de ces opérations.
Q: Comment cela se déroulait-il?
R: Il y avait des chambres à gaz pour environ 200 personnes. Dans ces chambres, les fumées de gaz d’échappement entraient. Des moteurs avaient été récupérés sur des équipements ennemis capturés, tels que des chars ou des camions, et avaient été installés à côté des chambres à gaz. Les victimes étaient censées être asphyxiées par ces fumées d’échappement.
Q: Combien de chambres y avait-il, et combien de personnes ont été tuées?
R. Je ne connais pas le chiffre exact, mais il y en avait peut-être une dizaine. Elles étaient construites à côté d’une rampe ou le train y arrivait. Les gens étaient déchargés directement dans les chambres. Cette procédure était nécessaire car les moteurs ne fonctionnaient pas toujours correctement.
Q: Les gens n’étaient-ils pas d’abord enregistrés ou interrogés?
R: Non.
Q: On les mettait directement dans les chambres à gaz depuis les trains?
R: Oui.
Q: Et qu’est-il arrivé à leurs vêtements?
R: Ils devaient se déshabiller avant d’entrer dans les chambres.
Q: Et leurs objets de valeur?
R: Tout était trié. J’ai vu un certain nombre de barraques dans lesquelles il y avait des piles de vêtements, de chaussures, d’objets de valeur, etc... Tous triés séparément et soigneusement empilés. Ils étaient ensuite emballés.
Q: Qu’est-il arrivé à ces choses?
R: Je ne sais pas.
Q: Qui faisait le tri?
R. Des détenus juifs.
Q: Qui surveillait le train dans lequel les juifs arrivaient pour être être gazés?
R: Le train que j'ai vu à Treblinka arrivait gardé par des membres de la Police de Sécurité; les trains qui arrivaient à Auschwitz en provenance de Pologne étaient également gardés par elle.
Q: Le train était-il composé de femmes, d'hommes et d'enfants tous ensemble?
R: Tous ensemble.
Q: Nous parlons maintenant du train de Treblinka?
R: Oui, celui de Treblinka.
Q: Y avait-il des bébés, de très petits enfants, et des personnes âgées aussi?
R: De toutes sortes oui. Ils étaient évacués, déportés de Varsovie.
Q: Vous n'avez vu qu'un seul train à Treblinka lors de votre visite là-bas?
R: Oui, un seul.
Q: Combien de personnes se trouvaient dans ce train?
R: Un train transportait généralement 2000 personnes.
Q: Quand vous dites en général, voulez-vous dire que les trains qui arrivaient à Auschwitz avaient aussi généralement 2000 personnes?
R: Oui, 2000 en moyenne. Certains trains en contenaient 2400, d’autres 1500 ou 1800. Mais la moyenne était de 2000.
Q: Était-ce la première fois que vous observiez une action d'extermination?
R: Oui.
Q: Maintenant, d’après votre déclaration, je comprends que les gens – hommes, femmes et enfants - devaient se déshabiller complètement, n’est-ce pas?
R: Oui.
Q: Et les femmes emportaient leurs bébés avec elles dans les chambres à gaz?
R: Oui.
Q. Et ils savaient ce qui allait leur arriver?
R: Oui. Je suppose que oui.
Q: Savaient-ils ce qui allait leur arriver?
R: Oui... ils le savaient.
Q: Et quelle a été votre réaction?
R: Je n’ai pas réfléchi à ce problème, ni aux moyens, ni à la manière dont cela a été mené. À mon avis, ces gens savaient ce qu'il allait leur arriver.
Q: Mais vous avez trouvé qu’il était légal et juste qu’ils soient exterminés. C’était seulement à la manière dont vous vous opposiez?
R: Oui. D’après mes discussions avec le Reichsführer Himmler, c’était la manière dont vous venez de le dire.
Q: Est-ce que quelqu’un a essayé de s’échapper?
R: Non, je n’ai pas vu cela.
Q: Combien de temps êtes-vous resté à Treblinka ?
R. Environ 3 à 4 heures.
Q: Avez-vous discuté de la question avec le commandant du camp à Treblinka?
R: Oui.
Q: Qui était-il?
R: Je ne me souviens pas de son nom. (Irmfried Eberl ou Franz Stangl, dépendant de la date de la visite - ajouté par moi)
Q: Un instant s'il vous plait. Comment êtes-vous entré dans le camp? Quel genre de laissez-passer ou de permis aviez-vous?
R: J’ai été présenté par Eichmann. Ils avaient été informés de mon arrivée par Eichmann.
Q: Eichmann était-il avec vous lors de cette visite?
R: Non.
Q: Avez-vous vu Eichmann à Berlin avant de partir?
R: Eichmann était entre-temps venu à Auschwitz, et à ce moment-là, je lui ai dit que je devais aller voir ce camp. Qu’il devait les avertir de mon arrivée, sinon je n’aurais pas pu entrer dans le camp.
Q: Retournons à Auschwitz. Comment avez-vous envoyé les plans à Himmler?
R: Par un courrier.
Q: Directement à Himmler?
R: Oui, personnellement.
Q: Vous n’approuviez pas les méthodes utilisées à Treblinka, alors vous avez décidé d’améliorer les procédures d'extermination. Quelles méthodes alliez-vous utiliser?
R: Je voulais éviter dans tous les cas, que les personnes qui entraient à Auschwitz savent à l’avance qu’elles allaient être gazées.
Q: Comment aviez-vous prévu d’éviter cela?
R: Au début, j’ai dû improviser car je n’avais pas les bâtiments nécessaires. Des panneaux ont été installés avec les mots "à l’épouillage", "à la désinfection", "au bains", "aux douches", etc... En plus de cela, les détenus aidaient les nouveaux arrivants à se déshabiller, et leur donnaient des instructions sur l’endroit où ils devaient déposer leurs vêtements pour qu’ils les retrouvent à leur retour. Cela a été fait pour éviter de les affoler de quelque façon que ce soit, ou pour leur donner une idée de ce qui allait réellement se passer.
Q: Et après le déshabillage, où allaient les victimes?
R: Elles entraient dans des pièces.
R: Quelles pièces?
R: Des chambres à gaz. Au début, il y avait 2 vieilles fermes (Bunker 1 "la petite maison rouge" et Bunker 2 "la petite maison blanche" - ajouté par moi) avant que les grands crématoires ne soient construits. Elles avaient été rendues étanches à l'air. Les fenêtres étaient fermées par du ciment, des portes étanches à l'air avaint été installées, et dans chaque chambre, il y avait une petite ouverture par lequel le gaz était introduit.
Q: Quel type de gaz était utilisé?
R: Le Zyklon B. C'était une substance cristalline.
Q: D'où avez-vous reçu ces cristaux?
R: A l'origine, ce Zyklon B était utilisé pour exterminer les insectes et les parasites. Comme il était très toxique et devait être manipulé avec beaucoup de précautions, nous avons supposé qu'il était approprié pour les humains.
Q: Les gens mettaient-ils longtemps à mourir avec ce gaz?
R: Cela dépendait de la météo, de l'humidité, de l'heure de la journée et du nombre de personnes présentes dans la chambre à gaz. De plus, le gaz n'était pas toujours composé de la même manière, et n'avait pas la même efficacité à chaque fois.
Q: En général, combien de temps cela prenait-il?
R: En général, cela prenait de 3 à 15 minutes. L'effet variait. Partout où le gaz était jeté dans la chambre, les personnes qui se trouvaient juste à côté étaient immédiatement anesthésiées. Puis il se répandait progressivement dans les coins les plus éloignés de la pièce, et généralement au bout de 15 minutes, tout le monde était mort. Les chambres étaient ouvertes au bout d'une demi-heure, et personne n'était plus en vie à ce moment-là.
Q: Comment pouviez-vous entendre des voix dans les chambres si elles étaient si hermétiques, comme vous l'avez dit auparavant?
R: Elles étaient hermétiques, mais les murs n'étaient pas trop épais. Ce n'étaient que des murs ordinaires.
Q: Alors, quels bruits avez-vous entendus pendant que vous étiez dehors?
R: Au début, ils criaient tous bien sûr.
Q: Aviez-vous des fenêtres d'observation?
R: Dans les chambres construites dans ces fermes, nous n'en avions pas. Mais plus tard, dans les crématoires en béton, nous en avions.
Q: Qui vous livrait le gaz?
R: Une compagnie à Hambourg.
Q: À qui étaient adressées les livraisons de ce gaz?
R: À l'administration du camp de concentration d'Auschwitz.
Q: Qui les payait?
R: Je ne sais pas, mais je suppose que c'est l'administration qui les payait. Je suis sûr qu'ils ont été payés.
Q: Quand la construction des chambres à gaz permanentes a-t-elle été achevée?
R: Les 4 grands crématoires ont été achevées en 1943. Mais d'autre installations étaient déjà en service en 1942.
Q: Quand en 1942 la première a-t-elle été mise en service? Elle était déjà là, peut-être en novembre 1941?
R: Non, en 1942.
Q: Donc ces chambres à gaz - les chambres à gaz provisoires (Bunkers 1 et 2 - ajouté par moi) - ont été utilisées de l'été 1941 jusqu'en 1942?
R: Jusqu'en novembre 1942. Elles ont également été utilisées plus tard lorsque les crématoires n'étaient pas suffisants pour faire le travail.
Q: Mais en moyenne, combien de trains arrivaient-ils chaque jour?
R: 2.
Q: Avec 4000 personnes donc?
R: Oui.
Q: Et des médecins les examinaient?
R: Oui, ils jetaient un coup d'oeil.
Q: Donc un examen médical n’a jamais vraiment eu lieu. Ils ont juste regardé les gens?
R: Oui.
Q: Et sur quelle bas la décision était-elle été prise?
R: À savoir si un homme ou une femme était fort physiquement et en bonne santé.
Q: Et les enfants? Est-ce que tous les enfants ont été tués?
R: Cela dépendait de leur taille. Certains enfants de 15 et 16 ans ont également été mis au travail s’ils étaient suffisamment forts.
Q: En d’autres termes, les enfants de moins de 15 ans ont été exterminés?
R: Oui.
Q: Simplement à cause de l’ordre d’Himmler?
R: Oui.
Q: Et parce qu’ils étaient dangereux pour le peuple allemand?
R: Oui.
Q: Donc un enfant de 3 ou 4 ans était dangereux pour le peuple allemand?
R: Non, ce n’est pas tout à fait comme ça. J’aurais peut-être dû développer un peu plus ma déclaration précédente sur l’explication que m'a donné Himmler. Il a dit que le peuple allemand n’aurait pas été en sécurité si le peuple juif n’avait pas été exterminé.
Q: En général, quel était le pourcentage du nombre de personnes tuées, et du nombre de personnes utilisées pour le travail?
R: Il variait entre 20 et 30 % de personnes mises de côté pour le travail.
Q: Et ce pourcentage concernait-il les hommes et les femmes inclus?
R: Il y avait toujours plus d’hommes aptes au travail que de femmes.
Q: Juste pour prendre un exemple, lorsque vous avez reçu les 65.000 Juifs de Grèce, combien d’entre eux ont été jugés aptes au travail?
R: Les Grecs étaient très malades et sont arrivés dans un très mauvais état, de sorte que je crois que le pourcentage dans ce cas était d’environ 15 %.
Q: Revenons maintenant à la procédure à Auschwitz: les gens étaient arrivés, ils avaient été ce que vous appelez inspectés par les médecins SS, puis une rangée a été conduite dans le camp et c'étaient eux qui étaient aptes au travail, n'est-ce pas?
R: Oui.
Q: Et l'autre rangée a été conduite dans les maisons de ferme?
R: Oui.
Q: On les a déshabillés?
R: Ils se déshabillaient dans des baraques séparées à côté des maisons de ferme. Plus tard, en cas de mauvais temps, d'autres barraques militaires ont été construites pour eux.
Q: Et ensuite?
R: Et puis ils étaient séparés selon leur taille et marchaient par groupes dans les chambres à gaz.
Q: Par groupes de 200?
R: Oui.
Q: Et les gens qui restaient dehors, pouvaient-ils entendre ce qui se passait dans les 2 fermes?
R: Non.
Q: Combien de personnes pouvaient-elles être exterminer dans chaque ferme?
R: Les fermes absorbaient dans leurs différentes chambres à gaz un train complet d'un coup.
Q: Vous nous avez dit qu'au bout d'une demi-heure les portes étaient ouvertes?
R: Oui.
Q: Qui enlevait les corps?
R: Un commando qui travaillait là. C'était avant tout un commando de détenus ("Sonderkommando" - ajouté par moi).
Q: Et où les corps étaient-ils emmenés?
R: Derrière les bâtiments il y avait des fosses ouvertes dans lesquelles les corps étaient brûlés.
Q: Qui s'occupait de l'incinération?
R: Le même commando s'occupait de toutes ces tâches.
Q: Et quand 3 trains arrivaient par jour, et que les 2 premier trains étaient pris en charge, le troisième train était-il placé sur une voie de service jusqu'à ce que toutes traces des 2 premier train2 aient été enlevées?
R: Oui, 2 trains pouvaient être pris en charge en même temps dans les 2 fermes. Si un troisième train arrivait trop tôt, il devait attendre sur une voie de service.
Q: Qui retirait les corps des trains à leur arrivée? Je crois comprendre qu'il y avait des corps dans les trains à leur arrivée.
R: C'était un autre commando de détenus qui s'occupait de ce travail. Ils étaient mis dans un camion et jetés dans des fosses où ils étaient brûlés.
Q: Combien étaient généralement morts? Combien de passagers étaient déjà morts à leur arrivée?
R: Cela dépendait de la provenance du train, et du temps qu'il avait passé en route. Dans le cas des juifs grecs qui avaient été en transit pendant 10 jours, plus de 100 (lire 1000) étaient morts en route.
Q: Et qu'en était-il des juifs Hongrois?
R: Il y en avait plus.
Q: Combien de morts?
R: Je ne peux pas le dire exactement. C'était variable.
Q: Savez-vous si des corps étaient retirés des trains pendant le transport?
R: Je n'en ai jamais entendu parler.
Q: Et ces corps, avant qu'ils soient jetés sur les bûchers, leurs vêtements étaient-ils enlevés?
R: Oui.
Q: Par vos détenus?
R: Oui.
Q: Qu'est-il arrivé à l'or dentaire des victimes?
R: Il a été fondu.
Q: Je comprends. Mais est-ce qu'il a été enlevé des bouches des victimes avant ou après l'exécution?
R: On les a enlevé des corps avant qu'ils soient emmenés dans les fosses pour être brûlés.
Q: Qui a fait ça? Qui a enlevé l'or?
R: Il y avait parmi ces commandos de détenus quelques dentistes...
Q: Qui supervisait leur travail?
R: Le travail dentaire était supervisé par un dentiste SS dont la tâche était de veiller à ce que le travail soit fait de manière satisfaisante.
Q: Quand les victimes enlevaient-elles leurs bagues, bracelets, boucles d'oreilles, etc...?
R: Elles les enlevaient au moment où elles se déshabillaient à l'exception des bagues, qu'elles gardaient lorsqu'elles entraient dans les chambres à gaz. Les dents en or ont été enlevées après que les corps aient été retirés des chambres à gaz.
Q: Un instant... Revenons aux soins dentaires. Leurs dents en or ont-elles été arrachées?
R: Oui.
Q: Avez-vous reçu des plaintes venant des villages environnants, concernant l’odeur de ces fosses?
R: Lorsqu’il y avait un vent d’est, l’odeur était perceptible de l’autre côté de la Vistule.
Q: Et vous avez reçu des plaintes des Polonais?
R: Non, ils ne se sont pas plaints. Les populations en ont probablement parlé, mais ils ne se sont pas plaints.
Q: Ne vous a-t-on pas posé de questions sur la puanteur qui régnait en permanence là-bas?
R: Non. Ce n’était pas comme ça. La puanteur n’était pas présente en permanence dans l’air.
Q: D’accord, il n’y a pas eu de puanteur pendant quelques semaines. Mais quand des actions d'extermination se déroulaient, La puanteur s’étendait sur des dizaines de kilomètres au-delà de la Vistule?
R: Non.
Q: À quelle distance de la Vistule se trouvait le camp d’extermination?
R: À 2,5 ou 3 km peut-être.
Q: Et jusqu’à quelle distance au-delà de la Vistule la population pouvait-elle sentir l’odeur?
R: Je ne peux pas le dire. Cela dépendait du vent et de la météo.
Q: Quand le vent était favorable, diriez-vous jusqu'à 10 km?
R: Non, je ne crois pas que l’odeur pouvait se faire sentir aussi loin.
Q: 8 km alors?
R: Je n’ai jamais testé cela, mais je ne crois pas que l’odeur pouvait se faire sentir aussi loin.

Q: Monsieur Höss, n’avez-vous pas exterminé environ 3 millions de juifs à Auschwitz?
R: Non. Je n’ai jamais mentionné le chiffre de 3 millions.
Q: Qu’avez-vous dit alors?
R: J'ai parlé de 2 millions.
Q: Vous avez dit que 2.5 millions ont été gazés?
R: Oui.
Q: Et que 500.000 sont morts à cause de maladies et d’épidémies?
R: Oui.
Q: Ce sont donc 3 millions au total, non?
R: Oui, mais ce ne sont pas 3 millions qui ont été exterminés.
Q: Si vous avez gazé une personne, a-t-elle été exécutée, oui ou non?
R: Je veux simplement souligner que les 500.000 qui sont morts de maladies n’ont pas été exécuté.
Q: Donc seulement 2.5 millionsont été exécutés?
R. Oui.
Q: C'est tout pour l'instant.
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Rudolf Höss face à la justice Empty Re: Rudolf Höss face à la justice

Message  PJ 29/11/2024, 15:17

Interrogatoire de Rudolf Höss enregistré à Nuremberg, Allemagne.
Matinée du 2 avril 1946, de 10.00 à 12.30, conduit par M. Sender Jaari.
également présents:
Leo Katz, interprète
Charles J. Gallagher, sténographe judiciaire.



Q: Êtes-vous le même Rudolf Höss qui s'est présenté hier après-midi à l'interrogatoire?
R: Oui.
Q: Vous comprenez que vos déclarations sont toujours faites sous serment?
R: Oui.
Q: Hier après-midi, nous avons terminé votre description de la procédure de gazage avant la construction des grands crématoires permanents, n'est-ce pas?
R: Oui
Q: Et si je me souviens bien, vous avez dit que les gazages ont eu lieu à Auschwitz dans les 2 fermes jusqu'à la fin de 1942?
R: Oui, mais entre-temps, un crématoire permanent a été terminé.
Q: Quand?
R: Il était déjà terminé un peu avant cette date, vers octobre 1942, de sorte que les gazages ont été effectués en partie dans le crématoire, et en partie dans les fermes.
Q: Avant d'aborder l'ordre chronologique des événements à Auschwitz, permettez-moi de vous demander si c'est cette déclaration que vous avez faite le 20 mars 1946, sous le numéro D-4793, à la prison de Minden en Allemagne. Est-ce correct?
R: Oui, c'est exact.
Q: Cette déclaration fait référence au nombre de membres de la Waffen-SS qui ont servi à Auschwitz. Vous avez alors mentionné qu'environ 7000 hommes de la Waffen-SS ont servi à un moment ou à un autre dans des camps de concentration, est-ce exact?
R: Pendant toute cette période, 7000 SS à un moment ou à un autre.
Q: Vous dites que vous étiez commandant du camp de concentration jusqu'au 1er décembre 1943?
R: Oui.
Q: N'êtes-vous pas resté là jusqu'en 1944?
R: J'y étais encore en 1944 pendant 3 mois afin d'y introduire le nouveau commandant.
Q: Quand était-ce?
R: C'était pendant les 3 mois de juin, juillet et août 1944.
Q: Quel était le nom du nouveau commandant?
R: Après mon départ, Auschwitz a été divisé en 3 camps différents, et les 3 nouveaux commandants que j'ai introduits étaient le Sturmbannführer Baer (KL Auschwitz I Stammlager), le Haupsturmführer Kramer (KL Auschwitz II Birkenau), et le Haupsturmführer Schwarz (KL Auschwitz III Monowitz - tous ajouté par moi).
Q: Et qui était responsable entre le 1er décembre 1943 et juin 1944?
R: Au Camp n° 1, c´était l'Obersturmbannführer Liebehenschel (Arthur), au camp n° 2 le Sturmbannführer Hartjenstein (Friedrich), et au camp n° 3, le Hauptsturmführer Schwarz (Heinrich - tous ajouté par moi), qui est resté par la suite.
Q: Maintenant, pendant la période qui a précédé la construction des installations permanentes, combien d'êtres humains ont-ils été gazés?
R: Je ne peux pas vous donner le nombre. Je ne sais pas. Je ne peux même pas vous donner une estimation.
Q: Combien de personnes étaient gazées chaque jour?
R: Comme je l'ai déjà dit, si une opération était entreprise, normalement 2 trains étaient pris chaque jour, c'est-à-dire 1600 à 1700 personnes étaient sélectionnés selon les diverses considérations et pourcentages que je vous ai mentionnés hier.
Q: Si je vous ai bien compris, vous m'avez dit qu'un train transportait environ 2000 personnes?
R: Oui.
Q: Et 2 trains font 4000 personnes n'est-ce pas?
R: Oui.
Q: Et même si nous utilisons un pourcentage de 25% d'hommes valides, cela signifie 1000...
R: Vous auriez dû comprendre que je parlais d'un train de 1600 ou 1700 personnes, et 2 trains signifieraient 2 fois ce nombre; ce qui ferait 3400 ou 3500 personnes au total.
Q: Vous voulez donc dire que sur 2 trains quotidiens, environ 3500 personnes étaient gazées?
R: Oui.
Q: Étiez-vous sûr du pourcentage également?
R: Oui, et de la manière dont les trains arrivaient.
Q: Vous avez donc commencé de telles actions vers juillet 1941, n'est-ce pas?
R: Oui.
Q: De juillet 1941 à octobre 1942, cela fait 15 mois?
R: Oui.
Q: Et la moyenne, en prenant les choses de manière très conservatrice, était de 3000 personnes par jour?
R: Oui, mais ces opérations n’étaient pas menées quotidiennement. Par exemple pendant 4 ou 5 semaines, puis après pendant une période de temps, rien d'autre n’était entrepris.
Q: Donc en 1941, vous avez mené des actions contre les juifs Slovaques et les Juifs polonais?
R: Oui.
Q: Combien?
R: Encore une fois, je ne peux vous donner que le total final. Je ne sais pas pendant quelle période ils ont été gazés.
Q : J’ai eu les chiffres hier, et nous y reviendrons plus tard. Je suis sûr que vous avez oublié hier de mentionner les prisonniers russes qui ont été exterminés à Auschwitz?
R: Oui, j’avais oublié. Je ne les ai pas mentionnés.
Q: Hier, vous m’avez dit que seuls les juifs ont été tués.
R: D'après la façon dont vous m'avez posé la question, j'ai compris que vous ne m'interrogiez que sur les juifs, et non sur la décision et la sentence prononcées par le SS-Standgericht, qui n'ont pas été ajoutées à ces chiffres.
Q: Vous m'avez dit hier que les exécutions provoquées par les sentences du SS-Standgericht ont été effectuées par pendaison et par balle, et non par gazage. Cependant, nous savons avec certitude que des prisonniers russes ont également été gazés, n'est-ce pas?
R: Oui, mais cela n'a rien à voir avec les vericts prononcés par le SS-Standgericht.
Q: Mais considérez-vous les russes comme des êtres humains et les juifs comme du bétail, lorsque vous parliez hier d'exécutions de bétail et non d'exécutions humaines?
R: J'ai supposé hier que vous ne vouliez que des informations sur les exécutions de juifs, et non sur les russes.
Q: Je veux savoir tout ce que vous pouvez dire sur chaque exécution à Auschwitz, et je ne veux pas que vous me cachiez quoi que ce soit.
R: Oui, je comprends.
Q: Il nous faut maintenant remonter à 1941 et découvrir combien de prisonniers de guerre russes ont été gazés à Auschwitz à cette époque.
R: Je ne peux pas vous donner ce chiffre.
Q: Combien environ?
R: (Pas de réponse)
Q: Était-ce 50.000?
R: Non, pas tant que ça. Peut-être 10.000.
Q: Et la procédure était-elle la même que pour le gazage des juifs?
R: Oui.
Q: Qui a donné l'ordre d'exécuter les prisonniers de guerre russes?
R: Ces envois sont arrivés via les agences compétentes de la Stapo à Kattowitz, Troppau, et Breslau.
Q: Saviez-vous que les prisonniers de guerre étaient sous la juridiction de la Gestapo?
R: Je ne sais pas. Ils ont été transférés et remis à l'agence de la Stapo en tant que prisonniers de guerre. Je ne sais pas pour quelle raison.
Q: Qui les a sélectionnés dans leurs camps de prisonniers?
R: Je ne sais pas.
Q: Les prisonniers de guerre qui sont arrivés étaient-ils russes? Venaient-ils du Turkestan? Ou bien étaient-ils de toutes sortes de nationalités de l'URSS?
R: D'après ce que j'ai vu des gens qui sont arrivés là-bas, ils venaient de toutes les régions de Russie.
Q: Qui les surveillait à leur arrivée?
R: Des unités de transport de la Wehrmacht les ont amenés des camps de prisonniers de guerre.
Q: Soyons clairs. Ont-ils été amenés directement par des membres de la Gestapo des camps de prisonniers de guerre et sous la garde d'unités de la Wehrmacht à Auschwitz?
R: Un officier de la Wehrmacht commandait le train, et l'officier de la Gestapo avait une lettre d'autorisation du bureau de la Gestapo stipulant que les personnes qui se trouvaient dans ce train devaient bénéficier d'un "traitement spécial" ("Sonderbehandlung" signifiant gazage - ajouté par moi).
Q: Qui a signé cet ordre?
R: Un officier de la Stapo de Kattowitz, de Troppau ou de Breslau... quelle que soit la région d'origine de ces prisonniers.
Q: Sont-ils arrivés en train ou ont-ils marché jusqu'à Auschwitz?
R: Ils sont arrivés en train.
Q: Combien de prisonniers y avait-il dans chaque train?
R: Comme dans le cas des juifs, environ 2000.
Q: Quel était le nombre de gardes?
R: Environ l'effectif d'une compagnie.
Q: Sous le commandement d'un officier?
R: Oui, un officier de la Wehrmacht.
Q: Et les sous-officiers?
R: Oui, également.
Q: Où est arrivé le train?
R: Dans le camp même. Nous avions un embranchement spécial dans le camp où les trains arrivaient.
Q: Que s'est-il passé ensuite? Ces prisonniers ont-ils été conduits directement dans les chambres à gaz?
R: Non, le train a d'abord été déchargé, puis après le déchargement, les gardes ont quitté le camp.
Q: Aucun représentant de la Wehrmacht n'est-il resté sur place pour observer les procédures, et veiller à ce que les ordres soient exécutés?
R: Non, il n'avait rien à voir avec cela. Il s'occupait uniquement du transport des prisonniers du camp de prisonniers de guerre au camp de concentration. L'exécution des ordres était du ressort des fonctionnaires de la Gestapo.
Q: Les soldats de la Wehrmacht qui participaient à la surveillance savaient-ils ce qui allait arriver aux prisonniers de guerre russes?
R: Je ne le crois pas.
Q: Pourquoi ne le croyez-vous pas?
R: Parce qu'il arrivait aussi que des prisonniers de guerre qui étaient remis au camp arrivent dans des trains pour être envoyés au travail.
Q: Mais on savait que le camp d'Auschwitz n'était pas un camp de prisonniers de guerre, n'est-ce pas?
R: Oui, c'était de notoriété publique.
Q: Pourquoi des prisonniers de guerre russes ont-ils été envoyés au camp? Qu'en pensaient les soldats?
R: Peut-être qu'ils étaient aussi utilisés à des fins de travail.
Q: Y a-t-il jamais eu des officiers ou des membres de la Wehrmacht dans le camp qui ont assisté à des événements?
R: Non, personne n'a été autorisé à entrer. L'endroit où ce train est arrivé a été bloqué et après le déchargement, les membres de la Wehrmacht ont dû remonter dans le train et n'ont pas été autorisés à entrer dans la zone du camp.
Q: Combien d'années le gazage des prisonniers de guerre russes a-t-il duré?
R: Je crois que cela a pris fin au début de 1942. En fait, je crois que nous n'avons plus reçu de prisonniers de guerre après cette période.
Q: Vous avez estimé qu'environ 10.000 prisonniers de guerre ont été tués en 1941?
R: Oui.
Q: Combien ont été tués en 1942?
R: Je ne peux pas vous donner de chiffres. Lorsque j'ai été interrogé à Minden, l'interrogateur m'a dit que le nombre total devait certainement être de l'ordre de 100.000, mais j'ai dit que je ne pensais pas qu'ils étaient si nombreux. C'est impossible... Ils n'étaient certainement pas si nombreux, mais je souligne également le fait que je ne peux pas donner de chiffres précis.
Q: Que diriez-vous d'une estimation?
R: C'est difficile à dire. Je ne crois pas qu'il y en ait eu un très grand nombre parce que les trains n'arrivaient pas toutes les jours. Parfois il n'y avait pas de train pendant des semaines. J'ai essayé de me rappeler en comptant par mois le nombre total de prisonniers qui sont arrivés là-bas.
R: Quelle serait votre estimation la plus prudente?
R: Le maximum possible sur une période d'environ 1 an, serait d'environ 18 à 20.000.
Q: Y compris les 10.000 de 1941, ou pas?
R: Cela inclut les 10.000 en une année. Mais cela n'inclut pas les 10.000 qui nous ont été remis pour le travail.
Q: Donc 18 à 20.000 prisonniers russes ont été gazés à Auschwitz?
R: Je pense.
Q: Combien ont été pendus?
R: Seulement les cas individuels qui ont été condamnés par le SS-Standgericht. Il n'y avait que quelques cas individuels. Ils ont été pendus ou fusillés.
Q: Qu'entendez-vous par quelques cas?
R: Peut-être 2 ou 3 au cours d'un mois. Il n'y avait que ceux qui avaient commis un crime ou qui avaient tenté de s'échapper.
Q: Donc les prisonniers russes qui tentaient de fuir étaient pendus?
R: Non, ceux qui avaient commis un crime comme un vol ou un viol. Alors ils étaient pendus.
Q: Qu'est-il arrivé aux prisonniers de guerre qui avaient été repris après une évasion, et qui n'avaient commis ni vol ni viol?
R: Ils nous étaient remis comme prisonniers ordinaires du camp de concentration pour travailler, et cela arrivait fréquemment
Q : Et que se passait-il lorsque les inspecteurs des prisonniers de guerre, qui étaient sous l'autorité de l'OKW ("Oberkommando der Wehrmacht" Haut Commandement des Forces Armées - ajouté par moi), venaient au camp lors de leurs inspections régulières?
R: Aucune inspection n'est arrivé.
Q: Ou lorsque des représentants de la Croix-Rouge internationale venaient?
R: Cela n'est jamais arrivé à Auschwitz.
Q: Savez-vous que selon les règles de la guerre, de la Convention de Genève, les prisonniers de guerre sont sous la surveillance de la Croix-Rouge internationale?
R: Oui, je le sais.
Q: Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi ils n'ont pas inspecté votre camp?
R: Selon moi, ils n'étaient plus considérés comme des prisonniers de guerre s'ils étaient remis au camp de concentration par le bureau de la Gestapo.
Q: N'y avez-vous jamais pensé?
R: En fait, on nous a toujours dit que les Russes ne reconnaissaient pas les règlements et les accords conclus par la Croix-Rouge internationale ou par la Convention de Genève.
Q: Vous pensiez donc que les êtres humains qui avaient combattu contre vous pouvaient être traités comme du bétail?
R: Non.
Q: Le traitement dans les camps de concentration était-il bien mené?
R: Que voulez-vous dire par bien?
Q: Ont-ils eu assez à manger?
R: Oui.
Q: Ont-ils eu des logements confortables, comme vos propres soldats?
R: Non.
Q: Mais selon les règles concernant les prisonniers de guerre, ils étaient censés avoir le même type de logement et la même nourriture que les soldats.
R: Oui.
Q: Ont-ils eu cela?
R: Non, ce n’était pas possible. Ils recevaient la même nourriture et les mêmes logements que les autres détenus des camps de concentration.
Q: Était-ce suffisant?
R: La nourriture?
Q: Oui, était-ce suffisant?
R: Oui, je suppose...
Q: Comment pouvez-vous supposer de telles choses? Vous étiez le commandant d’Auschwitz! Vous devriez savoir s’ils avaient assez à manger?
R: Au début, lorsque la situation alimentaire en Allemagne était encore bonne, la nourriture dans le camp était tout à fait suffisante et adéquate. Mais plus tard en 1943, lorsque la situation alimentaire s’est aggravée en Allemagne, et que le nombre de prisonniers dans le camp a augmenté, il n’a plus été possible aux agences alimentaires compétentes de fournir la nourriture nécessaire pour que les prisonniers puissent être nourris correctement.
Q: Vous ne dites pas la vérité, Höss. Déjà en 1941, un grand nombre de prisonniers de guerre russes dans les camps de concentration et de détenus sont morts de faim.
R: Non, je ne crois pas qu’ils soient morts de malnutrition. Ils sont morts de maladies.
Q: Mais les épidémies étaient graves parce que les prisonniers n’avaient aucune capacité de résistance; ils étaient faibles à cause de la malnutrition, n’est-ce pas?
R: Oui, c’est exact. Mais la nourriture était telle qu’ils pouvaient être rassasiés. La valeur calorique de la nourriture n’était probablement pas telle qu’un homme puisse résister à des maladies telles que le typhus et la fièvre typhoïde.
Q: Les conditions sanitaires dans le camp étaient donc mauvaises, car les épidémies pouvaient prendre pied à une grande échelle n’est-ce pas?
R: En 1941, l’équipement sanitaire étaient encore adéquat et bon. Ensuite, la situation s’est aggravée en raison de l’augmentation du nombre de prisonniers, et aussi parce que les institutions et les conditions sanitaires n’ont pas pu être améliorées suffisamment rapidement.
Q: Laissons ce sujet de côté un instant, et revenons à octobre 1942 lorsque les premières installations permanentes ont été construites.
R: Oui.
Q: Où se trouvaient les nouveaux crématoires?
R: À Birkenau.
Q: Et il y avait un embranchement menant aux crématoires?
R: Oui.
Q: Lorsque un train arrivait, les prisonniers étaient déchargés de la même manière qu'ils avaient été déchargés lors des exécutions précédentes?
R: Oui.
Q: Ensuite, où marchaient-ils?
R: Ensuite, ceux qui étaient aptes au travail étaient sélectionnés, et les autres marchaient vers les crématoires nouvellement érigés.
Q: La sélection des juifs valides avait-elle lieu dans le bâtiment ou à l'extérieur?
R: À l'extérieur, comme mentionné précédemment, lorsque le train arrivait.
Q: C'est-à-dire que les juifs défilaient devant les médecins SS?
R: Oui.
Q: Donc, quand un train avec 2000 personnes arrivait, elles passaient devant les médecins. Et ils hochaient juste la tête: celui-ci pour le travail, celui-là pour le crématoire?
R: Oui.
Q: Quel genre d'examen était-ce? Était-ce un examen suffisant?
R: Oui, les médecins m'ont dit que c'était suffisant.
Q: Étaient-ils vraiment des médecins qualifiés?
R: Pas tous. Il y avait beaucoup de médecins...
Q: Ils devaient être extrêmement intelligents, juste pour regarder des personnes habillées et pouvoir quand même dire "Celui-là est bon pour le travail, et cet autre est mauvais".
R: Oui, c'est ainsi que cela s'est passé.
Q: Avez-vous déjà été examiné par un médecin pour votre service militaire?
R: Oui.
Q: Vous a-t-il simplement jeté un coup d'œil, puis a-t-il dit que vous alliez bien?
R: Non.
Q: Qu'a-t-il fait pour vous examiner?
R: J'ai dû me déshabiller, et on m'a examiné de près: mon cœur, mes poumons, et d'autres organes du corps.
Q: N'avez-vous jamais pensé que les gens que vous deviez employer dans vos industries de guerre et dans vos usines devaient être des spécimens parfaits de virilité, des personnes physiquement fortes et valides?
R: Seuls ceux qui semblaient à première vue forts et en bonne santé étaient sélectionnés.
Q: Combien de temps un ouvrier durait-il en moyenne?
R: Cela dépendait de l'endroit où il travaillait et de ce qu'il faisait.
Q: Combien d'heures travaillait-il par jour?
R: Dans une industrie d'armement, en moyenne 10 heures. Cela dépendait également de l'itinéraire de marche depuis le lieu où ils étaient logés, s'ils travaillaient à l'extérieur ou à l'intérieur, et aussi s'ils travaillaient dans des usines souterraines.
Q: Et quelle quantité de nourriture recevait un tel ouvrier?
R: Ceux qui travaillaient dans des industries permanentes recevaient une ration alimentaire normale, et ils recevaient également en plus une provision supplémentaire de pain.
Q: Est-ce qu'ils recevaient la même nourriture que les gardes?
R: Non, les gardes étaient nourris avec des rations militaires, et les prisonniers recevaient des rations civiles.
Q: Mais le quota de prisonniers était si important que la survie ou non des ouvriers n'avait aucune importance?
R: Non, ce n'est pas exact. J'ai été réprimandé à plusieurs reprises par mon autorité supérieure, le WVHA de Pohl, qui s'est plaint du fait que trop peu d'ouvriers ou d'hommes aptes au travail étaient sélectionnés et utilisés à des fins de travail.
Q: Mais d'un autre côté, vous avez reçu des plaintes de Müller et d'Eichmann selon lesquelles trop peu d'hommes avaient été exterminé, n'est-ce pas?
R: Oui, c'est exact. C'était l'opposition... ou le contraste.
Q: Quel point de vue a gagné?
R: Pohl a gagné, parce que l'industrie de l'armement avait besoin de tellement d'hommes qu'il était devenu un devoir pour chaque commandant de camp, où qu'il se trouve, de conserver autant de main-d'œuvre que possible à des fins de travail.
Q: Mais Auschwitz a quand même réussi à exterminer un nombre assez important, quelque chose comme des millions, n'est-ce pas?
R: Oui.
Q: Combien de millions?
R: Je me réfère encore à la déclaration que m'a faite Eichmann en mars ou avril 1944, lorsqu'il a signalé au Reichführer que ses services avaient remis 2.5 millions de personnes au camp.
Q: Dans la zone d'Auschwitz?
R: Oui.
Q: Seulement dans la zone d'Auschwitz?
R: Oui.
Q: 2.5 millions dites-vous?
R: Oui.
Q: Êtes-vous sûr?
R: Si je me souviens du chiffre de 2.5 millions, c’est parce qu’on m’a dit à plusieurs reprises qu’Auschwitz devait exterminer 4 ou 5 millions de personnes. Nous avions reçu l’ordre du Reichsführer-SS de détruire immédiatement tout le matériel comptable, et de ne conserver aucune trace des exécutions qui étaient en cours.
Q: Les 2.5 millions de personnes ont été livrées à Auschwitz, étaient-ce celles qui ont été exécutées?
R: Exécutées et exterminées.
Q: En fait, un nombre bien plus important a été livré au camp d’Auschwitz?
R: Oui. Selon le pourcentage que j’ai déjà mentionné. Il faudrait ajouter 20 à 30% qui ont été utilisées à des fins de travail.
Q: Ces 2.5 millions et de personnes ont-elles été gazées
R: Oui.
Q: Et qu'en est-il du demi-million de personnes qui ont été mises à mort par d'autres moyens?
R : Il s'agissait de ceux qui sont morts naturelles ou de maladies dans le camp.
Q: N'avez-vous pas su ce qui se passait à Auschwitz jusqu'au dernier moment, même lorsque vous avez quitté votre poste de commandant?
R: Oui.
Q: Vous étiez au bureau administratif et économique, n'est-ce pas?
R: C'est-à-dire à l'autorité supérieure.
Q: Vous avez donc été promu du poste de commandant d'Auschwitz à quoi?
R: Chef d'un Amt I, en tant qu'inspecteur adjoint des camps de concentration.
Q: Était-ce l'Amt Vl?
R: C'était dans la section D, dans le bureau central de l'économie et de l'administration (WVHA), c'est-à-dire la section de l'Amt intitulé "Inspection des camps de concentration".
Q: Les gens qui devaient être gazés dans les installations permanentes se déshabillaient-ils à l'extérieur de ces grands bâtiments?
R: Non. Il y avait une pièce spéciale.
Q: Il y a un instant, vous avez dit qu'ils se déshabillaient à l'extérieur?
R: Non. Le train était déchargé, ils déposaient leurs bagages, ils étaient triés selon qu'ils étaient aptes au travail ou non, puis ceux qui avaient été sélectionnés pour le travail partaient, et tous les autres se déshabillaient dans une salle de déshabillage.
Q: Que leur arrivait-il là-bas?
R: On leur a dit qu’ils allaient prendre un bain, être épouillés et désinfectés.
Q: Ils se déshabillaient et rangeaient leurs affaires exactement de la même manière que vous nous l’avez dit hier, comme cela se passait dans les fermes? (les Bunkers 1 et 2 - ajouté par moi)
R: Oui.
Q: Combien de personnes pouvaient être gazées en même temps dans une chambres à gaz d’une installation permanente?
R: 2000.
Q: Un train entier?
R: Oui.
Q: Et comment se déroulait le gazage?
R: Tout se passait sous terre. Dans le plafond des chambres à gaz, il y avait 3 ou 4 ouvertures qui étaient entourées d'une grille qui atteignait le sol de la chambre, et par ces ouvertures le gaz était versé.
Q: Et ensuite, que se passait-il?
R : La même chose se produisait que ce que je vous ai déjà dit dans les fermes. Cela dépendait des conditions météorologiques. S'il faisait sec et qu'il y avait beaucoup de monde dans les chambres, cela allait relativement vite.
Q: Combien de temps durait le gazage?
R: Comme je l'ai déjà indiqué, de 3 ou 5 minutes, à 15 minutes.
Q: Et comment saviez-vous qu'ils étaient tous morts?
R: Il y avait une ouverture, ou une lucarne à travers laquelle on pouvait regarder.
Q: Et avez-vous entendu des bruits de l'extérieur?
R: Oui, mais seulement en sourdine, car les murs étaient en ciment très épais, de sorte qu'il était presque impossible d'entendre quoi que ce soit.
Q: Et après combien de temps les portes étaient-elles ouvertes?
R: Au bout d'une demi-heure, comme dans le cas des autres endroits.
Q: Et qui est entré pour enlever les corps?
R: Le commando des prisonniers qui travaillaient là (Sonderkommando). Je pourrais ajouter que dans les installations des crématoires, on a ajouté des ventilateurs électriques qui éliminaient les vapeurs de gaz.
Q: Mais, n'était-ce pas un travail assez dangereux pour ces détenus, que d'entrer dans ces chambres et de travailler parmi les corps et parmi les vapeurs de gaz?
R: Non.
Q: Est-ce qu'ils portaient des masques à gaz?
R: Ils en avaient, mais ils s'en servaient rarement car rien ne se passait jamais.
Q: Où les corps ont-ils ensuite été emmenés?
R: Dans le crématoire situé au-dessus.
Q: Est-ce qu'il y avait des ascenseurs?
R: Oui.
Q: Où les bagues étaient-elles retirées? Était-ce dans la chambre à gaz elle-même?
R: Non. Il y avait une antichambre à l'extérieur de la chambre à gaz, juste avant l'ascenseur, où les bagues et les anneaux étaient retirées.
Q: Et retiraient-ils les dents en or?
R: Oui.
Q: Comment étaient disposés les crématoires?
R: Il y avait en 4. Les 2 premiers, plus grands, avaient 5 fourneaux doubles (lire triples) et pouvaient brûler 2000 corps en 24 heures.
Q: Quel type de combustible utilisiez-vous?
R : Du coke.
Q: Et les corps étaient simplement poussés dedans n'est-ce pas?
R: Il y avait des petits charriots comme ceux utilisés dans les crématoires des villes, et les corps étaient poussés jusqu'à l'ouverture et glissés dedans.
Q: Combien de corps un four pouvait-il contenir?
R: Le four double pouvait contenir 3 corps à la fois.
Q: Combien de minutes fallait-il avant que les corps ne soient réduits en cendres?
R: C'ést difficile à dire. Lorsque la pleine puissance de combustion du four était disponible, le processus se déroulait relativement rapidement. Mais plus tard, après qu'un grand nombre de corps aient été brûlés, c'était plus lent. Cela dépendait également de la composition corporelle du cadavre.
Q: Quel type de corps brûlait le plus vite?
R: Les personnes lourdes et grasses.
Q: Étiez-vous souvent présent lors de ces gazages et de ces incinérations?
R: Oui.
Q: Pourquoi?
R: Parce que je devais le faire. Je devais superviser ces procédures.
Q: Pourquoi deviez-vous les superviser?
R: Pour veiller à ce que tout se déroule de manière ordonnée.
Q: Était-ce intéressant?
R: Non, certainement pas.
Q: Pourquoi pas? Ce sont des ennemis du peuple allemand qui ont été exécutés, n'est-ce pas?
R: Mais la procédure n'était pas telle qu'on puisse s'y intéresser.
Q : Vous m'avez dit hier que Himmler vous avait expliqué que tout juif, quel que soit son sexe ou son âge, représentait un danger mortel pour le peuple allemand?
R: Oui
Q : Cela a dû être une grande satisfaction pour vous de voir que le danger pour le peuple allemand a été éliminé de manière aussi efficace?
R: Certainement pas.
Q: Vous avez dû faire de nombreux rapports à Berlin, n'est-ce pas?
R: Non, jamais.
Q: Vous n'avez jamais quitté Auschwitz après le début des exécutions à grande échelle?
R: Pas pour rendre compte.
Q: Qu'avez-vous rapporté à Berlin?
R: J'ai été convoqué par mon supérieur à une réunion de commandants, et mon supérieur m'a interrogé sur certaines questions. Mais je ne sais plus aujourd'hui ce qu'elles étaient.
Q: Vous vous souvenez qu'en novembre 1942, vous étiez à Berlin dans le bureau d'Eichmann, à une réunion d'experts sur la solution de la question juive?
R: Oui.
Q: Avez-vous donné une conférence à ce moment-là?
R: Non, pas moi.
Q: N'avez-vous pas expliqué à quel point le dispositif d'Auschwitz était efficace?
R: Non.
Q: Qui y donnait les conférences?
R: Eichmann, et divers dirigeants de Belgique, de Hongrie, etc...
Q: Y avait-il des cartes à étudier ?
R: (Pas de réponse)
Q: Je ne parle pas d'Auschwitz, mais de Berlin lors de la réunion?
R: Non.
Q: Pas de données statistiques?
R: Non. Les différents experts des différents pays ont seulement révélé combien de juifs avaient déjà été déportés dans les camps, et combien pouvaient encore l'être.
Q: Vous vous êtes contenté d'assiser en tant qu'auditeur, et n'avez pas expliqué à l'assemblée ce qui se passait à Auschwitz?
R: Ils savaient.
Q: Comment le savaient-ils? Vous m'avez dit que Himmler vous avait dit que c'était un secret dont personne n'était censé savoir quoi que ce soit à part vous?
R: Oui, mais c'était en 1941, lorsque j'ai reçu cette instruction du Reichsführer-SS de garder le secret. Entre-temps, les différents bureaux avaient tous reçu leurs instructions, de sorte que ces experts devaient savoir à ce moment-là ce qui se passait.
Q: Vous souvenez-vous de l'une des personnes présentes?
R: Il y avait Eichmann, le Sturmbannführer Gunther (No2 du bureau 4 B IV, député permanent d'Eichmann - ajouté par moi), je ne connais pas son prénom (Rolf - ajouté par moi). Je n'en connais qu'un, c'était l'adjoint d'Eichmann.
Q: Qui d'autre?
R: Je ne connais pas les autres par leur nom. Le seul dont je me souviens encore était l'homme de Slovaquie, Wisliceny (SS-Hauptsturmführer Dieter - ajouté par moi), et je crois peut-être un certain Dr Seidl (SS-Hauptsturmführer Siegried, commandant du camp de Theresienstadt jusqu'en juillet 1943 - ajouté par moi).
Q: Quel pays représentait-il ?
R: Je ne sais pas.
Q: Abromeit était-il là? (SS-Hauptsturmführer Franz - ajouté par moi)
R: Je ne sais pas.
Q: Danecker était-il là? (SS-Hauptsturmführer Theodor - ajouté par moi)
R: Oui, il était là.
Q: Brunner était-il là? (SS-Hauptsturmführer Alois - ajouté par moi)
R: Oui, Brunner était là.
Q: Krumey était-il là? (SS-Obersturmbannführer Hermann - ajouté par moi)
R: Je connais Krumey, mais je ne sais pas s'il était là.
Q: D'où connaissiez-vous Krumey?
R: Krumey était venu Auschwitz une fois sur ordre d'Eichmann.
Q: Le Hauptsturmführer Burger était-il là? (Anton, commandant du camp de Theresienstadt à partir de juillet 1943 - ajouté par moi)
R: Je ne le connais pas. Je n'ai jamais entendu son nom.
Q: Connaissez-vous le Hauptsurmführer Novak? (Franz - ajouté par moi)
R: Oui, il était là.
Q: Quelle était la spécialité de Novak?
R: Je ne sais pas. (expert au IV B 4 pour la coordination des horaires des transports de juifs à travers l'Europe - ajouté par moi)
Q: Comment l'avez-vous connu?
R: Je l'ai rencontré dans le bureau d'Eichmann et dans le bureau de Gunther. Il était dans les antichambres de Gunther.
Q: Aviez-vous quelque chose à voir avec Hrosinek?
R: Je n'ai jamais entendu parler de ce nom.
Q: Ou Hartenberger?
R: Non.
Q: Ou Hartmann?
R: Je ne le connais pas non plus.
Q: Et Rudolf Jänisch? (SS-Obersturmführer - ajouté par moi)
R: Oui, je le connais. Je connais son nom.
Q: Était-il présent à la réunion?
R: Oui. Jänisch était également dans le bureau d'Eichmann et de Guenther. Il était plus ou moins adjoint dans ce bureau.
Q: Je vous montre maintenant un document intitulé "Annexe A 1, Position de la sous-section IV A 4 b de l'Amt IV du RSHA, responsable de la solution de la question juive" et dites-moi si vous connaissez certains des noms que je n'ai pas mentionnés au bas de la page.
R: J'ai vu Moess et Woern. Kryshak, je ne me souviens pas.
Q: Vous avez vu ces 2 là à la réunion aussi?
R: Je connais certainement Moess, et je l'ai vu.
Q: Voici un schéma de la configuration du RSHA avec les filières hiérarchiques de commandemant de haut en bas, et la sous-section pour la solution de la question juive. D'après vos connaissances, est-ce correct?
(Höss regarde le schéma)
Q: Vous vous souvenez que vous témoignez sous serment? Pouvez-vous maintenant dire que c'est correct?
R: Oui, c'est correct.
Q: Maintenant les noms. Kaltenbrunner. Est-ce correct? (SS-Obergruppenführer Ernst, chef du RSHA à partir de 1943 - ajouté par moi)
R: Oui.
Q: Le chef de la Gestapo Amt IV Müller? (SS-Gruppenführer Heinrich - ajouté par moi)
R: Oui.
Q: Chef de la sous-section IV B 4 Eichmann?
R: Oui.
Q: Et subordonné à cette sous-section du département central pour la réglementation de la question juive en Bohême et en Moravie?
R: Oui.
Q: C'est également exact?
R: Oui.
Q: Et également subordonnée cette sous-section se trouvait l'agence centrale pour l'émigration juive à Vienne?
R: Oui, c'est également exact. Plus tard en 1944, l'Obersturmbannführer Krumey était chef à Vienne.
Q: Mais il est exact de dire que son prédécesseur était le Hauptsturmführer Brunner?
R: C'est exact.
Q: Et son adjoint était Girzick?
R: Je n'ai jamais entendu ce nom. Je ne sais pas.
Q: En ce qui concerne la réunion de novembre 1942, de quoi Eichmann a-t-il parlé?
R: C'était l'inverse. Les différents représentants des différents pays devaient rendre compte à Eichmann de la situation dans leur pays respectifs.
Q: En présence de tous les participants à la réunion?
R: Oui. C'était plutôt une sorte de table ronde. Chaque participant demandait à Eichmann ce qu'il devait faire face aux difficultés qui survenaient. Par exemple, en France, on demandait ce qu'il fallait faire avec les transports par chemin de fer, les relations avec Wehrmacht, etc... et on répondait ensuite à ces questions.
Q: Quelles difficultés y avait-il en rapport avec la Wehrmacht?
R: Il s'agissait surtout de transport, et du contrôle de la Wehrmacht sur les transports ferroviaires qui ne mettait pas toujours à disposition le matériel roulant.
Q: Quelle fut la réponse d'Eichmann à cette difficulté?
R: Eichmann leur a dit qu'il connaissait leurs difficultés, qu'il savait qu'ils pourraient demander de l'aide sur place. De plus, les personnes présentes à la réunion devaient indiquer combien de Juifs ils avaient déjà évacués et combien, selon leur estimation, il fallait encore en attendre. C'était aussi la raison pour laquelle je devais être présent.
Q: Le mot "Endlösung" - Solution Finale - a-t-il été utilisé lors de cette réunion?
R: Oui, c'était l'expression d'Eichmann.
Q: Qu'est-ce que cela signifiait?
R: Cela signifiait l'extermination, comme je vous l'ai déjà expliqué.
Q: Pouvez-vous dire, de manière absolument certaine ce que signifiait le mot "Endlösung"?
R: Je ne peux vous dire que ce que j’en comprends, tel que je l’ai compris du Reichsführer-SS lui-même.
Q: Et cela signifiait?
R: Cela signifiait l'extermination.
Q: De qui?
R: Des juifs.
Q: Ainsi, le mot ou les mots "Solution Finale" ont été utilisés dans ce cercle, ce qui signifiait l’extermination biologique totale des juifs?
R: Oui.
Q: Et après cette réunion, êtes-vous retourné à Auschwitz?
R: Oui.
Q: Quelle a été la réunion suivante à laquelle vous avez assisté?
R: Je n’ai plus jamais assisté à une autre réunion avec Eichmann.
Q: En 1943, étiez-vous à Berlin lors d'une réunion où Eichmann expliquait aux différents ministères, ou aux représentants des différents ministères, ce que signifiait "Endlösung"?
R: Non.
Q: Où il expliquait que "Endlösung" ne signifiait prétendument que la stérilisation et l'évacuation des juifs?
R: Non, je ne sais pas.
Q: Avez-vous entendu parler d'une telle réunion?
R : Non, c'est la 1ère fois que j'en entends parler.
Q: En êtes-vous sûr?
R: Oui. Je n'ai participé qu'à une seule réunion avec Eichmann.
Q: Vous n'avez jamais assisté à une réunion à laquelle participaient des représentants de ministères?
R: Non, jamais.
Q: Pourquoi êtes-vous allé à Budapest en mai 1944?
R: Parce que j'avais reçu un ordre de mon supérieur, le Gruppenführer Glücks, qui m'avait chargé d'aller là-bas pour savoir combien de juifs pouvaient encore être attendus pour les industries d'armement qui devaient être créées. Il voulait savoir sur combien il devait compter comme main-d'œuvre.
Q: Ensuite?
R: Après avoir reçu cet ordre du Gruppenführer Glücks, j'ai pris contact avec le Gruppenführer Müller à Berlin, afin d'obtenir des informations de sa part car il était l'autorité supérieure.
R: Un instant. Était-il le supérieur de Glücks?
R: Non, cela n'a rien à voir avec Glücks. Müller était l'autorité supérieure d'Eichmann.
Q: Pourquoi êtes-vous allé voir Müller alors?
R: Parce que le Gruppenführer Müller devait être informé par son expert, Eichmann, du nombre de juifs qu'on pouvait encore attendre de Hongrie.
Q: Comment Eichmann le savait-il?
R: Parce qu'Eichmann était l'expert chargé de cette question.
Q: En quoi était-il compétent? La Hongrie n'était pas l'Allemagne?
R: Mais Eichmann était en Hongrie à ce moment-là. (à la suite de l'occupation de la Hongrie par la Wehrmacht le 19 mars 1944, Eichmann, à la tête d'un "Sondereinsatzkommando" de 150 personnes, dirigea depuis l'hotel Atoria à Budapest, la déportation des juifs hongrois vers Birkenau, du 27 avril au 11 juillet 1944 - ajouté par moi)
Q: Qu'y faisait-il?
R: Il était responsable de toute l'évacuation.
Q: Quelle évacuation?
R: L'évacuation des juifs.
Q: Mais il n'y avait pas de juifs allemands en Hongrie?
R: Non, seulement des juifs hongrois.
Q: Comment les Allemands pouvaient-ils s'occuper de l'évacuation, comme vous l'appelez, des juifs hongrois?
R: Je ne sais pas.
Q: N'est-ce pas étrange?
R: Cela s'est produit dans d'autres pays aussi.
Q: Mais la Hongrie était un allié de l'Allemagne?
R: Je ne connais pas les accords qui avaient été conclus entre les gouvernements de ces différents pays.
Q: Mais vous savez qu'il y avait des accords entre la Hongrie et l'Allemagne?
R: Oui, car sinon ils n'auraient pas pu être évacués.
Q: Avez-vous vu un accord?
R: Non.
Q: Eichmann vous a-t-il parlé d'accords?
R: Oui.
Q: A l'hôtel Astoria à Budapest?
R: Non. Je n'ai jamais séjourné dans aucun hôtel, mais j'étais dans son bureau sur Schwabemberg à Budapest.
Q: Où avez-vous séjourné à Budapest?
R: J'ai séjourné chez Eichmann.
Q: Retournons à Berlin et parlons du Gruppenführer Müller. Quelles informations vous a-t-il données?
R: Il m’a seulement dit que je devais me rendre moi-même à Budapest et contacter Eichmann pour avoir plus d'informations.
Q: Vous êtes donc allé à Budapest?
R: Oui.
Q: Quand était-ce?
R: Je ne peux pas vous donner la date exacte.
Q: Quel mois?
R: C’était au printemps 1944.
Q: Quand avez-vous vu Eichmann, que vous a-t-il dit?
R: Il n’a pas pu non plus donner de chiffre exact, mais il a estimé qu’environ 2 millions de juifs étaient présents en Hongrie.
Q: Et les 2 millions devaient être envoyés à Auschwitz?
R: Il a dit tout de suite que cette estimation était selon lui trop élevée. Il ne savait pas combien il y en avait exactement, mais il pensait que ce nombre était trop élevé.
Q: Est-ce qu'il regrettait de ne pas pouvoir obtenir 2 millions?
R: Non. Il a simplement dit que le chiffre n'était pas correct.
Q: Combien espérait-il obtenir de juifs de Hongrie?
R: Un demi-million.
Q: Tout cela pour le travail?
R: Non, Eichmann n'avait rien à voir avec la sélection de ceux qui étaient aptes au travail. Son bureau ne s'intéressait pas du tout à cette question.
Q: Ils avaient seulement intérêt à les exterminer, n'est-ce pas?
R: Oui.
Q: Eichmann n'a donc pas pu vous donner de chiffres. Qui vous a donné ces chiffres?
R: Personne n'a pu me donner d'informations.
Q: Qui était présent lors de cette discussion avec Eichmann dans son bureau?
R: Autant que je sache, il s’agissait d’Eichmann, Hunsche (SS-Hauptsturmführer Otto - ajouté par moi) et Brunner.
Q: Et Wisliceny?
R: Je l’ai rencontré plus tard à Mungatz.
Q: Au cours de votre discussion avec Eichmann dans son bureau à Budapest, avez-vous discuté du pourcentage de juifs qui pourraient éventuellement être utilisés pour le travail?
R: Oui, c'était la raison même de mon voyage.
Q: Combien de personnes parmi les juifs hongrois pouvaient-elles être utilisées à d'autres fins que le gazage?
R: Je ne le savais pas à l'époque.
Q: Je ne parle pas du nombre de juifs que vous alliez obtenir pour le travail ou pour d'autres fins. Je parle du pourcentage?
R: Je n'en ai aucune idée.
Q: Mais vous avez eu une expérience unique, sans précédent dans le monde entier, en ce qui concerne le pourcentage de juifs qui pourraient être utilisés pour le travail. Vous avez vu des juifs arriver à Auschwitz pendant des années. Et hier, vous avez mentionné qu'entre 20 et 30% étaient aptes au travail, n'est-ce pas?
R: Oui, mais j'ai aussi mentionné que c'était différent pour chaque pays.
Q: Mais vous espériez, n'est-ce pas, pouvoir obtenir environ 20 à 25% pour la main-d'œuvre?
R: J'espérais même plus que cela. J'espérais qu'en Hongrie, nous pourrions utiliser au moins 35% pour la main-d'œuvre.
Q: Avez-vous dit cela à Eichmann?
R: Oui.
Q: Comment a-t'il réagi?
R: Il a dit qu'il ne pouvait pas se faire une opinion car il ne les avait pas vus (les juifs). Donc il ne pouvait pas faire d'estimation.
Q: Quelle était votre raison de croire que 35% des juifs hongrois pouvaient être utilisés pour la main-d'œuvre?
R: Parce que pour une grande partie, les Juifs là-bas étaient des paysans des districts agricoles.
Q: Vous n’avez donc pas pu obtenir d’informations précises dans les bureaux d’Eichmann, alors vous avez décidé de faire un petit tour dans les camps de concentration pour voir les Juifs, n’est-ce pas?
R: Oui.
Q: Vous êtes d’abord allé à Mungatz?
R: Oui.
Q: Qui était responsable là-bas?
R: Wisliceny.
Q: Pourquoi était-il là?
R: Il était responsable de toute la zone de Mungatz, c’est-à-dire de la section n° 1.
Q: Comment se fait-il qu'un allemand, Hauptsturmführer des SS, ait été chargé du regroupement des juifs hongrois?
R: Non, ce n’est pas exact. Le regroupement et l’emprisonnement des juifs hongrois ont été effectués par la police et la gendarmerie hongroises.
Q: Alors, quelle était la tâche de Wisliceny là-bas?
R: D’après ce que j’ai pu savoir, il avait été chargé par Eichmann de s’assurer que le regroupement et le rassemblement des juifs se déroulaient de manière appropriée.
Q: Qu’est-ce qu’une manière appropriée?
R: La manière appropriée avait peut-être 2 fonctions: veiller à ce que la police hongroise respecte les accords conclus entre les gouvernements; mais je ne sais pas de quels accords il s’agissait, et à ce que tous les juifs soient bien rassemblés.
Q: Avait-il un homologue hongrois? Son nom était-il Ferenscy?
R: Ferenscy est le nom que j’ai entendu à Budapest. Il était chef de la gendarmerie hongroise, mais je ne connais pas le nom de l’homologue de Wisliceny.
Q: Combien de temps êtes-vous resté à Mungatz?
R: Un jour.
Q: Qu’avez-vous fait là-bas?
R: Je suis allé dans les briqueteries où les Juifs avaient été rassemblés. J'ai pris environ 1000 juifs au hasard, et avec l'aide d'un médecin juif qui avait été chargé de cette tâche par un officier hongrois de la gendarmerie, j'ai sélectionné les personnes qu'il considérait aptes au travail.
Q: Combien étaient aptes au travail?
R: Environ 30%, mais il y avait beaucoup de briqueteries à Mungatz et dans les environs.
Q: Vous êtes donc allé d'un camp à un autre?
R: Oui.
Q: Et la moyenne était d'environ 30%?
R: Oui, c'était la moyenne pour la région de Mungatz.
Q: Et c'était le secteur 1?
R: Oui. Je ne suis pas tout à fait sûr de pouvoir dire avec certitude si ce secteur s'appelait Secteur 1 ou Secteur 1V. C'était la zone "Carpathe-Ukraine".
Q: Et puis vous avez voyagé de secteur en secteur?
R: Non, je me suis seulement rendu au sud, dans le voisinage du Danube. C'était un autre secteur. Je ne savais pas si c'était le n° 1 ou le n° 1V, mais c'était dans le secteur sud, et c'est là que Dannecker était responsable.
Q: Et quelle était la "qualité" des juifs là-bas?
R: Ils étaient moins bien, parce qu'il y avait plus de citadins.
Q: Puis vous êtes retourné à Budapest?
R: Oui.
Q: Et vous avez fait votre rapport à qui?
R: Je suis retourné au bureau d'Eichmann, puis je suis immédiatement retourné à Berlin.
Q: Avez-vous vu Müller?
R: Non.
Q: Avez-vous vu des visages connus à Budapest alors que vous étiez en dehors de votre cercle restreint de collaborateurs?
R: Je suis allé avec Eichmann voir le "Chef Suprême de la SS et de la Police", l'Obergruppenführer Winkelmann (Otto, HSSPF Hugarn - ajouté par moi), parce que je devais de toute façon lui rendre compte.
Q: Avez-vous rencontré Kaltenbrunner là-bas?
R: Non.
Q: Avez-vous entendu dire que Kaltenbrunner était à Budapest?
R: Non, pas quand j'y étais.


Dernière édition par PJ le 30/11/2024, 08:14, édité 1 fois
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Rudolf Höss face à la justice Empty Re: Rudolf Höss face à la justice

Message  PJ 29/11/2024, 15:26

Interrogatoire de Rudolf Höss enregistré à Nuremberg, Allemagne.
Matinée du 3 avril 1946, de 10.00 à 11.00, conduit par M. Sender Jaari.
également présents:
Leo Katz, interprète
Charles J. Gallagher, sténographe judiciaire.



Q: Avant de revenir à Auschwitz, j'aimerais une clarification  concernant votre voyage à Treblinka. Si je vous ai bien compris, vous m’avez dit l’autre jour que vous aviez visité Treblinka en 1941?
R: Oui.
Q: Et dans une autre déclaration que vous avez faite à un autre endroit, vous avez dit que vous aviez visité Treblinka en 1942. Quelle est donc l’année exacte?
R: 1941 est exact. Si j’ai dit 1942, c’était inexact. (Treblinka mis en service en juillet 1942 - ajouté par moi)
Q: Mais en 1942, vous avez également fait plusieurs voyages officiels?
R: Oui.
Q: Avez-vous jamais pris des vacances?
R: Je n’ai pris des vacances qu’une seule fois, c’était en 1943.

Rudolf Höss face à la justice Hzss_v10
(avec ses 2 fils Hans-Jürgen et Klaus)

Rudolf Höss face à la justice Villa_10
(haus Höss, 1942)

Q: Maintenant, retournons à Auschwitz. Connaissez-vous le Hauptscharführer Palitsch? (Gerhard - ajouté par moi)
R: Oui.
Q: Qui était Palitsch?
R: Il était Rapportführer.
Q: Et en tant que Rapportführer, il avait la même position que vous à Dachau, à savoir chef de tous les chefs de compagnie de travail?
R: Pas des chefs de travail, mais des chefs de block (Blockführer - ajouté par moi). C’est-à-dire des chefs de block qui étaient responsables de chaque block d'habitation.
Q: Quelle était la tâche supplémentaire de Palitsch, en plus d’être Rapportführer?
R: Il a toujours été Rapportführer.
Q: N’était-il pas particulièrement intéressé par les exécutions? (Palitsch est l'un des SS ayant éxécuté le plus de détenus d'une balle dans la nuque devant le mur noir de la cour du Block 11, et dans la morgue du crématoire I - ajouté par moi)
R: Son travail et son titre étaient Rapportführer, mais il était également utilisé comme les autres Unterführers (sous-officiers) lors des exécutions, comme par exemple Moll (SS-Hauptscharführer Otto - ajouté par moi).

Rudolf Höss face à la justice Palits10
(Gerhard Palitsch)

Rudolf Höss face à la justice Palits11
(exécution devant le mur noir dans la cour du Block 11)

Q: Palitsch s’est livré aussi à pas mal de séances punitives de fouet n’est-ce pas?
R: C’est possible, mais je ne le sais pas. Je ne peux pas le nier parce que je n’en sais rien.
Q: Et Moll?
R. Non. Moll s'occupait d'autres choses. Chaque fois que je voulais un travail particulièrement bien fait, je choisissais Moll.
Q: Vous avez fait un certain nombre de voyages en 1941 et 1942, m’avez-vous dit. Est-ce exact?
R: Oui.
Q: Vous êtes allé à la réunion de Sachsenhausen, vous avez été appelé par Himmler en 1941 et vous êtes allé à Treblinka. Combien de temps avez-vous passé
à l'extérieur d'Auschwitz en 1941?
R: Ces voyages officiels ne duraient que 3 ou 4 jours à chaque fois.
Q: Quand Schwerin Von Krosigk (ministre des finances du Reich - ajouté par moi) a visité le camp, avez-vous eu une entrevue avec lui?
R: Non. Il est venu avec le Gauleiter Bracht (Fritz, gauleiter de Haute-Silésie - ajouté par moi). Il s’intéressait surtout à l’agriculture, à l’industrie et aux ateliers du camp.
Q: Combien de temps est-il resté dans le camp?
R: Peut-être 2 heures. Puis il est parti en voiture avec le Gauleiter.
Q: Est-il arrivé en voiture ou en train?
R: En voiture.
Q: A-t-il jeté un œil à la gare du camp?
R: Oui, il est passé devant.
Q: Y avait-il un train en gare quand il était là?
R: Non.
Q. A-t-il vu les bâtiments du crématoire?
R: Non, ils n’avaient pas été construits à cette époque. (avant 1943, seul existait le crématoire I au camp d'Auschwitz I - ajouté par moi)
Q: Mais il a certainement vu les fosses où les corps étaient brûlés, n’est-ce pas?
R: Il ne pouvait pas les voir car elles étaient tout à fait éloignées du camp. De toute façon, je n’ai pas été autorisé à les lui montrer.
Q: Vous avez accompagné le Gauleiter et le ministre des Finances lors de leur tournée d’inspection, n’est-ce pas?
R: Oui, je l’ai fait personnellement.
Q: Ne vous a-t-il posé aucune question?
R: Il m’a posé toutes sortes de questions. C’était la 1ère fois qu’il visitait un camp de concentration m'a-t-il dit.
Q: Quel genre de questions vous a-t-il posées? Donnez-moi des exemples précis.
R: Quel genre de détenus y avait-il dans le camp.
Q: Et votre réponse ?
R: Je lui ai expliqué qui était là, à part les Juifs
Q: Ne lui avez-vous pas dit qu’il y avait des Juifs?
R: Non.
Q: Pourquoi pas?
R: Parce que je n’avais pas l'authorisation de parler de ça.
Q: Le ministre des Finances était-il si stupide qu’il ne savait pas qu’il y avait des juifs?
R: Je veux dire les juifs destinés à être exterminés.
Q: Très bien. Je comprends que Himmler vous avait ordonné de ne mentionner cette question à personne.
R: Oui.
Q: Mais il y avait des juifs dans le camp, comme vous nous l’avez dit, qui étaient des travailleurs n’est-ce pas?
R: Oui, mais je n’avais rien à voir avec cela.
Q: N’essayez pas de vous embrouiller ou de me tromper, mais répondez à mes questions très simplement. Le ministre des Finances vous a demandé, vous nous avez dit, qui étaient les détenus du camp. Je vous demande maintenant ce que lui avez-vous répondu?
R: J’ai dit qu’il y avait des polonais, des prisonniers politiques, des criminels professionnels et des juifs, en ajoutant qu'il s’agissait de juifs utilisés pour le travail.
Q: Je vous parle du type de détenus qu’il y avait dans les camps de travail et non dans les camps de concentration. Des gens qui ne devaient pas être exterminés.
R: Oui.
Q: Très bien, vous me comprenez maintenant. Votre réponse a donc été "des prisonniers politiques, des criminels professionnels, des polonais et des juifs" n’est-ce pas?
R: Oui.
Q: Ensuite, il vous a bien sûr demandé "pourquoi les juifs sont-ils ici?" n’est-ce pas?
R: Oui.
Q: Et quelle a été votre réponse?
R: Je lui ai dit qu’ils avaient été livrés au camp par le quartier général de la Gestapo de Kattowitz pour être internés, en provenance de toute la région de Silésie.
Q: Pour être tout à fait sûr que je vous ai bien compris, vous avez dit au ministre des finances que les juifs avaient été livrés au camp par la Gestapo?
R: Oui.
Q: Et que vous a-t-il demandé ensuite?
R: Rien de plus.
Q: N’était-il pas étonné que la Gestapo soit mêlée à la livraison de Juifs aux camps de concentration?
R: Non, la Gestapo livrait aussi d’autres prisonniers.
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Message  PJ 29/11/2024, 15:30

Déclaration faite sous serment, le 5 avril 1946
Bureau du Procureur en Chef chargé des poursuites contre les criminels de l'Axe - APO 124a
Division des Interrogatoires de l'armée des États-Unis - Lt Colonel Smith W. Brookhart.



Moi, RUDOLF FRANZ FERDINAND HÖSS, ayant préalablement prêté serment, je déclare et déclare ce qui suit:

1.
J'ai 46 ans, et je suis membre du NSDAP depuis 1922, membre des SS depuis 1934, membre des Waffen-SS depuis 1939.
J'ai été membre à partir du 1er décembre 1934 de l'unité de garde SS dite "Tête de Mort" (Totenkopfverbände).

2.
J'ai été constamment associé à l'administration des camps de concentration depuis 1934, en servant à Dachau jusqu'en 1938. Puis comme adjudant à Sachsenhausen de 1938 au 1er mai 1940, date à laquelle j'ai été nommé commandant d'Auschwitz.
J'ai commandé Auschwitz jusqu'au 1er décembre 1943, et j'estime qu'au moins 2.5 millions de victimes y ont été exécutées et exterminées par gazage et
incinération, et qu'au moins 500.000 personnes ont succombé à la faim et à la maladie, ce qui fait un total de morts d'environ 3 millions.
Ce chiffre représente environ 70 à 80 % de toutes les personnes envoyées à Auschwitz comme prisonniers, les autres ayant été sélectionnées et utilisées pour le travail dans les industries des camps de concentration. Parmi les personnes exécutées et brûlées figuraient environ 20.000 prisonniers de guerre russes qui ont été livrés au camp d'Auschwitz dans des transports de la Wehrmacht, conduits par des officiers et des hommes de la Wehrmacht. Le reste du nombre total de victimes comprenait environ 100.000 juifs allemands, ainsi qu'un grand nombre de juifs de Hollande, de France, de Belgique, de Pologne, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Grèce, et d'autres pays. Nous avons éxterminé environ 400.000 Juifs hongrois à Auschwitz au cours de l'été 1944.

3.
Le SS-WVHA (Office principal de l'économie et de l'administration SS), dirigé par l'Obergruppenführer Oswald Pohl, était responsable de toutes les questions administratives telles que le logement, l'alimentation et les soins médicaux dans les camps de concentration. Avant la création du RSHA, l'office de la "Police Secrète d'État" (Gestapo), et l'office de la "Police Criminelle du Reich" (Reichskripo) étaient responsables des arrestations, des incarcérations dans les camps de concentration, punitions corporelles, et exécutions, conformément aux ordres signés par Heydrich en tant que chef du RSHA.
Lorsque Kaltenbrunner était chef du RSHA, les ordres de détention préventive, d’internement, de punition corporelle et d’exécutions individuelles étaient signés par Kaltenbrunner ou par Müller, le chef de la Gestapo en tant qu’adjoint de Kaltenbrunner.

4.
Les exécutions de masse par gazage commencèrent à l’été 1941, et se poursuivirent jusqu’à l’automne 1944. J’ai personnellement supervisé les exécutions à Auschwitz jusqu’au 1er décembre 1943, et je sais, en raison de mes fonctions continues à l’Inspection des camps de concentration WVHA, que ces exécutions de masse se poursuivirent comme indiqué ci-dessus. Toutes les exécutions de masse par gazage se déroulèrent sous l’ordre, la supervision et la responsabilité directes du RSHA.  J’ai reçu tous les ordres pour procéder à ces exécutions de masse directement du RSHA.

5.
Le 1er décembre 1943, je suis devenu chef de l’Amt I au sein du groupe D du WVHA. Dans ce bureau, j’étais responsable de la coordination de toutes les questions survenant entre le RSHA et les camps de concentration sous administration du WVHA. J’ai occupé ce poste jusqu’à la fin de la guerre. Pohl, en tant que chef du WVHA, et Kaltenbrunner, en tant que chef du RSHA, se sont souvent entretenus personnellement, et ont fréquemment communiqué oralement et par écrit au sujet des camps de concentration. Le 5 octobre 1944, j’ai soumis un long rapport sur le camp de concentration de Mauthausen à Kaltenbrunner dans son bureau du RSHA à Berlin. Kaltenbrunner m’a demandé de lui donner un bref résumé oral de ce rapport et a dit qu’il réserverait toute décision jusqu’à ce qu’il ait eu l’occasion de l’étudier en détail. Ce rapport traitait de l’affectation au travail de plusieurs centaines de prisonniers condamnés à mort – les soi-disant "prisonniers sans nom". (höss fait probablement référence aux prisonniers "Nacht und Nebel" "Nuit et Brouillard" - ajouté par moi)

6.
La "Solution Finale" de la question juive signifiait l’extermination complète de tous les juifs d’Europe sans exception. J’ai reçu l’ordre de créer des installations d’extermination à Auschwitz en juin 1941. À cette époque, il y avait déjà 3 autres camps d’extermination au sein du gouvernement général: Belzec, Treblinka et Wolzek. (lire Sobibor - ajouté par moi) Ces camps étaient sous la responsabilité d'un commando de la Police de Sécurité (SIPO) et du SD. J’ai visité Treblinka pour savoir comment ils procédaient à leurs exterminations. Le commandant de ce camp m’a dit qu’il avait liquidé 80.000 personnes en l’espace de 6 mois. Il s’occupait principalement de liquider tous les Juifs du ghetto de Varsovie. Les chambres à gaz utilisaient du monoxyde de carbone, ce qui me faisais penser que les méthodes utilisées la-bas n'étaient pas très efficaces. Ainsi, lorsque j’ai mis en place le bâtiment d’extermination à Auschwitz, j’ai utilisé du Zyklon B qui était un acide prussique cristallisé que nous jetions dans la chambre de mort par une petite ouverture. Il fallait de 3 à 15 minutes pour tuer les personnes dans la chambre, selon les conditions climatiques. Nous savions quand les gens étaient morts parce que après un moment leurs cris cessaient. Nous attendions généralement environ 1/2 heure avant d’ouvrir les portes et de retirer les corps. Aprés que les corps étaient retirés des chambres, nos commandos spéciaux retiraient les bagues et extrayaient les dents en or des cadavres.

7.
Une autre amélioration que nous avons apportée par rapport à Treblinka a été la construction de nos chambres à gaz pouvant accueillir jusqu'à 2000 personnes à la fois, alors qu’à Treblinka, leurs 10 chambres à gaz ne pouvaient accueillir que 200 chacune. Nous sélectionnions nos victimes de la manière suivante: nous avions 2 médecins SS de service à Auschwitz pour examiner les convois de prisonniers qui arrivaient. Les prisonniers étaient conduits devant l’un des médecins qui prenait des décisions sur place au fur et à mesure qu’ils passaient devant lui. Ceux qui étaient aptes au travail étaient envoyés au camp. Les autres étaient immédiatement envoyés dans les usines d’extermination. Les enfants en bas âge étaient systématiquement exterminés car en raison de leur jeune âge, ils étaient incapables de travailler. Une autre amélioration que nous avons apportée par rapport à Treblinka, c'est que les victimes savaient presque toujours qu'elles allaient être exterminées. Mais à Auschwitz, nous nous efforcions de leur faire croire qu'elles allaient être soumises à un processus d'épouillage. Bien sûr, elles se rendaient souvent compte de nos véritables intentions, et nous avions parfois des émeutes et des difficultés à cause de cela. Très souvent, les femmes cachaient leurs enfants sous leurs vêtements. Mais bien sûr lorsque nous les trouvions, nous les exterminions de même. Nous étions tenus de procéder à ces exterminations en secret, mais l'odeur nauséabonde provenant de la combustion continue des corps imprégnait toute la zone, et tous les habitants des communautés environnantes savaient que des exterminations avaient lieu à Auschwitz.

8.
Nous recevions de temps en temps des prisonniers spéciaux du bureau local de la Gestapo. Les médecins SS tuaient ces prisonniers par injections de benzène. Les médecins avaient l'ordre de rédiger des certificats de décès ordinaires, indiquant n'importe quelle cause de décès.

9.
De temps à autre, des expériences médicales ont été menées sur des détenues, notamment sur la stérilisation et des expériences liées au cancer. La plupart des personnes qui sont mortes suite à ces expériences avaient déjà été condamnées à mort par la Gestapo.

10.
Rudolf Mildner était le chef de la Gestapo de Kattowitz, et à ce titre, était le chef du Départment Politique au camp d'Auschwitz (en réalite, dirigé par le SS-Untersturmführer Maximilian Grabner - ajouté par moi) qui mena des interrogatoires au 3ème degré de mars 1941 environ à septembre 1943. Mildner a introduit une punition unique à Auschwitz: attacher les mains du détenu aux genoux autour d’une barre de fer. Le prisonnier était ensuite enroulé autour de la barre et se balancait pendant qu’il était battu. (Höss fait référence à la "balancoire de Boger", tirant son nom du SS-Oberscharführer Wilhelm Boger "le diable de Birkenau" et inventeur de cette technique d'interrogatoire - ajouté par moi)
Mildner envoyait fréquemment des prisonniers à Auschwitz pour les incarcérer ou les faire exécuter. Il s'est rendu à Auschwitz à plusieurs reprises. Le tribunal de la Gestapo - le SS-Standgericht - qui jugeait les personnes accusées de divers crimes, comme l'évasion de prisonniers de guerre, etc... se réunissait fréquemment à Auschwitz, et Mildner assistait souvent au procès de ces personnes. Elles étaient généralement exécutées à Auschwitz tout de suite après leur condamnation (devant le mur noir dans la cour du Block 11 - ajouté par moi). J'ai fait visiter à Mildner l'usine d'extermination d'Auschwitz et il s'y intéressait directement, car il devait envoyer les Juifs de son territoire pour être exécutés à Auschwitz.

Je comprends l'anglais tel qu'il est écrit ci-dessus.
Les déclarations ci-dessus sont vraies; cette déclaration est faite par moi volontairement et sans contrainte ;
après avoir lu la déclaration, je l'ai approuvée et signée:
Allemagne le 5 avril 1946.
Rudolf Franz Ferdinand Höss

Souscrit et juré devant moi ce 5 avril 1946, à Nuremberg, Allemagne.
Smith W. Brookhart, JR. LT Colonel, IGD


Plus tard, Höss fût informé qu'une traduction allemande de la déclaration en anglais ci-dessus, serait soumise à sa siganture le 8 avril 1946:

Q: Nous vous la montrerons et vous pourrez la lire, et si vous n’approuvez pas certaines parties de la traduction, vous pourrez y apporter vos modifications et signer la traduction allemande.
R: Oui, je comprends.
Q: Nous commencerons par lire la traduction en langue allemande de votre déclaration sous serment du 5 avril 1946.
R: Oui.
Q: Si vous avez des modifications à apporter, pouvez-vous nous en informer?
R: Oui.
(La traduction allemande de la déclaration sous serment du 5 avril 1946 faite par le témoin lui est remise. Le témoin lit la déclaration sous serment et fait quelques corrections.)
Q: Est-ce que cela est maintenant correct et conforme à la déclaration que vous avez faite?
R: Oui.
Q: Je ferai effectuer ces quelques modifications afin que cela corresponde à ce que vous considérez comme étant correct.
R. Oui. Merci.
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Message  PJ 29/11/2024, 15:34

Déclaration de Rudolf Höss faite au Major Dr Leon Goldensohn, psychiatre de l'armée américaine.
Nuremberg, le 9 avril 1946.


.../...

Q: comment avez-vous eu des engelures aux pieds?
R: J'étais dans le Schleswig-Holstein, pieds nus dans une cellule. Quand les Britanniques m'ont capturé, j'étais nu. Ils m'ont juste donné quelques couvertures  et m'ont emmené en prison comme ça. Ils ne m’ont donné ni chaussures ni chaussettes.
Q: Quand avez-vous été arrêté?
R: Le 11 mars 1946.
Q: Parlez-moi de ça.
R: Je me cachais sous un faux nom. Je travaillais dans une ferme du Schleswig-Holstein.
Q: Comment les autorités ont découvert qui vous étiez?
R: À ma connaissance, ils ont interrogé ma famille qui vivait dans le Schleswig, et mon fils, âgé de 16 ans, a dû leur donner mon adresse.
Q: Pourquoi ne vous êtes pas rendu avant?
R: Je pensais que je pourrais m'en sortir... J'ai été commandant du camp d'Auschwitz pendant 4 ans, de mai 1940 jusqu'au début de décembre 1943.
Q: Combien de personnes ont-elles été exécutées à Auschwitz à votre époque?
R: Le nombre exact ne peut être déterminé. J'estime environ 2.5 millions de juifs.
Q: Seulement des juifs?
R: Oui.
Q: Les femmes et les enfants aussi?
R: Oui.
Q: Approuvez-vous ce qui s'est passé à Auschwitz?
R: J'avais des ordres personnels stricts de Himmler.
Q: Avez-vous protesté?
R: Je ne pouvais pas faire ça. Les raisons que Himmler m’a données, j’ai dû les accepter.
Q: En d’autres termes, vous pensez qu'il était justifié de tuer 2.5 millions d’hommes, de femmes et d’enfants?
R: Pas justifié – mais Himmler m'a dit que si les juifs n'étaient pas exterminés à cette époque, alors le peuple allemand serait exterminé pour toujours par les juifs.
Q: les Juifs qui exterminent les Allemands?
R: Je ne sais pas... c’est ce qu’a dit Himmler.
Q: N’avez-vous pas votre propre opinion?
R: Si. Mais quand Himmler nous disait quelque chose, c'était si juste et si naturel que nous obéissions aveuglément... On m'a dit ce matin que je vais aller au tribunal demain ou après-demain (Höss comparait à la barre du tribunal le 15 avril - ajouté par moi). Je suis un témoin pour Kaltenbrunner... Est-ce que je vous ai parlé sur ce qui s'est réellement passé à Auschwitz?
Q: Dites-moi tout ce qui lui vous vient à l’esprit.
R: Auschwitz était à l'origine conçu comme un camp de quarantaine pour les Polonais du Gouvernement général. Il était initialement censé n'être qu'un
camp de transit où les prisonniers seraient détenus pendant quelques semaines afin de déterminer s'ils souffraient de maladies contagieuses, comme le typhus ou la fièvre typhoîde. L’endroit même où se trouvait le camp se trouvait à proximité de la petite ville d’Auschwitz. C'était le site d'une caserne d'artillerie de l'armée polonaise.
Durant l’été 1941, je fus appelé à Berlin pour voir Himmler. Il m'a donné l'ordre d'ériger un camps d'extermination. Je peux presque vous donner les mots exacts qu'il a employé: "Le Führer a ordonné la solution finale du problème juif. Ce sont nous, les SS, qui doivent exécuter cet ordre. C'est un
travail difficile. Mais si cela n'est pas exécuté immédiatement, au lieu d'exterminer les juifs, ce sont les juifs qui extermineront les Allemands plus tard". C’était les mots de Himmler. Puis il m'a expliqué pourquoi il avait choisi Auschwitz. Il existait déjà des camps d'extermination à l'Est, mais ils étaient incapables de mener des actions à grande échelle. Himmler n'a pas pu me donner le nombre exact, mais il a dit qu'au moment opportun un homme me contacterait et m'en dirait plus. Il me tiendrait informé des transports à venir et autres questions similaires. Himmler m'a ordonné de soumettre des plans précis quant à mes idées sur la façon dont le programme d’extermination devrait être exécuté à Auschwitz. J'étais censé observer un camp à l'Est, à savoir Treblinka, et apprendre de ses erreurs là-bas. Quelques semaines plus tard, l'homme - Eichmann - me rendit visite à Auschwitz, et m'informa qu-il fallait m'attendre à des transports du Gouvernement Général et de Slovaquie. Il a ajouté que l'opération ne devrait en aucun cas être retardée afin qu'aucune difficulté technique ne surgisse à l'improviste, et que les horaires des transports puissent être maintenu à tout prix.
Entre-temps, j'ai inspecté le camp d'extermination de Treblinka dans le Gouvernement Général, qui était situé sur la rivière Bug. Treblinka avait quelques barraques, et une voie secondaire de chemin de fer. L'endroit avait été autrefois une carrière de sable. J'y ai inspecté les chambres à gaz. Ces chambres étaient construites en bois et ciment. Chacune avait à peu près la taille de cette cellule (environ 2,5m x 3,5m), mais les plafonds étaient plus bas. Sur le côté des chambres d'extermination, des moteurs de vieux chars ou camions étaient installés, et les gaz d'échappement des moteurs étaient dirigés vers les chambres. C’est ainsi que les gens ont été exterminés.
Q: Combien de personnes à la fois?
R: Je ne pourrais pas vous le dire exactement, mais j'ai estimé qu'en dans chaque chambre, environ 200 personnes ont été poussées à l’intérieur en même temps, très pressées ensemble dans la chambre.
Q: Hommes, femmes et enfants?
R: Oui, mais ils ont été amenés séparément. Autrement dit, les hommes ont été exterminés dans les mêmes chambres, mais à des intervalles différents.
Q: Vous avez cette cellule pour vous seul et elle n’est pas très grande, donc 200 personnes devraient être serrées comme des sardines.
R: Oui. Une fois la porte fermée, les gens étaient serrés très fort les uns contre les autres, debout.
Q: Combien de chambres à gaz y avait-il à Treblinka?
R: Il y avait 10 de ces chambres, chacune fait de pierre et de ciment. Les gens étaient laissés dans ces chambres avec les moteurs fonctionnant, pendant 1 heure, puis ils ont ouvert les portes. À ce moment-là, tout le monde était mort. Je ne sais pas combien de temps il a fallu pour que le gaz les tue tous.  Q: Comment ont-ils enlevé les corps des chambres?
R: Ils ont été enlevés par des travailleurs détenus. Au début, les corps étaient placés dans de grandes fosses communes dans les carrières de sable, mais plus tard, durant mon inspection, ils venaient de commencer à brûler les cadavres sur des grills à ciel ouvert, ou dans des fosses. Ils avaient de même commencé à rouvrir les anciennes fosses communes, et à brûler les corps qui avaient été enterrées là depuis longtemps.
Q: Êtes-vous resté longtemps à Treblinka?
R: Quelques heures seulement. Puis je suis retourné à Auschwitz, et les premiers transports sont arrivés. J'avais 2 vieilles fermes un peu éloignées du camp que j'avais transformé en chambres à gaz (Bunker 1 et 2 - ajouté par moi). J'ai fait enlever les murs entre les pièces, et les murs extérieurs ont été cimentés pour les rendre étanches. Le premier transport arrivé du Gouvernement Général y fut amené. Ils ont été tués avec du gaz Zyklon B.
Q: Combien de personnes ont-elles été exterminées à la fois dans chaque ferme?
R: Dans chaque ferme, 1800 à 2000 personnes pouvaient être gazées en même temps. Les 2 fermes étaient séparées par une distance de 600 à 800 mètres. Elles étaient complètement isolés du dehors, par des arbres et des clôtures. (dans le Birkenwald - ajouté par moi)
Q: À quelle fréquence ces bâtiments étaient-ils été utilisés?
R: Eh bien voyons... parfois les transports de ne venaient pas quotidiennement. Parfois 2 ou 3 trains arrivaient le même jour. Tous les trains contenaient 2000 personnes, mais il y avait des périodes, parfois de 3 à 6 semaines, où aucun transport n'arrivait.
Q: Combien de temps ces personnes ont-elles été gardées Auschwitz?
R: Eh bien, ceux qui étaient capables de travailler étaient gardés. Ceux qui ne l'étaient pas étaient éliminés.
Q: Quels critères de sélection avez-vous utilisé?
R: Nous avions 2 médecins SS qui étaient assis à des tables, et les gens des transports passaient devant ces eux. Ces gens étaient entièrement habillés.
ils passaient devant les médecins, et étaient jugés en fonction de leur apparence, de leur âge et de leur force.
Q: Sur 2000 personnes, combien approximativement ont été mises de côté pour travail?
R: Pendant toutes ces années, j'ai estimé qu'en moyenne 20 à 30% des gens pouvaient travailler.
Q: Et que s’est-il passé ensuite?
R: Ceux qui ne pouvaient pas travailler ont été conduits vers les fermes. C'était à un bon kilomètre du lieu de déchargement. Là, on les a obligés à se déshabiller. Au début, ils devaient se déshabiller dans un endroit à ciel ouvert où nous avions érigé des murs faits de paille et de branches d'arbres qui
les gardaient à l'abri des regards. Plus tard, nous avons construit des barraques. Nous avions de grands panneaux "à la désinfection" ou "bains". C'était pour donner aux gens l'impression qu'ils allaient simplement prendre un bain ou être désinfectés, afin de ne rencontrer aucune difficulté dans le processus d’extermination. Les détenus que nous utilisions comme interprètes ont demandé aux gens de prendre soin de leurs vêtements lorsqu'ils les déposaient sur le sol en tas bien rangés, pour pouvoir les retrouver à la sortie du bain. Ils aidaient aussi à calmer les gens en répondant aux questions de manière rassurante. Puis les personnes furent menées aux chambres, et les détenus les accompagnèrent jusque à l'interieur des chambres à gaz pour que les gens se tiennent tranquilles, puisque ces derniers les voyaient entrer en même temps qu'eux. Lorsque les chambres furent remplies, les détenus qui travaillaient là sortirent, les portes furent fermées, et le gaz Zyklon B fût jeté par de petites ouvertures.
Q: Y avait-il parfois de la panique parmi les gens avant leur meurtre?
R: Oui, parfois. Mais généralement, tout ce passait sans problème. J'ajouterais de plus en plus facilement avec le temps. Les hommes étaient toujours exterminés dans une chambre séparée, et les femmes et enfants ensemble dans la même chambre.
Q: A quel âge par exemple, pouviez-vous distinguer un enfant d'un adulte? c'est-à-dire entre un garçon et un homme?
R: Je ne peux pas le dire. On jugait sur l'allure générale des garçons, vous savez. Certains sont grands à 15 ans, d'autres à 17 ans. Nous avons jugé principalement par la stature physique.
Q: Voulez-vous dire que toutes les personnes exécutées étaient inaptes au travail?
R: Pas exactement, mais on peut supposer que la majorité des personnes exterminées n’étaient pas capables de travailler.
Q: Pourquoi?
R: Eh bien, les médecins qui observaient les gens entièrement habillés lorsqu'ils sortaient des wagons, étaient également présents lorsque les personnes qu'ils avaient sélectionnés pour l'extermination étaient déshabillés. De sorte qu'ils remarquaient souvent que leurs sélections rapides sur la rampe étaient précises et justes, car à quelques exceptions près, les personnes qui avaient été sélectionnées pour l'extermination n'étaient pas capables de beaucoup d'efforts physiques.
Q: Je ne comprends pas. Vous dites que les médecins ont sélectionné les gens tout habillés?
R: Oui. Ce que je veux dire, c'est que les médecins étaient plus tard présents durant le déshabillage en plein air juste à côté des chambres à gaz. Et leurs sélections se révélaient généralement exactes.
Q: Combien de temps fallait-il pour que le gaz Zyklon B agisse?
R: Après de nombreuses observations faites toutes ces années, j'ai l'impression que cela dépendait de la météo, du vent, de la température, et pour tout dire, de l'éfficacité du gaz lui-même, car la composition de celui-ci pouvait varier. Habituellement, il fallait de 3 à 15 minutes pour tuer tous les gens. C'est-à-dire pour qu'il n'y ait plus aucun signe de vie dans la chambre à gaz. Dans les fermes, nous n'avions aucune fenêtre d'observation, de sorte que parfois, lorsque nous ouvrions les portes après une période donnée, il y avait encore des personnes qui donnaient des signes de vie. Plus tard, dans les nouveaux crématoires, nous avions des fenêtres d'observation, ce qui nous permettait d'être sûr que tous le monde à l'interieur était bien mort. Au bout d’une demi-heure, les portes de la ferme étaient ouvertes. Il y avait 2 portes - une à chaque extremité des pièces (selon divers témoignages, le Bunker 1 avait 2 chambres à gaz, et le Bunker 2 en avait 4 - ajouté par moi) qui étaient ouvertes, et les pièces étaient aérées naturellement. Les ouvriers détenus qui étaient équipés de masques à gaz, traînaient ensuite les cadavres hors des pièces, et les déposaient dans de grandes fosses communes. De plus en plus de personnes étant exterminées, nous avons commencé à brûler les cadavres à ciel ouvert dans des fosses, comme à Treblinka. Une couche de bois, puis une couche de cadavres, une autre couche de bois, etc... Pour allumer le feu, nous utilisions des bottes de paille trempée dans de l'essence. Le feu généralement commencait avec environ 5 couches de bois et 5 couches de cadavres. Quand le feu devenait fort, des cadavres frais qui sortaient des chambres à gaz étaient simplement jetés sur le bûcher, et brûlaient d’eux-mêmes.
En 1943, les grands crématoires furent achevés, et tout le processus fut réalisé dans les nouveaux bâtiments. De plus, de nouvelles voies ferrées menaient directement aux crématoires ("Neue Judenrampe" la nouvelle rampe de déchargement, achevée fin avril 1944). Les personnes ont été sélectionnées comme auparavant, à la seule exception que celles qui n'étaient capables de travailler se rendaient au crématoire au lieu d'être conduits vers les fermes. C'était un grand bâtiment moderne. Il y avait des vestiaires et des chambres à gaz souterraines (Kremas II et III - ajouté par moi) et les fours en surface, tous étant dans le même bâtiment. Il y avait 4 chambres à gaz sous terre (en fait 1 grande divisée en 2; Höss se réfère sans doute aux Krémas IV et V qui avaient 4 chambres en surface - ajouté par moi). Les 2 grandes accueillaient chacunes 2000 personnes, et 2 plus petites pouvant accueillir chacune 1600 personnes. Les chambres à gaz étaient construites comme une installation de douche, avec des pommeaux de douche, des conduites d'eau, quelques appareils de plomberie et une installation électrique moderne comportant un système de ventilation afin qu'après le gazage, les pièces puissent être aérées au moyens de l'appareil de ventilation électrique. Les cadavres étaient ensuites transportés par élévateur vers le crématoire du dessus. Il y avait 5 fours doubles (triples - ajouté par moi). Brûler 2000 personnes prenait environ 24 heures dans les 5 fourneaux. Habituellement, nous ne parvenions à incinérer qu'environ 1700 à 8000 cadavres. Nous étions donc toujours en retard dans la crémation. De fait, il était beaucoup plus facile de gazer que d'incinérer, car cela prenait beaucoup plus de temps et de travail. 2 ou 3 transports arrivaient quotidiennement lors d'une action, chacun avec environ 2000 personnes. C'étaient les moments les plus difficiles parce que nous devions les exterminer immédiatement, et les installations d'incinération, même avec les nouveaux crématoires, ne pouvaient pas suivre le rythme soutenu de l'extermination.
Q: Combien ont été tués de cette façon?
R: Je ne peux pas donner le nombre exact. Tous les dossiers relatifs aux opérations ont été détruits. Il n'y avait aucun enregistrement des noms, et même les nombres n’ont été qu’estimés grossièrement. Vers 1945, Eichmann a dû soumettre un rapport à Himmler. Il était le seul qui devait garder les chiffres pour Himmler. Eichmann m'a dit avant de partir voir Himmler qu'à Auschwitz seulement, 2.5 millions de personnes ont été tuées par gazage.
Q: Pensez-vous que ce chiffre pourrait être encore plus élevé, peut-être jusqu'à 3 ou 4 millions?
R: Eh bien, je pense que 2.5 million est déjà trop élevé, mais je n'en ai aucune preuve. Aucune des personnes exterminées n'ont été enregistrées. Seuls ceux qui allaient travailler étaient enregistrés dans le camp. Ceux qui ont été sélectionnés pour travailler au lieu d'être tués ont été enregistré.
Q: Étaient-ils exterminés plus tard si ils étaient juifs?
R: La plupart mouraient de mort naturelle, comme de maladie, par exemple.
Q: Est-ce que beaucoup sont morts de maladie?
R: Oui, il y avait des épidémies de typhus qui se propageaient en raison du surpeuplement des camps et du manque d'installations sanitaires. Je pense qu'au cours de toutes ces années et de toutes les épidémies, environ 500.000 personnes sont mortes des suites de maladie.
Q: Combien de personnes sont passées par Auschwitz?
R: C'est impossible à dire. Je n'ai aucune idée du nombre de personnes qui sont passées par le camp. Je sais que dans les années 1943-44, nous
avions 144.000 internés dans le camp qui y travaillaient. La plupart des nouveaux arrivants aptes à travailler étaient transferés d'Auschwitz ailleurs, mais je ne sais pas ce qui leur est arrivé après.
Q: J'ai entendu dire que les dents en or avait été retiré des gens exterminés.
R: Oui. Depuis le début de 1942, des ordres furent reçus du quartier général pour retirer tout l'or dentaire, et l'envoyer au ministère des Finances. De là, il a été envoyé à un trésorier, du moins je crois.
Q: Qui a fait ce retrait de l'or des dents des morts?
R: Des détenus (membres du Sonderkommando - ajouté par moi), pour la plupart des dentistes qui travaillaient là-bas. Nous sauvions généralement les médecins, dentistes, et infirmières des chambres à gaz afin de les utiliser dans des postes techniques.
Q: Combien d'allemands y avait-il à Auschwitz dans votre équipe, y compris les gardes?
R: Vers décembre 1943, quand j'ai quitté Auschwitz, il y avait 3.500 gardes et environ 500 hommes dans le personnel administratif. Cela comprenait ceux qui supervisaient la section agricole, les laboratoires médicaux et d'essai, la surveillance des chambres à gaz, des crématoires, etc...
Q: Comment les Allemands peuvent-ils prétendre ne pas être au courant de ces affaires si, rien qu'à Auschwitz, 3500 personnes y ont travaillé?
R: Je ne peux pas répondre à cette question, mais il ne fait aucun doute que cette affaire était largement connue de beaucoup de gens. Mais certaines précautions ont été prises. Par exemple, cela n’a pas été publié dans les journaux [sic]. Nous utilisions toujours le même équipage de cheminots pour le transport, et presque tous ceux qui travaillaient à Auschwitz ont dû signer une déclaration sous serment pour ne pas parler.
Q. Pouvez-vous me parler de ces 3500 Allemands qui travaillaient à Auschwitz?
R: Jusqu'en 1939, les personnels des camps de concentration provenaient exclusivement des troupes "Tête de Mort" (Totenkopfverbände Truppen - ajouté par moi). Lorsque la guerre éclata, Eichmann qui était inspecteur de camps de concentration (il s'agit en fait du SS-Gruppenführer Richard Glücks - ajouté par moi), les a formé en une seule division pour le combat (la division "Totenkopf" fût formée et dirigée par le SS-Obergruppenführer Theodor Eicke, prédécesseur de Glucks à l'inspectorat des camps de concentration - ajouté par moi). Les gardes furent remplacés par des personnes âgées de la SS générale (Algemeine-SS - ajouté par moi) ou des blessés de guerre. Dans les années suivantes, c'est à partir de En 1941, nous avons utilisé de nombreux Allemands dits ethniques de Hongrie ou de Galice pour servir dans les unités de garde (Volksdeutche). En 1943 et 1944, des troupes de l'armée de terre, de l'air, et de la marine, furent transférées pour superviser le travail dans les usines de guerre pour la production d'armements. Comme par exemple dans une usine d'armement qui travaillait pour la marine et qui utilisait des internés comme main d’œuvre. Dans de tels cas, la marine devait fournir ses propres personnel de garde. Il en était de même pour l'armée de terre et l'aviation car il n'y avait pas assez d'unités de garde SS. Le personnel de l'armée de terre, de la marine ou de l'aviation qui ont servi de gardes ont été pour beaucoup transférés dans les SS.
Q: Que vous est-il arrivé après décembre 1943, lorsque vous avez quitté Auschwitz?
R: Je suis allé au quartier général d'Oranienburg pour travailler pour l'inspecteur des camps de concentration (Amt D du WVHA - ajouté par moi). Auschwitz était devenu si grand qu'il a fallu le diviser en 3 camps appelés Auschwitz 1, 2 et 3. Ou ils pourraient être désignés ainsi: "Auschwitz", "Birkenau", qui était Auschwitz 2, et "Monowitz" qui était Auschwitz 3. À Monowitz se trouvaient tous les camps de travail qui dépendaient d'Auschwitz. Le chiffre de 140.000 détenus que je vous ai donné auparavant prend en compte uniquement ceux qui travaillaient à Auschwitz, et non les internés de passage qui ont été, soit liquidés, soit envoyés ailleurs.
Q: Depuis votre départ d'Auschwitz jusqu'à la fin de la guerre, combien de personnes y ont-elles été exterminées? Y a-t-il eu des personnes qui ont été exterminé en 1945?
R: Eh bien, à la fin de 1944, tout s'est arrêté. Cela a été interdit par Himmler. Presque aucun transport n'est arrivé en 1945.
Q: Pourquoi les exterminations ont-elles cessé? Était-ce parce qu'il n'y avait plus de Juifs à exterminer?
R: En novembre 1944, j'étais avec Eichmann à Budapest, et il m'a dit qu'il y avait des négociations en cours entre Himmler et les représentants des juifs de Suisse à travers divers intermédiaires, et que désormais les exterminations devraient cesser immédiatement.
Q: À votre avis, quand ont eu lieu les dernières exterminations?
R: Je ne suis pas sûr, mais je pense en octobre 1944. (Himmler donna l'ordre des stopper les gazages le 25 novembre 1944, et de commencer à démanteler les crématoires - ajouté par moi)
Q: Qui a inventé les chambres à gaz?
R: Elles se sont développées petit à petit en fonction des besoins. Les tribunaux nous amenaient beaucoup de gens pour être fusillés, mais je me suis toujours opposé à devoir utiliser encore et encore les mêmes hommes pour les pelotons d'éxecution. Durant cette période, mon chef de camp Karl Fritzsch (SS-Hauptstrumführer, lagerführer au KL Auschwitz I à l'époque des tests de gazage sur des prisonniers de guerre russes dans les caves du block 11 en septembre 1941 - ajouté par moi), est venu vers moi et m'a demandé si je pourrait essayer d'exécuter des gens avec du gaz Zyklon B. Jusqu'à cette époque, le Zyklon B était utilisé uniquement pour désinfecter les casernes qui étaient pleines de parasites. Je l'ai essayé sur certaines personnes condamnées à mort dans la cellule de la prison, et c'est ainsi que cela s'est développé. Je ne voulais plus de fusillades. Alors on a plutôt utilisé des chambres à gaz.
Q: Combien de camps de concentration en Allemagne ou ailleurs disposaient également de chambres à gaz?
R: Mauthausen, Dachau, Auschwitz et à l'est, Treblinka. En Russie, ils utilisaient des wagons à gaz [sic].
Q: Et Majdanek?
R. Ils avaient des chambres à gaz temporaires, mais ce camp relevait de la police de sécurité. Majdanek se trouvait près de la ville de Lublin et était un camp d'extermination sous la direction du SS-Brigadeführer Odilo Globocnik, qui était le chef des SS et de la police du district de Lublin (SS-und Polizeiführer distrikt Lublin - ajouté par moi)

Q: que pensait votre femme de tout cela?
R: En 1942, elle surprit une remarque faite par le Gauleiter Bracht de Haute-Silésie, qui évoquait le programme d'extermination des juifs, et elle le crût. Après, elle m'a posé des questions et je lui ai dit la vérité.
Q: Quelle a été sa réaction?
R: Elle était bouleversée bien sûr, et pensait que c'était cruel et terrible. J'ai tenté de lui expliqur de la même manière que Himmler me l'avait expliqué, et finalement, elle accepta cette explication. Puis nous n'en n'avons plus parlé.

Rudolf Höss face à la justice Famill10
(Edwig Höss)

Q: Vous sentez-vous coupable, ou pensez-vous être un soldat qui a simplement fait son devoir?
R: Jusqu'à la capitulation de l'Allemagne, je croyais avoir exécuté les ordres correctement et de la bonne manière. Mais après la capitulation, quand j'ai lu les articles des journaux sur les procès en cours, j'en suis arrivé à la conclusion que la nécessité de l'extermination des juifs n’était pas comme ils me l’avaient dit, Maintenant je suis coupable, comme le sont tous les autres, et je dois en assumer les conséquences.
Q: Selon vous, quelle devrait être votre punition?
R: Être pendu...
Q: Pensez-vous que d'autres sont plus coupables que vous?
R: Il y en a d'autres plus coupables que moi, notamment et surtout ceux qui m'ont donné les ordres, qui étaient faux. Mais comme je l'ai vu dans le procès de Belsen où ces SS travaillaient sous les mêmes ordres que moi, je dois faire face à la même punition. (Höss pense probablement à Josef Kramer et Franz Hössler qui furent particulièrement impliqués dans les opérations d'extermination à Birkenau, et qui furent condamnés à mort et pendus - ajouté par moi)
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Message  PJ 29/11/2024, 15:39

Témoignage de Rudolf Höss devant le Tribunal Militaire International de Nuremberg, le 15 avril 1946.
Seance du matin.



Rudolf Höss face à la justice Hzss_n10


Dr. Kauffmann : Avec l’accord du Tribunal, j’appelle maintenant le témoin Höss.
Le témoin vient à la barre.

Le Président: Levez-vous, et donnez votre nom.
Le Témoin: Rudolf Franz Ferdinand Höss.
Le Président: Voulez-vous répéter après moi ce serment: "Je jure devant Dieu le Tout-Puissant et l'Omniscient, que je dirai la pure vérité, que je ne retiendrai ni n'ajouterai rien".
Le témoin Höss répéte le serment en allemand.
Le Président: Vous pouvez vous asseoir.

Dr. Kauffmann (avocat de l'accusé Kaltenbrunner): Témoin, vos déclarations auront une portée considérable. Vous êtes peut-être le seul à pouvoir jeter un peu de lumière sur certains aspects cachés, à pouvoir dire quelles personnes ont donné l'ordre de détruire les juifs européens, et à pouvoir préciser comment cet ordre a été exécuté et dans quelle mesure l'exécution a été respectée. De 1940 à 1943, vous étiez commandant du camp d'Auschwitz. Est-ce vrai?
Höss: Jawohl. (oui)
Q: Et pendant ce temps, des centaines de milliers d’êtres humains y ont été envoyés à la mort. Est-ce exact?
R: Oui.
Q: Est-il vrai que vous-même n'avez pas noté exactement le nombre de ces victimes parce qu'il vous était interdit de le faire?
R: Oui, c’est exact.
Q: Est-il exact que seul un homme du nom d'Eichmann avait des notes à ce sujet. L'homme qui avait pour tâche d'organiser et de rassembler ces gens?
R: Oui.
Q: Est-il en outre vrai qu'Eichmann vous a déclaré qu'à Auschwitz, au total, plus de 2 millions de juifs avaient été exterminés?
R: Oui.
Q: Des hommes, des femmes et des enfants?
R: Oui.
Q: Vous avez participé à la première guerre mondiale?
R: Oui.
Q: Et puis en 1922, vous avez adhéré au Parti?
R: Oui. (No 3240 - ajouté par moi)
Q: Étiez-vous membre des SS?
R: Depuis 1934. (No 193616 - ajouté par moi)
Q: Est-il vrai qu'en 1924, vous avez été condamné à une longue peine de travaux forcés pour votre participation à un soi-disant assassinat politique?
R: Oui.
Q: Et puis fin 1934, vous êtes allé au camp de concentration de Dachau?
R: Oui.
Q: Quelle mission avez-vous reçue?
R: Au début, j'étais chef d'un block de prisonniers (Blockführer - ajouté par moi), puis je suis devenu administrateur des biens des prisonniers.
Q: Et combien de temps y êtes-vous resté?
R: Jusqu’en 1938.
Q: Quel fonction avez-vous exercé à partir de 1938, et où étiez-vous alors?
R: En 1938, je suis allé au camp de concentration de Sachsenhausen où j'ai d'abord été adjudant du commandant, puis je suis devenu chef du camp de détention préventive. (Schutzhaftlagerführer - ajouté par moi)
Q: Quand étes-vous devenu commandant à Auschwitz?
R: J'ai été commandant à Auschwitz de mai 1940 à décembre 1943.
Q: Quel a été le plus grand nombre d’êtres humains, de prisonniers, jamais détenus en même temps à Auschwitz?
R: Le plus grand nombre d'internés détenus à un moment donné à Auschwitz était d'environ 140.000 hommes et femmes.
Q: Est-il vrai qu'en 1941, vous avez reçu l'ordre d'aller à Berlin pour voir Himmler? Veuillez indiquer brièvement ce qui a été discuté.
R: Oui. Au cours de l'été 1941, je fus convoqué à Berlin auprès du Reichsführer-SS Himmler pour recevoir des ordres personnels. Ils m'a dit – je ne me souviens plus des mots exacts – que le Führer avait donné l'ordre d'une solution définitive à la question juive. Nous les SS, devions exécuter cet ordre. Si cela n’est pas mis en œuvre tout de suite, se sont les juifs qui détruiraient plus tard le peuple allemand. Il avait choisi Auschwitz en raison de sa facilité d'accès par chemin de fer, et aussi parce que le vaste site offrait un espace pour des mesures d'isolement et de camouflage.
Q: Au cours de cet entretien, Himmler vous a-t-il dit que cette action planifiée devait être traitée comme une affaire secrète du Reich?
R: Oui, Il a souligné ce point. Il m'a dit que je n'avais même pas le droit d'en parler à mon supérieur immédiat, le Gruppenführer Glücks. Cette entretien ne concernait que nous 2, et je devais observer le secret le plus strict.
Q: Quelle était la position occupée par Glücks que vous venez de mentionner?
R: Le Gruppenführer Glücks était l'Inspecteur des Camps de Concentration à cette époque, et il était immédiatement subordonné au Reichsführer-SS.
Q: L'expression "Affaire Secrète du Reich" signifie-t-elle que personne n'était autorisé à faire la moindre allusion aux gens en dehors du cercle de ceux qui savaient, sans mettre sa propre vie en danger?
R: Oui. "Affaire Secrète du Reich" signifiait que personne n'était autorisé à parler de ces questions avec qui que ce soit, et que chacun avait promis de garder le plus grand secret sur sa vie.
Q: Avez-vous rompu cette promesse?
R: Pas avant la fin de 1942.
Q : Pourquoi mentionnez-vous cette date? Avez-vous parlé à quelqu'un après cette date?
R: À la fin de l'année 1942, la curiosité de ma femme fut éveillée par des remarques faites par le Gauleiter de Haute-Silésie Bracht à propos des événements survenus dans mon camp. Elle m'a demandé si c'était la vérité, et j'ai admis que c'était le cas. Ce fut la seule violation de la promesse que j'avais faite au Reichsführer. Sinon, je n'en ai jamais parlé à personne d'autre.
Q: Quand avez-vous rencontré Eichmann?
R: J'ai rencontré Eichmann environ 4 semaines après avoir reçu l'ordre du Reichsführer. Il est venus à Auschwitz pour discuter avec moi des détails de l'exécution de l'ordre donné. Comme le Reichsführer me l'avait dit au cours de notre entretien, il avait chargé Eichmann de discuter avec moi de l'exécution de l'ordre, et je devais recevoir de lui toutes les instructions ultérieures.
Q: Pouvez-vous nous dire brièvement s'il est exact que le camp d'Auschwitz était complètement isolé? Pouvez-vous décrire les mesures prises pour assurer autant que possible le secret de l'exécution de la tâche qui vous a été confiée.
R: Le camp d'Auschwitz en tant que tel était à environ 3 kilomètres de la ville. Environ 20.000 acres des terres environnantes avaient été débarrassés de tous les habitants, et toute la zone ne pouvait être pénétrée que par des SS, ou des employés civils munis de laissez-passer spéciaux. L'enceinte actuelle appelée "Birkenau" où fut construit plus tard le camp d'extermination, était située à 2 kilomètres du camp d'Auschwitz. Les installations du camp elles-mêmes, c'est-à-dire les installations provisoires utilisées au début, se trouvaient au plus profond des bois (dans le "Birkenwald" - ajouté par moi) et pouvaient être repérées à l'œil nu de nulle part. En plus de cela, cette zone avait été déclarée "zone interdite", et même les membres des SS qui n'avaient pas de laissez-passer spécial ne pouvaient pas y entrer. Ainsi, autant qu'on puisse en juger, il était impossible à quiconque, sauf aux personnes autorisées, d'entrer dans cette zone.
Q: Et puis les transports ferroviaires sont arrivés. À quelle période ces transports sont-ils arrivés, et combien de personnes environ se trouvaient à bord de tels transports?
R: Pendant toute la période allant jusqu'en 1944, certaines opérations ont été effectuées à intervalles irréguliers dans les différents pays, de sorte qu'on ne peut pas parler d'un flux continu de transports entrants. C'était toujours une question de 4 à 6 semaines. Pendant ces 4 à 6 semaines, 2 à 3 trains, contenant chacun environ 2000 personnes, arrivaient quotidiennement. Ces trains ont d'abord été dirigés vers une voie d'évitement dans la région de Birkenau, puis les locomotives repartaient. Les gardes qui accompagnaient les transports ont dû quitter immédiatement les lieux, et les personnes amenées ont été prises en charge par des gardes appartenant au camp. Ils y furent examinés par 2 médecins SS quant à leur aptitude au travail. Les internés capables de travailler étaient dirigés aussitôt vers Auschwitz ou vers le camp de Birkenau, et ceux incapables de travailler furent d'abord conduits vers les installations provisoires (Bunkers 1 et 2 - ajouté par moi), puis plus tard vers les crématoires nouvellement construits.
Q: Au cours d'un interrogatoire que j'ai eu avec vous l'autre jour, vous m'avez dit qu'environ 60 hommes étaient désignés pour recevoir ces transports et que ces 60 personnes étaient également tenues au secret décrit précédemment?
R: Oui, ces 60 hommes étaient toujours disponibles pour emmener les internés incapables de travailler vers ces installations provisoires et plus tard vers les nouveaux crématoires. Ce groupe, composé d'une dizaine d'officiers et sous-officiers, ainsi que de médecins et de personnel médical, avait été informé à plusieurs reprises, tant par écrit que verbalement, qu'il était tenu au plus strict secret quant à tout ce qui se passait dans le camp.
Q: Y avait-il des signes qui pouvaient montrer à un étranger qui aurait vu ces transports arriver, qu'ils seraient détruits?
R: Non. Un observateur n'aurait pu en avoir aucune idée, car arrivaient non seulement des transports destinés à être détruits mais aussi d'autres transports pour le travail. En outre, des transports quittèrent également le camp en nombre suffisant avec des internés aptes au travail ou des prisonniers échangés.
Les trains eux-mêmes étaient fermés, c'est-à-dire que les portes des wagons de marchandises étaient fermées de manière à ce qu'il ne soit pas possible, de l'extérieur, d'apercevoir les personnes à l'intérieur. En plus de cela, jusqu'à 100 wagons transportant du matériel, des rations, etc..., arrivaient quotidiennement dans le camp ou sortaient continuellement des ateliers du camp dans lesquels le matériel de guerre était fabriqué.
Q: Et après l’arrivée des transports, les gens ont-ils été dépouillées de tout ce qu’ils possédaient? Devaient-ils se déshabiller complètement? Ont-ils dû donner leurs objets de valeur? Est-ce vrai?
R: Oui.
Q: Et puis ils sont immédiatement allés vers la mort?
R: Oui.
Q: Selon vous, est-ce que ces gens savaient ce qui les attendait?
R: La majorité d'entre eux ne savaient pas, car des mesures avaient été prises pour qu'ils restent dans le doute, et qu'il n'y ait aucun soupçon qu'ils allaient réellement vers la mort. Par exemple, toutes les portes et tous les murs portaient des inscriptions indiquant qu'ils allaient subir une opération d'épouillage ou prendre une douche.
Q: Et puis, vous me disiez l'autre jour que la mort par gazage survenait dans un délai de 3 à 15 minutes. Est-ce exact?
R: Oui.
Q: Vous m'avez également dit qu'avant même la mort, les victimes tombaient dans un état d'inconscience?
R: Oui. D'après ce que j'ai pu constater moi-même, ou ce qui m'a été rapporté par les médecins présent durant ces opérations de gazage, le temps nécessaire pour atteindre l'inconscience ou la mort variait selon la température et le nombre de personnes présentes dans les chambres à gaz. La perte de conscience se produisait en quelques secondes, ou quelques minutes.
Q: Avez-vous vous-même déjà ressenti de la pitié envers les victimes? Peut-être en pensant à votre propre famille et à vos enfants?
R: Oui.

Rudolf Höss face à la justice Heidet10
(Heidetraud, Inge-Brigitt, Hans-Jürgen et Klaus Höss)

Q: Comment avez-vous pu malgré tout mener à bien ces actions d'extermination?
R: Face à tous ces doutes que j'avais, le seul argument décisif était l'ordre strict et la raison donnée par le Reichsführer Himmler.
Q: Himmler a-t-il inspecté le camp, et a-t-il également été témoin du processus d'anéantissement?
R: Oui. Himmler a visité le camp en 1942 (juillet), et a observé en détail le processus du début à la fin.

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Rudolf Höss face à la justice Visite12

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Q: Est-ce la même chose pour Eichmann?
R: Eichmann est venu à plusieurs reprises à Auschwitz, et était intimement au courant de ces choses.
Q: L’accusé Kaltenbrunner a-t-il déjà inspecté le camp?
R: Eh bien...
Q: Avez-vous déjà parlé à Kaltenbrunner de votre mission?
R: Jamais. Je n'ai été avec l'Obergruppenführer Kaltenbrunner qu'une seule fois.
Q: Quand était-ce?
R: C’était un jour après son anniversaire en 1944.
Q: Et quel était le sujet de cette conférence que vous venez de mentionner?
R: Il s'agissait d'un rapport du camp de Mauthausen sur les internés dits anonymes (les détenus "Nacht und Nebel" ou "Nuit et Brouillard" - ajouté par moi) et leur engagement dans l'industrie de l'armement. L'Obergruppenführer Kaltenbrunner devait prendre une décision à ce sujet. C'est pour cette raison que je suis venu lui apporter le rapport du commandant de Mauthausen (SS-Standartenführer Franz Ziereis - ajouté par moi), mais il n'a pas pris de décision immédiatement en me disant qu'il le ferait plus tard.
Q: Concernant la localisation de Mauthausen, pourriez-vous s'il vous plaît indiquer dans quel endroit se trouve Mauthausen. S'agit-il de la Haute-Silésie ou du Gouvernement général?
R: Mauthausen...
Q: Auschwitz, je vous demande pardon, j'ai fait une erreur. Je veux dire Auschwitz.
R: Auschwitz est situé en Pologne, dans la province de Haute-Silésie.
Q: Ai-je raison de supposer que l'administration et l'alimentation des camps de concentration relevaient exclusivement du contrôle du bureau économique et administratif principal? (SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt ou WVHA - ajouté par moi)
R: Oui.
Q: Un département complètement séparé du RSHA?
R: C'est exact.
Q: Et puis de 1943 jusqu'à la fin de la guerre, vous étiez l'un des chefs de l'Inspection des Camps au bureau économique et administratif principal? (WVHA)
R: Oui, c’est exact.
R: Voulez-vous dire par là que vous êtes particulièrement bien informé de tout ce qui se passe dans les camps de concentration en ce qui concerne le traitement et les méthodes appliquées?
R: Oui.
Q: Je vous demande donc tout d'abord si vous avez des connaissances sur le traitement des internés, si vous avez eu connaissance de certaines méthodes selon lesquelles ils étaient torturés et cruellement traités? Veuillez formuler votre déclaration par périodes, jusqu'en 1939 et après 1939.
R: Jusqu'au déclenchement de la guerre en 1939, la situation dans les camps en ce qui concerne l'alimentation, l'hébergement et le traitement des internés était la même que dans n'importe quelle autre prison ou pénitencier du Reich. Les internés étaient traités avec sévérité, mais il était hors de question de coups ou de mauvais traitements méthodiques. Le Reichsführer ordonnait fréquemment que tout SS qui violentait un interné soit puni; et à plusieurs reprises, les SS qui maltraitèrent des internés furent punis. L'alimentation et le logement se faisaient à cette époque sur les mêmes bases que ceux des autres prisonniers sous administration légale. Au cours de ces années-là, l'hébergement dans les camps était encore normal, car les afflux massifs du début de la guerre et pendant la guerre n'avaient pas encore eu lieu. Lorsque la guerre éclata et que les envois massifs d'internés politiques arrivèrent, et plus tard, lorsque les prisonniers membres des mouvements de résistance arrivèrent des territoires occupés, la construction de bâtiments et les extensions des camps ne purent plus suivre le rythme de le croissance exponentielle des camps. Durant les premières années de la guerre, ce problème pouvait encore être résolu par des mesures improvisées. Mais plus tard, en raison des exigences de la guerre, cela n'était plus possible car nous n'avions pratiquement plus de matériaux de construction à notre disposition. En outre, les rations destinées aux internés furent à plusieurs reprises sévèrement réduites par les services de l'administration économique provinciale. Cela a ensuite conduit à une situation dans laquelle les internés dans les camps n'avaient plus la force de résister aux épidémies qui se développaient progressivement. La raison principale pour laquelle les prisonniers étaient dans un si mauvais état vers la fin de la guerre, pour laquelle tant de milliers d'entre eux furent trouvés malades et émaciés dans les camps, était que chaque interné devait être employé dans l'industrie d'armement jusqu'à l'extrême limite de ses forces. Le Reichsführer a constamment, et à chaque occasion, gardé cet objectif sous nos yeux, et l'a également proclamé par l'intermédiaire du chef du principal bureau économique et administratif, l'Obergruppenfáhrer Pohl, au camp de concentration, aux commandants et aux dirigeants administratifs lors des soi-disant réunions des commandants.
Il a été demandé à chaque commandant de faire tous les efforts pour y parvenir. Le but n’était pas d’avoir le plus de morts possible ni de détruire le plus d’internés possible. le Reichsführer avait le souci constant de pouvoir engager toutes les forces disponibles dans l'industrie d'armement.
Q: Il ne fait aucun doute que plus la guerre durait, plus le nombre de détenus maltraités et torturés augmentait. Chaque fois que vous avez inspecté les camps de concentration, n'avez-vous pas appris quelque chose de cet état de choses par des plaintes, ou considérez-vous que les conditions décrites sont plus ou moins dues à des excès?
R: Ces soi-disant mauvais traitements et ces tortures dans les camps de concentration, dont les histoires se sont répandues partout parmi la population, et plus tard par les prisonniers libérés par les armées d'occupation, n'ont pas été comme on le suppose, infligés méthodiquement. Ils ont été les commis par des individus isolés - sous-officiers et hommes de troupe - qui ont abusé physiquement les détenus.
Q: Voulez-vous dire que vous n’avez jamais eu connaissance de ces questions?
R: Si un tel cas était connu, l'auteur de l'infraction était bien entendu immédiatement démis de ses fonctions ou muté ailleurs. De sorte que, même s'il n'a pas été puni ou faute de preuves prouvant sa culpabilité, il a quand même été retiré du contact direct des internés, et muté à un autre poste.
Q: A quoi attribuez-vous les conditions particulièrement mauvaises et honteuses constatées par les troupes alliées, et qui ont été photographiées et filmées?
R: La situation catastrophique à la fin de la guerre était dû au fait que, suite à la destruction du réseau ferroviaire et aux bombardements continus des installations industrielles, le soin apporté à ces masses - je pense à Auschwitz avec ses 140.000 internés - ne pouvait plus être assurée. Les commandants des camps essayèrent d'améliorer la situation, mais n'eurent que peu ou pas de résultats. Le nombre des malades devint immense. Il n’y avait pratiquement pas de fournitures médicales. Les épidémies faisaient rage partout. Les internés capables de travailler étaient utilisés à maintes reprises. Sur ordre du Reichsführer, même les personnes légèrement malades devaient être utilisées autant que possible dans l'industrie. En conséquence, les camps étaient surpeuplés de prisonniers malades et mourants.
Q: Je vous demande maintenant de regarder la carte qui est accrochée derrière vous. Les points rouges représentent les camps de concentration. Je vais d’abord vous demander combien de camps de concentration en tant que tels existaient à la fin de la guerre?
R: A la fin de la guerre, il y avait encore 13 camps de concentration. Tous les autres points indiqués ici sur la carte désignent des soi-disant camps de travail rattachés à l'industrie d'armement. Les camps de concentration, au nombre de 13 comme je l'ai déjà dit, étaient le centre et le point central d'un district, comme le camp de Dachau en Bavière, ou le camp de Mauthausen en Autriche. Et tous les camps de travail de ce district étaient sous le contrôle du camp de concentration. Ce camp devait alors approvisionner les camps extérieurs, c'est-à-dire les approvisionner en ouvriers et leur fournir des vêtements. les gardes étaient également fournis par le camp de concentration. À partir de 1944, l'approvisionnement en nourriture incombait presque exclusivement aux industries d'armement individuelles, afin de faire bénéficier les prisonniers des rations supplémentaires de guerre.
Q: Que savez-vous des soi-disant expériences médicales sur des internés vivants?
R: Des expériences médicales ont été menées dans plusieurs camps. Par exemple, à Auschwitz, des expériences de stérilisation ont été menées par le professeur Claubert (Carl) et le Dr. Schumann (Horst). Des expériences sur les jumeaux ont été conduites par le médecin SS Dr. Mengele.
Q: Connaissez-vous le Dr. Rascher (Sigmund)?
R: À Dachau, il était médecin de la Luftwaffe et effectuait des expériences sur des détenus condamnés à mort. Notamment sur la résistance du corps humain au froid et à l'altitude dans des chambres à haute pression.
Q: Pouvez-vous dire si de telles expériences menées au sein des camps étaient connues d'un grand cercle?
R: De telles expériences, comme toutes les autres questions, étaient bien entendu appelées "Affaires Secrètes du Reich". Cependant, il ne pouvait être évité que les expériences soient connues, car elles ont été menées dans un grand nombre de camps, et ont dû être vues d'une manière ou d'une autre par les détenus. Je ne peux cependant pas dire dans quelle mesure le monde extérieur a été informé de ces expériences.
Q: Vous m'avez expliqué que des ordres d'exécution étaient reçus au camp d'Auschwitz, et vous m'avez dit que jusqu'au début de la guerre, ces ordres étaient peu nombreux, mais qu'ils le sont devenus par la suite. Est-ce exact?
R: Oui. Il n'y a eu pratiquement aucune exécution jusqu'au début de la guerre, seulement dans des cas particulièrement graves. Je me souviens d'un cas à Buchenwald où un SS avait été attaqué et battu à mort par des internés, et ces derniers avaient ensuite été pendus.
Q: Mais pendant la guerre, et vous l'admettrez, le nombre d'exécutions a augmenté dans une proportion non négligeable.
R: Cela avait déjà commencé au début de la guerre.
Q: Ces ordres d’exécution étaient-ils fondés sur une décision judiciaire des tribunaux allemands?
R: Eh bien, les ordres pour les exécutions effectuées dans les camps provenaient du RSHA. ("Reichssicherheitshauptamt" ou "Office Central de la Sécurité du Reich - ajouté par moi),
Q: Qui a signé les ordres d'exécution que vous avez reçus? Est-il exact que vous receviez occasionnellement des ordres d'exécution portant la signature "Kaltenbrunner", et qu'il ne s'agissait pas d'originaux mais de téléimprimés qui avaient la signature en lettres dactylographiées?
R: C’est exact. Les originaux des ordres d'exécution ne sont jamais parvenus dans les camps. L'original de ces ordres soit arrivait à l'Inspection des Camps de Concentration, d'où ils étaient transmis par télétype aux camps concernés, soit en cas d'urgence, le RSHA envoyait les ordres directement aux camps concernés, de sorte que les signatures étaient toujours uniquement par télétype.
Q: Afin de déterminer à nouveau les signatures, pourriez-vous dire au Tribunal si la grande majorité de tous les ordres d'exécution portaient soit la signature de Himmler, soit celle de Müller dans les années précédant la guerre, et jusqu'à la fin de la guerre.
R: Très peu de télétypes que j'ai vu provenaient du Reichsführer en personne, et encore moins de l'accusé Kaltenbrunner. La plupart d'entre eux, je pourrais dire pratiquement tous, étaient signés "Müller".
Q: Est-ce le Müller avec qui vous avez parlé à plusieurs reprises des sujets que vous avez évoqués plus tôt?
R: Le Gruppenführer Müller était le chef du département IV du RSHA (Gestapo). Il dut négocier avec l'Inspection des Camps sur toutes les questions liées aux camps de concentration.
Q: Diriez-vous que quand vous êtes allé voir le chef de la Gestapo Müller pour des questions de service, que basé sur votre expérience, vous pensiez que cet homme, en raison de ses années d'activité, agissait de manière presque indépendante?
R: C’est tout à fait vrai. J'ai dû négocier toutes les questions concernant les camps de concentration avec le Gruppenführer Müller. Il était informé de toutes ces questions et, dans la plupart des cas, il prenait une décision immédiate.
Q: Avez-vous appris que vers la fin de la guerre, les camps de concentration ont été évacués? Et si oui, qui donnait les ordres?
R: Laissez-moi vous expliquer. A l'origine, il y avait un ordre du Reichsführer selon lequel les camps, en cas d'approche de l'ennemi ou en cas d'attaques aériennes, devaient être rendus à l'ennemi. Plus tard, à cause du cas de Buchenwald qui avait été signalé au Führer, cet ordre fut retiré. Eh bien au début de 1945, lorsque divers camps tombèrent dans la zone d'action de l'ennemi, cet ordre fut retiré. Le Reichsführer a ordonné aux Chefs Suprêmes de la SS et de la Police (Höhere SS und Polizeiführer ou HSSPF - ajouté par moi) qui en cas d'urgence étaient responsables de la sécurité et de la sûreté des camps, de décider eux-mêmes si une évacuation ou une reddition était appropriée. Auschwitz et Gross-Rosen furent évacués. Buchenwald devait également être évacué, mais ensuite l'ordre du Reichsführer est arrivé selon lequel, en principe, plus aucun camp ne devait être évacué. Seuls les détenus éminents, et les détenus qui ne devaient en aucun cas tomber aux mains des Alliés, devaient être emmenés vers d'autres camps. Cela s'est également produit dans le cas de Buchenwald. Après l'occupation de Buchenwald, le Führer fut informé que les internés s'étaient armés et se livraient à des pillages dans la ville de Weimar. Cela amena le Führer à donner à Himmler l'ordre le plus strict selon lequel à l'avenir, aucun camp ne tomberait plus aux mains de l'ennemi, et qu'aucun interné capable de marcher ne serait laissé dans aucun camp. C'était peu avant la fin de la guerre, et peu avant que le nord et le sud de l'Allemagne ne soient coupés. Je parle maintenant du camp de Sachsenhausen: le chef de la Gestapo, le Gruppenführer Müller, m'a appelé dans la soirée et m'a dit que le Reichsführer avait ordonné que le camp de Sachsenhausen soit immédiatement évacué. J'ai fait remarquer au Gruppenführer Müller ce que cela signifierait. Sachsenhausen ne pouvait plus s'appuyer sur aucun autre camp, à l'exception peut-être de quelques camps de travail rattachés aux usines d'armement, et de toute façon presque remplis. La plupart des internés devraient être hébergés quelque part dans les bois. Cela signifierait des milliers de morts et surtout, il serait impossible de nourrir ces masses de gens. Il m'a promis qu'il discuterait à nouveau de ces mesures avec le Reichsführer. Il m'a rappelé et m'a dit que le Reichsführer exigeait que les commandants exécutent immédiatement ses ordres. Au même moment, le camp de Ravensbrück devait être évacuée de la même manière, mais cela ne pouvait plus être fait. Je ne sais pas dans quelle mesure les camps du sud de l'Allemagne ont été vidés, puisque nous, à l'Inspection, n'avions plus aucun lien avec le sud de l'Allemagne.
Q: On a soutenu ici — et c'est ma dernière question — que l'accusé Kaltenbrunner avait donné l'ordre de détruire Dachau et 2 camps auxiliaires par bombardement ou par poison. Je vous le demande: avez-vous entendu quelque chose à ce sujet? Sinon, considérez-vous qu'un tel ordre soit possible?
R: Je n'ai jamais entendu parler de cela, et je ne sais rien non plus d'un ordre d'évacuation de camps dans le sud de l'Allemagne, comme je l'ai déjà mentionné. En dehors de cela, je considère qu'il est tout à fait impossible qu'un camp puisse être détruit par ces méthodes.
Dr. KAUFFMANN : Je n’ai plus de questions.

LE PRÉSIDENT L'un des avocats des accusés souhaite-t-il poser des questions au témoin?

Dr. MERKEL: Témoin, la police d'État, en tant qu'autorité du Reich, a-t-elle eu quelque chose à voir avec la destruction des juifs à Auschwitz?
R: Oui, dans la mesure où j'ai reçu tous mes ordres concernant l'exécution de cette action de l'Obersturmbannführer Eichmann.
Q: L'administration des camps de concentration était-elle sous le contrôle du bureau économique et administratif principal?
R: Oui.
Q: Vous avez déjà dit que vous n’aviez rien à voir avec le RSHA.
R: Eh bien...
Q: Veuillez donc souligner que la Gestapo en tant que telle n'avait rien à voir avec l'administration des camps ni avec l'hébergement, l'alimentation et le traitement des internés, mais que cela relevait exclusivement du Département économique et administratif principal.
R: Oui, c'est tout à fait exact.
Q: Comment expliquez-vous alors que vous ayez néanmoins discuté avec Müller de différentes questions concernant les camps de concentration?
R: Le RSHA, ou plutôt l'Amt IV, avait le pouvoir exécutif pour l'orientation de tous les internés dans les camps, le classement dans les camps de catégories 1, 2, 3, les punitions qui devaient être infligées aux prisonniers, les exécutions, l'hébergement des internés spéciaux. Et toutes les questions qui pouvaient en découler étaient également pris en charge par le RSHA ou l'Amt IV.
Q: Quand a été créé cet office économique et administratif principal?
R: Le bureau économique et administratif principal (WVHA) a existé depuis 1933 sous différents noms. L'Inspection des Camps de Concentration n'était cependant subordonnée à ce "Bureau Principal Économique et Administratif" que depuis 1941.
Q: Donc, les camps de concentration étaient dès le début sous le contrôle de ce bureau économique et administratif principal? C'est-à-dire des SS et non de la police d'État?
R: Oui.
Q: Vous avez mentionné le nom du Dr. Rascher il y a quelque temps. Connaissiez-vous personnellement ce médecin?
R: Oui.
Q: Savez-vous que le Dr. Rascher, avant de commencer son travail à Dachau, était devenu membre des SS?
R: Je n’en sais rien. Je sais seulement que plus tard, je l'ai encore vu dans l'uniforme d'un médecin de l'armée de l'air. Plus tard encore, il aurait été intégré dans les SS, mais je ne l'ai plus revu.
Dr. MERKEL : Je n’ai plus de questions. Merci beaucoup.

LUDWIG BABEL (avocat de la SS en tant qu'organisation): Témoin, au début de votre interrogatoire, vous avez déclaré que lorsque vous avez reçu l'ordre de vous rendre chez le Reichsführer-SS Himmler, il vous a dit que l'exécution de l'ordre du Führer devait être laissée aux SS. Et que les SS avaient reçu l'ordre de le faire. Que faut-il entendre sous ce titre général "SS"?
R: Selon les explications du Reichsführer, cela ne pouvait concerner que les hommes qui gardaient les camps de concentration. Selon la nature de l'ordre, seuls les SS des camps de concentration (unités "Tête de Mort" ou "Totenkopfverbände" - ajouté par moi) et non les Waffen-SS, étaient concernés par l'exécution de cet ordre.
Q: Combien de SS étaient employés dans les camps de concentration, et à quelles unités appartenaient-ils?
R: Vers la fin de la guerre, il y avait environ 35.000 SS et, selon mon estimation, environ 10.000 hommes de l'armée de l'air et de la marine, affectés aux camps de travail pour des tâches de garde.
Q: Quelles étaient les tâches de ces gardes? Autant que je sache, les tâches variaient. Il y avait d'abord la garde proprement dite, puis il y avait un certain travail administratif au sein du camp.
R: Oui, c’est exact.
Q: Combien de gardes y avait-il dans les camps pour, disons, 1000 internés?
R: On ne peux pas l’estimer de cette façon. D'après mes observations, environ 10% du nombre total du personnel de garde était affecté à des tâches internes, c'est-à-dire à l'administration et à la surveillance des internés à l'intérieur du camp, y compris le personnel médical.
Q: De sorte que 90% étaient donc utilisés pour la garde extérieure, c'est-à-dire pour surveiller le camp depuis les tours de guet, et pour escorter les internés lors de leurs missions de travail hors du camp.
R: Oui.
Q: Avez-vous fait des observations sur la question de savoir s'il y avait eu des mauvais traitements sur des prisonniers à un degré plus ou moins important de la part des gardiens, ou si ces mauvais traitements étaient principalement imputables aux soi-disant Kapos?
R: Je n'ai jamais observé moi-même des mauvais traitements infligés aux prisonniers par les gardiens. Cela n'était possible que dans une très faible mesure, car tous les services en charge des camps veillaient à ce que le moins de SS possible aient un contact direct avec les détenus, car au fil des années, le personnel de surveillance s'est tellement détérioré qu'il n'est plus possible de maintenir les normes autrefois exigées. Nous avions des milliers de gardes qui parlaient à peine allemand (Volksdeutche - ajouté par moi), qui venaient de tous les pays comme volontaires, et rejoignaient ces unités. Ou alors nous avions des hommes plus âgés entre 50 et 60 ans, qui ne s'intéressaient pas à leur travail. De sorte qu'un commandant de camp devait veiller constamment à ce que ses hommes remplissent les devoirs de base de leurs fonctions. Il est évident qu'il y avait parmi eux des éléments qui maltraitaient les internés, mais ces mauvais traitements n'ont jamais été tolérés. En outre, il était impossible que ces masses de personnes soient dirigées au travail ou dans le camp par les seuls SS.  Il fallait donc répartir des kapos partout pour diriger les autres prisonniers et les mettre au travail. L’administration interne du camp était presque entièrement entre leurs mains. Bien entendu, de nombreux mauvais traitements ont eu lieu, qui ne pouvaient être évités, car la nuit, il n'y avait pratiquement aucun membre des SS dans les camps. Ce n'est que dans des cas précis que les SS étaient autorisés à entrer dans le camp, de sorte que les internés étaient plus ou moins exposés à ces kapos.
Q: Vous avez déjà parlé des règlements qui existaient pour les gardes. Mais il y avait aussi un règlement permanent dans chaque camp pour les internés. Dans ce règlement, des sanctions étaient certainement prévues pour ceux des internés qui violaient les règles du camp. Quelle punitions étaient infligées?
R: Tout d'abord, le transfert dans une compagnie disciplinaire (Strafkompanie - ajouté par moi), c'est-à-dire un travail plus pénible et des rations diminuées. Ensuite, détention dans le block cellulaire. Détention dans une cellule sombre et étroite (Stehbunker - ajouté par moi). Et dans les cas très graves, enchaînement. Cette punition a été interdite en 1942 ou 1943 (je ne peux pas dire exactement quand) par le Reichsführer. Ensuite, il y a eu la punition consistant à rester debout à la porte du camp pendant une période assez longue. Enfin les châtiments corporels. Cependant, aucun commandant ne pouvait décréter de sa propre autorité l'application ces châtiments. Ils ne pouvaient qu'en faire la demande à l'authorité supérieure. Pour les hommes, la décision émanait de "l'Inspecteur des Camps de Concentration", le Gruppenfáhrer Glücks. Pour les femmes, le Reichsführer se réservait la décision exclusivement.
Q: Vous savez peut-être aussi que pour les membres des SS, il existait également 2 camps disciplinaires, à savoir Dachau et Dantzig-Matzkau.
R: C'est vrai.
Q: Les règlements des camps en vigueur, et le traitement réservé aux membres des SS qui étaient placés dans de tels camps étaient-ils différents des règlements applicables dans les autres camps de concentration?
R: Oui, ces 2 camps de détention pénal ne relevaient pas de l'Inspection des Camps de Concentration, mais d'un tribunal de la SS et de police. Je n'ai moi-même ni inspecté ni vu ces 2 camps.
Q: Vous ne savez donc rien des règlements relatifs à ces camps?
R: Je ne sais rien d’eux.
M. BABEL: Je n'ai plus de questions à poser au témoin.

Otto Kranzbühler (avocat de l'accusé Dönitz): Témoin, vous venez de mentionner que des membres de la marine étaient chargés de garder les camps de concentration.
R: Oui.
Q: Était-ce des camps de concentration ou des camps de travail?
R: C’étaient des camps de travail.
Q: J'ai été informé que les soldats qui devaient assurer la garde dans les camps de travail étaient confiés aux SS.
R: Ce n’est que partiellement exact. Une partie de ces hommes - je ne me souviens plus des chiffres - fut enrôlée dans les SS. Les échanges étaient permanents.
Otto Kranzbühler: Merci.

Colonel Amen: S'il plaît au Tribunal, je voudrais d'abord soumettre, au nom de nos alliés britanniques, une série de pièces relatives aux Waffen-SS sans les lire. Il s'agit simplement d'informations statistiques sur le nombre de gardes SS utilisés dans les camps de concentration. Je demande qu'on montre au témoin les documents D-745, D-746, D-747, D-748, D-749(b) et D-750, l'un d'eux étant une déclaration de ce témoin.

(Les documents sont soumis au témoin).

Q: Monsieur le Témoin, vous avez fait la déclaration D-749(b) qui vous a été remise?
R: Oui.
Q: Et vous connaissez le contenu des autres?
R: Oui.
Q: Et vous témoignez que ces chiffres sont vrais et corrects?
R: Oui, ils sont corrects.
Q: Monsieur le Témoin, est-ce que de temps à autre, des hauts responsables ou fonctionnaires nazis se sont rendus au camp de Mauthausen ou de Dachau pendant que vous y étiez?
R: Oui.
Q: Pourriez-vous indiquer les noms de ces personnes au Tribunal, s'il vous plaît?
R: Je me souviens qu'en 1935, tous les Gauleiter ont inspecté Dachau sous la direction du Reichsführer Himmler. Je ne me souviens pas d'eux individuellement.
Q: Vous souvenez-vous qu'un des ministres ait visité l'un ou l'autre de ces camps pendant que vous y étiez?
R: Voulez-vous dire la tournée d’inspection de 1935?
Q: À tout moment pendant que vous étiez dans l'un ou l'autre de ces camps de concentration.
R: En 1938, le ministre Frick (Wilhelm) était à Sachsenhausen.
Q: Vous souvenez-vous d'autres ministres qui étaient là à un moment donné?
R: Pas à Sachsenhausen, mais à Auschwitz, le ministre de la Justice.
Q: Qui était-il?
R: Thiérack. (Otto)
Q: Et qui d'autre??
R: Un autre... mais je ne me souviens pas du nom pour le moment.
Q: Eh bien, qui?
R: Je l’ai dit dans le procès-verbal, mais pour le moment je ne me souviens pas du nom.
Q: Très bien. Vous avez déclaré que de nombreux ordres d'exécution étaient signés par Müller du département IV. Est-ce exact?
R: Oui.
Q: N'est-il pas vrai que tous les ordres d'exécution dont vous avez témoigné, et qui étaient signés par Müller, ont été signés sur ordre ou en tant que représentant du chef du RSHA, Kaltenbrunner?
R: Oui. C'était sur les copies que j'avais dans les originaux. Plus tard, lorsque j'étais employé à Oranienburg, il était écrit en dessous "I. V. Müller -  In Vertretung Kaltenbrunner" (en tant que représentant de Kaltenbrunner).
Q: Autrement dit, Müller signait simplement en tant que représentant du chef du RSHA Kaltenbrunner? N'est-ce pas exact?
R: Je dois le supposer.
Q: Et bien sûr, vous saviez que Müller était un subordonné du chef du RSHA, Kaltenbrunner?
R: Oui.
Q: Témoin, vous avez fait une déclaration sous serment à la demande du Procureur?
R: Oui.
Q: Je demande qu'on montre au témoin le document PS-3868, qui deviendra la pièce USA-819.
(Le document est soumis au témoin)
Q: Vous avez signé cette déclaration volontairement?
R: Oui.
Q: Et elle est vrai à tous égards?
R: Oui.
Q: Vous nous avez déjà parlé en partie de certaines des questions couvertes dans cette déclaration. Je vais donc en omettre certaines parties. Suivez-moi pendant que je lis s'il vous plaît. Avez-vous une copie devant vous?
R: Oui.
Q: Je vais commencer par le paragraphe 2:
"J'ai été constamment associé à l'administration des camps de concentration depuis 1934. Servant à Dachau jusqu'en 1938, puis comme adjudant à Sachsenhausen de 1938 au 1er mai 1940, date à laquelle j'ai été nommé commandant d'Auschwitz. J'ai commandé Auschwitz jusqu'au 1er décembre 1943, et estime qu'au moins 2.5 millions de victimes y ont été exécutées et exterminées par gazage et incinération, et au moins 500.000 autres ont succombé à la faim et à la maladie. Ce qui fait un total d'environ 3 millions de morts. Ce chiffre représente environ 70 ou 80% de toutes les personnes envoyées à Auschwitz comme prisonniers, le reste ayant été sélectionné et utilisé pour le travail d'esclave dans les industries du camp. Parmi les personnes exécutées et brûlées figuraient environ 20.000 prisonniers de guerre russes qui ont été livrés à Auschwitz dans des transports de la Wehrmacht, gardés par des officiers et des hommes de troupe de la Wehrmacht. Le reste du nombre total de victimes comprenait environ 100.000 Juifs allemands, et un grand nombre de citoyens, pour la plupart juifs, venus de Hollande, de France et de Belgique, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Grèce ou autres pays. Nous avons exécuté environ 400.000 juifs hongrois, rien qu’à Auschwitz, au cours de l’été 1944". Tout cela est-il vrai monsieur le témoin?
R: Oui, c'est la vérité.
Q: Maintenant, j'omets les premières lignes du paragraphe 3 et je commence au milieu:
"Avant la création du RSHA, le bureau de la Police Secrète d'État (Gestapo), et le bureau de la Police Criminelle du Reich (Kripo), étaient responsables des arrestations, des placements dans les camps de concentration, des punitions et des exécutions. Après l'organisation du RSHA, toutes ces fonctions furent exercées comme avant, mais conformément aux ordres signés par Heydrich en tant que chef du RSHA. Alors que Kaltenbrunner était chef du RSHA, les ordonnances de détention de protection, les punitions et les exécutions individuelles étaient signés par Kaltenbrunner ou par le chef de la Gestapo Müller, en tant qu'adjoint de Kaltenbrunner".

Le Président: Par souci d’exactitude, la dernière date indiquée au paragraphe 2 est-elle 1943 ou 1944?
Colonel Amen: 1944, je crois.

Q: Monsieur le témoin, à la fin du paragraphe 2, à savoir que les seuls 400.000 Juifs hongrois ont été exterminé à Auschwitz au cours de l'été 1944? C'est 1944 ou 1943?
R: 1944. Une partie de ce chiffre remonte également à 1943. Je ne peux pas donner le chiffre exact.
Q: Paragraphe 4:
"Les exécutions massives par gazage ont commencé au cours de l'été 1941, et se sont poursuivies jusqu'à l'automne 1944. J'ai personnellement supervisé les exécutions à Auschwitz jusqu'au 1er décembre 1943, et je sais, en raison de mes fonctions continues au sein de l'Inspection des Camps de Concentration, que ces exécutions massives se sont poursuivies comme indiqué ci-dessus. Toutes les exécutions massives par gazage ont eu lieu sur l'ordre direct, la supervision, et la responsabilité du RSHA. Les ordres pour procéder à ces exécutions massives venaient directement du RSHA. Est-ce que ces déclarations sont vraies et exactes monsieur le témoin?
R: Oui, elles le sont.
Q: Paragraphe 5:
"Le 1er décembre 1943, je suis devenu chef du bureau I de l'Amt D au sein du WVHA. Dans ce bureau, j'étais responsable de la coordination de toutes les questions et problèmes soulevées entre le RSHA et les camps de concentration sous administration du WVHA. J'ai occupé ce poste jusqu'à la fin de la guerre. Pohl, en tant que chef du WVHA, et Kaltenbrunner, en tant que chef du RSHA, se sont souvent entretenus personnellement et ont fréquemment communiqué oralement et par écrit concernant les camps de concentration".
Vous nous avez déjà parlé du long rapport que vous avez apporté à Kaltenbrunner à Berlin, c'est pourquoi je vais omettre le reste du paragraphe 5.
Paragraphe 6:
"La Solution Finale de la question juive signifiait l'extermination complète de tous les juifs d'Europe. J'ai reçu l'ordre d'établir des installations d'extermination à Auschwitz en juin 1941. A cette époque, il y avait déjà dans le Gouvernement général 3 autres camps d'extermination: Belzec, Treblinka et Wolzek (lire Sobibor). Ces camps relevaient du commando de la Police de Sécurité et du SD. Je me suis rendu à Treblinka pour savoir comment ils procédaient à l'extermination de juifs là-bas. Le commandant du camp de Treblinka m'a dit qu'il avait liquidé 80.000 juifs 6 mois. Il s'occupait principalement de liquider tous les Juifs du ghetto de Varsovie. Il ne pensait pas que ses méthodes étaient très efficaces. À Auschwitz, j'ai utilisé du Zyklon B, qui était un acide prussique cristallisé que nous faisions tomber. dans la chambre à gaz par une petite ouverture. Il fallait entre 3 et 15 minutes pour tuer les personnes enfermées dans la chambre, dépendant des conditions climatiques. Nous savions quand les gens étaient morts parce que leurs cris avaient cessé. Nous attendions habituellement environ une demi-heure avant d'ouvrir les portes et d'évacuer les corps. Après que les corps aient été enlevés de la chambre, nos commandos spéciaux enlevaient les anneaux et les bagues, et extrayaient l'or des dents des cadavres". Est-ce que tout cela est vrai et exact?
R: Oui.
Q: Au fait, que faisait-on de l'or qu'on prenait sur les dents des cadavres? Le savez-vous?
R: Oui.
Q: Dites-le au Tribunal.
R: Cet or a été fondu et apporté au cabinet médical des SS à Berlin.
Q: Paragraphe 7:
"Une autre amélioration que nous avons apportée par rapport à Treblinka, a été que nous avons construit chacunes de nos chambres à gaz pour accueillir 2000 personnes à la fois, alors qu'à Treblinka, leurs 10 chambres à gaz n'accueillaient que 200 personnes chacune. La manière dont nous avons sélectionné nos victimes était la suivante: Nous avions 2 médecins SS en service sur la rampe à Auschwitz pour examiner les transports de prisonniers entrants. Les prisonniers étaient accompagnés par l'un des médecins qui prenait des décisions ponctuelles pendant leur passage devant lui. D'autres étaient immédiatement envoyés dans les usines d'extermination. Les enfants en bas âge étaient invariablement exterminés, car en raison de leur jeunesse, ils étaient incapables de travailler. À Auschwitz, nous avons essayé de tromper les victimes jusqu'au bout en leur faisant croire qu'elles devaient subir un processus d'épouillage. afin d'éviter les résistances et autres difficultés. Très souvent, les femmes cachaient leurs enfants sous leurs vêtements. Mais bien sûr, lorsque nous les trouvions, nous les exterminions de même. Nous devions procéder à ces exterminations en secret, mais bien sûr, la puanteur nauséabonde des incinérations continues de corps imprégnaient toute la zone, et toutes les personnes vivant dans le voisinage, savaient que des exterminations avaient lieu à Auschwitz". Est-ce que tout cela est vrai et exact?
R: Oui.
Q: Maintenant, je saute les paragraphes 8 et 9, qui concernent les expériences médicales dont vous avez déjà témoigné.
Paragraphes 10:
"Rudolf Mildner était le chef de la Gestapo de Katowice. De mars 1941 environ, jusqu'en septembre 1943, il a fréquemment envoyé des prisonniers à Auschwitz pour y être incarcérés ou exécutés. Il s'est rendu à Auschwitz à plusieurs reprises. Le tribunal de la Gestapo - Le SS Standgericht - qui jugeait les personnes accusées de divers crimes, se réunissait fréquemment à Auschwitz (Block 11). J'ai assisté au procès de ces personnes, qui étaient généralement exécutées à Auschwitz après leur condamnation (devant le mur noir dans la cour du Block 11 - ajouté par moi). J'ai fait visiter à Mildner l'usine d'extermination d'Auschwitz, et cela l'intéressait directement puisqu'il devait envoyer les Juifs de son territoire pour y être exécutés.
Je comprends l'anglais tel qu'il est écrit ci-dessus. Les déclarations ci-dessus sont vraies. Cette déclaration est faite par moi volontairement et sans contrainte. Après avoir relu la déclaration, j'ai l'ai signé à Nuremberg, en Allemagne, le cinquième jour d'avril. 1946".
Maintenant, je vous le demande, monsieur le témoin, est-ce que tout ce que je vous ai lu est vrai?
R: Oui.
Colonel Amen: Ceci conclut mon contre-interrogatoire.

Le Président: Souhaitez-vous réinterroger le témoin, Dr. Kauffmann?

Dr. KAUFFMANN: Je serai très bref. monsieur le témoin, dans la déclaration qui vient d'être lu, vous avez déclaré au point 2 "qu'au moins un 500.000 personnes supplémentaires sont mortes de faim et de maladie". Je vous le demande: quand cela a-t-il eu lieu? Était-ce vers la fin de la guerre, ou avez-vous déjà constaté ce fait à une époque antérieure?
R: Eh bien, tout cela remonte aux dernières années de la guerre, c'est-à-dire à partir de la fin de 1942.
Q: Au point 3, vous déclarez à la fin que les ordonnances de détentions préventives, de punitions et d'exécutions spéciales ont été signées par Kaltenbrunner ou Müller, le chef de la Gestapo, en tant qu'adjoint de Kaltenbrunner. Souhaitez-vous contredire ce que vous avez déclaré précédemment?
R: Eh bien, cela ne fait que compléter ce que j'ai dit à maintes reprises. Je n'ai lu que quelques décrets signés par Kaltenbrunner. La plupart d'entre eux étaient signés par Müller.
Q: Au point 4, à la fin, vous dites: "Toutes les exécutions massives par gazage ont eu lieu sur l'ordre, la supervision et la responsabilité directe du RSHA. J'ai reçu tous les ordres pour mener à bien ces exécutions massives directement du RSHA". D'après les déclarations que vous avez faites précédemment devant le Tribunal, cet ordre vous est venu directement de Himmler par l'intermédiaire d'Eichmann. Maintenez-vous cela maintenant comme avant?
R: Oui.
Q: Au point 7 à la fin, vous dites que même si les exterminations ont eu lieu en secret, la population des environs a remarqué quelque chose. Quelque chose de ce genre n'a-t-il pas eu lieu à une époque antérieure, c'est-à-dire avant le début de cette action spéciale d'extermination, pour brûler les personnes mortes de manière normale à Auschwitz?
R: Oui, lorsque les crématoires n'étaient pas encore construits, nous brûlions dans de grandes fosses une partie de ceux qui étaient morts et qui ne pouvaient être incinérés dans les crématoires provisoires du camp. Un grand nombre - je ne me souviens plus du chiffre - ont été placés dans des fosses communes et plus tard également incinérés dedans. C’était avant le début des exécutions massives de juifs.
Q: Seriez-vous d'accord avec moi si je disais qu'à partir des seuls faits décrits, on ne peut pas prouver de manière concluante qu'il s'agit éffectivement de l'extermination des juifs?
R: Eh bien... on ne peut en aucun cas en déduire une conclusion. La population...

Le Président: Sur quoi portait votre question?
Dr Kaufffmann: Ma question était de savoir si l’on pouvait déduire des faits établis à la fin du paragraphe 7, qu’il s’agissait de la soi-disante extermination des juifs? J'ai lié cette question à la réponse précédente du témoin. C'est ma dernière question.
Le Président: La dernière phrase du paragraphe 7 fait référence à la "puanteur nauséabonde". Quelle est votre question à ce sujet?
Dr Kauffmann: Si la population pouvait déduire de ces choses qu'une extermination des juifs avait lieu.
Le Président C’est vraiment une question trop évidente n’est-ce pas? Ils ne pouvaient pas savoir qui était en train d'être exterminé.
Dr Kauffmann: Cela me suffit. Je n'ai pas d'autres questions.

Dr Pannebecker (avocat de l'accusé Frick): Je demande au Tribunal la permission de poser quelques questions supplémentaires, car lors du contre-interrogatoire, le témoin a déclaré que l'accusé Frick avait visité les camps de concentration de Sachsenhausen et d'Oranienburg en 1938. Témoin, lors d'une inspection du camp de concentration d'Oranienburg à cette époque, en 1937-38, y avait-il des preuves d'atrocités?
R: Non.
Q: Pourquoi pas?
R: Parce qu’il n’était pas question de telles choses à l'époque.
Q: Est-il exact qu'à cette époque, le camp de concentration d'Oranienburg était encore un modèle d'ordre, et que le travail agricole était la principale occupation?
R: Oui, c'est exact. Cependant, le travail se faisait principalement dans des ateliers de finition du bois.
Q: Pouvez-vous me donner des détails sur ce qui a été montré à ce moment-là lors de cette visite officielle?
R: Oui. Le groupe de visiteurs a parcouru le camp de prisonniers proprement dit, a inspecté les quartiers, la cuisine, l'hôpital, puis tous les bâtiments administratifs, surtout les ateliers où étaient employés les détenus.
Q: A cette époque, les logements et les hôpitaux étaient-ils déjà surpeuplés?
R: Non. À cette époque, ils étaient normalement remplis.
Q: À quoi ressemblaient les logements?
R: À cette époque, les quartiers d'habitation ressemblaient à des casernes militaires. Les internés disposaient encore de literies adéquates, et de toutes les installations hygiéniques nécessaires. Tout était encore en ordre.
Dr Pannebecker: C'est tout. Je n'ai pas d'autres questions

Francis Biddle, juge pour les États-Unis: Témoin, quel a été le plus grand nombre de camps de travail existant à un moment donné ?
R: Je ne peux pas donner le chiffre exact, mais, selon moi, il y en avait environ 900.
Q: Quelle était la population de ces 900 camps?
R: Je ne peux pas non plus le dire. La population variait sans arrêt. Il y avait des camps de 100 internés, et d'autres avec 10.000. Par conséquent, je ne peux donner aucun chiffre sur le nombre total de personnes qui se trouvaient dans ces camps de travail.
Q: Sous quelle administration étaient les camps de travail?
R: Ces camps de travail, en ce qui concerne la garde, la direction et l'habillement, étaient sous le contrôle du bureau principal économique et administratif (WVHA). Toutes les questions liées à la production de main-d'œuvre et à l'approvisionnement en nourriture, étaient prises en charge par les industries d'armement qui employaient ces internés.
Q: Et à la fin de la guerre, les conditions de vie dans ces camps de travail étaient-elles similaires à celles existant dans les camps de concentration tels que vous les avez décrits auparavant?
R: Oui. Comme il n'y avait plus aucune possibilité d'amener les internés malades vers les camps principaux, il y avait une grande surpopulation dans ces camps de travail, et un taux de mortalité très élevé.

Le Président: Le témoin peut se retirer.
Le témoin se retire, la séance est ajournée.


Dernière édition par PJ le 30/11/2024, 09:04, édité 1 fois
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Message  PJ 29/11/2024, 15:41

Déclaration de Rudolf Höss au Dr G. M Gilbert, psychologue de la Prison de Nuremberg.
Le 24 avril 1946.


.../...

"Le processus d’extermination à Auschwitz-Birkenau s’est déroulé comme suit:
Les trains transportant les juifs destinés au traitement spécial arrivaient jusqu'aux installations d'extermination sur les voies ferrées construites spécialement à cet effet. Ces trains avaient été annoncés à l'avance par télégraphe par le dispatching du département de l'Obersturmbannführer Eichmann au RSHA. Ils étaient numérotés avec des chiffres et des lettres ("Sonderzug PJ Polnische Juden", train spécial marqué PJ pour juifs polonais - ajouté par moi), afin d’éviter toute confusion avec d’autres transports de détenus. Chaque télégramme concernant ces transports portait la mention "conformément aux directives données et doivent faire l’objet d’un traitement spécial" ("Sonderbehandlung" - ajouté par moi). Ces trains étaient des wagons de marchandises fermés, et contenaient en moyenne quelque 2000 personnes. Après l'arrivée des trains à la rampe mentionnée ci-dessus, les membres du
personnel ferroviaire, et les gardes de la police régulière ont dû quitter la zone. Seul le chef du transport restait là jusqu'à ce que le transport ait été sécurisé par l'officier SS de service à la rampe. Après le déchargement et l'estimation quantitatif du transport – des listes de noms n'étaient pas établies – toutes les personnes devait se présenter aux 2 médecins SS de service. Ceux aptes au travail étaient séparé des personnes inaptes au travail. En moyenne, environ 25 à 30% étaient considérés aptes au travail. Les aptes au travail entraient immédiatement dans le camp pour le déshabillage, l'épouillage, et l'enregistrement. Tous les bagages étaient laissés en ordre sur la rampe, prêts à être amené aux entrepôts.
Les personnes inaptes au travail étaient réparties entre hommes et femmes avec des enfants, puis étaient emmenés à l'un des crématoires disponibles. Ceux
qui étaient incapables de marcher, par exemple les femmes avec de jeunes enfants, y étaient amenées par camion. Une fois arrivés sur place, ils devaient se mettre nus dans des pièces de deshabillage, donnant à l'impression d'être dans des installations de bains. Le commando permanent de détenus travaillant dans ces installations, et qui y était également logé, aidait les gens à se déshabiller, et encourageait ceux qui hésitaient à se dépêcher pour que les autres n'aient pas à attendre trop longtemps. Il leur était également demandé de faire attention à l'endroit où ils mettaient leurs affaires afin qu'ils puissent les retrouver immédiatement après avoir pris le bain. Tout cela était fait pour dissiper les doutes éventuels. Après s'être déshabillées, les personnes se rendaient dans une autre pièce - la chambre à gaz elle-même. Elle était equipée comme une salle de bain normale. C'est-à-dire qu'il y avait partout des pommeaux de douche, des tuyaux, et des orifices pour l'évacuations de l'eau.
Dès que tout le transport était à l'intérieur de la chambre, les portes étaient fermées, et en même temps, le gaz était introduit par le haut par des ouvertures spéciales. Il s'agissait du Zyklon B - du cyanure d'hydrogène sous forme cristallisé - qui s'évaporait instantanément. En d'autre terme, il devenait efficace instantanément au contact de l’oxygène. Dès les premières respirations, les gens à l'interieur étaient étourdis. Selon la météo et compte tenu du nombre de personnes enfermées, le gazage durait entre 3 et 15 minutes. 30 minutes après que le gaz ait été introduit, les chambres étaient ouvertes, et le transport des cadavres vers le dispositif de crémation commencait. Durant toutes ces années, je n'ai jamais entendu parler d'un seul cas où l’une des personnes soit sortie vivante d'une des chambres. En retirant les cadavres, les cheveux des femmes étaient coupés, et les dentistes détenus employés dans le commando retiraient les dents en or et les bagues.
Il y avait 5 installations à Birkenau. D'abord 2 grands crématoires (Kremas II et III - ajouté par moi) avec une capacité de 2000 personnes chacun en 24 heures, ce qui signifie que jusqu'à 2.500 personnes pouvaient être tués dans les chambres à gaz en 24 heures, et tout au plus, 2000 pouvaient être incinérées dans les 5 fours doubles chauffés au coke. (les calculs de Höss sont compliqués à comprendre - ajouté par moi) Puis 2 installations plus petites (Kremas IV et V - ajouté par moi) avec 4 fours doubles plus grands qui pouvaient incinérer quelque 1500 personnes.
En outre, nous avions une installation en plein air. C'est-à-dire qu'une vieille ferme avait été rendue étanche au gaz (Bunker 2 réactivé en mai 1944 et renommé Bunker 5 - ajouté par moi) et pouvait traiter environ 1500 personnes à la fois. La crémation était réalisée dans des fosse à ciel ouvert avec du bois. La capacité de crémation de ces fosses était quasiment illimitée. Selon mes calculs, on pouvait ainsi incinérer jusqu'à 8000 personnes en 24 heures.
Il fût également été possible d’exterminer jusqu’à 10.000 personnes en 24 heures. A ma connaissance, ce chiffre n'a été atteint que durant l'été 1944.
Les cendres des crémations ont ensuite été récupérées, réduites en poussière, et déversées dans la Vistule dans un endroit éloigné. Les cendres ont été emportés par les courants.
En supposant un total de 2.5 millions de personnes qui, selon Eichmann, ont été envoyés à Auschwitz pour y être exterminés, cela signifierait que – en moyenne – 2 transports journaliers avec un total de 4000 personnes – dont 25 % aptes au travail – résulterait que 3000 personnes soient exterminées.
Compte tenu des periodes d'inactivité entre les opérations individuelles d'extermination d'un total de 9 mois, il reste 27 mois à 90.000 personnes chacun = 2.430.000 personnes. C'est un calcul selon des possibilités techniques. Je dois cependant m'en tenir aux chiffres d'Eichmann. Il était le seul responsable SS - selon les ordres du Reichsführer -  a être autorisé à enregistrer des données sur ces opérations d'extermination. Tous les autres départements impliqués d'une manière ou d'une autre, ont dû détruire toutes les données statistiques en leur possession. Eichmann m'a donné ce chiffre alors qu'il avait recu l'ordre de se présenter au Reichsführer en avril 1945.
Personnellement, je n'avais aucun dossier en ma possession. Ce chiffre me semble cependant trop élevé. Si j'additionne les nombres des opérations de masse dont je me souviens encore, et d'ajouter un pourcentage de marge d'erreur, j'arrive à un maximum de 1.5 million depuis le début de 1941 jusqu'à la fin 1944.
Mais c’est mon estimation que je ne peux pas confirmer".
(Höss n'est pas très loin du chiffre exact. Les estimations les plus récentes donnent 1.1 millions de victimes au minimum - ajouté par moi)

Nuremberg, le 24 avril 1946.
Signé
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Message  PJ 29/11/2024, 15:43

Interrogatoire du 14 mai 1946
conduit par Booth, Alfred (fonctionnaire)


Q: Vous avez utilisé du Zyklon B à Birkenau n'est-ce pas. Où l'avez-vous acheté?
A: Avant le moment où les gazages ont commencé, il y avait de grandes quantités de gaz Zyklon B disponibles pour la lutte contre les nuisibles dans les bâtiments de l'ancienne caserne d'artillerie polonaise (le camp d'Auschwitz à l'origine - ajouté pat moi). 2 employés de la société "Tesch und Stabenow" de Hambourg qui étaient présents, ont procédé à des fumigations avec ce gaz dans des locaux. En raison des mesures de sécurité qui ont été mises en œuvre à chaque fois, tout le périmètre a été bouclé et personne n'a été autorisé à se présenter dans les environs, et personne n'a été autorisé à entrer dans les bâtiments pendant 2 jours. Tout a été en outre aéré afin qu'aucun accident ne se produise.
Q: Ces 2 hommes de l'entreprise "Tesch und Stabenow" vous ont-ils également aidé plus tard lors du gazage d'êtres humains? Les stocks qui étaient déjà là ne pouvaient certainement pas être suffisants pour effectuer tous vos gazages ultérieurs?
R: Non.
Q: Avez-vous par la suite obtenu ce gaz, qui étaient fabriqués par la société "Tesch und Stabenow" à Hambourg?
R: Oui, nous l'avons obtenu uniquement auprès de cette société.
Q: Voici un document portant le numéro NI/032. Dites-moi si l'étiquette que vous pouvez voir sur ce document est identique à celle qui se trouvait sur les boites que vous avez obtenus de la société "Tesch und Stabenow", dans le but de gazer des êtres humains?
R: Oui, ce sont les mêmes.
Q: Avez-vous également obtenu du gaz de la société "Degesch" que vous voyez sur la 2ème étiquette?
R: Non. Je ne connais que la société "Tesch und Stabenow" de Hambourg. Je dois ajouter ici qu'en 1942, et également en 1943, la société de Hambourg n'a rien pu nous fournir en raison de difficultés avec les chemins de fer, et nous avons alors envoyé des camions à une usine. On nous a dit que cette usine qui fabriquait le gaz était située à Dessau, ou à proximité, et nous avons récupéré le gaz là-bas. Je ne sais pas s'il s'agissait de la société "Degesch".
Q: Vous dites que le gaz était récupéré par camions. Y avait-il des détenus du camp dans ces camions?
R: Non, seulement des SS.
Q: Comment ces camions étaient-ils marqués? Y avait-il un moyen de les reconnaître, de savoir qu'ils venaient d'un camp de concentration?
R. Les camions avaient simplement une plaque d'immatriculation SS.
Q: Pas de numéro KL? ("Konzentrationslager" camp de concentration - ajouté par moi)
R. Non, comme signe il y avait un triangle dont la pointe était dirigée vers le haut, et à l'intérieur, il y avait le sigle du camp. Mais seules les personnes au courant de cela pouvaient le reconnaître. À part cela, les véhicules ne portaient aucune marque particulière et ressemblaient à n'importe quel autre véhicule.
Q: Dites-moi approximativement quelle était la proportion quantitative de gaz qui était nécessaires à la désinfection des installations du camp, et la quantité de gaz que vous obteniez régulièrement plus tard pour les gazages homicides?
R: Je ne peux plus dire combien de boites de gaz étaient en stock à ce moment-là. On s'en servait de telle manière que pour chaque transport, 4 ou 5 boites étaient utilisées, et ce en tenant compte de la météo. (la météo jouait un rôle important dans les gazages: un temps chaud et sec accélérait la procédure - ajouté par moi)
Q: Combien de personnes composaient généralement un transport?
R: Il comprenait environ 2000 personnes.
Q: Donc, on pouvait gazer 2000 personnes avec 4 boites?
R: Non, en moyenne, on mettait de côté 25 à 30 % d'aptes au travail. Ce qui fait qu'on gazait de 1500 à 1600 personnes. De plus il fallait – mais c'était différent dans chaques crématoires - 7 boites pour les grands (Krema II et III - ajouté par moi), et dans les autres (Kremas IV et V - ajouté par moi) 5 boites suffisaient. Mais cela dépendait aussi du temps. S'il faisait froid et humide, il alors fallait utiliser 2 ou 3 boites de plus.
Q: Quelle était la capacité d'une grande chambre à gaz dans les crématoires?
R: Cela dépendait de la manière dont le transport arrivait. Mais pouvait-on y faire entrer jusqu'à 3000 personnes
Q: Je n’ai toujours pas reçu de réponse claire de votre part concernant le ratio de gaz entre la consommation pour la désinfection des locaux qui a été effectuée à l’origine, et celui que vous obteniez régulièrement pour les gazages homicides.
R: Je ne peux plus le dire, car je ne sais plus quelle quantité de gaz était en stock à cette époque.
Q: Parlons clairement maintenant. Savez-vous, ou avez-vous de bonnes raisons de croire, que la société "Tesch und Stabenow" savait à quelle fin le gaz
qu’elle livrait à Auschwitz était réellement utilisé?
R: Je ne peux pas le dire. Depuis 1941, ou peut-être le début de 1942, le gaz n’était plus commandé par l’administration du camp, mais par le Dr Mugrowsky (SS-Standartenführer Joachim, chef de "l'Institut d'Hygiène de la Waffen-SS" - ajouté par moi). Il était le délégué du Reichsführers-SS pour tout ce qui concernait le domaine de l’hygiène, le contrôle des épidémies, et l’approvisionnement en eau potable. Plus généralement, tout ce qui se passait dans les camps, et aussi que pour la fixation des différents quotas d'attribution des fournitures. Le gaz était soumis à un quota pour toute la SS en raison de la pénurie de matières premières, et le quota attribué à Birkenau a été transmit à la société "Tesch und Stabenow".
Q: Voulez-vous dire par là que la société "Tesch und Stabenow" ne pouvait pas savoir à quoi d'autre le gaz était utilisé? Ou pensez-vous qu'il
faut supposer que la société savait que son gaz était également utilisé sur des êtres humains?
R: La conclusion que j'en tire est que cette société aurait pu le savoir, que parce qu'Auschwitz en demandait constamment, alors qu'il n'était livré aux
autres unités SS qu'une fois tous les 6 mois.
Q: La société "Tesch und Stabenow" vous a-t-elle conseillé par l'intermédiaire de ses experts, concernant l'utilisation du gaz dans les crématoires?
R: Non. Je sais que depuis le début des années 1940-41, lorsque nous ne pouvions pas toujours avoir ces 2 experts de l'entreprise, j'envoyais simplement à Hambourg des "désinfecteurs" qui y étaient formés.
Q: S'agissait-il de SS?
R: Il s'agissait toujours de SS. Ceux-ci étaient envoyés à Hambourg pour y être formés, et venant non seulement d'Auschwitz mais aussi d'autres camps.
Q: Pour aller plus loin dans cette réflexion, lorsque des gens venaient pour des formations, et que des livraisons de gaz étaient ensuite effectuées à Auschwitz toutes les semaines ou tous les mois - ce qui était trop pour être utilisé pour la désinfection ou l'hygiène - diriez-vous que les responsables de "Tesch und Stabenow" devaient nécessairement en conclure que ces quantités de gaz étaient utilisées à d'autres fins que la désinfection?
R: J'ai déjà dit plus haut qu'ils se retrouvaient confrontés à cela à cause des livraisons continuelles.
Q: Pouvez-vous me dire de mémoire, quelles quantités étaient livrées chaque semaine ou chaque mois au camp d’Auschwitz ou de Birkenau?
R: Je ne peux pas le dire exactement car les opérations d’extermination ne se déroulaient pas en continu, mais plutôt sur des périodes déterminées. Si je calcule de cette manière, en prenant tout au plus 7 boîtes par transport - une boîte équivalant à 1 kg, donc 7 kg - et en prenant un intervalle moyen de 6 semaines – c’était l’intervalle des livraisons – on obtient en moyenne 2 transports par jour.
Q: Si vous prenez un total de 2 millions de personnes gazées, et que vous considérez que 6 ou 6 boites étaient utilisées pour 1500 personnes, alors vous pouvez certainement l'établir. C'est à dire 2000 x 6 boites, ou 10.000 canettes ou 10.000 kg sur une période de 3 ans.
R: Oui.

À la fin de l'interrogatoire, le témoin Rufolf Höss soumet une déclaration manuscripte:

"Je déclare sous serment que, dans les années 1942 à 1943, pendant mon mandat de commandant du camp de concentration d'Auschwitz, 2 millions de juifs ont été gazés, et environ 1/2 million ont péri d'une autre manière.

Fait le 14 mai 1946,
Signé Rudolf Höss.
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Message  PJ 29/11/2024, 15:58

Procès devant Tribunal National Suprême, Cracovie, du 11 au 29 mars 1947
Séances des 12, 13, et 14 mars 1947.

Rudolf Höss face à la justice Hzss_c11


Extrait de la déclaration préliminaire de Rudolf Höss:

"... Je n'était pas responsable de tout ce qui s’est passé à Auschwitz. En tout cas, les chiffres mentionnés ne correspondent pas à la vérité. Dans mon cas, peu importe que 6, 5 ou 1 million de personnes aient péri. Mais si ce procès doit prouver la vérité sur Auschwitz, il est également nécessaire de soumettre ces chiffres à une révision exacte. Personnellement, en ce qui concerne les chiffres exacts, je n’ai aucune donnée, aucune base. Tous les documents statistiques sur ce point ont été détruits. La seule personne dans le Reich allemand qui connaissait les chiffres définitifs des exterminations, était le chef du bureau des affaires juives de l’Office Central de Sécurité du Reich, l’Obersturmbannführer Eichmann. Ce sera tout, merci".

Höss est interrogé sur la visite de Himmler en juillet 1942, et plus précisément sur la visite à Birkenau du camp des tsiganes, et sur les conditions intolérables qui y régnaient:
Höss: le Reichsführer m’a dit très sévèrement "Il faut les exterminer immédiatement".
Juge Président Alfred Eimer: L’accusé a déclaré que Himmler avait ordonné l’extermination des tsiganes. Que veut dire l’accusé par le terme "exterminer"?
R: Cela signifie les tuer avec du gaz.
Q: À cette époque, les crématoires existaient-ils déjà?
R: Non, ils n’existaient pas encore. Il n’y avait que ce qu’on appelait les "Bunkers", c’est-à-dire des installations provisoires de gazage.
Q: L’accusé a-t-il exécuté l’ordre d’Himmler?
R: Je n’ai pas pu l’exécuter parce que, j’ai aussi pensé que son ordre concernant l’arrestation des tsiganes par la Police Criminelle (KRIPO) visait autre chose, et qu’il y avait dans le camp de nombreux tsiganes qui, selon les directives, n’auraient pas dû se trouver là. Lorsque je lui ai dit cela, il m’a dit que la police criminelle du Reich devait immédiatement procéder à une opération de "purge". En ce qui concerne les personnes d’origine ethnique tsigane qui avaient été internées par erreur dans le camp, il était difficile de les transférer, et cet ordre n’a pu être exécuté qu’à la fin de 1944. À l’époque, il y avait encore environ 4000 personnes d’origine tsigane qui ont ensuite été complètement exterminées. La plupart d'entre eux avaient déjà été libérés de détention ou avaient été transférés dans d'autres camps.
Q: L'accusé a déclaré qu'à cette époque, les crématoires n'existaient pas encore. Quand ont-ils été construits?
R: Nous avons commencé à construire ces crématoires à l'automne 1942.
Q: L'accusé peut-il nous dire à quoi ils ressemblaient, comment ces crématoires ont été construits et combien il y en avait?
R: 4 crématoires ont été construits, dont 2 de grande taille et 2 de taille moyenne.
Q: L'accusé a déclaré qu'il y avait 5 crématoires, dont le premier était inactif.
R: Le cinquième -ou le premier crématoire - se trouvait dans l'ancien camp d'Auschwitz.
Q: C'est pour cela qu'il n'a pas fonctionné?
R: Le premier crématoire n'était pas suffisant pour le nombre de cadavres du camp. C'est pour cette raison que tous ceux qui sont morts à Birkenau ont été enterrés dans des fosses communes. Jusqu'à l'automne 1942, même ceux qui avaient été gazés au début dans les "Bunkers", ont été enterrés de cette façon. Dans ces fosses communes - je me souviens à présent du nombre exact, 107.000 personnes ont été enterrées en 7 semaines - il s'agissait de personnes décédées à l'intérieur du camp, et donc des convois qui ont été exterminés dans ces premiers "Bunkers". Jusqu'à cette époque, jusqu'à l'exhumation au début de l'automne 1942, les crémations n'avaient pas encore été effectuées. Ce n'est qu'à ce moment-là que ceux qui venaient d'être gazés ont été incinérés avec ceux qui avaient été exhumés des fosses communes.
Q: Qui a donné l'ordre concernant Birkenau?
R: C'est Himmler qui m'a donné personnellement cet ordre d'extermination à l'été 1941.
Q: Himmler a-t-il donné un chiffre concernant cet ordre d'extermination, combien de personnes devaient être exterminées?
R: Non. À l'époque où il m'a donné cet ordre, il m'a dit qu'il n'avait pas encore de chiffres définitifs disponibles, et que je recevrais tous les détails d'Eichmann, alors responsable des questions juives au RSHA. À cette époque, l'étude de faisabilité n'avait pas encore été mise en route.
Q: L'accusé a-t-il parlé de ce sujet avec Eichmann?
R: Quelques jours après avoir reçu cet ordre, Eichmann est venu me voir à Auschwitz, et m'a donné les détails précis du projet.
Q: Quels détails a-t-il donnés sur le projet?
R: Il a ordonné aux subordonnés de son bureau de déterminer le nombre de juifs présents dans chaque pays, et de quels territoires précisément il fallait s'attendre à ce que les convois de juifs de ces pays arrivent, ainsi que de clarifier les moyens par lesquels ces masses devraient être exterminées.
Q: Eichmann a-t-il donné des chiffres approximatifs?
R: A l'époque, Eichmann a parlé d'un chiffre d'environ 6 à 7 millions de personnes. Mais il ne savait rien de la date à laquelle ces transports auraient
lieu.
Q: Quand Eichmann en a parlé, avait-il en tête d'exterminer ces personnes à Auschwitz?
R: En tout cas la plupart de ces personnes. A l'époque, il a dit que pour des raisons ferroviaires et techniques, il était impossible d’envoyer un grand nombre de personnes dans les centres d’extermination de l’Est. Pour cette raison, et compte tenu de la logistique, le Reichsführer avait choisi Auschwitz comme lieu d’extermination massif.
Q: L’accusé a déclaré que 4 crématoires avaient été construits?
R: Oui.
Q: D’après l’estimation de l’accusé, combien de personnes pouvaient être incinérées chaque jour dans ces 4 crématoires?
R: Dans les 2 grands crématoires, à savoir les numéros II et III selon le projet de construction - si nous appelons l’ancien crématoire d’Auschwitz "crématoire I" - dans ces 2 grands crématoires, pas plus de 2000 personnes ne pouvaient être incinérées en 24 heures (agitation dans le public).
Q: Combien de personnes les crématoires pouvaient-ils incinérer en tout par jour d’après l'accusé?
R: Tous les crématoires y compris le Bunker 2 (lire Bunker 5 - ajouté par moi), c’est-à-dire l’installation en plein air où les crémations étaient effectuées dans des fosses, pouvaient incinérer jusqu'à 10.000 personnes en 24 heures. C’était le maximum. De plus, ce nombre n’a été atteint qu’une seule fois en 1943 en une seule journée. 5 convois sont arrivés ce jour-là. En fait, il n’y a jamais eu plus de 10.000 personnes. En règle générale, au cours d'une action, 2 convois par jour arrivaient. Au début, Eichmann a essayé d’envoyer 3 trains par jour à Auschwitz, mais en général, 2 trains seulement arrivaient par jour.
Q: Combien de personnes y avait-il dans ces trains?
R: D’après les exigences des chemins de fer du Reich, de tels trains ne devaient pas contenir plus de 2000 personnes. Il y a eu des trains qui avaient 2200, voire 2500 personnes. En moyenne, ils transportaient 2000 personnes.
Q: L’accusé se souvient-il de périodes où les crématoires fonctionnaient jour et nuit sans interruption?
R: Ils fonctionnaient toujours jour et nuit pendant ces opérations. Pendant des opérations qui ont duré 4, 6 et 8 semaines, les crématoires fonctionnaient sans interruption. Cependant, certains d'entre eux qui avaient besoin d'être réparés ont été mis hors service. Il a donc fallu recourir à un moyen plus simple (primitif) pour éliminer les cadavres, à savoir les brûler en extérieur dans des fosses.
Q: Comment se déroulait la réception d’un tel transport arrivant? Était-il directement envoyé aux crématoires?
R: L’ordre initial d'Himmler stipulait: "Tous les juifs transportés à Auschwitz doivent être exterminés immédiatement". En raison des arguments de Pohl, cet ordre a été révoqué parce que l’industrie de guerre avait besoin de travailleurs robustes. Au printemps 1942, il a donc été ordonné de sélectionner les personnes aptes au travail dans ces transports.
Q: Est-ce que des personnes d’autres nationalités ont également été incinérées dans ces crématoires, pas seulement des juifs?
R: Non, seulement ceux qui sont morts dans le camp de causes diverses comme les maladies.
Q: Et y a-t-il eu des sélections de malades qui ont été gazés et incinérés dans les crématoires?
R: Oui. Le Reichsfüher a exigé que toute personne qui ne serait pas apte au travail dans un délai de 4 semaines soit tuée.
Q: Quelle était la méthode d’exécution? Était-ce uniquement par gazage?
R: Par gazage et injections.
Q: Quel genre d’injections?
R: De phénol, d’Evipan, et d’essence. Je ne connais pas d’autres méthodes. Je ne me souviens pas.
Q: Combien de personnes ont été tuées de cette façon?
R: Je ne sais pas.
Q: Qui administrait ces injections?
R: Elles étaient censées être administrées par des médecins SS, mais souvent, ils laissaient l’exécution à la charge des infirmiers sous-officiers (SS-Sanitätsdienstgrad ou SDG - ajouté par moi).
Q: L’accusé a-t-il vu des enfants dans le camp?
R: Oui.
Q: Qu’est-il arrivé à ces enfants?
R: Il y avait 2 catégories d’enfants: les enfants du camp des tsiganes qui ont été admis avec les adultes, et d’autres qui sont arrivés
avec plusieurs convois de familles des territoires russes (le camp des familles tchèque - ajouté par moi), mais ce n’était que partiel. Au début, les enfants étaient transférés dans les camps d’enfants locaux. Mais lorsque ces camps étaient pleins, alors certains de ces enfants ont dû rester à Auschwitz. La plupart d'entre eux sont morts parce qu’ils ne pouvaient pas supporter les conditions du camp.
Q: Donc, ces enfants sont également allés dans les crématoires?
R: Non, ils n’ont pas été gazés.
Q: Que leur est-il arrivé?
R: Ils sont morts dans le camp de causes naturelles comme les maladies ou la faim, et ont été incinérés.
Q: Et ces enfants n’ont-ils pas également reçu des injections?
R: Non, je n’ai pas entendu cela.
Q: Accusé, dites-nous pourquoi Himmler a donné l'ordre d'arrêter les exterminations à Auschwitz?
R: Lorsque cela se produisit, c'est-à-dire lorsque l'ordre d'interdire de tuer les juifs arriva, je fus envoyé par l'Obergruppenführer Pohl au bureau central de la Sécurité du Reich, auprès du Gruppenführer Müller, le chef de la Gestapo et en même temps adjoint de Kaltenbrunner, pour savoir de lui pourquoi cet ordre avait été donné. Müller ne put me donner aucune information à ce sujet et me dirigea vers Eichmann qui négociait avec un certain Becher en Suisse et en Turquie. Pour cette raison, je fus envoyé à Budapest pour vérifier si l'opération d'extermination des juifs n'avait été suspendue que temporairement ou si elle était de nature définitive, et pour connaître la raison de la révocation de l'ordre d'extermination des juifs.
Q: Pouvez-vous donner au tribunal le nombre total de victimes tuées à Auschwitz?
R: Si je me souviens bien, et en me basant sur le nombre de grands transports et de grandes opérations, je pourrais l’estimer à 1.5 million de personnes. Le chiffre de 2.5 millions que j’ai mentionné à Nuremberg, est basé sur les affirmations qu’Eichmann avait donné ce chiffre au chef de l’Inspection des Camps de Concentration - le Gruppenführer Glücks - en avril 1945 juste avant l’effondrement du Reich.

Procureur Cyprian: Accusé, quand avez-vous recu le "Vernichtungsbefehl"? (l'ordre d'extermination - ajouté par moi)
R: À l'été 1941 - je ne me souviens plus de la date exactement - Himmler m’a personnellement ordonné de venir à Berlin dans son bureau, et il m’a déclaré ce qui suit: "Le Führer a ordonné la solution finale de la question juive. Nous, les SS, devons la mener à bien. Les lieux d’extermination existants ne pourront pas anéantir la masse de personnes qui s’annonce. J’ai choisi Auschwitz à cette fin parce que:
1) Auschwitz se trouve dans une position favorable par rapport aux liaisons ferroviaires.
2) parce que dans ce vaste territoire, il est possible de camoufler cette opération.
C’est une tâche dure et difficile. C’est pourquoi j’avais prévu de la confier à l'origine à un officier SS de haut rang. Mais afin d’éviter toute complication dans la délimitation des sphères de compétence, j’ai renoncé à ce projet. Et maintenant, c'est à vous que je confie cette tâche. Vous serez mis au caurant de tous les autres détails en temps voulu par le Sturmbannführer Eichmann qui vous contactera, et avec qui vous devrez discuter en détail des plans en question.
Q: Continuez.
R: Je devais garder cet ordre strictement secret. Je n’avais même pas le droit d'en parler à mon supérieur immédiat, l’Inspecteur des Camps de Concentration. Lui-même (le Reichsführer) informerait en temps voulu tous les services intéressés par cette affaire. C’était le contenu essentiel de cet ordre.
Q: Quand Eichmann est finalement arrivé à Auschwitz, quels étaient les plans prévus pour mettre en œuvre cette opération?
R: Eichmann m’a dit ce qui suit: D’après ses recherches provisoires de l’époque, environ 6 à 7 millions de personnes de tous les pays européens arriveraient à Auschwitz. Il n’était pas encore possible d’établir des chiffres exacts. Ces chiffres ont été définitif qu’au bout de quelques mois. Il m’a dit que les juifs transportés vers les sites d’extermination déjà existants – il n’a pas mentionné ces sites – étaient fusillés par des unités spéciales, ou gazés dans des véhicules dits à gaz, c’est-à-dire dans des camions adaptés à cet effet. Le gazage se faisait par le biais des gaz de combustion des moteurs. Cependant, cette méthode de mise à mort était inefficace et peu fiable. Il fallait trouver un gaz approprié qui garantirait que cette opération aurait lieu à grande échelle sans ces inconvénients. Eichmann et moi avons inspecté le camp, et nous avons finalement trouvé 2 fermes isolées dont les propriétaires avaient été expulsés, et où les Bunkers 1 et 2 furent mis en service comme installations temporaires de gazage. À l’époque, il n’avait pas encore été décidé si des installations plus grandes devaient être construites, ou si ces installations existantes seraient suffisantes. Il ne restait plus qu’à attendre l’évolution des choses dans ces premiers Bunkers. À l’époque, le gaz qui serait utilisé pour tuer les gens n’était pas encore connu. Eichmann voulait trouver un gaz approprié. Ce fut ma première rencontre avec lui. De même, il a également informé le Reichsführer.
Q: Qui a été gazé en premier?
R: Des prisonniers de guerre russes.
Q: Combien et comment?
R: Je ne connais pas le nombre de ces russes gazés. Lors de l’un de mes voyages de service, mon adjoint Fritzsch (SS-Hauptsturmführer Karl, Lagerführer au KL Auschwitz I à l'époque - ajouté par moi) a utilisé pour la première fois du gaz pour tuer ces personnes. Jusqu’alors, les prisonniers de guerre transférés au camp y étaient fusillés. A mon retour, mon adjoint m’a rapporté qu’il avait utilisé un gaz. C’était du "Zyklon B". Et grâce à ce gaz, il fût possible de tuer les gens. De plus, nous en avions une quantité suffisante. Ce gaz était fourni par une entreprise de Hambourg qui l’utilisait pour exterminer les insectes nuisibles et les parasites dans le camp. Au début, la désinfection des locaux était effectuée par des employés de cette entreprise de Hambourg, puis on fit appel à des personnnels médicaux SS, les soi-disant "désinfecteurs" (SS-Desinfektoren - ajouté par moi). Ils furent envoyés dans cette entreprise de Hambourg pour apprendre à manier ce gaz.
Q: Accusé, racontez comment cette opération de gazage s’est déroulée.
R: Après le premier gazage dans les sous-sols du Block n° 11 – c’était le bâtiment de la prison du camp – les gazages ont été transférés dans l’ancien crématoire, dans ce qu’on appelait la morgue. Le gazage se faisait de cette manière: on avait percé des trous dans le plafond en béton, et le gaz – c’était des cristaux – était versé par ces trous dans la pièce. Je ne me souviens que d’un seul transport de 900 prisonniers de guerre qui ont été gazés de cette manière. À partir de ce moment-là, le gazage s’est déroulé à l’extérieur du camp, dans le Bunker 1 (à Birkenau). C’était une ferme qui avait été transformée à cet effet. Il y avait des pièces individuelles séparées par des portes étanches au gaz. Il y avait aussi de petites ouvertures par lesquelles le gaz était introduit dans cette pièce remplie de gens. Cela a continué de fonctionner de cette manière, quand au printemps 1942, des convois de juifs sont arrivés de la partie est de la Haute-Silésie, du Gouvernement Général et d’Allemagne.
Q: Au plus fort de l'opération d'extermination, combien de personnes ont été gazées à la fois?
R: Dans toutes les installations, ou seulement dans les installations temporaires?
Q: Dans toutes.
R: Si l'on prend en compte toutes les chambres à gaz des 4 crématoires, ainsi que l'installation extérieure qui existait à l'époque (Bunker 5 - ajouté par moi), on pouvait gazer jusqu'à 10.000 personnes en 24 heures.
Q: À quoi ressemblaient ces chambres à gaz modernes?
R: Dans les crématoires II et III, les chambres à gaz et les salles de déshabillage étaient situées sous terre. Les convois destinés au gazage marchaient jusqu'à ces installations et se déshabillaient dans les salles de déshabillage. Les détenus qui travaillaient dans les commandos spéciaux expliquaient, dans la langue du transport concerné, qu'ils allaient être désinfectés et examinés par un médecin, et qu'ils devaient se rappeler exactement où ils avaient laissé leurs affaires, afin de pouvoir les retrouver immédiatement après la désinfection. Puis ils étaient conduits dans la chambre à gaz, et le gaz était versé à travers des ouvertures dans ces pièces, provoquant immédiatement la mort.
Q: Combien de temps a-t-il fallu pour gazer ces gens?
R: Cela dépendait du temps et de la composition du gaz. C'était toujours différent car les composants du gaz n'étaient pas toujours les mêmes. Cela dépendait aussi du nombre de personnes présentes dans les chambres à gaz.
Q: Tous les cadavres pouvaient-ils être incinérés le jour-même du gazage?
R: On pouvait incinérer jusqu'à 2000 personnes en 24 heures dans chaque crématoire.
Q: Que se passait-il avec les cadavres restants, lorsque 10.000 personnes étaient gazés par jour?
R: 2000 corps étaient brûlés dans chaque crématoire, mais en comptant toutes les installations dont celle à l'extérieur, on pouvait tous les incinérer.
Q: Comment se passait la crémation en extérieur?
R: Au Bunker 2 (renommé Bunker 5 en 1944 - ajouté par moi), il y avait des fosses (appelées "les piscines" dans le jargon SS - ajouté par moi), et les cadavres retirés des chambres à gaz etaient incinérés dans ces fosses avec du bois et de l'essence.
Q: Himmler était là?
R: Il s'y trouvait en 1944 (lire 1942), lors de sa visite à Auschwitz.
Q: Qu’en a-t-il dit ?
Prévenu : Il était présent pendant toute l’opération, du déshabillage à l'incinération. Il n'a rien dit. Il n'a pas parlé.
Q: Y a-t-il eu une réception chez l’accusé après?
R: Je n’ai organisé aucune réception.
Q: Il y a eu une réunion amicale chez l’accusé.
R: Ce n’était pas chez moi. C'était chez le Gauleiter Bracht. Il n'y pas eu de rassemblement chez moi.
Q: Les gens sont-ils entrés dans ces chambres volontairement ou la force fût-elle utilisée?
R: La majorité des gens n'avaient pas le moindre idée de ce qui les attendait car nous prenions grand soin de cacher ce qui allait se passer. Les détenus du commando qui y étaient employés - les soi-disant commandos spéciaux - faisaient tout pour renforcer l'illusion selon laquelle ces gens allaient être désinfectés. Des révolte n’ont eu lieu qu’à de très rares occasions. Par exemple, le cas d'un transport depuis Bergen-Belsen dont les gens savaient exactement qu'ils allaient à Auschwitz pour être tués. Une révolte a éclata dans la salle de déshabillage.
Q: L'accusé peut-il dire comment cette révolte s'est produite?
R: J'ai été soudainement appelé chez moi par téléphone, pour me dire qu'une révolte avait éclaté au crématoire II. J'y suis allé immédiatement en voiture, et j'ai constaté ce qui suit: que des SS, à qui il était strictement interdit de pénétrer dans la salle de déshabillage - seulement le commado de détenus qui y travaillait était authirisé - y étaient entrés. Là, une arme automatique avait été arrachée des mains d'un SS, Il y a eu ensuite une fusillade sauvage au cours de laquelle un sous-officer SS a été tué (SS-Oberscharführer Josef Schillinger - ajouté par moi), et d'autres blessés (Rapportführer Wilhelm Emerich - ajouté par moi). Quand je suis arrivé sur place, il n'y avait pas d'officiers, seulement des sous-officiers qui ne savaient pas quoi faire. Comme les gens avaient endommagé les câbles électriques de l'éclairage, on ne savait pas combien de SS étaient toujours dans la pièce. J'ai donc ordonné qu'on ferme les portes, qu'on apporte des projecteurs. Ainsi, en utilisant ces projecteurs sur tous ceux qui était dedans, ils furent poussés petit à petit dans la chambre à gaz qui était déjà remplie aux deux tiers. Le reste fût abattu sur place.
Q: L'accusé se souvient-il des plus gros convois qui ont été gazés?
R: Oui. Les plus gros convois venaient de Hongrie. Si je me souviens bien, c'était en 1943 et 1944, 400.000 personnes au total. C'étaient des juifs de Hongrie.
Q: Et ceux d'autres pays?
R: De Slovaquie 90.000, du Gouvernement général 100.000, de France 110.000, des Pays-Bas 95.000, de Belgique 20.000, et de Grèce 65.000. Ce sont les chiffres dont je me souviens concernant les plus grandes opérations.
Q: Y en a-t-il eu d'autres en plus de ces opérations?
R: Oui, mais pas à ces échelles. Il s'agissait d'opérations limitées.
Q: L'accusé a déclaré à un moment donné, que 2.5 millions personnes ont été gazées.
R: Hier encore j'ai dit, concernant le cas de ces 2.5 millions de personnes, que j'avais eu ce chiffre d'Eichmann, qui l'avait lui-même donné à l'Inspecteur des Camps Glûcks.
Q: Oui, l'accusé l'a affirmé hier. Mais il a témoigné à un moment donné qu'à son avis, environ 3 millions de personnes avaient péri à Auschwitz.
R: Lorsque j'ai été interrogé pour la première fois dans la zone britannique, ceux qui m'interrogeaient disaient tout le temps que 5, 6, 7 millions de personnes avaient dû être gazées là-bas, me bombardant continuellement de chiffres aussi énormes. Ils insistaient sur le fait que j'avais besoin de données pour déterminer combien de gens avaient été gazés, et ils me disaient qu'il devait y en avoir au moins 3 millions. Sous influence, j'ai donné ce chiffre de 3 millions, mais j'ai insisté à plusieurs reprises sur le fait que je ne pouvais donner aucun autre chiffre que celui que j'ai dit maintenant, à savoir 2.5 millions.
Q: Donc, 2.5 millions, c'est le chiffre qu'Eichmann a indiqué dans son rapport?
R: Juste avant l'effondrement de l'Allemagne, Eichmann avait reçu l'ordre d'aller voir Himmler pour lui communiquer une fois de plus le nombre total de juifs exterminés. A l'époque de ce voyage, il se trouvait au camp de concentration d'Auschwitz pour une réunion en tant que représentant de Glücks. On m'a ordonné de me présenter à cette réunion. Lorsque je suis sorti de la pièce, Eichmann m'a donné le chiffre de 2.5 millions pour Auschwitz. Quant à ce qui a été dit auparavant, je ne sais pas s'il s'agit du nombre réel de juifs amenés à Auschwitz pour être gazés.

Avocat Ostaszewski: Combien de temps les gens mettaient-ils pour mourir dans les chambres à gaz?
R: Comme je l'ai déjà dit, cela dépendait de la météo, du nombre de personnes dans les chambres, et de la distance qui les séparait du point d'entrée des cristaux de gaz.
Q: Mais peut-on établir cela approximativement? Qu'en est-il des personnes que l'on pouvait voir depuis le judas?
R: Les personnes qui se trouvaient près des orifices d'introduction du gaz tombaient comme si elles avaient été frappées par la foudre. Les autres mettaient entre 3 et 5 minutes, jusqu'à 10 minutes au maximum, avant de perdre connaissance. On attendait qu'ils s'arrêtent complètement de bouger.
Q: Parlez-nous des transports venant de Hongrie. Comment cela s'est-il passé?
R: À l'époque Eichmann, qui était chargé de l’organisation de tous les transports de juifs en Europe, se tourna vers son authorité supérieure, le RSHA, en lui déclarant qu’il ne serait possible d’envoyer des transports intensifiés depuis la Hongrie, que si Auschwitz était en mesure de traiter tous les transports qui lui seraient envoyé. Lors de sa visite à Auschwitz, il découvrit que le crématoire 5 (Bunker 5 - ajouté par moi), qui servait à la crémation en plein air était hors d’usage, et qu’on n’avait même pas envisagé, et même négligé de rénover la voie ferrée existante. Sur la base de ce rapport, le Reichsführer Himmler m’ordonna personnellement de mener à bien cette opération à Auschwitz ("Aktion Höss" mai-juillet 1944 - ajouté par moi). Eichmann avait prévu 4 transports par jour dans son programme, mais ceux-ci n’auraient pas pu être traités, même en rénovant toutes les installations existantes. C’est pourquoi j’ai dû aller personnellement voir Eichmann à Budapest pour annuler cet arrangement. La question fut réglée de telle manière que 2 trains devaient partir pour Auschwitz chaque jour, alors que 3 trains pouvaient partir tous les 2 jours. Je sais avec certitude que le programme convenu à Budapest avec les autorités ferroviaires prévoyait au total 111 transports de ce type. Lorsque les premiers transports arrivèrent à Auschwitz, Eichmann vint lui-même vérifier s'il était possible de prévoir d'autres trains, car le Reichsführer exigeait que l'opération hongroise soit accélérée. Ce sont les faits qui ont contribué à cela. Je me souviens que la gare a été agrandie par la suite. La liaison ferroviaire vers le camp avait maintenant 3 voies, et je me souviens que l'installation de crémation en plein air a été remise en service - l'Installation V- et que le commando de tri des bagages (Kanada - ajouté par moi) a été renforcée. Le temps nécessaire pour décharger un train rempli de personnes et de leurs bagages, s'il ne s'agissait que d'un seul transport, était de 4 à 5 heures. Il n'était pas possible de traiter un transport en moins de temps que cela. Bien qu'il ait été possible de traiter les personnes elles-mêmes dans ce laps de temps, les bagages de ces personnes s'accumulaient en telle quantité qu'il a fallu abandonner l'idée d'intensifier ces transports, malgré le renforcement du commando de tri des bagages de 1000 détenus supplémentaires. La mise en œuvre de cette opération n'a pu être accélérée en aucune façon.
Après 8 à 10 semaines de crémation intensive, les crématoires sont devenus inutilisables. Il était donc impossible de mener des opérations continues dans chaque crématoire individuel. Eichmann ayant estimé qu’il fallait s’attendre à des transports encore plus intensifs à partir de la fin de 1944 et au cours de l’année 1945, il fut prévu de construire des crématoires encore plus grands. Ce nouveau crématoire fût conçu sous la forme d’un immense four à briques avec un moufle circulaire qui devait être installé sous terre. Mais cette installation ne fut jamais conçue, faute de temps.
Himmler recevait des rapports hebdomadaires précis sur tous les camps, et un rapport spécial sur Auschwitz fut établi à partir du milieu de l’année 1941. Il n’y avait certainement rien d’exagéré dans ces rapports. Il y avait des informations précises sur le nombre des inaptes au travail, sur les fluctuations qui se produisaient, c’est-à-dire les exterminations, les nouveaux transports entrants, etc... La même chose se produisait pour chaque opération. Les rapports étaient rédigés par mon adjudant. Himmler tenait particulièrement à ces rapports en provenance d’Auschwitz. Ensuite, en ce qui concerne l’organisation de tous les transports depuis la Hongrie, je ne pouvais pas imaginer y aller en tant que commandant du camp, et plus tard chef du bureau D 1 (WVHA), et y organiser ces grands transports de juifs sans que la Gestapo le sache. Pohl m’y envoya pour établir approximativement combien d’individus aptes au travail pouvaient être attendus à partir des grandes opérations entreprises par Eichmann. Ce chiffre était nécessaire parce que Himmler avait promis de fournir 200.000 travailleurs au département de l’armement. C’est pourquoi j’ai dû vérifier en Hongrie combien de juifs étaient capables de travailler. Lorsque j’ai rencontré Eichmann à Budapest en mai 1944, il m’a dit que la police hongroise avait établi que lors de la 2ème opération – la première opération avait eu lieu en 1943 – elle comptait déjà 5000 arrestations. Avec Eichmann, j’ai réussi à entrer dans différents camps avec le chef de la police hongroise, et j’ai moi-même calculé combien de gens étaient capables de travailler. J’ai obtenu un chiffre de 33%. Plus tard, lorsque nous avons transporté 200.000 (lire 400.000) juifs hongrois à Auschwitz dans 111 transports ferroviaires, il s'est avéré que 30% d'entre eux étaient réellement capables de travailler.

Procureur Siewierski: Accusé, que ce passait-il à l'époque, quand le besoin de travailleurs ne se faisait pas encore sentir?
R: Comme je l’ai déjà déclaré au cours de l’enquête, l’ordre initial de Himmler était que tous les juifs envoyés à Auschwitz par le RSHA, c'est à dire par le bureau d’Eichmann, devaient être exterminés sans exception. C’est donc ce qui a été décidé pour les premiers transports en provenance de Haute-Silésie, et aussi en partie, pour les transports en provenance du Gouvernement général. Ce fut également le cas pour les premiers transports en provenance du Reich allemand. Puis cet ordre a été modifié dans le sens qu’il fallut sélectionner ceux qui étaient aptes au travail. Les médecins SS étaient chargés de sélectionner les personnes en bonne santé, fortes et d’un certain âge.
Q: Accusé, pouvez-vous élaborer sur le chiffre de 2.5 millions de victimes qu'Eichmann vous a fourni? Ou était-ce 1.5 millions?
R: Eichmann ne m'a pas donné de chiffre, il l'a donné seulement à mon chef, l'Inspecteur des Camps de Concentration, le Gruppenführer Glücks. J'ai été invité à une conférence et à cette occasion, j'ai entendu dire qu'en parlant d'Auschwitz, ce chiffre avait été mentionné. C'est le seul chiffre dont je me souviens concernant les chiffres fournis par Eichmann.
Q: L'accusé a-t-il corrigé ce chiffre?
R: Non. Je ne pouvais pas discuter avec Eichmann sur ce point car il devait partir. J'appris aussi par lui - il était aussi le seul à avoir compilé de tels chiffres en ce qui concerne le Reich - que le pourcentage d'aptes au travail parmi ceux qui étaient soumis à une sélection médicale à Auschwitz, variait entre 25 et 30%. Il y avait des transports de Slovaquie dont presque 100% des gens étaient aptes au travail. Mais à l'inverse, les transports de Grèce avaient à peine 5% d'aptes. Ce sont les seuls chiffres que je peux fournir.
Q: Accusé, pourquoi l'extermination des juifs de Hongrie s'appelait-elle "Opération Höss"?
R: L’"Opération Höss" n’était pas un nom officiel. J’étais moi-même en Hongrie en 1943, et je ne vois pas pourquoi à l'époque, cette opération ne s'est pas appelé aussi "Opération Höss". Seulement celle de 1944. Cette opération s’appelait officiellement "Opération RSHA".

Témoin expert Blumental: Parlez-nous s'il vous plait, de la procédure de crémation des corps à Auschwitz. Dans tous les camps de la mort comme Klooga en Estonie, Ponary près de Vilnius, ou au camp de Janowska, les mêmes méthodes de crémation des cadavres ont été utilisée. Dans quelle école ou académie cette méthode était-elle enseignée?
R: Je ne connais que Chelmno, Treblinka et Auschwitz. Sur ordre du Reichsführer, le Standartenführer Blobel avait été chargé de localiser les fosses communes (des Einsatzgruppen en URSS - ajouté par moi) et d'en éliminer totalement les traces. Dans ce contexte, il m'a ordonné de me rendre à Chelmno pour observer les expériences qui y étaient menées par Blobel pour éliminer ces fosses communes. On y travaillait avec des lance-flammes, des produits chimiques des explosifs, et même avec différents types de fours utilisés pour la crémation. Par exemple, il y avait des fours utilisés comme fours de campagne, ou on incinérait à l'aide de bois et d'essence. A Treblinka, les cadavres qui venaient de la chambre à gaz, ainsi que ceux qui avaient été laissés pendant des mois dans de grandes fosses et qui étaient extraits par des excavatrices, étaient placés sur des grills faits de rails de chemin de fer. Les cadavres étaient mélangés à du bois, puis de l'huile était jetée dessus, ainsi que de l'essence d'essence. Au début, seuls quelques bûchers et crématoires furent utilisés à Auschwitz, et les crémations se déroulaient de cette manière dans des fosses.
Q: La crémation des cadavres était dirigée par un spécialiste qui s'appelait "Brenner"? (brûleur - ajouté par moi)
R: Oui, un seul homme était affecté à chaque lieu d'extermination pour traiter cette question.
R: Par qui et où ces hommes ont-ils été instruits?
R: Personne n'a reçu d'instructions et personne n'a été envoyé nulle part. ils ont élaboré cette méthode eux-mêmes. (il y eut 12 "cycles de formation" au camp de Janowska pour former les futurs cadres du Sondekommando 1005 à la crémation de masse des cadavres - ajouté par moi)

.../...

Déclaration finale de Rudolf Höss

"...Beaucoup de choses se sont passées à Auschwitz, probablement en mon nom, dont je ne savais rien. Il n'est pas vrai que je savais tout ce qui se passait dans le camp. A cet égard tout d'abord, mon domaine d'activité était beaucoup trop vaste. Deuxièmement, des choses très importantes m'étaient cachées. J'ai eu connaissance de nombreux événements seulement ici, pendant l'enquête et pendant le procès.
Moi-même, je n'ai pas volé, je n'ai pas maltraité les prisonniers, je ne les ai pas battus. Tout ce qui a été fait, je l'ai fait sur ordre de mes supérieurs. Je n'ai permis aucun acte arbitraire. Toutefois, en faisant cette déclaration, je n’ai aucune intention d’échapper à ma responsabilité.
Ceci termine ma déclaration."
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