Le discours de l'Hotel de ville.
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Le discours de l'Hotel de ville.
Le 25 août, Paris est libéré par l'action conjuguée de la police parisienne, des forces de l'intérieur levées dans la capitale et de la division blindée du général Leclerc qui a brisé les positions allemandes dans la banlieue sud et les derniers centres de résistance de l'ennemi au Majestic, au Luxembourg, au Palais-Bourbon, rue Royale, etc. Le général de Gaulle fait son entrée dans la ville à 4 heures du soir par la porte d'Orléans. Il va d'abord à la gare Montparnasse, où le général Leclerc reçoit la capitulation du Commandant des forces allemandes de Paris, et donne ses ordres pour assurer la couverture de la capitale vers le nord. Il s'installe ensuite au ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique, et y établit le siège de la Présidence du gouvernement. Après une visite à la Préfecture de police, où ont commencé les combats pour la libération de Paris, le général de Gaulle se rend à l'Hôtel de Ville où l'attendent la Municipalité provisoire (Comité parisien de la Libération), le Comité national de la Résistance, des détachements de combattants ainsi qu'une foule immense. Après les discours que lui adressent M. Marrane, au nom du Comité parisien de la Libération, et M. G. Bidault, président du Comité national de la Résistance, il prononce l'allocution improvisée que voici :
Personnellement, c'est le discours de De Gaulle que je préfère. On sent toute l'émotion du moment à travers ses paroles, on est loin du général un peu rigide et souvent revèche. Pour une fois il s'autorise à paraître humain.
Mais on voit aussi poindre dans cette élocution le mythe de la France résistante avec l'idée que le pays s'est toujours battu et n'a pas accepté la défaite. D'un revers de la main, il balaie l'Etat Français de Pétain considéré comme nul et non avenu, et affirme que la République n'a jamais cessé d'exister. D'ailleurs il ne fait pas mention du régime de Vichy. De Gaulle ne fait référence qu'à l'ennemi en tant qu'occupant, celui vers lequel toutes les forces combattantes doivent retourner leurs forces.
L'heure n'est pas encore à la justice.
"Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l'émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans Paris debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains.
Non ! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies.
Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.
Eh bien ! puisque l'ennemi qui tenait Paris a capitulé dans nos mains, la France rentre à Paris, chez elle. Elle y rentre sanglante, mais bien résolue. Elle y rentre, éclairée par l'immense leçon, mais plus certaine que jamais, de ses devoirs et de ses droits.
Je dis d'abord de ses devoirs, et je les résumerai tous en disant que, pour le moment, il s'agit de devoirs de guerre. L'ennemi chancelle mais il n'est pas encore battu. Il reste sur notre sol. Il ne suffira même pas que nous l'ayons, avec le concours de nos chers et admirables alliés, chassé de chez nous pour que nous nous tenions pour satisfaits après ce qui s'est passé. Nous voulons entrer sur son territoire comme il se doit, en vainqueurs. C'est pour cela que l'avant-garde française est entrée à Paris à coups de canon. C'est pour cela que la grande armée française d'Italie a débarqué dans le Midi ! et remonte rapidement la vallée du Rhône. C'est pour cela que nos braves et chères forces de l'intérieur vont s'armer d'armes modernes. C'est pour cette revanche, cette vengeance et cette justice, que nous continuerons de nous battre jusqu'au dernier jour, jusqu'au jour de la victoire totale et complète. Ce devoir de guerre, tous les hommes qui sont ici et tous ceux qui nous entendent en France savent qu'il exige l'unité nationale. Nous autres, qui aurons vécu les plus grandes heures de notre Histoire, nous n'avons pas à vouloir autre chose que de nous montrer, jusqu'à la fin, dignes de la France. Vive la France !"
Personnellement, c'est le discours de De Gaulle que je préfère. On sent toute l'émotion du moment à travers ses paroles, on est loin du général un peu rigide et souvent revèche. Pour une fois il s'autorise à paraître humain.
Mais on voit aussi poindre dans cette élocution le mythe de la France résistante avec l'idée que le pays s'est toujours battu et n'a pas accepté la défaite. D'un revers de la main, il balaie l'Etat Français de Pétain considéré comme nul et non avenu, et affirme que la République n'a jamais cessé d'exister. D'ailleurs il ne fait pas mention du régime de Vichy. De Gaulle ne fait référence qu'à l'ennemi en tant qu'occupant, celui vers lequel toutes les forces combattantes doivent retourner leurs forces.
L'heure n'est pas encore à la justice.
Panzer5- Général de Division
- Nombre de messages : 1843
Age : 43
Localisation : Charente maritime
Date d'inscription : 29/08/2005
Re: Le discours de l'Hotel de ville.
Oui, moi aussi j'aime beaucoup celui-là
Je crois que De Gaulle a été touché lors de la marche à Paris, alors que dans les autres villes, il pensait "quelle mascarade".
Il n'aimait pas trop les effusions de foules, les viva, les bravos, les applaudissements, et pourtant, à Paris, c'était différent
Sans doute pour le symbole que représente Paris Libre et pour une foule, hors du commun parce que très très nombreuses
Ivy
Je crois que De Gaulle a été touché lors de la marche à Paris, alors que dans les autres villes, il pensait "quelle mascarade".
Il n'aimait pas trop les effusions de foules, les viva, les bravos, les applaudissements, et pourtant, à Paris, c'était différent
Sans doute pour le symbole que représente Paris Libre et pour une foule, hors du commun parce que très très nombreuses
Ivy
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Ivy mike- Général (Administrateur)
- Nombre de messages : 9350
Date d'inscription : 16/06/2005
Re: Le discours de l'Hotel de ville.
Bonjour,
Merci, Panzer5, ce discours me remue moi aussi a chaque fois...
Une bricole : C'est le Conseil National de la Resistance, le CNR, pas le Comite.
Georges Bidault a suggere au General de proclamer la Republique ce jour la, ce qu'il n'a bien sur pas fait puisque la Republique, a travers lui, n'avait jamais cesse d'exister.
Une partie du discours est disponible en format audio mp3 :
http://www.charles-de-gaulle.org/liberation_de_paris/discours_25aout1944.htm
Chaque fois que je l'ecoute, je me mets au garde a vous (Quelle vieille baderne, ce Daniel)
D'un revers de main, comme tu dis, Charles de Gaulle balaie les 40 millions de Petainistes et mets en place les 40 millions de Resistants et lance la legende Gaullienne de la France entiere dressee contre l'occupant.
Il ment en le faisant, et il le sait tres bien.
Mais il oeuvrait la vers l'essentiel, comme d'habitude : Tourner la page, reunifier la France et lui rendre sa place.
Et cela a tres bien fonctionne.
Ce n'est d'ailleurs pas la le seul "vertigineux raccourci" de Charles de Gaulle. L'Histoire du veritable texte de l'Appel du 18 juin 1940 en est un autre.
Masquer les difficultes qui furent les siennes, quitte a amoindrir ses merites, fut un leit-motif. Peu lui importait de reduire ainsi la saga Gaullienne, vu que c'etait pour la France.
Sir Winston Churchill en a d'ailleurs fait exactement de meme a son niveau.
Merci, Panzer5, ce discours me remue moi aussi a chaque fois...
Une bricole : C'est le Conseil National de la Resistance, le CNR, pas le Comite.
Georges Bidault a suggere au General de proclamer la Republique ce jour la, ce qu'il n'a bien sur pas fait puisque la Republique, a travers lui, n'avait jamais cesse d'exister.
Une partie du discours est disponible en format audio mp3 :
http://www.charles-de-gaulle.org/liberation_de_paris/discours_25aout1944.htm
Chaque fois que je l'ecoute, je me mets au garde a vous (Quelle vieille baderne, ce Daniel)
Eh, eh, bien vu.panzer5 a écrit:Mais on voit aussi poindre dans cette élocution le mythe de la France résistante avec l'idée que le pays s'est toujours battu et n'a pas accepté la défaite. D'un revers de la main, il balaie l'Etat Français de Pétain considéré comme nul et non avenu, et affirme que la République n'a jamais cessé d'exister. D'ailleurs il ne fait pas mention du régime de Vichy. De Gaulle ne fait référence qu'à l'ennemi
D'un revers de main, comme tu dis, Charles de Gaulle balaie les 40 millions de Petainistes et mets en place les 40 millions de Resistants et lance la legende Gaullienne de la France entiere dressee contre l'occupant.
Il ment en le faisant, et il le sait tres bien.
Mais il oeuvrait la vers l'essentiel, comme d'habitude : Tourner la page, reunifier la France et lui rendre sa place.
Et cela a tres bien fonctionne.
Ce n'est d'ailleurs pas la le seul "vertigineux raccourci" de Charles de Gaulle. L'Histoire du veritable texte de l'Appel du 18 juin 1940 en est un autre.
Masquer les difficultes qui furent les siennes, quitte a amoindrir ses merites, fut un leit-motif. Peu lui importait de reduire ainsi la saga Gaullienne, vu que c'etait pour la France.
Sir Winston Churchill en a d'ailleurs fait exactement de meme a son niveau.
Invité- Général de Division
- Nombre de messages : 7342
Date d'inscription : 16/07/2006
Re: Le discours de l'Hotel de ville.
merci pour cet extrait.
Figurez-vous qu'un Français vivant aux Etats-Unis a récemment, sur un blog, tiré un mauvais parti de ce texte... et que l'édition sonore m'a aidé à mieux encore le détromper : http://gsorman.typepad.com/guy_sorman/2007/03/un_chirac_saign.html#comment-64488010
Figurez-vous qu'un Français vivant aux Etats-Unis a récemment, sur un blog, tiré un mauvais parti de ce texte... et que l'édition sonore m'a aidé à mieux encore le détromper : http://gsorman.typepad.com/guy_sorman/2007/03/un_chirac_saign.html#comment-64488010
Invité- Invité
Re: Le discours de l'Hotel de ville.
Bonsoir, Francois,
Tu tires vraiment sur tout ce qui bouge
Que grace t'en sois rendue !
Tu tires vraiment sur tout ce qui bouge
Que grace t'en sois rendue !
Invité- Général de Division
- Nombre de messages : 7342
Date d'inscription : 16/07/2006
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