Météorologie 6 Juin 44

Bonjour à tous,

Voici des documents interessants que j'ai scanné, tirés du magazine MET MAR (sur la météorologie maritime) n°204, septembre 2004.

Ce sont les cartes de météo du 6 juin côté Anglais et côté Allemand (1h de différence seulement).





Dans cet article, on peut lire notamment :
Les conditions environnementales devaient donc être les suivantes:
- une mi-marée au lever du soleil
- une nuit de pleine lune et peu de nuages pour les bombardements préalables
- pas trop de vent pour les parachutages des hommes
- pas trop de vagues à la côté pour le débarquement des hommes et du matériel
Plus précisement, le Jour J devait avoir lieu entre un jour avant et quatre jours après la pleine Lune. Le jour J lui même et les trois jours suivants devaient bénéficier d'un temps calme, c'est-à-dire des vents inférieurs à force 3 (moins de 12km/h) à la côté et force 4 (moins de 20km/h) au large. La couverture nuageuse devait être inférieure à trois dixièmes jusqu'à une altitude de 2400m, la base des nuages devait être supérieure à 900m et la visibilité supérieure à 4,5km.

Un autre passage:
Durant tout le mois de mai, il devint évident que la météorologie serait un des points clé de la réussite du débarquement.

Ivy

Ca explique bien pourquoi le 6 juin 1944, la plupart des responsables allemands du front de l'Ouest (ou au moins de la zone concernée) étaient partis en congé (Rommel) ou assister à un Kriegspiel (Dollmann) ; d'où le manque de réaction des Allemands au Jour J.

Oui mais en même temps, quelque chose m'etonne. Dans mon magazine, on lit que la visibilité devait être supérieure à 4,5km. Pourtant le major Pluskat a bien vu les navires Alliés sortir de la brume... Ce qui voudrait dire que la visibilité n'était pas excellente...

Ivy

Juste une question (peut-être pas si) idiote : quelle était la distance séparant les premiers navires arrivés des positions allemandes ?

Un Belge faisait partie des 4 météorologistes qui ont indiqué la fenêtre possible pour le 6 juin 1944.

Odon Godard était physicien à l'UCL, un personnage de ma région que mon père a longtemps fréquenté à l'unif.

Sauf erreur de ma part je le comprends comme ça : il devait y avoir 4,5km de visibilité pour les bombardiers, et la visibilité au sol devait être différente, certainement moins de 4,5km.

Merci pour les docs très interressante Ivy!!

Vinz a écrit:Sauf erreur de ma part je le comprends comme ça : il devait y avoir 4,5km de visibilité pour les bombardiers, et la visibilité au sol était être différente, certainement moins de 4,5km.

C'est possible oui...
Sait-on à quelle heure le brouillard s'est levé ? Parce que de tous les récits que j'ai lu sur l'attaque du pont Pegase, la visibilité était grande. Cela voudrait dire que le brouillard s'est levé entre l'attaque du pont (0h20) et l'arrivée des navires remarqués par Pluskat (5h00 je crois me souvenir)

Ivy

j'admire la carte météo allemande compte tenu de leurs moyens limités en mer et dans le ciel a cette époque.

Phil642 a écrit:Un Belge faisait partie des 4 météorologistes qui ont indiqué la fenêtre possible pour le 6 juin 1944.

Odon Godard était physicien à l'UCL, un personnage de ma région que mon père a longtemps fréquenté à l'unif.

Pour le belge météorologiste ,n'y avait il pas un autre belge responsable de la météorologie pour la RAF. Le colonel Albert de Dorlodot.Je pense que oui mais j'aimerais bien avoir une confirmation.

Supert documentation Ivy ! Très intéressant !










Semper Paratis

Phil642 a écrit:Un Belge faisait partie des 4 météorologistes qui ont indiqué la fenêtre possible pour le 6 juin 1944.
Odon Godard était physicien à l'UCL, un personnage de ma région que mon père a longtemps fréquenté à l'unif.

Bonsoir,

Quelques petites précisions qui rejoignent ce que Ivy publiait plus haut :

Odon Godart, mathématicien et astronome à l'Université Catholique de Louvain, faisait partie des services chargés d'établir les prévisions météorologiques.
Les conditions imposées pour assurer le succès d'un débarquement en Normandie exigeait, notamment, un vent inférieur ou égal à 15 km/h le long des côtes et 25 km/h au large; que la nuit du débarquement suive une nuit de pleine lune et que 40 minutes avant l'aube correspondent à 3 heures avant la marée haute, ceci afin que les barges et les chars puissent s'avancer dans l'obscurité le plus loin possible.
Ces conditions limitaient les dates d'invasion à trois jours par mois et, compte tenu de l'étude climatologique, la limitait à trois périodes : les 22, 23 et 24 mai; les 5,6 et 7 juin; les 19,20 et 21 juin. L'attention des météorologistes se portait sur des prévisions à 48 heures avec une perspective sur les 3 jours suivants. Eisenhower était, bien entendu, constamment informé.
Initialement, le débarquement devait avoir lieu le 5 juin. Au soir du 3 juin, le staff de Odon Godart sombra dans le pessimisme. Deux dépressions se déplaçaient vers les îles Shetland, laissant prévoir un vent assez violent dans la Manche et des nuages bas dans la région des opérations. Le 4 juin, les conditions météo confirmèrent les prévisions. Les météorologistes laissèrent entrevoir une amélioration progressive et un temps stable d'au moins 36 heures.
C'est lors de la réunion du 5 juin au matin, en présence de toute l'équipe de météorologues, qu'Eisenhower fixa le jour "J" au 6 juin.

Un autre Belge, Hugo van Kuyck qui, dans les coulisses, joua un rôle majeur dans la phase de préparation. C'est à lui qu'incomba la mission de réaliser dans le plus grand secret la cartographie des plages de Normandie

Bien cordialement,
Francis.