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Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard

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Message  eddy marz 1/4/2008, 13:11

Bonjour à tous ;
Je me permet de vous soumettre une sorte de « mémoire » des évènements dans leur ordre chronologique (à partir de l’invasion de l’URSS jusqu’à la fermeture des camps de l’Aktion Reinhard en 1943) afin de lancer le débat. Ce mémoire (je pense en 3 partie) ne prétend pas fournir tous les détails relatif à la Solution finale (impossible), mais uniquement d’en donner les grandes lignes, afin que d’autres puissent se lancer dans le débat… Ainsi d’autre détails seront petit à petit abordés.

Dans le labyrinthe de jalousies individuelles, de quête frénétique du pouvoir, et d’influences contradictoires que sont la Chancellerie du Führer (KdF) et la SS, il paraît évident que nombre de discussions, de théorisations, et d’expériences furent nécessaires à la réalisation de la « Solution Finale », ou « Endlösung » selon le terme Nazi. Beaucoup d’erreurs et d’horreurs indescriptibles furent commises tout au long de sa mise en place, et son fonctionnement lui-même était anarchique et en permanente effervescence.

Les exactions perpétrées par les Einsatzgruppen A, B, C, et D dans les zones d’occupation en URSS nous sont connues par les dépositions après-guerre des commandants d’unités, et par les rapports fournis au SD par les chefs d’unités. Ces rapports ne peuvent prétendre à refléter la réalité, mais ils fournissent une idée suffisamment précise de l’ampleur et de la démesure des crimes commis. Phase initiale de la Solution Finale, les Einsatzgruppen – contrairement à l’idée reçue – continuèrent leur mission durant l’ensemble de la guerre, même après la mise au point des techniques de gazages.

Durant ses 12 années d’existence – mais surtout durant les 4 dernières – la dictature nazie assassina environ 20 millions de non-combattants. Les victimes Juives représentent environ un tiers de ce chiffre, les « Untermenschen » Slaves sont les plus nombreux avec 3 millions de Polonais, 7 millions de russes, et environ 3,3 millions de prisonniers de guerre soviétiques. Entre 40 et 50% des Juifs furent assassinés par des méthodes autres que par gazage (mais le gazage reste la « spécificité » du crime antisémite – si l’on exclue les meurtres des malades mentaux et « irrécupérables »). L’hécatombe nazie ne fut ni « moderne » ni « scientifique » comme beaucoup le pensent ; et comprendre comment les criminels apprirent à « gérer » les contraintes d’une telle opération est une avancée importante vers la possibilité d’éviter qu’elle se reproduise.

Un mémorandum signé par Martin Bormann, en date du 21 octobre 1941, témoigne qu’Hitler, installé dans son QG de campagne, aurait déclaré, en parlant des Juifs et des Slaves : « Lorsque nous aurons enfin éradiqué ce fléau, nous aurons accompli pour l’humanité un acte dont la signification échappe complètement à nos hommes sur le champ de bataille » (Adolf Hitler, Monologe im Führerhauptquartier : 1941-1944. ed. Werner Jochmann – Hambourg 1980. Cité par Gerald Fleming. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984). Quelques jours plus tard, en présence de Himmler et de Reinhard Heydrich, le Führer précise sa pensée : « Le fait que nous soyons précédés d’une aura de terreur est favorable à nos plans d’extermination de la Juiverie » (Ibid).

Les commandos de la mort sont composés à 34% d’hommes de la Waffen-SS, du SD, mais aussi de la Kripo, de l’Ordnungspolizei, de la Sicherheitspolizei, et divers autres organismes policiers auxiliaires. Les Einsatzgruppen concentrent leurs actions sur les régions où vivent environ 90% des juifs russes ; ratissant l’Ukraine, la Biélorussie, la Lettonie, et la Lituanie sans aucune retenue ni compassion, recourant aux stratagèmes les plus abjects pour regrouper les victimes. Sommées ou contraintes, le plus souvent avec l’appui de milices locales (ultra-nationalistes, anti-communistes, antisémites, mercenaires), de se réunir dans des lieux prédéfinis, les victimes, hommes, femmes et enfants – dont l’immense majorité sont des Juifs – sont ensuite conduites vers un ravin, une carrière, un bois, ou un marécage, et forcées à se dévêtir et remettre leurs biens avant d’êtres assassinées à la mitraillette, au pistolet, par pendaison, noyade, ou par camions à gaz.

Hitler est parfaitement au courant des opérations menées à l’Est. Le 1er août 1941, une directive codée est transmise par Heinrich Müller, Chef de la Gestapo, aux commandants des quatre Einsatzgruppen précisant que « le Führer doit être continuellement informé du travail des Einsatzgruppen à l’Est », et que « par conséquent, une documentation visuelle d’intérêt spécifique, comme des photos » est nécessaire (RSHA IV A Ib, B. N° 576B/41g, FT (codé), signé « Müller, SS Brif » Fa 213/3, Institut für Zeitgeschichte. Cité par Gerald Fleming. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984).

Aux environs du 10 novembre 1941, et toujours selon le « souhait du Führer » Himmler confie au HSSPF Ostland, l’Obergruppenführer Friedrich Jeckeln, l’un des pires tueurs responsable de nombreux massacres en Ukraine, la tâche de liquider tous les juifs du ghetto de Riga afin de créer un espace pour la colonisation. Entre le 8 décembre 1941 et le printemps 1942, environ 16.000 Juifs du Reich sont exterminés par les SS Allemands et Lettons, avec l’appui de l'Ordnungspolizei. Même pendant les tueries, les notions d’ordre et d’honneur, un mirage qu’Himmler se plait à entretenir, « doivent êtres maintenues coûte que coûte ». Nombre d’officiers des Einsatzkommandos conduisent les exécutions selon le code strict des pelotons d’exécution. Ces pratiques « admises » se détériorent rapidement dés le moment où l’assassinat en masse des Juifs s’accélère ; lorsque les tueurs deviennent débordés et psychologiquement affectés par l’ampleur du travail. Cette situation est particulièrement nette dans les opérations menées en Galicie et en Russie, où le SD organise des exécutions indépendantes.

Début 1942, le bilan des quatre Einsatzgruppen réunis s’élève à environ 461.519 Juifs assassinés. Ce chiffre ne tient pas compte des résultats obtenus par le « Sonderkommando Dirlewanger », ni ceux de la Brigade de Bronislaw Kaminski, ingénieur Russe et collaborateur nazi de la première heure, composée de 6.000 déserteurs Russes, également incorporés dans la Waffen-SS. Oskar Dirlewanger, vétéran décoré de la 1e Guerre Mondiale, condamné pour attouchements sur mineure, est proposé à Himmler par Gottlob Berger qui, conscient du « caractère sauvage de Dirlewanger, apprécie néanmoins ses qualités guerrières » (Bayle, Dr. François. Psychologie et Ethique du National-Socialisme ; étude anthropologique des dirigeants SS – (Thèse) Presse Universitaire de France. 1953). Un bataillon Waffen-SS anti-partisans Russes est donc formé, et Dirlewanger en obtient en le commandement De 1940 à 1942, le Sonderkommando, composé de braconniers et de repris de justice, sévit en Slovaquie, en Pologne, où il est assigné à la lutte anti-partisans dans le Generalgouvernment. En février, 1942, il est envoyé en Biélorussie, et sert sous le HSSPF Erich von dem Bach-Zelewski, se distinguant même des Einsatzgruppen par la nature particulièrement odieuse de ses crimes et la sauvagerie des sévices infligés aux populations civiles. Viols, infanticides, meurtres, tortures, pillages ; les unités Dirlewanger et Kaminski ratissent la Russie centrale, se couvrant d’opprobre et de sang.

Une plainte est finalement déposée contre Dirlewanger par le juge SS Konrad Morgen auprès du Gruppenführer Friedrich-Wilhelm Krüger dans l’espoir de le faire arrêter. Mais Berger s’y oppose. Pour calmer le jeu, Dirlewanger est transféré à Mogilev. Quant à Konrad Morgen, considéré « trop rigide », il est tout simplement relevé de ses fonctions…

Partie 2 – à suivre.
Eddy

Photos :
- Friedrich Jeckeln HSSPF Ostland
- Bronislaw Kaminski

Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard Jeckel10

Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard Kamins10


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Message  eddy marz 1/4/2008, 15:42

Hi; partie #2:

Les procédés sont lents et, surtout, manquent de discrétion. Les rumeurs se propagent. Les fuyards Juifs et Russes, les militaires de passage, les témoins occasionnels (ils sont légion) écrivent, racontent… Côté nazi, l’ambiance se dégrade. Les tueurs, qu’ils appartiennent à la SS ou à la police, sombrent dans l’alcoolisme et la dépression. Le Gruppenführer Otto Rasch, responsable du massacre de Babi Yar, exige d’être relevé ; le HSSPF Région Nord (Minsk), Erich Von dem Bach-Zelewski, succombe à une névrose et doit être hospitalisé ; les effectifs de l’Ordnungspolizei se réfugient dans une « maison de convalescence » mise à leur disposition à Berlin…

Himmler, qui selon l’Obergruppenführer Karl Wolff, son aide de camp, n’a jamais assisté à une exécution, va lui-même pouvoir se rendre compte de la situation qu’il a créée. Fin juillet ou début août 1941, lors d’une visite d’inspection à Minsk pour y rencontrer Arthur Nebe, Directeur de la Kripo et Commandant de l’Einsatzgruppe B, Himmler, flanqué de Karl Wolff, décide de se rendre sur place afin de jauger la situation, probablement à cause de plaintes croissantes d’une Wehrmacht qui tient à tout prix à être dissociée du cauchemar.

L’exécution « modèle », organisée par Nebe pour rassurer le Reichsführer, tourne au désastre. Dans un champ, deux fosses ont été creusées. Les victimes Juives, de jeunes hommes pour la plupart, sont amenées par camions et escortées dans les bois environnants par la Sicherheitspolizei, où ils se dévêtent, et remettent leurs biens au « comptable » du commando avant d’êtres menés nus sur le lieu d’exécution. Himmler et son groupe se tiennent à l’extrémité d’une des fosses au fond de laquelle les premières victimes sont contraintes à s’allonger sur le ventre. Le Polizeihauptmann chargé de l'action donne l’ordre d’ouvrir le feu ; plusieurs rafales crépitent. Le Reichsführer pâlit ; manque se trouver mal. Les allégations de Karl Wolff, selon lesquelles Himmler, éclaboussé de débris de cerveau, aurait vomi, sont assurément une affabulation. Si cela avait été le cas, il n’aurait certainement pas assisté à l’exécution de la deuxième fournée, ni ensuite tenu un discours à l’unité, insistant sur la nature extrêmement pénible – mais « sacrée » - de leur mission (voir Peter Padfield : Himmler ; Reichsführer SS – Papermac, 1995). Trois mois plus tard, en Novembre, Arthur Nebe abandonne son poste et rentre en Allemagne ; son chauffeur se suicide (Höhne, Heinz. L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968).

Il est possible, comme certains l’affirment, que cet incident ait achevé de persuader le Reichsführer de la nécessité de recourir à d’autres méthodes ; mais il semble plus plausible que la question avait déjà été tranché puisque Rudolf Höss avait été chargé, en mai 1941 (à la mi-juin au plus tard), de préparer Auschwitz pour l’extermination ; soit un mois ou un mois et demi avant la tuerie de Minsk. Quoi qu’il en soit, conscient de ses devoirs, Himmler ordonne au RSHA de trouver une autre méthode… Cet ordre va déboucher sur la création de 15 camions à gaz (où les gaz d’échappement sont réintroduits dans l’espace de transport) fournis aux Einsatzgruppen. Mais les résultats ne semblent guère concluants. La méthode fonctionne, certes ; mais les tueurs rechignent de plus en plus à assurer le travail ; certains refusent ouvertement de décharger les camions une fois les gazages accomplis…

En septembre ou octobre 1941, les SS créent, sur le terrain d’une raffinerie, à Trawniki, à quarante kilomètres de Lublin (Pologne Orientale), un camp de prisonniers destiné à recevoir les prisonniers militaires Russes et Polonais. Un nombre de volontaires soviétiques sont sélectionnés pour servir dans la SS, en tant que gardes et gardiens de ghettos. Plus tard, lorsque les déportations s’accélèreront, ils seront affectés aux transports puis à la surveillance des camps d’exterminations eux-mêmes. Les volontaires sont entraînés dans un camp SS situé dans les bâtiments de la raffinerie. Simultanément, des travaux sont entrepris pour transformer le vieux manoir de Chelmno, à soixante kilomètres au nord-ouest de Lodz, en centre d’extermination. Ces préparatifs sont effectués trois mois AVANT la conférence de Wannsee ; ce qui prouve que l’opération de destruction était déjà en place.

En octobre 1941, le SSPF Odilo Globocnik est chargé par Himmler de planifier et d’implémenter la très secrète Aktion Reinhard, en vue d’un quadruple programme :

- Exploitation de la force de travail juive
- Extermination des Juifs
- Saisie de leurs biens immobiliers
- Saisie des valeurs et propriétés transportables.

Mais Globocnik doit se débrouiller tout seul, aucune subvention ne lui sera accordée par Berlin. Passablement méconnu de l’Histoire, Globocnik, âgé de trente-cinq ans au moment de sa nomination, est pourtant en passe de devenir l’un des plus grands nettoyeurs ethniques que la terre ait connu. À la fin de son mandat (1943), il sera directement responsable de l’assassinat d’au moins un million et demi d’êtres humains, et très probablement plus.

Fin novembre 1941, les premiers déportés en provenance du Ghetto de Lodz, d’Allemagne et de Tchécoslovaquie, sont acheminés par trains à Chelmno et, à partir du 8 décembre, assassinés au moyen de 2 camions à gaz « prêtés » par les Einsatzgruppen (la décision de construire le camp d’extermination de Belzec date sûrement de cette époque puisque les travaux furent pratiquement terminés le 1er novembre, donc deux mois AVANT la conférence de Wannsee).

Encore néophyte en matière de génocide, Globocnik se tourne tout naturellement vers les « experts » du Programme d’Euthanasie (« T4 »), pour des idées. Bon choix ; il va y dégotter le recordman mondial du crime : le Kriminalkommissar Christian Wirth.

Christian Wirth est longtemps resté dans l’ombre car, contrairement à Franz Stangl (Treblinka) ou à Rudolf Höss (Auschwitz), il n’y eu aucun survivant à sa période de commandement de camp d’extermination. Né à Oberbalzheim, en 1885, il semble que Wirth ait eu peu de rapports avec ses parents. Sa mère était déjà enceinte de lui lorsqu’elle épousa son père, et peut-être fut-il un enfant non désiré, ou mal-aimé. Quoique physiquement imposant, Wirth souffre d’asthme chronique. À la fin de ses études, il suit une formation de charpentier, est incorporé dans l’armée Impériale en 1905 mais, en 1910, à l’âge de vingt-cinq ans, s’engage dans la Schupo, la Schutzpolizei, dont les membres fourniront plus tard la majeure partie des effectifs de l’Ordnungspolizei. Muté à Stuttgart, il est transféré à la Kriminalpolizei ou Kripo. En 1914, il se porte volontaire pour le front et, en qualité d’officier subalterne, se verra décerné la Croix d’Or (une distinction rare) assortie de deux promotions pour actes de bravoure au combat.

Il adhère au NSDAP dès 1921, alors que ce dernier est encore illégal, mais démissionne lors du Putsch raté de 1923. Il réintègre le Parti en 1931 en qualité d’« Alter Kampfer » (Vieux Combattant), toujours illégalement. En 1933, il s’engage dans la SA (Sections d’Assaut) puis, en 1939, suite à un décret d’Himmler ordonnant à tout officier de la Kripo de s’engager à la SS, Wirth prête serment, et en quelques mois accède au grade d’Obersturmführer SS (Lieutenant). En Avril 1939, son dossier est annoté « z. V. Führer » (« à la disposition du Führer »). En clair, Christian Wirth vient d’être sélectionné pour d’éventuelles tâches « spéciales » pour son Führer.

Sa carrière policière à Stuttgart s’achève là. À Berlin, Wirth est chargé de mettre en place la bureaucratie de « T4 », l’imminent programme d’euthanasie pour les incurables, décrété par Hitler. Début janvier 1940, il supervise l’installation d’une chambre à gaz et d’un four crématoire dans une prison abandonnée à Brandenburg, près de Berlin. C’est dans cette institution qu’à la mi-janvier, en présence de deux pontes de l’euthanasie attachés à la Chancellerie, Philip Bouhler et Viktor Brack, qu’il inaugure le premier essai de gazage connu, utilisant le monoxyde de carbone. La chambre à gaz homicide devient une invention spécifique de l’Allemagne nazie ; et une fois la méthode testée, Wirth s’emploie à créer un dispositif de déception des victimes afin de les y faire entrer le plus calmement possible. Franz Stangl, qui devint plus tard commandant des camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka, se souvient de sa première rencontre avec Wirth en 1939, lorsque ce dernier dirigeait le centre d’euthanasie de Hartheim : « Lorsqu’il parlait de la nécessité du programme d’euthanasie, il n’en parlait ni de façon humaine, ni en termes scientifiques… il riait. Il parlait de se débarrasser des bouches inutiles, et que tout sentimentalisme au sujet de ces gens lui donnait envie de ‘dégueuler’ ».

En Mai 1940, Wirth est promu Läuterungsinspektor (contrôleur itinérant) des instituts d’euthanasie. L’objectif est non seulement de remédier aux nombreuses erreurs commises par l’administration T4, responsable de l’ébruitement de l’opération au sein de la population civile, mais également pour mettre un terme à l’effondrement moral et au laxisme des participants. Candidat à l’Académie Sipo-SD de Berlin en juin 1940, il est remarqué pour son idée de camoufler les chambres à gaz de l’opération T4 en salles de douche, et obtient le diplôme sans difficulté. Il est promu Kriminalkommissar en octobre de la même année…

Eddy (suite & fin dans post #3 - mais pas tout de suite... )

Photos : - Christian Wirth (1943)
- Himmler - visite au camp d'entraînement de Trawniki (1941)

Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard Wirthp10

Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard Himmle10


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Message  eddy marz 2/4/2008, 12:35

Hi everybody; partie #3:

Tandis que les travaux d’assainissement et de drainage du terrain d’Auschwitz (achevés en février 1942) s’accélèrent, coûtant la vie à environ 18,000 déportés et prisonniers de guerre Russes, à 250 km de là, Odilo Globocnik s’emploie à implémenter l’Aktion Reinhard (ainsi nommée en l’honneur de Reinhard Heydrich, récemment assassiné).

À Lublin, l’administration d’Aktion Reinhard emménage dans la caserne Julius Schreck ; l’état-major s’installe dans les locaux de l’ancien collège Stefan Batory ; Globocnik emménage dans une luxueuse villa du centre ville. Contrairement aux Einsatzgruppen, les membres allemands du personnel d’Aktion Reinhard sont presque tous des civils ; l’extermination est organisée et administrée par un commandement d’officiers de police, et de cadres civils issus de l’opération T4 (au moins 90), spécialement sélectionnés pour leur « expertise » en la matière. Pourtant, l’expérience acquise lors du programme d’euthanasie, même si elle a contribué à émousser leurs conflits moraux, ne peut en aucun cas les avoir préparé à ce auquel ils ont à faire face à Belzec. Une fois sur place, les membres du personnel civil sont promus à des grades SS subalternes, et tenus d’endosser l’uniforme car l’extermination des Juifs est une opération SS. Contrairement à l’idée reçue, et malgré le secret absolu de l’opération, la majorité des personnes impliquées ne sont ni des nazis fanatiques, ni même des antisémites comme Wirth mais, le plus souvent, des opportunistes espérant éviter le service au front et profiter du pillage des victimes pour s’enrichir, ou parfois sous le coup de mesures disciplinaires.

Sous la haute protection de la Chancellerie (KdF), le personnel de Belzec, comme plus tard ceux de Sobibor et Treblinka, n’a de compte à rendre à aucune autorité militaire ou civile. Ils sont intouchables. Des mesures extraordinaires sont adoptées pour faciliter et dissimuler leurs activités, aux dépens de toutes autres considérations. Il en résulte une arrogance et un mépris total de la part du personnel envers toute autre autorité externe. Le personnel d’origine allemande assigné à l’Aktion n’est pas informé du contenu du programme, ni de leurs tâches précises, avant l’arrivée au camp. Sur place, les officiers SS les orientent, comparant alors la tâche centrale (extermination) au Programme d’Euthanasie. Ils doivent ensuite prêter serment de secret absolu.

Globocnik est, dans une certaine mesure, la « vitrine » de Christian Wirth, l’Inspekteur der SS-Sonderkommandos Aktion Reinhard, et d’Oswald Pohl, le chef du SS-WVHA (Office Central de l’Administration et de l’Économie SS). Ces derniers ont des contacts directs et privilégiés avec Himmler, dont la nature exacte – particulièrement en ce qui concerne Wirth, qui semble avoir été en étroite relation avec lui – n’a pas encore été élucidée. Le Sturmbannführer SS Hermann Höfle, aide de camp de Globocnik, est le responsable administratif de l’Aktion, et travaille directement avec Wirth. L’Oberscharführer SS Josef Oberhauser (ex « brûleur » dans les instituts T4), en passe de devenir l’adjudant personnel de Wirth, est responsable des auxiliaires Ukrainiens, Russes et Lithuaniens. Un certain Willi Hausler est responsable de la comptabilité, des salaires et des permissions des tueurs. Une organisation somme toute très petite en comparaison des résultats obtenus.

Aucune expérience préalable n’était disponible pour déterminer une technique d’extermination optimale, ou estimer la capacité d’annihilation d’un camp de la mort ; de telles informations ne pouvaient s’acquérir que par la pratique. Le camp de Belzec fut donc conçu comme « laboratoire ». D’autres camps seraient ensuite construits selon les résultats obtenus. Belzec n’était rattaché à aucune autre installation allemande dans la région. Le camp fut érigé spécifiquement pour Aktion Reinhard, et spécifiquement pour l’assassinat de la population Juive. Une région marécageuse et fortement boisée près de Belzec, un petit village, le long de la ligne ferroviaire Lublin-Lwow fut choisi. Une colline en pente douce s’élevait le long d’un embranchement, à quelque 400 mètres de la gare de Belzec, et à 50 mètres de la voie ferrée principale. L’Oberscharführer SS Josef Oberhauser, fut chargé de construire le camp.

La construction du camp d’extermination de Belzec fut la première étape décisive vers une réalisation concrète de la Solution Finale. Bien que le premier camp à posséder des chambres à gaz fixes, il n’était pas le seul. En octobre 1941, des plans furent établis afin d’en munir les centres d’extermination de Riga, Chelmno, et Sobibor. La construction de Belzec débuta le 1er novembre 1941, avant l’arrivée des cadres policiers et des spécialistes de l’euthanasie. Bien que chargés de la construction des bâtiments du camp, les SS employèrent la population locale pour les tâches manuelles et le gros œuvre. Le maire de Belzec, Ludwig Obalek, fut contraint de fournir la main d’œuvre locale aux SS. Le 22 décembre 1941, promu Hauptsturmführer SS (Capitaine), Christian Wirth arrive à Belzec, réquisitionne nombre de propriétés le long de l’artère principale du village pour y loger son personnel, et assume le commandement du camp expérimental. Secondé par Josef Oberhauser et Gottfried Schwarz, il développe aussitôt l’ensemble du système d’extermination. De février à début mars 1942, Wirth et le Dr. Helmut Kallmeyer de l’opération T4 se livrent à plusieurs expériences sur la toxicité des gaz d’échappement d’un moteur de sous-marin soviétique, ou de tracteur, les témoignages divergent. D’autres expériences sont menées indépendamment par Wirth et Lorenz Hackenholdt. Lorsque la Chancellerie décide, en juillet 1942, d’accélérer et de « standardiser » la Solution Finale, un nouveau poste est créé afin de superviser l’ensemble des opérations. Rapidement identifié comme seul capable d’en assumer la tâche, Wirth est dépêché, accompagné de son second, Josef Oberhauser, auprès du quartier général de Globocnik à Lublin, en qualité d’Inspekteur der SS-Sonderkommandos Aktion Reinhard. Christian Wirth fut la force motrice derrière l’euthanasie et les assassinats en masse dans les camps de l’Aktion Reinhard.

Après plusieurs tentatives adaptées de son expérience en euthanasie, Wirth opte pour un système d’extermination constitué de chambres à gaz fixes, connectées à un moteur de char ou de sous-marin. L’essence étant facilement disponible, le système ne dépendrait d’aucun facteur extérieur, et ne provoquerait donc aucun soupçon. Le camp était relativement petit, et de forme presque carrée ; trois côtés mesurant 275 mètres, et le quatrième 265 mètres. Il était entouré d’une haute clôture en grillage métallique, surmonté de barbelés, et entrelacé de branches et de feuillage afin de créer un écran impénétrable de l’extérieur. De jeunes arbres sont également plantés comme mesure de camouflage supplémentaire. Vu du quai, le camp doit sembler « paisible » ; les déportés persuadés d’arriver dans un camp de transit.

... à suivre
Eddy

Photos :

- Les tueurs de Belzec posant devant la maison de Christian Wirth (source USHMM)
- Josef Oberhauser (adjoint de Wirth); lors de son procès (1965)
Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard Belzec10

Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard Oberha10


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Message  eddy marz 2/4/2008, 12:54

Suite & Fin (finalement !)

Belzec est divisé en deux parties distinctes : le Camp 1 contient la section de réception et d’administration. Au pied de la colline, il comprenait une double rampe d’arrivée, un baraquement de déshabillage, et deux baraquements de stockage et de tri. Le Camp 2 – au sommet de la colline, et donc à l’abri des regards, était le secteur d’extermination. Un étroit boyau à ciel ouvert, large de 2 mètres, long de 70 mètres (ou de 150 mètres ; les témoignages diffèrent), et fermé des deux côtés par des planches et du barbelé entrelacé de feuillage, traversait un sous-bois, reliant le baraquement de déshabillage du Camp 1 à la clairière d’extermination du Camp 2. Chaque extrémité du boyau était défendue par un portail sévèrement gardé. Les chambres à gaz en béton s’élevaient au centre d’une clairière sablonneuse, isolée du reste par une haute clôture barbelée entrelacée de feuillage perpétuellement renouvelé ; les fosses se trouvaient un peu plus haut, dans la section nord-est du camp. Les chambres à gaz étaient entourées d’arbres, et un filet de camouflage était tendu par-dessus, afin de parer à toute observation aérienne. L’Unterscharführer SS Karl Schluch, qui servit à Belzec de mars 1942 jusqu’à la fin des opérations, nous offre même des détails sur leur aspect : « Elles avaient une apparence claire et amicale [sic]. Je ne me souviens plus si elles étaient de couleur jaune ou grise. Peut-être les murs étaient-ils peints avec des couleurs à l’huile. De toute façon, les sols et une partie des murs étaient conçus de façon à faciliter le nettoyage » (voir Arad).

En Avril 1942, Franz Stangl, ancien policier et vétéran de l’euthanasie lui aussi, vient d’être nommé commandant du camp d’extermination de Sobibor (il commandera Treblinka à partir de septembre 1942). Odilo Globocnik l’envoie à Belzec afin de s’inspirer des méthodes de Wirth. Trente-neuf ans plus tard, en détention à Düsseldorf au terme de son procès, il décrira cette visite à la journaliste Gitta Sereny venue l’interviewer, : « Wirth n’était pas dans son bureau. Je me rappelle qu’on me conduisit à lui. […] Il était debout sur une colline au voisinage des fosses […] Les fosses […] Pleines. […] Elles étaient pleines. Je ne peux pas vous dire combien : des centaines, des milliers, des milliers de cadavres. […] C’est là que Wirth me parla. […] Il dit que c’était la même chose qu’on créait à Sobibor ». Les camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka sont érigés (respectivement mars 1942 et mai 1942), le long de la frontière russe, selon le modèle et l’expérience acquise à Belzec.

Entre temps, les 17 et 18 juillet 1942, Himmler visite Auschwitz pour la seconde fois, inspecte les laboratoires, l’usine de Buna, les fermes et les travaux de terrassement, et assiste (à Birkenau) à un gazage. En effet, Rudolf Höss, qui tient son collègue Christian Wirth pour un « bricoleur », a tout de suite compris les avantages présentés par le Zyklon B, et n’utilisera plus désormais que cette méthode pour les assassinats. Totalement indépendante d’Aktion Reinhard, l’extermination des Juifs à Auschwitz débute en janvier 1942 de façon irrégulière puis de façon routinière à partir de mars.

En Décembre 1942, Wirth assume le contrôle des camps de travail forcé du D. A. W. (Deutsche Ausrüstungswerke – Atelier d’Équipement Allemand), sur le terrain d’aviation abandonné de Lublin. À partir de l’été 1942, les trois hangars serviront de dépôt et de centre de tri pour les vastes quantités de vêtements et de valeurs dérobés aux victimes d’Aktion Reinhard. Mais le système de gazage introduit par Christian Wirth n’était pas entièrement satisfaisant. Les pannes répétées du moteur créaient un désordre considérable, retardaient les opérations d’extermination, et provoquaient, en période de pointe, une accumulation des transports.

Afin de remédier à ces problèmes, Odilo Globocnik, en accord avec les hautes instances SS, décida d’étudier la possibilité d’un système de gazage alternatif. Le 17 août 1942, Kurt Gerstein, Chef de la Section Sanitaire de l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS, et l’Obersturmbannführer SS Professeur Wilhelm Pfannenstiel, un conseiller en hygiène, se rendirent à Lublin puis, le lendemain 18 août, à Belzec. La tache assignée à Kurt Gerstein était de déterminer la faisabilité d’améliorer le système de gazage, en remplaçant le monoxyde de carbone par du Zyklon B et, subsidiairement, d’étudier une méthode de désinfection pour les immenses quantités de vêtements laissés par les Juifs.

Mais la mission de Gerstein, et le fait qu’il fut témoin d’une panne de moteur, pendant laquelle les victimes restèrent enfermées pendant près de trois heures, n’amena aucun changement dans le système de Belzec. Le monoxyde de carbone, instauré par Wirth, demeura l’agent d’extermination des trois camps de l’Aktion Reinhard (Belzec, Sobibor, Treblinka) et ce jusqu’à leur démantèlement, en novembre 1943.

En juin 1950, le Professeur Pfannenstiel témoigna devant la Cour de Darmstadt, puis en 1959, devant la Cour de Marburg-Lahn. Ses deux témoignages confirment l’essentiel du rapport Gerstein. Après sa reddition aux forces Françaises, entre mai et juillet 1945, Kurt Gerstein rédigea un rapport circonstancié de sa mission. Le rapport fut un des premiers, et certainement l’un des plus importants, concernant Aktion Reinhard. Il contient des faits vérifié personnellement par Gerstein, et d’autres qui lui furent racontés par Odilo Globocnik et Christian Wirth. Le rapport de ce que Gerstein vit de ses propres yeux est parfaitement fiable ; les « faits » racontés par Globocnik et Wirth furent volontairement exagérés par eux, par pure vantardise. Leur véracité à part, ils procurent néanmoins un important aperçu quant à leur mentalité et approche idéologique concernant l’extermination des Juifs.

Les transports de déportés vers Belzec furent interrompus en décembre 1942. À cette date, plus de 450.000 personnes y avaient été assassinées. Les baraquements et les chambres à gaz furent démantelés, et le sol labouré. En mars 1943, une équipe de reforestation SS intervint sur l’ensemble de la surface du camp, effaçant ainsi toute trace des crimes…

L’Aktion Reinhard, la plus grande opération individuelle de la Solution Finale, aura duré 21 mois (de mars 42 à Novembre 43). Le chiffre de Juifs assassinés est estimé à 1,7 million (pour les 3 camps), et 178 millions de Reichsmarks saisis au bénéfice de l’Allemagne.

- Seuls 90 allemands (environ) y participèrent.
- 270 auxiliaires Ukrainiens assurèrent la garde et le fonctionnement des 3 camps

Photos:
- Christian Wirth (au centre) - source USHMM
- Kurt Franz (1er plan) traversant la section d'accueil de Belzec, à quelques mètres des rampes d'accès (source Ghetto Fighter's House)
Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard Wirthb10

Des Einsatzgruppen à Aktion Reinhard Belzec11

Sources :
- Arad, Yitzhak. Belzec, Sobibor, Treblinka ; The Operation Reinhard Death Camps – Indiana University Press, 1987.
- Arendt, Hannah. Eichmann in Jerusalem ; a report on the banality of evil – Viking Compass, New York, 1965.
- Browning, Christopher R. The Path to Genocide: Essays on Launching the Final Solution. Cambridge University Press ; Cambridge, 1992
- Fleming, Gerald. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984.
- O’Neil, Robin. Belzec : Prototype for the Final Solution ; Hitler's answer to the Jewish Question – E-book : www.jewishgen.org/belzec1/belzec.html
- Wellers, Georges. Les Juifs : des Einsatzgruppen aux chambres à gaz. Article paru dans : « La politique nazie d’extermination » ; ouvrage collectif présenté par F. Bédarida – Albin Michel, Paris, 1989

Ouf...
Salutations à tous
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Message  marylille 2/4/2008, 16:39

Merci infiiniment !
j'ai lu et même relu !
J'ose dire que ça rend malade de lire tout cela... comment cela a-t-il pu exister !
Mais il est bon que ça ne soit pas oublié
Merci

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Message  Invité 2/4/2008, 17:24

marylille a écrit:Merci infiiniment !
j'ai lu et même relu !
J'ose dire que ça rend malade de lire tout cela... comment cela a-t-il pu exister !
Mais il est bon que ça ne soit pas oublié
Merci

Il ne faut JAMAIS oublier ! Hélas, depuis, d'autres massacres et génocides ont eut lieu : le Cambodge des Khmers rouge, le Rwanda, l'ex-Yougoslavie,....
L'Histoire nous ressert les même plats ! Elle se contente juste de changer la sauce...... maleureu gri

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Message  Baugnez44 2/4/2008, 17:52

Excellente contribution et travail fouillé.

Un des éléments qui me frappe le plus, c'est qu'il a fallu en définitive très peu d'homme pour encadrer cela (je ne parle évidemment pas de la logistique). Pas plus de nonante hommes côté allemand et moins de trois cents auxiliaires. Il est vrai que certains prisonniers furent forcés de collaborer.

Ceci explique sans doute également pourquoi il existe si peu de traces écrites de ces crimes. Un si petit nombre d'hommes permettait sans doute de donner beaucoup d'importance à la communication informelle et donc de préserver le secret ou de faire disparaître les documents écrits à la fin de la guerre.

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Message  Baugnez44 29/12/2008, 09:43

Je reviens sur cet excellent document posté en son temps par Eddy.

Dans mon message précédent, j'avais relevé le fait que très peu d'Allemands avait en définitive participé directement à l'opération Reinhard.

Je viens de lire le livre de Gitta Sereny sur Franz Stangl (commandant de Sobibor puis de Treblinka). Il en ressort que la plupart des Allemands impliqués dans l'opération Reinhard avaient déjà été impliqués dans l'Aktion T4. Bref, cette dernière semble avoir en quelque sorte servi de "répétition" ou "d'entraînement" en vue de l'opération Reinhard.

Qu'en penses-tu Eddy?

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Message  eddy marz 29/12/2008, 10:06

Hi Baugnez;
C'est exactement ce que j'essayais de démontrer. L'élément central de cette constatation est le fait que ce fut Christian Wirth, Directeur du centre d'Euthanasie de Brandenburg et "inventeur" du système de camouflage des chambres à gaz en salle de douche, à être chargé par le KdF - sous la vitrine hiérarchique d'Odilo Globocnik - d'implémenter la routine et la technique des premiers camps d'extermination d'Aktion Reinhard. Son expérience, acquise lors de l'opération T4, fut déterminante pour établir un système de fonctionnement homogène expérimenté à Belzec puis reproduit à l'identique dans les deux autres camps (Sobibor, Treblinka). Il allait donc de soi qu'il amène avec lui une équipe de "professionnels", de personnes habituées à tuer dans des conditions "cliniques", sachant quels types d'installations construire, sachant dissimuler les objectifs, et même comment s'adresser aux victimes pour ne pas trop les affoler selon une routine de mensonges rassurants pré-établie. C'est cette façon de procéder qui donnera à toute la Solution Finale (exceptée les opérations Einsatzgruppen) son cachet "industriel" et fonctionnel. À noter que Josef Oberhauser était déjà adjudant de Wirth lors de T4. On peut estimer qu'au moins 70% du personnel allemand des camps AR est issu de T4 (voir aussi : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/crimes-de-guerre-et-contre-l-humanite-f18/euthanasie-route-vers-le-genocide-t5874.htm )

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Message  Val number 1 30/12/2008, 21:25

Travail fournis, detaillé, precis et en quantité.Merci Eddy.

Je co-signe ce qu'a dit Baugnez a savoir qu'il a fallut un nombre reduit de gens pour faire autant de victimes et que selon les "aktions" (reinhard ou t4) on retrouve les memes personnages.
Pour moi le premice de toute cette horreur, ce qui a entre guillemets formé les premiers tortionnaires allemands c'est le KZ de Dachau.Premier camp de concentration(et non les camps de police ou de SA) considéré par l'historien du site comme "l'ecole de la violence" pour les nazis.

Encore merci Eddy.

Val.

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Message  Ming 27/1/2009, 14:28

Eddy, tu parlais de Viktor Brack et je viens de le croiser dans un ouvrage dont le sujet n'a rien à voir, à la base, avec le sujet de ce topic (il s'agit du livre de Eberhard Reuss, Hitler's motor racing battles). Voici ce que j'ai relevé dans un chapitre consacré à course qui se voulait la réplique allemande du mille miglia italien, ou Brack, faisant partie du NSKK, obtint une voiture pour y participer :

Le ss-hauptstumrführer Viktor Brack, sportif accompli, était un ami et chauffeur occasionnel d'Heinrich Himmler. Il fut rapidement promu au rang de "chef d'équipe du bureau d'Hitler" et prit en 1940 la tête des établissements ou les eutanasies de personnes handicapées mentalement ou physiquement furent pratiquées. C'est également sous ses auspices que le Zykon B fut employé pour la première fois pour l'extermination en masse de déportés. Brack avait recueilli l'expérience du déploiement de camions d'extermination qui furent ensuite employés dans les bâtiments des camps d'extermination à l'est.

A la suite du procès des docteurs nazis à Nuremberg après la guerre, Brack fut condamné à mort par un tribunal militaire américain et pendu le 2 juin 1948 à la prison de Landsberg, là-même ou 24 ans auparavant le passionné de voitures que fut Hitler avait demandé conseil à Jakob Werlin pour l'achat d'une nouvelle
[voiture] Benz.

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Message  eddy marz 27/1/2009, 14:55

Ming a écrit:Il fut rapidement promu au rang de "chef d'équipe du bureau d'Hitler" et prit en 1940 la tête des établissements ou les eutanasies de personnes handicapées mentalement ou physiquement furent pratiquées. C'est également sous ses auspices que le Zykon B fut employé pour la première fois pour l'extermination en masse de déportés. Brack avait recueilli l'expérience du déploiement de camions d'extermination qui furent ensuite employés dans les bâtiments des camps d'extermination à l'est.

A la suite du procès des docteurs nazis à Nuremberg après la guerre, Brack fut condamné à mort par un tribunal militaire américain et pendu le 2 juin 1948 à la prison de Landsberg, là-même ou 24 ans auparavant le passionné de voitures que fut Hitler avait demandé conseil à Jakob Werlin pour l'achat d'une nouvelle </i>[voiture] Benz.

C'est une intox, Ming. Viktor Brack n'a rien à voir avec le zyklon B. Son seul rapport avec Auschwitz (seul camp où le zyklon fut utilisé) est à l'occasion d'une demande d'Himmler de procurer des médecins pour les expériences de castration aux rayons X. Par contre, Brack était très mouillé dans la campagne d'Euthanasie, il assista au 1er gazage à Brandenbourg, en compagnie de Bouhler et de Wirth. Plus tard, il participe (à la demande du KdF) à la mise au point des premiers camions à gaz pour les Einsatzgruppen et, par la suite et sous l'autorité de Bouhler, donnera son feu-vert pour envoyer des "experts" T4 à Belzec, Sobibor et Treblinka...

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Message  Ming 27/1/2009, 15:15

Excuse-moi mais je "confusionne" : tu précises que seul le zyklon fut employé à Auschwitz, je suppose que tu parles uniquement de la période concernée ou cela m'amène à te demander quel(s) gaz furent alors employés dans les autres camps d'extermination ?

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Message  eddy marz 27/1/2009, 16:45

Salut Ming;

Je précise...

- En règle générale on peut affirmer que le Zyklon B, un produit industriel courant pour la lutte anti-rongeur et vermine ne fut, effectivement, utilisé qu'à Auschwitz (Birkenau). C'est là, en tous cas, qu'il fut utilisé dans les proportions que l'on sait (1.100.000 victimes environ).

Toutefois, et si l'on veut voir les choses avec précision, on peut ajouter:

- Certaines sources (pas très documentées) indiquent bien une utilisation ponctuelle de zyklon à Maïdanek, mais certainement pas dans les mêmes proportions qu' à Auschwitz. Il semble que ce camp ait procédé à des gazages surtout par CO2 en bonbonnes. Christian Wirth en fit d'ailleurs transporter de Maïdanek à Belzec pour faire des essais.

- Selon l'aveu du Hauptscharführer SS Martin Roth (Kommandoführer du crématorium), "seules" 1.692 personnes furent gazées au Zyklon à Mauthausen. Tous les autres gazages de ce camp furent effectués avec des camions à gaz (CO2).

- Quelques gazages ponctuels furent effectués au Zyklon B au Stutthof, mais interrompus.

- Selon le Hauptsturmführer SS Johann Schwarzhuber, il semblerait qu'environ 2.000 femmes furent gazées au Zyklon B à Ravensbrück, mais il n'y a que deux témoins (déportées), et qui ne virent que le bâtiment.

- Les gazages dans certains centres T4 furent effectués également à partir de CO2 en bonbonnes (les autres meurtres furent commis par injections létales, famine etc...)

- Les Einsatzgruppen utilisèrent des Camions à gaz (donc du CO2).

- Tous les gazages de Chelmno furent réalisés par camion à gaz (CO2), et ceux de l'Aktion Reinhard (1.500.000 victimes) furent effectués au CO2 (en chambres à gaz fixes, par échappement de moteurs de sous-marin, ou de tank, ou de tracteur, déréglés afin d'atteindre une toxicité maximale). Nous pouvons donc conclure que la vaste majorité de personnes gazées (T4, Einsatzgruppen, Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka) le furent au CO2.

Voilà...

Eddy


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Message  Colleville 31/3/2009, 22:06

Bonsoir, je me réserve la lecture de ce mémoire pour demain mais je profite d'avoir un peu de temps pour redonner un lien dejà posté par Phil642 dans une autre section du forum et je trouve qu'il a aussi sa place ici pour illustrer le sujet :

Photos Einsatzgruppen : http://www.holocaustresearchproject.org/einsatz/index.html
Photos Aktion Reinhard : http://www.holocaustresearchproject.org/ar/index.html

J'imagine qu'il n'est pas nouveau pour Eddy beret
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Message  eddy marz 1/4/2009, 08:01

Salut Colleville;

J'imagine qu'il n'est pas nouveau pour Eddy

Effectivement. J'ai également été assez souvent en contact direct avec Robin O'Neil (souvent cité) ainsi que Michael Tregenza (l'expert mondial sur Christian Wirth), ainsi que leur équipe qui procède (encore en ce moment) à des recherches en Pologne et en Allemagne. Il convient toutefois de noter qu'eux aussi font parfois utilisation de sources douteuses, mais restent très ouverts à des rectifications si ces dernières sont irréfutablement documentées. Il existe en fait en ce moment une polémique sur les chiffres; le nombre de victimes de l'Aktion Reinhard, les méthodes de calculs des divers historiens ou chercheurs, les résultats (tous différents). Certaines photos qui apparaissent sur le site sont également erronées, ou ne représentent pas ce qu'elles prétendent être. Cela dit, H.E.A.R.T est un site honorable et digne de confiance.

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Message  dede 30/12/2010, 12:55

Je viens d'acheter le livre qui vient de sortir "Einsatzgruppen" de Michael Prazan" edition du seuil .
Livre admirable avec des interviews de rescapé et de certains boureaux (547 pages)
Voir aussi le film de Michael qui porte le meme titre que son livre.
On peut le voir ici: il y a 12 films de 10minutes de ce dvd .
https://www.youtube.com/watch?v=p9JC1VxCk9M

dede
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Message  Colleville 30/12/2010, 21:31

dede a écrit:Je viens d'acheter le livre qui vient de sortir "Einsatzgruppen" de Michael Prazan" edition du seuil .
Livre admirable avec des interviews de rescapé et de certains boureaux (547 pages)
Voir aussi le film de Michael qui porte le meme titre que son livre.
On peut le voir ici: il y a 12 films de 10minutes de ce dvd .
https://www.youtube.com/watch?v=p9JC1VxCk9M

Sujet du forum pour ce documentaire de Prazan ici : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t8275-einsatzgruppen-les-commandos-de-la-mort-doc-2009

Et merci pour l'info pouce
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Message  ZitronenMilch 25/3/2012, 22:01

Merci beaucoup pour cet article très intéressant ! J'ai appris pleins de choses que je ne savais pas oui gri
J'aurais juste quelques questions à propos de choses que je n'ai pas très bien comprises... (j'espère que je peux les poser ici, si je me trompe et qu'il y a une section spéciale pour les questions n'hésitez pas à me dire Razz )

eddy marz a écrit:
Hitler est parfaitement au courant des opérations menées à l’Est. Le 1er août 1941, une directive codée est transmise par Heinrich Müller, Chef de la Gestapo, aux commandants des quatre Einsatzgruppen précisant que « le Führer doit être continuellement informé du travail des Einsatzgruppen à l’Est », et que « par conséquent, une documentation visuelle d’intérêt spécifique, comme des photos » est nécessaire.

A propos de ce passage, je ne comprends pas pourquoi ils ont tenu à faire des photos pour expliquer à Hitler ce qu'il se passait. Il aurait pu lui faire un rapport oral comme ça ça n'aurait pas laissé de preuves... Est ce qu'il y avait une autre raison pour laquelle ils avaient besoin de photos ?

eddy marz a écrit:
L’exécution « modèle », organisée par Nebe pour rassurer le Reichsführer, tourne au désastre. Dans un champ, deux fosses ont été creusées. Les victimes Juives, de jeunes hommes pour la plupart, sont amenées par camions et escortées dans les bois environnants par la Sicherheitspolizei, où ils se dévêtent, et remettent leurs biens au « comptable » du commando avant d’êtres menés nus sur le lieu d’exécution. Himmler et son groupe se tiennent à l’extrémité d’une des fosses au fond de laquelle les premières victimes sont contraintes à s’allonger sur le ventre. Le Polizeihauptmann chargé de l'action donne l’ordre d’ouvrir le feu ; plusieurs rafales crépitent. Le Reichsführer pâlit ; manque se trouver mal.

Pour cet extrait, je voulais juste savoir de quel livre il est tiré. Parce que j'avais entendu parler de ce moment mais il y avait différents avis sur la réaction de Himmler... J'ai vu la liste des sources à la fin mais c'est juste pour ce passage là en fait parce que ça m'intéresserait de lire le livre dans lequel il est.

eddy marz a écrit:
Ces préparatifs sont effectués trois mois AVANT la conférence de Wannsee ; ce qui prouve que l’opération de destruction était déjà en place.

Ca je ne savais pas du tout ! Mais si ce n'était pas pour planifier ça, à quoi a servi la conférence de Wannsee ??

eddy marz a écrit:
l’Aktion Reinhard (ainsi nommée en l’honneur de Reinhard Heydrich, récemment assassiné). [...]
L’Aktion Reinhard, la plus grande opération individuelle de la Solution Finale, aura duré 21 mois (de mars 42 à Novembre 43).

J'ai lu que Heydrich avait été assassiné fin mai 1942 alors comment l'opération a pu être nommée en son honneur si elle a commencé en mars 1942 ? Est ce qu'elle a changé de nom après sa mort ?

Voilà, ça fait beaucoup de questions. J'espère que ça ne dérange pas Razz
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Message  Jules 25/3/2012, 22:31

ZitronenMilch a écrit:Ca je ne savais pas du tout ! Mais si ce n'était pas pour planifier ça, à quoi a servi la conférence de Wannsee ??

Énormément de gens surestiment l'importance de cette conférence. Elle ne servit qu'à coordonner les différents services responsables pour sa mise en œuvre. Tout le monde est au "jus" mais surtout : une nouvelle directive de Goering donne les pleins pouvoirs à la SS et à Heydrich en particulier. En gros : tout le monde doit "fermer sa gueule" et obéir.

Dans un autre message, eddy marz rappelle :

eddy marz a écrit:
Fin novembre 1941, les premiers déportés en provenance du Ghetto de Lodz, d’Allemagne et de Tchécoslovaquie, sont acheminés par trains à Chelmno et, à partir du 8 décembre, assassinés au moyen de 2 camions à gaz « prêtés » par les Einsatzgruppen. La décision de construire le camp d’extermination de Belzec date sûrement de cette époque puisque les travaux furent pratiquement terminés le 1er novembre, donc deux mois AVANT la conférence de Wannsee.
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Message  Phil642 25/3/2012, 23:34

Jules a écrit:Énormément de gens surestiment l'importance de cette conférence. Elle ne servit qu'à coordonner les différents services responsables pour sa mise en œuvre. Tout le monde est au "jus" mais surtout : une nouvelle directive de Goering donne les pleins pouvoirs à la SS et à Heydrich en particulier. En gros : tout le monde doit "fermer sa gueule" et obéir.

Il ne s'agit pas d'une réunion de "coordination", désolé de te contredire Jules Ami, il s'agit d'une réunions "d'implication", le plan était tiré d'avance, cette réunion a pour but d'informer les présent;s qu'ils sont désormains complices de l'assassinat de masse, sans qu'ils n'ayent à redire.

C'est une réunion d'information.
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Message  Jules 26/3/2012, 09:39

Phil642 a écrit:
Il ne s'agit pas d'une réunion de "coordination", désolé de te contredire Jules Ami, il s'agit d'une réunions "d'implication", le plan était tiré d'avance, cette réunion a pour but d'informer les présent;s qu'ils sont désormains complices de l'assassinat de masse, sans qu'ils n'ayent à redire.
C'est une réunion d'information.

Salut Phil,

Tu as tout à fait raison. Pour ma part, peut-être à tort, je vois également cette réunion comme "coordinatrice" car Heydrich "booste" les différents acteurs sur l'évacuation des juifs et invite ceux-ci à aller tous dans le même sens. Ce n'est pas une mince à faire tant certains aiment se tirer dans les pattes. La force d'Heydrich est de mobiliser tout ce "beau monde" dans un but précis. Rappelons qu'on nous avons à faire à des intervenants de toutes sortes : militaires, juristes, politiciens etc.
Sans cette réunion, mais cela reste mon opinion, le nombre de victimes aurait été bien moindre.
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Message  eddy marz 26/3/2012, 10:42

[quote="ZitronenMilch"]
eddy marz a écrit:
Hitler est parfaitement au courant des opérations menées à l’Est. Le 1er août 1941, une directive codée est transmise par Heinrich Müller, Chef de la Gestapo, aux commandants des quatre Einsatzgruppen précisant que « le Führer doit être continuellement informé du travail des Einsatzgruppen à l’Est », et que « par conséquent, une documentation visuelle d’intérêt spécifique, comme des photos » est nécessaire.
ZitronenMilch a écrit: A propos de ce passage, je ne comprends pas pourquoi ils ont tenu à faire des photos pour expliquer à Hitler ce qu'il se passait. Il aurait pu lui faire un rapport oral comme ça ça n'aurait pas laissé de preuves... Est ce qu'il y avait une autre raison pour laquelle ils avaient besoin de photos ?
Aspect peu documenté du caractère d'Hitler - son appétit pour la violence graphique, lié à son besoin d'assurance que ses ordres ont été suivis à la lettre. Himmler se charge bien entendu de fournir des rapports oraux ainsi que des statistiques, mais le chef de l'État doit également être dans le vif du sujet et savoir de quoi il en retourne - il est, après tout, le "donneur d'ordre". Autre exemple, lors de l'exécution des conjurés du complot du 20 juillet 1944, Hitler exigea que leur mise à mort - pendus à des crocs de bouchers - soit filmée. Le film fut ensuite projeté à la Chancellerie en présence de quelques intimes, dont Göbbels qui sortit avant la fin.

eddy marz a écrit:
L’exécution « modèle », organisée par Nebe pour rassurer le Reichsführer, tourne au désastre. Dans un champ, deux fosses ont été creusées. Les victimes Juives, de jeunes hommes pour la plupart, sont amenées par camions et escortées dans les bois environnants par la Sicherheitspolizei, où ils se dévêtent, et remettent leurs biens au « comptable » du commando avant d’êtres menés nus sur le lieu d’exécution. Himmler et son groupe se tiennent à l’extrémité d’une des fosses au fond de laquelle les premières victimes sont contraintes à s’allonger sur le ventre. Le Polizeihauptmann chargé de l'action donne l’ordre d’ouvrir le feu ; plusieurs rafales crépitent. Le Reichsführer pâlit ; manque se trouver mal.
ZitronenMilch a écrit: Pour cet extrait, je voulais juste savoir de quel livre il est tiré. Parce que j'avais entendu parler de ce moment mais il y avait différents avis sur la réaction de Himmler... J'ai vu la liste des sources à la fin mais c'est juste pour ce passage là en fait parce que ça m'intéresserait de lire le livre dans lequel il est.
Cette anecdote bien connue des historiens se trouve dans pratiquement toutes les biographies d'Himmler, ou dans pratiquement tous les ouvrages sérieux traitant de la Solution Finale. Tu peux consulter, par exemple :

- Hilberg, Raul. La Destruction des Juifs d'Europe - Fayard, 1988
- Höhne, Heinz. L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968
- Fleming, Gerald. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984
- Gilbert, Martin. The Holocaust – Collins, London 1986

eddy marz a écrit:
Ces préparatifs sont effectués trois mois AVANT la conférence de Wannsee ; ce qui prouve que l’opération de destruction était déjà en place.

ZitronenMilch a écrit: Ca je ne savais pas du tout ! Mais si ce n'était pas pour planifier ça, à quoi a servi la conférence de Wannsee ??

Phil et Jules ont tous les deux raison. La Solution Finale était déjà en mouvement depuis au moins 3 ou 4 mois avant la Conférence. Cette dernière fut organisée pour coordonner toutes les agences gouvernementales et auxiliaires chargées d'y participer, pour les mettre devant le fait accompli, et pour formaliser concrètement l'organisation et les objectifs à atteindre - matériellement et financièrement.

eddy marz a écrit:
l’Aktion Reinhard (ainsi nommée en l’honneur de Reinhard Heydrich, récemment assassiné). [...]
L’Aktion Reinhard, la plus grande opération individuelle de la Solution Finale, aura duré 21 mois (de mars 42 à Novembre 43).

ZitronenMilch a écrit: J'ai lu que Heydrich avait été assassiné fin mai 1942 alors comment l'opération a pu être nommée en son honneur si elle a commencé en mars 1942 ? Est ce qu'elle a changé de nom après sa mort ?
L'Aktion Reinhard n'avait, initialement pas de nom. Elle n'avait que l'adresse de l'antenne KdF/SS à Lublin chargée de son implémentation : Rue Chopin. Elle deviendra "Aktion Reinhard" environ un mois et demi après la mort d'heydrich.

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Message  Jules 26/3/2012, 12:43

Merci pour ces précisions Eddy. pouce
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Message  ZitronenMilch 27/3/2012, 22:27

Merci beaucoup d'avoir répondu à toutes mes questions ! beret
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