Les fallschirmjager en Crête

Dans la nuit, il a désigné quelques hommes pour aller chercher de l’eau. En vain : une fois franchis les cordons de Néo-Zélandais, sa patrouille est tombée sur une bande de Crétois en civil et armés.
- Ils ont essayé de se faire passer pour des Italiens prisonniers évadés, raconte Schmidt. Quand on s’est approchés, ils nous ont sauté dessus avec des haches et des couteaux. Des fous je vous dis !
- Quand je pense qu’en Grèce, le major Maeck, des services de renseignement, nous avait assuré de la sympathie des populations !

C’est le 19 juillet seulement, lorsque le Führer remettra en personne les décorations décernées pour l’opération Mercure qu’il laissera tomber, comme un couperet, cette phrase terrible pour Student :
- L’affaire de Crète a prouvé que l’ère des parachutistes est dépassée. Ce n’est qu’une arme surprise et le facteur surprise n’existe plus…
Ce que Student ignore, c’est que Hitler n’a pas pris cette décision raisonnablement : c’est le résultat d’une cabale. Les services de l’approvisionnement du IIIe Reich, sans s’appesantir sur le nombre de blessés et de morts – qui aurait pu plaider la cause de la poursuite de “Mercure” – ont surtout “pleuré” la perte du matériel : deux cents beaux avions détruits !
Pour Hitler, c’est rédhibitoire. Au point que lui qui, dès le début de l’opération “Barbarossa” (l’ivasion de l’URSS) avait envisagé l’utilisation de parachutistes pour détruire les fragiles communications ferroviaires de l’ennemi, d’opposera désormais à toute tentative de ce genre.
La Crète, finalement, n’aura servi à rien.
A rien ?
Quelqu’un le lui ayant fait remarquer, Student hocha la tête et, avec un sourire amer :
- A rien ? Ce n’est pas exact. Pour nos adversaires, l’opération “Mercure” a apporté la révélation soudaine du “concept” aéroporté. Ils l’ont analysé, en ont tiré les conclusions logiques… Avec leur esprit méthodique, ils ont édifié une organisation grandiose, qui, dans les deux années de la fin de la guerre, a fini par nous donner bien du fil à retordre…
- En somme, la Crète a d’abord servi… les autres ?
- Oui. Nous avons finalement été battus par une de nos propres armes, la plus efficace ! Quelle leçon du sort !