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L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944)

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L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944) Empty L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944)

Message  Yeoman 35 4/5/2012, 16:13

Très méconnue en France, l’Opération d’Iassy-Kichinev n’en est pas moins une brillante réussite de la mise en pratique de l’art opérationnel (ou opératif) soviétique, ainsi qu’un modèle d’opération mobile. En effet, les Soviétiques de Malinovski et Tolboukhine ont infligé un second Stalingrad à la 6. Armee allemande et aux forces roumaines. De plus, selon leur habitude, les Russes ont réussi à tromper leur ennemi qui n’a absolument pas détecté la concentration de moyens sur la rive orientale du Dniestr. En outre, l’opération a fait brusquement chuter le régime pronazi d’Antonescu et provoquer le basculement de la Roumanie dans le camp soviétique. En outre, le IIIe Reich va se retrouver privé de sources d’approvisionnement en pétrole – vital pour son armée – qui passe aux mains des Soviétiques. Et ceux-ci vont disposer d’une base pour pouvoir chasser les Allemands des Balkans, contrôler la majeure partie du bassin du Danube et se lancer à l’assaut de la Hongrie.


- SITUATION STRATEGIQUE ET OPERATIONNELLE A L’ETE 1944

Au début de l’année 1944, les Soviétiques ont complètement achevé de libérer l’Ukraine après une série de batailles à l’issue desquelles plusieurs Grandes Unités allemandes ont certes échappé à l’encerclement (Korsoun-Tcherkassy, Kamenets-Podolsk. Au sud du front, le 3e Front d’Ukraine du Général Rodion Malinovski, après avoir participé au refoulement du Heeres-Gruppe Süd-Ukraine a réussi à aborder le territoire roumain par une opération de franchissement du Dniepr. Mais le Generaloberst Johannes Friessner commandant du Heeres-Gruppe Süd-Ukraine, a réagi promptement et lancé une contre-offensive menée par la 6. Armee de Maximilian Fretter-Pico ; ce qui a conduit aux dures batailles de Târgu-Frumos et Podul-Ilioaiei. Les Allemands ont alors réussi à bloquer l’offensive des avant-gardes des Soviétiques, mais ces derniers ont réussi à s’installer solidement dans une tête de pont au nord-est de la Roumanie – plus précisément au nord-est de la province de Moldavie délimitée entre la rive ouest du Dniestr et la rive est du Prout. Toutefois, conformément aux ordres de la STAVKA, Malinovski arrête son offensive pendant le dégel, le temps que l’Armée Soviétique se repose, se réorganise et se prépare pour l’Opération Bagration lancée le 22 juin 1944 afin d’achever la libération de la Biélorussie. Sitôt cette phase accomplie, la STAVKA peut alors se concentrer de nouveau sur le sud du front en vue de pouvoir contrôler les rivages occidentaux de la Mer Noire ainsi que l’estuaire et le cours supérieur du Danube. Pour l’heure, les forces des Généraux Rodion Malinovski et Fedor Tolboukhine, rebaptisées respectivement 2nd et 3e Fronts d’Ukraine, profitent de la période de dégel (la Raspoutitsa) pour se préparer en toute discrétion derrière la rive orientale du Dniepr. En outre, conformément à la conduite des opérations, Staline laisse une autonomie de décision opérationnelle à ses chefs de Front, alors que du côté de leurs adversaires, Hitler tend à faire peser une chape de plomb et un contrôle beaucoup plus serré sur les commandants de Groupes d’Armées et d’Armées. En outre, comme le signale le Colonel Dutu dans l’Armée Roumaine pendant la Seconde Guerre mondiale, il existe de graves tensions entre l’Armée Roumaine et l’Armée Allemande, du fait que le Haut Commandement roumain n’a pas la totale liberté de décision sur le front alors que le pays est menacé d’invasion. Le 19 mars 1944, le Maréchal Ion Antonescu envoie une lettre au Führer dans lequel il lui explique que « la simple transmission des informations concernant les opérations du front sans pouvoir apprécier les éventuels évènements et les intentions futures, me prive de l’orientation nécessaire aux activités de conduite de l’Etat et à mes difficiles responsabilités. » Cependant, non seulement Hitler ne prête aucune intention aux remontrances d’Antonescu, mais il lui demande d’assurer les arrières du Heeres-Gruppe Süd-Ukraine de Friessner dans la zone d’opérations du cours supérieur du Prout. Seulement, le Grand Etat-Major Roumain dirigé par le général Ilie Steflea n’est absolument pas d’accord avec le plan allemand. Il préconise plutôt une défense du territoire national à partir d’une « très forte position » à partir de laquelle on pourrait envoyer des réserves pour organiser une défense en profondeur. Antonescu autorise alors – sans requérir l’avis de Friessner ou d’Hitler – le déploiement de la IVe Armée d’Avramescu sur la ligne fortifiée Traian qui va de Târgu Neamt à Iassi. Sur insistance des Allemands, les Roumains se sont installés dans une tête de pont au nord de Bahlui dans la partie centrale de la Bessarabie. Mais le 8 avril, Steflea informe l’OKH que la IVe Armée ne sera pas poussée plus en avant de la ligne Traian « étant donné qu’elle reste la dernière réserve du peuple roumain. » Ces paroles peuvent en dire déjà long sur l’état de l’armée du petit royaume que nous détaillerons plus loin. Pour Steflea, le front germano-roumain ne manque pas de fantassins mais d’armes lourdes pour faire face au déploiement mécanisé des Russes. Mais du côté Allemand même, les avis divergent quant au placement de la ligne de défense, Friessner et Guderian sont favorables à un retrait sur l’alignement fortifié Focşani-Namoloasa-Braila qui devait être effectué AVANT L’OFFENSIVE RUSSE. Mais l’état-major du Heeres-Gruppe Süd-Ukraine estime pour sa part que les Russes n’attaqueront pas pendant l’été et que le front ne présente pas de signes alarmants au printemps 1944.
Si Antonescu doit sans cesse composer avec ses alliés du Reich, il n’ignore pas qu’il doit faire face à une sourde opposition dans les milieux politiques et militaires. Ainsi, plusieurs membres de l’opposition réunis au sein du « Bloc National Démocrate » - qui n’a pourtant qu’un faible soutien populaire – ont rallié plusieurs officiers supérieurs et de haut rang hostiles à Antonescu et à sa politique qu’ils considèrent comme servile envers Hitler et catastrophique pour la Roumanie. Certains ont même effectué des voyages clandestins à Moscou pour approcher les diplomates soviétiques. En outre, ils ont le soutien discret du Roi Michel Ier – resté très anglophile et qui bénéficie encore d’un large soutien dans la population – ainsi que de son entourage. Enfin, cette opposition a pour objectif de faire entrer la Roumanie dans le camp des alliés dans l’espoir de sauver la situation.
On peut voir au moins une chose ; le climat délétère qui règne à l’intérieur de l’Armée et du Gouvernement Roumains, ainsi que les tensions entre le Grand-Major de Bucarest et l’OKH ne vont guère faciliter la conduite des opérations du côté de l’Axe.

Du côté soviétique, comme l’expliquent David M. Glantz et Jonathan House, le lancement de l’Opération Bagration a nécessité une très forte demande en ravitaillement et les Fronts mis en lice au nord-ouest de la Russie et en Biélorussie ont d’abord été privilégiés, provoquant ainsi l’arrêt temporaire des opérations sur le Dniestr. Mais, maintenant que les offensives contre les Heeres-Gruppen Mitte et Nord-Ukraine se passent pour le mieux, Staline et la STAVKA – en particulier Joukov et Vassilievski – fixent alors leur attention sur l’Europe du Sud. Le Grand Etat-Major soviétique planifie une opération à trois objectifs :
1) détruire complètement les forces allemandes de Roumanie ;
2) faire sortir la Roumanie du conflit, puis avancer dans les Balkans, ce qui pourrait conduire la Hongrie à demander la paix 3) s’emparer des champs pétrolifères de Ploieşti, vitaux pour économie du Reich mais qui peuvent donner un ballon d’oxygène aux approvisionnements soviétiques qui dépendent presque exclusivement de l’Asie Centrale et du Caucase.

- FORCES EN PRESENCE ET PREPARATIFS

Pour atteindre ces objectifs, le Haut Commandement soviétique confie au 2nd Front d’Ukraine de Malinovski et au 3e Front d’Ukraine du Maréchal Fedor Tolboukhine la mission d’isoler le Heeres-Gruppe Süd-Ukraine par un mouvement en double tenaille.

Staline confie cette charge à deux de ses meilleurs subordonnés. Rodion Ia. Malinovski – ancien soldat de la Brigade de Volontaires Russes en France et de la Légion Etrangère pendant la Guerre de 1914-1918 – a participé brillamment aux campagnes de 1941 et 1942. Lors de Stalingrad il commande d’abord la 66e Armée avec laquelle il lance des contre-attaques sur le flanc gauche de Paulus. On le retrouve en décembre 1942 à la tête de la 2e Armée de la Garde qui met fin aux espoirs de von Manstein et de Hoth à dégager la 6. Armee encerclée en arrêtant le LVII. Panzer-Korps derrière la Michkova. Placé à la tête du Front du Sud-Ouest à l’été 1943 participe brillamment aux opérations de franchissement du Dniepr.

Fedor I. Tolboukhine, ancien motocycliste de l’Armée de Nicolas II et officier bolchevik durant la Guerre Civile, commande une division puis un Corps de Cavalerie pendant les catastrophes de 1941 et 1942. On le retrouve à Stalingrad au commandement de la 57e Armée qui enfonce les positions roumaines et qui participe à l’encerclement de Paulus ainsi qu’à l’arrêt de la contre-offensive de Manstein. Début 1943, il prend le commandement du Front du Sud qui déclenche une offensive de diversion sur le Mious qui, bien que coûteuse, permet de détourner des unités allemandes d’élite du front de Koursk, accélérant ainsi les succès offensifs de l’été 1943 et de libération de l’Ukraine. Il est aussi l'auteur de la très belle rocade de Nikopol contre la Karl-Adolf Hollidt qui permettra aux soviétiques d'isoler les forces de von Kleist en Crimée. Incontestablement, Malinovski et Tolboukhine connaissent parfaitement leurs adversaires allemands et roumains.

Les effectifs qu’aligne l’Armée Soviétique sont tout simplement considérables autant du point de vue humain que du point de vue matériel. Le 2nd Front d’Ukraine peut s’appuyer sur sept Armées : 27e (Trofimenko) 40e (Jmachenko), 52e (Koroteïev), 53e (Managarov), 4e Garde (Galanine), 7e Garde (Choumilov), 6e Armée de Chars (Kravtchenko) et sur le Groupement de Cavalerie Mécanisée du Major-Général Gorchkov – soit un total de 537 856 hommes et 1 283 chars et canons d’assaut (SU). Le 3e Front d’Ukraine est un peu moins puissant alignant quatre armées – 37e (Charokhine), 46e (Chlemine), 57e (Gagen) et 5e Choc (Tsvetaïev) – plus le Groupement de Cavalerie Mécanisée de Pliev. Soit un total de 348 633 soldats et officiers et 591 chars et SU.

Tolboukhine et Malinovski peuvent aussi compter leur très bonne artillerie (devenue pour les Russes l’arme qui permet d’emporter la décision sur le champ de bataille), avec 16 100 bouches à feu ; mortiers (85, 120 mm), canons (76, 152 mm), obusiers (122, 203 et 380 mm) et Katiouchas confondus. De son côté, les forces aériennes (VVS) mettent à disposition des deux Fronts un peu plus de 2 200 avions des 5e et 17e Armées Aériennes des Généraux Goriounov et Soudets. Enfin, 320 000 hommes sont affectés aux services de l’arrière des deux Fronts. Ainsi, le tout cumulé donne l’effectif colossal de plus de 1 330 000 hommes et un peu plus de 1 800 engins blindés. Les 2nd et 3e Fronts d’Ukraine ont pu combler leurs pertes grâce aux recrutements effectués dans les régions libérées d’Ukraine, où des dizaines de milliers d’hommes étaient vêtus d’uniformes, armés et entraînés rapidement. Une Division de Fusiliers de la 5e Armée de Choc de Tsvetaïev est ainsi passée de 3 800 à 7 000 hommes de cette manière. Mais les divisions soviétiques n’égaleront jamais les divisions allemandes en nombre d’hommes. Et ces "soldats trophées" ne sont pas assez formés et ne peuvent rivaliser techniquement avec les Grenadiere. Toutefois, ils peuvent compter sur leurs frères d’armes vétérans qui combattaient au minimum depuis la bataille de Koursk et les Opérations de libération d’Ukraine. En outre, la faiblesse des soldats est compensée par les compétences tactiques et opérationnelles des chefs de Corps, d’Armées et de Fronts, ainsi que par la colossale puissance de feu – collective ou même individuelle – dont bénéficie l’Armée Soviétique en 1944. En outre, les chefs soviétiques utilisent de plus en plus les groupements de soutien infanterie-chars-artillerie. Enfin, le seul défaut constant des Russes reste bien sûr la logistique et l’approvisionnement, qui peuvent faire défaut en période d’opérations.

Au niveau du matériel, l’Armée Soviétique aligne tout ce qu’elle a de meilleur depuis le début de l’année 1944. Au sein des Corps de Chars et Corps Mécanisés, malgré la présence constante de quelques chars de modèles plus anciens ou de fabrication étrangères (chars Sherman), les T-34 76 ont depuis laissé la place aux T-34 85 (équipés du canon de DCA L 85 mm) qui peuvent affronter les chars allemands du moment à une distance moins suicidaire qu’en 1943. En outre, les Russes mettent en lice les tous nouveaux JS-1 et JS-2 « Josef Stalin », des monstres peu maniables de 46 tonnes à la tourelle vulnérable mais armés du nouveau canon D25-T de 122 mm, capable de venir à bout de tout char allemand à 2 500 m. En outre, toute la gamme des canons d’assaut (SU) est de sortie. A côté des traditionnels SU-76 et SU-85, les Russes mettent en lice les redoutables SU-100 et le ISU-152 – le fameux « Zveroboï » ou « tueur de fauves » - , testé avec succès à Koursk et dont la seule déflagration de son obus de 152 mm est capable de retourner n’importe quel blindé allemand. Les SU sont aussi très efficaces en matière de soutien d’infanterie d’assaut. Du côté de l’aviation, rien à voir avec l’été 1941. Ainsi, tous les meilleurs modèles conçus par la VVS sont là. Pour les chasseurs, les Yak-3 et Yak-9, Lavochkine 5 et 7 disputent avec succès le terrain du ciel à la Luftwaffe. L’attaque au sol est laissée au monopole des très bons Iliouchine Il-2 « Stourmovik » (que les Allemands ont surnommé « Die Schwarze Tod » – « la Mort Noire »), qui matraquent sans cesse tout ce qui marche ou roule. Du côté des bombardiers, si les Russes utilisent encore le vieux et déclassé Polikarpov I-15 « Tchaïka » pour le bombardement nocturne, les excellents bombardiers Petliakov (Pe-2 et Pe-8) et les différents modèles de Toupolev (Tu-2, TB-3 et SB-2) sont aussi de la partie.

Le 3e Front d’Ukraine, doit lancer une attaque concentrique plus au sud depuis une petite tête de pont sur la rive droite du Dniestr dans le secteur de Tiraspol-Bendery, puis introduire le 4e Corps Mécanisé de la Garde de Jdanov et le 7e Corps Mécanisé de Katkov, afin d’exploiter la rupture. Les deux Corps d’exploitation devront ensuite vers le nord et rejoindre les pointes du 18e Corps de Chars dans la zone de Kichinev. Au lieu de participer à l’encerclement de la 6. Armee, les forces blindées et mécanisées des deux fronts devaient se lancer vers le sud pour saisir Bucarest et Ploiesti. Pour mener à bien la concentration des secteurs de pénétration, les Armées des deux Fronts – composées des unités de Fusiliers –, avaient été spécialement dotées en hommes et équipement pour cette tâche. D’autres Armées, comptant pas plus de cinq divisions de Fusiliers, avaient plus une mission de déception et d’intoxication. Toutefois, dans les secteurs désignés pour l’exploitation de la rupture, Malinovski et Tolboukhine concentrent deux Armées puissamment dotées – environ 9 divisions de Fusiliers chacune avec une artillerie puissante et des chars de soutien, dont les nouveaux monstres IS-2.

Du côté germano-roumain, on ne peut guère rivaliser avec les effectifs soviétiques. Les deux armées allemandes et les deux armées roumaines de Friessner comptent en tout 430 000 hommes dont 220 000 Allemands. Toutefois, le Heeres-Gruppe n’aligne en tout que 170 chars et canons d’assaut, dont la moitié est attribuée à la 1re Division Blindée Roumaine « Romania Mare ». Cela veut dire que la 10. Panzergrenadier-Division et la 13. Panzer-Division ne peuvent aligner chacune que 40 blindés tout au plus. Soit un effectif bien trop inférieur à la dotation théorique (120 – 140 chars). Cependant, ce sont majoritairement des Pzkw IV, quelques Panther et de très bons Sturmgeschütz qui composent ses deux unités. Au niveau de l’artillerie, Allemands et Roumains ne peuvent mettre en batterie que 7 600 pièces de tous types ; ce qui est bien sûr insuffisant pour s’opposer à leurs adversaires. Quant à la Luftwaffe – représentée dans le secteur par la 4. Luftflotte –, avec ses 800 appareils, elle n’est pas alors de taille à affronter efficacement la VVS. Certes, elle compte dans ses hangars les très bons Messerschmidt Me-109 et les magnifiques Focke-Wulf Fw 190 à la puissance de feu détonante. Mais la Luftwaffe a perdu presque tout son potentiel de combat sur l’Ostfront depuis la bataille de Koursk. De nombreux pilotes – dont de très expérimentés – ont disparu au combat et le renouvellement du personnel n’est assuré que par de jeunes engagés tout juste sortis des écoles de pilotage et sans énormément d’heures d’entraînement. En face, les pilotes russes de la VVS se sont considérablement améliorés.

Le Heeres-Gruppe Süd-Ukraine occupe une ligne défensive parcourue de collines à l’est et avec son flanc droit (IIIe Armée Roumaine) arc-boutée sur le Dniestr et son flanc gauche (8. Armee d’Otto Wöhler) bénéficie de bonnes positions sur les contreforts des Carpates. Il s’articule en fait en deux Armee-Gruppen : l’Armee-Gruppe Wöhler avec la 8. Armee et la IVe Armée Roumaine d’Avramescu et l’Armee-Gruppe Dumitrescu comprenant la 6. Armee et la IIIe Armée Roumaine de Dumitrescu. La 6. Armee du General der Panzertruppen Maximilian Fretter-Pico, est placée au centre du dispositif du HG Süd-Ukraine, c'est-à-dire dans le secteur d’Iasi-Kichinev, couvrant ainsi une grande partie de la province de Moldavie. Les quatre corps de Fretter-Pico – VII|/b] (Hell), [b]XXX (Postel), XXXXIV. et LII. (Buschenhagen) représentaient la meilleure part des forces allemandes. Fretter-Pico peut s’appuyer sur quatorze divisions dont une roumaine. Chaque Korps se voit incorporé un détachement de Sturmgeschütz qui doit servir comme réserve tactique de Panzer. Le VII. Armee-Korps du Generalleutnant Eberhardt Hell tient le flanc droit de la 6. Armee et fait la jonction avec la IVe Armée Roumaine, pendant que le XXX. Korps du Generalmajor Georg Postel accroche la IIIe Armée Roumaine située sur le flanc droit de Fretter-Pico. D’autre part, la combativité des soldats roumains est plus que douteuse. Il faut dire qu’au printemps 1944, la grande majorité des meilleures troupes roumaines a disparu dans les combats en URSS ou se traîne dans les camps de prisonniers soviétiques. Même si les soldats roumains peuvent s’avérer courageux, braves et durs au mal, ils sont très mal équipés et encore plus mal commandés.

Du point de vue opérationnel, la STAVKA confie à Malinovski et Tolboukhine la maission d’isoler le Heeres-Gruppe Süd-Ukraine par un mouvement en double tenaille. Par la Directive du 2 août 1944, le haut-commandement soviétique décide de rompre la défense germano-roumaine dans deux secteurs ; soit au nord-ouest de Iasi (2nd Front d'Ukraine) et au sud de Tighina (3e Front d’Ukraine) et par une manœuvre de double enveloppement, afin d’encercler et de détruire l’Armee-Gruppe Dumitrescu dans la zone d’Iassy-Kichinev et de s’emparer ainsi de la ligne Bacau-Falciu-Leova-Tarutino. Ensuite, il s’agit de développer l’offensive en direction de l’alignement fortifié Focşani-Namoloasa-Braila. Sur le flanc droit, le 2nd Front d’Ukraine est disposé sur bande large de 330 km et reçoit comme mission de rompre la défense des forces allemandes et roumaines, dans un secteur qui avait un développement frontal de 16 km, de développer l’offensive en portant le coup dans la direction Iasi-Vaslui-Falciu, d’encercler en coopération avec le 3e Front d’Ukraine le groupement du district d’Iassy-Kichinev, de s’emparer de la ligne Bacau-Falciu, et ensuite développer l’offensive en direction de Focsani. Au flanc gauche, le 3e Front d’Ukraine qui s’aligne sur une bande de développement frontal de 210 km, doit forcer le Dniestr dans le secteur de Tiraspol-Benderi par une série d’attaques concentriques, rompre la défense dans un secteur large de 11 km, avec l’introduction du 7e Corps Mécanisé et du 4e Corps Mécanisé de la Garde, puis conquérir la ligne Leova-Tarutino pour avancer dans un dernier temps vers Reni et Ismail. L’analyse de la directive soviétique relève le fait qu’il avait été prévu, de développer une opération offensive sur une profondeur de 150-200 km, mais les responsables de la STAVKA ne s’attendaient nullement à voir la Roumanie quitter le camp de l’Axe à l’issue des opérations.

Comme l’explique le Colonel Nicolae Ciobanu de l’Armée Roumaine, la force d’assaut de Malinovski consiste dans les 27e, 52e, 53e, Armées, la 7e Armée de la Garde et la 6e Armée de Chars appuyées par le Groupement Gorchkov. Elle doit frapper dans le ventre de la IVe Armée Roumaine dans les environs d’Iassy. Dans le même temps, les 37e, 46e et 57e Armées ainsi que le Groupement Pliev de Tolboukhine, devront frapper la IIIe Armée Roumaine au sud de Tiraspol en Transnistrie. Une fois la rupture remportée, les forces blindées soviétiques devront s’élancer dans les dispositifs en profondeur de l’ennemi en vue de détruire les deux Armées roumaines et’ encercler la 6. Armee de Fretter-Pico qui tient le secteur d’Iasi-Kichinev. En bons vétérans de Stalingrad, Malinovski et Tolboukhine comptent en somme rééditer le mode opérationnel qui a fait les succès de l’Armée Soviétique depuis l’encerclement et l’Armée de Paulus. Ainsi, pour mener à bien l’exploitation des secteurs de pénétration, les Armées des deux fronts chargées de cette mission ont été spécialement dotées en Divisions de Fusiliers (9 environ par Armée), en artillerie puissante et en soutien blindé dont les fameux chars JS-2 « Joseph Staline ». Les chefs soviétiques sont ainsi passés maître dans l’art de mener ce type d’opérations après avoir retenu les leçons données par l’Armée du Reich quelques temps plus tôt.
Malinovski et Tolboukhine poursuivent très sérieusement leurs préparatifs pour l’offensive grâce aux techniques élaborées de la Maskirovka – l’art de tromper l’adversaire sur ses intentions – et aux méthodes de camouflage et de déception qui ont largement fait leurs preuves à Stalingrad, à Koursk et sur le Dniepr. Les puissantes pièces d’artillerie sont acheminées de nuit tout près du front et dissimulées dans des positions soigneusement camouflées. Malinovski écrira plus tard qu’il pouvait y avoir plus de 450 canons ZIS-3 de 76 mm pour 1,5 km de front. Il en était sans doute de même pour le dispositif de Tolboukhine. Les unités blindées sont elles aussi rapprochées du front juste avant l’offensive et camouflées sur leurs positions. Le terrain sur lequel l’offensive doit évoluer est arrosé par de nombreux torrents et rivières et couvert par des marais – ce qui oblige les soviétiques à faire suivre de près leurs vagues d’infanterie par les brigades et bataillons de pontonniers et de Sapeurs pour dresser des ponts et aménager des routes sur lesquels devront passer les forces mécanisées. Il n’est donc pas surprenant que les attaques principales des 2nd et 3e Fronts d’Ukraine se concentreront sur les plus faibles charnières du dispositif de défense de Friessner : les Armées Roumaines. Cela n’est pas sans rappeler ce qui s’est produit à Stalingrad.
Toujours selon le Colonel Ciobanu, Johannes Friessner aurait dû s’attendre à une attaque massive après avoir eu connaissance de la réussite des opérations dans le nord-ouest de la Russie et en Biélorussie. Mais, comme à Stalingrad, à Koursk et pour l’Opération Bagration, les services de renseignement allemand n’ont guère été à la hauteur. Friessner reçoit les premiers compte-rendus TOUT JUSTE AVANT QUE L’OFFENSIVE NE DEMARRE. Le message suivant en dit long sur les connaissances allemandes des dispositions de leurs adversaires : « Il n’est pas certain que dans un futur proche, le HG Süd-Ukraine ne doive faire face à une large offensive soviétique. […] Toutefois, même aujourd’hui, une offensive contre la Roumanie montrera sans aucun doute quelles sont les intentions des Soviets. » Le compte-rendu contenait une phrase estimant que « des attaques localisées sont toujours possibles. »
On l’aura compris, la teneur de ce message est des plus irréalistes. Cependant, pour Friessner, l’idée de « futur proche » reste des plus vagues et il ne peut estimer correctement la puissance des « attaques localisées. » La situation est encore plus obscurcie quand on alarme Friessner sur un renforcement du dispositif soviétique face à la 6. Armee.


[Suite]



Dernière édition par Yeoman 35 le 4/5/2012, 16:54, édité 2 fois
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L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944) Empty Re: L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944)

Message  Yeoman 35 4/5/2012, 16:34

- 20 AOÛT 1944 : LE CHOC

Le 20 août 1944 à 5h00 du matin, par une journée qui s’annonce ensoleillée, les 16 100 tubes de canons, obusiers, mortiers et Katiouchas des 2nd et 3e Fronts d’Ukraine se déchaînent sur les positions de la 6. Armee et des IIIe et IVe Armées Roumaines. Les Russes utilisent leur technique de l’Ognevoï Val (le feu roulant) en frappant à la fois à l’avant et dans le centre du dispositif adverse. Pendant cinquante minutes pour Tolboukhine et une heure et demie pour Malinovski, un monstrueux feu d’enfer s’abat sur les positions allemandes et roumaines qui se retrouvent bientôt complètement commotionnées. Malinovski décide de lancer ses forces d’assaut à 6h30 pour effectuer la reconnaissance en force. Les fusiliers des 27e et 52e Armées des Lieutenants-Généraux Sergeï Trofimenko et Kirill Koroteïev s’élancent, montés sur des T-70, T-34 et JS et sous la protection des chasseurs et des Iliouchine de la 5e Armée Aérienne, qui n’est guère gênée par la Luftwaffe et les quelques avions roumains. La progression est rapide et les Divisions de Fusiliers déployées emportent très facilement les défenses roumaines d’où sortent des soldats complètement assommés, hébétés et démoralisés qui se rendent sans résister. Même si pendant la journée, quelques groupes de soldats allemands et roumains durcissent leur résistance, au soir du 20 août les forces de Malinovski ont atteint la ligne Podul-Ilioaiei-Voinesti. Le chef du 2nd Front d’Ukraine ordonne alors à la 6e Armée de Chars de la Garde du très bon Lieutenant-Général Andreï Kravtchenko – vétéran de Stalingrad, de Koursk et des opérations d’Ukraine – d’expédier ces deux Corps (5e Mécanisé de la Garde d’Iermakov et 5e de Chars de la Garde d’Alexeïev) talonner les fantassins des 27e et 52e Armées ; ce qui est fait.

Du côté du Maréchal Tolboukhine, l’assaut ne se passe malheureusement pas aussi bien que chez son collègue. Si les soldats de la IIIe Armée Roumaine montrent les mêmes signes de désagrégation que leurs frères d’armes au nord-ouest, dans le secteur de Bendari, les forces du 3e Front d’Ukraine rencontrent une résistance acharnée au cours de leur progression ; résistance menée par des éléments allemands et quelques roumains. Les Soviétiques tombent alors face à un « nid de frelons » alors qu’ils tentent d’expulser leurs ennemis des positions autour de Bendari. Les obus du précédent tir de barrage ont forcé les hommes des 257 et 302. Infanterie-Divisionen de Blümke et von Bogen à s’enfoncer dans leurs tranchées. Et dès que le bombardement cesse, les Grenadiere peuvent entendre le ronflement des chars et les terrifiants « Hourrah » des fusiliers soviétiques. Puis, les formations massives soviétiques chargent sur les positions allemandes en des zones étroites. Mais les Allemands réagissent très vite et ripostent violemment. La première vague d’assaut rouge est littéralement trouée et la seconde vague connaît bientôt le même sort. Les canons antichars PAK épargnés par l’artillerie soviétiques se joignent au carnage et alignent efficacement plusieurs chars T-34 des régiments de soutien. Les Russes doivent se retirer en laissant des carcasses fumantes sur le carreau. Follement mais pour gagner du temps, la vétérane 13. Panzer-Division du Generalmajor Hans Tröger lance une contre-attaque qui réussit à arrêter l’avance des Soviets. Devenu fou de rage par le retard pris, Tolboukhine réagit promptement et ordonne à la 46e Armée du Lieutenant-Général Ivan Chlemine d’effectuer un crochet par le sud et se lancer dans le flanc de la IIIe Armée Roumaine, pendant que les 37e et 57e Armées de Mikhaïl Charokhine et Nikolaï Gagen continuent de cogner dur sur le flanc-droit de Fretter-Pico (VII. Armee-Korps). Finalement, cette manœuvre réussit à repousser les unités allemandes tenant le secteur de Bendari qui doivent opérer une retraite avec de lourdes pertes – mais au bout de deux jours de violents combats. Mais l’assaut des Soviétiques réussit à couper les lignes de communication entre le QG de la 6. Armee et celui du HG Süd-Ukraine. La combinaison entre l’artillerie, les chars et la puissance aérienne achèvent alors de prouver aux divisions roumaines qu’elles ne sont pas de taille à lutter. Alors que la 6. Armee tient tant qu’elle peut ses positions dans la quasi-totalité de son secteur, les IIIe et IVe Armées Roumaines continuent de prendre la fuite dans le plus grand désordre.

La VVS conserve la maîtrise du ciel et les deux Armées Aériennes – 5e et 17e – opèrent pas moins de 3 000 sorties dès le premier jour de l’attaque. En comparaison, la 4. Luftflotte commandée par le [/i]Generaloberst[/i] Paul Deichmann ne peut leur opposer le premier jour que 43 bombardiers, 57 avions d’attaque au sol et 72 chasseurs seulement.
Même si les hommes de Fretter-Pico tiennent bon face à la première attaque soviétique, une rumeur de menace d’encerclement commence à parcourir les rangs. Une fois encore, la 6. Armee risque de connaître un « autre Stalingrad » (NDLA). Au QG de Friessner, lorsque l’on est enfin informé des réels mouvements soviétiques, il semble que la bataille pour les frontières est en train d’être perdue. Les quelques divisions allemandes intégrées parmi les grandes unités roumaines ne pouvaient faire que le minimum pour arrêter la poussée soviétiques, et ils étaient eux-mêmes dans une situation précaire, avec l’encerclement comme épée de Damoclès.
Le 21 août, Friessner prend une décision qui aura de lourdes conséquences dans la suite des opérations. En effet, il ordonne au Generaloberst Otto Wöhler de fractionner son Armee-Gruppe en deux ; à savoir séparer opérationnellement la 8. Armee de la IVe Armée Roumaine d’Avramescu. Celle-ci reste alors sur le flanc gauche de Fretter-Pico, alors que la 8. Armee part s’arc-bouter sur les contreforts de Carpates avec le soutien des Hongrois. Pendant ce temps, la 6e Armée de Chars de Kravtchenko épaulée par le 18e Corps de Chars de Polozkov – réserve du 2nd Front d’Ukraine – poursuivent leur effort en direction des rives du Prout et gagnent facilement du terrain dans le dispositif des Roumains. Les deux Corps de Kravtchenko se heurtent à une forte résistance de la part de la 76. Infanterie-Division d’Abraham, mais ils parviennent à prendre de solides positions sur la rive du Mare au sud d’Iassy. Le 18e Corps de Chars s’élance alors depuis le Mare et oblique vers le sud-ouest, en forçant les éléments de la 79. Infanterie-Division de von Weinknecht et de la 10. Panzergrenadier-Division de von Ackerman à reculer. Pendant ce temps, la 52e Armée de Koroteïev termine de boucler le secteur d’Iassy. Puis, ses deux Corps de Fusiliers (31e et 37e) prennent d’assaut la ville au prix de furieux engagements et cela aussi, malgré les courageuses actions retardatrices menées par la vaillante 10. PZGD de von Ackerman. Malinovski est satisfait, son objectif du jour est atteint. Le Prout est à portée de fusil.

- L’EXPLOITATION (21 – 23 Août)

Dans le secteur du 3e Front d’Ukraine, Tolboukhine qui a réussi rompre les lignes adverses en plusieurs secteurs, introduit ses deux Corps Mécanisés de réserve – le 7e de Fedor Katkov et le 4e Garde de Vassili Jdanov – afin d’élargir la brèche entre la IIIe Armée Roumaine de Dumitrescu et la 6. Armee de Fretter-Pico. Les T-34 85 et M4 Sherman, appuyés par les bataillons de Fusiliers, se jettent dans la trouée. A la vue des chars soviétiques, les roumains se débandent ou se rendent en masse. De leur côté, les Allemands font donner leurs réserves mobiles pour tenter de localiser les zones de pénétration. Mais c’est ce qu’attend justement Tolboukhine. Sitôt les colonnes allemande repérées par les reconnaissances aériennes, la VVS et l’Artillerie se déchaînent ce qui anéanti tout effort allemand d’enrayer la poussée ennemie.

Fretter-Pico tente de rétablir le contact avec le QG de Friessner. En outre, s’il est alarmé par le reflux des Roumains dans le plus grand désordre, il se rassure quand on lui confirme que sa ligne principale tient ferme face à la 5e Armée de Choc de Viatcheslav Tsvetaïev et la 4e Armée de la Garde de Galanine. Seulement, ce n’est pas sur sa ligne principale que se produit l’effort des Russes mais bien sur ses flancs. Il s’agit bien là de la réédition de ce qui s’est produit à Stalingrad. Fretter-Pico reste conscient que ses flancs n’ont aucune solidité et représentent une très sérieuse menace. Il demande à Friessner l’autorisation de se retirer pour éviter l’encerclement. Mais le chef du HG Süd-Ukraine doit d’abord faire la demande à l’OKH qui ne donne pas de réponse immédiate. En fait, Hitler hésite car il craint une dégradation de la situation politique de Roumanie. Maximilian Fretter-Pico craint surtout que sa carrière ne s’achève comme celle de son prédécesseur Friedrich Paulus l’année d’avant. Finalement, au soir du 22 août, Hitler autorise Fretter-Pico à évacuer la 6. Armee et de s’établir sur la rive ouest (droite) du Prout. Mais il est déjà trop tard. Pendant la même journée, les 27e et 52e Armées n’ont pas attendu pour démarrer leur poussée vers la ville de Hsui, située à environ 10 km à l’ouest du Prout. Pendant ce temps, à droite de la 27e Armée de Trofimenko, le Groupement Gorchkov et la 7e Armée de la Garde de l’excellent Lieutenant-Général Mikhaïl Choumilov partent depuis le secteur d’Iassy en direction du Prout. La 7e Garde pénètre jusqu’à Targu-Frûmos pour s’orienter ensuite vers le sud. La brèche opérée par Malinovski est lors large de 60 km.

Les choses vont aussi bon train du côté du 3e Front d’Ukraine. Tolboukhine ordonne à la 46e Armée de Chlemine et au 4e Corps Mécanisé de la Garde de Jdanov de pivoter vers le nord-ouest pour aborder la ville de Leovo, afin de nettoyer la rive orientale du Prout. Cependant, par cette décision, Tolboukhine permet à quelques unités allemandes - dont l’unité de QG de Fretter-Pico – d’échapper à la tenaille géante qui commence à se refermer. Le 4e Corps Mécanisé de la Garde s’exécute et occupe la ville de Comrat avant de poursuivre sa route vers Leova jusqu’au lendemain. Dans le même temps, les forces du 3e Front d’Ukraine élargit la tête de pont à l’ouest du Dniestr au sud-ouest de Kichinev et vers Bolgrad. Une trouée de 70 kilomètres est alors faite dans le dispositif germano-roumain et les Soviétiques sont sur l’alignement Târgu-Neamt – Roman – Bârlad – Hsui – Kichinev – Leova – Tatarbunar situé à environ 50-60 km de la zone fortifiée de la Porte de Focsani.

Le lendemain, les Soviétiques accentuent leur pression sur les avants et les arrières du dispositif de la 6. Armee et le 4e Corps Mécanisé de la Garde atteint Leovo et avance à la rencontre du 18e Corps de Chars et de la 6e Armée de Chars. Le soir du 23 août, la 6. Armee est presque enfermée dans le sac soviétique. Contrairement à Stalingrad, son commandant se retrouve à l’extérieur de la poche. Mais Fretter-Pico peut toujours communiquer par radio avec ses Korps depuis la rive ouest du Prout. Et il existe encore quelques points de passage ouverts sur le fleuve. A l’Est, quelques éléments du IV. Armee-Korps du General der Infanterie Friedrich Mieth – qui a été détaché de la 8. Armee pour rejoindre la IVe Armée – se fait complètement bloqué par la 6e Armée de Chars au sud d’Iassy avant de se faire repousser violemment vers les positions de la 6.Armee. Pendant ce temps, le XXX. Armee-Korps de Georg Postel (flanc droit de la 6. Armee) reçoit le choc brutal d’une attaque conjointe du 5e Corps Mécanisé de la Garde (Iermakov), du 5e Corps de Chars de la Garde (Saveliev), du 18e Corps de Chars (Polozkov) et du Groupement Gorchkov (5e Corps de Cavalerie de la Garde de Gorchkov et 23e Corps de Chars d’Akhmanov) auquel s’ajoute le matraquage des Il-2 Stourmoviks. La lutte est inégale et les Allemands ploient en laissant un grand nombre d’hommes et beaucoup de matériel sur le carreau. Quelques éléments des 76 et 79. Infanterie-Divisionen, positionnées sur la rive droite du Prout, se retrouvent aussi confrontés à des assauts de la part du 18e Corps de Chars. D’autres unités mobiles chargées d’ouvrir des couloirs d’évacuation sur le Prout sont percutées par le 7e Corps Mécanisé et le 4e de la Garde. Pendant toute la journée, les divisions de la 6. Armee mènent tant qu’elles le peuvent des combats retardateurs tout en tentant d’atteindre les secteurs sécurisés de la rive occidentale du Prout. D’autre part, les conditions de la retraite empirent au fur-et-à-mesure que la VVS s’en prend impitoyablement aux colonnes en retraite. La Luftwaffe doit mener des combats défensifs avec le peu de moyens dont elle dispose. Hermann Goering a dépêché par ordre spécial plusieurs unités de chasseurs, mais il est trop tard pour aider les malheureuses troupes de Fretter-Pico. La province de Moldavie est dès lors prête à tomber entre les mains des Soviétiques.
Le Général Ilie Steflea dira alors que « la situation du jour du 23 août ne permettait plus le rétablissement de la défense sur le front fortifié, même si nos troupes auraient continué à lutter. »


- SECOND ENCERCLEMENT POUR LA 6. ARMEE

Au soir du 23 août, l’avance du 2nd Front d’Ukraine a avancé de 80 km sur 240 dans la profondeur du dispositif germano-roumain, et le 3e Front d’Ukraine de 110 km sur 350. Le 24 août, les Soviétiques achèvent de boucler le sac d’acier autour de 18 divisions ; soit toutes celles de la 6. Armee en plus de certaines de la 8. Armee (le IV. Armee-Korps). Toutefois, il subsiste quelques trous dans les lignes soviétiques qui gardent le Prout, par lesquels s’enfuient quelques petits groupes d’Allemands. Avant que le 4e Corps Mécanisé de la Garde de Jdanov ne fasse la jonction avec le 18e Corps de Chars de Polozkov, la majorité des survivants du VII. Armee-Korps de Hell peuvent passer de l’autre côté du Prout et à partir vers le sud-ouest, souvent avec des moyens du bord ou complètement improvisés. Sauf que les chars de Malinovski mettent fin aux espoirs des derniers candidats à la fuite dès qu’ils atteignent les rives du Prout, du Barladul et du Siret. Dès lors Friessner est obligé d’ordonner à Fretter-Pico de changer son axe de retraite. Au lieu de piquer vers le sud-ouest, Fretter-Pico doit déplacer les restes de sa Grande Unité vers l’Ouest afin de rejoindre la 8. Armee de Wöhler sur les contreforts des Carpates. Sauf que selon Paul MacTaggart, il se peut que cet ordre n’ait pas été reçu puisque le contact radio était très mauvais entre le HG Süd-Ukraine et le QG de la 6. Armee alors établi à Focsani, à 200 km de Kichinev. La VVS et l’artillerie soviétique ont réussi à endommager les lignes de communication allemandes.
La pression soviétique s’accroît alors sur la force principale de la 6. Armee (VII., XXX. et LII. Armee-Korps). Des combats d’une extrême férocité opposent les 37e, 46e et 57e Armées du 3e Front d’Ukraine ainsi que le Groupement de Cavalerie Mécanisée Pliev (4e et 6e Corps de Cavalerie de la Garde de Pliev et Sokolov) aux divisions très amoindries du XXX. Armee-Korps de Postel (15., 257., 302. et 306. ID et 13. PZD) et du LII. Armee-Korps de Buschenhagen (161., 291., 320. et 384. ID). Les formations mécanisées soviétiques et les unités de cavalerie percent la principale ligne de défense allemande et forcent les deux Korps à reculer dans la précipitation. Le Generalmajor Friedrich Blümke, commandant de la 257. ID est tué de même qu’un grand nombre de ses officiers. D’autres sont faits prisonniers. En outre, Fretter-Pico n’a plus aucun contact avec ses commandants de Korps. Par conséquent, conformément à la doctrine de la Wehrmacht, les commandants des XXX., XXXXIV. et LII. Armee-Korps prennent eux-mêmes les initiatives qui s’imposent. Ils se réunissent donc au QG de Postel pour décider d’un plan d’action. Même s’ils ne mesurent pas toute la puissance blindée et mécanisée alignée par leurs adversaires le long du Prout, les généraux allemands restent bien conscients qu’il ne leur reste que très peu de temps pour sauver la 6. Armee d’un anéantissement complet. Le spectre de Stalingrad hante bel et bien l’esprit des généraux allemands. Postel et ses deux collègues sont avertis que des unités tentent de franchir le Prout, ajoutant à la confirmation que les Soviétiques avaient presque achevé leur encerclement. Mais les « portes » étaient encore gardées par des unités relativement faibles. La plus grande menace, croyaient-ils, était que les Soviétiques ne lançaient un assaut contre les secteurs nord et nord-est de la 6. Armee. Tandis que les généraux allemands débattent de l’action à entreprendre, les forces de la 6e Armée de Char et de l’héroïque 18e Corps de Chars de Polozkov capturent Hsui, bloquant ainsi la dernière route étroite qui permettait aux Allemands de sortir de l’encerclement.

Le 24 août, les chefs soviétiques font avancer la 5e Armée de Choc de Tsvetaïev (3e FU) et la 4e Armée de la Garde de Galanine (2e FU) qui étaient jusque alors tenues en réserve. Leur mission et de s’emparer de Kichinev (ou Chisinau) la grande ville de la province de Moldavie. Cinq Corps de Fusiliers (3e Garde et 63e de la 5e Armée de Choc et 20e, 21e et 31e Gardes de la 4e Armée de la Garde) se ruent à l’assaut en utilisant la technique de groupes de combats mixtes. Après de violents combats, Kichinev tombe aux mains des Soviétiques. Pendant ce temps, sur ordre de Malinovski, la 6e Armée de Chars de Kravtchenko s’élance vers Focşani, sans être grandement retardée par la 4. Luftflotte, malgré l’insistance de Guderian qui venait juste d’être nommé chef de l’Etat-Major-Général (EMG). Le même jour, le 7e Corps Mécanisé, le 4e Corps Mécanisé de la Garde et le Groupement Pliev s’emparent de Stalinesti et forcent leur effort pour atteindre les avant-gardes mécanisées de Malinovski. Par conséquent, au lieu d’avoir à affronter des « relatives faibles forces » au sud-ouest, les Allemands vont avoir à affronter un double anneau d’acier.

Finalement, Postel et ses deux collègues optent pour poursuivre la retraite vers le sud-ouest, en utilisant des Kampfgruppen qui dégageront le passage pendant que la majorité des formations de combat continueront à résister au nord et au nord-est. Il faudra combattre, mais les armes lourdes devront être abandonnées. Après que les artilleurs eurent tiré leurs dernières munitions, les canons et obusiers devront être détruits et leurs combattants devront combattre comme des fantassins. Sur le sud-est du dispositif du 3e Front d’Ukraine, des éléments de la 46e Armée de Chlemine repoussent le gros de la IIIe Armée Roumaine de Dumitrescu vers la Mer Noire. Celle-ci se retrouve alors bloquée dos à la mer et placée sous la menace de navires de la Flotte de la Mer Noire de l’Amiral Gortchkov. La [/i]6. Armee[/i] est alors complètement coupée des lignes allemandes. Le 25 août, Malinovski lance tout son flanc droit (27e, 40e et 53e Armées de Trofimenko, Jmatchenko et Managarov, 7e Armée de la Garde de Choumilov et Groupement de Cavalerie Mécanisée Gorchkov) frapper tout le dispositif avant de la 8. Armee de Wöhler sur les contreforts des Carpates afin de l’empêcher de tenter toute action en vue d’aider la 6. Armee. La tactique de Malinovski réussit puisque Wöhler est forcé de se placer sur la défensive. Pendant ce temps, ses avant-gardes nettoient les portes de Focsani tenues par l’échelon arrière de la 6. Armee. Entretemps, l’Armée Roumaine a capitulé ce qui menace davantage le front allemand de l’Europe du Sud-Est de s’effondrer. Dans la poche Georg Postel dit à ses chefs de divisions : « Nous sommes complètement encerclées. Commencer la percée en direction du sud-ouest vers le Prout. » Il a donc été décidé que la 6. Armee s’échappe pendant la nuit du 25-26 août afin d’échapper aux attaques de la VVS. Tout se passe bien pendant la nuit, mais dès que l’aube se lève, les unités d’aviation d’attaque soviétique des 5e et 17e Armées Aériennes lâchent leurs « Stourmoviks » qui déversent une pluie de feu et d’acier sur les allemands en retraite. Et puis, l’artillerie s’en mêle ce qui aggrave la situation pour la 6. Armee. Les généraux von Eichstadt et de Salengre-Drabbe, commandants respectifs des 294. et 384. ID sont tués et von Bogen chef de la 302. ID ainsi que Postel lui-même sont blessés. Dans leur retraite, appliquant l’ordre de la « terre brûlée » pour ne rien laisser aux Soviétiques, les Allemands ont détruit plusieurs villes en très grande partie comme Kichinev (76 %), Orgeïev (71 %), Belzi (50 %) et Tiraspol (44 %).

La 6. Armee est alors sur le point de se désintégrer complètement. Ce sont alors les chefs de divisions et de régiments encore en vie qui prennent l’initiative pour trouver les voies d’évacuation sur le Prout. Au sud de Gura Garbene, plusieurs unités allemandes réussissent à enfoncer le dispositif d’une Division de Fusiliers et à franchir le Prout. Les restes de la 10 PZGD et de la 13. PZD réussissent aussi à forcer le passage dans le secteur de la 52e Armée de Koroteïev. Dans d’autres secteurs, ce sont davantage de petits groupes qui saisissent leur chance. Cependant, la majorité de la 6. Armee est encore prise dans le sac qui se rétrécit d’heure en heure. Finalement, au soir du 26 les dernières forces allemandes sont fractionnées en deux poches localisées à Vulcani et Stalinesti. Malinovski et Tolboukhine vont pouvoir donner le coup de grâce après avoir opéré un redéploiement.

[Suite]

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L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944) Empty Re: L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944)

Message  Yeoman 35 4/5/2012, 16:51

- LES ROUMAINS AU SECOURS… DE LA VICTOIRE SOVIÉTIQUE

Le 23 août, alors que la 6. Armee lutte pour sa survie, le Roi Michel Ier procède à l’arrestation d’Ion Antonescu et de ses ministres avec l’appui de l’Armée Royale. Deux jours plus tard, il signe un armistice avec Moscou et déclare la guerre à l’Allemagne. La Constitution libérale de 1921 est rétablie et le Général Sanatescu nommé chef du nouveau gouvernement. Par conséquent, l’Armée Roumaine commence par déposer les armes devant les soviétiques, mais dans certains secteurs des accrochages ont lieu avec les forces allemandes comme à Ploeisti et dans le nord de la Moldavie. Le nouveau chef état-major, le Général Mihail Gheorge, ordonne alors aux Grandes Unités Roumaines de lancer des actions contre les forces de Friessner et de leur couper la retraite. Ainsi, les commandants des IIIe et IVe Armées Roumaines passent sous le commandement du 3e Front d’Ukraine avec armes et bagages. Le 24, des unités régulières et des détachements de résistants passent à l’attaque contre les 8 000 soldats allemands stationnés à Bucarest. Le 26, la capitale est complètement libérée. Si les chefs soviétiques sont quelque peu pris de cours par les évènements – sauf Staline et la STAVKA qui ont été mis au courant des menées conspirationnistes hostiles à Antonescu –, ils n’en demandent pas tant. Et même, cela leur facilite grandement la tâche. Malinovski et Tolboukhine vont alors pouvoir lancer le maximum de forces disponibles contre les dernières forces de la 6. Armee.

La 6. Armee connaît donc le même sort que son "ancêtre" à Stalingrad, hormis plusieurs milliers d’hommes bien commandés et très combatifs qui réussissent à percer vers Butkani. Mais pendant une semaine, les quatre armées (37e, 46e, 57e et 5e Choc), le Groupement Pliev et les Roumains du 3e Front d’Ukraine s’emploient méthodiquement à anéantir les deux dernières poches de résistance allemandes, auxquelles ils ne laissent absolument aucune chance. Procédure habituelle, les Soviétiques font venir des unités d’aviation, d’artillerie, de mortiers lourds et de Katioucha qui soumettent les positions allemandes à une exécution en règle. Puis, les fusiliers avec le soutien de l’artillerie de la VVS et les positions allemandes sont nettoyées une à une par les groupes de combat. Cependant, la plupart des divisions allemandes ont été anéanties les jours précédents. Et les survivantes ne sont absolument pas en état de reprendre le combat.

Pendant ce temps, le 2nd Front de Malinovski développe son offensive vers l’Ouest ; à savoir vers Focşani et les Carpates. La 40e Armée, la 7e Armée de la Garde et le Groupement Gorchkov doivent alors faire face à une résistance acharnée de la 8. Armee et de la IIe Armée Hongroise dépêchée en urgence dans le secteur. Cependant, la 6e Armée de Chars flanquée des 27e et 53e Armées peut foncer vers Focşani qu’elle investit au soir du 26 août. Le lendemain, les formations blindées s’emparent de la Porte de Focşani et s’élancent vers Ploieşti où se trouvent les champs pétrolifères de Roumanie. La 53e Armée de Managarov, précédée par l’infatigable 18e Corps de Chars aborde la région fortifiée de Focsani dans la soirée du 28 août. Les éléments de la 8. Armee déployés dans le secteur, pris de vitesse, n’ont pas le temps d’occuper les positions fortifiées et n’opposent aucune résistance. Le 30, la 6e Armée de Chars de Kravtchenko arrive aux abords de Ploieşti alors défendue par le Groupement Stagel-Gerstenberg (formé à la hâte avec des unités de l’arrière sur ordre personnel du Führer) qui avait tenté sans succès de reprendre Bucarest. Les Soviétiques n’ont aucun mal à s’emparer de la ville des puits de pétrole. L’historien François Fejtö raconte dans Histoire des démocraties populaires 1945-1989 ; comment un observateur britannique sera stupéfait de la rapidité avec laquelle les ingénieurs soviétiques s’emploieront à aménager les installations pétrolières pour expédier de grandes quantités d’hydrocarbures en direction des approvisionnements de l’URSS. Les 30 et 31 août, la 6e Armée de Chars entre dans Bucarest. Pendant ce temps, les troupes du 3e Front d’Ukraine appuyées par la Flotte de la Mer Noire libèrent Constanţa, le grand port roumain de la Mer Noire.


- BILAN D’UN INCONTESTABLE SUCCES SOVIETIQUE

Le 5 septembre, Moscou fait tirer les traditionnels coups de canons, ce qui est la coutume depuis août 1943 et proclame la victoire en Roumanie. Pour la première fois, les Soviétiques ont payé un prix BIEN EN DECA de leurs précédentes victoires de 1943-1944. En effet, même si en un peu plus dix jours de combats leurs pertes ont été lourdes, ils n’ont perdu qu’un peu plus de 13 000 tués et environ 53 900 blessés et malades sur plus 816 000 hommes, selon les nombres avancés par le Colonel Krivocheïev. Et certaines de ses pertes pourront être remplacées a posteriori.

Comparé à leurs adversaires, le score est incontestablement sans appel. Sûr, la défection des Roumains a grandement aidé les Soviétiques, leurs pertes étant en écrasante majorité composées de prisonniers ; plus de 200 000 qui seront réarmés et réorganisés peu de temps après pour combattre les Allemands et les Hongrois, contre lesquels ils feront montre de bien plus d’énergie. Côté allemand, c’est presque un second Stalingrad pour la 6. Armee qui a connu là sa seconde défaite catastrophique avec – toujours selon les chiffres avancés par la STAVKA – un peu plus de 100 000 tués ou portés disparus et 98 000 prisonniers. Seulement environ 22 000 hommes, incluant Fretter-Pico et son QG, ont pu s’échapper. Même si ces évaluations peuvent s’avérer volontairement gonflées, il faut reconnaître que Malinovski et Tolboukhine ont bel et bien infligé une cuisante défaite à la Wehrmacht en lui détruisant quatorze divisions. La 6. Armee a une fois de plus cesser d’exister comme Grande Unité constituée. Hitler ordonnera une seconde fois sa reconstitution lors de la campagne de Hongrie, laissant l’attribution du commandement à Fretter-Pico. Enfin, la 8. Armee de Wöhler a été sensiblement affaiblie et est forcée de se retirer très vite en Hongrie.

L’Opération d’Iassi-Kichinev est sans doute la plus représentative de la maîtrise soviétique de l’art opératif avec l’emploi de grandes unités et de formations mécanisées opérant en profondeur dans le dispositif ennemi et sur une large échelle. Les heures néfastes de 1941 et de l’été 1942 sont bel et bien loin derrière. Stratégiquement, elle permet à l’Armée Soviétique de se lancer à la conquête du bassin du Danube ainsi que des Balkans avant de pouvoir lancer l’assaut sur la Hongrie à l’automne suivant. Staline va aussi pouvoir compter constituer une zone d’influence dans cette partie de l’Europe dont le sort sera scellé quelques mois plus tard à Yalta.



Sources

- DUTU Col. Alessandr (Dir.) : L’Armée Roumaine pendant la Seconde Guerre mondiale

- GLANTZ David M. et HOUSE Jonathan : When the Titans clashed. How the Red Army stopped Hitler, University Press of Kansas, Kansas City, 1995

- MCTAGGART Paul : Red Storm in Romania, http://www.feldgrau.et

Cordialement

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Message  Goliath 4/5/2012, 17:53

Excellent article yeoman ! clin doeil gri

Est-ce que le publier sur Histoquiz t'intéresserais éventuellement ?
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http://sturmovik.histoquiz-contemporain.com/

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L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944) Empty Re: L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944)

Message  Yeoman 35 4/5/2012, 18:27

Merci Goliath ! Avec joie pour la proposition. Sinon, je compte le mettre sur Facebook aussi.

D'ailleurs, voici l'ordre de bataille


FORCES SOVIETIQUES


2e FRONT D’UKRAINE : Général d’Armée Rodion Ia. Malinovski
Chef d’état-major : Lieutenant-Général F.K. Korjenevitch


18e Corps de Chars : Major-Général V.I. Polozkov
- 110e Brigade de Chars
- 170e Brigade de Chars
- 181e Brigade de Chars
- 32e Brigade de Fusiliers Motorisés
- 452e Régiment d’Artillerie Légère
- 1000e Régiment Antichar
- 736e Bataillon Antichar
- 292e Régiment de Mortiers
- 115e Bataillon de Sapeurs
- 419e Bataillon de Transmissions

- 27e Armée : Lieutenant-Général Sergeï G. Trofimenko
33e Corps de Fusiliers
104e Corps de Fusiliers
35e Corps de Fusiliers de la Garde

- 40e Armée : Lieutenant-Général Filipp F. Jmatchenko
50e Corps de Fusiliers
51e Corps de Fusiliers

- 53e Armée : Lieutenant-Général Ivan M. Managarov
49e Corps de Fusiliers :

- 4e Armée de la Garde : Lieutenant-Général Ivan Galanine

20e Corps de Fusiliers de la Garde
- 7e Division Aéroportée de la Garde
- 21e Corps de Fusiliers de la Garde
- 31e Corps de Fusiliers de la Garde

- 7e Armée de la Garde : Lieutenant-Général Mikhaïl S. Choumilov
- 15e Division de Fusiliers de la Garde (M.P. Tchirkov)
- 36e Division de Fusiliers de la Garde (G.P. Lilienkov)
- 72e Division de Fusiliers de la Garde (An. I. Losev)
- 73e Division de Fusiliers de la Garde (S. An. Kozak)
- 78e Division de Fusiliers de la Garde (A.G. Motov)
- 81e Division de Fusiliers de la Garde (M.A. Orlov)

24e Corps de Fusiliers de la Garde
25e Corps de Fusiliers de la Garde


- 6e Armée de Chars de la Garde : Lieutenant-Général Andreï G. Kravtchenko

5e Corps Mécanisé de la Garde : Major-Général I.P. Iermakov
- 10e Brigade Mécanisée de la Garde
- 11e Brigade Mécanisée de la Garde
- 12e Brigade Mécanisée de la Garde
- 24e Brigade de Chars de la Garde

5e Corps de Chars de la Garde : M-G V.M. Alexeïev/M-G Mikhaïl I. Saveliev
- 20e Brigade de Chars de la Garde
- 21e Brigade de Chars de la Garde
- 22e Brigade de Chars de la Garde
- 6e Brigade de Fusiliers Motorisés de la Garde

- Groupement de Cavalerie Mécanisée Gorchkov : Major-Général Sergeï I. Gorchkov

5e Corps de Cavalerie de la Garde : Major-Général S.I. Gorchkov
- 11e Division de Cavalerie de la Garde (N.A. Pitchoutine)
- 12e Division de Cavalerie de la Garde ( ?)
- 63e Division de Cavalerie de la Garde ( ?)
- 150e Régiment Antichars (ZIS 76 mm)
- 5e Bataillon Antichar
- 1896e Régiment de SU
- 9e Régiment de Mortiers de la Garde
- 72e Bataillon de Mortiers de la Garde (Katiouchas)
- 585e Régiment de DCA

23e Corps de Chars : Lieutenant-Général Alexeï O. Akhmanov
- 3e Brigade de Chars
- 39e Brigade de Chars
- 135e Brigade de Chars
- 56e Brigade de Fusiliers Motorisés
- 82e Régiment de Motocyclistes
- 1501e Régiment Antichar
- 739e Bataillon Antichar (SU 85)
- 1443e Régiment de SU (SU-76)
- 457e Régiment de Mortiers
- 442e Bataillon de Mortiers de la Garde
- 1697e Régiment de DCA

- 5e Armée Aérienne : Colonel-Général S.K. Goriounov
- 1561e Régiment de DCA
- 1562e Régiment de DCA
- 511e Régiment de Reconnaissance Aérienne
- 1001e Régiment Médical Aérien

- 312e Division de Bombardiers de Nuit

4e Corps Aérien de Combat : Major-Général I.D. Podgorniï
- 294e Division Aérienne de Combat
- 302e Division Aérienne de Combat

7e Corps Aérien de Combat : Major-Général A.V. Outine
- 205e Division Aérienne de Combat
- 304e Division Aérienne de Combat

1er Corps d’Aviation d’Assaut : Lieutenant-Général V.G. Riazanov
- 266e Division d’Aviation d’Assaut
- 292e Division d’Aviation d’Assaut

1er Corps de Bombardiers : Major-Général I.S. Polbine
- 293e Division de Bombardiers
- 1re Division de Bombardiers de la Garde


3e FRONT D’UKRAINE : Général d’Armée Fedor M. Tolboukhine
Chef d’état-major : Lieutenant-Général S.S. Biriouzov

- 52e Régiment de Chars
- 92e Régiment de Chars
- 26e Brigade d’Artillerie Légère
- 46e Brigade d’Artillerie
- 152e Régiment d’Artillerie (Obusiers)
- 184e Régiment Antichar
- 1245e Régiment Antichar
- 10e Régiment de Mortiers
- 398e Régiment de SU

7e Corps Mécanisé : Major-Général F.G. Katkov
- 16e Brigade Mécanisée (Marchev)
- 63e Brigade Mécanisée (A.V. Joukov)
- 64e Brigade Mécanisée (Ogourtsov)
- 41e Brigade de Chars de la Garde (Laptev)
- 94e Bataillon Motocycliste
- 109e Régiment Antichar
- 1289e Régiment de SU
- 1713e Régiment de SU
- 614e Régiment de Mortiers
- 40e Bataillon de Mortiers de la Garde (Katiouchas)

4e Corps Mécanisé de la Garde : Major-Général Vladimir I. Jdanov
- 13e Brigade Mécanisée de la Garde
- 14e Brigade Mécanisée de la Garde
- 15e Brigade Mécanisée de la Garde
- 36e Brigade de Chars de la Garde


- 37e Armée : Lieutenant-Général M.N. Charokhine

66e Corps de Fusiliers : Major-Général Koupriyanov
- 333e Division de Fusiliers (An. M. Goloskov)
- 244e Division de Fusiliers (G. Af. Afanassiev)
- 61e Division de Fusiliers de la Garde (L. An. Bakouïev)

- 46e Armée : Lieutenant-Général Ivan T. Chlemine
10e Corps de Fusiliers
31e Corps de Fusiliers
37e Corps de Fusiliers

- 57e Armée : Lieutenant-Général N.A. Gagen
64e Corps de Fusiliers
68e Corps de Fusiliers


- 5e Armée de Choc : Lieutenant-Général Viatcheslav Tsvetaïev
- 63e Corps de Fusiliers
- 3e Corps de Fusiliers de la Garde


- Groupement de Cavalerie Mécanisée Pliev : Major-Général I.A Pliev

4e Corps de Cavalerie de la Garde : Major-Général Issa A. Pliev
- 9e Division de Cavalerie de la Garde (V.G. Gagoua)
- 10e Division de Cavalerie de la Garde (V.V. Nikiforov)
- 30e Division de Cavalerie de la Garde ( ?)
- 152e Régiment Antichar de la Garde (ZIS-3)
- 4e Bataillon Antichar de la Garde (ZIS-1)
- 12e Régiment de Mortiers de la Garde
- 68e Bataillon de Mortiers de la Garde (Katiouchas)
- 1815e Régiment de SU
- 255e RDCA

6e Corps de Cavalerie de la Garde : Lieutenant-Général S.V. Sokolov
- 8e Division de Cavalerie ( ?)
- 8e Division de Cavalerie de la Garde ( ?)
- 13e Division de Cavalerie de la Garde (Ie. P. Sieritchev)
- 142e Régiment de Chars de la Garde (T-34 76)
- 11e Régiment de Mortiers de la Garde
- 47e Bataillon de Mortiers de la Garde (Katiouchas)
- 6e Bataillon Antichar de la Garde


- 17e Armée Aérienne : Colonel-Général V.A. Soudets

- 39e Régiment de Reconnaissance Aérienne
- 50e Escadron de Reconnaissance Aérienne
- 371e Régiment de Bombardiers de Nuit
- 282e Régiment de Transport Aérien
- 3e Régiment Médical Aérien

- 11e Division de Combat Aérien de la Garde
- 244e Division de Bombardiers
- 262e Division de Bombardiers de Nuit

1er Corps d’Aviation Mixte : Major-Général V.I. Chevtchenko
- 288e Division de Combat Aérien
- 5e Division d’Aviation d’Assaut de la Garde

9e Corps d’Aviation Mixte : Major-Général O.V. Tolstikov
- 205e Division de Combat Aérien
- 306e Division d’Aviation d’Assaut


FORCES DE L’AXE


- HEERES-GRUPPE SÜD-UKRAINE : Generaloberst Johannes Friessner[/center]

- HEERES-GRUPPE DUMISTRESCU

- 6. Armee : General der Panzertruppen Maximilian Fretter-Pico
- 76. Infanterie-Division (Erich Abraham)
- 294. Infanterie-Division (Werner von Eichstadt)
- 10. Panzergrenadier-Division (Walter Ackermann)

VII. Korps : General der Infanterie Hell
- 106. Infanterie-Division
- 370. Infanterie-Division
- 14e Division d’Infanterie Roumaine

XXXXIV. Korps :
- 62. Infanterie-Division
- 258. Infanterie-Division
- 282. Infanterie-Division
- 335. Infanterie-Division

XXX. Korps : Generalleutnant Georg Postel
- 15. Infanterie-Division
- 257. Infanterie-Division (Friedrich Blümke)
- 302. Infanterie-Division (Erick von Bogen)
- Eléments 306. Infanterie-Division
- 13. Panzer-Division

LII. Korps : Generalleutnant Erich Buschenhagen
- 161. Infanterie-Division
- 291. Infanterie-Division
- 320. Infanterie-Division
- 384. Infanterie-Division (de Salengre-Drabbe)

- 3e Armée Roumaine : Général Petre Dumitrescu


HEERES-GRUPPE WÖHLER

- 8. Armee : Generaloberst Otto Wöhler
- 10. Panzergrenadier-Division (Walter von Ackermann)

IV. Korps : General der Infanterie Friedrich Mieth / General der Panzertruppen Ulrich Kleeman (à partir du 2 sept. 1944)
- 79. Infanterie-Division (Friedrich-August Weinknecht)
- 376. Infanterie-Division
- 11e Division d’Infanterie Roumaine

IVe Corps d’Armée Roumain :
- 3e Division d’Infanterie
- 7e Division d’Infanterie
- 5e Division de Cavalerie
- 102e Brigade de Montagne

31 août 1944 :
XVII. Armee-Korps
- 3. Gebirgs-Division
- 8. Jäger-Division

LVII. Armee-Korps :
- Restes 46. Infanterie-Division
- Restes 76. Infanterie-Division
- 4. Gebirgs-Division
- Restes Kampfgruppe 20. Panzer-Division
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L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944) Empty les unités de canons d'assaut Allemand affectés au G.A.Sud

Message  marthus 10/8/2012, 11:42

Bonjour

ci dessous le détail des unités de canons d'assaut affectés au Groupe d'Armée Sud en août 1944:

en réserve à la 8.Armée
-905.Brigade de canons d'assaut

avec le 57.PZK
-286.Brigade

avec le VI.CA.Roumain
-325.Brigade

avec le 4.CA.Allemand
-228.Brigade

6.Armée Allemande

7.CA.Allemand
-236.Brigade

44.CA.Allemand
-911.Brigade

52.CA.Allemand
-243.Brigade

52.CA.Allemand
-243.Brigade

30.CA.Allemand
-239.Brigade

3.Armée Roumaine

29.CA.Allemand
-278.Brigade

en générale ces brigade de canons d'assaut étaient dotés d'un trentaine d'engins dont une partie équipée en pièces de 75mm (20 engins) et une autre avec des pièces de 105mm (10 engins)

référence : Alex Buchner 'the German defensive battles on the Russian Front 1944'


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L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944) Empty Re: L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944)

Message  Yeoman 35 10/8/2012, 21:14

Merci beaucoup Marthus ! Voilà qui étoffe l'ordre de bataille.

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L’opération d'Iassi-Kichinev (20 – 31 août 1944) Empty état de la 13.PZD au 1.8.1944

Message  marthus 10/8/2012, 23:32

Re....

le 1.08.1944, la 13.PZD disposait des forces suivantes :
14895 soldats
5.Panzer III (dont 3 de commandement utilisé par le régiment d'artillerie)
40.Panzer IV (dont 5 chars de commandement)
19.canons antichar autopropulsé du type Marder II et III (armés d'un canon de 75mm)
109.SPW types 250 et 251
12.Pièces d'artillerie autopropulsée du type WESPE (105mm)
6.Pièces d'artillerie autopropulsée du type Hummel (150mm)
11.Pièces d'artillerie tractée de 105mm
10.Pièces d'artillerie tractée de 150mm
8.Pièces d'artillerie tractée du type SIG.33 ( avec ses deux régiments d'infanterie)
7.Pièces de flak 88mm

pour ses moyens automobile :
263 motos et side-cars
307 voitures
804 camions tous types
59 tracteurs du type Maultier ( roues + chenilles)
149 tracteurs lourds

il semble que le Pz.Jg.Abt.93 ( équipés de 25 chasseurs de chars du type Naschorn) lui ai été rattaché

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Message  alderome 17/12/2012, 22:53

Cette offensive est assez méconnue pourtant elle permet aux Soviétiques de faire capituler les Alliés de l'Axe : Roumanie et Bulgarie et de les retourner contre l'ancien allié allemand. Il ouvre la porte sur tout le front sud, obligeant les Allemands à évacuer les Balkans.
Et aussi de menacer l'Europe Centrale, aboutissant au siège de Baudapest.
PS : post très intéressant.
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Message  Yeoman 35 18/12/2012, 17:21

Merci, ce fut un plaisir !
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