La télévision française sous l'Occupation.
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Narduccio
glider82
roger15
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La télévision française sous l''Occupation.
Bonjour à toutes, et bonjour à tous,
Beaucoup de gens ignorent que durant l'Occupation allemande, l'époque a été en France très favorable à l'épanouissement de la télévision.
Mais pour bien comprendre à quel point, je dois commencer mon récit avant la Seconde guerre mondiale, avec les tous débuts de la télévision française, sous l'aile protectrice bienveillante du ministère des PTT. Et pour votre culture personnelle je continue un peu cette histoire jusqu'au 3 janvier 1956 avec la fin tragique de l'émetteur historique allemand 441 lignes Telefunken, dernier vestige de “Fernsehsender Paris” qui a disparu dans la fumée…
Voici quelques dates importantes des débuts de la télévision en France.
Jeudi 5 décembre 1929 : Jean Barthélemy, âgé de six ans, alors qu'il jouait dans le jardin du pavillon familial, situé 1 rue du Plateau à Fontenay-aux-Roses (Seine), est appelé par son père René Barthélemy, ingénieur responsable du laboratoire radioélectrique de la CDC (Compagnie Des Compteurs), pour venir dans son laboratoire personnel installé dans la chambre d'amis. Sur l'écran minuscule d'une machine imposante Jean Barthélemy put distinguer un visage : celui de Marius Lamblot, l'assistant de son père, transmis en direct depuis le laboratoire de la CDC à Montrouge avec une définition de 30 lignes. Jean Barthélemy fut sans doute le premier “téléspectateur” [le mot ne sera officialisé qu'à partir de 1950] français non professionnel.
Vendredi 26 avril 1935 : Georges Mandel, ministre des PTT, préside entre 20H15 et 20H30 la première émission officielle de la télévision française depuis le studio du ministère des PTT 103 rue de Grenelle. Anne-Marie Bolchesi (dite Béatrice Bretty), au titre de comédienne (et non au titre de maîtresse de Georges Mandel), parle devant la caméra en direct durant dix minutes. Elle évoque un récent voyage de la Comédie française en Italie. La définition des images est de 60 lignes. Le programme filmé en direct depuis le studio de la rue de Grenelle est acheminé par un câble téléphonique long de 2 500 mètres jusqu'à un émetteur situé au pilier Nord de la tour Eiffel, de là un autre câble relie le pilier Nord à l'antenne émettrice situé au sommet de la tour à 320 mètres de hauteur.
Vendredi 15 octobre 1937 : le Président de la République française Albert Lebrun vient assister à une séance de télévision à l'exposition universelle de Paris. Lorsqu'on lui propose de le télé-visionner à son tour il se récuse avec le sourire en promettant de faire mieux la prochaine fois. Albert Lebrun a ainsi laissé passer l'occasion d'être le premier chef de l'état au monde à être interviewé par la télévision ...
* Samedi 2 septembre 1939 au soir : les téléspectateurs parisiens qui ont la chance d'avoir un "radio-viseur" ne se doutent pas qu'ils regardent pour la dernière fois une émission de la télévision française, en noir et blanc, avec une définition de 455 lignes. Combien étaient-ils ? Difficile de le savoir puisqu'il n'y avait pas encore de redevance (c'est la loi du 30 juillet 1949 qui instaurera la redevance télévisuelle en France, avec application à compter du 1er janvier 1950). On peut seulement estimer à environ deux à trois cents le nombre de récepteurs de télévision alors en service.
* Dimanche 3 septembre 1939 à 17 heures : la France déclare la guerre à l'Allemagne, suite à l'agression de la Pologne par le troisième Reich. Le poste de télévision "Paris-PTT-Vision" doit, sur ordre des autorités militaires, qui prennent le contrôle de l’émetteur de la tour Eiffel, cesser ses émissions.
* Mercredi 12 juin 1940 : l'émetteur 455 lignes de la tour Eiffel est définitivement saboté par l'armée française, deux jours avant l'entrée des troupes allemandes à Paris.
* Mercredi 8 juillet 1942 : des techniciens allemands commencent à réparer l'émetteur de la tour Eiffel saboté par les Français le 12 juin 1940. Ils l'équipent avec du matériel 441 lignes provenant de l'ancienne station de Berlin, qui a cessé d'émettre le 25 août 1939.
Pourquoi les Allemands décident-ils de remettre en fonctionnement un émetteur de télévision à Paris, alors que celui de Berlin reste toujours hors service ? Eh bien, c'est une des conséquences indirectes de l'opération "Barberousse" (Barbarossa) : l'assaut, à compter du dimanche 22 juin 1941 de l'Union Soviétique par la Wehrmacht. Si l'avancée des troupes allemandes en Russie Soviétique fut très rapide jusqu'au début décembre 1941 (où elles sont arrivées à moins de vingt kilomètres de Moscou), l'hiver 1941-1942, puis le printemps 1942 furent très rudes pour les soldats allemands qui ont dû combattre à la fois la rudesse du "général hiver" et les coups de main des partisans soviétiques qui s'étaient ressaisis.
Il y eut alors de nombreux soldats allemands blessés. De peur qu'ils ne démoralisent la population, les trains sanitaires spéciaux les transportèrent directement du front russe à Paris, en traversant rapidement l'Allemagne de nuit sans s'arrêter, où ils furent soignés dans des hôpitaux civils dont une grande partie des salles avaient été réquisitionnées par l'armée allemande. Après deux ou trois semaines de convalescence à Paris, ces soldats de la Wehrmacht étaient enfin autorisés à aller voir leurs proches en Allemagne. Leurs témoignages sur la dureté du front soviétique étaient de ce fait largement édulcorés…
C'est alors que Kurt Hinzmann, jeune officier allemand, soumet en juin 1942 aux autorités militaires de Berlin l'idée de remettre en état l'émetteur de la télévision de la tour Eiffel pour distraire les soldats allemands convalescents dans les hôpitaux parisiens. Son idée leur plut bien, et elles lui donnèrent tous les moyens humains, financiers, et techniques pour réaliser à bien son projet.
* mercredi 8 juillet 1942 : des techniciens allemands commencent à réparer l'émetteur télévision de la tour Eiffel saboté par les Français le 12 juin 1940. Ils l'équipent avec du matériel Telefunken 441 lignes provenant de l'ancienne station de Berlin, qui a cessé d'émettre le 25 août 1939.
* Lundi 13 juillet 1942 : des opératrices anglaises de la station radar de Beachy Head dans la côte du Sussex captent sur la fréquence de 46 Mégahertz d'étranges signaux qui n'entrent pas dans le spectre habituel des émissions radio ou radar. Les relevés radio-goniométriques indiquent que la source de ces émissions mystérieuses est Paris. Craignant une nouvelle invention diabolique de la part des Allemands cette base envoie des photographies de ces mystérieux spectres hertziens au Quartier Général des transmissions de la Royal Air Force. Une semaine plus tard George Kelsey, ancien technicien radio ayant travaillé avant-guerre sur la réception d'images télévisées de la BBC, décode qu'il s'agit de signaux de télévisions. Une équipe part à Beachy Head muni d'un téléviseur britannique d'avant-guerre captant les programmes sur 405 lignes (norme britannique). Là, ils bricolent une antenne géante de 31,50 mètres de haut et bidouillent leur récepteur pour le transformer à la norme 441 lignes. Enfin, le 25 juillet 1942 une image, sans son, apparaît sur leur téléviseur : la tour Eiffel avec une inscription en allemand “Fernsehsender Paris” (télévision de Paris). Jusqu'à la Libération de Paris les services secrets britanniques seront sans doute les téléspectateurs les plus attentifs de cette station de télévision parisienne. Jamais les Anglais ne révèleront si ces programmes télévisés leur ont apporté des informations précieuses pour eux, et de quelle nature ? Bien entendu les Allemands n'imagineront jamais que leurs programmes télévisés sont captés en Angleterre !...
* Lundi 17 août 1942 : les techniciens allemands ont entièrement remis en état la station de télévision de la tour Eiffel, qui émet sur 441 lignes. L'administration et les studios “ Fernsehsender Paris ” sont situés au 12 cité Martignac (Paris 7ème). Seule la mire fixe représentant la tour Eiffel est diffusée, généralement en fin d'après-midi et en début de soirée, avec le son de radio-Berlin.
* Vendredi 7 mai 1943 : “Fernsehsender Paris” commence à diffuser des programmes télévisés expérimentaux pendant deux heures par jour (de 19H00 à 21H00) depuis les studios minuscules du 12 cité Martignac (Paris 7ème). La ritournelle de début et de fin des programmes est celle de la chanson “Sur le pont d'Avignon” interprétée par la fanfare de Pierre Cadel. Deux caméras électroniques assurent les prises de vue en direct.
* Samedi 17 juillet 1943 : les autorités allemandes font réquisitionner les locaux des 13 et 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème).
* Mercredi 28 juillet 1943 : tout le personnel administratif et technique de “Fernsehsender Paris” déménage du 12 cité Martignac pour l'ancien cabaret “Magic-City” 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème). Leurs deux lignes téléphoniques sont INValide 08-86 et INValide 08-89.
* Jeudi 30 septembre 1943 : inauguration officielle de “Fernsehsender Paris” . Désormais la station émet huit heures par jours, puis douze heures à partir de janvier 1944. En fait entre deux programmes réellement télévisés la station diffusait la mire à la tour Eiffel (de 12h00 à 14h15, puis de 17h00 à 19h00, puis enfin de 22h00 à 24h00) en reprenant le son de radio-Berlin. Ces programmes sont principalement destinés aux soldats allemands en convalescence dans des hôpitaux parisiens. Pour eux on a fait venir d'Allemagne environ 250 téléviseurs d'avant-guerre captant parfaitement le 441 lignes. Douze autres téléviseurs 441 lignes sont également installés dans des chambres de l'hôtel Majestic pour des officiers supérieurs allemands. Quelques 150 autres téléviseurs français réquisitionnés, prévus pour le 455 lignes d'avant-guerre, peuvent également capter les programmes, mais dans de moins bonnes conditions techniques. Ces émissions quotidiennes dureront jusqu'au 12 août 1944 à 23H30.
* première quinzaine d'août 1944 : au fur et à mesure qu'elles évacuent Paris les troupes allemandes emportent avec elles la quasi-totalité des 250 téléviseurs 441 lignes équipant les hôpitaux parisiens. En revanche, les douze téléviseurs 441 lignes des chambres de l'hôtel Majestic resteront bien sur place.
* samedi 12 août 1944 à 23H30 (21H30 Temps Universel) : “Fernsehsender Paris” interrompt définitivement ses émissions.
* jeudi 17 août 1944 : Kurt Hinzmann, le responsable allemand de “Fernsehsender Paris” reçoit du Haut Commandement militaire allemand de Paris l'ordre de faire immédiatement sauter l'émetteur télévision de la tour Eiffel. Kurt Hinzmann refusera d'obéir à cet ordre, qu'il juge stupide et inutile pour retarder l'avance des Alliés sur Paris. Grâce à ce geste chevaleresque la France pourra reprendre ses programmes télévisés dès le 24 mars 1945, et de ce fait devenir jusqu'en juillet 1962 (et les premières images télévisées en direct depuis les États-Unis par satellite avec Telstar 1) la télévision dominante d'Europe.
* samedi 19 août 1944 à 07H50 du matin : Kurt Hinzmann et cinq autres Allemands travaillant à “Fernsehsender Paris” quittent discrètement Paris pour Saint-Dié (Vosges).
* Samedi 24 mars 1945 : reprise expérimentale des émissions de télévision, diffusées depuis le studio du 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème), depuis le pilier Nord de la tour Eiffel, avec l'émetteur allemand Telefunken de “Fernsehsender Paris” d'une définition de 441 lignes VHF (Very High Frequency ; très haute fréquence, ondes métriques). Environ cent-cinquante téléviseurs, captant la définition 455 lignes d'avant-guerre, sont susceptibles de les capter, avec cependant beaucoup moins de netteté que les très rares téléviseurs allemands prévus pour capter le 441 lignes que les troupes du IIIème Reich n'ont pas emportés avec elles lors de l'évacuation de Paris en août 1944. Les douze récepteurs 441 lignes restés en août 1944 dans les chambres de l'hôtel Majestic sont transférés 15 rue Cognac-Jay et au pilier nord de la tour Eiffel comme moniteurs témoins.
* nuit du lundi 2 au mardi 3 janvier 1956 vers 3 heures du matin : un incendie au troisième étage de la tour Eiffel endommage définitivement les installations de l'émetteur historique 441 lignes Telefunken. Le dernier vestige de “Fernsehsender Paris” a disparu dans la fumée…
Les 6 000 possesseurs de téléviseurs 441 lignes ne peuvent définitivement plus recevoir d'émissions télévisées.
Voilà, vous serez maintenant incollable (ou presque) sur l'histoire des débuts de la télévision française… ;)
Roger le Cantalien.
Beaucoup de gens ignorent que durant l'Occupation allemande, l'époque a été en France très favorable à l'épanouissement de la télévision.
Mais pour bien comprendre à quel point, je dois commencer mon récit avant la Seconde guerre mondiale, avec les tous débuts de la télévision française, sous l'aile protectrice bienveillante du ministère des PTT. Et pour votre culture personnelle je continue un peu cette histoire jusqu'au 3 janvier 1956 avec la fin tragique de l'émetteur historique allemand 441 lignes Telefunken, dernier vestige de “Fernsehsender Paris” qui a disparu dans la fumée…
Voici quelques dates importantes des débuts de la télévision en France.
Jeudi 5 décembre 1929 : Jean Barthélemy, âgé de six ans, alors qu'il jouait dans le jardin du pavillon familial, situé 1 rue du Plateau à Fontenay-aux-Roses (Seine), est appelé par son père René Barthélemy, ingénieur responsable du laboratoire radioélectrique de la CDC (Compagnie Des Compteurs), pour venir dans son laboratoire personnel installé dans la chambre d'amis. Sur l'écran minuscule d'une machine imposante Jean Barthélemy put distinguer un visage : celui de Marius Lamblot, l'assistant de son père, transmis en direct depuis le laboratoire de la CDC à Montrouge avec une définition de 30 lignes. Jean Barthélemy fut sans doute le premier “téléspectateur” [le mot ne sera officialisé qu'à partir de 1950] français non professionnel.
Vendredi 26 avril 1935 : Georges Mandel, ministre des PTT, préside entre 20H15 et 20H30 la première émission officielle de la télévision française depuis le studio du ministère des PTT 103 rue de Grenelle. Anne-Marie Bolchesi (dite Béatrice Bretty), au titre de comédienne (et non au titre de maîtresse de Georges Mandel), parle devant la caméra en direct durant dix minutes. Elle évoque un récent voyage de la Comédie française en Italie. La définition des images est de 60 lignes. Le programme filmé en direct depuis le studio de la rue de Grenelle est acheminé par un câble téléphonique long de 2 500 mètres jusqu'à un émetteur situé au pilier Nord de la tour Eiffel, de là un autre câble relie le pilier Nord à l'antenne émettrice situé au sommet de la tour à 320 mètres de hauteur.
Vendredi 15 octobre 1937 : le Président de la République française Albert Lebrun vient assister à une séance de télévision à l'exposition universelle de Paris. Lorsqu'on lui propose de le télé-visionner à son tour il se récuse avec le sourire en promettant de faire mieux la prochaine fois. Albert Lebrun a ainsi laissé passer l'occasion d'être le premier chef de l'état au monde à être interviewé par la télévision ...
* Samedi 2 septembre 1939 au soir : les téléspectateurs parisiens qui ont la chance d'avoir un "radio-viseur" ne se doutent pas qu'ils regardent pour la dernière fois une émission de la télévision française, en noir et blanc, avec une définition de 455 lignes. Combien étaient-ils ? Difficile de le savoir puisqu'il n'y avait pas encore de redevance (c'est la loi du 30 juillet 1949 qui instaurera la redevance télévisuelle en France, avec application à compter du 1er janvier 1950). On peut seulement estimer à environ deux à trois cents le nombre de récepteurs de télévision alors en service.
* Dimanche 3 septembre 1939 à 17 heures : la France déclare la guerre à l'Allemagne, suite à l'agression de la Pologne par le troisième Reich. Le poste de télévision "Paris-PTT-Vision" doit, sur ordre des autorités militaires, qui prennent le contrôle de l’émetteur de la tour Eiffel, cesser ses émissions.
* Mercredi 12 juin 1940 : l'émetteur 455 lignes de la tour Eiffel est définitivement saboté par l'armée française, deux jours avant l'entrée des troupes allemandes à Paris.
* Mercredi 8 juillet 1942 : des techniciens allemands commencent à réparer l'émetteur de la tour Eiffel saboté par les Français le 12 juin 1940. Ils l'équipent avec du matériel 441 lignes provenant de l'ancienne station de Berlin, qui a cessé d'émettre le 25 août 1939.
Pourquoi les Allemands décident-ils de remettre en fonctionnement un émetteur de télévision à Paris, alors que celui de Berlin reste toujours hors service ? Eh bien, c'est une des conséquences indirectes de l'opération "Barberousse" (Barbarossa) : l'assaut, à compter du dimanche 22 juin 1941 de l'Union Soviétique par la Wehrmacht. Si l'avancée des troupes allemandes en Russie Soviétique fut très rapide jusqu'au début décembre 1941 (où elles sont arrivées à moins de vingt kilomètres de Moscou), l'hiver 1941-1942, puis le printemps 1942 furent très rudes pour les soldats allemands qui ont dû combattre à la fois la rudesse du "général hiver" et les coups de main des partisans soviétiques qui s'étaient ressaisis.
Il y eut alors de nombreux soldats allemands blessés. De peur qu'ils ne démoralisent la population, les trains sanitaires spéciaux les transportèrent directement du front russe à Paris, en traversant rapidement l'Allemagne de nuit sans s'arrêter, où ils furent soignés dans des hôpitaux civils dont une grande partie des salles avaient été réquisitionnées par l'armée allemande. Après deux ou trois semaines de convalescence à Paris, ces soldats de la Wehrmacht étaient enfin autorisés à aller voir leurs proches en Allemagne. Leurs témoignages sur la dureté du front soviétique étaient de ce fait largement édulcorés…
C'est alors que Kurt Hinzmann, jeune officier allemand, soumet en juin 1942 aux autorités militaires de Berlin l'idée de remettre en état l'émetteur de la télévision de la tour Eiffel pour distraire les soldats allemands convalescents dans les hôpitaux parisiens. Son idée leur plut bien, et elles lui donnèrent tous les moyens humains, financiers, et techniques pour réaliser à bien son projet.
* mercredi 8 juillet 1942 : des techniciens allemands commencent à réparer l'émetteur télévision de la tour Eiffel saboté par les Français le 12 juin 1940. Ils l'équipent avec du matériel Telefunken 441 lignes provenant de l'ancienne station de Berlin, qui a cessé d'émettre le 25 août 1939.
* Lundi 13 juillet 1942 : des opératrices anglaises de la station radar de Beachy Head dans la côte du Sussex captent sur la fréquence de 46 Mégahertz d'étranges signaux qui n'entrent pas dans le spectre habituel des émissions radio ou radar. Les relevés radio-goniométriques indiquent que la source de ces émissions mystérieuses est Paris. Craignant une nouvelle invention diabolique de la part des Allemands cette base envoie des photographies de ces mystérieux spectres hertziens au Quartier Général des transmissions de la Royal Air Force. Une semaine plus tard George Kelsey, ancien technicien radio ayant travaillé avant-guerre sur la réception d'images télévisées de la BBC, décode qu'il s'agit de signaux de télévisions. Une équipe part à Beachy Head muni d'un téléviseur britannique d'avant-guerre captant les programmes sur 405 lignes (norme britannique). Là, ils bricolent une antenne géante de 31,50 mètres de haut et bidouillent leur récepteur pour le transformer à la norme 441 lignes. Enfin, le 25 juillet 1942 une image, sans son, apparaît sur leur téléviseur : la tour Eiffel avec une inscription en allemand “Fernsehsender Paris” (télévision de Paris). Jusqu'à la Libération de Paris les services secrets britanniques seront sans doute les téléspectateurs les plus attentifs de cette station de télévision parisienne. Jamais les Anglais ne révèleront si ces programmes télévisés leur ont apporté des informations précieuses pour eux, et de quelle nature ? Bien entendu les Allemands n'imagineront jamais que leurs programmes télévisés sont captés en Angleterre !...
* Lundi 17 août 1942 : les techniciens allemands ont entièrement remis en état la station de télévision de la tour Eiffel, qui émet sur 441 lignes. L'administration et les studios “ Fernsehsender Paris ” sont situés au 12 cité Martignac (Paris 7ème). Seule la mire fixe représentant la tour Eiffel est diffusée, généralement en fin d'après-midi et en début de soirée, avec le son de radio-Berlin.
* Vendredi 7 mai 1943 : “Fernsehsender Paris” commence à diffuser des programmes télévisés expérimentaux pendant deux heures par jour (de 19H00 à 21H00) depuis les studios minuscules du 12 cité Martignac (Paris 7ème). La ritournelle de début et de fin des programmes est celle de la chanson “Sur le pont d'Avignon” interprétée par la fanfare de Pierre Cadel. Deux caméras électroniques assurent les prises de vue en direct.
* Samedi 17 juillet 1943 : les autorités allemandes font réquisitionner les locaux des 13 et 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème).
* Mercredi 28 juillet 1943 : tout le personnel administratif et technique de “Fernsehsender Paris” déménage du 12 cité Martignac pour l'ancien cabaret “Magic-City” 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème). Leurs deux lignes téléphoniques sont INValide 08-86 et INValide 08-89.
* Jeudi 30 septembre 1943 : inauguration officielle de “Fernsehsender Paris” . Désormais la station émet huit heures par jours, puis douze heures à partir de janvier 1944. En fait entre deux programmes réellement télévisés la station diffusait la mire à la tour Eiffel (de 12h00 à 14h15, puis de 17h00 à 19h00, puis enfin de 22h00 à 24h00) en reprenant le son de radio-Berlin. Ces programmes sont principalement destinés aux soldats allemands en convalescence dans des hôpitaux parisiens. Pour eux on a fait venir d'Allemagne environ 250 téléviseurs d'avant-guerre captant parfaitement le 441 lignes. Douze autres téléviseurs 441 lignes sont également installés dans des chambres de l'hôtel Majestic pour des officiers supérieurs allemands. Quelques 150 autres téléviseurs français réquisitionnés, prévus pour le 455 lignes d'avant-guerre, peuvent également capter les programmes, mais dans de moins bonnes conditions techniques. Ces émissions quotidiennes dureront jusqu'au 12 août 1944 à 23H30.
* première quinzaine d'août 1944 : au fur et à mesure qu'elles évacuent Paris les troupes allemandes emportent avec elles la quasi-totalité des 250 téléviseurs 441 lignes équipant les hôpitaux parisiens. En revanche, les douze téléviseurs 441 lignes des chambres de l'hôtel Majestic resteront bien sur place.
* samedi 12 août 1944 à 23H30 (21H30 Temps Universel) : “Fernsehsender Paris” interrompt définitivement ses émissions.
* jeudi 17 août 1944 : Kurt Hinzmann, le responsable allemand de “Fernsehsender Paris” reçoit du Haut Commandement militaire allemand de Paris l'ordre de faire immédiatement sauter l'émetteur télévision de la tour Eiffel. Kurt Hinzmann refusera d'obéir à cet ordre, qu'il juge stupide et inutile pour retarder l'avance des Alliés sur Paris. Grâce à ce geste chevaleresque la France pourra reprendre ses programmes télévisés dès le 24 mars 1945, et de ce fait devenir jusqu'en juillet 1962 (et les premières images télévisées en direct depuis les États-Unis par satellite avec Telstar 1) la télévision dominante d'Europe.
* samedi 19 août 1944 à 07H50 du matin : Kurt Hinzmann et cinq autres Allemands travaillant à “Fernsehsender Paris” quittent discrètement Paris pour Saint-Dié (Vosges).
* Samedi 24 mars 1945 : reprise expérimentale des émissions de télévision, diffusées depuis le studio du 15 rue Cognac-Jay (Paris 7ème), depuis le pilier Nord de la tour Eiffel, avec l'émetteur allemand Telefunken de “Fernsehsender Paris” d'une définition de 441 lignes VHF (Very High Frequency ; très haute fréquence, ondes métriques). Environ cent-cinquante téléviseurs, captant la définition 455 lignes d'avant-guerre, sont susceptibles de les capter, avec cependant beaucoup moins de netteté que les très rares téléviseurs allemands prévus pour capter le 441 lignes que les troupes du IIIème Reich n'ont pas emportés avec elles lors de l'évacuation de Paris en août 1944. Les douze récepteurs 441 lignes restés en août 1944 dans les chambres de l'hôtel Majestic sont transférés 15 rue Cognac-Jay et au pilier nord de la tour Eiffel comme moniteurs témoins.
* nuit du lundi 2 au mardi 3 janvier 1956 vers 3 heures du matin : un incendie au troisième étage de la tour Eiffel endommage définitivement les installations de l'émetteur historique 441 lignes Telefunken. Le dernier vestige de “Fernsehsender Paris” a disparu dans la fumée…
Les 6 000 possesseurs de téléviseurs 441 lignes ne peuvent définitivement plus recevoir d'émissions télévisées.
Voilà, vous serez maintenant incollable (ou presque) sur l'histoire des débuts de la télévision française… ;)
Roger le Cantalien.
roger15- Commandant
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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Date d'inscription : 04/05/2008
Re: La télévision française sous l'Occupation.
Et bien la , j'ai tout appris ! Je ne connaissais pas du tout les détails de cette station TV, je savais qu'elle avait existé, mais c'est tout. Si tu as encore pleins de choses a nous raconter dans ce style, je vais devenir un des tes lecteur les plus assidus !
Chapeau !
Chapeau !
Invité- Invité
Re: La télévision française sous l'Occupation.
roger15 a écrit:* jeudi 17 août 1944 : Kurt Hinzmann, le responsable allemand de “Fernsehsender Paris” reçoit du Haut Commandement militaire allemand de Paris l'ordre de faire immédiatement sauter l'émetteur télévision de la tour Eiffel. Kurt Hinzmann refusera d'obéir à cet ordre, qu'il juge stupide et inutile pour retarder l'avance des Alliés sur Paris. Grâce à ce geste chevaleresque la France pourra reprendre ses programmes télévisés dès le 24 mars 1945, et de ce fait devenir jusqu'en juillet 1962 (et les premières images télévisées en direct depuis les États-Unis par satellite avec Telstar 1) la télévision dominante d'Europe.
As-tu quelques renseignements de plus sur cet épisode. J'ai vu il y à pas mal d'années un téléfilm sur cela, mais j'avoue avoir oublié pas mal de détails.
Narduccio- Général (Administrateur)
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Date d'inscription : 05/10/2006
Re: La télévision française sous l'Occupation.
Formidable, Roger15, thank you for this.
Eddy
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eddy marz- Membre légendaire
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Date d'inscription : 24/03/2008
Re: La télévision française sous l'Occupation.
Merci beaucoup pour cet article!
As-tu des exemples de programmes diffusés pendant l'occupation?
As-tu des exemples de programmes diffusés pendant l'occupation?
Vatutin- Major
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Localisation : Nantes
Date d'inscription : 27/03/2008
Re: La télévision française sous l'Occupation.
Narduccio a écrit:roger15 a écrit:* jeudi 17 août 1944 : Kurt Hinzmann, le responsable allemand de “Fernsehsender Paris” reçoit du Haut Commandement militaire allemand de Paris l'ordre de faire immédiatement sauter l'émetteur télévision de la tour Eiffel. Kurt Hinzmann refusera d'obéir à cet ordre, qu'il juge stupide et inutile pour retarder l'avance des Alliés sur Paris. Grâce à ce geste chevaleresque la France pourra reprendre ses programmes télévisés dès le 24 mars 1945, et de ce fait devenir jusqu'en juillet 1962 (et les premières images télévisées en direct depuis les États-Unis par satellite avec Telstar 1) la télévision dominante d'Europe.
As-tu quelques renseignements de plus sur cet épisode. J'ai vu il y à pas mal d'années un téléfilm sur cela, mais j'avoue avoir oublié pas mal de détails.
Bonsoir Narduccio,
L'ouvrage "Chronique de la télévision" (éditions "Chronique" 1996) indique à la page 17 :
« Dernières heures de Fernsehsender. Paris, 17 août 1944. Dans son appartement de l'avenue Montaigne, Kurt Hinzmann sait déjà qu'il n'obéira pas à l'ordre qu'il vient de recevoir par téléphone : faire sauter l'émetteur de la Tour Eiffel, un ordre absurde qui peut détériorer l'édifice. Fernsehsender n'émet plus depuis le 12 août. Paris est au bord de l'insurection. Les artificiers allemands sont partis. Hinzmann n'a plus que deux choses à faire, préparer son départ, prévu pour le lendemain, avec l'équipe allemande du studio, et remettre celui-ci intact à ses collaborateurs français. C'est la fin d'une étonnante expérience. »
Roger le Cantalien.
roger15- Commandant
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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Date d'inscription : 04/05/2008
Re: La télévision française sous l'Occupation.
Vatutin a écrit:Merci beaucoup pour cet article!
As-tu des exemples de programmes diffusés pendant l'occupation?
Bonsoir Vatutin,
Outre l'ouvrage "Chronique de la télévision" dont je viens juste de parler, mon autre source pour rédiger mon sujet (sur laquelle hélas je n'arrive plus à remettre la main !…) a été l'ouvrage "Cognac Jay 1940 la télévision française sous l'occupation" de Thierry Kubler et Emmanuel Lemieux (éditions Plume, 1990). Voir un compte rendu de ce livre sur le lien suivant : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1991_num_9_49_1882
Dès que j'aurai remis la main sur ce livre, je t'indiquerais des exemples d'émissions diffusées (toutes en direct, le magnétoscope n'existant pas encore). C'était surtout des émissions de variétés, il me semble me souvenir qu'un jeune enfant du nom de Jean-Philippe Léo Smet a participé à l'une d'elles (mais oui !… c'était le futur Johnny Hallyday….). Dès que je remets la main sur ce livre, je te raconte cet épisode…
Roger le Cantalien.
roger15- Commandant
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Date d'inscription : 04/05/2008
Re: La télévision française sous l'Occupation.
Bonjour Vaturin, bonjour à toutes, et bonjour à tous,
Voilà, j'ai retrouvé l'ouvrage "Cognac Jay 1940 - La télévision française sous l'occupation" de Thierry Kubler et Emmanuel Lemieux (éditions Plume, septembre 1990).
Aux pages 222 et 223 (en fin d'ouvrage) sont indiqués, en annexe, les programmes de Fernsehsender Paris pour la semaine du dimanche 23 au samedi 29 janvier 1944. J'en extrais les trois premiers jours :
Dimanche 23 janvier 1944 :
* 12h00 - 15h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 15h00 : Actualités, "le Jockey"
* 15h15 : Informations de la semaine
* 15h30 - 17h00 : Film, "Le faux monnayeur"
* 17h00 : Actualités, "histoire des salles d'armes allemandes"
* 20h15 : Film, "La violette de la place de Potsdam"
* 21h45 : Informations de la semaine
* 22h00 - 00h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
Lundi 24 janvier 1944 :
* 12h00 - 15h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 15h00 : Actualités, "les bébés d'animaux à la ferme"
* 15h15 : Informations
* 15h30 - 17h00 : Téléfilm, "Que veut Brigitte ?"
* 17h00 - 20h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 20h00 : Informations
* 20h30 - 21h00 : Direct, "les étoiles brillent"
* 21h00 - 22h16 : Téléfim, "Allô Janine"
* 22h16 - 00h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
Mardi 25 janvier 1944 :
* 12h00 - 15h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 15h00 : Emission en direct, "le Sport des pompiers"
* 16h00 : Actualités
* 16h15 : Court métrage, "la pension Elise Nettebohm"
* 16h30 : "Entre 4 yeux"
* 16h45 : "Mélodie de la Forêt Noire"
* 17h00 - 20h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 20h00 : Actualités "le pays viticole allemand"
* 20h15 : Actualités
* 20h30 : Emission en direct " le Vieux Monsieur jaloux"
* 21h00 - 22h15 : Téléfim, "les Femmes ne sont pas des anges"
* 22h15 - 00h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
Je n'ai, hélas, pas retrouvé le passage où Johnny Halliday avait participé à une émission de variété de Fernsehsender Paris, j'ai dû lire cela dans un autre ouvrage…
En revanche, et là je trouve que c'est un passage très émouvant, je ne résiste pas à l'envie de vous retranscrire l'analyse de l'étroit respect complice qui unissait les Allemands et les Français qui travaillaient à Fernsehsender Paris, cela est indiqué aux pages 164 et 165 :
« Côté production, les responsables allemands ne sont pas en reste d'arrangements vis-à-vis de leurs collaborateurs français. S'il signe, les yeux fermés, les certificats que lui présente Suzanne Bridoux, Kurt Hinzmann est capable de s'engager plus loin encore. "J'étais alors assez impétueux" confie, ému, André Roux, technicien dans les studios de Cognac-Jay, "lors d'un contrôle de routine, je me suis fâché dans la rue avec des soldats allemands, et j'ai frappé l'un d'eux. Ils m'ont emmené à la Kommandantur et j'allais passer un sale quart d'heure lorsque j'ai réussi à les convaincre d'appeler le Sönderfürer de Fernsehsender Paris. Kurt Hinzmann est arrivé très rapidement. Il a tempêté, menacé d'appeler ses amis aux Majestic, le Q.G. des forces allemandes de la capitale, et, très impressionnés, les miltaires m'ont laissé repartir avec lui."
Une attitude étrange et dangereuse pour un homme qui a toujours été soucieux de préserver une certaine marge de sécurité dans toutes ses actions. Aujourd'hui, Kurt Hinzmann invoque son amour -réel - de la France pour expliquer les risques pris lorsqu'il état directeur de la télévision. Une seconde raison, plus prosaïque, explique les risques qu'accepte de courir Hinzmann : la télévision est sa chose, mais aussi le paravent qui le protège contre le blizzard qui souffle sur le front russe.
" Nous bichonnions le matériel, se souvient André Roux, il était relativement fiable, mais je n'ai jamais vu des machines tant entourées d'amour. Nous savions bien que si elles tombaient en panne et que nous ne pouvions réparer, cela signifiait l'arrêt de la télévision, et par là même celui de notre emploi…" ».
Fernsehsender Paris disposait de quatre caméras : deux caméras de reportage de la Telefunken en film 35 mm (qui auraient dû servir pour les jeux olympiques d'Helsinki l'été 1940) pour tourner des reportages en extérieur, mais surtout deux caméras électroniques à iconoscope pour les émissions en direct. Si l'une d'entre elles était tombée durablement en panne, cela aurait entraîné la fin des émissions de Fernsehsender Paris, avec deux conséquences dramatiques : pour les collaborateurs français qui y travaillaient l'envoi immédiat en Allemagne pour le "STO" (Service du travail Obligatoire) et pour le personnel allemand (y compris le directeur Kurt Hinzmann) devoir revêtir immédiatement l'uniforme et partir combattre sur le front Est, face aux troupes de l'Armée rouge…
Roger le Cantalien.
Voilà, j'ai retrouvé l'ouvrage "Cognac Jay 1940 - La télévision française sous l'occupation" de Thierry Kubler et Emmanuel Lemieux (éditions Plume, septembre 1990).
Aux pages 222 et 223 (en fin d'ouvrage) sont indiqués, en annexe, les programmes de Fernsehsender Paris pour la semaine du dimanche 23 au samedi 29 janvier 1944. J'en extrais les trois premiers jours :
Dimanche 23 janvier 1944 :
* 12h00 - 15h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 15h00 : Actualités, "le Jockey"
* 15h15 : Informations de la semaine
* 15h30 - 17h00 : Film, "Le faux monnayeur"
* 17h00 : Actualités, "histoire des salles d'armes allemandes"
* 20h15 : Film, "La violette de la place de Potsdam"
* 21h45 : Informations de la semaine
* 22h00 - 00h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
Lundi 24 janvier 1944 :
* 12h00 - 15h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 15h00 : Actualités, "les bébés d'animaux à la ferme"
* 15h15 : Informations
* 15h30 - 17h00 : Téléfilm, "Que veut Brigitte ?"
* 17h00 - 20h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 20h00 : Informations
* 20h30 - 21h00 : Direct, "les étoiles brillent"
* 21h00 - 22h16 : Téléfim, "Allô Janine"
* 22h16 - 00h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
Mardi 25 janvier 1944 :
* 12h00 - 15h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 15h00 : Emission en direct, "le Sport des pompiers"
* 16h00 : Actualités
* 16h15 : Court métrage, "la pension Elise Nettebohm"
* 16h30 : "Entre 4 yeux"
* 16h45 : "Mélodie de la Forêt Noire"
* 17h00 - 20h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
* 20h00 : Actualités "le pays viticole allemand"
* 20h15 : Actualités
* 20h30 : Emission en direct " le Vieux Monsieur jaloux"
* 21h00 - 22h15 : Téléfim, "les Femmes ne sont pas des anges"
* 22h15 - 00h00 : retransmission des programmes de Radio-Berlin
Je n'ai, hélas, pas retrouvé le passage où Johnny Halliday avait participé à une émission de variété de Fernsehsender Paris, j'ai dû lire cela dans un autre ouvrage…
En revanche, et là je trouve que c'est un passage très émouvant, je ne résiste pas à l'envie de vous retranscrire l'analyse de l'étroit respect complice qui unissait les Allemands et les Français qui travaillaient à Fernsehsender Paris, cela est indiqué aux pages 164 et 165 :
« Côté production, les responsables allemands ne sont pas en reste d'arrangements vis-à-vis de leurs collaborateurs français. S'il signe, les yeux fermés, les certificats que lui présente Suzanne Bridoux, Kurt Hinzmann est capable de s'engager plus loin encore. "J'étais alors assez impétueux" confie, ému, André Roux, technicien dans les studios de Cognac-Jay, "lors d'un contrôle de routine, je me suis fâché dans la rue avec des soldats allemands, et j'ai frappé l'un d'eux. Ils m'ont emmené à la Kommandantur et j'allais passer un sale quart d'heure lorsque j'ai réussi à les convaincre d'appeler le Sönderfürer de Fernsehsender Paris. Kurt Hinzmann est arrivé très rapidement. Il a tempêté, menacé d'appeler ses amis aux Majestic, le Q.G. des forces allemandes de la capitale, et, très impressionnés, les miltaires m'ont laissé repartir avec lui."
Une attitude étrange et dangereuse pour un homme qui a toujours été soucieux de préserver une certaine marge de sécurité dans toutes ses actions. Aujourd'hui, Kurt Hinzmann invoque son amour -réel - de la France pour expliquer les risques pris lorsqu'il état directeur de la télévision. Une seconde raison, plus prosaïque, explique les risques qu'accepte de courir Hinzmann : la télévision est sa chose, mais aussi le paravent qui le protège contre le blizzard qui souffle sur le front russe.
" Nous bichonnions le matériel, se souvient André Roux, il était relativement fiable, mais je n'ai jamais vu des machines tant entourées d'amour. Nous savions bien que si elles tombaient en panne et que nous ne pouvions réparer, cela signifiait l'arrêt de la télévision, et par là même celui de notre emploi…" ».
Fernsehsender Paris disposait de quatre caméras : deux caméras de reportage de la Telefunken en film 35 mm (qui auraient dû servir pour les jeux olympiques d'Helsinki l'été 1940) pour tourner des reportages en extérieur, mais surtout deux caméras électroniques à iconoscope pour les émissions en direct. Si l'une d'entre elles était tombée durablement en panne, cela aurait entraîné la fin des émissions de Fernsehsender Paris, avec deux conséquences dramatiques : pour les collaborateurs français qui y travaillaient l'envoi immédiat en Allemagne pour le "STO" (Service du travail Obligatoire) et pour le personnel allemand (y compris le directeur Kurt Hinzmann) devoir revêtir immédiatement l'uniforme et partir combattre sur le front Est, face aux troupes de l'Armée rouge…
Roger le Cantalien.
roger15- Commandant
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Date d'inscription : 04/05/2008
Re: La télévision française sous l'Occupation.
Désolé de faire remonter un fil vieux de plus d'un an, mais c'est un sujet tellement interessant...
D'abord, il faut préciser que la télévision allemande était la seule à emettre pendant la durée de la Guerre. La station de télévision de la BBC a stopé la diffusion de ses programmes deux jours avant la déclaration de la guerre. Avant la guerre, la télévision française était malheureusement beaucoup moins développée que la BBC ou la télévision allemande, qui elles faisaient beaucoup plus d'heures d'émission, et des directs depuis l'exterieur, comme le couronnement de George VI en 1937, le tournoi de Wimbledon, ou les Jeux Olympiques de Berlin en 1936, et des programmes de Music-Hall (alors que Radio-PTT-Vision ne diffusait que des programmes en intérieur, le plus souvent des causeries pas très divertissantes, ou du "télécinéma", le soir à 20h.25, entre 1937 et 1939.) Voici le dernier programme télédiffusé sur les ondes anglaises le 1er septembre 1939. Sans doute très différent des programmes français! La télévision anglaise rouvrira avec ce même dessin animé en juin 1946.
Pourquoi la BBC était mieux que Radio-PTT-Vision? C'est grâce à des programmes intéressants et variés que la télévision britannique se developpa plus que la télévision française. Par exemple on pouvait voir le magazine Picture Page, premier talk-show du monde, qui dura de 1936 à 1952 avec la première star de la télévision Joan Miller, ou encore, une série policière, Telecrime! C'est pourquoi, alors qu'il n'y avait qu'une petite centaine de poste recepteur de télévision en France en 1939, il y en avait déjà 20.000 à Londres! Voici une illustration d'un journal de février 1939.
D'après les programmes fournis par Roger, en 1944 la télévision allemande de Paris diffusait les grands succès du cinéma allemand. "Allo Janine" est un immense succès de 1936, une comédie musicale qui fera un gros succès à Paris au début de l'Occupation. En 1944, seule les studios de Paris peuvent emettre. En effet, un bombardement en novembre 1943 detruisit l'antenne et l'emetteur des studios berlinois de la "Fernsehsender Paul Nipkow".
Et pour illustrer, voici un extrait de ce poste de télévision, en 441 lignes (c'est pour cela que ça semble moins net que du cinéma), diffusé depuis Berlin en 1942/1943. On pourra voir la chanteuse Ilse Werner, très connue, chanter. Puis, des programmes de la télévisions nazie entre 1936 et 1944.
D'abord, il faut préciser que la télévision allemande était la seule à emettre pendant la durée de la Guerre. La station de télévision de la BBC a stopé la diffusion de ses programmes deux jours avant la déclaration de la guerre. Avant la guerre, la télévision française était malheureusement beaucoup moins développée que la BBC ou la télévision allemande, qui elles faisaient beaucoup plus d'heures d'émission, et des directs depuis l'exterieur, comme le couronnement de George VI en 1937, le tournoi de Wimbledon, ou les Jeux Olympiques de Berlin en 1936, et des programmes de Music-Hall (alors que Radio-PTT-Vision ne diffusait que des programmes en intérieur, le plus souvent des causeries pas très divertissantes, ou du "télécinéma", le soir à 20h.25, entre 1937 et 1939.) Voici le dernier programme télédiffusé sur les ondes anglaises le 1er septembre 1939. Sans doute très différent des programmes français! La télévision anglaise rouvrira avec ce même dessin animé en juin 1946.
Pourquoi la BBC était mieux que Radio-PTT-Vision? C'est grâce à des programmes intéressants et variés que la télévision britannique se developpa plus que la télévision française. Par exemple on pouvait voir le magazine Picture Page, premier talk-show du monde, qui dura de 1936 à 1952 avec la première star de la télévision Joan Miller, ou encore, une série policière, Telecrime! C'est pourquoi, alors qu'il n'y avait qu'une petite centaine de poste recepteur de télévision en France en 1939, il y en avait déjà 20.000 à Londres! Voici une illustration d'un journal de février 1939.
D'après les programmes fournis par Roger, en 1944 la télévision allemande de Paris diffusait les grands succès du cinéma allemand. "Allo Janine" est un immense succès de 1936, une comédie musicale qui fera un gros succès à Paris au début de l'Occupation. En 1944, seule les studios de Paris peuvent emettre. En effet, un bombardement en novembre 1943 detruisit l'antenne et l'emetteur des studios berlinois de la "Fernsehsender Paul Nipkow".
Et pour illustrer, voici un extrait de ce poste de télévision, en 441 lignes (c'est pour cela que ça semble moins net que du cinéma), diffusé depuis Berlin en 1942/1943. On pourra voir la chanteuse Ilse Werner, très connue, chanter. Puis, des programmes de la télévisions nazie entre 1936 et 1944.
david885- Adjudant
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Date d'inscription : 23/12/2008
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