Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
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Karbychev
Jules
eddy marz
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Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
À la demande de certains d’entre-vous, voici une petite liste (selon ma maigre documentation) des crimes et comportements abjects du Kriminalkommissar/Hauptsturmführer-SS Christian Wirth. Il y en a pas mal d’autres (dont certains que j’ai omis car insuffisamment documentés), mais je pense que ce qui suit devrait amplement suffire…
Avant de commencer, quelques détails : Christian Wirth jouissait d’une indépendance organisationnelle et exécutive unique au sein de T4 et d’Aktion Reinhard ; indépendance fondée sur ses liens inaccoutumés et privilégiés au sein du KdF. Quelle était la nature exacte de ses relations rapprochées avec Adolf Hitler et/ou les cadres supérieurs du Hauptamt II tels Viktor Brack et Werner Blankenburg, concernant l’extermination des Juifs et des malades mentaux ? Nous l’ignorons, mais les enquêtes approfondies de Michael Tregenza, Robin O’Neil, et de quelques autres, tendent à prouver qu’elles étaient, de toute façon, exceptionnelles. Tout semble démontrer que Wirth agissait à sa guise, et qu’il ne craignait personne ; ni Himmler, ni le SSPF Odilo Globocnik (son supérieur hiérarchique direct), ni Friedrich Krüger, le HSSPF du Generalgouvernement. Il avait un accès direct au KdF, jouissait d’une impunité judiciaire totale, et – compte tenu du secret entourant les opérations qu’il dirigeait – avait pratiquement droit de vie et de mort sur qui que ce soit placé sous son autorité. Dès le commencement de T4, c’est lui qui « forme » les futurs participants à la tâche selon ses propres conceptions (il a carte blanche), et qui organise les faux certificats médicaux, les faux certificats de décès, ainsi que la remise d’urnes funéraires aux familles des « pauvres défunts » liquidés dans son service – les urnes contenant, bien entendu, n’importe quelles cendres. Totalement acquis au National Socialisme, antisémite virulent, s’exprimant souvent en termes incroyablement grossiers, Wirth entrait dans des crise de rage bordant l’hystérie, faisait preuve quotidiennement d’une rare sauvagerie, et selon les uns et les autres, était complètement dévoyé – tous les témoignages concordent. Paradoxalement, ce portrait outrancier (même d’après des critères nazis) agit comme un écran, dissimulant tous les autres aspects de sa personnalité. Comment était-il en famille, avec ses enfants, avec ses amis ? Nous savons, grâce à M. Tregenza, qu’il intervint auprès d’Himmler en 1942, et obtint de faire transférer son fils cadet, Kurt, du Front de l’Est vers une base navale au Havre afin de le protéger… Comme nous le constatons, Wirth avait des sentiments paternels – nous devons donc en conclure qu’il avait aussi un cœur. Vous refuserez sans doute de l’admettre – mais c’est justement là un des aspects les plus perturbants du nazisme… N’importe quel psychiatre pourrait argumenter que nous nous trouvons face à un individu possédé d’une rage immense (enfant non désiré ou mal aimé, absence des parents, drames pendant l’enfance etc.), contenue et réprimée depuis des années ; que cette rage déboucha de façon « positive » pendant la 1ère Guerre Mondiale, au cours de laquelle ses actes d‘héroïsme lui valurent la Croix d’Or, et de façon « négative » lorsque la pensée nazie l’aiguilla dans une direction radicale. Mais c’est à vous de vous forger votre propre opinion…
J’ai essayé de ne mettre que les témoignages (et non les déductions d’historiens). Ils dressent à mon avis un portrait suffisamment éloquent (et puis inutile de patauger dans cette boue plus que nécessaire). J’ai placé ces témoignages autant que possible en ordre chronologique afin d’obtenir une image composite cohérente du personnage :
Franz Stangl, plus tard commandant des camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka, se souvient de sa première rencontre avec Wirth, en 1939, lors de l’Opération T4 : « Lorsqu’il parlait de la nécessité du programme d’euthanasie, il n’en parlait ni de façon humaine, ni en termes scientifiques… il riait. Il parlait de se débarrasser des bouches inutiles, et que tout sentimentalisme au sujet de ces gens lui donnait envie de ‘dégueuler’ ».
(Sereny, Gitta. Into that Darkness : from Mercy Killing to Mass Murder – Random House, London, 1974)
Mi janvier 1940, Wirth gaze personnellement à titre expérimental 14 malades mentaux à l’Institut de Brandeburg, et abat au revolver 7 femmes contaminées par le typhus, afin d’éviter une contagion.
(ZstL 208, AR-Z 797/66. Déposition du Dr August Becker/Chimiste KdF, 20 Juin 1961)
En raison d’un accident de voiture survenu en 1938 au cours duquel il se blesse au bras, le Scharführer-SS Hubert Gomerski, alors employé dans la clinique T4 du Château d’Hartheim, se plaint de ne pouvoir exercer son rôle de « brûleur » (« Brenner », un terme inventé par Wirth)… Christian Wirth lui hurle dessus devant tout le personnel et menace de l’expédier en KZ.
(TAL/ZStL, Dossier No. 208 AR-Z 230/59 (2e Procès Treblinka): Déposition de Franz Stangl)
D’après Josef Oberhauser, son second : « La haine de Wirth envers les Juifs atteignait des sommets inimaginables ». Pendant la construction du camp de Belzec, Wirth déclare à l’unité : « Aucun enfant Juif ne doit être autorisé à vivre, quel qu’en soit le motif ! »
(TAL/Franz Suchomel, Christian Wirth, (rapport privé), Altötting 1972, cité dans Tregenza, « Wirth » dans Zeszsyty Majdanka, vol. 15, Lublin, 1993)
Lors de son procès, Josef Oberhauser dépose au sujet de la période préparatoire de Belzec : « Puis Wirth a lancé les préparatifs pour le premier gazage expérimental avec une dureté exceptionnelle. Un refus d’obéir aux ordres aurait immédiatement entraîné un suicide. Lorsque, par exemple, un membre de la garde Ukrainienne semblait « tiède », Wirth le frappait immédiatement avec son fouet. Auprès du commando d’entraîneurs des Ukrainiens à Trawniki, j’ai également appris qu’il avait tué un Ukrainien […] Les expressions qu’il utilisait aussi à l’encontre des membres de la SS qui perdaient son estime étaient en parfait accord avec sa mentalité. Je me souviens encore des mots qu’il répétait souvent : ‘Minable ! Je vais te tuer et ‘Connard, je vais te faire la peau ! ».
(Respectivement Procès Belzec/doc n° 208 AR-Z 252: Contre Josef Oberhauser et al. : Déposition de Josef Oberhauser, 24.1.1963 & Ibid. Contre Josef Oberhauser et al. : Déposition de Josef Oberhauser 13.12. 1962).
Toujours lors de la période préparatoire de Belzec, Wirth ordonne au Scharführer-SS Erich Fuchs de faire fixer des poires de douches au plafond des chambres à gaz. Fuchs s ‘étonne – il n’y a, remarque-t-il, aucune arrivée d’eau. Wirth entre dans une crise de rage épouvantable, frappe Fuchs à plusieurs reprises avec son fouet, et ordonne à 2 Scharführers-SS présents (Erwin Fichtner et Johann Niemann) de liquider Fuchs. Avec des trésors de diplomatie, les deux hommes réussissent à persuader Wirth de surseoir à son ordre.
(Procès Belzec/AR-Z 252: Contre Josef Oberhauser et al. : Déposition d’Erich Fuchs)
Aux environs d’octobre/novembre 1941, Adolf Eichmann est mandaté à Lublin par Himmler pour rendre compte du développement d’Aktion Reinhard qui n’est encore qu’en phase initiale. Lors de son procès en Israël, Eichmann, raconte que lorsqu’il arrive à Lublin, Globocnik se montre très obligeant à son égard, et lui sert de guide en compagnie d’un subordonné (peut-être Höfle). Plus tard, en voiture, ils atteignent une route traversant une forêt, à la droite de laquelle se trouve une maison ordinaire où vivent des ouvriers [très certainement Belzec, encore en construction] Un capitaine de l’Ordnungspolizei [nous savons par recoupement qu’il s’agit de Christian Wirth] en bras de chemise, et ayant visiblement mis la main à la pâte, les accueille, et les emmène en direction de quelques petits ‘bungalows’ en bois, et commence ‘d’une voix brutale, vulgaire, et inculte’ à expliquer : ‘comment il avait tout parfaitement isolé pour que, lorsque le moteur de sous marin soviétique serait mis en marche, les gaz pénètrent le bâtiment et les Juifs seraient empoisonnés. Pour moi, c’était monstrueux. Je ne suis pas assez dur pour pouvoir supporter quelque chose comme ça sans réagir […] et puis j’ai ressenti une faiblesse physique, comme si je venais de traverser une forte agitation […] et un lancinant tremblement intérieur’…
(Arendt, Hannah. Eichmann in Jerusalem ; a report on the banality of evil – Viking Compass, New York, 1965).
En avril 1942, sur ordre du SSPF Globocnik, Franz Stangl, en passe de devenir commandant du camp d’extermination de Sobibor, rend visite à Wirth à Belzec afin de s’inspirer de ses méthodes. En détention à Düsseldorf au terme de son procès, Stangl décrit cette visite à la journaliste Gitta Sereny venue l’interviewer : « Wirth n’était pas dans son bureau. Je me rappelle qu’on me conduisit à lui. […] Il était debout sur une colline au voisinage des fosses […] Les fosses […] Pleines. […] Elles étaient pleines. Je ne peux pas vous dire combien : des centaines, des milliers, des milliers de cadavres. […] C’est là que Wirth me parla. […] Il dit que c’était la même chose qu’on créait à Sobibor ». Selon Stangl, vociférant et jurant, Wirth essuie la transpiration de son calot, fait saisir 25 Juifs, et s’exclame : « Bon, on va tout de suite essayer avec ces vingt-cinq Juifs ; amenez-les ici ! ». Il les pousse dans la chambre, tout en jurant car la porte est trop petite.
(Sereny, Gitta. Into that Darkness : from Mercy Killing to Mass Murder – Random House, London, 1974)
Le 18 août 1942, Kurt Gerstein est envoyé en mission à Belzec. Dans son rapport, écrit à Rottweil le 26 avril 1945, il décrit dans un français hésitant les souvenirs de sa terrifiante visite. Il dépeint, non seulement, la technique de « traitement » des déportés – mise au point par Christian Wirth – de façon on ne peu plus crue et réaliste, mais se remémore aussi le comportement du Kriminalkommissar :
- Sur le point d’entrer dans la chambre à gaz, une femme Juive s’insurge : « Une Juife, 40 ans environ, les yeux comme des flambeaux, cite le sang de leurs enfants sur leurs meurtriers. Recevant 5 coups de carache au visage de part de Hauptmann de police Wirth lui-même, elle disparaît dans la chambre à gaz. […] Dans les chambres, la SS presse les hommes. « Bien remplir ! » - le Hauptmann Wirth a ordonné ».
Une fois que les déportés sont enfermés dans les chambres, le moteur tombe en panne. La panne durera 2h49 (enregistré par Gerstein) pendant lesquelles les victimes restent pour la plupart vivantes et compressées dans les chambres. C’est l’affolement ; Hackenholdt tente désespérément de remettre le moteur en marche ; les auxiliaires Ukrainiens courent dans tous les sens ; Wirth est fou de rage :
- « Le Hauptmann Wirth arrive. On voit, il a peur, parce que moi je vois le désastre. Oui je vois tout et j’attends. […] Le Hauptmann Wirth, furieux, fait 11, 12 coups de carache au visage de l’Ucrain, qui est en aide de Hackenholdt ».
Une anecdote du gazage lui-même (absente du rapport français de Gerstein, mais présente dans son rapport en allemand – langue dans laquelle il est évidemment plus à l’aise) écrite le 6 mai 1945 – soit 11 jours plus tard, explique que :
- « C'est juste, beaucoup sont déjà morts maintenant. On le voit par la petite lucarne, par laquelle la lumière électrique éclaire un instant la chambre. Wirth m'avait minutieusement interrogé pour savoir si je trouvais mieux de faire mourir les gens dans une pièce éclairée ou sans éclairage. Il demandait cela sur le ton dont on demande si l'on dort mieux avec ou sans traversin ».
Une fois le gazage terminé et les chambres déchargées, les cadavres jonchent le sol de la clairière. Des déportés sélectionnés fouillent les orifices des victimes à la recherche de « valeurs cachées ». Gerstein constate :
- On jette les corps, bleus, humides de soudre [sueur] et de l’urin, les jambes plein de crotte et de sang périodique. Parmi tous, les bébés, les cadavres des enfants. […] D’autres contrôlent anus et génitaux pour monnaies, brillants, or etc. Des dentistes arrachent par moyens de martels, les dents d’or, ponts [bridges dentaires], couronnes. Parmi tous, le Hauptmann Wirth. Il est dans son élément, me prêtant une grande boite de conserves remplie de dents, il me dit : ‘Éprouvez vous-même le poids de l’or ! C’est seulement d’hier et d’avant hier ! Et vous ne croyez pas ce que nous trouvons par jour ! : les dollars, les brillants, l’or ! Mais voyez vous-même…’
Été 1942 ; une fabrique de papier goudronné sur l’aérodrome désaffecté de Lublin, où sont stockés les biens dérobés aux victimes. L’Oberscharführer-SS Erich Bauer se souvient du traitement infligé par Wirth aux ouvriers Juifs : « J’ai vu de mes yeux, et je me souviens, comment les Juifs faisaient couler du goudron frais brûlant sur des plaques à mains nues. J’ai également vu comment la peau se détachait de leurs doigts, de façon à ce que leurs os devenaient apparents. […] J’étais très perturbé par ça, et Wirth m’a frappé au visage avec son fouet ».
(Tregenza, Michael, « Belzec Death Camp »/Wiener Library Bulletin, vol. XXX, Londres 1977)
À Belzec, Christian Wirth attache un Juif à l’arrière de sa voiture puis accélère le long de l’artère du village jusqu’à ce que mort s’ensuive.
(TAL/OKBL, Dossier n° Ds. 1604/45 – Zamosc/Déposition de Tadeusz Misiewicz, 15.10.1945)
À Sobibor et Treblinka, Christian Wirth organise parfois des mises à mort différentes, et explique à ses hommes comment procéder : Beaucoup d’enfants sont liquidés dans les fosses plutôt que dans les chambres à gaz. Ces victimes étaient les nourrissons, les jeunes orphelins avec personne pour les déshabiller, et les plus jeunes issus de familles nombreuses. Ces enfants étaient séparés du groupe, menés aux fosses, et abattus par balles ou matraqués à mort.
(Tregenza, « Wirth » dans Zeszsyty Majdanka, Lublin, 1993)
En 1962, Josef Oberhauser, expliquant à la Cour le refus du Scharführer-SS Schluh de procéder à un assassinat par balles dans le Lazarett, déclare : "En me regardant droit dans les yeux, Wirth m’a dit « je l’aurais volontiers flingué même dans son cercueil » […] Wirth était comme ça. Si quelqu’un se mettait à discuter, il dégainait immédiatement son arme. Personne n’était à l’abri. Même pas moi, un proche collègue ».
(TAL/ZStL, Procès Belzec : Déposition de Josef Oberhauser, 13 Mars 1962)
En 1963, le Scharführer-SS Heinrich Gley dépose : « Un refus d’obéissance vous exposait à une exécution immédiate sans Cour Martiale. Par anxiété de ces mesures terrifiantes, j’ai plié à sa volonté ».
(TAL/ZStL, Procès Belzec: Déposition de Heinrich Gley, 7 Janvier 1963)
La plupart du personnel SS d’AR estime "qu’il est désormais impossible de converser avec Wirth, car ce dernier « n’est plus normal »
(TAL, Franz Suchomel, Christian Wirth (rapport privé), Altötting 1972)
L’Oberscharführer-SS Erich Bauer déclare : « Wirth était un homme fou de rage ; le pire des fauves ; un porc sadique ».
(TAL, Franz Suchomel, Christian Wirth (rapport privé), Altötting 1972)
Lors de son incarcération, Franz Stangl déclare à Gitta Sereny, venue l’interviewer : « C’était une cargaison. Cela n’avait plus rien à voir avec l’Humanité […] Ce n’était qu’une masse de chair en putréfaction. Puis Wirth dit ‘Qu’est-ce qu’on va faire avec toute cette merde ?’ Je crois qu’inconsciemment c’est ça qui a commencé à me les faire percevoir comme une cargaison… ».
(Sereny, Gitta. Into that Darkness : from Mercy Killing to Mass Murder – Random House, London, 1974)
À Treblinka, Wirth ordonne au Scharführer-SS Erwin Kainer de superviser le déblaiement d’une pile de cadavres en décomposition bordant le bâtiment des chambres à gaz. Kainer examine la pile haute de 5 mètres, sous laquelle macère une immense flaque, profonde d’environ 50 cm et regorgeant de sang, d’asticots, et d’excréments. Kainer est tellement choqué, et tellement terrorisé de la réaction de Wirth en cas de refus, qu’il se tire une balle dans la tête.
(TAL, Franz Suchomel, Christian Wirth (rapport privé), Altötting 1972)
En novembre 1943 le Sturmbannführer-SS et Juge du RSHA Konrad Morgen est envoyé dans les camps du Palatinat de Lublin, afin d’y enquêter sur l’importante corruption qui y règne (il sera d’ailleurs témoin accidentel d’une partie de l’Opération « Erntefest »). Au cours de son enquête, il aborde Christian Wirth et l’interroge sur les rumeurs selon lesquelles il aurait autorisé des mariages juifs à Sobibor et à Treblinka. Wirth admet fièrement les faits, argumentant qu’il s’agit d’une technique pour duper les Juifs (et donc les calmer – ce qui facilite le processus de tuerie). Devant l’étonnement de Morgen, Wirth ajoute : « Il faut battre les Juifs à leur propre jeu ; il faut leur chier dessus » (« Man muss die Juden mit ihren eigenen Waffen schlagen; man muss sie bescheissen »). Puis Wirth explique à Morgen qu’en sélectionnant des Juifs directement descendus des transports et en les nommant Zugführers (Chefs de Brigades) on augmentait l’efficacité du système d’extermination. Un peu plus loin dans la conversation, goguenard, Christian Wirth lance à Morgen : « Donnez-moi ma brigade de travailleurs Juifs, et renvoyez tous les autres à la maison ; je ferais le boulot tout seul ! »
(Interrogatoire de George Konrad Morgen WO/208/4673).
"Renvoyez tous les autres à la maison ; je ferais le boulot tout seul !"... Tout est dit. La haine et la conviction de Wirth sont contenues dans ces deux phrases. Il serait intéressant de connaître la face cachée; le Wirth privé. Michael Tregenza a rencontré les deux fils, Eugen et Kurt, il y a une vingtaine d'années, dont un chez qui il séjourna plusieurs jours en Australie. Mais Tregenza, un bon chercheur (même si je diffère de ses conclusions sur nombre de points) mais un homme au caractère difficile, n'a toujours pas daigné faire publier ses recherches.
Ouf!
Eddy
Avant de commencer, quelques détails : Christian Wirth jouissait d’une indépendance organisationnelle et exécutive unique au sein de T4 et d’Aktion Reinhard ; indépendance fondée sur ses liens inaccoutumés et privilégiés au sein du KdF. Quelle était la nature exacte de ses relations rapprochées avec Adolf Hitler et/ou les cadres supérieurs du Hauptamt II tels Viktor Brack et Werner Blankenburg, concernant l’extermination des Juifs et des malades mentaux ? Nous l’ignorons, mais les enquêtes approfondies de Michael Tregenza, Robin O’Neil, et de quelques autres, tendent à prouver qu’elles étaient, de toute façon, exceptionnelles. Tout semble démontrer que Wirth agissait à sa guise, et qu’il ne craignait personne ; ni Himmler, ni le SSPF Odilo Globocnik (son supérieur hiérarchique direct), ni Friedrich Krüger, le HSSPF du Generalgouvernement. Il avait un accès direct au KdF, jouissait d’une impunité judiciaire totale, et – compte tenu du secret entourant les opérations qu’il dirigeait – avait pratiquement droit de vie et de mort sur qui que ce soit placé sous son autorité. Dès le commencement de T4, c’est lui qui « forme » les futurs participants à la tâche selon ses propres conceptions (il a carte blanche), et qui organise les faux certificats médicaux, les faux certificats de décès, ainsi que la remise d’urnes funéraires aux familles des « pauvres défunts » liquidés dans son service – les urnes contenant, bien entendu, n’importe quelles cendres. Totalement acquis au National Socialisme, antisémite virulent, s’exprimant souvent en termes incroyablement grossiers, Wirth entrait dans des crise de rage bordant l’hystérie, faisait preuve quotidiennement d’une rare sauvagerie, et selon les uns et les autres, était complètement dévoyé – tous les témoignages concordent. Paradoxalement, ce portrait outrancier (même d’après des critères nazis) agit comme un écran, dissimulant tous les autres aspects de sa personnalité. Comment était-il en famille, avec ses enfants, avec ses amis ? Nous savons, grâce à M. Tregenza, qu’il intervint auprès d’Himmler en 1942, et obtint de faire transférer son fils cadet, Kurt, du Front de l’Est vers une base navale au Havre afin de le protéger… Comme nous le constatons, Wirth avait des sentiments paternels – nous devons donc en conclure qu’il avait aussi un cœur. Vous refuserez sans doute de l’admettre – mais c’est justement là un des aspects les plus perturbants du nazisme… N’importe quel psychiatre pourrait argumenter que nous nous trouvons face à un individu possédé d’une rage immense (enfant non désiré ou mal aimé, absence des parents, drames pendant l’enfance etc.), contenue et réprimée depuis des années ; que cette rage déboucha de façon « positive » pendant la 1ère Guerre Mondiale, au cours de laquelle ses actes d‘héroïsme lui valurent la Croix d’Or, et de façon « négative » lorsque la pensée nazie l’aiguilla dans une direction radicale. Mais c’est à vous de vous forger votre propre opinion…
J’ai essayé de ne mettre que les témoignages (et non les déductions d’historiens). Ils dressent à mon avis un portrait suffisamment éloquent (et puis inutile de patauger dans cette boue plus que nécessaire). J’ai placé ces témoignages autant que possible en ordre chronologique afin d’obtenir une image composite cohérente du personnage :
Franz Stangl, plus tard commandant des camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka, se souvient de sa première rencontre avec Wirth, en 1939, lors de l’Opération T4 : « Lorsqu’il parlait de la nécessité du programme d’euthanasie, il n’en parlait ni de façon humaine, ni en termes scientifiques… il riait. Il parlait de se débarrasser des bouches inutiles, et que tout sentimentalisme au sujet de ces gens lui donnait envie de ‘dégueuler’ ».
(Sereny, Gitta. Into that Darkness : from Mercy Killing to Mass Murder – Random House, London, 1974)
Mi janvier 1940, Wirth gaze personnellement à titre expérimental 14 malades mentaux à l’Institut de Brandeburg, et abat au revolver 7 femmes contaminées par le typhus, afin d’éviter une contagion.
(ZstL 208, AR-Z 797/66. Déposition du Dr August Becker/Chimiste KdF, 20 Juin 1961)
En raison d’un accident de voiture survenu en 1938 au cours duquel il se blesse au bras, le Scharführer-SS Hubert Gomerski, alors employé dans la clinique T4 du Château d’Hartheim, se plaint de ne pouvoir exercer son rôle de « brûleur » (« Brenner », un terme inventé par Wirth)… Christian Wirth lui hurle dessus devant tout le personnel et menace de l’expédier en KZ.
(TAL/ZStL, Dossier No. 208 AR-Z 230/59 (2e Procès Treblinka): Déposition de Franz Stangl)
D’après Josef Oberhauser, son second : « La haine de Wirth envers les Juifs atteignait des sommets inimaginables ». Pendant la construction du camp de Belzec, Wirth déclare à l’unité : « Aucun enfant Juif ne doit être autorisé à vivre, quel qu’en soit le motif ! »
(TAL/Franz Suchomel, Christian Wirth, (rapport privé), Altötting 1972, cité dans Tregenza, « Wirth » dans Zeszsyty Majdanka, vol. 15, Lublin, 1993)
Lors de son procès, Josef Oberhauser dépose au sujet de la période préparatoire de Belzec : « Puis Wirth a lancé les préparatifs pour le premier gazage expérimental avec une dureté exceptionnelle. Un refus d’obéir aux ordres aurait immédiatement entraîné un suicide. Lorsque, par exemple, un membre de la garde Ukrainienne semblait « tiède », Wirth le frappait immédiatement avec son fouet. Auprès du commando d’entraîneurs des Ukrainiens à Trawniki, j’ai également appris qu’il avait tué un Ukrainien […] Les expressions qu’il utilisait aussi à l’encontre des membres de la SS qui perdaient son estime étaient en parfait accord avec sa mentalité. Je me souviens encore des mots qu’il répétait souvent : ‘Minable ! Je vais te tuer et ‘Connard, je vais te faire la peau ! ».
(Respectivement Procès Belzec/doc n° 208 AR-Z 252: Contre Josef Oberhauser et al. : Déposition de Josef Oberhauser, 24.1.1963 & Ibid. Contre Josef Oberhauser et al. : Déposition de Josef Oberhauser 13.12. 1962).
Toujours lors de la période préparatoire de Belzec, Wirth ordonne au Scharführer-SS Erich Fuchs de faire fixer des poires de douches au plafond des chambres à gaz. Fuchs s ‘étonne – il n’y a, remarque-t-il, aucune arrivée d’eau. Wirth entre dans une crise de rage épouvantable, frappe Fuchs à plusieurs reprises avec son fouet, et ordonne à 2 Scharführers-SS présents (Erwin Fichtner et Johann Niemann) de liquider Fuchs. Avec des trésors de diplomatie, les deux hommes réussissent à persuader Wirth de surseoir à son ordre.
(Procès Belzec/AR-Z 252: Contre Josef Oberhauser et al. : Déposition d’Erich Fuchs)
Aux environs d’octobre/novembre 1941, Adolf Eichmann est mandaté à Lublin par Himmler pour rendre compte du développement d’Aktion Reinhard qui n’est encore qu’en phase initiale. Lors de son procès en Israël, Eichmann, raconte que lorsqu’il arrive à Lublin, Globocnik se montre très obligeant à son égard, et lui sert de guide en compagnie d’un subordonné (peut-être Höfle). Plus tard, en voiture, ils atteignent une route traversant une forêt, à la droite de laquelle se trouve une maison ordinaire où vivent des ouvriers [très certainement Belzec, encore en construction] Un capitaine de l’Ordnungspolizei [nous savons par recoupement qu’il s’agit de Christian Wirth] en bras de chemise, et ayant visiblement mis la main à la pâte, les accueille, et les emmène en direction de quelques petits ‘bungalows’ en bois, et commence ‘d’une voix brutale, vulgaire, et inculte’ à expliquer : ‘comment il avait tout parfaitement isolé pour que, lorsque le moteur de sous marin soviétique serait mis en marche, les gaz pénètrent le bâtiment et les Juifs seraient empoisonnés. Pour moi, c’était monstrueux. Je ne suis pas assez dur pour pouvoir supporter quelque chose comme ça sans réagir […] et puis j’ai ressenti une faiblesse physique, comme si je venais de traverser une forte agitation […] et un lancinant tremblement intérieur’…
(Arendt, Hannah. Eichmann in Jerusalem ; a report on the banality of evil – Viking Compass, New York, 1965).
En avril 1942, sur ordre du SSPF Globocnik, Franz Stangl, en passe de devenir commandant du camp d’extermination de Sobibor, rend visite à Wirth à Belzec afin de s’inspirer de ses méthodes. En détention à Düsseldorf au terme de son procès, Stangl décrit cette visite à la journaliste Gitta Sereny venue l’interviewer : « Wirth n’était pas dans son bureau. Je me rappelle qu’on me conduisit à lui. […] Il était debout sur une colline au voisinage des fosses […] Les fosses […] Pleines. […] Elles étaient pleines. Je ne peux pas vous dire combien : des centaines, des milliers, des milliers de cadavres. […] C’est là que Wirth me parla. […] Il dit que c’était la même chose qu’on créait à Sobibor ». Selon Stangl, vociférant et jurant, Wirth essuie la transpiration de son calot, fait saisir 25 Juifs, et s’exclame : « Bon, on va tout de suite essayer avec ces vingt-cinq Juifs ; amenez-les ici ! ». Il les pousse dans la chambre, tout en jurant car la porte est trop petite.
(Sereny, Gitta. Into that Darkness : from Mercy Killing to Mass Murder – Random House, London, 1974)
Le 18 août 1942, Kurt Gerstein est envoyé en mission à Belzec. Dans son rapport, écrit à Rottweil le 26 avril 1945, il décrit dans un français hésitant les souvenirs de sa terrifiante visite. Il dépeint, non seulement, la technique de « traitement » des déportés – mise au point par Christian Wirth – de façon on ne peu plus crue et réaliste, mais se remémore aussi le comportement du Kriminalkommissar :
- Sur le point d’entrer dans la chambre à gaz, une femme Juive s’insurge : « Une Juife, 40 ans environ, les yeux comme des flambeaux, cite le sang de leurs enfants sur leurs meurtriers. Recevant 5 coups de carache au visage de part de Hauptmann de police Wirth lui-même, elle disparaît dans la chambre à gaz. […] Dans les chambres, la SS presse les hommes. « Bien remplir ! » - le Hauptmann Wirth a ordonné ».
Une fois que les déportés sont enfermés dans les chambres, le moteur tombe en panne. La panne durera 2h49 (enregistré par Gerstein) pendant lesquelles les victimes restent pour la plupart vivantes et compressées dans les chambres. C’est l’affolement ; Hackenholdt tente désespérément de remettre le moteur en marche ; les auxiliaires Ukrainiens courent dans tous les sens ; Wirth est fou de rage :
- « Le Hauptmann Wirth arrive. On voit, il a peur, parce que moi je vois le désastre. Oui je vois tout et j’attends. […] Le Hauptmann Wirth, furieux, fait 11, 12 coups de carache au visage de l’Ucrain, qui est en aide de Hackenholdt ».
Une anecdote du gazage lui-même (absente du rapport français de Gerstein, mais présente dans son rapport en allemand – langue dans laquelle il est évidemment plus à l’aise) écrite le 6 mai 1945 – soit 11 jours plus tard, explique que :
- « C'est juste, beaucoup sont déjà morts maintenant. On le voit par la petite lucarne, par laquelle la lumière électrique éclaire un instant la chambre. Wirth m'avait minutieusement interrogé pour savoir si je trouvais mieux de faire mourir les gens dans une pièce éclairée ou sans éclairage. Il demandait cela sur le ton dont on demande si l'on dort mieux avec ou sans traversin ».
Une fois le gazage terminé et les chambres déchargées, les cadavres jonchent le sol de la clairière. Des déportés sélectionnés fouillent les orifices des victimes à la recherche de « valeurs cachées ». Gerstein constate :
- On jette les corps, bleus, humides de soudre [sueur] et de l’urin, les jambes plein de crotte et de sang périodique. Parmi tous, les bébés, les cadavres des enfants. […] D’autres contrôlent anus et génitaux pour monnaies, brillants, or etc. Des dentistes arrachent par moyens de martels, les dents d’or, ponts [bridges dentaires], couronnes. Parmi tous, le Hauptmann Wirth. Il est dans son élément, me prêtant une grande boite de conserves remplie de dents, il me dit : ‘Éprouvez vous-même le poids de l’or ! C’est seulement d’hier et d’avant hier ! Et vous ne croyez pas ce que nous trouvons par jour ! : les dollars, les brillants, l’or ! Mais voyez vous-même…’
Été 1942 ; une fabrique de papier goudronné sur l’aérodrome désaffecté de Lublin, où sont stockés les biens dérobés aux victimes. L’Oberscharführer-SS Erich Bauer se souvient du traitement infligé par Wirth aux ouvriers Juifs : « J’ai vu de mes yeux, et je me souviens, comment les Juifs faisaient couler du goudron frais brûlant sur des plaques à mains nues. J’ai également vu comment la peau se détachait de leurs doigts, de façon à ce que leurs os devenaient apparents. […] J’étais très perturbé par ça, et Wirth m’a frappé au visage avec son fouet ».
(Tregenza, Michael, « Belzec Death Camp »/Wiener Library Bulletin, vol. XXX, Londres 1977)
À Belzec, Christian Wirth attache un Juif à l’arrière de sa voiture puis accélère le long de l’artère du village jusqu’à ce que mort s’ensuive.
(TAL/OKBL, Dossier n° Ds. 1604/45 – Zamosc/Déposition de Tadeusz Misiewicz, 15.10.1945)
À Sobibor et Treblinka, Christian Wirth organise parfois des mises à mort différentes, et explique à ses hommes comment procéder : Beaucoup d’enfants sont liquidés dans les fosses plutôt que dans les chambres à gaz. Ces victimes étaient les nourrissons, les jeunes orphelins avec personne pour les déshabiller, et les plus jeunes issus de familles nombreuses. Ces enfants étaient séparés du groupe, menés aux fosses, et abattus par balles ou matraqués à mort.
(Tregenza, « Wirth » dans Zeszsyty Majdanka, Lublin, 1993)
En 1962, Josef Oberhauser, expliquant à la Cour le refus du Scharführer-SS Schluh de procéder à un assassinat par balles dans le Lazarett, déclare : "En me regardant droit dans les yeux, Wirth m’a dit « je l’aurais volontiers flingué même dans son cercueil » […] Wirth était comme ça. Si quelqu’un se mettait à discuter, il dégainait immédiatement son arme. Personne n’était à l’abri. Même pas moi, un proche collègue ».
(TAL/ZStL, Procès Belzec : Déposition de Josef Oberhauser, 13 Mars 1962)
En 1963, le Scharführer-SS Heinrich Gley dépose : « Un refus d’obéissance vous exposait à une exécution immédiate sans Cour Martiale. Par anxiété de ces mesures terrifiantes, j’ai plié à sa volonté ».
(TAL/ZStL, Procès Belzec: Déposition de Heinrich Gley, 7 Janvier 1963)
La plupart du personnel SS d’AR estime "qu’il est désormais impossible de converser avec Wirth, car ce dernier « n’est plus normal »
(TAL, Franz Suchomel, Christian Wirth (rapport privé), Altötting 1972)
L’Oberscharführer-SS Erich Bauer déclare : « Wirth était un homme fou de rage ; le pire des fauves ; un porc sadique ».
(TAL, Franz Suchomel, Christian Wirth (rapport privé), Altötting 1972)
Lors de son incarcération, Franz Stangl déclare à Gitta Sereny, venue l’interviewer : « C’était une cargaison. Cela n’avait plus rien à voir avec l’Humanité […] Ce n’était qu’une masse de chair en putréfaction. Puis Wirth dit ‘Qu’est-ce qu’on va faire avec toute cette merde ?’ Je crois qu’inconsciemment c’est ça qui a commencé à me les faire percevoir comme une cargaison… ».
(Sereny, Gitta. Into that Darkness : from Mercy Killing to Mass Murder – Random House, London, 1974)
À Treblinka, Wirth ordonne au Scharführer-SS Erwin Kainer de superviser le déblaiement d’une pile de cadavres en décomposition bordant le bâtiment des chambres à gaz. Kainer examine la pile haute de 5 mètres, sous laquelle macère une immense flaque, profonde d’environ 50 cm et regorgeant de sang, d’asticots, et d’excréments. Kainer est tellement choqué, et tellement terrorisé de la réaction de Wirth en cas de refus, qu’il se tire une balle dans la tête.
(TAL, Franz Suchomel, Christian Wirth (rapport privé), Altötting 1972)
En novembre 1943 le Sturmbannführer-SS et Juge du RSHA Konrad Morgen est envoyé dans les camps du Palatinat de Lublin, afin d’y enquêter sur l’importante corruption qui y règne (il sera d’ailleurs témoin accidentel d’une partie de l’Opération « Erntefest »). Au cours de son enquête, il aborde Christian Wirth et l’interroge sur les rumeurs selon lesquelles il aurait autorisé des mariages juifs à Sobibor et à Treblinka. Wirth admet fièrement les faits, argumentant qu’il s’agit d’une technique pour duper les Juifs (et donc les calmer – ce qui facilite le processus de tuerie). Devant l’étonnement de Morgen, Wirth ajoute : « Il faut battre les Juifs à leur propre jeu ; il faut leur chier dessus » (« Man muss die Juden mit ihren eigenen Waffen schlagen; man muss sie bescheissen »). Puis Wirth explique à Morgen qu’en sélectionnant des Juifs directement descendus des transports et en les nommant Zugführers (Chefs de Brigades) on augmentait l’efficacité du système d’extermination. Un peu plus loin dans la conversation, goguenard, Christian Wirth lance à Morgen : « Donnez-moi ma brigade de travailleurs Juifs, et renvoyez tous les autres à la maison ; je ferais le boulot tout seul ! »
(Interrogatoire de George Konrad Morgen WO/208/4673).
"Renvoyez tous les autres à la maison ; je ferais le boulot tout seul !"... Tout est dit. La haine et la conviction de Wirth sont contenues dans ces deux phrases. Il serait intéressant de connaître la face cachée; le Wirth privé. Michael Tregenza a rencontré les deux fils, Eugen et Kurt, il y a une vingtaine d'années, dont un chez qui il séjourna plusieurs jours en Australie. Mais Tregenza, un bon chercheur (même si je diffère de ses conclusions sur nombre de points) mais un homme au caractère difficile, n'a toujours pas daigné faire publier ses recherches.
Ouf!
Eddy
Dernière édition par eddy marz le 9/12/2012, 19:01, édité 2 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
"Merci" pour toutes ces précisions, Eddy. Et dire que cet individu reste très méconnu lorsque l'on parle de la Solution Finale...
Jules- Général de Division
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Merci Eddy.
Surement un psychopate de la pire espèce qui s'est révélé au travers de multiples facteurs (guerre, solution finale, pouvoir, toute-puissance, etc...).
Surement un psychopate de la pire espèce qui s'est révélé au travers de multiples facteurs (guerre, solution finale, pouvoir, toute-puissance, etc...).
Karbychev- Caporal-chef
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Jules a écrit:"Merci" pour toutes ces précisions, Eddy. Et dire que cet individu reste très méconnu lorsque l'on parle de la Solution Finale...
Bonsoir Jules;
Essentiellement parce qu'il n'y eu aucun survivant à ses périodes de commandement; parce que AR était secrète, parce que les camps AR furent démantelés avant la fin de la guerre, et que Wirth mourut également avant la fin de la guerre. De par son appartenance à T4 et AR, le KdF l'avait sorti du circuit officiel, et Wirth ne communiquait avec aucune autre entité du Reich. Il y a donc très peu de documentation fiable sur lui - et Tregenza est ce que nous avons de mieux; il est en tout cas le seul à avoir passé 20 ans à enquêter sur lui et sur Belzec.
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Merci, mais c'est important.
Il n'est pas le seul a avoir agit de la sorte, le SS-Brigadereführer Schöngarth avait également menacé de tuer ceux qui refuseraient de participer aux tueries et le comportement de base de la ss eétait tout de même la brutalité et la soumission. Dès le début du système concentrationnaire, la règle est de casser les détenus et les méthodes sont connues, il s'agit de méthodes brutales que l'on peut sans aucun doute qualifier de sadiques, même si c'est codifié par un réglement.
Dans le cadre du plan secret il me semble évident que le responsable principal a reçu le droit de vie ou de mort sur quiconque s'opposerait à la réalisation de "l'oeuvre" nazie d'extermination.
La quantité de vies gâchées en quelques heures retire la compassion au pire le dégoût et la peur règnent en maîtres.
A mon sens le sadisme n'est pas interdit comme le voudrait Himmler en essayant de "codifier" les mises à morts, il est un outil qui existe chez tous les humains et qu'il suffit juste de le développer.
Deavant tant de dérèglements de la vie "normale" en société les repères culturels et de morales disparaissent, chacun, victimes et bourreaux sont dans une situation exceptionnelle.
Les humains deviennent des objets et la souffrance n'a aucune limite, elle est souvent mise en scène par les ss pour totallement anihiler les victimes par des visions de l'horreur de l'inimaginable.
Et ces horreurs, les ss vivent finalement plus longtemps dedans, il ne disparaissent pas après quelques heures ou quelques mois, ils sont les maîtres de l'horreur, ils voient et sentent les piles de cadavres.
Pour "animer" son équipe whirts devait obligatiorement se montrer odieux, il avait un pouvoir qu'il devait sans doute qualifier lui-même de divin tout à la cause des objectifs qui lui sont dictés.
Mais ton texte concernant ses doutes à la fin de la guerre, lorsqu'il est muté à Trieste, montrent tout de même qu'il réalise que son rôle n'est que celui d'un tueur à qui l'on demandera certainement des comptes.
C'est donc qulqu'un de conscient qui fait tout ça, sa rage, sa brutalité, son sadisme sont des instruments pour s'acquiter de sa tâche et pour que chacun fasse son job, il montrait un mépris pour toute vie, sauf la sienne et peut être celles des grands chefs.
La situation anormale engendre des comportements anormaux sans que le cas puisse relever de la psychiatrie, ce genre d'individu est complètement responsable de ses actes
Mes quelques sous,
Phil
A lire: http://www.jewishgen.org/yizkor/belzec1/bel060.html
Il n'est pas le seul a avoir agit de la sorte, le SS-Brigadereführer Schöngarth avait également menacé de tuer ceux qui refuseraient de participer aux tueries et le comportement de base de la ss eétait tout de même la brutalité et la soumission. Dès le début du système concentrationnaire, la règle est de casser les détenus et les méthodes sont connues, il s'agit de méthodes brutales que l'on peut sans aucun doute qualifier de sadiques, même si c'est codifié par un réglement.
Dans le cadre du plan secret il me semble évident que le responsable principal a reçu le droit de vie ou de mort sur quiconque s'opposerait à la réalisation de "l'oeuvre" nazie d'extermination.
La quantité de vies gâchées en quelques heures retire la compassion au pire le dégoût et la peur règnent en maîtres.
A mon sens le sadisme n'est pas interdit comme le voudrait Himmler en essayant de "codifier" les mises à morts, il est un outil qui existe chez tous les humains et qu'il suffit juste de le développer.
Deavant tant de dérèglements de la vie "normale" en société les repères culturels et de morales disparaissent, chacun, victimes et bourreaux sont dans une situation exceptionnelle.
Les humains deviennent des objets et la souffrance n'a aucune limite, elle est souvent mise en scène par les ss pour totallement anihiler les victimes par des visions de l'horreur de l'inimaginable.
Et ces horreurs, les ss vivent finalement plus longtemps dedans, il ne disparaissent pas après quelques heures ou quelques mois, ils sont les maîtres de l'horreur, ils voient et sentent les piles de cadavres.
Pour "animer" son équipe whirts devait obligatiorement se montrer odieux, il avait un pouvoir qu'il devait sans doute qualifier lui-même de divin tout à la cause des objectifs qui lui sont dictés.
Mais ton texte concernant ses doutes à la fin de la guerre, lorsqu'il est muté à Trieste, montrent tout de même qu'il réalise que son rôle n'est que celui d'un tueur à qui l'on demandera certainement des comptes.
C'est donc qulqu'un de conscient qui fait tout ça, sa rage, sa brutalité, son sadisme sont des instruments pour s'acquiter de sa tâche et pour que chacun fasse son job, il montrait un mépris pour toute vie, sauf la sienne et peut être celles des grands chefs.
La situation anormale engendre des comportements anormaux sans que le cas puisse relever de la psychiatrie, ce genre d'individu est complètement responsable de ses actes
Mes quelques sous,
Phil
A lire: http://www.jewishgen.org/yizkor/belzec1/bel060.html
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Je rejoins ton raisonnement dans les grandes lignes. Pour moi, Christian Wirth n'a jamais été un personnage "anormal" dans le sens commun du terme, même s'il frôle parfois des limites rarement enfreintes. Ce qui reste par contre au centre du débat est la nature réelle du poison national-socialiste et de son incroyable capacité à exploiter de façon cohérente les instincts archaïques de l'Homme... Tout de même, à mes yeux, Wirth dépasse Schöngarth, et de loin.
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Merci Eddy!
Ce type était vraiment immonde.
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vilak- Capitaine
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Eddy, cet homme de dos à qui himmler s'adresse pourrait-il être wirth?
vilak- Capitaine
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Personellement, moi, je ne le pense pas : trop fluet pas rapport à Wirth
dede- Caporal-chef
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Je ne le penses pas non plus
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Une photo anthropométrique, pas facile à trouver, de Christian Wirth, probablement issue de son dossier Polizei lors de ses fonctions de Commissaire à la Brigade Criminelle de Stuttgart
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Excellente trouvaille!!!
C'est une première pour moi, comme sans doute pour beaucoup de monde!!!
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vilak- Capitaine
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Et dire que l'on en sait tant sur cet individu, et c'est pas beau du tout ce que ce crâne contient !
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Bonjour à tous;
Ci-dessous, deux pages du "Personal-Bericht" (dossier personnel) de Christian Wirth, issu du Dienstellung-SS (bureau administratif de la SS). Ces pages proviennent d'une des premières recherches sur Christian Wirth, publiée en 1979 dans "Satan, njegovo delo in smrt" (Ljubljana-1979) du Dr. Tone Ferenc, tirée à seulement 25.000 exemplaires et, malheureusement, uniquement en Slovène…
Eddy
Ci-dessous, deux pages du "Personal-Bericht" (dossier personnel) de Christian Wirth, issu du Dienstellung-SS (bureau administratif de la SS). Ces pages proviennent d'une des premières recherches sur Christian Wirth, publiée en 1979 dans "Satan, njegovo delo in smrt" (Ljubljana-1979) du Dr. Tone Ferenc, tirée à seulement 25.000 exemplaires et, malheureusement, uniquement en Slovène…
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Incroyable. On peut même voir qu'il a reçu la "sportabzeichen" en bronze.
Jules- Général de Division
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
cette vidéo vient d'arriver dans la soirée :
https://www.youtube.com/watch?v=ND__ErXh-oA
https://www.youtube.com/watch?v=ND__ErXh-oA
vilak- Capitaine
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Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Salut,
pour ceux que cela intéresse, voici quelques pistes supplémentaires sur Christian Wirth.
- Michael Tregenza brosse un portrait assez exhaustif de Wirth (basé pour partie sur les divers articles publiés par lui en allemand et en polonais, dont: " Christian Wirth, Inspekteur der SS-Sonderkommandos Aktion Reinhard", ainsi que son livre "Aktion T4" sur l'euthanasie). Pour faire court, Wirth était d'origine souabe, et la Haute-Souabe / Alpes Souabes (Wurtemberg) était la région d'Allemagne qui avait le taux le plus élevé d'arriération mentale et de difformités physiques sévères. Wirth lui-même, sur 4 enfants qu'il avait eu avec sa femme Maria, en perdit 2 peu de temps après leurs naissances du fait probable d'infirmités physiques ou de déficiences mentales. Anécdotiquement, il est révélateur que l'Aktion T4 commenca à Grafeneck qui est dans le Wurtemberg. Du fait de ses origines, il n'est pas inconcevable de penser que Wirth lui-même avait déjà des troubles psychologiques depuis sont plus jeune age. Troubles accentués progressivement par la brutalisation de la guerre (1ère G.M. - de désespoir devant la capitulation allemande il tenta de se suicider, mais en fut empêché in extremis par sa mère), son travail de détective, d'abord aux moeurs puis à la criminelle, à la Kripo de Stuttgart (Wirth utilisait à cet époque "les interrogatoires renforcés", en clair la torture), l'Aktion T4, l'Aktion Reinhardt, et enfin OZAK (Operationszone Adriatisches Küstenland - opérations anti-juives et antipartisans). Son rapport à la vie et aux autre se développa donc dans un univers baigné de violence. Wirth a ce que nous appellerions aujourd'hui les traits marquants du sociopathe: froideur extrême, absence totale d'empathie, cruauté (qui va de pair avec l'absence d'empathie), dénuement absolu de conscience: seul compte le but à atteindre, peu importe la manière de l'atteindre, accès fréquents de rage et de colère, pouvant être des indicateurs de tendance à la psychopathie. Il est rapporté que déjà en 1939-40, il était presque impossible d'avoir un discussion normale avec Wirth, celui-ci n'étant plus rationnel et en partie dément. Si l'on ajoute au portrait psychologique, le fait que Wirth était un nazi fanatique, un partisan convaincu de l'eugénisme et de l'hygiène raciale, et un antisémite morbide, nous avons un monstre en puissance qu'aucune inhibition morale, aucun frein psychologique n'auraient pu le faire dévier de ses missions "au service du Führer".
Pour en savoir plus, vous pouvez vous reporter à la vidéo de la conférence donnée par Michael Tregenza à l'occasion du "Colloque International sur l'Aktion Reinhardt et l'Aktion Erntefest: le rôle du SS-Sturmbannfûhrer Christian Wirth dans l'Aktion Reinhardt" (en anglais avec traduction simultannée en français - je ne sais pas si cette vidéo à déjà été postée sur ce forum)
www.youtube.com/watch?v=VQ3MX6hsRYI&t=70s
- Max Williams dans son livre sur Odilo Globocnik (765 pages, 700 photos - en anglais), publie pour la 1ère fois, le manuscrit original écrit par le SS-Unterscharführer Franz suchomel en poste à Treblinka (filmé à son insu par Claude Lanzmann pour son film Shoah). Suchomel avait probablement écrit ce manuscrit en vue de sa défense durant le procès de Treblinka à Dûsseldorf en 1964-65 (appelé procès Kurt Franz ou 1er procès de Treblinka - pour ceux que cela intéresse: Michael S Bryant "Eyewitness to Genocide. The operation Reinhard Death Camps Trials 1955-1966" ce livre couvre les procès Belzec/Sobibor/Treblinka - en anglais) mais daté de 1971-72. Suchomel décrit comment Wirth se comportait avec les personnels T4, puis Reinhardt. Wirth menaca de son arme plusieurs de ses subordonnés: en octobre 1942, quand il apprit qu'Heinrich Unverhau avait essayé de demander sa mutation dans son dos, il le menaca devant toute la garnison SS de Belzec "de lui coller une balle dans la tête". Quand Erich Fuchs remis en cause l'utilité d'installer des pommeaux de douche dans les 1ères chambres à gaz de Belzec, Wirth devint fou et ordonna à 2 SS-Scharführers qui étaient à leurs côtés (dont Johann Niemann, responsable alors du Totenlager) de l'emmener à une fosse et de l'éxecuter. Ceux-ci réussirent néanmoins à l'en dissuader. À une autre occasion, il sorti son arme contre Werner Dubois. Dubois en retour sorti la sienne, et contre toute attente, Wirth perdit cette partie de poker menteur et rangea son arme le premier. De même, son adjoint Joseph Oberhauser a témoigné comment, à l'occasion d'un voyage en voiture vers Lublin, il annonca à Wirth son intention de demander sa mutation. Wirth fit arrêter la voiture et le manaca de son fouet - et pire - si jamais il persistait dans sa demande. Pour revenir à Suchomel, celui-ci décrit en grand détail la réorganisation de Treblinka aprés le limogage d'Irmfried Eberl et l'arrivée de Stangl (26 août - 3 septembre 1942). Comment Wirth - des milliers de cadavres s'étant accumulés partout - de la gare au Totenlager - força détenus et SS à nettoyer le camp à coup de de hurlements et de menaces explicites, ainsi que d'éxecutions sommaires de juifs (le SS-Scharfûhrer Kainer, chef du Totenlager à ce moment-là, se suicida car incapable de continuer "à travailler" dans cet apocalypse. De même Wirth frappa Kurt Franz à coups de fouet pour le forcer à trainer des cadavres en compagnie d'Oberhauser et d'Hackenholt). Il explique aussi comment Wirth détaillait ses instructions aux personnels durant des réunions a 11h du soir à la cantine. À ces occasions, Il n'admettait aucune objection, n'avait aucun sentiment ni aucune considération, ses ordres devant être exécutés à la lettre (il allait jusqu'à expliquer dans le détail comment les juifs devaient nouer leurs chaussures ensembles). Il n'avait que mépris et dédain, même pour ses propres hommes. Wirth ne parlait pas, il menacait! Une "névrose Wirth" s'était developpé dans les camps sous son authorité à un tel point que certains SS se cachaient quand il approchait, de façon à pouvoir l'éviter. Beaucoup souhaitaient sa mort, mais personne n'osait franchir le pas. Il a été dit que si Wirth avait été tué, l'Aktion Reinhardt aurait probablement capotée, car nul autre que lui n'avait un caractère aussi dur et inflexible, ni la froide cruauté et l'insensibilité requisent pour mener les opérations d'extermination à bien. Wirth était l'homme du KDF (Kanzlei des Fûhrers der NSDAP - chancellerie du Fûhrer) de laquelle il recevait ses ordres directement via Brack, Blankenburg et Allers. Il était intouchable car irremplacable, et il le savait. Même si Globocnik chapeautait Reinhardt sur le plan organisationnel, il n'avait que peu ou pas d'influence sur les hommes de T4. C'est Wirth qui était LE chef à l'interieur des camps. Lui et personne d'autre.
pour ceux que cela intéresse, voici quelques pistes supplémentaires sur Christian Wirth.
- Michael Tregenza brosse un portrait assez exhaustif de Wirth (basé pour partie sur les divers articles publiés par lui en allemand et en polonais, dont: " Christian Wirth, Inspekteur der SS-Sonderkommandos Aktion Reinhard", ainsi que son livre "Aktion T4" sur l'euthanasie). Pour faire court, Wirth était d'origine souabe, et la Haute-Souabe / Alpes Souabes (Wurtemberg) était la région d'Allemagne qui avait le taux le plus élevé d'arriération mentale et de difformités physiques sévères. Wirth lui-même, sur 4 enfants qu'il avait eu avec sa femme Maria, en perdit 2 peu de temps après leurs naissances du fait probable d'infirmités physiques ou de déficiences mentales. Anécdotiquement, il est révélateur que l'Aktion T4 commenca à Grafeneck qui est dans le Wurtemberg. Du fait de ses origines, il n'est pas inconcevable de penser que Wirth lui-même avait déjà des troubles psychologiques depuis sont plus jeune age. Troubles accentués progressivement par la brutalisation de la guerre (1ère G.M. - de désespoir devant la capitulation allemande il tenta de se suicider, mais en fut empêché in extremis par sa mère), son travail de détective, d'abord aux moeurs puis à la criminelle, à la Kripo de Stuttgart (Wirth utilisait à cet époque "les interrogatoires renforcés", en clair la torture), l'Aktion T4, l'Aktion Reinhardt, et enfin OZAK (Operationszone Adriatisches Küstenland - opérations anti-juives et antipartisans). Son rapport à la vie et aux autre se développa donc dans un univers baigné de violence. Wirth a ce que nous appellerions aujourd'hui les traits marquants du sociopathe: froideur extrême, absence totale d'empathie, cruauté (qui va de pair avec l'absence d'empathie), dénuement absolu de conscience: seul compte le but à atteindre, peu importe la manière de l'atteindre, accès fréquents de rage et de colère, pouvant être des indicateurs de tendance à la psychopathie. Il est rapporté que déjà en 1939-40, il était presque impossible d'avoir un discussion normale avec Wirth, celui-ci n'étant plus rationnel et en partie dément. Si l'on ajoute au portrait psychologique, le fait que Wirth était un nazi fanatique, un partisan convaincu de l'eugénisme et de l'hygiène raciale, et un antisémite morbide, nous avons un monstre en puissance qu'aucune inhibition morale, aucun frein psychologique n'auraient pu le faire dévier de ses missions "au service du Führer".
Pour en savoir plus, vous pouvez vous reporter à la vidéo de la conférence donnée par Michael Tregenza à l'occasion du "Colloque International sur l'Aktion Reinhardt et l'Aktion Erntefest: le rôle du SS-Sturmbannfûhrer Christian Wirth dans l'Aktion Reinhardt" (en anglais avec traduction simultannée en français - je ne sais pas si cette vidéo à déjà été postée sur ce forum)
www.youtube.com/watch?v=VQ3MX6hsRYI&t=70s
- Max Williams dans son livre sur Odilo Globocnik (765 pages, 700 photos - en anglais), publie pour la 1ère fois, le manuscrit original écrit par le SS-Unterscharführer Franz suchomel en poste à Treblinka (filmé à son insu par Claude Lanzmann pour son film Shoah). Suchomel avait probablement écrit ce manuscrit en vue de sa défense durant le procès de Treblinka à Dûsseldorf en 1964-65 (appelé procès Kurt Franz ou 1er procès de Treblinka - pour ceux que cela intéresse: Michael S Bryant "Eyewitness to Genocide. The operation Reinhard Death Camps Trials 1955-1966" ce livre couvre les procès Belzec/Sobibor/Treblinka - en anglais) mais daté de 1971-72. Suchomel décrit comment Wirth se comportait avec les personnels T4, puis Reinhardt. Wirth menaca de son arme plusieurs de ses subordonnés: en octobre 1942, quand il apprit qu'Heinrich Unverhau avait essayé de demander sa mutation dans son dos, il le menaca devant toute la garnison SS de Belzec "de lui coller une balle dans la tête". Quand Erich Fuchs remis en cause l'utilité d'installer des pommeaux de douche dans les 1ères chambres à gaz de Belzec, Wirth devint fou et ordonna à 2 SS-Scharführers qui étaient à leurs côtés (dont Johann Niemann, responsable alors du Totenlager) de l'emmener à une fosse et de l'éxecuter. Ceux-ci réussirent néanmoins à l'en dissuader. À une autre occasion, il sorti son arme contre Werner Dubois. Dubois en retour sorti la sienne, et contre toute attente, Wirth perdit cette partie de poker menteur et rangea son arme le premier. De même, son adjoint Joseph Oberhauser a témoigné comment, à l'occasion d'un voyage en voiture vers Lublin, il annonca à Wirth son intention de demander sa mutation. Wirth fit arrêter la voiture et le manaca de son fouet - et pire - si jamais il persistait dans sa demande. Pour revenir à Suchomel, celui-ci décrit en grand détail la réorganisation de Treblinka aprés le limogage d'Irmfried Eberl et l'arrivée de Stangl (26 août - 3 septembre 1942). Comment Wirth - des milliers de cadavres s'étant accumulés partout - de la gare au Totenlager - força détenus et SS à nettoyer le camp à coup de de hurlements et de menaces explicites, ainsi que d'éxecutions sommaires de juifs (le SS-Scharfûhrer Kainer, chef du Totenlager à ce moment-là, se suicida car incapable de continuer "à travailler" dans cet apocalypse. De même Wirth frappa Kurt Franz à coups de fouet pour le forcer à trainer des cadavres en compagnie d'Oberhauser et d'Hackenholt). Il explique aussi comment Wirth détaillait ses instructions aux personnels durant des réunions a 11h du soir à la cantine. À ces occasions, Il n'admettait aucune objection, n'avait aucun sentiment ni aucune considération, ses ordres devant être exécutés à la lettre (il allait jusqu'à expliquer dans le détail comment les juifs devaient nouer leurs chaussures ensembles). Il n'avait que mépris et dédain, même pour ses propres hommes. Wirth ne parlait pas, il menacait! Une "névrose Wirth" s'était developpé dans les camps sous son authorité à un tel point que certains SS se cachaient quand il approchait, de façon à pouvoir l'éviter. Beaucoup souhaitaient sa mort, mais personne n'osait franchir le pas. Il a été dit que si Wirth avait été tué, l'Aktion Reinhardt aurait probablement capotée, car nul autre que lui n'avait un caractère aussi dur et inflexible, ni la froide cruauté et l'insensibilité requisent pour mener les opérations d'extermination à bien. Wirth était l'homme du KDF (Kanzlei des Fûhrers der NSDAP - chancellerie du Fûhrer) de laquelle il recevait ses ordres directement via Brack, Blankenburg et Allers. Il était intouchable car irremplacable, et il le savait. Même si Globocnik chapeautait Reinhardt sur le plan organisationnel, il n'avait que peu ou pas d'influence sur les hommes de T4. C'est Wirth qui était LE chef à l'interieur des camps. Lui et personne d'autre.
Dernière édition par PJ le 7/2/2024, 12:41, édité 4 fois
PJ- Sergent-chef
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Localisation : Finlande
Date d'inscription : 30/08/2023
Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Merci pour ces infos.
J'ai trouvé le livre de Michael S. Bryant sur le web (oui je sais de la main gauche c'est pas bô!!!!).
Je vais l'attaquer ce soir.
J'ai trouvé le livre de Michael S. Bryant sur le web (oui je sais de la main gauche c'est pas bô!!!!).
Je vais l'attaquer ce soir.
vilak- Capitaine
- Nombre de messages : 253
Age : 50
Localisation : Nîmes, France
Date d'inscription : 26/07/2010
Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Salut,
un autre livre sur les procès Reinhardt:
Dick de Mildt "In The Name of the People: perpetrators of genocide in the reflexion of their post-war prosecution in West Germany. The euthanasia and Aktion Reinhard trial cases" (1996 - 460 pages en anglais)
un autre livre sur les procès Reinhardt:
Dick de Mildt "In The Name of the People: perpetrators of genocide in the reflexion of their post-war prosecution in West Germany. The euthanasia and Aktion Reinhard trial cases" (1996 - 460 pages en anglais)
PJ- Sergent-chef
- Nombre de messages : 55
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Localisation : Finlande
Date d'inscription : 30/08/2023
Re: Criminalité de Christian Wirth – Témoignages
Merci!
Nous avons un sujet consacré aux livres sur l'Aktion Reinhard ici :
https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t11784-les-livres-sur-l-action-reinhard-belzec-sobibor-treblinka
Ca sera sans doute bien que tu y répertories ces livres que tu viens de nous citer, ils y ont tout à fait leur place.
Merci d'avance!
Nous avons un sujet consacré aux livres sur l'Aktion Reinhard ici :
https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t11784-les-livres-sur-l-action-reinhard-belzec-sobibor-treblinka
Ca sera sans doute bien que tu y répertories ces livres que tu viens de nous citer, ils y ont tout à fait leur place.
Merci d'avance!
vilak- Capitaine
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Age : 50
Localisation : Nîmes, France
Date d'inscription : 26/07/2010
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