Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
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bandofbrother
Phil642
ze-pole
von cooken
roger15
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Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Bonjour à toutes et bonjour à tous,

Il y a soixante-dix ans aujourd'hui, dans la nuit du jeudi 31 août au vendredi 1er septembre 1939, à la rédaction et à l'imprimerie du "Matin", comme dans toutes les rédactions des quotidiens parisiens et des grands quotidiens régionaux, tout le monde était sur le pont pour sortir les deux grandes éditions du jour pour les quotidiens paraissant le matin : l'édition de minuit destinée aux abonnés de la province et l'édition de cinq heures du matin pour la vente en kiosque à Paris et en banlieue.
Le quotidien "Le Matin" allait sortir ce vendredi 1er septembre 1939 son numéro 20.249 (son premier numéro était paru le samedi 17 juin 1882 ; son dernier numéro, le n° 21.871, paraîtra le jeudi 17 août 1944) son siège social était situé à l'angle du boulevard et du faubourg Poissonnière (Paris 9ème), son numéro de téléphone était PROvence 1501 (8 lignes groupées), CCP Paris 18.51.
En principe, l'édition de cinq heures reprenait tout ce qui était paru dans l'édition de minuit en y ajoutant en dernière page les informations tombées entre minuit et quatre heures du matin. Ce n'était qu'en cas d'événement très important que la "une" mentionnait une information parue en deuxième partie de nuit...
Et dans cette nuit (aujourd'hui nous savons qu'elle serait "historique", mais à l'époque nul ne le savait...) l'édition de minuit du matin ne laissait rien paraître de très inquiétant dans la situation internationale. Jugez-en plutôt :
La "une" du "Matin" du vendredi 1er septembre 1939 : « L'Allemagne fait connaître ses revendications - Retour immédiat de Dantzig au Reich - Dans le corridor plébiscite au bout d'un an analogue à celui qui eut lieu en Sarre ». Bref, rien de très alarmant...
(voir : [url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k586438w.pleinepage.f1.langFR]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k586438w.pleinepage.f1.langFR[/url]])
Notre préposé aux dépêches somnolait donc lorsque d'autres dépêches de l'agence Havas (l'ancêtre de l'Agence France Presse - AFP) tombèrent entre minuit et quatre heures du matin.
Ainsi une dépêche datée de 01h05 concernait des incidents frontaliers entre l'Allemagne et la Pologne : « Hier, à 23 heures, une patrouille allemande pénétra sur le territoire polonais, près de Walentynowa et attaqua à coup de mitrailleuses des gardes-frontières polonais qui ripostèrent. Les Allemands regagnèrent le territoire allemand. Hier soir également, à 23h50, des grenades furent lancées du territoire allemand et plusieurs salves furent tirées sur une usine de Lignoza, en territoire polonais, près de la localité de Krywalt. Un détachement de gardes polonais riposta à coup de mitrailleuses. »
Ces dépêches, jugées peu importantes, furent consignées en page 3. Bref, vraiment une nuit sans importance...
Ce n'est qu'à 05h45, donc trop tard pour paraître dans le numéro daté du 1er septembre qu'une dépêche de l'agence Havas fera connaître enfin l'importance des événements de la nuit :
« Berlin, 1er septembre. Le commandement en chef de l'armée allemande communique : "Sur l'ordre du Führer, et commandant suprême, la force armée a assumé la protection active du Reich. Afin d'arrêter la violence de la Pologne, les troupes de l'armée allemande sont passées sur toutes les frontières germano-polonaise à la contre-attaque. En même temps, des escadrilles de l'armée aérienne ont pris l'air pour combattre des objectifs militaires en Pologne. La marine de guerre a assuré la protection de la Baltique" ».
Autrement dit : offensive généralisée des armées allemandes contre la Pologne !...
La Seconde guerre mondiale venait de commencer.
La "une" du numéro du "Matin" du samedi 2 septembre 1939 montrera la gravité de l'événement de la nuit du 31 août au 1er septembre : « Les troupes allemandes attaquent la Pologne - Mobilisation générale en France aujourd'hui 2 septembre - l'empire britannique mobilise à son tour »
(voir : [url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5864398.pleinepage.langFR]page.langFR]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5864398.pleinepage.langFR[/url[/url]])
Ensuite, la "une" du dimanche 3 septembre 1939 : « Le Parlement unanime aux côtés de M. Daladier »
(voir : [url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5864406.pleinepage.langFR]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5864406.pleinepage.langFR[/url])
Enfin, la triste "une" du lundi 4 septembre 1939 : « L'Angleterre et la France entrent en guerre contre l'Allemagne - L'ultimatum anglais expirait hier à 11 heures et l'ultimatum français à 17 heures - Les deux puissances demandaient au Reich l'évacuation immédiate de la Pologne »
(voir : [url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k586441k.pleinepage.f1.langFR]http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k586441k.pleinepage.f1.langFR[/url[/url]])
Oui, cette nuit du jeudi 31 août au 1er septembre 1939 était vraiment "historique", mais le public ne l'apprendra par la radio que dans la matinée, et dans les journaux le lendemain...
Roger le Cantalien.

roger15- Commandant
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Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Merci pour votre text , c'est une date historique au meme titre que le 6 Juin et le 8 Mai !
von cooken- Général de Brigade
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Date d'inscription : 01/10/2008
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Merci von Cooken, 
Ton message me fait bien plaisir car il prouve qu'au moins une personne sur ce forum a apprécié ce "topic"...
Roger le Cantalien.

Ton message me fait bien plaisir car il prouve qu'au moins une personne sur ce forum a apprécié ce "topic"...

Roger le Cantalien.

roger15- Commandant
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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Date d'inscription : 04/05/2008
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
roger15 a écrit:Merci von Cooken,
Ton message me fait bien plaisir car il prouve qu'au moins une personne sur ce forum a apprécié ce "topic"...![]()
Roger le Cantalien.![]()
On sera deux...
Date anniversaire majeure s'il en est...
Ze-Pole
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Quelqu'un a regardé les commémos en Pologne?
L'attitude la Russie est vraiment "Rétrograd" devant toutes les évidences ...
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Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
je trouve il est vrai dans les médias en général, et c'est bien dommage, que cette date ne figure pas assez. Heureusement que des passionnés comme vous et moi travaillent dans le sens de rien oublier. 

Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Phil642 a écrit:Quelqu'un a regardé les commémos en Pologne?
L'attitude la Russie est vraiment "Rétrograd" devant toutes les évidences ...
Ha ça !! Poutine est un grand diplomate !!!!!


Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Bonjour Roger,
Merci beaucoup pour cet article. J'imagine mal la tête qu'a du faire le préposé aux depeches quand l'annonce est tombée. Que s'est-il passé alors ? Les Français ne l'ont su (du moins par les journeaux) que le lendemain ou y'a-til eu une edition speciale ?
Ivy
Merci beaucoup pour cet article. J'imagine mal la tête qu'a du faire le préposé aux depeches quand l'annonce est tombée. Que s'est-il passé alors ? Les Français ne l'ont su (du moins par les journeaux) que le lendemain ou y'a-til eu une edition speciale ?
Ivy
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Ivy mike- Général (Administrateur)
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Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Bonjour Ivy Mike,
Il est évident que la première dépêche Havas de 05h45 annonçant depuis Berlin l'invasion de la Pologne par l'armée allemande a été suivie par de nombreuses autres donnant le point de vue polonais puis de toutes les capitales du monde.
La TSF a bien entendu donné cette nouvelle dans les premiers bulletins d'information : ainsi à 06h30, puis 08h30 et 12h45 sur "Paris PTT" (431,7 mètres petites ondes - 695 kilocycles).
Mais dès 10h30 paraissait "Paris-Midi", puis dès 12 heures "Paris-Soir" (l'ancêtre de "France-Soir"), et enfin dès 16 heures "Le Temps" (l'ancêtre du "Monde").
Je ne pense pas qu'il y ait eu d'éditions spéciales pour le 1er septembre, en revanche il y en a eu le dimanche 3 septembre 1939 en début puis en fin d'après-midi pour annoncer la déclaration de guerre de l'Angleterre (à 11 heures) puis de la France (à 17 heures) à l'Allemagne.
Roger le Cantalien.

Il est évident que la première dépêche Havas de 05h45 annonçant depuis Berlin l'invasion de la Pologne par l'armée allemande a été suivie par de nombreuses autres donnant le point de vue polonais puis de toutes les capitales du monde.
La TSF a bien entendu donné cette nouvelle dans les premiers bulletins d'information : ainsi à 06h30, puis 08h30 et 12h45 sur "Paris PTT" (431,7 mètres petites ondes - 695 kilocycles).
Mais dès 10h30 paraissait "Paris-Midi", puis dès 12 heures "Paris-Soir" (l'ancêtre de "France-Soir"), et enfin dès 16 heures "Le Temps" (l'ancêtre du "Monde").
Je ne pense pas qu'il y ait eu d'éditions spéciales pour le 1er septembre, en revanche il y en a eu le dimanche 3 septembre 1939 en début puis en fin d'après-midi pour annoncer la déclaration de guerre de l'Angleterre (à 11 heures) puis de la France (à 17 heures) à l'Allemagne.
Roger le Cantalien.

roger15- Commandant
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Date d'inscription : 04/05/2008
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Pour compléter, le 3 septembre 1939, à 11h, les Français ont pu écouter l'allocution radiodiffusée de M. Chamberlain (traduite en simultanée) annonçant la guerre, suivie à 18h par un message du Roi George VI, et enfin, à 20h.30, un message du Président du Conseil Daladier (soit près de 3h30 après l'entrée en guerre de la France).
Par contre, en 1939, Paris-PTT n'était pas une station très populaire, les Français écoutaient plutôt Radio-Paris comme station d'Etat, et Radio-Cité comme station privée.
Par contre, en 1939, Paris-PTT n'était pas une station très populaire, les Français écoutaient plutôt Radio-Paris comme station d'Etat, et Radio-Cité comme station privée.
david885- Adjudant
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Date d'inscription : 23/12/2008
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Pfiiou ! Je vois qu'on a à faire à des specialistes ! Merci pour les precisions, c'est toujours avec plaisir qu'on lit ce genre de poste
Ivy
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Ivy mike- Général (Administrateur)
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Date d'inscription : 16/06/2005
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Il y a soixante-dix ans aujourd'hui : l'orage se prépare !...
Bonjour à toutes et bonjour à tous,

Il y a exactement soixante-dix ans aujourd'hui, le jeudi 9 mai 1940, les Français songeaient surtout au "très long congé" (car le mot anglo-saxon "week-end" n'était point encore familier à la majorité des Français) du dimanche et du lundi de Pentecôte (12 et 13 mai 1940). La "Drôle de guerre" (ainsi l'avait baptisé, dans l'hebdomadaire "Gringoire", le 26 octobre 1939, l'écrivain Roland Dorgelès) qui avait suivi les très faibles opérations militaires franco-britannique de début septembre 1939, avec l'occupation de quelques kilomètres carrés du Reich allemand (vingt villages allemands, évacués de leurs habitants, proches de la forêt de la Warndt tout près de la frontière française) suivi d'un abandon de ce morceau d'Allemagne le 16 octobre 1939 après une violente attaque de la Wehrmacht, avait alors rassuré tout le monde : c'était bien une guerre sans morts, ou presque...
La majorité des Français pensaient qu'il n'y aurait finalement pas de "véritable guerre" avec l'Allemagne comme ce fut le cas 26 ans plus tôt en 1914, et ce pendant quatre très longues années particulièrement meurtrières.
Hélas, ce jeudi 9 mai 1940 était le tout dernier jour de la "Drôle de guerre", demain l'orage tant craint allait s'abattre sur la France et assombrir son ciel durant quatre longues années d'obscurité angoissante...
Voici un document très intéressant qui montre à quel point l'État-Major français a été surpris par l'attaque allemande du vendredi 10 mai 1940 : à la hâte le "SCA" (Service Cinématographique de l'Armée française) a sorti une "édition spéciale" destinée à être projetée dans les salles obscures à la place des actualités normalement prévues. Preuve de cette précipitation : le commentateur parle de "la fête de Pâques" au lieu de celle de la Pentecôte...
Et l'on voit comment l'armée française franchit la frontière belge pour soutenir les armées commandées par le roi Léopold III. La population belge est enthousiaste en voyant les soldats français venir à leur secours. Évidemment, personne, et surtout pas l'État-Major de l'armée française, ne se doute qu'ainsi la France et l'Angleterre se jettent tout droit dans le piège tendu par le chancelier allemand Adolf Hitler...
Dans ce document on voit pour la première fois des images qui deviendront hélas très habituelles jusqu'à la fin juin 1940 : des colonnes de civils à pied fuyant devant l'avance des armées allemandes... Oui, vraiment, un monde se termine le 10 mai 1940 : rien ne semble pouvoir arrêter l'ambition d'Adolf Hitler !... Il y aura toutefois en ce jour du 10 mai 1940 un petit grain de sable dans ses bottes : à Londres le Premier Ministre Arthur Neville Chamberlain (l'homme des honteux accords de Munich le 29 septembre 1938) s'efface, remplacé au 10 Downing Street par le Premier Lord de l'Amirauté, un certain Winston Churchill...
Magazine de la France en guerre 10 mai 1940 :
Roger le Cantalien.

roger15- Commandant
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Date d'inscription : 04/05/2008
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...

Pas mal le reportage

dracir- Général de Division
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Date d'inscription : 30/04/2009
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Merci de me le rappeler, j'avais complètement oublié
(peut-être à cause du 8 mai ou d'un WE de m***? Pas d'excuse de toute façon).
Une bonne occasion aussi de se remémorer ces soldats français qui sont morts en Belgique au mois de mais 40 et aussi, pourquoi pas, ces nombreux soldats français morts en Belgique en 1914, et dont les tombes parsèment ma région (peu se rendent compte que le taux d'annihilation des unités françaises fut plus important qu'à Verdun durant ce qu'on appelle ici la Bataille des frontières).
Un petit hommage personnel aussi à ce soldat allemand inconnu qui donna à ma grand-mère, lors de sa fuite en France avec sa fille en bas âge, un litre de lait et un pain, alors que les commerçants français refusaient de vendre de la nourriture à ces Belges. (Pas de polémique, la mesquinerie et la bêtise sont universelles.)
Merci du rappel, Roger.

Une bonne occasion aussi de se remémorer ces soldats français qui sont morts en Belgique au mois de mais 40 et aussi, pourquoi pas, ces nombreux soldats français morts en Belgique en 1914, et dont les tombes parsèment ma région (peu se rendent compte que le taux d'annihilation des unités françaises fut plus important qu'à Verdun durant ce qu'on appelle ici la Bataille des frontières).
Un petit hommage personnel aussi à ce soldat allemand inconnu qui donna à ma grand-mère, lors de sa fuite en France avec sa fille en bas âge, un litre de lait et un pain, alors que les commerçants français refusaient de vendre de la nourriture à ces Belges. (Pas de polémique, la mesquinerie et la bêtise sont universelles.)
Merci du rappel, Roger.
Invité- Invité
Re: Il y aura soixante-dix ans cette nuit...
Bonsoir à toute et bonsoir à tous, 
Il y aura exactement soixante-dix ans cette nuit, le mardi 27 mai 1941 les Français qui ont pu capter les émissions de Radio Londres ont eu une immense surprise : l'Allemagne nazie venait d'enregistrer sa première grande défaite militaire depuis qu'elle s'était lancée, le vendredi 1er septembre 1939, dans la conquête de plus en plus de nations européennes. L'amirauté britannique venait ce jour-là d'infliger une cinglante défaite à la Kriegsmarine en coulant son fleuron le cuirassé Bismarck !... Bien entendu la radio de Vichy et Radio-Paris (sous contrôle allemand) n'en ont pas soufflé mot ce soir-là... Quant à la presse française du lendemain, elle a pu évoquer ce revers de l'amirauté allemande, mais d'une façon très discrète...
Voici comment Pierre Limagne, journaliste au quotidien catholique "La Croix", replié à Limoges (Haute-Vienne) en zone non occupée, a relaté cette défaite allemande dans le tome I de son "Éphéméride de quatre années tragiques 1940-1944" (édition de "La Bonne Presse", Paris 1946, page 171), rédigée au jour le jour : « Le Bismarck est coulé à 400 milles au large de Brest, où il venait chercher refuge. Les Anglais étaient moralement obligés d'obtenir ce succès. Au point de vue de l'équilibre des forces, le résultat du combat de l'Atlantique Nord est favorable aux Britanniques, dans le tonnage de ligne desquels la disparition du Hood cause un simple trou, alors que les Allemands perdent 35 000 tonnes sur deux et que deux de leurs principaux croiseurs sont immobilisés par des avaries dans le grand port du Finistère. Incident avec la censure : elle nous empêche de signaler dans notre titre la perte du Bismarck coulé "par les forces navales britanniques". »
Pierre Limagne indique ce qu'a prescrit la censure du gouvernement de Vichy sur la bataille navale de ce jour : « Consigne à la presse n° 167 : "Au sujet de la perte du Bismarck, ne titrer que sur une colonne" ; Consigne à la presse n° 168 : "Au sujet de la perte du Bismarck, s'en tenir aux considérations techniques et mettre l'accent sur les conditions héroïques dans lesquelles le vaisseau allemand a trouvé sa fin". »
Voici comment le quotidien "Le Matin", paraissant à Paris (donc sous le contrôle direct des autorités allemandes d'occupation) a rendu compte dans son numéro daté du mercredi 28 mai 1941, en première page, de cette perte navale allemande : « La fin héroïque du croiseur "Bismarck". Il a succombé après de durs combats devant des forces supérieures en nombre ». Ce journal ne donne ensuite que les maigres détails suivants : « Berlin 27 mai. - Le Grand Quartier Général allemand publie le communiqué suivant au sujet du dernier combat du Bismarck : Dans sa lutte contre des forces ennemies progressivement renforcées le Bismarck a gardé toute sa liberté de manœuvre, jusqu'à ce qu'il succombe, dans la matinée du 27, devant la supériorité numérique d'une escadre anglaise composée de trois cuirassés, d'un porte-avions, de plusieurs croiseurs et destroyers.
Les navires britanniques ont, eux-mêmes, été attaqués ce matin de bonne heure par des avions de combats allemands.
Les pensées du peuple allemand tout entier vont, pleines de fierté et de tristesse, à l'amiral Lütjens, chef d'escadre, qui a remporté près des côtes d'Islande, une écrasante victoire, au cuirassé Bismarck, à son commandant, le capitaine de vaisseau Lindemann et à son vaillant équipage. »
(voir la numérisation de ce numéro du journal "Le Matin" du mercredi 28 mai 1941 par Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5871128.langFR).
Quant à la presse de la zone non occupée, sous contrôle de la censure du gouvernement de Vichy, voici comment le quotidien "Le Journal des débats politiques et littéraires", publié à Clermont-Ferrand, daté du jeudi 29 mai 1941, relate cette perte navale allemande : avec beaucoup plus de détails, en première page, et même la publication du communiqué de l'amirauté britannique" ;) (voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k510034s.image.langFR).
Pour tous les peuples asservis par les armées d'occupation allemande qui ont pu en prendre connaissance grâce à l'écoute de Radio Londres ce mardi 27 mai 1941 au soir, cette première défaite était un signe dans la nuit noire qui s'était abattue sur l'Europe : l'aube de la liberté dissiperait un jour les ténèbres nazies...
La fin du cuirassé Bismarck a fait l'objet d'un film britannique, en Cinemascope mais en noir et blanc, en 1960 de Lewis Gilbert : [SIZE="4"]"Sink the Bismarck !" ("Coulez le Bismarck !")[/SIZE].

Voici, grâce à Youtube, cinq extraits (en version originale) de ce film "Sink the Bismack" :
L'extrait n° 1 sur 10 qui commence par les images d'actualités allemandes de la cérémonie du lancement du cuirassé Bismarck présidée par le chancelier du Reich Adolf Hitler à Hambourg le 14 février 1939 :
Ensuite, l'extrait n° 2 sur 10 :
Puis l'extrait n° 5 sur 10 : la bataille navale du samedi 24 mai 1941 où le Bismarck coule le HMS Hood, le fleuron de la marine britannique. Le jour le plus sombre de la Royal Navy... Et la réaction immédiate de Winston Churchill : « Coulez le Bismarck ! »
Ensuite, l'extrait n° 9 sur 10 : la Royal Navy retrouve la trace du Bismarck :
Enfin, l'extrait n° 10 sur 10 : la fin du Bismarck et la fin du film :
Roger le Cantalien.

Il y aura exactement soixante-dix ans cette nuit, le mardi 27 mai 1941 les Français qui ont pu capter les émissions de Radio Londres ont eu une immense surprise : l'Allemagne nazie venait d'enregistrer sa première grande défaite militaire depuis qu'elle s'était lancée, le vendredi 1er septembre 1939, dans la conquête de plus en plus de nations européennes. L'amirauté britannique venait ce jour-là d'infliger une cinglante défaite à la Kriegsmarine en coulant son fleuron le cuirassé Bismarck !... Bien entendu la radio de Vichy et Radio-Paris (sous contrôle allemand) n'en ont pas soufflé mot ce soir-là... Quant à la presse française du lendemain, elle a pu évoquer ce revers de l'amirauté allemande, mais d'une façon très discrète...
Voici comment Pierre Limagne, journaliste au quotidien catholique "La Croix", replié à Limoges (Haute-Vienne) en zone non occupée, a relaté cette défaite allemande dans le tome I de son "Éphéméride de quatre années tragiques 1940-1944" (édition de "La Bonne Presse", Paris 1946, page 171), rédigée au jour le jour : « Le Bismarck est coulé à 400 milles au large de Brest, où il venait chercher refuge. Les Anglais étaient moralement obligés d'obtenir ce succès. Au point de vue de l'équilibre des forces, le résultat du combat de l'Atlantique Nord est favorable aux Britanniques, dans le tonnage de ligne desquels la disparition du Hood cause un simple trou, alors que les Allemands perdent 35 000 tonnes sur deux et que deux de leurs principaux croiseurs sont immobilisés par des avaries dans le grand port du Finistère. Incident avec la censure : elle nous empêche de signaler dans notre titre la perte du Bismarck coulé "par les forces navales britanniques". »
Pierre Limagne indique ce qu'a prescrit la censure du gouvernement de Vichy sur la bataille navale de ce jour : « Consigne à la presse n° 167 : "Au sujet de la perte du Bismarck, ne titrer que sur une colonne" ; Consigne à la presse n° 168 : "Au sujet de la perte du Bismarck, s'en tenir aux considérations techniques et mettre l'accent sur les conditions héroïques dans lesquelles le vaisseau allemand a trouvé sa fin". »
Voici comment le quotidien "Le Matin", paraissant à Paris (donc sous le contrôle direct des autorités allemandes d'occupation) a rendu compte dans son numéro daté du mercredi 28 mai 1941, en première page, de cette perte navale allemande : « La fin héroïque du croiseur "Bismarck". Il a succombé après de durs combats devant des forces supérieures en nombre ». Ce journal ne donne ensuite que les maigres détails suivants : « Berlin 27 mai. - Le Grand Quartier Général allemand publie le communiqué suivant au sujet du dernier combat du Bismarck : Dans sa lutte contre des forces ennemies progressivement renforcées le Bismarck a gardé toute sa liberté de manœuvre, jusqu'à ce qu'il succombe, dans la matinée du 27, devant la supériorité numérique d'une escadre anglaise composée de trois cuirassés, d'un porte-avions, de plusieurs croiseurs et destroyers.
Les navires britanniques ont, eux-mêmes, été attaqués ce matin de bonne heure par des avions de combats allemands.
Les pensées du peuple allemand tout entier vont, pleines de fierté et de tristesse, à l'amiral Lütjens, chef d'escadre, qui a remporté près des côtes d'Islande, une écrasante victoire, au cuirassé Bismarck, à son commandant, le capitaine de vaisseau Lindemann et à son vaillant équipage. »
(voir la numérisation de ce numéro du journal "Le Matin" du mercredi 28 mai 1941 par Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5871128.langFR).
Quant à la presse de la zone non occupée, sous contrôle de la censure du gouvernement de Vichy, voici comment le quotidien "Le Journal des débats politiques et littéraires", publié à Clermont-Ferrand, daté du jeudi 29 mai 1941, relate cette perte navale allemande : avec beaucoup plus de détails, en première page, et même la publication du communiqué de l'amirauté britannique" ;) (voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k510034s.image.langFR).
Pour tous les peuples asservis par les armées d'occupation allemande qui ont pu en prendre connaissance grâce à l'écoute de Radio Londres ce mardi 27 mai 1941 au soir, cette première défaite était un signe dans la nuit noire qui s'était abattue sur l'Europe : l'aube de la liberté dissiperait un jour les ténèbres nazies...

La fin du cuirassé Bismarck a fait l'objet d'un film britannique, en Cinemascope mais en noir et blanc, en 1960 de Lewis Gilbert : [SIZE="4"]"Sink the Bismarck !" ("Coulez le Bismarck !")[/SIZE].

Voici, grâce à Youtube, cinq extraits (en version originale) de ce film "Sink the Bismack" :
L'extrait n° 1 sur 10 qui commence par les images d'actualités allemandes de la cérémonie du lancement du cuirassé Bismarck présidée par le chancelier du Reich Adolf Hitler à Hambourg le 14 février 1939 :
Ensuite, l'extrait n° 2 sur 10 :
Puis l'extrait n° 5 sur 10 : la bataille navale du samedi 24 mai 1941 où le Bismarck coule le HMS Hood, le fleuron de la marine britannique. Le jour le plus sombre de la Royal Navy... Et la réaction immédiate de Winston Churchill : « Coulez le Bismarck ! »
Ensuite, l'extrait n° 9 sur 10 : la Royal Navy retrouve la trace du Bismarck :
Enfin, l'extrait n° 10 sur 10 : la fin du Bismarck et la fin du film :
Roger le Cantalien.

roger15- Commandant
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