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La guerre civile russe, 1917-1921.

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Message  tietie007 2/1/2012, 09:01

La guerre civile russe est un sujet assez méconnu et qui n'a été que rarement traité par des historiens français. Personnellement, je n'avais qu'une très vague idée de ce conflit qui a été souvent instrumentalisé à des fins politico-idéologiques et qui est peuplé de "mythes et de légendes" qui ont fait florès. Pour aborder ce thème, je me suis appuyé sur le livre de Dominique Venner, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue d'Histoire, Les Blancs et les rouges, Histoire de la guerre civile russe, 1917-1921, édition Pygmalion, 1997, réédition chez les éditions du Rocher,

La guerre civile russe, 1917-1921. 51zr50XBxsL._SS500_

et sur le livre de Jean-Jacques Marie, La guerre civile russe, éditions Autrement, 2005

La guerre civile russe, 1917-1921. 51KWVBSZX8L._SS500_

Evidemment, le conflit russo-russe est aussi évoqué dans de nombreux ouvrages traitant de la révolution russe, dont je ne pourrais pas faire la liste exhaustive tant il y en a. Personnellement, je me suis aidé des biographies de Lénine par Hélène Carrère d'Encausse et Jean-Jacques Marie, ainsi que du dernier ouvrage sur La Révolution russe d'Orlando Figes,

La guerre civile russe, 1917-1921. 51R2J%2BEiGiL._SS500_

Evidemment, le sujet est un peu miné puisqu'il a influencé toute l'histoire du 20eme siècle et l'épisode a souvent été instrumentalisé par les uns et les autres à des fins politiques. Aujourd'hui, près de 100 après le conflit, avec la chute de l'URSS en 1991, il me semble que les passions se sont adoucies et qu'on peut porter un regard plus objectif sur cette guerre civile qui a enflammé les imaginations et qui s'est terminée par l'édification d'un régime qui aura marqué ce siècle.
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Message  tietie007 7/1/2012, 20:21

La Révolution de février 1917 a fait tomber la monarchie en quelques jours, en douceur. Il est assez étonnant de voir, d'ailleurs, le tsar Nicolas II abdiquer sans résistance, à Pskov, où son train avait été détourné, alors qu'il pensait allait de Moghilev, où était le quartier général de l'armée, à Petersbourg.
Evidemment les causes de cette abdication subite sont multiples, mais ce qui est remarquable c'est que Nicolas II a pu liguer contre lui toutes les classes de la société, de la bourgeoisie, qui demandait, une évolution du régime vers une monarchie parlementaire, jusqu'au moujik, en passant même par la famille impériale qui ne pouvait supporter l'influence de la tsarine et de son âme damnée, Raspoutine, occis, par deux membres de cette même famille.
Mais ce qui a définitivement fait basculer Nicolas II dans son abdication, c'est le poids des grands chefs militaires, qui par le biais du général Alexeiev, pour sauver la Russie, lui conseillèrent d'abdiquer ! Pour les militaires, l'abdication du tsar relevait du patriotisme, car un renouveau national ne pouvait que renforcer la Russie face à l'ennemi allemand.
C'est d'ailleurs pour cela qu'aucun militaire de haut rang ne mena une quelconque action pour restaurer le tsar et qu'il faudra attendre le coup d'Octobre 1917, pour voir Kornilov et Alexeiev mener une timide guerre au nouveau régime bolchevique, avec l'armée des Volontaires qui ne concentrait que 10 000 hommes et qui s'épuisera, isolée de tous, dans la "campagne de glace" du Kouban.
Même après la constitution d'armée blanche plus consistante, dans la deuxième moitié de l'année 1918, et surtout en 1919, aucun général blanc ne se battait pour la restauration des Romanov ni pour le rétablissement de l'autocratie tsariste.
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Message  alderome 8/1/2012, 01:24

Le livre de Venner est un excellent ouvrage mais il faut faire l'effort de suivre les évènements sur une carte et les noms ont changé maintes fois (du tsarisme à Staline, puis avec la déstalinisation, puis avec la partition de l'URSS).
Un acteur un peu oublié fut le terrible baron von Ungern-Sternberg et son rêve d'une Asie Orientale rempart contre le bolchévisme. Il avait pris Oulan Bator aux Chinois à l'époque Ourga et avait libéré l'équivalent mongole du Dalai Lama faisant de lui un homme saint et un mystique.
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Message  tietie007 8/1/2012, 05:14

alderome a écrit:Le livre de Venner est un excellent ouvrage mais il faut faire l'effort de suivre les évènements sur une carte et les noms ont changé maintes fois (du tsarisme à Staline, puis avec la déstalinisation, puis avec la partition de l'URSS).
Un acteur un peu oublié fut le terrible baron von Ungern-Sternberg et son rêve d'une Asie Orientale rempart contre le bolchévisme. Il avait pris Oulan Bator aux Chinois à l'époque Ourga et avait libéré l'équivalent mongole du Dalai Lama faisant de lui un homme saint et un mystique.
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Ungern était l'adjoint de l'ataman Semenov, un chef de guerre charismatique et un peu fêlé qui était financé par les nippons, en Sibérie Orientale, pour foutre un peu le souk dans cette région et essayer de contrôler les marches russes de la Mandchourie. Comme le dit Venner, nous sommes en plein "chaos sibérien", où les puissances alliés ont des objectifs divergents. Les japonais veulent juste contrôler la Sibérie, et ne veulent pas d'un gouvernement blanc fort, il savonne donc la planche à un général Koltchak, chef de l'armée blanche, qui cherche désespérément des appuis.
Les anglais, eux, soutiennent mollement Koltchak alors que les français, par le général Janin, déteste ce dernier qu'il croit l'homme des anglais.
Et ce qu'on appelle l'armée blanche de Sibérie, en 1919, ce sont des milliers d'officiers blancs qui pensent plutôt à faire bombance que de diriger un ramassis de clampins loqueteux, mal équipés et peu nourris. Koltchak pensait s'appuyait sur la légion tchèque, mais celle-ci ne rêve que d'une chose, foutre le camp de Russie !
Le bourbier sibérien illustre bien ce que fut cette guerre civile, un conflit où des petits seigneurs de guerre locaux mettent des régions en coupe réglée, sans ligne directrice, et quelques généraux blancs qui essaient de rassembler les énergies, comme Koltchak, mais qui font face à une "administration" militaire totalement corrompue, et à des alliés qui hésitent quant aux buts à suivre.
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Message  tietie007 8/1/2012, 06:38

tietie007 a écrit:
La Révolution de février 1917 a fait tomber la monarchie en quelques jours, en douceur. Il est assez étonnant de voir, d'ailleurs, le tsar Nicolas II abdiquer sans résistance, à Pskov, où son train avait été détourné, alors qu'il pensait allait de Moghilev, où était le quartier général de l'armée, à Petersbourg.
Evidemment les causes de cette abdication subite sont multiples, mais ce qui est remarquable c'est que Nicolas II a pu liguer contre lui toutes les classes de la société, de la bourgeoisie, qui demandait, une évolution du régime vers une monarchie parlementaire, jusqu'au moujik, en passant même par la famille impériale qui ne pouvait supporter l'influence de la tsarine et de son âme damnée, Raspoutine, occis, par deux membres de cette même famille.
Mais ce qui a définitivement fait basculer Nicolas II dans son abdication, c'est le poids des grands chefs militaires, qui par le biais du général Alexeiev, pour sauver la Russie, lui conseillèrent d'abdiquer ! Pour les militaires, l'abdication du tsar relevait du patriotisme, car un renouveau national ne pouvait que renforcer la Russie face à l'ennemi allemand.
C'est d'ailleurs pour cela qu'aucun militaire de haut rang ne mena une quelconque action pour restaurer le tsar et qu'il faudra attendre le coup d'Octobre 1917, pour voir Kornilov et Alexeiev mener une timide guerre au nouveau régime bolchevique, avec l'armée des Volontaires qui ne concentrait que 10 000 hommes et qui s'épuisera, isolée de tous, dans la "campagne de glace" du Kouban.
Même après la constitution d'armée blanche plus consistante, dans la deuxième moitié de l'année 1918, et surtout en 1919, aucun général blanc ne se battait pour la restauration des Romanov ni pour le rétablissement de l'autocratie tsariste.

Concernant les troubles qui commencèrent à Petrograd, le 23 février, ils naissent d'un hiver particulièrement rude et d'une pénurie de pain et de combustible, qui vont jeter dans la rue, le petit-peuple petersbourgeois. La mutinerie de la garnison de Petersbourg, dès le 25, transformera ses révoltes de la faim, en révolution. Comme le dit Orlando Figes dans La Révolution russe (page 416), les partis révolutionnaires russes ne virent rien venir ! Dès le début, les conditions pour le futur octobre sont déjà réunies, avec la mise en place deux centres du pouvoir: la Douma et le gouvernement du Prince Lvov, qui représentait la classe bourgeoise contre le nouveau Soviet élu le 27 février, incarnant le prolétariat urbain. La concurrence de ces deux pouvoirs se réglera en Octobre 1917.
Le Tsar, à Moghilev n'est pas informé de la gravité de la situation par son incompétent ministre de l'intérieur, Protopopov. Il mande tout de même au général Ivanov d'aller mater les émeutes avec 4 divisions, mais ce dernier n'arrivera jamais à Petersbourg, les voies ferrées étant coupées par les révolutionnaires.
Le 2 mars, la Douma envoie Goutchkhov et Choulguine à Pskov, pour imposer l'abdication au tsar. Dominique Venner fait de Goutchkhov, le leader d'une conjuration franc-maçonne contre le tsar, reprenant une thèse développée, en 1963, par l'historien Grégoire Aronson...Orlando Figes en reparle, sans donner d'importance à cet énième complot qui menaçait la couronne dans ces temps difficiles.
Mais Figes, page 437, affirme bien, comme Carrère d'Encausse et Venner, que ce sont les chefs militaires menés par le général Alexeiev , le chef d'état-major de l'armée, qui ont bien emporté la décision et ont obligé le tsar à abdiquer.
Les généraux sont acquis à une réforme institutionnelle, celle d'intégrer la Douma dans le jeu politique, avec un gouvernement responsable devant elle. Ils sont convaincus que cette évolution reste nécessaire pour continuer la guerre.
On peut donc dire que février 1917, est une révolution par le haut, avec l'oukaze des généraux et des élus de la Douma, et par le bas, avec les émeutes de la faim et l'élection du soviet de Petrograd. Ses deux légitimités se heurteront jusqu'en octobre 1917.
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Message  tietie007 9/1/2012, 17:25

Notons que le discrédit du tsar et de la tsarine atteignirent des niveaux inégalés, dans toutes les couches de la société. Début décembre 1915, le tsar, après avoir suspendu la Douma, part sur le front, à Moghilev, et jusqu'en février 1917, c'est à un régime bicéphale que la Russie va devoir sa gestion. En effet, le tsar au front, c'est la tsarine Alexandra qui avec son âme damnée, Raspoutine, va gérer les affaires de l'arrière ...avec, évidemment, un sens politique calamiteux et une incompétence rare, arrivant à semer la zizanie en faisant et défaisant les ministres selon son humeur ! C'est Boris Stürmer qui remplaça, en janvier 1916, le sénile Goremykine, à la tête du gouvernement, nomination malheureuse, avec son patronyme allemand et surtout connu pour sa vénalité et son incompétence. Orlando Figes parle de la légende noire de la tsarine, accusé d'être au centre d'une clique pro-allemande, cherchant à tout prix la paix avec Berlin, et dont la nomination de Stürmer ne fit que renforcer.
Devant la gestion calamiteuse de la tsarine, les membres de la famille impériale se mobilisent, et vont faire pression auprès du tsar pour écarter sa femme des affaires publiques. Nicolas II, qui était très attaché à sa famille et à sa femme, ne veut rien entendre. Même son cousin, le roi d'Angleterre, George V, s'inquiète de la situation intérieure russe et fait pression auprès du tsar pour faire des concessions.
Les attaques contre Stürmer atteignent un niveau inégalé, lors de la session de la Douma en novembre 1917. Le Premier Ministre est accusé de corruption et de trahison par le leader du parti KD, Milioukov, ce qui créé un véritable scandale et mine un peu plus l'image désastreuse de sa protectrice, l'impératrice. Le tsar est acculé à lâcher Sturmer, qui démissionne le 7 novembre 1916. Mais la nomination du compétent Alexandre Trepov, à la tête du gouvernement, ne calmera pas les esprits, et celui-ci ne peut se faire entendre lors de son discours d'intronisation, tant le brouhaha est grand ! Surtout que la tsarine arrive à sauver la tête de ses protégés, comme le ministre de l'intérieur, Protopopov, haï par toute la Douma !
Pour Orlando Figes, février 17, au-delà de la révolte du bas-peuple, et aussi une révolution nationale, d'une bourgeoisie russe, alliée à la noblesse, qui veut écarter un tsar faible et incompétent, soumis à l'influence néfaste de sa femme !
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Message  tietie007 18/1/2012, 05:56

Trotsky à propos de la révolution russe parla du "paradoxe de février", avec un soviet qui a tous les pouvoirs, car véritable émanation du peuple révolté, mais qui refile son destin à un gouvernement bourgeois, issu de la Douma, qui n'aura, dans les faits, aucun pouvoir. Dualité qui sera réglé en octobre 1917, par les bolcheviks, dans une indifférence quasi-complète. Entre février et octobre 17, le soviet aurait pu faire tomber le gouvernement provisoire.
Dualité qui se reflètera dans la composition de ce gouvernement, où seul un membre du soviet de Petrograd, est présent, avec son vice-président, Kerenski, ministre de la Justice.
Ce gouvernement, n'a aucun pouvoir car l'administration russe s'est dissoute et que le soviet a imposé à celui-ci, des principes à respecter, comme une liberté des droits, le suffrage universel, etc ...et surtout l'Ordre n°1, début mars 1917, qui constitue des comités de soldats, dans les compagnies, au front, garant de l'esprit révolutionnaire et opposés aux officiers ...ferment de décomposition de l'armée russe qui était le seul atout de ce gouvernement provisoire, soutenu par les généraux. En février 1917, il n'y aura aucun chef militaire qui défendra Kerenski face aux bolcheviks, car le premier symbolisera la décomposition de l'armée et donc de l'état russe.
Pourquoi ce soviet n'a-t-il pas pris le pouvoir en 1917 ? Pour Figes, il y a trois raisons à cela :
- les mencheviks et SR qui dominent, en février le soviet de Petrograd, pense que la Russie est un pays trop arriéré pour imposer, toute de suite, une politique socialiste. Il est donc nécessaire de passer par une phase bourgeoise pour accumuler le capital nécessaire à une future transition socialiste.
- le soviet a peur que sa prise de pouvoir entraînent une contre-révolution militaire. Et il n'a pas tort, puisque le général Alexeiev se rallia au nouveau régime, en retenant la main belliqueuse du général Ivanov, censé réprimer les troubles à Petrograd, lorsqu'il sut que la Douma et les libéraux étaient associés au nouveau pouvoir.
- enfin, le soviet n'est pas sûr de son pouvoir sur les masses ouvrières. La violence populaire qui se déchaîna durant ces journées de février, inquiéta les délégués mencheviks et SR, qui craignaient que cette violence se retourne contre un soviet gouvernant.
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Message  tietie007 20/1/2012, 16:51

Dans le pays profond, dans les campagnes, la révolution paysanne va suivre son cours, coupée du pouvoir central. La confiscation des terres des hobereaux s'accéléra après la nomination, au gouvernement provisoire, du SR Tchernov, au ministère de l'Agriculture. Les SR étaient favorables à la socialisation de la terre par les comités locaux de paysans, qui furent mis en place par le gouvernement dès le 20 mars ! Evidemment, le ressentiment paysan envers les anciens maîtres, entraîna ce que le Prince Lvov nomma la "revanche des serfs", flot de haine qui s'en prit aux nobliaux qui avaient traiter les moujiks, comme des bêtes ! Ces confiscations qui s'accompagnaient de pillages et de lynchage, furent entérinés par l'assemblée paysanne panrusse qui se tint en mai 1917. Les SR qui dominaient cette assemblée, prônaient le respect de la légalité, mais ils furent vite débordés par la base.
Dans les villes, les comités d'usines faisaient pression sur les patrons pour améliorer les salaires et les conditions de travail. Dès le 10 mars, 300 patrons de Petrograd acceptèrent la journée de 8 heures sans baisse de salaire. Ces comités d'usine prenaient une importance grandissante, foyers de propagande bolcheviks, ils supplantaient les syndicats contrôlés par les mencheviks, et prônaient le contrôle ouvrier et la nationalisation de l'outil de production. C'est dans la bolchevisation de ces comités qu'il faut voir la montée en puissance du parti bolchevik, qui sera en position de force en octobre.
De plus, depuis février 1917, des bandes d'ouvriers armés s'étaient transformés, officiellement, en "garde rouge", n'obéissant qu'au soviet et alter ego de la milice mise en place par le gouvernement provisoire, dualité des "polices" qui reflétait la dualité du pouvoir. En juillet 1917, la garde rouge de Petrograd était forte de 20 000 hommes, dominée par les bolcheviks.
Les tensions vont s'exacerber, durant l'été 1917, entre un gouvernement confronté aux nécessités de la guerre et des ouvriers instrumentalisés par les bolcheviks, qui poussent à la revendication sociale en faisant des grèves et en manifestant. Une position quasi-intenable pour le gouvernement menchevik de Kerenski.
Surtout qu'on le verra un peu après, l'Empire russe est soumis aux forces centrifuges des nationalismes, notamment en Ukraine et en Finlande.
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Message  tietie007 28/1/2012, 15:50

Jusqu'alors le gouvernement provisoire avait coalisé des forces antagonistes, comme les KD et les Mencheviks/SR, qui ne voyaient leur salut que dans une union de tous les partisans du parlementarisme. L'unité de l'Etat russe était aussi un credo de ce gouvernement, qui était soumis aux forces centrifuges des nationalismes. Même les SR et les mencheviks, favorables à l'autodétermination nationale s'étaient ralliés à la position KD, qui était de garder intact l'intégrité de la Russie. Mais en Ukraine et en Finlande les revendications nationalistes se faisaient de plus en plus pressantes. En Finlande, la situation se dégrada en juillet, et la guerre de libération commença. En Ukraine, la Rada revendiqua son autonomie dans une fédération de Russie, mais le gouvernement du Prince Lvov temporisa. Aussi, le 10 juin, la Rada proclama une déclaration de liberté de l'Ukraine dans le droit fil de la charte des Hetmans cosaques du 17eme siècle. V.K.Vinnitchenko exerça alors le pouvoir en lieu et place du gouvernement provisoire, ce qui déclencha l'ire du Prince Lvov, accusant la Rada ukrainienne de donner un coup de poignard à la Russie, qui s'apprêtait à lancer sa dernière offensive contre les austro-allemands et qui était désormais menacé de perdre deux régions vitales sur ses arrières. Une délégation russe menée par Kerenski alla négocier avec la Rada, qui déboucha, le 2 juillet, sur un compromis de dernière minute, le gouvernement provisoire reconnaissant la Rada et une large autonomie à l'Ukraine. Le parti KD ne reconnut pas cet accord qui minait l'intégrité de la Russie, et 3 ministres démissionnèrent, le 4 juillet, clôturant la période d'un gouvernement d'union nationale et promettant la fin du gouvernement provisoire.
Surtout qu'à Petrograd, ce 4 juillet, soldats de la garnison et ouvriers manifestaient dans les rues au cri de "Tout le pouvoir au soviet" et n'avaient plus qu'à se baisser pour prendre un pouvoir exsangue, mais les hésitations d'un Lénine firent échouer le coup d'Etat de la rue.
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Message  tietie007 30/1/2012, 09:24

La révolution de février est venue sans prévenir, surprenant tous les chefs socialistes, et notamment bolcheviks. Certes la majorité des dirigeants vivaient en exil, mais le représentant bolchevik à Petrograd, Chliapnikov, ne croit pas les manifestations de février sont les prodromes d'une révolution. La révolution arrivée, divine surprise inattendue, les chefs bolcheviks vont chercher à revenir au pays. Trotski et Zinoviev, à New-York, seront retardés à Londres, Lénine, prend un train avec d'autres exilés, et traverse l'Allemagne avec la bénédiction des autorités teutonnes, qui voient d'un bon oeil ce pacifiste retourner en Russie. Le parti bolchevik, en février 1917, ne regroupe que 5000 militants, d'après Jean-Jacques Marie, mais les thèses d'Avril, énoncées par Lénine, va attirer de plus en plus de soldats et d'ouvriers.
Lorsque Lénine arriva en Russie après 17 ans d'exil, il va exposer rapidement ses thèses dites d'Avril, qui ne font pas l'unanimité, d'ailleurs, dans son parti. Au lieu d'accepter une "transition bourgeoise" nécessaire avant l'étape socialiste, Lénine, dans le sillage des populistes russes et notamment de Tchernychevski,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Que_faire_%3F_%28L%C3%A9nine%29

prend partie pour un pouvoir prolétarien incarné par le soviet, avec son fameux slogan "Tout le pouvoir aux soviets". Il attaque violemment le gouvernement provisoire, demande une paix immédiate, veut la suppression de la police et de l'armée et la confiscation immédiate de toutes les terres. Tsereteli, le leader menchevik, accusera Illitch de ne pas respecter la théorie marxiste et d'autres avouèrent que le leader bolchevik avait abandonné Marx (Lénine a russifié plutôt russifié Marx, en s'appuyant sur les populistes russes pour nier l'importance de la transition bourgeoise) pour Bakounine. En fait, Lénine se montre pragmatique en demandant la paix immédiate, seul parti à le faire, mesure qui ne peut que lui rallier une large majorité de soldats qui n'en peuvent plus de cette guerre. On verra que 10 mois plus tard, cette paix immédiate avec l'Allemagne ne fut pas évidente, puisqu'un Boukharine voulait continuer la guerre pour aider la révolution allemande et qu'un Trotski, hésitant, ne se rallia qu'au dernier moment à la paix immédiate léniniste, jusqu'alors en minorité.
Les thèses d'Avril vont donc effrayer une majorité de socialistes, et même au sein de son parti, un Kamenev, incarnant le centre du parti bolchevik, pensait que la Russie était trop arriéré pour se passer d'une transition bourgeoise. (Ce même Kamenev s'opposa, en octobre, au coup d'état bolchevik pour la même raison).

Le parti bolchevik va monter en puissance en ce printemps et les thèses d'avril vont lui rallier des milliers de nouveaux militants. Ses deux bastions à Petrograd furent la base navale de Cronstadt, avec des marins qui soutenaient les thèses bolcheviks et qui déclarèrent même une "République soviétique de Cronstadt", en mai 1917, ne reconnaissant plus le gouvernement provisoire, action qui fut condamné par Lénine, qui craignait que sa radicale base entraîne une répression contre son parti. Le quartier ouvrier de Vyborg, siège des usines Poutilov, était l'autre bastion bolchevik de la capitale, avec des comités d'usine qui était largement contrôlés par les bolcheviks.

L'offensive russe de Broussilov, décidée par le ministre de la Guerre, Kerenski, en juin, décision inepte au vue de la décomposition de l'armée russe, va encore alimenter le parti bolchevik avec son lot de soldats fuyant la guerre et demandant la paix. D'avril à septembre 1917, les effectifs bolcheviks passeront de 20000 à 200 000 selon JJ Marie. Mais le dilemne de Lénine et du comité central, c'est de résister à cette base de soldats et d'ouvriers radicaux qui ne rêvent que de renverser le gouvernement provisoire en donnant le pouvoir au soviet ...qui n'en veut pas !! Car le soviet de Petrograd, dirigé par les mencheviks et les SR, pense qu'une transition bourgeoise est nécessaire pour développer la Russie.

L'agitation règne dans les villes russes, en juin, et les grèves se multiplient, à Petrograd. Le gouvernement provisoire, par le biais de Kerenski, veut lancer une offensive contre les austro-allemands, en juin, et aimerait y envoyer une partie de la garnison de Petrograd, qui devenait ingérable et était une épée de Damoclès sur la tête du gouvernement. Les soldats de la garnison décrètent qu'ils renverseront le gouvernement si celui-ci persiste à vouloir les envoyer au front. Lénine va prôner la modération, craignant que la situation ne soit pas mûre pour déclencher un coup d'état, mais il a du mal à contrôler sa base.
A partir du 2 juillet, des manifestations de soldats et d'ouvriers, aux cris de "Tout le pouvoir aux soviets" convergèrent vers le centre-ville, culminant le 4 juillet. Le palais de Tauride où siégeait le gouvernement, était à la merci des milliers de manifestants, mais la foule hésita, Lénine, indécis, n'ayant donné aucune consigne, alors que le pouvoir lui tendait les bras. Des manifestants radicaux capturèrent le ministre SR Tchernov, qui fut libéré de la foule par l'action déterminée de Trotski. Des cosaques et des KD tirèrent alors sur la foule, pour disperser la manifestation, qui fut achevé par un énorme orage !
Cette journée du 4 juillet aurait du être la fin du gouvernement provisoire qui n 'aurait rien pu faire contre les milliers de manifestants. Mais les hésitations de Lénine, sur la conduite à donner à la manifestation, laissa la foule sans direction, et l'indécision puis l'échec acheva le succès de la grève.

Le lendemain, 5 juillet, la presse de droite se déchaîna contre les bolcheviks, les faisant passer pour des agents allemands et les locaux de la Pravda furent saccagés. Le 6 juillet, l'hôtel Ksechinskaïa, siège du parti, fut investi par l'armée et 500 militants qui s'y trouvaient furent arrêtés. Lénine, lui, avait déjà pris la poudre d'escampette, avec Zinoviev. Le ministre de la Justice Pereverzev, ordonna l'arrestation des leaders bolcheviks, et Trotski, Kamenev et Kollontaï furent capturés. Près de 800 militants bolcheviks furent arrêtés. Lénine croyait que c'était la fin pour son parti, qui allait périr sous les coups de la répression ...Mais Kerenski et les mencheviks retinrent la main de Kornilov, qui avait remplacé Broussilov, considérant les bolcheviks comme des camarades socialistes et ayant peur que l'éradication des partisans de Lénine, laisse la porte ouverte à une contre-révolution. Kerenski ne sera pas le Noske de la révolution russe ...et il s'en mordra les doigts, un peu plus tard !
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La guerre civile russe, 1917-1921. Empty Re: La guerre civile russe, 1917-1921.

Message  tietie007 10/2/2012, 18:39

La prise de pouvoir par les bolcheviks:

1°) Le faux coup d'état de Kornilov.

Nommé pour remplacer Broussilov, et pour plaire au KD, que Kerenski voulait ramener dans la coalition, Kornilov, militaire charismatique mais petite tête politique, eut le tort, aux yeux du chef du gouvernement provisoire, d'être populaire et d'éclipser le vaniteux Kerenski. Celui-ci, par le biais de Boris Savinkov, un SR vice-ministre de la Guerre, lui manda d'envoyer des troupes sur Petrograd, pour prévenir un coup d'état bolchevik, et quand la soldatesque se mit en marche, l'accusa de vouloir envahir la capitale pour prendre le pouvoir ! Exit donc, le dangereux Kornilov, remplacé par Kerenski lui-même, fin août.

2°) Le retour des bolcheviks.

Honnis en juillet, les bolcheviks revinrent de nouveau en faveur, à la suite du "coup d'état" de Kornilov, et des armes furent donnés aux ouvriers. Trotski, libéré le 4 septembre, avoua par la suite, que cette période fut une répétition pour Octobre. D'ailleurs, si le stratagème du chef du gouvernement marcha pour éliminer Kornilov, il s'aliéna définitivement l'armée et la bourgeoisie et, paradoxalement, accentua le ralliement des soldats et des ouvriers aux bolcheviks, laissant le gouvernement provisoire totalement isolé et sans pouvoir.

3°) Lénine, prendre le pouvoir.

Les bolcheviks avaient gagné de l'influence et avaient même pris la majorité du soviet de Petrograd. Le futur congrès panrusse des soviets, en Octobre, annonçait donc la fin du gouvernement provisoire et le transfert de tout le pouvoir aux soviets, comme le souhaitait Lénine, avec ses Thèses d'Avril !
Mais que Nenni ! Illitch n'avait aucune envie de partager le pouvoir avec les mencheviks et les SR, et dès la mi-septembre, de Finlande, il prôna la prise de pouvoir par la force, avec le congrès panrusse des soviets. Il se heurta alors au CC, et notamment à Kamenev et à Zinoviev, qui oeuvraient à une coalition avec les autres partis socialistes, ce qui mis en rage Lénine, qui les traita de "traîtres à la classe ouvrière". Le 18 octobre, Kamenev déclara même son opposition aux thèses d'Illitch sur la place publique ! Il n'en reste pas moins que c'est la ligne de Lénine qui l'emporta et le principe de l'insurrection fut décidée dès le 10 octobre.
Les comités de soldats, hésitants, après la catastrophe des journées de juillet, suivèrent les bolcheviks après que Kerenski, piètre politique, décida d'envoyer au front une partie de la garnison de Petrograd, ce qui rallia définitivement les soldats à la cause de l'insurrection.

4°) Un coup d'état en douceur.

Le film d'Einsenstein, Octobre, pour le 10eme anniversaire de la révolution d'octobre, a popularisé un Octobre révolutionnaire, voyant les masses prolétariennes se soulever comme un seul homme contre la réaction, or rien ne fut plus faux. Dès le 23 octobre, Petrograd était déjà aux mains des gardes rouges qui avaient même investi la forteresse Pierre et Paul, laissant seulement le Palais d'Hiver au main du gouvernement provisoire. Le 25 octobre, les marins de Cronstadt, les ouvrières de Vyborg, et les gardes rouges devaient donner l'assaut au Palais d'Hiver, défendu mollement par quelques troupes disparates, dont 200 femmes du Bataillon de la Mort !! L'assaut contre un palais d'Hiver abandonné de tous, fut donné dans le désordre le plus complet.

5°) Les mencheviks et les SR se mettent hors-jeu.

A l'institut Smolny, le soviet travaillait, au courant des événements et Martov, le leader menchevik prôna un gouvernement de toutes les tendances socialistes, comme le slogan "Tout le pouvoir aux soviets" le prévoyait. Mais une partie des mencheviks et des SR stigmatisèrent l'action des bolcheviks contre le gouvernement provisoire et quittèrent la salle sous les lazzis des léninistes. Ce fut du pain béni pour Lénine, qui put imposer, après le départ des autres factions socialistes, la suprématie totale des bolcheviks sur le soviet et du Parti sur le soviet.
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