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L'histoire des Cosaques (XIVe - XXe siècle)

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L'histoire des Cosaques (XIVe - XXe siècle) Empty L'histoire des Cosaques (XIVe - XXe siècle)

Message  Yeoman 35 1/8/2011, 23:32


Bonsoir à tous. Après les Slaves voici l'histoire des Cosaques. Bonne lecture.

Pour tous ceux qui ont lu Nikolaï Gogol, son héros Tarass Boulba est l'archétype même du Cosaque : un homme fort, avide de grands espaces et de chevauchées, libre et lié à la terre russe et ukrainienne par l'âme et par le sang. Mais Nikolaï Gogol n'a sans doute fait que propager la légende des Cosaques. Qui sont ils vraiment ? D'où viennent-ils ainsi que leur nom. Ce sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre.


- LES ORIGINES

Encore aujourd'hui, les origines des Cosaques font encore débats entre historiens spécialiste des mondes d'Europe Orientale. Mais les deux s'accordent à dire que les communautés cosaques - au sens militaire sinon guerrier - apparaissent à la fin du XVe siècle et au début du XVIe, aux marges des grandes principautés de Lituanie et de Moscovie, ainsi que dans les steppes ukraino-russes dominées par les Tatars.

La première école d'historiens explique l'apparition des Cosaques par un phénomène ethnique : les Cosaques seraient des descendants slavisés de nomades de la steppe, "apprivoisés" par les États voisins et devenus leurs auxiliaires militaires. Cette théorie s'appuie sur les éléments steppiques très présent dans la culture des anciens Cosaques. D'où peut-être leur nom - qazaq - qui est un mot turc polovtse désignant un fugitif ou un vagabond, en résumé un homme qui a rompu avec son groupe d'origine. D'où l'origine de leur costume traditionnel, de leurs armes, ainsi que certains termes de leur vocabulaire.Pour la seconde école, les premiers Cosaques étaient des paysans slaves ou slavisés qui ont fui le servage afin de constituer, dans les steppes, des groupes d'aventuriers, en somme des pirates de la terre. Mais ses deux grandes théories contiennent chacune une part de vérité. Certains historiens s'emploient aussi à les combiner dans plusieurs cas.



Il faut bien dire aussi que les régions situées au limites de la grande steppe boisée russo-ukrainienne, ont toujours été un espace de contacts étroits entre les Proto-Slaves, les Slaves et les Slaves Orientaux (ancêtres des Russes, des Biélorusses et des Ukrainiens) avec les populations nomades successives entre le VIe siècle avant J-C et le XIIIe siècle: Scythes, Avars, Huns, Alains et Sarmates. D'ailleurs, les Tatars pourront être leurs grands complices pour des opérations de pillage. Du IXe au XIIIe siècle, l'Empire slave-oriental de Kiev emploie des groupes turcophones comme garde-frontières. Il entretient aussi des relations complexes de "partenaire-adversaire" avec le grand peuple nomade des Polovtses, appelés aussi Kiptchaks ou Coumans(1), installés dans les steppes russo-ukrainiennes au milieu du XIe siècle. Avant l'invasion mongole de 1234-1240, menée par Ögodai le fils de Gengis Khan et l'établissement d'un "joug tatar", des groupes slaves autonomes vivaient dans les steppes sous le nom de Brodniks, terme signifiant "errants" ou "pasteurs". Le Codex Cumanicus rédigé entre 1292 et 1295, est le premier document connu à faire apparaître la dénomination de Cosaques. Le nom de "Cosaque" est appliqué dès le XIVe siècle à des groupes pluriethniques de mercenaires. Certains de ces mercenaires pouvaient être engagés par les colonies génoises de Crimée qui commerçaient avec les Tatars. Au XVe siècle, en raison de l'affaiblissement de la "Horde d'Or" - l'empire tatar d'Europe Orientale (formation du Khanat de Crimée en 1430) - les bandes de "cosaques" commencent à se répandre. Ils louent alors leurs services aux grands princes de Lituanie, d'Ukraine ou de Moscovie dans les steppes russes. Certains textes évoquent même des "Cosaques Tatars". En 1443, la Chronique de Nikon mentionne les premiers Cosaques dans la principauté de Riazan. Cela correspond à la période où des éléments ethniques slaves, ou slavisés, commencent à devenir majoritaires au sein de cette population des guerriers. Et ces guerriers commencent à former des communautés permanentes. Vers 1450, des Cosaques s'implantent dans le Caucase. On les appelle alors les "Cosaques des Crêtes." En 1468, Ivan Rouno est le premier chef cosaque mentionné qui porte un nom slave ou non mongol. En 1470, un diplomate italien du nom de Contarini décrit des tribus de cosaques se répartissant entre la Volga et le Don. Enfin, à partir de 1492, on atteste le présence de Cosaques en Ukraine.





- LES COSAQUES D'UKRAINE : "COSAQUES ENREGISTRES" ET ZAPOROGUES



Le développement de communautés cosaques en Ukraine est encouragé au XVIe siècle par le pouvoir lituanien qui voient en eux de précieux auxiliaires contre les incursions des Tatars du Khanat de Crimée, devenus vassaux de l'Empire Ottoman en 1475. L'aristocratie ukrainienne va d'ailleurs fournir de nombreux chefs aux Cosaques.

En 1569, lors de l'Union de Lublin, les territoires d'Ukraine centrale sont rattachés au Royaume de Pologne. La tension monte alors entre le pouvoir polonais catholique et la population ukrainienne orthodoxe. Une tension exacerbée pour des raisons sociales, nationales et religieuses. Les Polonais s'efforcent d'embrigader une partie des Cosaques en régiments réguliers. Les Cavaliers de la steppe sont alors inscrits dans un "Registre". Ce sont les "Cosaques Enregistrés"Mais plusieurs milliers de Cosaques qui ne bénéficient pas de ce statut, mènent une existence quasi-indépendante sur le Dniepr, à la limites des steppes. Ce sont les "Zaporogues", c'est à dire les Cosaques établis "au-delà des cataractes" (porohy) du Dniepr. Ils sont alors renommés comme cavaliers, ainsi que comme marins. D'ailleurs, Tarass Boulba, le héros de Nikolai Gogol et ses fils Andrei et Ostap sont des Zaporogues Leur capitale est la célèbre Sitch (ou Setch), établissement fortifié sur le Dniepr. Ils sont un important vivier de guerrier pour le Royaume de Pologne en cas de guerre, mais aussi un fort danger en temps normal. D'une part, l'agressivité permanente des Zaporogues envers les Tatars de Crimée et leur suzerain Ottoman risque sans cesse d'entraîner la Pologne dans une guerre difficile.

Au début du XVIIe siècle, sous la direction de chefs talentueux comme le célèbre Piotr Sagaïdatchny, les Cosaques organisent des expéditions maritimes en Mer Noire. Il pillent et incendient des ports de Crimée comme Caffa (Théodosie), grand marché d'esclave, mais aussi des ports anatoliens. En 1615, ils attaquent même les faubourgs de Constantinople. Le chroniqueur ottoman Nadjim disait d'eux : « Il est impossible de trouver sur cette terre des hommes plus audacieux et qui se soucient moins de la mort [...]. Leur habileté et leur intrépidité dans les combats navals en font des ennemis plus redoutables que tout autre. »

En 1620, lorsque les Ottomans envahissent la Pologne, les Cosaques contribuent de manière décisive à la victoire de Khotyn. En 1621, Piotr Sagaidatchny, à la tête de 40 000 Cosaques, bat les Ottomans et les force à conclure la paix avec la Pologne.

Cependant, pour le pouvoir royal polonais, les Cosaques sont un facteur de troubles internes. A la fin du XVIe siècle et durant la moitié du XVIIe, ils se révoltent pour défendre l'Orthodoxie contre le prosélytisme catholique des Polonais. L'Armée Royale a souvent du mal à la soumettre. En 1633, les Cosaques ukrainiens abandonnent les Polonais dans leur guerre contre la Russie. Deux ans plus tard, le Roi de Pologne Ladislas IV Vasa, fait construire la fort de Kodak sur le Dniepr afin de bloquer les Zaporogues.

En 1637, éclate un soulèvement qui est férocement maté. En 1648, une nouvelle grande révolte éclate sous la férule de Bohdan Khmelnytsiï. Bientôt, ce énième soulèvement dégénère en guerre de libération ukrainienne, cruelle d'un côté comme de l'autre. Bohda Khmelnystiï est élu Hetman, titre porté par les grands officiers généraux polonais et lituaniens et qui n'a rien à voir avec celui d'Ataman que nous détaillerons plus loin. Khmelnytsiï fonde un véritable État cosaque en Ukraine mais ne peut maintenir son indépendance. En 1650, les combats reprennent. En 1651, les Cosaques Ukrainiens sont sévèrement défaits par les Polonais à la bataille de Bierestetchko. En septembre de la même année, Khmelnytsiï est forcé de signer le traité de Bielaya Tserkov. C'est aussi l'année ou les premiers Cosaques Slobodiens s'installent dans l'est de l'Ukraine. En 1653, les combats reprennent et les Cosques obtiennent l'appui du Tsar et de l'Assemblée Nationale Russe. En 1654, il doit conclure avec le Tsar Alexei Ier, via l'émissaire de ce dernier, Bourtouline, l'accord de Péréïaslav, par lequel les Cosaques d'Ukraine, sauf les Zaporogues de la Sitch, jurent fidélité au Tsar et passent sous la juridiction de Moscou.

En 1657, Bogdan Khmelnitski meurt, ce qui provoque des graves dissensions au sein des Cosaques Ukrainiens. Ivan Vigovski chasse Iouri Khmelnitski, fils et successeur de Bogdan. Après avoir été élu Hetman, Vigovski attaque la Moscovie avec l'aide des Tatars. Mais il est repoussé par l'armée russe soutenue par les Zaporogues (1659). Avec la continuation des conflits entre la Pologne et la Russie - chacune ayant ses Cosaques - l'Ukraine est partagée en deux zones distinctes des deux rives du Dniepr. En 1663, les Hetmans Iouri Khmelnitski (rive droite du Dniepr) et Somko (rive gauche) sont respectivement renversés par Pavel Terteria et Ivan Brioukhovetski. Le Tsar Alexei Ier envoie 300 de ses soldats en "renfort" afin d'espionner les mouvements des Zaporogues. En 1665, Pavel Terteria est remplacé par Piotr Derochenko. L'année d'après, nouveau coup de théâtre, Dorochenko s'associe aux Tatars et marche sur la Pologne, forçant le Roi Jean II Casimir Vasa à pactiser avec Alexis Ier (Alexei Mikhailovitch), avec la signature du Traité d'Androussovo, qui définit la frontière russo-polonaise en séparant l'Ukraine en deux.

En 1685, Jean III Sobieski tente de ressusciter la structure cosaque de la rive droite du Dniepr, mais l'affaire tourne très vite au chaos. En 1699, devenu inutile, le Registre des Cosaques est aboli.



- LES AUTRES COMMUNAUTÉS DE LA STEPPE ET LEUR RAPPORT AVEC LA MOSCOVIE



En 1520, la présence des premiers Cosaques du Don est attestée aux confins méridionaux de la Moscovie. Ils sont issus des Sevriouki, descendants du tribus slaves du Nord. La Communauté des Cosaques du Don donnera naissance à celles de l'Oural et le Terek au Nord-Caucase. En 1570, les Cosaques du Don fondent leur capitale Tcherkassk, sur l'île de Razdori entre le Don et le Donetz.

En 1521, la Principauté de Riazan est annexée à la Moscovie, ce qui provoque de départ de Cosaques plus à l'est vers la Volga. S'établissant donc sur les rives de ce grand fleuve, ils deviennent les Cosaques de la Volga. Comme les Cosaques d'Ukraine, toutes ces communautés sont un réservoir de guerriers autant qu'un vivier de révoltés. En outre, elles accueillent volontiers les paysans fuyant le servage. Leur rôle dans l'histoire peut donc être assez contrasté pendant les XVIe et XVIIe siècles. En revanche, de 1600 à 1610, ils contribuent ainsi aux "Temps des Troubles" en soutenant divers prétendants au trône de Russie. Finalement en 1612, les Cosaques aident une armée populaire russe à battre les Polonais devant Moscou. C'est pendant cette même période que la capitale du Don es déplace de Tcherkassk à Monastir. En 1632, le Tsar Mikhail Romanov demande la loyauté aux Cosaques du Don en échange d'une solde et de fournitures. La plupart des hommes accepte mais l'Assemblée Plénière n'entérine pas l'accord. Cela n'empêche pas les Cosaques de s'engager dans la guerre contre la Pologne qui à déjà fort-à-faire contre les Zaporogues.

En 1668, Piotr Dorochenko se fait élire Hetman de toute l'Ukraine, réunissant pour un temps, toute la cosaquerie d'Ukraine sous son autorité.

Mais en Russie, de 1669 à 1671 eut lieu la "Révolution Cosaque" menée contre la Moscovie par Stenka Razine, officier du Don en rupture avec l’État. La révolte de Razine est endiguée en avril 1671 et le meneur est exécuté début juin. Pour asseoir son pouvoir sur les Cosaques du Don, Alexei Ier exige que leur Ataman Iakovlev leur prête serment. En 1673, Alexei Ier dénie aux Cosaques du Don le droit d'abriter tout fugitif. S'engage alors un nouveau bras de fer entre les Cosaques et l’État de Russie. En 1676, Fiodor III succède à Alexis Ier sur le trône de Russie. Piotr Dorochenko abandonne alors l'Hetmanat de la rive droite du Dniepr, offrant ainsi la tutelle complète de l'Hetmanat à la Russie. En 1678, Iouri Khmelnitski est placé par les Ottomans à la tête de l'Hetmanat de la rive droite du Dniepr. Khmelnitski devient alors Vassal des Turcs. Mais devenu très impopulaire au sein des Cosaques d'Ukraine, Iouri Khmelnitski est déposé de ses fonctions. La rive droite du Dniepr, dévastée par les conflits, finit par se vider. Seule la rive gauche aux mains des Tsars de Moscou, garde le nom d'Hetmanat. Russie et Empire Ottoman signent alors le Traité de Bakhtchisaraï qui prévoit la fin de la suzeraineté turque sur les Cosaques, ainsi que l'abandon de l'Ukraine et de la Zaporogie. En 1686, la garnison russe de Zaporogie est massacrée par les Cosaques en révolte du fait que le Tsar Ivan V (Ivan Alexeievitch) qui avait exigé le renvoi des renégats réfugiés. En 1687, Ivan V tente de conquérir la Crimée mais l'affaire tourne au désastre. Samoilovitch, Hetman de la Rive gauche, est rendu responsable de la catastrophe, déporté en Sibérie et remplacé par Ivan Mazepa.

En 1689, Ivan V lance une nouvelle campagne contre les Tatars de Crimée, avec l'aide des Ukrainiens et des Cosaques. Malgré la victoire du Tsar, les Cosaques doivent se replier faute de ravitaillement. En 1692, victime d'une opposition, Ivan Mazepa et déposé de l'Hetmanat par les Cosaques Ukrainiens et remplacé par Piotr Ivanenko. Ivanenko signe alors un accord avec le Khan de Crimée pour combattre Moscou et rendre l'Ukraine indépendante.

En 1696, Pierre Ier dit le Grand succède à Ivan V. Le nouveau Tsar qui compte moderniser la Russie et en faire une puissance respectée en Europe lance une nouvelle campagne terrestre et Maritime pour conquérir la Mer d'Azov et ses littoraux. Il est aidé par les Cosaques de Khoper, branche de la Communauté du Don, qui participent au siège d'Azov, avec succès. Peu après, les Cosaques de Khoper franchissent la Mer d'Azov et s'établissent dans les plaines du Kouban.

En revanche, en 1570, Ivan IV que nous connaissons sous le surnom d'Ivan le Terrible, demande l'aide militaire des Cosaques. Cette année là, on trouve les premiers Cosaques sur le Yaïk (Oural), provenant des Communautés du Don et de la Volga. L'année suivante, le Khan de Crimée incendie Moscou. Ivan IV engage alors tous les Cosaques du Don à aider la Russie, sous le commandement de l'Ataman Nikita Mamine. En 1575, le Tsar terrible fait des concessions aux Stroganov, les autorisant à coloniser la Sibérie.

En 1577, Ivan dissout les Cosaques de la Volga. Une partie d'entre eux partent pour le Caucase Nord afin de former le Voïsko du Terek. C'est aussi aux ordres d'Ivan IV que le Cosaque Iermak Timofeievitch (qui avait signé un contrat de mercenariat avec les Stroganov) mène la conquête de la Sibérie Occidentale et la colonisation russe dans cette région. Et cela, dès 1582. A la base, il s'agissait d'une opération de représailles commandités par les marchands moscovites de l'Oural. En 1584, Iermak est tué au combat pendant la conquête de la Sibérie. Deux ans plus tard, les Cosaques créent Tioumen, première ville de Sibérie.


(1) : Les Coumans ont vécu de l'Ukraine jusqu'à l'Oural et à l'actuel Kazakhstan. Ils ont été christianisés au XIe siècle par l'intermédiaire des Géorgiens. Ils ont enfin tenté d'envahir l'Europe Centrale au milieu du XIIIe siècle mais ont été combattus par les Chevaliers Teutoniques à la demande de Conrad Ier de Mazovie Roi de Pologne et André II de Hongrie.
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Message  Yeoman 35 1/8/2011, 23:37

- UNE SOCIÉTÉ A PART DANS LA RUSSIE

Comme le dit l'historien Iaroslav Lebendynski, les Cosaques présentent l'originalité de former une véritable "démocratie guerrière". Comme le décrit si bien Nikolaï Gogol dans Tarass Boulba, les Communautés Cosaques sont relativement ouvertes, où les candidats pouvaient être accueillis selon des critères variables selon les régions ; du moins jusqu'au XVIIe ou XVIIIe siècles.

L'organe dirigeant de la Communauté est l'assemblée ou Rada (Conseil ; terme aussi employé en Pologne pour désigner l'Assemblée qui élisait les Rois) en Ukraine et le Kroug (Cercle), où chaque Cosaque peut s'exprimer. Le chef de chaque groupe cosaque est élu par la Rada/le Kroug, tout comme il peut être révoqué. Le chef, quelque soit la taille du groupe, est appelé l'Ataman, du turc Otaman (Ottoman) qui signifie "père". L'Ataman est assisté par un état-major qui comprend un secrétaire, un juge et d'autres officiers. Toutes les ressources – butin de guerre, soldes versées par les États (Pologne et Russie), terrains de chasse, pâturages – étaient propriété collective et étaient redistribuées périodiquement par l'assemblée.

Ce modèle commun original, exaltait le courage mais surtout la camaraderie et la fraternité d'armes Il a connu différentes évolutions en Ukraine sous la domination lituanienne puis polonaise, ainsi que dans les communautés de la steppe russe. Cela dit, certains nihilites, socialistes et révolutionnaires tels Bakounine, Herzen, Netchaïev et Kropotkine, ont vu dans la "République Cosaque" un modèle de "Démocratie sociale".


- DOMESTICATION DES COSAQUES PAR LES ROMANOV

En 1707 les Cosaques du Don, menés par Kondrati Boulavine, se soulèvent à nouveau n'acceptant pas que Pierre le Grand leur ordonne de livrer les paysans fugitifs. En janvier 1708, les Zaporogues emboîtent le pas à Boulavine, imités par les Cosaques du Don, de l’Ukraine et de toute la Russie.

En novembre 1708Mazepa se rallie à la Suède de Charles XII. En réponse, Pierre le Grand envoie le Prince Menchikov à Batourine, capitale de l’Hetmanat. Menchikov rase la ville et déclare Mazepa hors-la-loi. Mais les troupes de Boulavine sont trop dispersées pour envisager une action concertée contre Moscou. En mai 1708, l’armée du tsar vainc les troupes de Boulavine qui se suicide. L'Ataman Ignati Nekrassov, qui était aux côtés de Boulavine, s’exile vers le Kouban avec ses Cosaques vieux-croyants (1). On les appellera les Nekrassoviens, qui vont grossir les rangs des Cosaques du Khoper.

En mars 1709, les Zaporogues, qui craignent la politique du tsar, rejoignent Mazepa. Au début de juin, Menchikov détruit entièrement la Sietch. Fin juin, Pierre le Grand écrase les Suédois à la bataille de Poltava. Charles XII et Mazepa se réfugient à Bender, chez les Turcs. Mazepa meurt peu après.

Cela n'empêche pas les partisans de Mazepa de prendre le général Orlyk pour chef et de réintègrer la rive Droite du Dniepr. Mais ils ne parviennent pas à entrer dans l’Hetmanat russe. Traité de Constantinople. En 1712 En 1721 Armées du Don, du Yaïk et du Terek passent sous le contrôle du Collège de la Guerre après avoir été sous celui du Ministère des Affaires Étrangères. En 1722, un collège petit-russien est nommé dans l’Hetmanat afin de contrôler et limiter le pouvoir de l’hetman.

En 1723, Pierre le Grand ordonne de lancer une vaste purge chez les Cosaques du Yaïk, ce qui provoque une vague de soulèvements. En 1725 , année de la mort de Pierre le Grand, le Régiment Atamanski est formé en regroupant les éléments d'élite de la Garde Impériale. En 1734, la Tsarine Anne Ire (Anna Petrovna) octroie aux Zaporogues le droit de refonder leur Sietch et de recouvrer leurs anciens privilèges et subventions. En 1736, Anne fait installer un groupement de Cosaques à Orienbourg. En 1738 est créé le Voïsko de la Volga qui réunit des Cosaques devenus fidèles à la Moscovie sous Ivan IV, ainsi que des Cosaques du Don déplacés. Pendant le règne d'Elisaebth Ire (Elisabeth Petrovna), les relations entre les Cosaques et Saint-Pétersbourg sont plus pacifiques.Preuve en est qu'en 1742, la Tsarine épouse en secret le Cosaque Alexei Rouzoumovski. En 1747, l'Armée du Yaïk est placée sous la tutelle de la Province d'Orienbourg. En 1750, Kyrill Rouzoumovski, frère d'Alexei époux secret de la Tsarine, est placée à la tête de l'Hetmanat d'Ukraine. En 1755, le Voïsko des Cosaques d'Orienbourg est officiellement créé.

En 1756, la Russie entre en guerre contre la Prusse aux côtés de la France et de l'Autriche (Guerre de Sept Ans). Bien sûr les Cosaques participent aux campagnes du Général Soltykov et en 1760, ils entrent à Berlin, créant un vent de panique dans l'entourage de Frédéric II. La même année, le Voïsko des Cosaques de Sibérie voit le jour et prend pour capitale Omsk.

Après la mort d’Élisabeth, fidèle alliée de la France, l'incapable Pierre III monte sur le trône. Mais cet "imbécile tout prussien qui jouait à la poupée et s'habillait en soldat prussien" selon Pierre Gaxotte, est renversé et assassiné par son épouse Sophia Fredericka von Anhalt-Zerbst, qui monte sur le trône et prend le nom de Catherine II. Lectrice attentive de Machiavel, de Voltaire et de Montesquieu, Catherine II - que l'on surnommera la Grande - entend poursuivre l’œuvre de Pierre Ier à savoir de moderniser la Russie et de mettre au pas la caste des Cosaques.

En 1763, Catherine doit déjà faire face au soulèvement des Cosaque du Yaïk, en révolte suite aux accusations de détournements de fonds par l'Ataman Borodine. L'affaire dégénère sérieusement que le Général Tcherepov est obligé d'attaquer les révoltés à Yaïtsk, qui finissent par se soumettre. Cependant, afin de les calmer, Borodine est arrêté et condamné. En 1764, Catherine II met fin à l'autonomie de l'Hetmanat et crée à la place un Collège de Petite Russie chargé de surveiller les agissements des Cosaques. En 1765, les Cosaques de l'Ukraine Slobodienne sont transformés en régiments de Hussards de l'Armée Impériale. En 1769, les Cosaques du Yaïk opposés a leur intégration dans l'Armée régulières pour servir contre les Turcs et les Kalmouks, se soulèvent encore une fois. La répressions ordonnée par Catherine II est extrêmement sévère et se traduit par des emprisonnements ou des engagements forcés. Mais un nouveau danger guette le pouvoir de Catherine II.

En 1771, Iemilani Pougatchev, Cosaque du Don, déserte et commence à fomenter un soulèvement. Il rallie les Cosaques du Yaïk. Ces derniers décident de faire sécession (1772) et affrontent en vain l'Armée russe. En 1773, Pougatchev proclame être le Tsar Pierre III, miraculeusement rescapé de son assassinat par Catherine II. Il tente d'entraîner les Cosaques du Yaïk vers le Kouban mais est trahi et livré aux autorités. Après avoir réussi à s'évader, il se réfugie à Yaïtsk d'où il peut mener son soulèvement. Mais en septembre 1774, Pougatchev est livré aux autorités par ses propres hommes. Il est exécuté à la mi-janvier 1775. La même année, l'Armée Impériale encercle la Sietch et détruit le domaine des Zaporogues qui sont intégrés à la Russie sans concessions. Catherine II publie alors un manifeste dans lequel elle accuse les Zaporogues de tous les maux, exige leur suppression et abolit jusqu’à leur nom. En reprenant les affaires intérieures en main, Catherine II supprime les privilèges des Cosaques du Yaïk et rebaptise le fleuve en Oural afin de faire disparaître leur nom. En même temps, la plupart des autres voïskos voient leurs libertés réduites ou supprimées. Et les choses ne s'arrêtent pas là.

En 1776, les Cosaques de la Volga sont dispersés entre le Caucase et le Don. En 1781, l'Hetmanat est divisé entre trois provinces qui forment le "Gouvernement Général de Petite Russie". En 1783, l'Hetmanat est définitivement aboli. En 1785, Catherine II crée le Voïsko des Cosaques du Boug. En 1787, les Zaporogues ayant fui la répression de Catherine II, créent le Voïsko de la Mer Noire pendant que la Tsarine crée le Voïsko des Cosaques d'Iekatarinoslav sur la base des Cosaques du Boug. En 1788, Grigori Potemkine forme une Armée de Zaporogues afin de combattre les Turcs. En 1796, pendant le dernière année de son règne, Catherine II fait une concession aux officiers cosaques qui se voient reconnaître le droit de transmettre leurs privilèges de noblesse à leurs héritiers.

En 1801, Paul Ier commande à l'Ataman Matveï Platov de mener une expédition de Cosaques vers l'Inde. Mais le projet avorte en raison de la mort du Tsar. Mais c'est sous le successeur de Paul Ier, Alexandre Ier que les Cosaques vont démontrer toute leur combativité au profit de la Couronne des Romanov.


- LES RAPPORTS AU XIXe SIÈCLE ET AU DÉBUT XXe

En 1812, Napoléon Ier Empereur des Français, déclare la guerre à la Russie. D'abord repoussée à Borodino, l'Armée du Tsar se replie derrière Moscou. Mais les Cosaques mènent des opérations de guérilla en combattant à pied soit à cheval. Ils participent à la bataille de la Berezina et traversent l'Europe jusqu'à Paris où ils entrent en 1814. Napoléon Ier dira d'eux : "donnez-moi 20 000 Cosaques et je conquiert l'Europe et même le monde entier". Dès lors, les Cosaques deviennent parmi les plus loyaux soutiens du régime tsariste. En 1820, les Cosaques doivent servir en personne et ne peuvent plus se faire remplacer. En 1825, sous le règne de Nicolas Ier, les Cosaques participent à la répression de l'insurrection des Décembristes (2). En 1827, Nicolas Ier nomme son fils Alexandre Ataman des Cosaques du Don, du Terek et de l'Oural. En 1828, le Tsar crée le Voïsko des Cosaques d'Azov. Il crée aussi le Konvoï, unité de la Garde Impériale recrutée à la base d'un demi-escadron (50 hommes) de Cosaques d'Ossétie. En 1830, la Caste des Cosaques du Don devient purement héréditaire. Les Cosaques participent aussi aux campagnes d'annexion des territoires du Caucase, ce qui conduit à la création du Voïsko du Caucase. En 1838, Nicolas Ier limite la Cosaquerie en empêchant tout homme n'étant pas de sang Cosaque de s'installer sur le Don. Il empêche aussi à tout cosaque de prendre une épouse à l'étranger. En 1851, étant donné les besoins engendrés par la colonisation de la Sibérie Centrale et Orientale, c'est au tour du Voïsko de Transbaïkalie de voir le jour. Les Cosaques participent ensuite à la Guerre de Crimée (1854-1855) contre la France et la Grande-Bretagne, ainsi qu'au matage de l'insurrection de l'Imam Chamil dans le Caucase Nord (1859).

En 1860, dans son esprit de réformer l’État, Alexandre II envisage la suppression de la caste militaire des Cosaques. Mais il fait marche arrière en se rendant compte qu'il est plus réaliste et moins coûteux de les maintenir en place. La même année, le Voïsko du Caucase est supprimé et scindé entre celui du Terek et celui du Kouban. En outre, les Cosaques du Voïsko de la Mer Noire sont assimilés à ceux du Kouban. Le Konvoï de la Garde Impériale est agrandi à trois Escadrons recrutés chez les meilleurs Cosaques du Kouban et du Terek. En 1864, les Cosaques sont intégrés aux Zemstvos, nouvelles assemblées administratives de districts. En 1867, l’École des Cadets d'Orienbourg est créée afin de former exclusivement des officiers cosaques. La même année le Voïsko des Cosaques de Semiretchinsk voit le jour. En 1875, Alexandre II rend obligatoire le service militaire des jeunes cosaques pendant vingt ans. En 1889, Alexandre III crée le Voïsko de l'Oussouri. En 1895, Nicolas II (fils d'Alexandre III) fait passer le Konvoï à quatre escadrons de Cosaques du Kouban et du Terek. Les escadrons se relaient chacun à Saint-Pétersbourg. De 1904 à 1905, plusieurs unités de Cosaques participent à la Guerre Russo-Japonaise qui s'achève en défaite humiliante pour Nicolas II. Ce dernier voit son pouvoir décrédibilisé et de plus en plus vulnérable à l'agitation révolutionnaire. Le Tsar est obligé de céder sur plusieurs points et autorise la convocation d'une Douma (Assemblée). Les Cosaques du Don en profitent alors pour demander davantage d'autonomie. En 1910, ils obtiennent une petite part d'autonomie sur le Don (Troisième Douma). En 1912, ils obtiennent la majorité à l'Assemblée Générale sur le Don. En 1913, la Douma propose d’octroyer aux Cosaques du Don une assemblée autonome ayant pouvoir sur les affaires économiques et culturelles locales. Mais Nicolas II refuse. C'est aussi à cette période que des Cosaques participent à des pogroms et à des massacres contre les populations juives d'Ukraine.

En août 1914, la Russie déclare la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche. Les Cosaques répondent en grand nombre à la mobilisation.



(1) : Les Vieux-Croyants sont une communauté de chrétiens orthodoxes en rupture avec l’Église officielle, après avoir refusé les réformes voulues par le Tsar Alexis Ier et mises en place par le Patriarche Nikon. Certains d'entre-eux préférèrent même se donner la mort tandis que la majorité se réfugia dans des villages aux confins de la Russie. (2) : Les Décembristes étaient tout un groupe de jeunes officiers qui souhaitaient voir la mise en œuvre de réformes libérales en Russie.
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L'histoire des Cosaques (XIVe - XXe siècle) Empty Re: L'histoire des Cosaques (XIVe - XXe siècle)

Message  Yeoman 35 1/8/2011, 23:40

- COSAQUES, GUERRES MONDIALES ET RÉVOLUTIONS

Les Cosaques vont plusieurs fois se distinguer face aux Allemands en Biélorussie et aux Autrichiens en Galicie-Ukraine (Offensives Broussilov), ainsi que dans le Caucase faces aux Turcs (campagne de Ioudenitch). Sauf que la population russe est lasse de la Guerre et la Révolution gronde. L'armée est aussi mécontente et démoralisée. En 1917, les Cosaques du Terek gardant Saint Pétersbourg refusent de tirer sur la foule. En février, Nicolas II est renversé et remplacé par le Gouvernement de Kerenski. En août, le Cosaque Généralissime Kornilov est appelé pour défendre Petrograd (non russifié de Saint-Petersbourg) mais il entre en conflit avec Kerenski et décide de marcher sur la capitale avant d'être arrêté et emprisonné. Finalement, les Bolchéviks dirigés par Lénine et Trotski finissent par prendre le pouvoir en octobre 1917. Le 3 février 1918, les Bolchéviks signent le Traité de Brest Litovks avec les puissances centrales. La Russie sort donc du conflit. Parallèlement, plusieurs généraux anti-bolchéviques forment des Armées de Volontaires - ou Armées Blanches - dans toute la Russie ; citons Alexeiev, Kornilov, Miller, Denikine, Ioudénitch, Wrangel, von Ungern, Doutov, Kaledine, l'Ataman Semenov et Koltchak, entre autre. Et les Cosaques ? On a beaucoup retenu que les Cosaques ont rejoint les rangs des blancs. Mais la réalité est bien plus complexe. Certains rejoindront les rangs de la Révolutions tandis que d'autres verront l'opportunité de refonder l'ancien Hetmanat jusqu'à former d'éphémères "États Cosaques."



En avril 1917, le mouvement nationaliste Cosaquerie Libre tente de reconstituer l'Hetmanat et prend pour chef le général Pavlo Skoropadski lors d'un Congrès qui réunit 60 000 partisans de toutes natures. En 1920, après l'exécution de Koltchak, les Cosaques tentent de fonder un État entre le Don, le Kouban et le Terek mais se font battre par les Cosaques Rouges. Battu la même année en Sibérie Orientale, l'Ataman Semenov passe en Mandchourie avec sa "Division Asiatique".

Ayant définitivement gagné, les Bolchéviks - appelés maintenant Soviétiques - mettent en place leur nouvelle administration. Mais ils se méfient grandement des Cosaques qu'ils considèrent comme une caste privilégiée d'Ancien Régime. Sans hésiter, Lénine fait déporter sans ménagement les Cosaques du Don en Sibérie par dizaines de milliers. Lénine meurt en 1924. Lui succède une sorte de Triumvirat Staline-Zinoviev-Kamenev. En 1929, le géorgien Staline prend définitivement le pouvoir après s'être débarrasser de ces deux concurrents. Le nouveau maître du Kremlin décide de mettre au pas la paysannerie ; en particulier les Koulaks (paysans aisés). La phase dite de "dékoulakisation" fait énormément de victimes et n'épargne pas les populations cosaques. D'autres vagues de répression s'abattent sur eux. Mais en 1936, inquiets de la montée en puissance de l'Allemagne nazie, Staline ordonne la formation de nouveaux régiments de Cavalerie Cosaque dans le Don, le Kouban et le Terek.



Pendant l'été 1941, l'Allemagne nazie envahit le sol soviétique. Devant les défaites catastrophiques qu'enregistre l'Armée Rouge, de nombreux Cosaques de souche, traumatisés et ivres de revanche contre le pouvoir soviétique, se rallient sans hésiter aux forces de la Wehrmacht. Et cela même parfois, par communautés entières. Ainsi en Ukraine, le Major Kononov, Cosaque du Don, déserte avec tout son escadron et passe du côté allemand. En 1942, le Cosaque du Don Pavlov se révolte contre le pouvoir soviétique et se fait élite Ataman par les Cosaques de Novotcherkassk. Les premiers escadrons de Cavalerie Cosaque pro-allemands sont formés. Hitler en personne cautionne la création d'un District Cosaque dans le Kouban. En 1943, après la défaire de Stalingrad, les Allemands se replient vers l'ouest, suivis par leurs alliés cosaques. L'Ataman Pavlov est tué par les Soviétiques et remplacé par Domanov. Le Feldmarschal Wilhelm Keitel et le Reichsministrum Alfred Rosenberg promettent aux Cosaques le recouvrement de leurs anciens territoires et de leurs droits. En outre, la création d'une division cosaques est approuvée par l'OKH et Hitler. En mars 1944, les allemands créent un Directoire des Forces Cosaques en Exil placé sous l'autorité de l'Ataman Krasnov. On trouve ainsi des unités de cosaques disséminées dans toute l'Europe occupée comme en Yougoslavie et même en France. Pendant l'été 1944, les deux brigades de la 1. Kossaken-Division deviennent les 1 et 2 Kossaken-Divisionen du XV. SS-Kossaken-Kavallerie-Korps du SS-Feldataman der Kossaken Helmut von Pannwitz. Notons ici que les cosaques engagés aux côtés du IIIe Reich ont glissé de l'autorité de la Wehrmacht à celle de la Waffen-SS. Plus de 10 000 Cosaques et 8 000 familles allogènes sont envoyées dans le nord de l'Italie. Le XV. SS-Kossaken-Kavalerie-Korps sera en partie engagé en Yougoslavie contre les Partisans de Tito et en Autriche. Ils gagneront même l'estime de certains officiers supérieurs allemands. Ajoutons que les Cosaques de von Pannwitz ne passeront pas sous le commandement du général Andrei Vlassov, ancien héros de la défense de Moscou qui a rallié l'Allemagne après avoir été capturé sur le front de Leningrad, qui a formé la ROA (Rodnaïa Osvoboditelnaïa Armiïa ; Armée Nationale de Libération). En février-mars 1945, les Cosaques de Krasnov et de von Pannwitz - 40 000 personnes - doivent fuir en Autriche. Le 19 mai, von Pannwitz se rend aux Britanniques. Mais les accords de Yalta, les Britanniques livrent les Cosaques aux Soviétiques. Certains refusent d'être conduits entre les mains de l'Armée Rouge et du NKVD et préfèrent se donner la mort avec femmes et enfants. Beaucoup d'autres sont massacrés dans la zone d'occupation soviétique de l'Autriche. Cet épisode tragique est connu sous le nom de Tragédie de Drau ou Massacre des Cosaques de Linz.

En 1947, von Pannwitz, Chkouro et Domanov sont envoyés à l'échafaud par les autorités soviétiques après vingt mois de captivité et de supplices.Mais les Cosaques ayant collaboré avec les Allemands seront amnistiés sous Krouchtchev en 1955.

Mais cela ne doit pas faire oublier que beaucoup d'autres unités de Cosaques se sont illustrées pendant la Grande Guerre Patriotique, contre les Allemands. Lors de la bataille de Moscou, les Cosaques du 2nd Corps de Cavalerie de Lev M. Dovator chassent les Allemands des abords de Moscou. A l'automne 1942, des unités de Cosaques du Kouban et du Terek mènent une défense efficace contre les forces de von Kleist pendant la campagne du Caucase. Citons enfin le 1er Corps de Cavalerie de la Garde de Vassili K. Baranov, entièrement formé de Cosaques du Don et de la Volga qui se comportera très bien lors des opérations du Dniepr, lors de la bataille de Korsun dans d'épouvantables conditions, lors de la bataille de Lvov-Sandomierz (1944) et dans la marche sur Berlin. En 1945, les formations de cavalerie cosaques seront dissoutes.


- DEPUIS 1990

La chute de l'Union Soviétique en 1990 a vu la résurgence de l'identité cosaque, dans ses traditions et son folklore. Le 16 juin 1992, le Conseil de la Fédération de Russie accorde aux Cosaques le statut de groupe ethnique et leur alloue des terres en échange de leur participation à la surveillance des frontières. Une Direction Générale des Troupes Cosaques est aussi créée. Ainsi, plusieurs cosaques vont participer à la Première Guerre de Tchétchénie. En 2005, Vladimir V. Poutine officialise le service des Cosaques dans l'Armée, la Police et les Gardes-Frontières. Plusieurs escadrons de cavalerie cosaques sont créés dont deux pour la protection du Président. Quelques Cosaques du Don soumettent à Vladimir V. Poutine l'idée de créer une nation cosaque autonome mais la président l'a refusé. Enfin en août 2008, des volontaires cosaques participent à la guerre contre la Géorgie. Cependant, à côté du renouveau du caractère guerrier des Cosaques, ceux-ci transmettent leur tradition de manière culturelle et pacifique, en Russie comme en Europe, à travers les récits épiques, les costumes, les chants, les danses folkloriques et les spectacles équestres. L'Ensemble Philharmonique de Chants et de Danse Alexandrov, plus connu sous l'appellation Chœurs de l'Armée Rouge, met en avant les traditions cosaques dans certaines de ses représentations.

Mais comme le dit Iaroslav Lebendynski, il est encore trop tôt pour mesure la portée de la résurgence de la culture cosaque.
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Message  Psychopompos 2/8/2011, 19:47

Très intéressant. pouce
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Message  tietie007 23/9/2011, 19:14

Cet épisode de Lintz, avec la livraison des cosaques et de leurs familles aux soviétiques, illustre bien que les alliés, américains et anglais, ne cherchaient pas, à tout prix, à récupérer des agents ou des unités anti-soviétiques, pour préparer la guerre froide ! Dans le cas de la "tragédie de Lintz", les anglo-saxons ont livré de nombreux soldats qui parlaient parfaitement le russe et qui auraient pu servir d'agent en territoire soviétique. Preuve que la guerre froide n'avait pas totalement commencé, et que ceux qui disent que les américains, je pense à Annie Lacroix-Riz, commençaient, dès 1945, à sauver tous les nazis pour commencer le combat contre les soviétiques, se trompent lourdement ! Les alliés auront livré aussi Vlassov et sa troupe aux soviétiques, encore une preuve de la bonne volonté des alliés envers les soviétiques, en cette année 1945.
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Message  Yeoman 35 23/9/2011, 22:57

Merci beaucoup de la précision Tietie !
J'espère sinon que l'article vous a plu.
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Message  tietie007 17/10/2011, 18:12

Lors de la révolution, il y a eu aussi des cosaques rouges. En février 1918, les cosaques du Don se divisent en deux mouvances, l'une sous le leadership de l'ataman Kaledine, l'autre, probolchevique, commandée par Podtiolkov. Une république soviétique du Don est même créée, le 23 mars 1918. Le 8 mai 1918, les forces allemandes, entrées profondément en Ukraine, vont renverser cette République soviétique qui donne le pouvoir à l'ataman Krasnov, qui fera pendre Podtiolkov et ses adjoints. Le cosaque Mironov va continuer à combattre l'ataman Krasnov, autour de Tsaritsyne.
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