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Adolf Eichmann

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Message  eddy marz 9/3/2011, 15:37

Bonjour à tous;
L'autre jour, je remarquais un post de bandofbrother, dans "L'Axe" au sujet d'Adolf Eichmann. Ayant constaté que nous n'avons rien sur lui, voici une petite introduction au personnage (très condensée, bien entendu) :

Rétrospectivement, le procès de l’ex Obersturmbannführer-SS Adolf Eichmann, qui se tint à Jérusalem du 11 avril au 15 décembre 1961, n’obtint pas le succès escompté. Certes, un rouage important de la Solution Finale avait été traduit en justice et, au fil de ses dépositions, la réalité et l’ampleur du génocide Juif avaient été dévoilées au monde de façon plus détaillée que jamais auparavant. Pourtant, au fil des audiences, il devint évident que si certains s’étaient imaginés faire le procès du nazisme et de ses décisionnaires, ils en seraient pour leurs frais – aucun des réels responsables de ce crime inimaginable ne survécut à la guerre pour être jugé. Eichmann, comme tant d’autres, n’était qu’un exécutant ; zélé, et investi d’une grande responsabilité, sans aucun doute, mais un exécutant néanmoins… De plus – et ce n’est pas un des moindres aspects – le procès lui-même se heurta à des problèmes judiciaires et de droit pénal inattendus, créant des irrégularités si variées et d’une complexité juridique telle, qu’elles influencèrent irrémédiablement la conduite des débats. Comme le souligne Hannah Arendt dans son remarquable livre, « Eichmann in Jerusalem ; a report on the banality of Evil », l’objectif du procès était de « rendre la justice et d’infliger une punition méritée ». Il était fondamental de résister à la tentation de s’aventurer dans « des provinces étrangères à la sphère » de la Cour ; en effet, les juges de Jérusalem n’avaient « aucun moyen d’investigation à leur disposition concernant les questions d’ordre général ». Trois objections furent immédiatement soulevées :

1. Comme pour les Procès de Nuremberg, Eichmann était jugé selon une loi rétroactive, et comparaissait devant un tribunal de vainqueurs.

2. Le Tribunal de Jérusalem était-il compétent, et pourquoi ne tenait-il pas compte du fait qu’Eichmann avait été kidnappé en Argentine et comparaissait donc de façon illégale ?

3. L’accusation elle-même soulevait nombre de problèmes car Eichmann était accusé de « Crimes contre le Peuple Juif » au lieu de « Crimes contre l’Humanité ».

La réponse à ces objections, et surtout aux deux dernières, était que, compte tenu du fait que les plus grands crimes commis lors de la 2e Guerre Mondiale le furent contre les Juifs, et que ces derniers n’avaient été que des spectateurs lors des Procès de Nuremberg, il était important qu’à présent la « Catastrophe Juive » tiennent la première place dans la procédure, et que c’était cet aspect qui différenciait ce procès de tous les autres. Pourtant les Alliés avaient créés la notion de « Crime contre l’Humanité » précisément à cause de la catastrophe Juive. En effet, la Diaspora Juive étant une communauté « dispersée », elle devenait ipso facto un problème international dans le sens légal de la Charte de Nuremberg. Bien entendu, une fois que les Juifs furent en possession d’un territoire, ils étaient en droit de juger des crimes commis contre leur peuple, au même titre que, par exemple, les Polonais. En définitive, ces objections étaient légalistes à l’extrême, et bien que la Cour dévoua un temps conséquent à leur étude, elles ne s’avérèrent pas d’une grande pertinence. Aucun doute ne subsistait quant au fait que les Juifs, indépendamment de leurs nationalités, avaient été exterminés parce qu’ils étaient Juifs. Mais l’enlèvement d’Eichmann en Argentine, et la façon dont il était jugé, entraient en conflit avec la notion d’adhésion au principe universel de jurisprudence. Ce principe était théoriquement applicable parce que les crimes contre l’Humanité sont comparables aux anciens crimes de Piraterie, et que celui qui les commets devient, comme les Pirates d’antan, aux yeux du droit international traditionnel, hostis humani generis – ennemi du genre humain. Or Eichmann était accusé de crimes contre les Juifs, hostis Judaeorum ; par conséquent, son enlèvement – que la notion de principe universel de jurisprudence relative au hostis humani generis aurait pu « justifier » – ne fut pas organisé en raison de ses crimes contre l’Humanité, mais exclusivement à cause de son rôle dans la « Solution Finale du Problème Juif ». De toute façon, qu’Eichmann ait été enlevé pour l’un ou l’autre de ces deux motifs, le fait même du kidnapping rendait son arrestation illégale. La Cour de Jérusalem décida de noyer toutes ces objections sous un flot de précédents, souvent bancals et argumentés de façon fallacieuse, pendant l’entière première semaine du procès, et correspondant aux premières 53 sections du jugement… À dire vrai, le Procès Eichmann ne différait en rien des Procès de Nuremberg et des procès successifs, à la seule différence qu’Eichmann n’avait pas été arrêté et extradé vers Israël légalement mais, au contraire, en violation flagrante (et délibérée) du droit international. Mais, dans les années 60, l’Argentine n’entretenait aucun accord d’extradition lié aux crimes commis lors de la 2e Guerre Mondiale ; ces derniers étant tombés, le 7 mai 1960, sous le statut des limitations de 15 ans après la fin de la Guerre. Au delà de cette date, Eichmann ne pouvait donc plus être extradé légalement de toute façon. Selon Hannah Arendt, nous pouvons donc argumenter que si nous sommes convaincus que le but final de la Loi est la Justice – et rien d’autre – alors l’enlèvement d’Eichmann fut « acceptable ». Il nous faut toutefois reconnaître que cette acceptabilité n’est pas fondée sur des « précédents », mais sur le fait que l’enlèvement fut un acte désespéré rendu nécessaire par les règles inadéquates du droit international.

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Adolf Eichmann examiné par un docteur lors de sa détention en Israël

Adolf Eichmann naît à Solingen, le 19 mars 1906, aîné d’une fratrie de 5 enfants – quatre garçons et une fille. Son père, Karl Adolf Eichmann, est comptable pour la société des Tramways & Electricité de la ville. En 1913, la famille s’installe à Linz, en Autriche, où Karl Adolf, suite à des remaniements internes, a été transféré en qualité de cadre supérieur de la même société. Trois ans plus tard, alors qu’Adolf n’a que de 10 ans, sa mère, Maria (née Schefferling), meurt. Son père se remarie. Vers la fin de ses années de lycée, le jeune Adolf rejoint le Jünglingsverein, sorte de YMCA de l’époque, les Wandervögel (groupements de scouts-hippies avant l’heure, portés sur les randonnées), et la section jeunesse du Jungfrontkämpfeverband, une association d’anciens combattants Autrichiens antirépublicains et pro-allemand. Mais, peu doué pour les études, le jeune homme enchaîne les échecs scolaires ; d’abord au lycée, puis à l’école d’ingénierie dans laquelle il a été placé en désespoir de cause.

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Groupe de Wandervögel

Au début des années 20, son père quitte son poste, fonde une petite entreprise minière, et s’établit à son propre compte. Adolf y travaille quelques mois, le temps de trouver, en 1925, à l’âge de 19 ans, un emploi dans le département des ventes de la compagnie Oberösterreichischen Elektrobau AG où il restera un peu plus de deux ans. Il devient ensuite agent régional de la Vacuum Oil Company AG (filiale de la Standard Oil) à Salzbourg. Eichmann se plaira à raconter que cet emploi lui fut « offert » ; en réalité c’est un cousin de sa belle-mère, président de l’Automobile Club Autrichien, qui usera de ses contacts auprès du Directeur Général de la Vacuum Oil Company AG, un Juif du nom de Weiss, pour obtenir cet emploi pour un membre de sa famille dans le besoin… Son travail au sein de la Vacuum Oil est lucratif ; il gagne bien sa vie malgré la période de chômage aggravé que traverse l’Allemagne, et loge chez son père lorsqu’il n’est pas en déplacement pour la firme. Mais, en 1932, il est licencié, et le bilan n’est guère reluisant : âgé de 26 ans, Adolf Eichmann ne sait rien faire, et ne démontre aucun talent particulier, sauf peut être celui de vendeur. Sa vie durant, il tentera de dissimuler sa « jeunesse malchanceuse » derrière les problèmes économiques de son père – ce qui lui paraît plus honorable. Mais, cette même année 1932 va s’avérer d’une importance capitale. Suite à une réunion du NSDAP Autrichien à laquelle son père et lui-même sont conviés par un avocat et vieil ami de la famille, Hugo Kaltenbrunner, Adolf Eichmann s’inscrit au NSDAP, et comme candidat à la SS Autrichienne le 1er avril 1932 – sur les recommandations du fils d’Hugo, Ernst Kaltenbrunner, avocat à Linz. Mais est-ce tout ? Ne s’agit-il pas aussi d’un jeune homme ambitieux, lassé de son travail avant même de se faire licencier par la Vacuum Oil ? N’aurait-il pas choisi finalement d’abandonner une existence routinière et vide pour se tourner résolument vers un mouvement au sein duquel il – un raté, tant à ses propres yeux qu’à ceux de son entourage – pouvait se forger une nouvelle identité, et aspirer à une nouvelle carrière, emporté par le vent de l’Histoire ?

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Adolf Eichmann au début des années 3O

Conseillé par Ernst Kaltenbrunner, Eichmann se détache de la loge maçonnique Schlaraffia – une société portée sur les Arts, l’Amitié, et l’Humour, fondée à Prague en 1859 – à laquelle il vient à peine d’adhérer ; l’appartenance à une loge maçonnique étant en effet parfaitement incompatible avec le règlement SS. Malgré une apparente cordialité, et le fait que leurs deux pères soient amis intimes, Ernst et Adolf n’entretiendront que des rapports superficiels ; Ernst n’exprimant la plupart du temps que dédain pour celui qu’il considère un petit-bourgeois, voire un parvenu. Puis, Adolf, qui n’a jamais lu (comme il l’avouera plus tard) ni Mein Kampf ni le Programme en 25 points du NSDAP (voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_en_25_points), ni aucun livre sérieux d’ailleurs, est officiellement incorporé
(n° 45 326), et sert à mi-temps dans l’Allgemeine-SS.

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Ernst Kaltenbrunner - à Nuremberg, 1945

Les débuts sont difficiles. Au printemps 1933, Eichmann est toujours sans emploi et, en raison de l’accession d’Hitler au pouvoir en Allemagne, l’activité du NSDAP Autrichien et de ses divers organes est suspendue. En l’absence de toute autre alternative, Adolf Eichmann retourne en Allemagne et sollicite un engagement à temps plein à la SS : « Je me suis dit, après tout, pourquoi ne pas devenir soldat ? ». Incorporé en novembre au sein de la Légion Autrichienne en Exil (malgré sa nationalité allemande), il est envoyé dans deux centres d’entraînement SS en Bavière, d’abord à Lechfeld puis à Dachau – où, contrairement à l’imagerie populaire, il ne participe en rien aux activités du camp de concentration. Eichmann reste dans les deux centres d’août 1933 jusqu’à septembre 1934 mais, malgré sa première promotion au grade de Scharführer-SS, reste dubitatif quant à sa carrière : « Je ne supportais pas la routine du service militaire ; toujours la même chose, jour après jour… ». C’est à ce moment, lassé et un peu déçu, qu’il apprend que le SD recrute ; sautant sur l’occasion, il soumet immédiatement sa candidature.

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Eichmann - 1933/34

À cette époque, le SD n’est qu’un service de renseignement interne squelettique, créé depuis deux ans à peine par le Reichsführer-SS Heinrich Himmler pour la surveillance des membres du NSDAP. Sous la touche technocratique exceptionnelle de Reinhard Heydrich, le service acquiert presque immédiatement d’autres pouvoirs et responsabilités, notamment en devenant le centre d’information et de recherche de la Gestapo. Mais, nous sommes en 1934, et loin encore de l’organisation tentaculaire des années à venir… Adolf Eichmann, quant à lui, n’a apparemment rien compris : « Ce fut une grosse déception. Parce que je croyais ce que j’avais lu dans le ‘Münchener Illustrierten Zeitung’ : lorsque de hauts fonctionnaires du Parti se déplaçaient en voiture, il y avait des commandos de gardes qui les accompagnaient, des hommes debout sur les marchepieds des véhicules. […] Bref, j’avais confondu le SD avec les Services de Sécurité […] Et personne ne m’a rien dit […] Et je n’avais aucune notion des choses qu’on me révélait à présent… ». Devant ses juges, Eichmann soutiendra toujours être entré au SD à la suite de ce « malentendu » ; effectivement, une rapide analyse peut conférer une crédibilité à cette affirmation : d’une part, en 1934, Eichmann ne pouvait avoir aucune idée de la tournure que prendraient les évènements et, d’autre part, la SS – comme son nom Schutzstaffeln l’indique – avait été conçue au départ pour la protection des hiérarques du Parti… Le parcours d’Eichmann au sein du SD débute en bas de l’échelle. Promu Oberscharführer-SS, il est incorporé au Département d’Information ; un travail consistant à ficher et collecter toute information relative à la Franc-Maçonnerie – qui, dans l’idéologie confuse des nazis, est assimilable au Judaïsme, au Catholicisme, et au Communisme. À charge pour lui également d’aider à la création d’un « Musée de la Franc-Maçonnerie ». Mais, ici aussi, Eichmann s’ennuie…

En mars 1935, il se décide enfin à épouser Veronika (ou Vera) Liebl, qu’il fréquente depuis deux ans ; peut-être parce que les membres célibataires de la SS ne pouvaient ni prétendre à un avancement, ni jamais être sûrs de la pérennité de leur emploi.

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Veronika Eichmann

Heureusement pour lui, au bout de 4 ou 5 mois, il est promu Hauptscharführer-SS, et transféré vers un département flambant neuf au sein du SD : la Direction II-112 ou Bureau des Affaires Juives. Son nouveau patron, l’Untersturmführer-SS Baron Leopold Von Mildenstein, intimement lié à des chefs sionistes, estime qu’une émigration Juive vers la Palestine serait réalisable avec l’appui de la SS. Von Mildenstein et le représentant de la Fédération Sioniste, Kurt Tuchler, étaient partis 6 mois en Palestine dans le but d'y évaluer le développement du Sionisme dans la région. Von Mildenstein écrivit une série d’articles illustrés dans Der Angriff [le journal de Goebbels], qui furent publiés à la fin de 1934 sous le titre « Un Nazi voyage en Palestine ». Les articles manifestaient une grande admiration pour l'esprit pionnier et les réalisations des colons Juifs. Selon Von Mildenstein, le développement du Sionisme était non seulement un grand bienfait pour le peuple Juif et pour le monde entier, mais avait créé une nouvelle sorte de Juif. Un foyer national juif en Palestine « montrerait la voie pour guérir une blessure vieille de plusieurs siècles sur le corps du monde : la question juive ». Der Angriff fit frapper une médaille, avec un svastika sur une face et une étoile de David sur l'autre, pour commémorer la visite conjointe SS-Sioniste. Quelques mois après la parution des articles, Von Mildenstein est promu à la tête de la Direction des Affaires Juives, avec l'objectif de soutenir plus efficacement l'émigration et le développement sionistes.

Immédiatement, Von Mildenstein conseille à Eichmannn, qui n’y connaît rien en matière de Juifs, de lire le classique sioniste Der Judenstaat de Theodor Herzl ; un ouvrage qui semble l’avoir converti au Sionisme pour toujours. À partir de ce moment, il se montre en faveur d’une solution exclusivement « Politique » au « Problème Juif » ; c’est à dire à l’expulsion. Enthousiaste, il prêche la bonne parole auprès de ses camarades SS, se lance dans une série de conférences, écrit et distribue des pamphlets, étudie l’Histoire du Sionisme d’Adolf Böhm, l’organisation du Sionisme et de tous ses partis, et se plonge dans l’étude de l’Hébreu (il ne réussira finalement qu’à se débrouiller modérément en Yiddish)… Bien qu’insuffisantes pour lui conférer un titre de « spécialiste », ces études lui permettent néanmoins d’obtenir un statut d’espion officiel des cercles et réunions sionistes. Himmler donne finalement son accord au projet d’émigration de Von Mildenstein mais, dix mois plus tard, indisposé par la surveillance permanente des sbires d’Heydrich, ce dernier démissionne pour intégrer l’Organisation Todt d’Albert Speer. Adolf Eichmann, lui, reste en place ; et c’est ici que débute sa véritable carrière.

Le SD coopère avec la Haganah, l'organisation militaire sioniste secrète en Palestine, et rémunère son représentant, Feivel Polkes, pour ses informations sur la situation au Moyen-Orient et pour son aide dans l'organisation de l'immigration Juive ; Feivel Polkes rencontre même Eichmann à Berlin le 26 février 1937. Cette émigration est organisée par le SD main dans la main avec le Bureau d’Émigration vers la Palestine, le Mossad le Aliyah Bet, fondé la même année par Eliahu Golomb, dirigeant de la Haganah. Les émigrants Juifs sont embarqués clandestinement à bord de navires, malgré les efforts du Royaume-Uni d’en endiguer le flux. On assiste alors à l’étrange alliance entre le SD et le Sionisme contre l’Angleterre et les extrémistes antisémites du NSDAP. Le Mossad le Aliyah Bet et ses dirigeants sionistes, Pino Ginzburg et Moshe Auerbach, font tout ce qu’ils peuvent pour tromper la surveillance maritime et aérienne des Anglais qui tentent de stopper « l’invasion Juive de la Palestine » et d’éviter les protestations arabes qui en découleraient. La direction du SD accroît son effort d’aide au Mossad au fur et à mesure que les Anglais se durcissent, procédant même à la livraison secrète d'armes allemandes aux colons juifs pour la lutte contre les Arabes de Palestine. Mais, grâce à un indicateur implanté au sein du SS-Hauptamt, la Haganah est également tenue informée des menées allemandes… Le 4 septembre 1937, le journaliste Standartenführer-SS Herbert Hagen du SD et Eichmann embarquent pour Haïfa afin de discuter des possibilités d'une émigration massive des Juifs allemands, et atteignent leur destination le 3 octobre. Selon Eichmann, ils n’eurent que le temps d’escalader le Mont Carmel avant d’êtres contraints de fuir pour éviter que les autorités Britanniques ne les déporte en Égypte. Un visa pour la Palestine leur étant refusé, les deux agents SD se rendent au Caire mais, une fois sur place, Feivel Polkes, pressentant une tentative de mainmise nazie en Palestine par le biais des Sionistes, se montre méfiant, et brouille les pistes. Quant aux rencontres prévues avec les leaders arabes, elles n’ont tout simplement pas lieu en raison de l'interdiction de visa. De retour en Allemagne, Hagen et Eichmann déconseillent une émigration Juive à grande échelle, tant pour des raisons économiques que pour ne pas froisser les hiérarques du Reich, opposés à la création d’un État juif en Palestine.

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Herbert Hagen (à dr.) lors de son procès, à Cologne, en 1980

Le 12 mars 1938, c’est l’Anschluβ… Après plusieurs années de pressions Allemandes, l’Autriche est annexée au Reich – première étape du plan d’Hitler pour la création d’un Empire Germanique. Peu de temps après, le SD envoie Eichmann à Vienne afin d’y ouvrir la Zentralstelle fur juedische Auswanderung (Centre pour l’Émigration Juive). L’agence fonctionne tellement bien que des succursales sont rapidement ouvertes à Berlin et à Prague. Il convient toutefois de noter que les ordres d’Eichmann sont clairs : malgré les apparences, il ne s’agit aucunement d’émigration volontaire… Pour sa première mission importante, et avec l’appui de son ami, l’avocat et Obersturmführer-SS Erich Rajakowitsch, Eichmann se surpasse : au cours des 9 premiers mois, plus de 45.000 Juifs Autrichiens sont expulsés ; dix mois plus tard, ils seront 120.000. Erich Rajakowitsch crée le « Fond d’Émigration », financé par les Juifs les plus fortunés afin d’assurer le coût d’expulsion des plus pauvres. Par conséquent, Eichmann libère les notables Juifs détenus dans les divers camps du district dans le but de les contraindre à collaborer à l'expulsion… Car il a changé – comme si ce poste à Vienne avait déclenché un dédoublement durable de sa personnalité ; il est maintenant sûr de lui, hautain et arrogant. Plus tard, le Dr. Franz Meyer, membre dirigeant de l’Organisation Sioniste Allemande, se souviendra : « […] J’ai immédiatement dit à mes amis que je n’étais pas certain de rencontrer le même homme, tellement le changement était terrible. […] Voici maintenant que je rencontrais un homme qui se comportait comme le maître de la vie et de la mort. Il nous a reçu avec morgue et insolence. Il ne nous a pas autorisé à nous approcher de son bureau, et nous étions obligés de rester debout »…

Le 7 novembre 1938, Herschel Grynszpan, jeune Juif de 17 ans, assassine le 3e secrétaire de l’ambassade d’Allemagne à Paris, Ernst Von Rath. Josef Goebbels comprend immédiatement le bénéfice qu’il peut tirer de cet incident. Deux jours plus tard, il prononce un discours venimeux devant un parterre de dignitaires et de « vieux combattants » du NSDAP… et le tour est joué. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, selon un plan coordonné, la destruction des biens juifs est organisée « spontanément » sur l’ensemble du territoire du IIIe Reich… Kristallnacht. Au terme du pogrom, deux mille synagogues auront été détruites, des milliers de logements et magasins juifs saccagés ou incendiés, une quarantaine de Juifs assassinés, des centaines arrêtés… Pourtant, les futurs cadres de la Solution Finale sont, à l’origine des adversaires de Goebbels et des méthodes qu’il envisage. Car il faut comprendre que le pogrom de Kristallnacht est avant tout une réaction de rébellion de la part du NSDAP contre le rôle prédominant de la SS en matière de la politique juive du Reich. Himmler et Heydrich n’ont pas été consultés, mais mis devant le fait accompli. Devant l’insistance de Goebbels, Hitler aurait répondu que de tels pogroms ne devaient pas être perçus comme organisés par le NSDAP, mais qu’il ne s’opposait pas à des actions « spontanées »… Les chefs du Parti comprennent qu’ils sont chargés d’organiser les « actions » contre les Juifs, mais discrètement, et sans interventions officielles.

La nuit de Kristallnacht, à 23h15, Heydrich apprend par le SD de Munich que des pogroms ont été lancés par la direction de la propagande du Gau de Munich. Les ordres interdisent à la Gestapo d’intervenir. Heydrich, désemparé, téléphone à Himmler. À 23h30, le Reichsführer SS est reçu dans les appartements privés d’Hitler. Le Führer joue la surprise : il n’est au courant de rien ! Toutefois, que la SS et la Gestapo se contentent d’assurer la sauvegarde des biens juifs. Himmler et Heydrich s’exécutent. Furieux, Himmler comprend rapidement les manœuvres de Goebbels ; ce dernier tente de compromettre la souveraineté de la SS. Le Standartenführer SS Otto Ohlendorf (Chef du Inland SD) se déclare « horrifié par ces pogroms ». Le Prefet de Police Von Eberstein pense que « cette action est parfaitement dégoûtante »… Mais la SS ne proteste guère plus ; aucun de ses cadres ne songe réellement à refuser de collaborer à l’action. La SS obéit aux ordres de non-intervention émis par Hitler. Cette flambée de violence est suivie d’une accalmie. Puis, le 24 janvier 1939, Göring ordonne à Heydrich de renouer avec la politique d’émigration et de déportation des Juifs, soutenue par le SD. Sous la férule d’Heydrich, une « Direction Centrale pour l’Émigration Juive » est mise en place à Berlin, sous les ordres du Standartenführer SS Heinrich Müller, chef de la section II du Gestapa (Geheimes StaatspolizeiAmt). Des pressions sont immédiatement exercées sur les chefs sionistes allemands afin d’accélérer l’émigration ; la direction centrale du SD exige une liste journalière de 70 familles prêtes à partir. Sous l’impulsion d’Heydrich et de Müller, l’exode atteint des chiffres record…

Promu Hauptsturmführer-SS, le 30 janvier 1939, Eichmann quitte Vienne, et rentre à Berlin. La même année, 78.000 Juifs quittent l’Allemagne (contre 40.000 en 1938). En mars, Hitler envahit la Tchécoslovaquie, et crée le Protectorat de Bohême-Moravie. Eichmann est immédiatement dépêché à Prague pour y organiser l’émigration. Grâce à ses efforts, 30.000 Juifs abandonnent le Protectorat… En été, le SD concède à Pino Ginzburg d’embarquer les Juifs de Hambourg et d’Emden pour la Palestine. Ginzburg met au point un programme prévoyant d’acheminer 10.000 Juifs en Palestine en Octobre… Mais, le 3 septembre, la seconde guerre mondiale éclate ; mettant brutalement fin à « l’idylle » SD-Mossad le Aliyah Bet. La politique juive autonome du SD s’arrête net. La Gestapo prend la relève des intellectuels du SD en matière de Juifs. Müller, chef de la direction centrale pour l’émigration juive, abandonne ses fonctions en octobre pour être remplacé par… Le Hauptsturmführer-SS Adolf Eichmann.

Placé dans l’administration IV (Gestapo) du RSHA, on lui confie la direction de la section IV B4 (Affaires Juives et Déportation), un poste qu’il dirigera jusqu’à la fin de sa carrière. L’heure n’est pas encore venue, mais en accédant à cette responsabilité, Eichmann vient de s’installer aux manettes de la destruction physique des Juifs… À nouveau promu, au rang de Sturmbannführer-SS, le 1er août 1940, il publie le « Reichssicherheitshauptamt : Madagaskar Projekt » dans lequel il propose la déportation de la totalité des Juifs Européens dans la colonie Française. Impraticable et coûteux, le projet Madagascar est rapidement jugé obsolète par les hautes instances du NSDAP. En réalité, tout le monde est déjà prêt psychologiquement pour la phase suivante : s’il n’existe aucun territoire pour y « évacuer » les Juifs, la seule
« solution » ne peut être que l’extermination.

Au environ de la mi-juin 1941 (au plus tard), l’Obersturmbannführer-SS Rudolf Höss, Commandant du camp de concentration d’Auschwitz, est convoqué à Berlin par Himmler, et chargé de préparer le camp pour l’extermination. Le 22 juin 1941, Hitler déclenche Barbarossa. Soutenus par une impressionnante couverture aérienne, un million d’hommes fondent sur l’URSS en une ligne s’étirant de la Baltique jusqu’à la Mer Noire. Dans le sillage de la Wehrmacht, les Einzatsgruppen d’Heydrich procèdent à l’assassinat systématique des Untermenschen. Un mois plus tard, une directive codée est transmise par Heinrich Müller, Chef de la Gestapo, aux commandants des quatre Einsatzgruppen précisant que « le Führer doit être continuellement informé du travail des Einsatzgruppen à l’Est […] par conséquent, une documentation visuelle d’intérêt spécifique, comme des photos » est nécessaire. (RSHA IV A Ib, B. N° 576B/41g, FT (codé), signé « Müller, SS Brif » Fa 213/3, Institut für Zeitgeschichte). Presque simultanément, le 31 juillet, Göring charge Heydrich de préparer « un plan général des matériels administratifs et des mesures financières nécessaires à la réalisation désirée d’une Solution Finale de la Question Juive ». Dés le mois de septembre (ou octobre), les SS créent un camp de prisonniers dans la raffinerie de Trawniki, près de Lublin (Generalgouvernement/Pologne Orientale), destiné à recevoir les prisonniers militaires Russes et Polonais. Des volontaires soviétiques y sont sélectionnés pour servir dans la SS, et entraînés. Simultanément, des travaux sont entrepris pour transformer le manoir de Chelmno, à 60 kilomètres de Lodz, en centre d’extermination. Ces préparatifs, y compris l’ordre donné à Höss par Himmler, effectués trois mois avant la conférence de Wannsee, prouvent – sans l’ombre d’un doute – que l’opération de destruction était déjà en place. Toujours en octobre, le SSPF Odilo Globocnik est chargé par Himmler de planifier et d’implémenter la très secrète Aktion Reinhard dans le Generalgouvernement, en vue de procéder à l’extermination des Juifs et à la saisie de leurs biens. Fin novembre 1941, les premiers déportés en provenance du Ghetto de Lodz, d’Allemagne et de Tchécoslovaquie, sont acheminés par trains à Chelmno où, à partir du 8 décembre, ils sont assassinés au moyen de 2 camions à gaz « prêtés » par les Einsatzgruppen. La décision de construire le camp d’extermination de Belzec, 1er des centres d’extermination d’Aktion Reinhard, date sûrement de cette époque puisque les travaux étaient pratiquement terminés le 1er novembre, donc, ici aussi, deux mois avant la conférence de Wannsee...

Pendant la même période, aux environs d’octobre/novembre 1941, Eichmann est informé par Reinhard Heydrich que « le Führer a ordonné l’extermination physique des Juifs ». Le 9 novembre, il est promu Obersturmbannführer-SS, grade qu’il gardera jusqu’à la fin de la guerre. Deux mois plus tard, le 20 janvier 1942, se tient la Conférence de Wannsee. Adolf Eichmann y est convié pour en rédiger le procès-verbal (dont le contenu fut authentifié par d’autres témoins). Comme nous l’avons vu, la Conférence ne fut pas le point de départ de la Solution Finale – elle était implémentée depuis 3 mois déjà – mais sa formalisation. Les représentants des agences du Reich qui ont un rôle à y tenir sont rassemblés pour un seul but : en définir le fonctionnement administratif et économique. Il s’agit d’organiser et de mener à bien l’extermination de 11 millions de Juifs Européens (estimation du Dr. Richard Kohrerr – chef de l’Inspection Statistique SS). En 1960, devant le juge d’instruction à Jérusalem, Eichmann se souviendra : « C’était la première fois de ma vie que je prenais part à une telle conférence avec des hauts fonctionnaires, des secrétaires d’État. […] Tout s’y passa fort bien, tout le monde était aimable, très poli, très gentil et courtois. On ne se disputait pas, on ne faisait pas de phrases inutiles. […] Les ordonnances nous servaient du Cognac et l’affaire était réglée »…

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Adolf Eichmann - grade Obersturmbannführer-SS

Immédiatement après la Conférence de Wannsee, fin janvier ou début février 1942, Eichmann est mandaté à Lublin pour rendre compte du développement d’Aktion Reinhard qui n’est encore qu’en phase initiale. Sur place, il rencontre le SSPF Odilo Globocnik qui se montre
« très obligeant à son égard », et lui fournit un guide en la personne du Hauptsturmführer-SS Hermann Höfle chef du Hauptabteilung de l’Aktion. Höfle emmène Eichmann en voiture au camp d’extermination « expérimental » de Belzec. En bras de chemise, et ayant visiblement mis la main à la pâte, un capitaine de l’Ordnungspolizei [il s’agit du Kriminalkommissar/Hauptsturmführer-SS Christian Wirth] les accueille, et les emmène en direction de quelques petits « bungalows en bois », et commence « d’une voix brutale, vulgaire, et inculte » à expliquer « comment il avait tout parfaitement isolé pour que, lorsque le moteur de sous marin soviétique serait mis en marche, les gaz pénètrent le bâtiment et les Juifs seraient empoisonnés. Pour moi, c’était monstrueux. Je ne suis pas assez dur pour pouvoir supporter quelque chose comme ça sans réagir […] et puis j’ai ressenti une faiblesse physique, comme si je venais de traverser une forte agitation […] et un lancinant tremblement intérieur »… Cette visite d’Eichmann à Belzec coïncide avec le début des déportations massives, entre mars et juin 1942, de Juifs Tchèques de Theresienstadt et de Slovaquie vers des ghettos de transit puis vers les camps de Majdanek et de Sobibor. Sur un total de 53.889 déportés, 16.600 seront assassinés dans les chambres à gaz de Belzec. Mais Eichmann n’est pas au bout de ses épreuves. Heinrich Müller, chef de la Gestapo, lui ordonne maintenant de dresser un rapport sur l’utilisation des camions à gaz de Chelmno – un spectacle qu’il trouvera « répugnant ». Puis, Müller expédie Eichmann à Minsk où il assiste à un assassinat en masse conduit par l’Einzatsgruppe B. Sur le chemin du retour, il aperçoit un autre lieu de massacre où « le sang giclait de la fosse comme d’une fontaine »…

À partir de maintenant, les fonctions d’Adolf Eichmann ne concernent plus que la Solution Finale. Il assume le rôle d’Administrateur des Transports – c’est à dire la coordination des déportations de Juifs des quatre coins de l’Europe vers les ghettos en Pologne occupée et, de là, vers les chambres à gaz de Belzec, Sobibor, Treblinka et Auschwitz-Birkenau. Eichmann s’intéresse beaucoup à Auschwitz depuis sa création, et s’y rendra à plusieurs reprises. Il aide Rudolf Höss, le commandant, à sélectionner le meilleur emplacement pour les chambres, approuve l’utilisation du Zyklon B, et assiste à au moins un gazage… Avec enthousiasme fanatique et efficacité, Eichmann parcoure le Reich, coordonnant l’opération, et assurant une livraison régulière de déportés vers les camps d’extermination où le nombre de morts commence à se chiffrer en millions. Début 1944, Himmler donne l'ordre à Eichmann (et à d'autres artisans de la Solution Finale) de contacter la Waadah (organisation Sioniste de Budapest), qui s'efforce depuis janvier 1943 d'acheter les vies des Juifs qui se trouvent entre les mains de la SS. Eichmann rencontre donc Joël Brand (un des chefs de l'organisation juive internationale) et lui annonce que les Juifs hongrois pourront être sauvés si la Waadah obtient de la communauté juive le paiement d'une rançon en nature, à savoir 10.000 camions, 2 millions de caisses de savon, 200 tonnes de thé, et 200 tonnes de café. Eichmann (qui est contre le projet) conseille à Brand de partir pour Istanbul afin d'y rencontrer les autres membres de l'organisation juive internationale et d'organiser la transaction. Eichmann profite de l'absence de Brand pour lancer son opération d'extermination des Juifs hongrois, au mois de mai 1944. Quinze jours plus tard, les déportations commencent. Eichmann se rend à Auschwitz afin de superviser et accélérer l’extermination. À la fin juin, 381.661 Juifs Hongrois sont gazés à Birkenau. Entre temps, n'ayant rien obtenu de ses interlocuteurs, Joël Brand revient, mais est arrêté par les Anglais en Syrie. La fureur meurtrière d'Eichmann ne fait que s'accentuer. La presse britannique et américaine fait état en même temps de l'échec des négociations de Brand en Turquie : ni l'organisation mondiale juive, ni les Alliés ne se prêteront à ce commerce méprisable... Pendant l'été 1944, il négocie avec Rudolf Kastner, un des responsable de la Waadah, et autorise, en échange d’or et de diamants, le départ vers la Suisse d'un peu plus d'un millier de Juifs. En août 1944, Eichmann annonce à Himmler qu’environ 4 millions de Juifs ont été liquidés dans les camps, et environ 2 millions par les Einzatsgruppen. Fin 1944, l’étau des Alliés se referme sur le Reich. Alors que l’Armée Rouge se rapproche de Budapest, Himmler ordonne l’arrêt des déportations. Mais Adolf Eichmann n’en fait qu’à sa tête – 50.000 Juifs Hongrois sont réunis et contraint à une « marche de la mort » de huit jours jusqu’en Autriche.

Mai 1945, l’Allemagne capitule ; le Reich Millénaire n’aura duré que 12 ans. Adolf Hitler est mort, et les autres responsables de la Solution Finale, mis à part Ernst Kaltenbrunner, le sont aussi ou n’en ont guère pour longtemps ; seuls les deuxièmes couteaux sont en cavale – des exécutants pour la plupart.

C’est sous le nom et l’uniforme d’emprunt de Bart, ou Barth, caporal de la Luftwaffe, qu’Adolf Eichmann est capturé et placé dans un camp d’internement Américain à Weiden. Puis, réalisant que les officiers sont exempts du travail forcé, il change à nouveau son identité et devient l’Untersturmführer-SS Otto Eckmann… un nom qui ne représente rien pour ses geôliers. Transféré dans un autre camp, en Franconie, et hanté par l’angoisse d’une éventuelle capture, Eichmann déprime… et envisage même le suicide. Avec l’aide d’officiers SS supérieurs incarcérés avec lui, il obtient de faux papiers au nom d’Otto Henninger de Breslau puis s’évade, et trouve refuge chez une veuve, Nelly Krawietz, sœur d’un des SS internés avec lui. Nelly Krawietz l’accompagne jusqu’à Hambourg ; Eichmann continue seul jusqu’à Eversen, près de Lüneburg. Il y travaille pendant deux ans comme charpentier avant de se déplacer à Altensalzkoth où il trouve un emploi dans un élevage de volaille. Mais, début 1950, craignant toujours une capture, l’Obersturmbannführer-SS s’enfuit vers l’Italie, empruntant la « Filière des Rats ». Changeant à nouveau d’identité, il devient Ricardo Klement et, grâce à un père Franciscain en contact avec Monseigneur Alois Hudal, obtient un passeport du Comité International de la Croix Rouge avec visa pour l’Argentine… Le 14 juillet 1950, Adolf Eichmann embarque pour l’Argentine, et s’installe à Buenos Aires où sa femme et ses 4 fils le rejoindront. Pendant dix ans, il vivra sans être inquiété, occupant divers emplois en usine, en ingénierie, et en élevage de lapins.

Adolf Eichmann Eichma11
En route pour l'Argentine...

Le 11 mai 1960, un soir comme les autres, rentrant du travail, Ricardo Klement descend de l’autobus. Il s’approche de sa rue… où l’attendent les hommes du Mossad et du Shin Bet.

Adolf Eichmann Eichma12
Eichmann à Jérusalem

Merci de votre attention
Eddy
clin doeil gri


Sources :

• Arendt, Hannah. Eichmann in Jerusalem ; a report on the banality of evil – Viking Compass, New York, 1965

• Joffroy, Pierre. Eichmann par Eichmann (en collaboration avec Karin Königseder) – Bernard Grasset

• Boas, Jacob. Baron von Mildenstein and the SS support of Zionism in Germany, 1934-1936 dans History Today ; janvier 1980.

• Fleming, Gerald. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984.

• Krausnick, Helmut & Broszat, Martin. Anatomy of the SS State – Granada Publishing Ltd, London, 1970

• Gilbert, Martin. The Holocaust – Collins, London 1986

• Padfield, Peter. Himmler ; Reichsführer SS – Papermac, 1995

Photos :

• Yad Vashem
• USHMM
• NARA



Dernière édition par eddy marz le 4/1/2012, 16:12, édité 1 fois
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Message  Narduccio 9/3/2011, 16:05

La revue "L'histoire" de ce mois porte justement sur le procès Eichmann. On en débat sur Passion-Histoire : Le procès Eichmann

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Message  Jules 9/3/2011, 18:34

Eichmann : l'un des meilleurs organisateurs du 3ème Reich. Un "assassin de bureau" comme dirait Eddy.
Sa traque et bien connue.
Le propriétaire du terrain numéro 18 s'appelle "Veronika Liebl Fichmann"...
Juste après sa capture, lors de son 1er interrogatoire, il lui ont demandé son matricule SS et il a donné le bon.
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Message  Phil642 9/3/2011, 23:33

Thanks again Eddy for this new article!

L'opération d'enlèvement d'Eichmann est tout simplement rocambolesque, digne des meilleurs romans.

Je me souvient avoir lu l'histoire dans un livre de la collection Poche.
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Message  Dom 10/3/2011, 09:16

Phil642 a écrit:

Je me souvient avoir lu l'histoire dans un livre de la collection Poche.

Certainement "Capturer Eichmann" de Peter Man et Uri Dan

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Message  le ronin 13/3/2011, 11:59

Bonjour, et merci Eddy, pour cette documentation bien fournie (comme d'hab) . Très intéressant à lire , des personnages que rien au départ ne prédisposait à devenir des rouages important de cette atrocité sans nom , commise à l'échelon industriel , et que rien ne surpasse tant en horreur, qu'en organisation méticuleuse froide, et méthodique , pour satisfaire aux rêves d'un illuminé qui a fait vaciller le monde .


Amicalement .




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Message  eddy marz 13/3/2011, 12:32

Merci Ronin; you're welcome clin doeil gri
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Message  Jules 13/3/2011, 14:40

le ronin a écrit:Bonjour, et merci Eddy, pour cette documentation bien fournie (comme d'hab) . Très intéressant à lire , des personnages que rien au départ ne prédisposait à devenir des rouages important de cette atrocité sans nom , commise à l'échelon industriel , et que rien ne surpasse tant en horreur, qu'en organisation méticuleuse froide, et méthodique , pour satisfaire aux rêves d'un illuminé qui a fait vaciller le monde .


Amicalement .

Le ronin.

C'est tout à fait vrai. Trop de "chercheurs" s'entêtent à fouiller dans les passés de ces assassins pour essayer d'y dénicher un élément déclencheur responsable d'une possible dérive psychologique.
Ils arrivent tous à la même conclusion : rien ne prédisposait tel ou tel type à un avenir aussi sombre. N'importe qui peut devenir un "monstre" si certaines conditions sont remplies. On ne parle pas d'enfance difficile, juste de mecs arrivistes, assoiffés de pognon et de responsabilités qui ont vendu leur âme en se cachant derrière des idéaux incroyablement grotesques.
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Message  vilak 28/3/2011, 15:24

Merci Eddy.

Encore une passionante biographie.

C'est pour ce type que l'on a, je crois, inventé le mot "La banalité du mal".
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Message  greg 10/4/2011, 16:07

Narduccio a écrit:La revue "L'histoire" de ce mois porte justement sur le procès Eichmann. On en débat sur Passion-Histoire : Le procès Eichmann

J'ai lu cette revue, j'ai trouvé ça instructif.
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Message  sukhoi 11/4/2011, 18:34

Voici une info de la première importance:

Le procès Eichman est en intégralité sur Youtube!


Voici la chaine spécifique:
https://www.youtube.com/EichmannTrialEN


Vidéo disponible en Hébreu, Yiddish, Anglais et Allemand

Je doute réussir à écouter les 400 heures d'enregistrement en anglais, mais je pense que cela pourra constituer un outil assez précieux pour certains (non non non Eddy, je ne pense à personne en particulier...)

A priori ce Eichmann me fais plus penser à un homme d'affaire lambda, petit sourire crispé aux lèvres et costard banal, on a vraiment du mal à croire qu'ilcomparait pour participation à l'un des plus grands massacre de l'Histoire !

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Message  eddy marz 11/4/2011, 19:00

Merci Sukhoi pouce gri

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Message  Jules 12/4/2011, 12:18

Super, j'aimerais bien voir la même chose pour les grands criminels de guerre de Nuremberg, notamment le contre-interrogatoire intégral de Goering.
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Message  Phil642 12/4/2011, 12:30

Merci!

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Message  tietie007 22/5/2011, 10:34

Je suis en train de lire le livre de Neal Bascomb, La Traque d'Eichmann, Perrin 2010, et on comprend mieux pourquoi l'exécuteur en chef de la Solution finale a échappé, dans un premier temps, à la justice alliée. Il n'était que lieutenant-colonel, ce qui pour un tel poste était assez peu élevé comme grade. De plus, c'était un SS très discret, qui restait dans l'ombre, comme un bon bureaucrate qu'il était, et les alliés eurent du mal à trouver une photo de son visage.
Ce n'est qu'en juillet 1945, qu'Eichmann apparu comme le criminel n°1 à rechercher, par l'Agence juive. Mais c'est surtout lors du procès de Nuremberg, que son nom fut cité et sa fonction dans la Solution finale précisée, par son adjoint, Dieter Wisliceny, qui témoigna le 3 janvier 1946, devant le prestigieux tribunal.
Pour trouver une photo de l'allemand, la Haganah envoya Manus Diamant, un de ses agents,

Adolf Eichmann 4178h1RBwTL._SL500_AA300_


en mission auprès d'une ancien maîtresse d'Eichmann, à Doppl, Fraülein Mösenbacher, en espérant que la dame ait une photo de son amant ! Bingo ! Diamant charma la roumbière qui lui fit voir ses photos de famille où se trouvait son ancien petit ami SS, pendant la guerre. L'album fut confisqué par la police, et, pour la première fois, le visage du grand architecte de la solution finale ...la chasse pouvait commencer !
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Message  eddy marz 22/5/2011, 11:39

Oui, la traque d'Eichmann fut une aventure riche en rebondissements...

tietie007 a écrit:pour la première fois, le visage du grand architecte de la solution finale ...la chasse pouvait commencer !

Adolf Eichmann ne fut pas l'Architecte de la Solution Finale (même si c'est ce qu'Israël s'imaginait pendant les recherches, et aurait souhaité qu'il soit), mais uniquement son valet le plus dévoué et fanatique. L'architecte du Génocide est, sans conteste, Heinrich Himmler.
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Message  tietie007 22/5/2011, 14:43

eddy marz a écrit:Oui, la traque d'Eichmann fut une aventure riche en rebondissements...

tietie007 a écrit:pour la première fois, le visage du grand architecte de la solution finale ...la chasse pouvait commencer !

Adolf Eichmann ne fut pas l'Architecte de la Solution Finale (même si c'est ce qu'Israël s'imaginait pendant les recherches, et aurait souhaité qu'il soit), mais uniquement son valet le plus dévoué et fanatique. L'architecte du Génocide est, sans conteste, Heinrich Himmler.

Oui, c'était juste une formule imagée. La Solution finale fut dictée par Hitler à Himmler, formalisée à Wansee sous l'aune d'Heydrich, et mise en oeuvre par Eichmann. Ce dernier s'attachera à la mise en oeuvre pratique de celle-ci.
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Message  tietie007 31/5/2011, 06:49

Le livre de Bascomb est pas mal, il fait surtout ressortir le fait que l'Argentine de Péron fut un véritable sanctuaire pour les nazis. Quant à Eichmann, sa vie en Argentine fut un "désastre" au niveau de sa réussite sociale, et il finit comme chefaillon dans une usine lambda, sans le sou, habitant une maison sans eau ni électricité !! Les agents israéliens croyaient d'ailleurs se tromper en voyant le grand technicien de la Solution Finale vivre dans des conditions aussi misérables, ce qui a retardé, d'ailleurs, son identification !
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