des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
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Phil642
tayp'
betacam
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des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
salut à tous,
J'ai remarqué un élément particulier dans la Résistance, je sais que ce fut le cas sur la Région toulousaine, mais ce fut peut-être le cas ailleurs. Je m'explique.
Dans les réseaux de résistance, j'ai noté un réseau qui a retenu mon attention, car peu courant. En effet, je fais allusion au réseau de Résistance Frei Deutschland. Ce réseau était constitué de soldat de la Wehrmacht ou de WSS qui avaient retrourné leur veste. Ces hommes ont trahi leur patrie en retrournant leur veste. C'était un groupe essenteillement constitué de soldats fatigués par cette SGM, et qui ne croyaient plus en la victoire de leur pays. Ils ont apporté une aide aux réseaux locaux de résistance en leur indiquant les postitions et les postes qui se voulaient stratégiques aux yeux de l'occupant. Les résistants (non allemand) distribuaient des tracs déprimant pour l'occupant pour inciter ce genre de manoeuvre (désertion de l'ennemi).
(source : cote 22 Z du fonds Latapie ou du fonds Résistance des archives municipales de Toulouse)
Est-ce qu'il s'agit d'un phénomène isolé ? où est-ce qu'il y a eu d'autre élément de ce genre ?
Cordialement
Mara
J'ai remarqué un élément particulier dans la Résistance, je sais que ce fut le cas sur la Région toulousaine, mais ce fut peut-être le cas ailleurs. Je m'explique.
Dans les réseaux de résistance, j'ai noté un réseau qui a retenu mon attention, car peu courant. En effet, je fais allusion au réseau de Résistance Frei Deutschland. Ce réseau était constitué de soldat de la Wehrmacht ou de WSS qui avaient retrourné leur veste. Ces hommes ont trahi leur patrie en retrournant leur veste. C'était un groupe essenteillement constitué de soldats fatigués par cette SGM, et qui ne croyaient plus en la victoire de leur pays. Ils ont apporté une aide aux réseaux locaux de résistance en leur indiquant les postitions et les postes qui se voulaient stratégiques aux yeux de l'occupant. Les résistants (non allemand) distribuaient des tracs déprimant pour l'occupant pour inciter ce genre de manoeuvre (désertion de l'ennemi).
(source : cote 22 Z du fonds Latapie ou du fonds Résistance des archives municipales de Toulouse)
Est-ce qu'il s'agit d'un phénomène isolé ? où est-ce qu'il y a eu d'autre élément de ce genre ?
Cordialement
Mara
Dernière édition par Mara Jade le 2/4/2008, 11:41, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
bonjour,
il y avait un maquis d'antifacistes allemands dans les cevennes, mais ils ont bientôt été rejoints par des déserteurs.
j'ai trouvé aussi ce site
http://maquisdevabre.free.fr/mvtmg-atd.htm
un extrait d'article de l'humanité du 13 mai 1995:
..Loi inique, en application de laquelle, loin d’être réhabilités, les anciens déserteurs de la Wehrmacht, et notamment ceux qui ont rejoint les maquis de la Résistance, sont toujours traités en pestiférés.
alors que l'on accordait une pension au S.S. Barth...
YVES MOREAU
il y avait un maquis d'antifacistes allemands dans les cevennes, mais ils ont bientôt été rejoints par des déserteurs.
j'ai trouvé aussi ce site
http://maquisdevabre.free.fr/mvtmg-atd.htm
un extrait d'article de l'humanité du 13 mai 1995:
..Loi inique, en application de laquelle, loin d’être réhabilités, les anciens déserteurs de la Wehrmacht, et notamment ceux qui ont rejoint les maquis de la Résistance, sont toujours traités en pestiférés.
alors que l'on accordait une pension au S.S. Barth...
YVES MOREAU
betacam- Commandant
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
Interressant je connaissais pas ce genre de fait à cette échelle. Bien sur les attentats contre Hitler j'en avait entendu parler mais pas de ça!!
Mais ils restaient dans l'armée ou desrtaient et alimenter les maquis?
Mais ils restaient dans l'armée ou desrtaient et alimenter les maquis?
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tayp'- Police militaire (Modérateur)
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
A lire aussi l'histoire de Monsieur Heinz Stahlschmidt:
https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/les-resistances-f33/heinz-stahlschmidt-t1174.htm
https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/les-resistances-f33/heinz-stahlschmidt-t1174.htm
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
tayptayp a écrit:Interressant je connaissais pas ce genre de fait à cette échelle. Bien sur les attentats contre Hitler j'en avait entendu parler mais pas de ça!!
Mais ils restaient dans l'armée ou desrtaient et alimenter les maquis?
ils alimentaient les maquis ou les réseaux et souvent combattaient les armes à la main.
betacam- Commandant
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
Sujet très interessant!Il y'a eu effectivement quelques rares cas de désertion de soldats allemand volksdeutschen qui passèrent dans la Résistance...
Souvent,ces hommes avaient un passé communiste avant la guerre...
Des SS,ça m'étonnerai un peu,mais bon cela doit etre des cas extremement isolés...
Nombreux furent par contre les soldats allemands d'origine soviètique(anciens prisonniers de guerre enrolés dans la Wehrmacht) qui rejoignirent les maquis...
Au Vercors par exemple,ces faits sont connus...
Ce qui est beaucoup plus courant,ce sont les soldats allemands qui venaient en aide à la population,voir aux résistants,par des actions qui s'apparentraient plus à un besoin de "se racheter" en apportant un peu d'humanité aux gens qui souffraient mais aussi par un sentiment de lassitude et de gachis que la guerre suscitait en eux...
Sur Paris,au sein des F.T.P. MOI (Main d'Oeuvre Immigrée) il y'avait un assez important groupe de purs résistants allemands communistes,militaires dans la Wehrmacht qui allèrent jusqu'à fournir leurs armes de service à la Résistance,prenant des risques inouis en apportant aussi de nombreuses informations cruciale pour la Résistance mais aussi en tentant d'inciter leurs camarades à les rejoindre...
Ces hommes courageux rejoignirent les FFI/FTP pour l'insurection en Aout 44 et combattirent donc contre leurs compatriotes...
Je tacherai de vous retrouver le titre d'un excellent livre qui retrace leur incroyable et méconnu combat...
Souvent,ces hommes avaient un passé communiste avant la guerre...
Des SS,ça m'étonnerai un peu,mais bon cela doit etre des cas extremement isolés...
Nombreux furent par contre les soldats allemands d'origine soviètique(anciens prisonniers de guerre enrolés dans la Wehrmacht) qui rejoignirent les maquis...
Au Vercors par exemple,ces faits sont connus...
Ce qui est beaucoup plus courant,ce sont les soldats allemands qui venaient en aide à la population,voir aux résistants,par des actions qui s'apparentraient plus à un besoin de "se racheter" en apportant un peu d'humanité aux gens qui souffraient mais aussi par un sentiment de lassitude et de gachis que la guerre suscitait en eux...
Sur Paris,au sein des F.T.P. MOI (Main d'Oeuvre Immigrée) il y'avait un assez important groupe de purs résistants allemands communistes,militaires dans la Wehrmacht qui allèrent jusqu'à fournir leurs armes de service à la Résistance,prenant des risques inouis en apportant aussi de nombreuses informations cruciale pour la Résistance mais aussi en tentant d'inciter leurs camarades à les rejoindre...
Ces hommes courageux rejoignirent les FFI/FTP pour l'insurection en Aout 44 et combattirent donc contre leurs compatriotes...
Je tacherai de vous retrouver le titre d'un excellent livre qui retrace leur incroyable et méconnu combat...
Partisan- Sous-lieutenant
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
Bonsoir à tous
Pas forcément, moi je parle pas d'anciens allemands et bien allemands. Souvent c'était des soldats qui étaient sur en territoire occupé depuis le début de l'occupation et qui étaient lassés de cette guerre qui n'en finit pas. C'est vrai aussi qu'après le Débarquement il y a eu un taux de désertion qui a vu son nombre augmenté.
Je vous remercie pour les inforamtions supplémentaires que vous m'avez apporté.
Cordialement
Mara
Partisan a écrit:Nombreux furent par contre les soldats allemands d'origine soviètique(anciens prisonniers de guerre enrolés dans la Wehrmacht) qui rejoignirent les maquis...
Pas forcément, moi je parle pas d'anciens allemands et bien allemands. Souvent c'était des soldats qui étaient sur en territoire occupé depuis le début de l'occupation et qui étaient lassés de cette guerre qui n'en finit pas. C'est vrai aussi qu'après le Débarquement il y a eu un taux de désertion qui a vu son nombre augmenté.
Je vous remercie pour les inforamtions supplémentaires que vous m'avez apporté.
Cordialement
Mara
Dernière édition par Mara Jade le 2/4/2008, 11:41, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
Partisan a écrit:
Sur Paris,au sein des F.T.P. MOI (Main d'Oeuvre Immigrée) il y'avait un assez important groupe de purs résistants allemands communistes,militaires dans la Wehrmacht qui allèrent jusqu'à fournir leurs armes de service à la Résistance,prenant des risques inouis en apportant aussi de nombreuses informations cruciale pour la Résistance mais aussi en tentant d'inciter leurs camarades à les rejoindre...
l'ouest, il y avait le CALPO (comité allemagne libre pour l'ouest ).
Les allemands réfugiés en France s'abritait sous les initiales T.A ( travail allemand ) et étaient rattachés à la M.O.I. comme beaucoup de résistants étrangers. Fin septembre 1943, ils fondèrent le CALPO dont le communiste
Otto Niebergall assura la pésidence.
Dans son premier appel, le CALPO demande aux militaires allemands de ne pas participer à la répression contre les patriotes français.
Pour éviter que ce voeu reste pieux, il forma des corps-francs qui attaquèrent des postes de la feldgendarmerie et de la gestapo ( surtout au sud de la loire ).
Le CALPO profitait du S.T.O. pour envoyer , en Allemagne des clandestins munis de faux papiers Français. Ils étaient chargés de prendre contact avec les cellules existantes et d'exécuter des sabotages ou autres missions.
Source principale :
"La Werhmacht Rouge" de Marcel Veyrier ( julliard ) 1970.
betacam- Commandant
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
ok merci,
très impressionant je pensais pas du tout à ça. Si j'ai bien compris certain restaient dans la WH pour informer et "armer" les résistants?
très impressionant je pensais pas du tout à ça. Si j'ai bien compris certain restaient dans la WH pour informer et "armer" les résistants?
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tayp'- Police militaire (Modérateur)
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
salut tayptayp,
On peut dire que tu as tout compris. C'est le rôle que faisait les soldats de la WH qui avait retourné leur veste.
Cordialement
Mara
On peut dire que tu as tout compris. C'est le rôle que faisait les soldats de la WH qui avait retourné leur veste.
Cordialement
Mara
Dernière édition par Mara Jade le 2/4/2008, 11:42, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
il y a eu, au mois de mai, un documentaire, mais il n'est pas précisé sur quelle chaîne.
en avez-vous entendu parler ?
http://www.ecrans.fr/Ces-Allemands-qui-ont-pris-le.html
en avez-vous entendu parler ?
http://www.ecrans.fr/Ces-Allemands-qui-ont-pris-le.html
betacam- Commandant
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Date d'inscription : 05/05/2007
Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
Je l'ai regardé et ce que nos amis ont sité précedemment resume parfaitement le documentaire en question.
Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
En y réfléchissant ça pourrait faire un bon petit sujet pour un film... Je crois pas que ça a été abordé!!
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tayp'- Police militaire (Modérateur)
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Date d'inscription : 20/11/2006
Un brave jeune soldat SS bien sympathique.
Un brave jeune soldat SS bien sympathique…
Bonjour à toutes, et bonjour à tous,
A propos des soldats allemands portant l'uniforme des SS, je voudrais vous dire qu'il ne faut pas trop vite les juger, il faudrait avant cela connaître l'histoire de chacun d'eux avant qu'il ait revêtu le sinistre uniforme des SS…
Dans la commune où je vis depuis ma retraite (la commune où mon épouse a vécu toute sa jeunesse, et où tous ses ancêtres maternels sont nés), Maurs-la-Jolie, au Sud-Ouest du Cantal, il y a une date gravée d'une manière indélébile dans la mémoire collective de la population : celle du vendredi 12 mai 1944, où la tristement célèbre division SS "Das Reich" a fait une "rafle" sur la cité.
Ma belle-mère, Justine Bos, avait 39 ans à l'époque, et avait été très traumatisée par cette rafle des SS. Elle l'évoquait souvent à sa fille unique, et celle-ci m'a demandé de taper au traitement de textes ses souvenirs afin qu'ils soient publiés, avec 27 autres dans un recueil publié par la mairie de Maurs à l'occasion du 60ème anniversaire de cette rafle, le 13 mai 2004, en présence de monsieur le Préfet du Cantal. Ce recueil porte le titre suivant : "De mémoire de Maursois, 12 mai 1944 "La Rafle", 60 ans déjà, afin que le souvenir demeure…".
Parmi tous les 28 témoignages, il y a celui de Madame Denise Dedenis, qui m'avait particulièrement touché. Je vous le reproduis intégralment :
« Ceci est l'histoire authentique que j'aie vécue ce 12 mai 1944, jour de la rafle à Maurs. J'habitais Biars-sur-Cère [département du Lot] à l'époque. Mon mari était employé à la SNCF, j'avais trois enfants et j'étais venue voir mes parents qui, eux, habitaient Maurs (avenue de la gare). Mon père était facteur en retraite, il s'oubliait souvent au bistrot où il ne cessait de vitupérer sur ces "sales Boches", ma mère le mettait en garde car la Milice et la Gestapo étaient partout et il risquait de se faire ramasser.
Donc, ce matin du 12 mai 1944, de violents coups ont ébranlé la porte. Je suis sortie à la fenêtre : quatre Allemands se tenaient en bas. Me prenant pour une jeune fille ils m'ont demandé où était mon père ? Ce dernier, pensant qu'on venait l'arrêter, les a suivi sans prendre ni veste, ni papiers. Mon mari est sorti, les a suivis, mais avec sa carte de la SNCF où trônait un timbre avec la photo d'Hitler, je ne pensais pas qu'il serait inquiété. Je suis descendue voir ce qui se passait. Madame Clot, mère d'Henri Clot, qui arrivait d'en ville me dit de porter au plus vite les papiers à mon père car les Allemands venaient de déclarer que les personnes ne possédant pas de papiers, donc suspectes, seraient fusillées ou déportées.
Madame Delpon, qui habitait en face de chez mes parents, se trouvait dehors avec sa fille Juliette, cette dernière me dit « Attends-moi, je viens avec toi ». Nous voilà donc parties place de l'église où Madame Clot m'avait dit que les hommes étaient "parqués". Là, plus personne… Je demande à l'épicerie Canet où ? On me dit qu'ils étaient partis route de Bagnac [actuelle rue du 12 mai 1944]. Je file donc, toujours escortée de Juliette. Arrivées après l'embranchement de la route de la gare, à gauche et la ferme Momboisse à droite, la route était barrée. Un officier allemand avec sa mitraillette faisait reculer Madame Canet-Durand qui, certainement, voulait récupérer son mari et qui pleurait à chaudes larmes. Cela avait l'air d'exaspérer l'officier SS. Prenant mon courage à deux mains, je m'avance vers lui accusant les Allemands d'avoir emmené mon père sans lui donner le temps de prendre sa veste et ses papiers. Il m'a toisée des pieds et de la tête puis a regardé les papiers que je lui avais fourré dans les mains. Il a fait signe à un soldat SS de me suivre. Je n'avais pas fait dix pas que ce dernier se tourne vers moi et me demande, dans un français parfait, si les Allemands avaient été corrects avec moi ? Toute ébahie, je lui demande si lui n'était pas allemand ? : « non », me répondit-il « je suis Alsacien, j'ai seize ans, ils m'ont enrôlé de force, sinon, c'était mon père qui partait. »
Ce dernier avait une ferme avec des enfants en bas âge. Toujours méfiante, je lui ai demandé où la division comptait se rendre en partant de Maurs ? « Demain, nous serons à Bretenoux/Biars ». Mon sang n'a fait qu'un tour. Là était en effet rassemblé le plus grand noyau de la Résistance du Lot. Il fallait absolument que je me sorte de ce guêpier le plus rapidement possible et que j'aille prévenir le Maquis de Biars dont nous faisions partie. Confidence pour confidence, j'ai dit à ce jeune Alsacien que j'avais trois enfants dont une petite fille et qu'il me tardait de récupérer mon père et de rentrer chez moi. Il m'a recommandé de n'avoir pas peur des Allemands, c'était le meilleur moyen de les intimider, ce qui était vrai.
Arrivé au petit ruisseau, en face du garage Coste actuellement, je vois un médecin juif que je connaissais, il portait deux seaux d'eau. Il a tombé ses lunettes, j'ai fait un geste pour les lui ramasser mais le jeune Alsacien m'a vivement tirée en arrière. J'ai aperçu Marius Aymar, lui aussi traînait des seaux d'eau. Nous voici arrivés au pré où étaient "parqués" les hommes. Là, il y avait un officier allemand avec monsieur Raymond Puech qui était alors maire de Maurs (il avait pris soin de mettre sur sa veste ses décorations de la guerre 1914-1918 pour impressionner les Allemands). Je suis allé vers eux en disant à l'officier allemand ce que je venais faire. Monsieur Puech a expliqué que mon père était âgé, qu'il avait eu un accident et marchait difficilement avec une canne. L'officier SS a donné l'autorisation pour relâcher mon père, mais Juliette et moi devions aller éplucher des pommes de terre. Je parle à l'officier de ma fille à nourrir et le jeune Alsacien a pris ma défense, en allemand, avec un air autoritaire que je ne soupçonnais pas… Juliette Delpon est donc partie seule éplucher les patates.
J'ai poussé un "ouf" de soulagement. Ayant fait une vingtaine de mètres, un groupe de femmes escortées par des soldats allemands nous croise. L'officier qui les accompagnait me fait signe de faire demi-tour et de le suivre. Mon défenseur alsacien a pris la parole en allemand, je n'ai pas compris ce qu'il lui a dit, mais cela a porté puisqu'il m'a laissée partir. C'est là que trois jeunes filles qui se trouvaient dans le groupe m'ont suppliée, en pleurant, d'aller rassurer leurs parents qui étaient à la place du Champ de Foire, dans des roulottes. Me revoilà donc devant la barrière. Le jeune Alsacien me quitte, je l'avais préalablement remercié pour tout ce qu'il avait fait pour moi. Il m'avait répondu : « Ce n'est rien, je porte peut-être l'uniforme des SS, mais au fond de moi je reste un Alsacien, donc un Français !… ». Mon père se dirige vers la gare de Maurs, et me voilà partie vers la place du Champ de Foire. Je m'aperçois que je suis suivie par deux soldats allemands !… J'ai beau frapper à la porte de toutes les roulottes, personne ne m'a répondu ; il est vrai qu'avec mon "escorte" ce n'était pas étonnant !… Alors, je me suis mise à hurler que les Allemands avaient emmené leurs trois filles, mais qu'ils les relâcheraient à midi. J'ai vu bouger les rideaux, le message était passé.
Je suis repartie et là mes deux "cerbères" m'ont enfin lâchée. J'arrive chez ma mère et je lui explique que je dois partir très vite attraper un train pour prévenir le Maquis de Biars-sur-Cère. A la gare de Maurs il y avait un train de marchandises avec un wagon de soldats allemands. Je me suis faufilée discrètement derrière le dernier wagon où il y avait une échelle en fer. Je me suis trouvée dans les airs à la pointe d'une vigie. A Viescamp-sous-Jallès j'ai pu descendre du train et en prendre un deuxième pour Bretenoux/Biars-sur-Cère et prévenir le Maquis. Malheureusement Bretenoux a fait les frais de cette terrible division SS "Das Reich". De jeunes héros avaient reçu l'ordre de retarder le plus possible cette division SS. Nous ne les connaissions pas, ils ont tous payé de leur vie, et c'étaient des gosses âgés de vingt ans. »
Voilà, ainsi prend fin le témoignage de Denise Dedenis. Je le trouve très émouvant. Et vous ? J'espère que le jeune Alsacien SS qui l'a aidée a réussi à sen sortir…
Roger le Cantalien.
Bonjour à toutes, et bonjour à tous,
A propos des soldats allemands portant l'uniforme des SS, je voudrais vous dire qu'il ne faut pas trop vite les juger, il faudrait avant cela connaître l'histoire de chacun d'eux avant qu'il ait revêtu le sinistre uniforme des SS…
Dans la commune où je vis depuis ma retraite (la commune où mon épouse a vécu toute sa jeunesse, et où tous ses ancêtres maternels sont nés), Maurs-la-Jolie, au Sud-Ouest du Cantal, il y a une date gravée d'une manière indélébile dans la mémoire collective de la population : celle du vendredi 12 mai 1944, où la tristement célèbre division SS "Das Reich" a fait une "rafle" sur la cité.
Ma belle-mère, Justine Bos, avait 39 ans à l'époque, et avait été très traumatisée par cette rafle des SS. Elle l'évoquait souvent à sa fille unique, et celle-ci m'a demandé de taper au traitement de textes ses souvenirs afin qu'ils soient publiés, avec 27 autres dans un recueil publié par la mairie de Maurs à l'occasion du 60ème anniversaire de cette rafle, le 13 mai 2004, en présence de monsieur le Préfet du Cantal. Ce recueil porte le titre suivant : "De mémoire de Maursois, 12 mai 1944 "La Rafle", 60 ans déjà, afin que le souvenir demeure…".
Parmi tous les 28 témoignages, il y a celui de Madame Denise Dedenis, qui m'avait particulièrement touché. Je vous le reproduis intégralment :
« Ceci est l'histoire authentique que j'aie vécue ce 12 mai 1944, jour de la rafle à Maurs. J'habitais Biars-sur-Cère [département du Lot] à l'époque. Mon mari était employé à la SNCF, j'avais trois enfants et j'étais venue voir mes parents qui, eux, habitaient Maurs (avenue de la gare). Mon père était facteur en retraite, il s'oubliait souvent au bistrot où il ne cessait de vitupérer sur ces "sales Boches", ma mère le mettait en garde car la Milice et la Gestapo étaient partout et il risquait de se faire ramasser.
Donc, ce matin du 12 mai 1944, de violents coups ont ébranlé la porte. Je suis sortie à la fenêtre : quatre Allemands se tenaient en bas. Me prenant pour une jeune fille ils m'ont demandé où était mon père ? Ce dernier, pensant qu'on venait l'arrêter, les a suivi sans prendre ni veste, ni papiers. Mon mari est sorti, les a suivis, mais avec sa carte de la SNCF où trônait un timbre avec la photo d'Hitler, je ne pensais pas qu'il serait inquiété. Je suis descendue voir ce qui se passait. Madame Clot, mère d'Henri Clot, qui arrivait d'en ville me dit de porter au plus vite les papiers à mon père car les Allemands venaient de déclarer que les personnes ne possédant pas de papiers, donc suspectes, seraient fusillées ou déportées.
Madame Delpon, qui habitait en face de chez mes parents, se trouvait dehors avec sa fille Juliette, cette dernière me dit « Attends-moi, je viens avec toi ». Nous voilà donc parties place de l'église où Madame Clot m'avait dit que les hommes étaient "parqués". Là, plus personne… Je demande à l'épicerie Canet où ? On me dit qu'ils étaient partis route de Bagnac [actuelle rue du 12 mai 1944]. Je file donc, toujours escortée de Juliette. Arrivées après l'embranchement de la route de la gare, à gauche et la ferme Momboisse à droite, la route était barrée. Un officier allemand avec sa mitraillette faisait reculer Madame Canet-Durand qui, certainement, voulait récupérer son mari et qui pleurait à chaudes larmes. Cela avait l'air d'exaspérer l'officier SS. Prenant mon courage à deux mains, je m'avance vers lui accusant les Allemands d'avoir emmené mon père sans lui donner le temps de prendre sa veste et ses papiers. Il m'a toisée des pieds et de la tête puis a regardé les papiers que je lui avais fourré dans les mains. Il a fait signe à un soldat SS de me suivre. Je n'avais pas fait dix pas que ce dernier se tourne vers moi et me demande, dans un français parfait, si les Allemands avaient été corrects avec moi ? Toute ébahie, je lui demande si lui n'était pas allemand ? : « non », me répondit-il « je suis Alsacien, j'ai seize ans, ils m'ont enrôlé de force, sinon, c'était mon père qui partait. »
Ce dernier avait une ferme avec des enfants en bas âge. Toujours méfiante, je lui ai demandé où la division comptait se rendre en partant de Maurs ? « Demain, nous serons à Bretenoux/Biars ». Mon sang n'a fait qu'un tour. Là était en effet rassemblé le plus grand noyau de la Résistance du Lot. Il fallait absolument que je me sorte de ce guêpier le plus rapidement possible et que j'aille prévenir le Maquis de Biars dont nous faisions partie. Confidence pour confidence, j'ai dit à ce jeune Alsacien que j'avais trois enfants dont une petite fille et qu'il me tardait de récupérer mon père et de rentrer chez moi. Il m'a recommandé de n'avoir pas peur des Allemands, c'était le meilleur moyen de les intimider, ce qui était vrai.
Arrivé au petit ruisseau, en face du garage Coste actuellement, je vois un médecin juif que je connaissais, il portait deux seaux d'eau. Il a tombé ses lunettes, j'ai fait un geste pour les lui ramasser mais le jeune Alsacien m'a vivement tirée en arrière. J'ai aperçu Marius Aymar, lui aussi traînait des seaux d'eau. Nous voici arrivés au pré où étaient "parqués" les hommes. Là, il y avait un officier allemand avec monsieur Raymond Puech qui était alors maire de Maurs (il avait pris soin de mettre sur sa veste ses décorations de la guerre 1914-1918 pour impressionner les Allemands). Je suis allé vers eux en disant à l'officier allemand ce que je venais faire. Monsieur Puech a expliqué que mon père était âgé, qu'il avait eu un accident et marchait difficilement avec une canne. L'officier SS a donné l'autorisation pour relâcher mon père, mais Juliette et moi devions aller éplucher des pommes de terre. Je parle à l'officier de ma fille à nourrir et le jeune Alsacien a pris ma défense, en allemand, avec un air autoritaire que je ne soupçonnais pas… Juliette Delpon est donc partie seule éplucher les patates.
J'ai poussé un "ouf" de soulagement. Ayant fait une vingtaine de mètres, un groupe de femmes escortées par des soldats allemands nous croise. L'officier qui les accompagnait me fait signe de faire demi-tour et de le suivre. Mon défenseur alsacien a pris la parole en allemand, je n'ai pas compris ce qu'il lui a dit, mais cela a porté puisqu'il m'a laissée partir. C'est là que trois jeunes filles qui se trouvaient dans le groupe m'ont suppliée, en pleurant, d'aller rassurer leurs parents qui étaient à la place du Champ de Foire, dans des roulottes. Me revoilà donc devant la barrière. Le jeune Alsacien me quitte, je l'avais préalablement remercié pour tout ce qu'il avait fait pour moi. Il m'avait répondu : « Ce n'est rien, je porte peut-être l'uniforme des SS, mais au fond de moi je reste un Alsacien, donc un Français !… ». Mon père se dirige vers la gare de Maurs, et me voilà partie vers la place du Champ de Foire. Je m'aperçois que je suis suivie par deux soldats allemands !… J'ai beau frapper à la porte de toutes les roulottes, personne ne m'a répondu ; il est vrai qu'avec mon "escorte" ce n'était pas étonnant !… Alors, je me suis mise à hurler que les Allemands avaient emmené leurs trois filles, mais qu'ils les relâcheraient à midi. J'ai vu bouger les rideaux, le message était passé.
Je suis repartie et là mes deux "cerbères" m'ont enfin lâchée. J'arrive chez ma mère et je lui explique que je dois partir très vite attraper un train pour prévenir le Maquis de Biars-sur-Cère. A la gare de Maurs il y avait un train de marchandises avec un wagon de soldats allemands. Je me suis faufilée discrètement derrière le dernier wagon où il y avait une échelle en fer. Je me suis trouvée dans les airs à la pointe d'une vigie. A Viescamp-sous-Jallès j'ai pu descendre du train et en prendre un deuxième pour Bretenoux/Biars-sur-Cère et prévenir le Maquis. Malheureusement Bretenoux a fait les frais de cette terrible division SS "Das Reich". De jeunes héros avaient reçu l'ordre de retarder le plus possible cette division SS. Nous ne les connaissions pas, ils ont tous payé de leur vie, et c'étaient des gosses âgés de vingt ans. »
Voilà, ainsi prend fin le témoignage de Denise Dedenis. Je le trouve très émouvant. Et vous ? J'espère que le jeune Alsacien SS qui l'a aidée a réussi à sen sortir…
Roger le Cantalien.
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
roger15 a écrit:J'espère que le jeune Alsacien SS qui l'a aidée a réussi à sen sortir…
Tu a oublié un mot (enfin 3 pour être précis) : le jeune alsacien engagé de force dans la waffen-SS.
Je viens de lire un livre sur leur mésaventure. Apparemment, chaque fois qu'ils l'ont pu, même au péril de leurs vies, ils ont essayé d'enterprêter les ordres pour pénaliser le moins possible les populations. Malgré cela, certains leurs vouent encore une haine féroce.
Narduccio- Général (Administrateur)
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
Bonjour Narduccio,Narduccio a écrit: Je viens de lire un livre sur leur mésaventure. Apparemment, chaque fois qu'ils l'ont pu, même au péril de leurs vies, ils ont essayé d'enterprêter les ordres pour pénaliser le moins possible les populations. Malgré cela, certains leurs vouent encore une haine féroce.
Si certains vouent aujourd'hui encore une haine féroce contre ces pauvres Alsaciens-Mosellans enrôlés de force dans les Waffen SS, c'est que ce ne sont que des pauvres ignorants !…
Roger le Cantalien.
roger15- Commandant
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Re: des soldats de la Wehrmacht dans la résistance
Le drame des "Malgré-nous", En Belgique, dans les cantons annexés en 1919, des hommes ont aussi été incorporés de force dans la Heer ou la SS.
Invité- Invité
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