Iwo Jima : 6 hommes et un drapeau !
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Iwo Jima : 6 hommes et un drapeau !
Source : L'histoire, n°314, Novembre 2006, Iwo Jima : six hommes et un drapeau article à de Bruno Cabannes (Maître de Conférence à l'Université de Yale), p.16-17.
J'ai quasiment recopié le texte intégral, en éliminant le "gras". Quand j'interviens par moi-même, je fais précéder le texte par un * et ().
Le 23 février 1944, six soldats dressent le drapeau américain sur le mont Suribachi. Le photographe de guerre Joe Rosenthal est là pour immortaliser ce moment. Le lendemain, l'image est en couverture de centaines de journaux aux USA.
Cette photo d'un groupe d'hommes entourant la bannière étoilée, symbole intemporel de la victoire américaine sur "les forces du Mal" est devenu culte. C'est à ce mythe que s'attaque Clint Eastwood dans son film : Flags of our Fathers sorti en octobre 2006, suivi par Letters of Iwo Jima, en janvier 2007.
(...) Il faut quatre jours aux soldats américains pour atteindre le sommet du mont Suribachi, un ancien volcan de 166 mètres qui domine la partie méridionale de l'ïle. Et il faudra plus d'un mois encore pour achever le contrôle d'Iwo Jima, qui tombera le 26 mars.
Lorsqu'il arrive sur l'île avec la première vague d'assaut, Joe Rosenthal a 33 ans.
Photographe de presse à l'Associated Press, il a déjà couvert plusieurs batailles de la campagne du Pacifique, dont Guam et Peleliu (1944).
Le 23 février, huit jours après le débarquement sur l'île, apprenant qu'un drapeau américain flotte sur le mont Suribachi, Rosenthal décide de gravir le volcan pour photographier l'événement.
Après avoir grimpé le sommet, il aperçoit au loin un groupe de 6 h hommes qui s'apprêtent à planter un deuxième drapeau, beaucoup plus grand et plus visible.
"Je pensais prendre une photo des deux drapeaux, celui qu'on abaissait et celui qu'on était en train de dresser", explique-t-il. "Je me suis reculé, j'ai empilé quelques pierres sur lesquelles je suis monté, et finalement je n'ai pris que le deuxième."
Le jour même, Rosenthal envoie sa pellicule à Guam pour qu'elle y soit dévelopée. Le lendemain, elle est déjà en couverture de centaine de journaux. Peu de temps après, alors que le cliché avait déjà fait le tour du monde, on soupçonne injustement le photographe d'avoir fait poser les six soldats et leur avoir fait rejouer la scène.
Le président Franklin D.Roosevelt, de son côté, décide d'utiliser cette image pour lancer le 7e emprunt de guerre et donne l'ordre que les six soldats d'Iwo Jima soient rapatriés en Amérique. Ils sont identifiés l'un après l'autre. Trois seulement ont survécu à la bataille (*ce qui prouve la violence des combats, à Iwo Jima !) :
- René Gagnon.
- Ira Hayes.
- John Bradley.
On leur fait alors parcourir les USA pour récolter au total près de 26 milliards de $ !
La photo, elle, est reproduite sur 3,5 millions d'affiches en faveur de l'emprunt, mais aussi sur un timbre qui fut pendant des années le plus de tous les timbres américains et sur des millions de cartes postales.
En 1949, Gagnon, Hayes et Bradley jouent dans une scène du film : Sands Of Iwo Jima, d'Allan Dwan, avec John Wayne.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=45040.html
La photographie de Joe Rosenthal sert aussi de modèle à Félix De Weldon pour le monument du Corps des marines à Arlington, en Virginie, inauguré en novembre 1954.
Si l'engouement pour cette image tient sans doute à la force de la propagande, on ne peut s'arrêter à une explication aussi simple. Ce qui frappe, tout d'abord, c'est le contraste entre la photographie de Rosenthal et la violence extrême des combats d'Iwo Jima, dont elle ne dit rien.
(...) Au même moment, plusieurs travaux de sociologues militaires insisteront sur l'importance des groupes primaires (liés par une étroite solidarité en raison de leur petit nombre) pour le maintien du moral des troupes pendant la seconde guerre mondiale.
""Le combattant est souvent soutenu par la seule détermination de ne pas laisser tomber ses camarades.", observe Jesse Glenn Gray, dans son grand livre : The warriors.
""Une telle loyauté au groupe est l'essence même de l'esprit combatif". (*Voir le Croix de fer, de Sam Peckinpah, ou "Il faut sauver le soldat Ryan" de Spielberg. Et il me semble qu'Omer Bartov, dans "L'armée d'Hitler" développe sa réflexion sur ses groupes primaires !).
Or la photo de Rosenthal n'est rien d'autre que l'illustration de cette solidarité de groupe qui unit entre eux les "buddies", les camarades d'une même unité.
Au-dessus des soldats flotte le drapeau américain (...) avec sa construction pyramidale presque parfaite, elle devient une icône du patriotisme américain, le signe que l'Amérique parvient toujours à se relever du désastre. Pour preuve, une photographie semblable est prise par Thomas E.Franklin peu de temps après les attentats du 11 septembre 2001.
J'ai quasiment recopié le texte intégral, en éliminant le "gras". Quand j'interviens par moi-même, je fais précéder le texte par un * et ().
Le 23 février 1944, six soldats dressent le drapeau américain sur le mont Suribachi. Le photographe de guerre Joe Rosenthal est là pour immortaliser ce moment. Le lendemain, l'image est en couverture de centaines de journaux aux USA.
Cette photo d'un groupe d'hommes entourant la bannière étoilée, symbole intemporel de la victoire américaine sur "les forces du Mal" est devenu culte. C'est à ce mythe que s'attaque Clint Eastwood dans son film : Flags of our Fathers sorti en octobre 2006, suivi par Letters of Iwo Jima, en janvier 2007.
(...) Il faut quatre jours aux soldats américains pour atteindre le sommet du mont Suribachi, un ancien volcan de 166 mètres qui domine la partie méridionale de l'ïle. Et il faudra plus d'un mois encore pour achever le contrôle d'Iwo Jima, qui tombera le 26 mars.
Lorsqu'il arrive sur l'île avec la première vague d'assaut, Joe Rosenthal a 33 ans.
Photographe de presse à l'Associated Press, il a déjà couvert plusieurs batailles de la campagne du Pacifique, dont Guam et Peleliu (1944).
Le 23 février, huit jours après le débarquement sur l'île, apprenant qu'un drapeau américain flotte sur le mont Suribachi, Rosenthal décide de gravir le volcan pour photographier l'événement.
Après avoir grimpé le sommet, il aperçoit au loin un groupe de 6 h hommes qui s'apprêtent à planter un deuxième drapeau, beaucoup plus grand et plus visible.
"Je pensais prendre une photo des deux drapeaux, celui qu'on abaissait et celui qu'on était en train de dresser", explique-t-il. "Je me suis reculé, j'ai empilé quelques pierres sur lesquelles je suis monté, et finalement je n'ai pris que le deuxième."
Le jour même, Rosenthal envoie sa pellicule à Guam pour qu'elle y soit dévelopée. Le lendemain, elle est déjà en couverture de centaine de journaux. Peu de temps après, alors que le cliché avait déjà fait le tour du monde, on soupçonne injustement le photographe d'avoir fait poser les six soldats et leur avoir fait rejouer la scène.
Le président Franklin D.Roosevelt, de son côté, décide d'utiliser cette image pour lancer le 7e emprunt de guerre et donne l'ordre que les six soldats d'Iwo Jima soient rapatriés en Amérique. Ils sont identifiés l'un après l'autre. Trois seulement ont survécu à la bataille (*ce qui prouve la violence des combats, à Iwo Jima !) :
- René Gagnon.
- Ira Hayes.
- John Bradley.
On leur fait alors parcourir les USA pour récolter au total près de 26 milliards de $ !
La photo, elle, est reproduite sur 3,5 millions d'affiches en faveur de l'emprunt, mais aussi sur un timbre qui fut pendant des années le plus de tous les timbres américains et sur des millions de cartes postales.
En 1949, Gagnon, Hayes et Bradley jouent dans une scène du film : Sands Of Iwo Jima, d'Allan Dwan, avec John Wayne.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=45040.html
La photographie de Joe Rosenthal sert aussi de modèle à Félix De Weldon pour le monument du Corps des marines à Arlington, en Virginie, inauguré en novembre 1954.
Si l'engouement pour cette image tient sans doute à la force de la propagande, on ne peut s'arrêter à une explication aussi simple. Ce qui frappe, tout d'abord, c'est le contraste entre la photographie de Rosenthal et la violence extrême des combats d'Iwo Jima, dont elle ne dit rien.
(...) Au même moment, plusieurs travaux de sociologues militaires insisteront sur l'importance des groupes primaires (liés par une étroite solidarité en raison de leur petit nombre) pour le maintien du moral des troupes pendant la seconde guerre mondiale.
""Le combattant est souvent soutenu par la seule détermination de ne pas laisser tomber ses camarades.", observe Jesse Glenn Gray, dans son grand livre : The warriors.
""Une telle loyauté au groupe est l'essence même de l'esprit combatif". (*Voir le Croix de fer, de Sam Peckinpah, ou "Il faut sauver le soldat Ryan" de Spielberg. Et il me semble qu'Omer Bartov, dans "L'armée d'Hitler" développe sa réflexion sur ses groupes primaires !).
Or la photo de Rosenthal n'est rien d'autre que l'illustration de cette solidarité de groupe qui unit entre eux les "buddies", les camarades d'une même unité.
Au-dessus des soldats flotte le drapeau américain (...) avec sa construction pyramidale presque parfaite, elle devient une icône du patriotisme américain, le signe que l'Amérique parvient toujours à se relever du désastre. Pour preuve, une photographie semblable est prise par Thomas E.Franklin peu de temps après les attentats du 11 septembre 2001.
Re: Iwo Jima : 6 hommes et un drapeau !
Photo mythique mais on ne s'en lasse pas.
Mat47- Caporal
- Nombre de messages : 10
Age : 39
Localisation : Sous le soleil du Lot et Garonne
Date d'inscription : 27/09/2009
Re: Iwo Jima : 6 hommes et un drapeau !
Les deux photos ainsi que celle de mon avatar ont étaient prise par des juifs ! Si Hitler savait ça...
TomZanovich- Sous-lieutenant
- Nombre de messages : 174
Age : 56
Localisation : Avranches
Date d'inscription : 09/02/2009
Re: Iwo Jima : 6 hommes et un drapeau !
Salut,
Je suis surpris qu'il n'y ait pas plus de réponses sur ce sujet que je déterre ici.
Cette photo me semble une des plus marquantes jamais prises et je ne ne parle pas que de la deuxième GM.
Je me suis un peu penché dessus pour l'avoir étudiée avec mes élèves de 3ème dans le cadre de l'épreuve d'histoire des arts pour le brevet.
Il est évident que cette photo est un petit miracle. Rosenthal était probablement plus préoccupé par les possibles snipers japonais que par la qualité de la photo. La démarche artistique est donc des plus sommaires.
Et pourtant elle est somptueuse. Elle a eu de très fortes résonances car elle reprend de nombreux principes fondateurs de l'état américain (la liberté, l'espoir, l'enfer et le paradis, le concept de prédestination si important dans l'idéologie puritaine, le peuple élu et tant d'autres)
Et la comparaison avec celle de Franklin, "Raising the Flag on Ground Zero" est également intéressante. "Iwo Jima" parle du rêve américain et "Ground Zero" en montre les ruines.
Je suis surpris qu'il n'y ait pas plus de réponses sur ce sujet que je déterre ici.
Cette photo me semble une des plus marquantes jamais prises et je ne ne parle pas que de la deuxième GM.
Je me suis un peu penché dessus pour l'avoir étudiée avec mes élèves de 3ème dans le cadre de l'épreuve d'histoire des arts pour le brevet.
Il est évident que cette photo est un petit miracle. Rosenthal était probablement plus préoccupé par les possibles snipers japonais que par la qualité de la photo. La démarche artistique est donc des plus sommaires.
Et pourtant elle est somptueuse. Elle a eu de très fortes résonances car elle reprend de nombreux principes fondateurs de l'état américain (la liberté, l'espoir, l'enfer et le paradis, le concept de prédestination si important dans l'idéologie puritaine, le peuple élu et tant d'autres)
Et la comparaison avec celle de Franklin, "Raising the Flag on Ground Zero" est également intéressante. "Iwo Jima" parle du rêve américain et "Ground Zero" en montre les ruines.
DidierT- Sergent-chef
- Nombre de messages : 61
Age : 52
Localisation : Réunion
Date d'inscription : 08/08/2010
Re: Iwo Jima : 6 hommes et un drapeau !
DidierT a écrit:Salut,
Je suis surpris qu'il n'y ait pas plus de réponses sur ce sujet que je déterre ici.
Cette photo me semble une des plus marquantes jamais prises et je ne ne parle pas que de la deuxième GM.
Je me suis un peu penché dessus pour l'avoir étudiée avec mes élèves de 3ème dans le cadre de l'épreuve d'histoire des arts pour le brevet.
Il est évident que cette photo est un petit miracle. Rosenthal était probablement plus préoccupé par les possibles snipers japonais que par la qualité de la photo. La démarche artistique est donc des plus sommaires.
Et pourtant elle est somptueuse. Elle a eu de très fortes résonances car elle reprend de nombreux principes fondateurs de l'état américain (la liberté, l'espoir, l'enfer et le paradis, le concept de prédestination si important dans l'idéologie puritaine, le peuple élu et tant d'autres)
Et la comparaison avec celle de Franklin, "Raising the Flag on Ground Zero" est également intéressante. "Iwo Jima" parle du rêve américain et "Ground Zero" en montre les ruines.
Remarque très pertinente .
Je ne saurais que trop conseiller l'ouvrage de Bradley Flags of Our Fathers et bien entendu le superbe Mémoires de nos pères de monsieur Eastwood
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