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Mémoires de guerre du S/Sgt Robert "Bob" SLAUGHTER

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Message  Hellfire62 20/12/2006, 14:46

Chapitre 1 – Le rassemblement du 44ème anniversaire.

Quelques centaines d’anciens de la 29ème ayant effectivement participé aux opérations de débarquement du 6 juin 1944 firent un pèlerinage en Normandie au cours du mois de septembre 1988. L’inauguration d’un monument dédié à notre division était le but principal du voyage. Erigé sur ce sol devenu pour nous un territoire sacré, ce monument témoigne du souvenir glorieux de tous ces hommes courageux, tués le jour J ou tombés au cours de la bataille de Normandie.
Je n’étais jamais revenu sur ces plages depuis la fin de la guerre. Ma première réaction fut un sentiment de profonde fierté. J’avais participé à cette bataille, celle qui avait fait basculer la guerre. Puis, je dois l’avouer, j’ai été envahi par une profonde émotion mêlée à une grande tristesse… Tous ce jeunes gars courageux, parmi lesquels je comptais des amis personnels, qui n’avaient pas eu ma chance…
Mon regard s’est porté vers l’Ouest, la Pointe du Hoc, où le 2ème rangers avait réalisé l’impossible. Puis j’ai regardé vers l’Est où la première division (Big Red One) s’était ruée à l’assaut de la côte. J’ai examiné le terrain à ce moment découvert par la mer. En cet après-midi là, 44 années plus tard, par ce temps maussade ponctué par des rafales de vent, tout était différent. Dans ma mémoire, je revoyais, 200 mètres plus bas, la marée descendante et le spectacle des quelques 5000 navires de tous types, formant la plus grande armada de tous les temps. J’avais encore la vision des obstacles plantés dans le sable et les galets pour nous interdire tout débarquement à marée haute. Il y avait aussi ce LST (Landing Ship Tank) en feu, rampe baissée. Un peu plus loin, vers l’Ouest, un char amphibie en flammes. Mais surtout sur cette plage, rien ne bougeait si ce n’était des hommes et des équipements flottant çà et là. Je percevais encore le fracas des tirs d’artillerie et les percussions des mortiers tirant sur nos embarcations d’assaut en faisant jaillir de véritables geysers d’eau de mer. Il y avait aussi le crépitement soutenu des mitrailleuses MG42, vomissant la mort dès qu’une rampe s’abaissait. 44 ans et 4 mois s’étaient écoulés et pourtant tout ceci était encore présent…
Les prémices du jour J, qui fut la plus grande bataille de tous les temps, mettant en action de telles forces aéro-navales et terrestres, remontaient pour moi au 03 février 1941. Egalement au jour où la Garde Nationale, à laquelle j’appartenais, fut transférée à l’armée d’active. Suivirent plusieurs mois d’entraînements aux Etats-Unis, puis, après l’attaque de Pearl Harbor, mon unité, la compagnie D du 116ème régiment d’infanterie, fut transportée en Grande Bretagne. Nous ne le savions pas à l’époque, mais notre destination finale était d’être le fer de lance du débarquement de Normandie, et ce, moins de deux années plus tard.

Sur le tremplin.
La seconde guerre mondiale venait de débuter. Adolf HITLER et Benito MUSSOLINI s’attaquaient à la conquête de la planète par une diplomatie sournoise et une poigne de fer. Les Etats-Unis s’efforçaient à se refaire une santé après une crise économique particulièrement grave. Le chômage sévissait dans tous le pays et les pauvres moyens de défense que nous avions encourageaient les dictateurs à jouer sans risque de perdre.
Le sursaut patriotique n’a pas été le seul élément qui m’a conduit à m’engager dans la Garde Nationale, je dois l’avouer. Mes parents avaient grand besoin d’un salaire d’appoint. A la suite de cette période de grande dépression, ils avaient des fins de mois difficiles. Par ailleurs, j’étais impatient de gagner ma vie. Les films de propagandes étaient très en vogue, spécialement chez les jeunes. « Pour qui sonne le glas », « Sergent YORK », « un américain dans la RAF », étaient des films qui exaltaient l’héroïsme et contournaient l’horreur de la guerre. Sur les ondes, les chants de la première guerre mondiale passaient à longueur de journée, tout ceci pour nous inciter à l’action patriotique. Je dois dire que, pour moi, ce fut un succès ! Des camarades d’école partaient dans la marine ou rejoignaient le corps des Marines et ils ne manquaient pas de se pavaner dans leurs splendides uniformes. Ces armes là ne me disaient rien qui vaille. Un matelot en prenait pour six ans et un Marine pour quatre…

Le chevalier immaculé.
Un de mes copains de quartier, Medron P. (Pat) PATTERSON, fit un saut à la maison un soir avant d’aller à une séance d’entraînement de la Garde Nationale. Il était revêtu de pied en cape d’un uniforme immaculé, avec des insignes de cuivre, étincelant de partout. Il avait déjà été nommé au caporal et il en profita pour me glisser à l’oreille que chaque avancement entraînait obligatoirement une augmentation de solde. C’était un gars bien bâti et sacrement impressionnant dans son uniforme de laine kaki. J’admirais secrètement son allure martiale et j’ai fini par lui demander comment je pouvais faire pour m’engager, moi aussi, dans la Garde Nationale. Il m’assura que le capitaine William STINNET recherchait justement des types bien pour sa compagnie d’armes lourdes. Ce qu’il ne me dit pas c’est que la naïveté était la qualité principale des jeunes « clients » du capitaine… J’étais grand pour mon âge et tout à fait certain de faire l’affaire. En fait, le capitaine refusa ma candidature, exigeant pour reconsidérer ma demande, une autorisation écrite de mes parents. La Garde était sur le point d’être transférée à l’armée pour une période d’entraînement de douze mois. J’ai saisi l’occasion pour me persuader que cette année là me ferait le plus grand bien. Mes études pourraient toujours être reprises plus tard. Mes parents piquèrent une crise. Ils tentèrent de me convaincre de finir mes études avant de m’engager, assurant qu’une plus grande maturité d’esprit alliée à un meilleur bagage intellectuel, ne pourrait que favoriser ma carrière militaire. J’ai tenu bon et ils finirent par signer. En contrepartie, je promis de leur envoyer au moins la moitié de mes trente dollars de solde. Et je leur fis remarquer qu’il y aurait une bouche de moins à nourrir.

To be continued...
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Message  Invité 20/12/2006, 15:25

Hellfire62 a écrit:To be continued...
Continue !!
D'ou tu nous tiens ce texte tres interessant ?

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Message  Hellfire62 20/12/2006, 15:36

Bonjour Daniel, j'ai cité mes sources dans la première partie, mise en ligne ce matin. Bob est une connaissance du 116ème que j'ai eu plusieurs fois l'occasion de rencontrer en Normandie.
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Message  Invité 20/12/2006, 15:51

Hellfire62 a écrit:Bonjour Daniel, j'ai cité mes sources dans la première partie, mise en ligne ce matin. Bob est une connaissance du 116ème que j'ai eu plusieurs fois l'occasion de rencontrer en Normandie.
Euh, elle est ou cette 1ere partie ?
Bon sang, je vieillis et me paume sur le forum
maleureu gri
Pas grave, continue !

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Message  Hellfire62 20/12/2006, 16:42

La Garde Nationale passe dans l’armée d’active.
Je n’ai pas tardé à rejoindre l’unité de la Garde Nationale dont dépendait mon domicile. Les armes lourdes de calibre 30, les mitrailleuses Browning à refroidissement par eau et les mortiers de 81mm avaient pour vocation l’appui des combats d’assaut.
Le 03 février 1941, le président Franklin D. ROOSEVELT décida par le décret n° 8633, d’assigner la 29ème division d’infanterie et à tous ses éléments, une période d’entraînement de douze mois. La compagnie D ainsi que les autres compagnies de la Garde de Roanoke (Virginie), rejoignirent l’auditorium de l’ « American Legion », situé alors en centre ville, près de la gare de voyageurs de la Norfolk et Western, en face de l’hôtel Roanoke, pour dormir. On nous avait installé des lits pliants, alignés en rangs d’oignons sur la grande piste. La place ne manquait pas. Pour nos repas, nous traversions la voie ferrée pour remonter la rue Jefferson jusqu’au restaurant Manhattan. Voici comment débutèrent, pour beaucoup d’entre-nous, ces quelques cinq années de dure vie militaire.
Avant de quitter Roanoke, nous eûmes droit à la cérémonie des adieux organisée par les anciens de la Garde de Virginie et les vétérans de la Grande Guerre, avec la bénédiction de la ville de Roanoke. Il y eut un grand défilé devant le palais de justice sur l’avenue Campbell. La section n°64 de l’association de la 29ème division avait préparé un discours, lu par le maire, disant entre autre : « Quand ils ont été appelés pour défendre notre valeureux pays, vos anciens ont répondu présent. Le pays a désespérément besoin de vous. Nous savons que nous pouvons compter sur vous et que vous ferez votre devoir. »
(Oui, mais nous ne pensions pas partir pour plus d’un an …)
Le 13 février, après dix jours passés à l’auditorium, nous avons pris un train de voyageurs de la N&W et sommes partis vers le Nord, vers un nouveau destin, à savoir Fort George G. Meade, dans l’état du Maryland. C’était un immense camp militaire, entre Washington D.C. et Baltimore.
Une fois descendu du train, tout en marchant vers nos nouveaux quartiers, je me surpris à penser combien je me sentais étranger en cet endroit. Certains bâtiments n’étaient même pas achevés et c’était la première fois que je partais loin de chez moi.

Grand confort, comme chez soi.
Nos casernements étaient des baraquements de deux étages en pin jaune, sans encore une seule couche de peinture. Le revêtement des routes intérieures était inexistant et il n’y avait pas un brin de verdure en vue. Chaque compagnie avait sa propre salle de commandement et son réfectoire. La compagnie D avait trois bâtiments à deux étages, abritant les sous-officiers et hommes de troupe. Les dortoirs principaux se composaient d’une double rangée de vingt lits pliants, tous orientés pied vers l’allée centrale. Une petite armoire fermant à clef était à disposition de chacun. Nous avions droit à deux draps blancs avec un oreiller assorti et deux couvertures de laine kaki. A chaque extrémité du dortoir, une petite pièce servait de chambre à deux sergents. Les sanitaires se trouvaient en sous-sol, on y accédait par l’arrière du bâtiment. Sur la droite, huit ou dix lavabos avec glace. A gauche, les douches avec leur bac en aluminium. Un peu plus loin, les toilettes.
Le réfectoire et sa cuisine adjacente se trouvaient à proximité ainsi que le petit bâtiment affecté au service de commandement du capitaine Eugène MEEKS et de l’adjudant George W. BOYD. Le capitaine STINNET avait été refoulé à la visite d’incorporation et renvoyé, pas content du tout, dans ses foyers. Le caporal Joseph M. YOUNG, secrétaire de la compagnie travaillait là aussi, sous les ordres de l’adjudant. Il s’occupait de toute la paperasserie, de la solde, des punitions enfin, de tout… Il devait même taper à la machine et assurer la liaison avec le QG du bataillon et du régiment.

Des problèmes de draps.
A côté de la salle de commandement, se trouvait le « garde mites », le sergent Arthur Joseph (Joe) LANCASTER. C’est lui qui distribuait tout ce que nous percevions en tenues et équipements. Il comptabilisait absolument tout. En cas de perte ou de vol d’une quelconque pièce d’équipement, on pouvait s’attendre à une retenue sur la prochaine solde. LANCASTER n’avait pas l’art de s’expliquer clairement. Un jour, en plein rassemblement, il nous annonça qu’il allait octroyer trois draps à chacun d’entre nous et il se mit en tête de nous expliquer la méthode à employer pour que chaque matin, ce soit le drap du dessus qui soit prêt à passer au lavage. Cela donna ceci : « Mettez le drap du dessus sur le drap du dessous, le drap dessous va sur le drap du dessus et le troisième drap va sur… Oh et puis merde, débrouillez-vous ! »
On nous distribua de nouvelles tenues et des armes neuves encore enduites de paraphine, qu’il nous fallu nettoyer. Puis vint le temps des vaccins et des médicaments de toute sorte, un genre de vie très spéciale pour les nouveaux arrivants. Nous étions tous plus ou moins étrangers à la notion de discipline. Nous eûmes peu de temps pour réaliser. Rien n’était toléré. Nous autres, la parfaite « bleusaille », nous apprenions à marcher au pas, faisions les exercices de « classe à pied », nos lits au carré, rangions tout ce qui traînait, devions nettoyer et repasser nos uniformes, prendre soin de notre hygiène personnelle, savoir démonter et remonter les armes, apprendre les règles du parfait Garde National et les réciter par cœur sur simple demande, saluer et s’adresser aux officiers avec les marques extérieures de respect.
Ceux qui avaient un peu d’ancienneté dans la Garde ne s’en tiraient pas trop mal. Nous autres les bleus, nous vivions dans un environnement bizarre et étions continuellement sur le qui-vive.

To be continued…
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Message  Ivy mike 20/12/2006, 18:09

J'ai fusionner les deux sujet pour eviter de creer trop de sujets ;)

Merci, c'est très interessant comme histoire :D

Ivy

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Message  Hellfire62 6/2/2007, 20:16

Le Caporal Kurnel HARTMAN

Le Capitaine Walter O. Schilling était de Roanoke. Il avait exigé une application rigoureuse de tous les règlements. Ceux qui ne progressaient pas assez vite étaient inéluctablement punis. Par contre, les fonceurs se voyaient octroyer des permissions de fin de semaine et montaient en grade. Le capitaine n'était pas de très grande taille. Par contre, il était plutôt du genre "pète sec" et dur. Lorsqu'un type la ramenait un peu trop, il lui proposait une explication sans ses galons, d'homme à homme, derrière un baraquement. Un jour, le caporal Kurnel Hartman, un rouquin d'environ un quintal, se prit de bec avec un gars de son escouade. Il décida de conduire le fauteur de troubles chez le capitaine. D'une voix aigue, il se mit à vociférer :"Mon capitaine, ce gusse refuse d'exécuter un de mes ordres". Schilling répliqua : "Bon dieu, caporal, combien pesez vous en ce moment?
Hartman : "Ben, environ cent kilos mon capitaine".
Schilling : "Combien pèse votre gusse, (2ème classe Stevens), caporal"?
Hartman : "Environ 75 kilos, mon capitaine!"
Schilling : "Alors , foutez-moi le camp d'ici !"

Le sergent-chef John B. Sink était le sergent d'ordinaire. Il avait sous sa responsabilité la cuisine, les cuistots ainsi que le personnel de surveillance : la police de cuisine. Il se foutait pas mal de tout, ce sergent là. Souvent, des gars se plaignaient à lui, soit de la quantité, soit de la qualité de l'ordinaire. Il avait toujours une bonne réponse, prête à fuser. Par exemple : "On m'a refilé des p'tits gars, moi j'en fais des hommes" ! Ou encore, lorsqu'il nous affamait littéralement : "On n'a pas encore eu de mec mort". Un jour, quelqu'un s'est plaint d'avoir trouvé des cailloux dans les haricots. Sink mit un doigt sur ses lèvres et dit : "chut, n'ébruitez pas çà sinon tout le monde va en vouloir!"

Un cours de géométrie.

Les premiers appelés du contingent affectés à notre compagnie arrivèrent au début du printemps 1941. C'étaient des gars du sud-ouest de la Virginie, de l'Est du Tennessee et du Kentucky occidental. C'étaient des agriculteurs, des mineurs de charbon, des ouvriers d'usine et de récents lycéens parvenus en fin de cycle. L'un d'entre-eux, Curtiss Moore, de Salem, Virginie, qui travaillait dans l'affaire de son grand-père, les usines Moore, se souvient encore de sa première impression de la vie militaire. Il faisait partie d'un peloton de "bleus". Arrivant dans le périmètre de la compagnie D, une des toutes premières choses qu'ils virent, ce fut le 2ème classe Johnny Steele en train de creuser un trou de 120X120X120cm, à la pelle et à la pioche. Le sergent M.R. "Pat" Patterson était à côté, une batte de base-ball à la main, supervisant le creusement du trou. Cette scène marqua terriblement les nouveaux arrivants. Steele, transpirant à grosses gouttes, dans le trou jusqu'aux épaules, balançant la terre par dessus le bord sur un tas qui augmentait à vue d'oeil. De temps à autre, le sergent, à l'aide de sa batte de base-ball, contrôlait les dimensions du trou. Quand il fut exactement aux cotes souhaitées, par le sergent, celui-ci ordonna à Steele de le reboucher immédiatement.

Le bleu et le gris.

Quelques semaines passèrent et un second groupe d'appelés vint renforcer les effectifs de la compagnie. Ces hommes venaient du Nord, plus spécialement de Pennsylvanie et du Maryland. Ils donnèrent ainsi un véritable sens au surnom de la 29ème Division, la "bleue et grise". *
Ils étaient, pour la plupart, d'origines différentes. On trouvait des polonais et des italiens, généralement de confession catholique. Tous ces "étrangers" amenèrent avec eux quelques échantillons de leurs coutumes et aussi un étrange parler. Ils s'amusaient de l'accent trainant des montagnards des Appalaches, mais les sudistes avaient droit , en échange, aux inflexions des yankees. Assez rapidement, toute la division se mit à parler un "yankee-sudiste" du meilleur aloi!

(*) Note du traducteur
La 29ème Division d'infanterie U.S a été constituée en août 1917, à partir d'unités de la Garde Nationale de différents états du Nord et du Sud, ainsi que du District de Columbia. Les "Sammies" de la 29ème avaient tenus à symboliser la réconciliation des "yankees" du Nord avec leurs frères sudistes, les anciens "rebelles". A cet effet, ils choisirent comme insigne d'épaule (patch), le graphisme coréen de la chance, réunissant le bleu et le gris,rappelant la couleur des uniformes yankees et celui des sudistes lors de la guerre de Sécession. spamafote
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