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21/5/38 : la "crise de mai" entre Berlin et Prague

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Message  Invité 6/9/2011, 19:01

Bonjour à tous.
Je voudrais vous soumettre une idée qui m'est venue hier.
Contrairement à d'autres énigmes dont je me suis mêlé, pour celle-ci les solutions ne se bousculent pas et personne ne s'offusquera qu'on n'adopte pas la sienne.

Les faits en bref : le gouvernement tchécoslovaque annonce que, d'après des informations précises et concordantes, l'Allemagne est sur le point d'attaquer la Tchéco. par surprise. En conséquence, il décrète une mobilisation partielle. Hitler pique une énorme colère, dément tout puis prétend qu'on a voulu humilier l'Allemagne en faisant croire qu'elle reculait, et qu'on ne le fera pas deux fois.

AJP Taylor écrit en 1961 dans ses Origins of the SWW :
Certains pensaient que Hitler reculerait devant une démonstration de force ; or il s’en produisit justement une. Le 20 mai, des réservistes tchécoslovaques furent rappelés, les postes-frontières furent garnis de troupes et le gouvernement tchécoslovaque fit savoir que Hitler avait été sur le point de déclencher une attaque-surprise, sur le modèle de ce qui s’était, disait-on, passé en Autriche. Les Allemands nièrent, avec toutes les marques de la vertu outragée ; et l’examen de leurs dossiers secrets, saisis à la fin de la guerre, confirme qu’il étaient sincères. Aucune force allemande n’avait été mise en mouvement ; aucune action n’avait été préparée. Comment expliquer ce mystérieux épisode ? Les chercheurs sont restés bredouilles. Il est possible que les Tchèques aient réellement ajouté foi à une fausse alarme. Il est même possible que des extrémistes sudètes aient planifié une action de type autrichien, malgré la stricte interdiction qui leur en avait été faite. Ou peut-être que les Allemands aient intoxiqué les Tchèques pour les pousser à agir. Aucune de ces explications ne semble vraisemblable. Il serait plus plausible que la démonstration tchèque ait eu pour but de discréditer l’appeasement et de montrer qu’on pouvait faire reculer Hitler par une démonstration de fermeté. Qui en a eu l’idée ? Les Tchèques eux-mêmes ? Certainement pas les Russes, qui furent aussi surpris que quiconque. Quelques légers indices (some slight evidence) donnent à penser que ce mouvement fut inspiré par les « durs » du Foreign Office, qui désapprouvaient la politique suivie et refusèrent alors de croire les démentis de Henderson, alors qu’ils étaient fondés.

On voit que Taylor, porté à trouver toutes les excuses à Hitler, ne craint pas d'insinuer que le coupable serait Churchill ou du moins ses amis "durs" du FO.

Le seul livre qui à ma connaissance ait fait vraiment avancer le schmilblic est dû à Igor Lukes. En 1996, après avoir épluché des archives récemment déclassifiées à l'est, il écrit dans Czechoslovaquia between Stalin and Hitler, Oxford University Press, p. 157, que Benès était sincère et que ses services ont vraiment été abusés, "par un service de renseignements professionnel". Il soupçonne les Russes, qui auraient voulu encourager et tester à la fois la fermeté antinazie de Prague, mais avoue qu'il n'a pas le plus petit indice documentaire.

Ce que j'en déduis pour ma part : si c'est l'oeuvre de manipulateurs experts, les seuls suspects sont les Allemands. Car ce dont il s'agit, c'est de mouvements précis de régiments vers la frontière, ainsi que d'une mobilisation, à ses abords, de SA et de SS. Vous voyez des officiers tchèques, ayant fait leurs classes dans l'armée austro-hongroise, gober de telles fables si elles émanent de collègues anglais ou russes ou encore français ? Ils leur demanderaient comment ils le savent et seraient très méfiants. En revanche, en Allemagne, on sort à peine de la crise Blomberg-Fritsch, il est notoire que Hitler a violé son armée pour en prendre le commandement à la hussarde et compréhensible qu'il y ait des révoltés qui le traitent d'aventurier, lui mettent des bâtons dans les roues : ils sont crédibles en informant un agressé potentiel.

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Message  Ming 6/9/2011, 19:54

Benes a quitté son pays peu après octobre 1938 avec l'aide financière secrète de Staline, les soviétiques n'ont pas selon moi maille à partir dans cette histoire. De surcroit la Tchécoslovaquie est une nation slave -le russe et le tchèque sont deux langues extrêmement proches- en conséquence de quoi Staline n'aurait eu aucun intérêt à voir ce pays tomber entre les mains allemandes. Et la Tchécoslovaquie ne fait pas partie d'un quelconque accord passé entre nazis et communistes russes à la différence de la Pologne.

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Message  Major cowburn 7/9/2011, 12:42

Tout cela,cette intox sent à plein nez le nazisme et Hitler ,ce maître comédien de la politique...je penche donc pour les services nazis,peut être en toute complicité avec les nazis des Sudètes .....A défaut l'Abwehr et ceux parmi les généraux allemands qui pensent qu'une crise peut les débarrasser d'Hitler..Il y a aussi les Polonais comme Beck qui craignent d'avoir leur frontière Sud Ouest ouverte aux amis des Russes et qui préfèrent de loin les Allemands,fussent ils nazis...

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Message  Invité 7/9/2011, 13:22

Major cowburn a écrit:..je penche donc pour les services nazis,peut être en toute complicité avec les nazis des Sudètes .....A défaut l'Abwehr et ceux parmi les généraux allemands qui pensent qu'une crise peut les débarrasser d'Hitler.

en quoi serait-ce contradictoire ?

Cette affaire nous amène aux dernières découvertes concernant Canaris.

Chef de l'Abwehr, c'est-à-dire du renseignement militaire, toutes armes confondues, depuis 1935, cet ancien mentor et actuel ami de Heydrich est réputé entrer en résistance dès la fin de 1937 au vu du "protocole Hossbach" et, en 1938, sinon lui du moins des officiers liés à l'Abwehr supplient Chamberlain de prendre une "position ferme" dans la crise des Sudètes. Ils disent qu'ainsi on fera reculer Hitler et que, s'il fait la guerre quand même, ils le renverseront.

Est-ce que tout cela ne pue pas la manipulation, et une même tactique hitlérienne : faire croire au monde qu'il passe tout près d'une deuxième guerre mondiale, alors qu'en fait il veut qu'on lui cède "pacifiquement" les Sudètes et ne prévoit la guerre que pour l'année suivante ?

Bien sûr Canaris a sans doute quelques collaborateurs sincèrement antinazis, mais imagine-t-on que défile deux ans plus tard sur les Champs-Elysées une armée dont le chef du renseignement serait un pareil traître ?

Quant à intoxiquer Benès sur une prochaine attaque-surprise allemande, quel intérêt ? le discréditer, justement, le dépeindre comme un alarmiste à la solde des Juifs.

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Message  Major cowburn 7/9/2011, 14:11

Tout à fait oui...mais la guerre pour l'année prochaine ? Pas forcément .Une nouvelle crise bien manigancée oui, les démocraties sont dans les mains de tels vermisseaux !Sans tirer un sel coup de fusil,uniquement par le bruit de nos bottes.... Rien ni personne ne nous arrêtera : 1936 1940 les olympiades allemandes du poker territorial !

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Message  Luhkah 7/9/2011, 17:26


"La guerre sera perdue par ceux qui fernt les plus grosses gaffes."

C'est Hitler qui l'a dit.

Je penche plutôt pour une bourdes des allemands : Ils auraient voulu envahir les sudètes, et ce serait fait prendre en flagrant délit de préparation militaire. Bènes le découvre, dénonce, et Hitler décide que dans la foulée il envahira bien tous le pays.

(Cette histoire d'orgueil national, ça sonne un peu bancal, mais après Versaille, les Allemands étaient probablement chatouilleux sur le sujet.)

Evidemment, je n'ai pas de preuve, mais bon... géné

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Message  Ming 7/9/2011, 21:50

Cela dit ça sent très fort le coup de l'équipe Naujocks en Pologne, mais en version ratée. Les services secrets tchèques -comme les services secrets polonais d'ailleurs- étaient extrêmement bien informés à l'époque.

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Message  tietie007 8/9/2011, 07:08

Hitler commençait à regarder vers la Tchécoslovaquie, non pas pour arracher les sudètes à l'état tchèque, mais pour intervenir militairement, et annexer la Bohême-Moravie, qu'il considérait comme terre allemande.
Le 28 mars 1938, il révéla sa pensée au cours d'une conférence secrète avec Henlein, Ribbentrop et Hess, dans laquelle il déclara qu'il comptait résoudre le problème sudète dans un futur proche en y intervenant militairement. Il comptait instrumentaliser la minorité nazie des sudètes pour présenter à l'état tchèque des propositions inacceptables !

Hitler donna des instructions pour la mise en place d'une opération militaire contre la Tchécoslovaquie, à la fin du mois de mai, elle devait avoir lieu en Octobre, sous le nom de code de Plan Vert. Le 28 mai, lors d'une conférence à Berlin, il avertit tous les hiérarques politiques et militaires de son Plan.
Le 30 mai, il signa l'instruction du plan « Vert », qui débutait par ces mots:
« J'ai pour inébranlable intention de détruire l'Etat tchèque dans un futur proche. Il est du devoir des autorités politiques dirigeantes d'attendre ou de saisir le moment favorable d'un point de vue politique et militaire. ».

Source: Ribbentrop de Michael Bloch, page 309.
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Message  Invité 8/9/2011, 08:35

tietie007 a écrit:Hitler (...)
Le 28 mars 1938, il révéla sa pensée au cours d'une conférence secrète avec Henlein, Ribbentrop et Hess, dans laquelle il déclara qu'il comptait résoudre le problème sudète dans un futur proche en y intervenant militairement.(...)

Hitler donna des instructions pour la mise en place d'une opération militaire contre la Tchécoslovaquie, à la fin du mois de mai, elle devait avoir lieu en Octobre] ».

en rapprochant ces informations, on voit bien se dessiner la manoeuvre.

Il n'y a effectivement pas le moindre mouvement sur le terrain, ni la moindre préparation concrète de quoi que ce soit pour le mois de mai : là-dessus Taylor, qui erre complètement sur Hitler mais est par ailleurs bon historien, surtout avant 1961, a bien vu les choses. En revanche, il y a des propos vagues du dictateur, juste après la crise Blomberg-Fritsch, qui peuvent faire craindre à ses propres officiers une attaque à la hussarde contre la Tchéco dès le printemps.

Reste la manoeuvre consistant à mettre Benès dans son tort en lui faisant décréter le premier une mesure de mobilisation alors que c'est le calme plat en Allemagne. Pour cela il fallait une intox précise et maîtrisée. Pour que les Tchèques marchent, il fallait que quelqu'un leur donne beaucoup de précisions sur les régiments qui étaient en route etc. Ce ne pouvait être qu'un ou des officiers allemands jouant aux opposants, et manipulateurs, ou vraiment opposants, et manipulés. C'est là que Canaris, vu dans la lumière nouvelle des travaux récents, a pu donner une première fois sa mesure.

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Message  KLOSTER0 8/9/2011, 13:29

Vous avez dit Canaris ? Comme c'est étrange...,
en débutant la lecture de ce sujet je me suis dit que si on pouvait
identifier la "source" de l'info qui a fait bouger les Tchèques, on aurait la clef de l'énigme sachant
que cette source devait être effectivement très crédible et bien renseignée.Or si il y a à l'époque
un réseau d'espionnage qui "déménage" c'est bien le réseau "WERTHER" basé en Suisse qui va à
merveille renseigner Staline et les officiers de l'armée rouge en bénéficiant d'une information
de 1ere main émanant de l'OKW elle même.
Le problème c'est que WERTHER était tellement bien renseigné qu'il n'aurait pas confondu
des manoeuvres frontalières d'intox de la SA ou de la SS avec un réel projet d'Anschluss-bis.
Cet argument vaut naturellement pour Canaris également, ce qui nous ramène à la question suivante :
à qui profite le crime ? Un Benes criant au loup et mobilisant pour rien à qui et à quoi ca sert ?
Nationalistes Tchèques cherchant à rameuter l'opinion internationale ?
Nazis allemands cherchant à se prévaloir de provocations Tchèques avant d'agir ?

Il me semble que la réponse se joue de toutes façons entre Berlin et Prague qui sont les premières interessés
dans l'affaire...


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