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témoignage d'un soldat français du commando n°177

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Message  45380 10/2/2009, 21:44

Ce camp était bien plus strict que l'on put imaginer: pas de permissions, pas de courrier, aucun contact avec l'extérieur.Nous n'étions déjà plus en Angleterre.
Cela nous avit plu, car c'était le but vers lequel nous tendions tous depuis nquelques mois, depuis plusieurs années pour certains.
Dès le lendemain, commença une longue instruction.Dans les tentes où se déroulait le "briefing", des plans en relief représantant des plages, des villes, la campagne étaient dressées.Chaque jour, de nouvelles photographies communiquées par la RAF étaient apportées.Tel blockhaus n'existait plus, tel autre était endommagé, tel autre se construisait.
"Tu as bien compris?répétait le commandant Kieffer au sergent Coste.Ta barge de débarquement échoue là, juste à côté de ce point que tu vois sur cette photo.Ce sont des chevaux de frise, donc oblique un peu sur ta droite pour traverser la plage..."
Et plus tard:
"La grand rue qui conduit au port n'est pas plane.Sa partie droite est en contrebas, donc en rampant dans le ruisseau vous devez être à couvert des armes automatiques de ce petit blockhaus..."
Chauqe jour, de nouveaux documents photographiques remettaient tout en question mais, peu à peu, nous nous imprégnons de cette topographie anonyme qui figurerait notre but et deviendrait, pour certain, le point final.
Le soir, l'un des sujets de conversation était naturellement le lieu du débarquement.Les pessimistes disaient d'un air pénétré:
"C'est en Belgique ou en Hollande!"
Nous les bretons, nous souhaitions vivre une opération en tenaille "Saint-Malo- Saint Nazaire", avec la jonction à Rennes.
Nous ne réalisions pas, jeunes chiens que nous étions, tout le cortège de destructions, de misères et de deuils qui allaient inévitablement accompagner une telle opération.
Tous ceux d'entre nous qui étions nés ou avions vécu au bord de mer, cherchions dans nos mémoires à reconnaitre un port, une plage.
Espéraient-ils ou craignaient-ils le hasard qui les ferait revenir si bruyamment chez eux?
Ils savaient que le débarquement c'était la mort, mais revoir son village avant les autres villages!
D'une tente voisine, la nouvelle se propagea: des Normands avaient reconnu les lieux, et le grand plan en relief de la salle de conférence suspend son anonymat.Tout devint plus terriblement proche de nous.Leport c'est Ouistreham; le grand blockhaus, l'ancien casino; le point de débarquement La Brèche, près de Riva Bella, quels noms prédestinés!
Guy de Montlaur exulte.Ce casino lui a coûté cher avant la guerre.Il ne lui déplaira pas demain d'y casser quelques vitres, du moins symboliquement, car de la bâtisse style rococo qui abritait les beaux jours de l'avant-guerre, il ne reste rien et, à sa place, se dresse maintenantun monstre de béton percé d'ouvertures meutrières.
La nouvelle court, galope...et les angalis s'affolent car même le brigadier général Lord Lovat, qui commande la 1ère Special Brigade, à laquelle nous sommes rattachés, ignore les véritables noms qui devraient figurer sur les cartes.
"Messieurs, par suite de circonstances, vous connaissez le lieu du débarquement.Soyez discrets, n'en parlez à personne.Ne me dites rien:je ne veux pas le copnnaître."
Notre général ne sait rien.Il ne veut pas savoir.(En réalité, lord Lovat connaissait les noms exacts de débarquement, mais il feignait de les ignorer, par souci de prudence.)Les Anglais n'ont décidément pas fini de nous étonner.[...]
La vie du camp est calme.Nous nous livrons à de longues parties de poker;le pier de lord Lovat joue interminablement de son instrument; culture physique, repos, conférences.
Nous avons déjà quitté la civilisation.L'aventure commence dans un engourdissement étrange.Nous sommes séparés des vivants et cela pourrait durer l'éternité si un matin, le 5 juin...
Nous sommes plusieurs milliers autour de lord Lovat.Il parle longuement en anglais.Cela veut dire:"On y va!", puis il conclut:"A mes camarades français, je ne dirai qu'un seul mot:Courage, demain matin on les aura, les Boches!(en français)"
Ca au moins nous avons tous compris.

source:
Gwenn-aël Bolloré, dit Bollinger.
Commando de la France Libre, 6 juin 1944
Editions du Cherche-midi, Paris, 1983


tiré du livre:
6 juin 1944 Le débarquement en Normandie
découvertes Gallimard Histoire

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