Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
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Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Je vous propose quelques notes sur le soit disant « occultisme » (voire Satanisme) Nazi. Je sais, c’est un peu long, mais je pense que c’est intéressant, bon à savoir, et finalement beaucoup plus fou (et plus grave aussi) que toutes les imageries mondaines de « messes païennes » et de « cénacles mystiques » proposées par certains courants et auteurs… Je ne prétends pas faire le tour de la question ; je me borne à une petite (minuscule) introduction de faits ou de personnages marquants, qui peut faciliter la compréhension de ce phénomène particulier (et fort complexe)…
Les légendes « crépusculaires » entourant le nazisme, ainsi que l’idée selon laquelle ses dirigeants furent inspirés et dirigés, de 1920 à 1945, par des « agents occultistes », ne sont pas nées des mouvements
« aryosophistes » (bien réels) qui sévirent durant ces années (et bien avant) mais d’une fascination pour le nazisme, née après la guerre.
Les liturgies de l’Allemagne nazie (serment nocturne des SS devant la Feldherrenhalle, « cathédrales de lumière » à Nuremberg, célébrations Héraldiques etc .), les « Ordenburgen » (Châteaux de l’Ordre), et plus particulièrement la forteresse de Wewelsburg, « Centre du Monde et dernier rempart contre les envahisseurs de l’Est » (selon les dires d’Himmler lui-même), décrits de façon peu documentée et parfaitement fantaisiste tant dans le fond que la forme n’ont fait qu’attiser les légendes d’un satanisme « romantique » tel qu’on le concevait au Moyen-Âge. L’attrait de ce type de littérature à sensation réside dans l’intrusion mystérieuse d’un univers disparu – considéré monstrueux et « interdit » – dans le monde moderne des institutions « libérales ». Cette fascination ne se borne pas non plus au domaine littéraire : insignes et « souvenirs » du 3e Reich sont fréquemment collectionnés, et nombre de groupuscules d’extrême droite et de sectes douteuses n’hésitent pas à endosser l’uniforme et le cérémonial SS.
Depuis les années 60, beaucoup de livres « populaires » ont représenté le nazisme comme le produit d’une influence secrète, implicitement lié à un pouvoir surnaturel. Selon ces élucubrations, le mouvement n’était pas le produit de facteurs socio-économiques et de la haine homicide pathologique d’Adolf Hitler, car aucune thèse sociologique ne pouvait rendre compte des épouvantables exactions commises par le régime, ni de ses succès durables. En réalité, les fondements de la pensée nazie prennent racine dans des thèmes racistes, réactionnaires, et Millénaristes, et non dans la magie. Les « Mythes du Sang » et la « beauté de la Mort », chers à Wagner et à une certaine « élite » nazie, sont issus du Romantisme allemand et d’une conception archaïque et « sentimentale » de l’honneur militaire, non de la nécromancie.
L’avènement de l’occultisme dans l’Allemagne « moderne » est attribuable à la popularité du « Théosophisme », un mouvement ressemblant à une secte formé autour des écrits de l’aventurière et occultiste russe Héléna Petrovna Blavatsky (1831-1891). Son premier livre, « Isis Dévoilée » (1877) était un pamphlet contre la civilisation rationaliste et matérialiste de l’Occident moderne. Son livre est en fait un pot-pourri de concepts pompés dans les religions anciennes, la démonologie, la Franc-Maçonnerie, et le spiritisme. En 1888, elle publie « La Doctrine Secrète », livre sensé décrire l’activité de Dieu. Mme Blavatsky y aborde également la relation de l’homme avec le cosmos. Elle attribuait à l’humanité une origine beaucoup plus ancienne que celle admise par la science, mais l’intégrait dans le processus de l’évolution cosmique, physique, et spirituelle. Les « races-mères » se succèdent au gré des cycles cosmiques, se hissant hors de la matière, se purifiant à chaque étape, jusqu’à atteindre la 5e race… La race Aryenne.
Né en 1848, Guido Karl Anton List (plus connu sous le nom de Guido von List) était un poète, dramaturge, journaliste, et occultiste Viennois hautement respecté, et considéré comme l’un des plus importants auteurs « Völkisch », prônant le « revivalisme Germanique » et le « Mysticisme Germanique ». List pensait avoir découvert sur toute la surface de l’Autriche des traces d’un culte Armano-Wotaniste et, malgré le passage du temps et de la christianisation, d’une vaste civilisation oubliée. List essayait de convaincre que l’Empire des Habsbourg pouvait revendiquer un passé germanique païen. Il affirmait également que les antiques Germains pratiquaient une religion gnostique qui mettait l’accent sur l’initiation aux mystères de la nature. Cette religion, une fois ressuscitée, servirait de « ciment moral » et de référence pour la création d’un nouvel Empire pangermanique…
Jörg Lanz von Liebenfels, né le 19 juillet 1874, est un disciple de Guido von List. Il devient moine dans l’Ordre Cistercien en 1893, adopte le nom de « Georg », et rejoint le monastère de Heiligenkreuz. Un an plus tard, découvrant la tombe d’un Templier, il est « illuminé », et commence à développer ses théories de « l’Aryanisme Bleu-Blond » et des « races inférieures ». En 1899 il renonce à ses vœux, et quitte l’Ordre Cistercien. Les autorités de l’abbaye estiment qu’il « succomba aux tentations du monde et de la chair » (von Liebenfels se justifia en affirmant que l’ordre Cistercien avait trahi sa doctrine originelle, c’est à dire « raciste »). En 1905, il publie son célèbre « Theozoologie », dans lequel il préconise la stérilisation des malades et races inférieures, ainsi que leur mise au travail forcé, et glorifie la « Race Aryenne » en la dénommant « Gottmenschen » (Hommes-Dieux). Von Liebenfels justifie son idéologie raciale en lui conférant des fondements Bibliques : ÈVE (qu’il considère quasi-divine) eut des relations avec un Démon, et enfanta les « races inférieures » ; ce qui d’après lui démontre pourquoi les femmes blondes succombent souvent au charmes des « hommes sombres » ( !). Cette situation ne peut être résolue que par un « dé-mélange racial », de façon à ce que le « Chrétien Aryen » puisse « dominer à nouveau les hommes-bêtes à peau sombre » et ainsi accéder à la « Divinité ».
La même année, il fonde le magazine « Ostara, Briefbücherei der Blonden und Mannesrechtler », duquel il fut le seul auteur, et unique éditeur à partir de 1908. Von Liebenfels se targuera après-guerre de 100.000 abonnés, mais il semble que ce chiffre soit grossièrement exagéré. Il n’y a aucun doute, en revanche, que le jeune Adolf Hitler et son « mentor », le poète et éditeur « Völkisch » Dietrich Eckart, furent des lecteurs assidus de la revue.
Interviewé après la guerre, von Liebenfels soutiendra que Hitler lui rendit visite une fois, afin de se procurer deux numéros manquants du magazine.
Malgré le contexte de libération intellectuelle de la fin du 18e et début du 19e siècle, un antisémitisme « institutionnel » (pour motifs religieux – les « assassins du Christ » etc.) s’était développé en Allemagne. Petit à petit s’y greffèrent des sentiments nationalistes, en réaction aux divers groupes ethniques sur le sol allemand, et plus précisément aux Juifs, pratiquant une culture et une langue différentes de celle des populations d’origine. En revanche, l’antisémitisme moderne théorisé par Houston Stewart Chamberlain et les délires teutoniques d’Ernst Arndt et de Friedrich Jahn, acheva de cristalliser cette xénophobie en lançant la notion d’un « Volk » mystique dans lequel les Juifs n’avaient pas leur place. L’antisémitisme moderne prenait pied dans un monde où dominaient les notions d’agnosticisme et de darwinisme. Les idées qui se substituèrent à la religion redéfinissaient également l’antisémitisme qui, jusque-là, ne s’intéressait qu’aux dimensions religieuses et culturelles, ignorant totalement l’aspect ethnique.
Dans une société déchirée entre religion, positivisme, et darwinisme, l’apport d’une notion ethnique transforma les Juifs d’un groupe culturo-religieux allochtone en porteurs d’un gène nuisible...
Mme Blavatsky
Guido Von List
Lanz Von Liebenfels
à suivre...
Les légendes « crépusculaires » entourant le nazisme, ainsi que l’idée selon laquelle ses dirigeants furent inspirés et dirigés, de 1920 à 1945, par des « agents occultistes », ne sont pas nées des mouvements
« aryosophistes » (bien réels) qui sévirent durant ces années (et bien avant) mais d’une fascination pour le nazisme, née après la guerre.
Les liturgies de l’Allemagne nazie (serment nocturne des SS devant la Feldherrenhalle, « cathédrales de lumière » à Nuremberg, célébrations Héraldiques etc .), les « Ordenburgen » (Châteaux de l’Ordre), et plus particulièrement la forteresse de Wewelsburg, « Centre du Monde et dernier rempart contre les envahisseurs de l’Est » (selon les dires d’Himmler lui-même), décrits de façon peu documentée et parfaitement fantaisiste tant dans le fond que la forme n’ont fait qu’attiser les légendes d’un satanisme « romantique » tel qu’on le concevait au Moyen-Âge. L’attrait de ce type de littérature à sensation réside dans l’intrusion mystérieuse d’un univers disparu – considéré monstrueux et « interdit » – dans le monde moderne des institutions « libérales ». Cette fascination ne se borne pas non plus au domaine littéraire : insignes et « souvenirs » du 3e Reich sont fréquemment collectionnés, et nombre de groupuscules d’extrême droite et de sectes douteuses n’hésitent pas à endosser l’uniforme et le cérémonial SS.
Depuis les années 60, beaucoup de livres « populaires » ont représenté le nazisme comme le produit d’une influence secrète, implicitement lié à un pouvoir surnaturel. Selon ces élucubrations, le mouvement n’était pas le produit de facteurs socio-économiques et de la haine homicide pathologique d’Adolf Hitler, car aucune thèse sociologique ne pouvait rendre compte des épouvantables exactions commises par le régime, ni de ses succès durables. En réalité, les fondements de la pensée nazie prennent racine dans des thèmes racistes, réactionnaires, et Millénaristes, et non dans la magie. Les « Mythes du Sang » et la « beauté de la Mort », chers à Wagner et à une certaine « élite » nazie, sont issus du Romantisme allemand et d’une conception archaïque et « sentimentale » de l’honneur militaire, non de la nécromancie.
L’avènement de l’occultisme dans l’Allemagne « moderne » est attribuable à la popularité du « Théosophisme », un mouvement ressemblant à une secte formé autour des écrits de l’aventurière et occultiste russe Héléna Petrovna Blavatsky (1831-1891). Son premier livre, « Isis Dévoilée » (1877) était un pamphlet contre la civilisation rationaliste et matérialiste de l’Occident moderne. Son livre est en fait un pot-pourri de concepts pompés dans les religions anciennes, la démonologie, la Franc-Maçonnerie, et le spiritisme. En 1888, elle publie « La Doctrine Secrète », livre sensé décrire l’activité de Dieu. Mme Blavatsky y aborde également la relation de l’homme avec le cosmos. Elle attribuait à l’humanité une origine beaucoup plus ancienne que celle admise par la science, mais l’intégrait dans le processus de l’évolution cosmique, physique, et spirituelle. Les « races-mères » se succèdent au gré des cycles cosmiques, se hissant hors de la matière, se purifiant à chaque étape, jusqu’à atteindre la 5e race… La race Aryenne.
Né en 1848, Guido Karl Anton List (plus connu sous le nom de Guido von List) était un poète, dramaturge, journaliste, et occultiste Viennois hautement respecté, et considéré comme l’un des plus importants auteurs « Völkisch », prônant le « revivalisme Germanique » et le « Mysticisme Germanique ». List pensait avoir découvert sur toute la surface de l’Autriche des traces d’un culte Armano-Wotaniste et, malgré le passage du temps et de la christianisation, d’une vaste civilisation oubliée. List essayait de convaincre que l’Empire des Habsbourg pouvait revendiquer un passé germanique païen. Il affirmait également que les antiques Germains pratiquaient une religion gnostique qui mettait l’accent sur l’initiation aux mystères de la nature. Cette religion, une fois ressuscitée, servirait de « ciment moral » et de référence pour la création d’un nouvel Empire pangermanique…
Jörg Lanz von Liebenfels, né le 19 juillet 1874, est un disciple de Guido von List. Il devient moine dans l’Ordre Cistercien en 1893, adopte le nom de « Georg », et rejoint le monastère de Heiligenkreuz. Un an plus tard, découvrant la tombe d’un Templier, il est « illuminé », et commence à développer ses théories de « l’Aryanisme Bleu-Blond » et des « races inférieures ». En 1899 il renonce à ses vœux, et quitte l’Ordre Cistercien. Les autorités de l’abbaye estiment qu’il « succomba aux tentations du monde et de la chair » (von Liebenfels se justifia en affirmant que l’ordre Cistercien avait trahi sa doctrine originelle, c’est à dire « raciste »). En 1905, il publie son célèbre « Theozoologie », dans lequel il préconise la stérilisation des malades et races inférieures, ainsi que leur mise au travail forcé, et glorifie la « Race Aryenne » en la dénommant « Gottmenschen » (Hommes-Dieux). Von Liebenfels justifie son idéologie raciale en lui conférant des fondements Bibliques : ÈVE (qu’il considère quasi-divine) eut des relations avec un Démon, et enfanta les « races inférieures » ; ce qui d’après lui démontre pourquoi les femmes blondes succombent souvent au charmes des « hommes sombres » ( !). Cette situation ne peut être résolue que par un « dé-mélange racial », de façon à ce que le « Chrétien Aryen » puisse « dominer à nouveau les hommes-bêtes à peau sombre » et ainsi accéder à la « Divinité ».
La même année, il fonde le magazine « Ostara, Briefbücherei der Blonden und Mannesrechtler », duquel il fut le seul auteur, et unique éditeur à partir de 1908. Von Liebenfels se targuera après-guerre de 100.000 abonnés, mais il semble que ce chiffre soit grossièrement exagéré. Il n’y a aucun doute, en revanche, que le jeune Adolf Hitler et son « mentor », le poète et éditeur « Völkisch » Dietrich Eckart, furent des lecteurs assidus de la revue.
Interviewé après la guerre, von Liebenfels soutiendra que Hitler lui rendit visite une fois, afin de se procurer deux numéros manquants du magazine.
Malgré le contexte de libération intellectuelle de la fin du 18e et début du 19e siècle, un antisémitisme « institutionnel » (pour motifs religieux – les « assassins du Christ » etc.) s’était développé en Allemagne. Petit à petit s’y greffèrent des sentiments nationalistes, en réaction aux divers groupes ethniques sur le sol allemand, et plus précisément aux Juifs, pratiquant une culture et une langue différentes de celle des populations d’origine. En revanche, l’antisémitisme moderne théorisé par Houston Stewart Chamberlain et les délires teutoniques d’Ernst Arndt et de Friedrich Jahn, acheva de cristalliser cette xénophobie en lançant la notion d’un « Volk » mystique dans lequel les Juifs n’avaient pas leur place. L’antisémitisme moderne prenait pied dans un monde où dominaient les notions d’agnosticisme et de darwinisme. Les idées qui se substituèrent à la religion redéfinissaient également l’antisémitisme qui, jusque-là, ne s’intéressait qu’aux dimensions religieuses et culturelles, ignorant totalement l’aspect ethnique.
Dans une société déchirée entre religion, positivisme, et darwinisme, l’apport d’une notion ethnique transforma les Juifs d’un groupe culturo-religieux allochtone en porteurs d’un gène nuisible...
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Dernière édition par eddy marz le 20/12/2011, 21:16, édité 5 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
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Au début du 20e siècle, le Reichshammerbund et le Germanenorden, groupes violemment antisémites (inspirés par Theodor Fritsch – porte drapeau de l’antisémitisme allemand), reprochent de plus en plus ouvertement aux Juifs de ne pas appartenir à la même race que les Allemands.
Fondé en 1912 par un groupe d’occultistes (inclus Theodor Fritsch et Philip Stauff), le Germanenorden était une société secrète Völkisch structurée en chapitres hiérarchiques calqués sur ceux de la franc-maçonnerie, et dont l’emblème était la croix gammée (à crochets courbes). Les divers chapitres de la secte se réunissaient pour célébrer le Solstice d’été, une importante manifestation néo-païenne dans les cercles Völkisch (et plus tard en Allemagne nazie). En plus de l’étude de l’occultisme et des philosophies « magiques », la secte apprenait à ses initiés les idéologies de la supériorité de la race Nordique et entretenait leur antisémitisme. Les membres et candidats étaient priés de fournir les preuves d’une origine aryenne et, liés par le serment, de maintenir la « pureté de la race » par le mariage.
En 1916, pendant la 1e Guerre Mondiale, le Germanenorden se scinde en deux mouvements : la loge « loyaliste », et le « Germanenorden Walvater du saint Graal », auquel se joint un riche aventurier très versé dans l’occultisme et le mysticisme : Rudolf von Sebottendorff (en réalité Rudolf Glauer). Franc-maçon, pratiquant le Soufisme et l’astrologie, Sebottendorff est également un admirateur de Lanz von Liebenfels. Sous sa férule, le nombre de membres du Germanenorden Walvater augmente de moins de 100 en 1917 à plus de 1.500 dès 1918.
Pendant la 1e Guerre, alors que l’effort allemand commence à décliner, un nouveau cycle d’antisémitisme fait surface. Les Juifs sont accusés d’opportunisme, de non-participation aux combats, et de responsabilité dans les carences d’approvisionnement. La littérature antisémite prolifère et, lorsque la défaite survient en 1918, les Juifs et les Socialistes deviennent les boucs émissaires désignés.
La même année, Sebottendorff entre en contact avec Walter Nauhaus, un membre du Germanenorden dirigeant un « groupe d’études Germaniques » nommé Thule Gesellschaft (Société Thulé). Dérivant son idéologie des groupes fondés par Guido von List et Lanz von Liebenfels, la Société Thulé se dédie au culte de la Trinité Walvater (Wotan en triple avatar). Le nom de Thulé (une île localisée par les géographes Grecs de l’Antiquité « à l’extrémité nord du Monde ») fut choisi pour sa signification dans les œuvres de Guido von List. L’île de Thulé serait la capitale d’Hyperborea, une contrée légendaire des régions polaires, mentionnée par Hérodote (d’après des sources égyptiennes), dont les habitants ne seraient autres que les survivants de l’Atlantide. Il est intéressant à noter que Nietzsche débuta son « Der Antichrist » (L’Antéchrist – 1895) par : « Voyons-nous tels que nous sommes. Nous sommes Hyperboréens ».
D’un point de vue historique, l’importance de la Société Thulé réside dans le fait que ce fut elle qui organisa les cercles de discussion qui amenèrent à la création du Parti des Travailleurs Allemands (Deutsche Arbeiter-Partei ou DAP), en 1919. Karl Harrer, de la Société Thulé, en fut le co-fondateur avec Anton Drexler, son Premier Secrétaire.
Plus tard la même année, un certain Adolf Hitler s’inscrit au DAP, qui sera renommé NSDAP le 1er avril 1920.
Les « théoriciens » avides de complots soutiennent que le NSDAP, sous la direction de Hitler, n’était que la vitrine de la Société Thulé. Ils oublient que Harrer et Drexler s’opposèrent à Hitler, et que tous deux démissionnèrent du parti, respectivement en 1920 et 1923.
Certains affirment également que nombre de hauts dignitaires nazis – Max Amann, Dietrich Eckart, Rudolf Hess, Alfred Rosenberg, Gottfried Feder, Himmler, Hans Frank, parmi d’autres – étaient membres de la Société Thulé. Dietrich Eckart, riche éditeur du journal « Auf gut Deutsch » (En Bon Allemand), a souvent été représenté comme un grand occultiste ayant exercé une « profonde influence » sur Hitler, et l’ayant instruit de nombre de techniques de persuasion. Son influence aurait été telle que Hitler lui aurait dédié Mein Kampf. En réalité, si Eckart participa à plusieurs réunions de la Société Thulé, il n’en était pas membre, et absolument rien ne permet d’affirmer qu’il forma Hitler à des techniques « d’ordre mystique ». Quant à la soi-disant liste des membres de la Société Thulé, s’il est avéré que Hess et Rosenberg répondirent à certaines invitations en 1918, ils n’en étaient pas membres pour autant. Quant aux présences actives d’Hans Frank et Heinrich Himmler, elles relèvent de la fiction pure et simple.
Il n’existe non plus aucune preuve que Hitler ait eu un contact quel qu’il soit avec la Société Thulé, ni en associé ni même en simple visiteur. Il convient toutefois de noter que ce fut le dentiste Friedrich Krohn, membre de la société, qui choisit la croix gammée comme symbole du NSDAP (par la suite, le sigle fut revu et corrigé sur l’insistance de Hitler).
En 1923, Sebottendorff, considéré « étranger indésirable », est expulsé d’Allemagne. En 1925, la Société Thulé est dissoute. En 1933, Sebottendorff revient en Allemagne et publie « Bevor Hitler kam : Urkundliches aus der Frühzeit der nationalsozialistischen Bewegung von Rudolf von Sebottendorff ». Le livre est censuré par les nazis en mars 1934, Sebottendorff est arrêté par la Gestapo, placé en camp de concentration puis expulsé en Turquie. En 1945, lors de l’invasion Alliée, Sebottendorff se suicide en se jettant dans les eaux du Bosphore.
L’idée d’une convergence idéologique entre Lanz von Liebenfels et Hitler ne peut être considéré qu’en termes d’une vision manichéenne du monde, commune aux deux : Le monde divisé entre « héros aryens » (valeureux, constructif, blond, yeux bleus) et la brute brune non aryenne (acharnée à semer la confusion, la subversion et la corruption). On peut également ressentir les effets des théories raciales de von Liebenfels dans les décrets du IIIe Reich concernant les mariages interraciaux (interdits), prolifération des Germains de sang pur grâce à la polygamie, assistance apportée aux mères célibataires dans les maternités SS du Lebensborn…
Mais Hitler n’a certainement pas accepté les autres aspects (particulièrement les rituels liturgiques) de l’idéologie de von Liebenfels. Ce dernier fut interdit de publication pendant le IIIe Reich, et ses organisations (l’Ordre du Nouveau Temple et le Lumenclub) furent dissoutes par la Gestapo. Cette mesure était probablement le résultat de la politique anti-maçonnique et anti-sectes du Reich, mais peut être que Hitler avait voulu aussi éviter que l’on fasse le lien entre ses propres concepts politiques et la doctrine sectaire de von Liebenfels. Hitler n’est pas du tout attiré par les cénacles mystiques, au contraire ; dans Mein Kampf, il dénonce les « clercs Völkisch gyrovagues » et les amateurs de rituels comme des combattants inefficaces, et méprise leur archaïsme et leur cérémonial. Hitler fut sûrement sensible aux thèmes millénaristes de l’Aryosophie, mais les notions « d’âge d’Or préhistorique », de clergé gnostique, et d’un « héritage secret » conservé dans les runes, n’avaient aucune place dans ses concepts politiques ou culturels.
En clair, Guido von List, Lanz von Liebenfels, Rudolf Sebottendorff et quelques autres, contribuèrent sûrement à l’ambiance « mythologique » du IIIe Reich, mais il serait exagéré de dire qu’ils eurent une influence directe sur les actions politiques du régime.
buste de Sebottendorff
Symboles de la Société Thulé
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Eddy
Au début du 20e siècle, le Reichshammerbund et le Germanenorden, groupes violemment antisémites (inspirés par Theodor Fritsch – porte drapeau de l’antisémitisme allemand), reprochent de plus en plus ouvertement aux Juifs de ne pas appartenir à la même race que les Allemands.
Fondé en 1912 par un groupe d’occultistes (inclus Theodor Fritsch et Philip Stauff), le Germanenorden était une société secrète Völkisch structurée en chapitres hiérarchiques calqués sur ceux de la franc-maçonnerie, et dont l’emblème était la croix gammée (à crochets courbes). Les divers chapitres de la secte se réunissaient pour célébrer le Solstice d’été, une importante manifestation néo-païenne dans les cercles Völkisch (et plus tard en Allemagne nazie). En plus de l’étude de l’occultisme et des philosophies « magiques », la secte apprenait à ses initiés les idéologies de la supériorité de la race Nordique et entretenait leur antisémitisme. Les membres et candidats étaient priés de fournir les preuves d’une origine aryenne et, liés par le serment, de maintenir la « pureté de la race » par le mariage.
En 1916, pendant la 1e Guerre Mondiale, le Germanenorden se scinde en deux mouvements : la loge « loyaliste », et le « Germanenorden Walvater du saint Graal », auquel se joint un riche aventurier très versé dans l’occultisme et le mysticisme : Rudolf von Sebottendorff (en réalité Rudolf Glauer). Franc-maçon, pratiquant le Soufisme et l’astrologie, Sebottendorff est également un admirateur de Lanz von Liebenfels. Sous sa férule, le nombre de membres du Germanenorden Walvater augmente de moins de 100 en 1917 à plus de 1.500 dès 1918.
Pendant la 1e Guerre, alors que l’effort allemand commence à décliner, un nouveau cycle d’antisémitisme fait surface. Les Juifs sont accusés d’opportunisme, de non-participation aux combats, et de responsabilité dans les carences d’approvisionnement. La littérature antisémite prolifère et, lorsque la défaite survient en 1918, les Juifs et les Socialistes deviennent les boucs émissaires désignés.
La même année, Sebottendorff entre en contact avec Walter Nauhaus, un membre du Germanenorden dirigeant un « groupe d’études Germaniques » nommé Thule Gesellschaft (Société Thulé). Dérivant son idéologie des groupes fondés par Guido von List et Lanz von Liebenfels, la Société Thulé se dédie au culte de la Trinité Walvater (Wotan en triple avatar). Le nom de Thulé (une île localisée par les géographes Grecs de l’Antiquité « à l’extrémité nord du Monde ») fut choisi pour sa signification dans les œuvres de Guido von List. L’île de Thulé serait la capitale d’Hyperborea, une contrée légendaire des régions polaires, mentionnée par Hérodote (d’après des sources égyptiennes), dont les habitants ne seraient autres que les survivants de l’Atlantide. Il est intéressant à noter que Nietzsche débuta son « Der Antichrist » (L’Antéchrist – 1895) par : « Voyons-nous tels que nous sommes. Nous sommes Hyperboréens ».
D’un point de vue historique, l’importance de la Société Thulé réside dans le fait que ce fut elle qui organisa les cercles de discussion qui amenèrent à la création du Parti des Travailleurs Allemands (Deutsche Arbeiter-Partei ou DAP), en 1919. Karl Harrer, de la Société Thulé, en fut le co-fondateur avec Anton Drexler, son Premier Secrétaire.
Plus tard la même année, un certain Adolf Hitler s’inscrit au DAP, qui sera renommé NSDAP le 1er avril 1920.
Les « théoriciens » avides de complots soutiennent que le NSDAP, sous la direction de Hitler, n’était que la vitrine de la Société Thulé. Ils oublient que Harrer et Drexler s’opposèrent à Hitler, et que tous deux démissionnèrent du parti, respectivement en 1920 et 1923.
Certains affirment également que nombre de hauts dignitaires nazis – Max Amann, Dietrich Eckart, Rudolf Hess, Alfred Rosenberg, Gottfried Feder, Himmler, Hans Frank, parmi d’autres – étaient membres de la Société Thulé. Dietrich Eckart, riche éditeur du journal « Auf gut Deutsch » (En Bon Allemand), a souvent été représenté comme un grand occultiste ayant exercé une « profonde influence » sur Hitler, et l’ayant instruit de nombre de techniques de persuasion. Son influence aurait été telle que Hitler lui aurait dédié Mein Kampf. En réalité, si Eckart participa à plusieurs réunions de la Société Thulé, il n’en était pas membre, et absolument rien ne permet d’affirmer qu’il forma Hitler à des techniques « d’ordre mystique ». Quant à la soi-disant liste des membres de la Société Thulé, s’il est avéré que Hess et Rosenberg répondirent à certaines invitations en 1918, ils n’en étaient pas membres pour autant. Quant aux présences actives d’Hans Frank et Heinrich Himmler, elles relèvent de la fiction pure et simple.
Il n’existe non plus aucune preuve que Hitler ait eu un contact quel qu’il soit avec la Société Thulé, ni en associé ni même en simple visiteur. Il convient toutefois de noter que ce fut le dentiste Friedrich Krohn, membre de la société, qui choisit la croix gammée comme symbole du NSDAP (par la suite, le sigle fut revu et corrigé sur l’insistance de Hitler).
En 1923, Sebottendorff, considéré « étranger indésirable », est expulsé d’Allemagne. En 1925, la Société Thulé est dissoute. En 1933, Sebottendorff revient en Allemagne et publie « Bevor Hitler kam : Urkundliches aus der Frühzeit der nationalsozialistischen Bewegung von Rudolf von Sebottendorff ». Le livre est censuré par les nazis en mars 1934, Sebottendorff est arrêté par la Gestapo, placé en camp de concentration puis expulsé en Turquie. En 1945, lors de l’invasion Alliée, Sebottendorff se suicide en se jettant dans les eaux du Bosphore.
L’idée d’une convergence idéologique entre Lanz von Liebenfels et Hitler ne peut être considéré qu’en termes d’une vision manichéenne du monde, commune aux deux : Le monde divisé entre « héros aryens » (valeureux, constructif, blond, yeux bleus) et la brute brune non aryenne (acharnée à semer la confusion, la subversion et la corruption). On peut également ressentir les effets des théories raciales de von Liebenfels dans les décrets du IIIe Reich concernant les mariages interraciaux (interdits), prolifération des Germains de sang pur grâce à la polygamie, assistance apportée aux mères célibataires dans les maternités SS du Lebensborn…
Mais Hitler n’a certainement pas accepté les autres aspects (particulièrement les rituels liturgiques) de l’idéologie de von Liebenfels. Ce dernier fut interdit de publication pendant le IIIe Reich, et ses organisations (l’Ordre du Nouveau Temple et le Lumenclub) furent dissoutes par la Gestapo. Cette mesure était probablement le résultat de la politique anti-maçonnique et anti-sectes du Reich, mais peut être que Hitler avait voulu aussi éviter que l’on fasse le lien entre ses propres concepts politiques et la doctrine sectaire de von Liebenfels. Hitler n’est pas du tout attiré par les cénacles mystiques, au contraire ; dans Mein Kampf, il dénonce les « clercs Völkisch gyrovagues » et les amateurs de rituels comme des combattants inefficaces, et méprise leur archaïsme et leur cérémonial. Hitler fut sûrement sensible aux thèmes millénaristes de l’Aryosophie, mais les notions « d’âge d’Or préhistorique », de clergé gnostique, et d’un « héritage secret » conservé dans les runes, n’avaient aucune place dans ses concepts politiques ou culturels.
En clair, Guido von List, Lanz von Liebenfels, Rudolf Sebottendorff et quelques autres, contribuèrent sûrement à l’ambiance « mythologique » du IIIe Reich, mais il serait exagéré de dire qu’ils eurent une influence directe sur les actions politiques du régime.
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Eddy
Dernière édition par eddy marz le 20/12/2011, 21:18, édité 2 fois
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Suite et fin...
Karl Maria Wiligut, alias Karl Maria Weisthor (1866-1946), est l’exception. En vertu de sa soit disant faculté de « mémoire ancestrale », et de sa vision des traditions germaniques, Weisthor devint l’expert en mythologie préféré du Reichsführer SS, Heinrich Himmler, et fut officiellement affecté à la recherche préhistorique dans la SS entre 1933 et 39.
Interné en hôpital psychiatrique, en 1927, pour schizophrénie, Weisthor correspond néanmoins avec des membres de l’Ordre du Nouveau Temple, création de Lanz von Liebenfels, durant toute la durée de son internement. Relâché en 1931, il s’établit à Munich. C’est un vieil ami à lui, le SS Richard Anders, qui le présente à Himmler. Très impressionné, Himmler l’engage immédiatement.
Rapidement promu du grade de Hauptsturmführer SS à celui de Brigadeführer SS, Weisthor étend son influence jusqu’à imposer le Wewelsburg comme centre idéologique pour la SS, et faire adopter certains cérémoniaux destinés à donner une aura traditionnelle à l’idéologie raciste, élitiste, et guerrière des SS. Le rapport entre Weisthor et Himmler est très cordial ; ils échangent même des télégrammes lors de leurs anniversaires respectifs.
L’aménagement du Wewelsburg comme « Château de l’Ordre et Centre Cérémoniel des SS », représente la contribution la plus spectaculaire de Weisthor. Murs épais, grosses tours, salle de chapitre, crypte secrète (« l’empire des morts ») … Tout à Wewelsburg semble flatter les délires néo-Arthuriens d’Himmler. Le château devient officiellement propriété de la SS en 1934, et passe sous les ordres de l’état-major personnel d’Himmler dès 1935.
Pour le Reichsführer, il s’agit de créer une nouvelle Marienburg, comparable à celle des Chevaliers Teutoniques ; et c’est Weisthor qui sera largement responsable de l’élaboration du rituel SS. Il se lie d’amitié avec Manfred von Knobelsdorff, le commandant de Wewelsburg qui, inspiré par leurs échanges, cherchera avec enthousiasme à ressusciter la foi « Irministe » par des rites divers au château. En plein 20e siècle, des cérémonies païennes de mariage sont organisées pour des officiers SS, au cours desquelles Weisthor officie avec un bâton à manche d’ivoire orné d’un ruban bleu et de runes ; des festivités de moisson et de solstice se déroulent à dates fixes pour la garnison comme pour les villageois… Knobelsdorff termine ses lettres à Weisthor par l’expression « dans la fidélité Irministe ». Il va sans dire que nombre de SS (Heydrich en particulier) n’éprouvait qu’un mépris condescendant pour les lubies pseudo-mystiques d’Himmler.
Himmler charge également Weisthor du dessin du Totenkopfring (anneau Tête de Mort). Les anneaux sont distribués aux « preux » par Himmler lui-même, comme symbole tangible de leur appartenance à un ordre exigeant obéissance aveugle et fidélité.
Des photographies de maquettes et plans du Wewelsburg montrent le projet tel qu’il devait être finalisé dans les années 60, et suggèrent qu’Himmler songeait à la réalisation d’un « Vatican SS ». Cette cité visionnaire aurait alors été le cadre de la célébration des anciennes traditions, et de la religion révélée par Weisthor.
Les évènements qui provoquèrent la démission de Weisthor de la SS sont incertains. On dit que sa santé et ses facultés mentales déclinaient. Il sombra dans le tabagisme et l’alcoolisme ; pris de panique, Himmler s’arrangea pour que son historique psychiatrique reste un secret inviolé. Weisthor démissionna le 28 août 1939. Les SS continuèrent à s’occuper de lui, mais il perdit toute influence et passa le restant de la guerre à errer en Allemagne. Il s’installa finalement à Salzburg avec sa compagne, puis à Arolsen, en décembre 1945. Éprouvé par le voyage, il fut immédiatement hospitalisé, et mourut le 3 janvier 1946.
Voilà… Ni les nazis, ni les SS, n’adoptèrent de comportements, de près ou de loin, de type sorcellerie; si « satanisme » il y a, c’est dans leurs crimes insensés qu’il faut le chercher. Le crime « contre Dieu », c’est la tentative de faire pousser la « race des Seigneurs » hors du terreau des cadavres en décomposition ; c’est la tentative de faire « œuvre » de création et ainsi de se substituer à Dieu.
Cheers
Eddy
Sources :
- "Occult roots of Nazism" Prof. N. Goodrick-Clarke
- "Wewelsburg, 1935 bis 1945" Prof. Karl Hüser
Photos :
K-M Weisthor, 6 mois avant sa mort
Von Knobbelsdorff
Karl Maria Wiligut, alias Karl Maria Weisthor (1866-1946), est l’exception. En vertu de sa soit disant faculté de « mémoire ancestrale », et de sa vision des traditions germaniques, Weisthor devint l’expert en mythologie préféré du Reichsführer SS, Heinrich Himmler, et fut officiellement affecté à la recherche préhistorique dans la SS entre 1933 et 39.
Interné en hôpital psychiatrique, en 1927, pour schizophrénie, Weisthor correspond néanmoins avec des membres de l’Ordre du Nouveau Temple, création de Lanz von Liebenfels, durant toute la durée de son internement. Relâché en 1931, il s’établit à Munich. C’est un vieil ami à lui, le SS Richard Anders, qui le présente à Himmler. Très impressionné, Himmler l’engage immédiatement.
Rapidement promu du grade de Hauptsturmführer SS à celui de Brigadeführer SS, Weisthor étend son influence jusqu’à imposer le Wewelsburg comme centre idéologique pour la SS, et faire adopter certains cérémoniaux destinés à donner une aura traditionnelle à l’idéologie raciste, élitiste, et guerrière des SS. Le rapport entre Weisthor et Himmler est très cordial ; ils échangent même des télégrammes lors de leurs anniversaires respectifs.
L’aménagement du Wewelsburg comme « Château de l’Ordre et Centre Cérémoniel des SS », représente la contribution la plus spectaculaire de Weisthor. Murs épais, grosses tours, salle de chapitre, crypte secrète (« l’empire des morts ») … Tout à Wewelsburg semble flatter les délires néo-Arthuriens d’Himmler. Le château devient officiellement propriété de la SS en 1934, et passe sous les ordres de l’état-major personnel d’Himmler dès 1935.
Pour le Reichsführer, il s’agit de créer une nouvelle Marienburg, comparable à celle des Chevaliers Teutoniques ; et c’est Weisthor qui sera largement responsable de l’élaboration du rituel SS. Il se lie d’amitié avec Manfred von Knobelsdorff, le commandant de Wewelsburg qui, inspiré par leurs échanges, cherchera avec enthousiasme à ressusciter la foi « Irministe » par des rites divers au château. En plein 20e siècle, des cérémonies païennes de mariage sont organisées pour des officiers SS, au cours desquelles Weisthor officie avec un bâton à manche d’ivoire orné d’un ruban bleu et de runes ; des festivités de moisson et de solstice se déroulent à dates fixes pour la garnison comme pour les villageois… Knobelsdorff termine ses lettres à Weisthor par l’expression « dans la fidélité Irministe ». Il va sans dire que nombre de SS (Heydrich en particulier) n’éprouvait qu’un mépris condescendant pour les lubies pseudo-mystiques d’Himmler.
Himmler charge également Weisthor du dessin du Totenkopfring (anneau Tête de Mort). Les anneaux sont distribués aux « preux » par Himmler lui-même, comme symbole tangible de leur appartenance à un ordre exigeant obéissance aveugle et fidélité.
Des photographies de maquettes et plans du Wewelsburg montrent le projet tel qu’il devait être finalisé dans les années 60, et suggèrent qu’Himmler songeait à la réalisation d’un « Vatican SS ». Cette cité visionnaire aurait alors été le cadre de la célébration des anciennes traditions, et de la religion révélée par Weisthor.
Les évènements qui provoquèrent la démission de Weisthor de la SS sont incertains. On dit que sa santé et ses facultés mentales déclinaient. Il sombra dans le tabagisme et l’alcoolisme ; pris de panique, Himmler s’arrangea pour que son historique psychiatrique reste un secret inviolé. Weisthor démissionna le 28 août 1939. Les SS continuèrent à s’occuper de lui, mais il perdit toute influence et passa le restant de la guerre à errer en Allemagne. Il s’installa finalement à Salzburg avec sa compagne, puis à Arolsen, en décembre 1945. Éprouvé par le voyage, il fut immédiatement hospitalisé, et mourut le 3 janvier 1946.
Voilà… Ni les nazis, ni les SS, n’adoptèrent de comportements, de près ou de loin, de type sorcellerie; si « satanisme » il y a, c’est dans leurs crimes insensés qu’il faut le chercher. Le crime « contre Dieu », c’est la tentative de faire pousser la « race des Seigneurs » hors du terreau des cadavres en décomposition ; c’est la tentative de faire « œuvre » de création et ainsi de se substituer à Dieu.
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- "Occult roots of Nazism" Prof. N. Goodrick-Clarke
- "Wewelsburg, 1935 bis 1945" Prof. Karl Hüser
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Dernière édition par eddy marz le 22/7/2010, 18:32, édité 5 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Merci pour cette recherche
Cette "chère" Mme Blavatsky semble fumer "un pétard", comme quoi ce ne sont pas seulement les "gauchistes" qui se shootent.
Cette "chère" Mme Blavatsky semble fumer "un pétard", comme quoi ce ne sont pas seulement les "gauchistes" qui se shootent.
navigant- Général de Brigade
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Pour ma part, je suis juste convaincu que beaucoup de dirigeants nazis croyaient en tous ces mysticismes et sciences occultes... Mais il est certain qu'il n'y a jamais eu de messe noire, ce ne sont pas des satanistes, ce sont, à la limite, des paganistes.
Invité- Invité
Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Ezechielle;
Pour te répondre, malgré les apparences, les nazis (SS en particulier) qui adoptèrent une attitude favorable aux délires racisto-millénaristes d'Himmler, Weisthor, Liebenfels etc., ne représentent qu'environ 7% - un chiffre établi par les nazis eux-mêmes à travers les services de l'Office Économique de la SS et de l'Ahnenerbe. Même le paganisme n'arrivait pas à s'installer; Heydrich et le SD, dont la section IVB4 s'occupait de la surveillance des sectes établirent que les SS restaient totalement réfractaires aux tentatives d'Himmler de remplacer la fëte de Noël par les célébrations païennes de Yule; Walter Schellenberg, Gruppenführer SS et chef du SD Ostland, estimait que Himmler et ses fidèles se couvraient de ridicule lors des célébrations organisées par le Reichsführer en l'honneur de Heinrich II ("L'Oiseleur"), et que 70% des SS continuèrent à fréquenter les églises protestantes et catholiques... Heydrich, quant à lui, considérait que ces manifestations "idiotes et d'un autre âge" ne pouvaient que porter préjudice au prestige de la SS. Les célébrations en faveur d'un retour au "Germanisme" ancien sont totalement différentes et plus analogues aux mouvements "bios" et "retour à la terre" qui sévissent de nos jours. Le concept même des "Guerriers-fermiers SS" colonisateurs des territoires défrîchés de l'Est (suite à l'extermination) en est un exemple flagrant. Désolé, tout cela fait partie de ce que j'appelle les "légendes du crépuscules".
Eddy
Pour te répondre, malgré les apparences, les nazis (SS en particulier) qui adoptèrent une attitude favorable aux délires racisto-millénaristes d'Himmler, Weisthor, Liebenfels etc., ne représentent qu'environ 7% - un chiffre établi par les nazis eux-mêmes à travers les services de l'Office Économique de la SS et de l'Ahnenerbe. Même le paganisme n'arrivait pas à s'installer; Heydrich et le SD, dont la section IVB4 s'occupait de la surveillance des sectes établirent que les SS restaient totalement réfractaires aux tentatives d'Himmler de remplacer la fëte de Noël par les célébrations païennes de Yule; Walter Schellenberg, Gruppenführer SS et chef du SD Ostland, estimait que Himmler et ses fidèles se couvraient de ridicule lors des célébrations organisées par le Reichsführer en l'honneur de Heinrich II ("L'Oiseleur"), et que 70% des SS continuèrent à fréquenter les églises protestantes et catholiques... Heydrich, quant à lui, considérait que ces manifestations "idiotes et d'un autre âge" ne pouvaient que porter préjudice au prestige de la SS. Les célébrations en faveur d'un retour au "Germanisme" ancien sont totalement différentes et plus analogues aux mouvements "bios" et "retour à la terre" qui sévissent de nos jours. Le concept même des "Guerriers-fermiers SS" colonisateurs des territoires défrîchés de l'Est (suite à l'extermination) en est un exemple flagrant. Désolé, tout cela fait partie de ce que j'appelle les "légendes du crépuscules".
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Tout à fait d'accord Eddy. J'ai l'impression que les "délires mystiques" du Reichsführer SS ont alimenté (et continuent de le faire) les fantasmes de nombreuses personnes en mal d'extraordinaire.
Je crains que la réalité du nazisme ne soit - hélàs - bien plus prosaïque que celà.
Je crains que la réalité du nazisme ne soit - hélàs - bien plus prosaïque que celà.
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Toutes les vertus secondaires comme le courage, la discipline, la fidélité, l'endurance n'ont un effet positif qu'aussi longtemps qu'elles servent une cause positive. Si une cause positive devient négative, les vertus secondaires deviennent problématiques
Baugnez44- Général (Administrateur)
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Fort intéressant !
Je sais que Himmler était féru d'ésotérisme, qu'il a fait rechercher "le Chêne de Wotan" (sic), bref, un fou dangereux !
Qui pourrait m'éclairer sur ce qu'était cette "société secrète" nommée Anenherbe ??
Je sais que Himmler était féru d'ésotérisme, qu'il a fait rechercher "le Chêne de Wotan" (sic), bref, un fou dangereux !
Qui pourrait m'éclairer sur ce qu'était cette "société secrète" nommée Anenherbe ??
Invité- Invité
Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Voici les premiers éléments de réponse.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ahnenerbe
http://en.wikipedia.org/wiki/Ahnenerbe
En attendant le jour où Eddy pourra nous en faire une description plus complète.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ahnenerbe
http://en.wikipedia.org/wiki/Ahnenerbe
En attendant le jour où Eddy pourra nous en faire une description plus complète.
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Baugnez44- Général (Administrateur)
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Ouuuuuuuups! Eddy en avait déjà parlé ici: https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/l-axe-f3/la-legende-du-waffen-ss-super-soldat-t1092-290.htm
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Baugnez44- Général (Administrateur)
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Très interressant, merci pour toutes ces infos!
Vatutin- Major
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Comme tes autres interventions Eddy, tout ceci est très intéressant et explique beaucoup de choses sur les théories raciales et le symbolisme nazi.
Merci.
Merci.
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Merci à vous tous pour vos commentaires amicaux... vous êtes trop indulgents.
Je compile mes notes (éparpillées dans le disque dur & sur papier) et reviens vers vous dans quelques jours avec des détails supplémentaires sur l'Ahnenerbe qui, soit dit en passant, n'était pas une société secrète - même si certains de ses fonctionnaires participaient à des activités ésotériques...
Eddy
Je compile mes notes (éparpillées dans le disque dur & sur papier) et reviens vers vous dans quelques jours avec des détails supplémentaires sur l'Ahnenerbe qui, soit dit en passant, n'était pas une société secrète - même si certains de ses fonctionnaires participaient à des activités ésotériques...
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
eddy marz a écrit:Merci à vous tous pour vos commentaires amicaux... vous êtes trop indulgents.
Je compile mes notes (éparpillées dans le disque dur & sur papier) et reviens vers vous dans quelques jours avec des détails supplémentaires sur l'Ahnenerbe qui, soit dit en passant, n'était pas une société secrète - même si certains de ses fonctionnaires participaient à des activités ésotériques...
Eddy
Ben quoi mon gars ? Il ne faut pas faire le modeste comme ça ! Les commentaires, tu les mérites !
@Baugnez1944 : Merci de m'avoir aiguillé sur la bonne voie !
Invité- Invité
Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Petite question (encore ? ben oui !) : Hermann Wirth, co-fondateur de l'Anhenherbe, était il un parent du monstrueux Christian Wirth ?
Invité- Invité
Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
MkII-A1 a écrit:@Baugnez1944 : Merci de m'avoir aiguillé sur la bonne voie !
Pas de quoi! C'est maintenat qu'il faut en profiter! Un jour mon grand âge aura raison de ma mémoire!
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Baugnez44- Général (Administrateur)
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Dear MkII-A1;
Non, Hermann Wirth - idéologue et co-fondateur avec Himmler et Walther Darré de l'Ahnenerbe - n'a aucun lien de parenté avec l'impensable Christian Wirth (Euthanasie, Aktion Reinhard, OZAK).
Eddy
Non, Hermann Wirth - idéologue et co-fondateur avec Himmler et Walther Darré de l'Ahnenerbe - n'a aucun lien de parenté avec l'impensable Christian Wirth (Euthanasie, Aktion Reinhard, OZAK).
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
eddy marz a écrit:Dear MkII-A1;
Non, Hermann Wirth - idéologue et co-fondateur avec Himmler et Walther Darré de l'Ahnenerbe - n'a aucun lien de parenté avec l'impensable Christian Wirth (Euthanasie, Aktion Reinhard, OZAK).
Eddy
Merci du renseignement ! Il n'y en a pas un pour relever l'autre, alors si en plus ils avaient été frères, la je parlerais de tare congénitale !
Invité- Invité
Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Bon apparemment, je me suis fait mal comprendre...
Je disais LES DIRIGEANTS NAZIS, je ne parlais pas de tous les SS... Et oui, je suis au courant que beaucoup de nazis allaient aux églises et que Hitler et ses collaborateurs ne sont jamais parvenus à remplacer les cultes protestants par un retour au paganisme remodelé par les nazis pour le faire correspondre à leur idéologie...
D'autre part, il faut dire que beaucoup de SS s'étaient portés volontaires pour l'Allemagne et l'anti-communisme, et pas forcément pour des préoccupations mystico-religieuses...
j'avais d'ailleurs mis ça sur le forum (c'est au même sujet alors je me permets...)
https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/l-axe-f3/gedanke-ideologie-und-philosophie-in-nationalsozialismus-t5520.htm
Je disais LES DIRIGEANTS NAZIS, je ne parlais pas de tous les SS... Et oui, je suis au courant que beaucoup de nazis allaient aux églises et que Hitler et ses collaborateurs ne sont jamais parvenus à remplacer les cultes protestants par un retour au paganisme remodelé par les nazis pour le faire correspondre à leur idéologie...
D'autre part, il faut dire que beaucoup de SS s'étaient portés volontaires pour l'Allemagne et l'anti-communisme, et pas forcément pour des préoccupations mystico-religieuses...
j'avais d'ailleurs mis ça sur le forum (c'est au même sujet alors je me permets...)
https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/l-axe-f3/gedanke-ideologie-und-philosophie-in-nationalsozialismus-t5520.htm
Invité- Invité
Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
ezechielle a écrit:Bon apparemment, je me suis fait mal comprendre...
Je disais LES DIRIGEANTS NAZIS, je ne parlais pas de tous les SS... Et oui, je suis au courant que beaucoup de nazis allaient aux églises et que Hitler et ses collaborateurs ne sont jamais parvenus à remplacer les cultes protestants par un retour au paganisme remodelé par les nazis pour le faire correspondre à leur idéologie...
D'autre part, il faut dire que beaucoup de SS s'étaient portés volontaires pour l'Allemagne et l'anti-communisme, et pas forcément pour des préoccupations mystico-religieuses...
j'avais d'ailleurs mis ça sur le forum (c'est au même sujet alors je me permets...)
https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/l-axe-f3/gedanke-ideologie-und-philosophie-in-nationalsozialismus-t5520.htm
Mais non, tu as été très bien compris ! toutes ces imbécilités, ces "organisations secrètes", ce sont les nazis de HAUT RANGS , principalement de la SS qui y "croyaient"! C'était la "cour" de Himmler !
Notons d'adolf, lui, il riait beaucoup au vu des idioties de son Reichsführer ! Il ne lui en parlait guère, mais n'y croyait pas non plus.
Pour l'annecdote, mais je suis incapable de me souvenir ou je l'ai lu, Hitler, féru d'Architecture comme ont le sait, à un jour vertement rabroué Himmler parce qu'ils faisait faire des fouilles dans l'Allemagne du nord, sur les anciens sites Saxons.
Il lui à dit qu'il ferait mieux d'arrêter ses idioties parce qu'à part prouver au monde que pendant que les Grecs et les Romains construisaient des cités formidables, les "ancêtres germaniques" en étaient encore à la hutte de bois !
Invité- Invité
Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Salut Ezechielle ;
J’ai été sur le lien que tu affiche (ton autre message), et je constate qu’avec ton texte, tu inclus des sources premières, parmi lesquelles :
- ALLEAU René, Hitler et les sociétés secrètes : enquête sur les sources occultes du nazisme, Paris, Grasset, 1969.
- PAUWELS Louis, BERGIER Jacques, Le matin des magiciens, Paris, Gallimard, 1960.
- SCHNEIDER François-Pierre, « La société secrète "vril" ou l’alliance avec les créatures d’outre-espace », Les dossiers secrets du IIIème Reich, 2007
- BORIS Laurent, « La magie politique nazie, fêtes et culte des morts », Axe & alliés, 1939-1945 un monde en guerre, 2007, vol. 2, p. 50-55.
- JACOBSEN Hans-Adolf, Karl Haushofer, 2 vol., Boppart am Rhein, Harald Boldt Verlag, 1979.
Je ne sais pas si tu as lu ces livres ou si tu ne fais que les citer, mais déjà trois d’entre-eux (Alleau ; Pauwels & Bergier ; et Schneider) sont parmi les livres que je mentionnais au début de mon post, fruit d’un délire un peu bébête (et, dans le cas de Pauwels d’une tendance au débordement d’extrême droite). Alleau, le soit-disant « expert » en occultisme, mange à tous les rateliers (Mme Blavatsky, Gurdjieff, l’ « Islam Germanique », les Rose-croix), et n’hésite pas à citer « l’historien » René Petitfrère comme source sur les Ordensburgen (qu’il appelle les « écoles de formations de l’Ordre Noir ») et sur les « exercices de claustration mystique et entraînements d’une violence incroyable ». Tout cela est très divertissant mais malheureusement le fruit d’une belle imagination.
Le Livre d’Alleau présente même des photos de « cérémonies SS » avec drapeaux à têtes de mort etc., alors que ces photos datent de 1917-18, et proviennent de manifestations Wehrwolf et autres Freikorps… 16 ans avant l ‘avènement d’Hitler.
En ce qui concerne Pauwels et Bergier, dont je possède le livre également… je pense que l’extrait ci dessous suffira à te donner une idée des bêtises véhiculées :
« Il y a des « alliances » possibles avec le Maître du Monde, avec le « Roi de la peur », qui règne sur une cité cachée quelque part en Orient. Ceux (les nazis) qui auront un pacte changeront pour des millénaires la surface de la Terre et donneront un sens nouveau à l’aventure humaine… Si nous ne faisons pas alliance avec eux, si nous ne sommes pas des seigneurs, nous serons parmi les esclaves, dans le fumier qui servira à faire fleurir les cités nouvelles »…
François-Pierre Schneider parle du « vril ». Dans son récit, la soit-disant « Secte de Berlin » qu’il considère la « Société du Vril » ou « Loge Lumineuse » (là encore pompant sur Pauwels) et qu’il confond sûrement avec le « Lumenclub » de Vienne, création de Lanz von Liebenfels (voir mon post plus haut). Cette fable sur l’inspiration des nazis est étayée par une vision complètement fantaisiste de la Société Thulé (voir mon post) , mélangeant racisme, mythes occultistes d’une supposée théocracie orientale et « force du vril » pour suggérer l’image de l’avenir que les nazis avaient l’intention de bâtir.
Quant à Haushofer (1869-1946), attaché militaire au Japon pendant la 1e Guerre Mondiale et fervent admirateur de la culture orientale, (dont l’appartenance à la Société Thulé n’a jamais été prouvée) Pauwels affirme qu’il était en contact avec les « Supérieurs Inconnus » et que la Société Thulé devenait ainsi l’agent dirigeant secret du 3e Reich…
Bon, j’arrête là ; mais il convient de se méfier de ce type de littérature. Les « aventures ésotériques » du nazisme sont maintenant archi-documentées, et c’est vers la doc de Harvard, Oxford, et Cambridge (toutes trois possédant des docteurs en études sur les courants et idéologies d’extrême-droite – voir le professeur N. Goodrick-Clarke) qu’il faut se tourner et non vers les livres à sensation qui ne sont pas des études historiques ni sociologiques.
À+
Eddy
J’ai été sur le lien que tu affiche (ton autre message), et je constate qu’avec ton texte, tu inclus des sources premières, parmi lesquelles :
- ALLEAU René, Hitler et les sociétés secrètes : enquête sur les sources occultes du nazisme, Paris, Grasset, 1969.
- PAUWELS Louis, BERGIER Jacques, Le matin des magiciens, Paris, Gallimard, 1960.
- SCHNEIDER François-Pierre, « La société secrète "vril" ou l’alliance avec les créatures d’outre-espace », Les dossiers secrets du IIIème Reich, 2007
- BORIS Laurent, « La magie politique nazie, fêtes et culte des morts », Axe & alliés, 1939-1945 un monde en guerre, 2007, vol. 2, p. 50-55.
- JACOBSEN Hans-Adolf, Karl Haushofer, 2 vol., Boppart am Rhein, Harald Boldt Verlag, 1979.
Je ne sais pas si tu as lu ces livres ou si tu ne fais que les citer, mais déjà trois d’entre-eux (Alleau ; Pauwels & Bergier ; et Schneider) sont parmi les livres que je mentionnais au début de mon post, fruit d’un délire un peu bébête (et, dans le cas de Pauwels d’une tendance au débordement d’extrême droite). Alleau, le soit-disant « expert » en occultisme, mange à tous les rateliers (Mme Blavatsky, Gurdjieff, l’ « Islam Germanique », les Rose-croix), et n’hésite pas à citer « l’historien » René Petitfrère comme source sur les Ordensburgen (qu’il appelle les « écoles de formations de l’Ordre Noir ») et sur les « exercices de claustration mystique et entraînements d’une violence incroyable ». Tout cela est très divertissant mais malheureusement le fruit d’une belle imagination.
Le Livre d’Alleau présente même des photos de « cérémonies SS » avec drapeaux à têtes de mort etc., alors que ces photos datent de 1917-18, et proviennent de manifestations Wehrwolf et autres Freikorps… 16 ans avant l ‘avènement d’Hitler.
En ce qui concerne Pauwels et Bergier, dont je possède le livre également… je pense que l’extrait ci dessous suffira à te donner une idée des bêtises véhiculées :
« Il y a des « alliances » possibles avec le Maître du Monde, avec le « Roi de la peur », qui règne sur une cité cachée quelque part en Orient. Ceux (les nazis) qui auront un pacte changeront pour des millénaires la surface de la Terre et donneront un sens nouveau à l’aventure humaine… Si nous ne faisons pas alliance avec eux, si nous ne sommes pas des seigneurs, nous serons parmi les esclaves, dans le fumier qui servira à faire fleurir les cités nouvelles »…
François-Pierre Schneider parle du « vril ». Dans son récit, la soit-disant « Secte de Berlin » qu’il considère la « Société du Vril » ou « Loge Lumineuse » (là encore pompant sur Pauwels) et qu’il confond sûrement avec le « Lumenclub » de Vienne, création de Lanz von Liebenfels (voir mon post plus haut). Cette fable sur l’inspiration des nazis est étayée par une vision complètement fantaisiste de la Société Thulé (voir mon post) , mélangeant racisme, mythes occultistes d’une supposée théocracie orientale et « force du vril » pour suggérer l’image de l’avenir que les nazis avaient l’intention de bâtir.
Quant à Haushofer (1869-1946), attaché militaire au Japon pendant la 1e Guerre Mondiale et fervent admirateur de la culture orientale, (dont l’appartenance à la Société Thulé n’a jamais été prouvée) Pauwels affirme qu’il était en contact avec les « Supérieurs Inconnus » et que la Société Thulé devenait ainsi l’agent dirigeant secret du 3e Reich…
Bon, j’arrête là ; mais il convient de se méfier de ce type de littérature. Les « aventures ésotériques » du nazisme sont maintenant archi-documentées, et c’est vers la doc de Harvard, Oxford, et Cambridge (toutes trois possédant des docteurs en études sur les courants et idéologies d’extrême-droite – voir le professeur N. Goodrick-Clarke) qu’il faut se tourner et non vers les livres à sensation qui ne sont pas des études historiques ni sociologiques.
À+
Eddy
Dernière édition par eddy marz le 29/7/2009, 10:06, édité 2 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Plutôt d'accord avec toi Eddy.
Jacques Bergier m'a beaucoup amusé quand j'avais 20 ans, car il faisait montre d'une culture générale absolument étonnante, mais certaines de ses théories, si elles sont parfaites pour constituer la base d'un album de Tintin (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_714_pour_Sydney) ne peuvent en aucun cas être prises au sérieux lorsqu'il s'agit d'analyser le nazisme.
Jacques Bergier m'a beaucoup amusé quand j'avais 20 ans, car il faisait montre d'une culture générale absolument étonnante, mais certaines de ses théories, si elles sont parfaites pour constituer la base d'un album de Tintin (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_714_pour_Sydney) ne peuvent en aucun cas être prises au sérieux lorsqu'il s'agit d'analyser le nazisme.
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Baugnez44- Général (Administrateur)
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Super, Baugnez44;
Je n'étais pas au courant de cette filiation entre "Vol 714 pour Sydney" et Bergier. Étonnant !
Thanks alot.
Eddy
Je n'étais pas au courant de cette filiation entre "Vol 714 pour Sydney" et Bergier. Étonnant !
Thanks alot.
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Baugnez44 a écrit:Plutôt d'accord avec toi Eddy.
Jacques Bergier m'a beaucoup amusé quand j'avais 20 ans, car il faisait montre d'une culture générale absolument étonnante, mais certaines de ses théories, si elles sont parfaites pour constituer la base d'un album de Tintin (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_714_pour_Sydney) ne peuvent en aucun cas être prises au sérieux lorsqu'il s'agit d'analyser le nazisme.
Je me souviens de cette émisson TV, que je regardait quand j'avais 10 ans ! Jacques Bergier était d'une culture générale dingue !
Mais je n'ai jamais pris la peine de lire une de ses théories ou un ouvrage de lui !
Invité- Invité
Re: Occultisme Nazi, Racisme & Légendes modernes… #1
Petite précision concernant la société Thulé :
Il semblerait que cette société comptait parmi ses sympathisants Hitler, et parmi ses membres Rudolf Hess (secrétaire particulier de Hitler), Alfred Rosenberg (futur ministre du Reich pour les territoires occupés de l'Est), ou encore Dietrich Eckhart (mentor de Hitler).
Or comme tu l'as signalé les preuves s'avèrent très minces.
Malgré sa disparition pendant la montée du nazisme, il a été relevé que le régime nazi s'est inspiré de cette société.
En exemple :Himmler y aurait puisé son fantasme d'une société allemande blonde aux yeux bleus, à l'image des anciens héros germaniques.
Concernant cette exemple je ne suis pas certaine que ca soit lié directement à cette explication.. Peut être en partie ?
Tiré du livre de Shelley Klein, les sociétés secrètes du Moyen age à nos jours.
Il semblerait que cette société comptait parmi ses sympathisants Hitler, et parmi ses membres Rudolf Hess (secrétaire particulier de Hitler), Alfred Rosenberg (futur ministre du Reich pour les territoires occupés de l'Est), ou encore Dietrich Eckhart (mentor de Hitler).
Or comme tu l'as signalé les preuves s'avèrent très minces.
Malgré sa disparition pendant la montée du nazisme, il a été relevé que le régime nazi s'est inspiré de cette société.
En exemple :Himmler y aurait puisé son fantasme d'une société allemande blonde aux yeux bleus, à l'image des anciens héros germaniques.
Concernant cette exemple je ne suis pas certaine que ca soit lié directement à cette explication.. Peut être en partie ?
Tiré du livre de Shelley Klein, les sociétés secrètes du Moyen age à nos jours.
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