Les premiers et les derniers (Adolf Galland)
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Les premiers et les derniers (Adolf Galland)
Les premiers et les derniers.
Introduction :
Ayant lu ce livre pour la première fois autour de mes douze ans, la présentation de ce livre me tiens particulièrement a cœur. Ce dernier m'ayant été présent puis offert par mon oncle, aujourd'hui défunt, mais qui m'a ouvert la porte de l'histoire de la seconde guerre mondiale.
J'ai lu cet ouvrage a de nombreuse reprise, y compris dans sa version compressée éditée chez Marabout. Avec les ans, a chaque lecture j'en faisais une lecture différente, une interprétation nouvelle.
Aujourd'hui je profite de l'accès a ce site pour vous présenter les conclusions de ma dernière lecture en date.
Les premiers niveau de lecture...
Adolf Galland raconte donc l'histoire de sa carrière en tant que pilote, d'abord de planeur, lorsqu'il est adolescent, puis de chasseur bombardier dans la légion Condor lors de la guerre d'espagne et finalement de chasseur de la Luftwaffe pendant la seconde guerre mondiale. Passant de simple pilote presque anonyme jusqu'au rang de directeur de la chasse, avant de tomber en disgrâce auprès d'Adolf Hitler et de fonder, presque seul et dans son coin, le mythique groupe de chasse 44, composé des avions de réactions.
Le style, prenant, non dépourvu d'humour, contribue au caractère plaisant de la lecture et donne le ton a une aventure quasi personnelle. On est vite saisis par les drames, les exploits et les anecdotes entourant l'expérience de Galland.
Il explique d'ailleurs, de manière tout à fait révélatrice, tout les stratagème quasi illégaux ou douteux qu'il utilisa pour pouvoir s'acheter son planeur, financer ses cours de pilotages et continuer à voler.
Ce dernier nous offre l'image d'un passionné de l'aviation, avant toute autre chose. Le combat aérien selon Galland, n'est réellement doté de sens que dans l'optique de sa survie personnelle, de celle de sa nation et de l'exploit aérien.
Il parvient a nous expliquer de manière plutôt claire le développement et le carnage que fut autant pour les alliés que pour les allemands, la guerre aérienne tout en restant -relativement- abstrait. Il n'est guère avare de compliment pour les pilotes alliés, qu'ils soient français, polonais ou Américain ou anglais et nous offre l'image d'un pilote et d'une arme à l'attitude chevaleresque, quoique ternie par la dureté grandissante du conflit.
On est dans un premiers temps saisit par l'aveuglement progressif des autorités allemandes, notamment d'Hitler et de Goering, et par le désenchantement progressif de Galland vis-à-vis de ses derniers. Il dépeint avec force toute la lutte bureaucratique autour du Me262 qu'il a dut mener pour obtenir de cet avion qu'il soit utilisé a des fins tactique correcte, et comment finalement les pilotes et la substance vive de la Luftwaffe fut aspirées par un conflit d'attrition aérien.
En somme, a la première lecture, le récit de Galland sonne comme une aventure tragique, dont la fin se teinte de mélancolie. Galland semble être l'égal d'un de ses personnages héroîques, défendant une cause dont indéfendable, ou presque.
Un point de vue alternatif...
Cependant, à la relecture, d'étrange relents émanent de l'ouvrage... ce ne sont, en général que quelques phrases, mais qui résonnent étrangement au lecteur un peu avertis.
Cela commence par quelques phrases concernant le début de la prise du pouvoir par les nazis, ou Galland reste presque muet sur le début de la discrimination des juifs en Allemagne n'y accordant pratiquement que quelques mots, à peine une ligne, en fait, mais l'apprentissage de l'aviation n'attend pas, et peut-être est-il trop occupé pour se rendre compte du régime sous lequel il vit.
Puis la légion Condor, ou il admet que les équipages Allemands d'alors n'aimaient guère parler de Guernica qu'il décrit lui-même comme "une erreur" due a des problèmes de visibilités et des équipages novices. (Qu'il avait décrit un peu avant comme étant nettement compétent lors de leur entraînement clandestin en italie...) L'attaque aurait du viser un pont routier, et Galland de pester sur la ville, devenue par la grâce de la propagande communiste le symbole de la barbarie Allemande, qu'il met avec une relative complaisance en parallèle avec les bombardements alliés, mais il faut l'admettre aussi avec les bombardement de Varsovie et de Rotterdam. Il aurait, je crois, put ajouter Coventry ou Londre. Mais peu importe aussi, que l'initateur du Raid soit Wolfram Von Richtofen, qui fera mitrailler les civils russes sur les plages de la Crimée, ou que les bombes chargées à bord des avions allemands fussent des bombes incendiaires, impropres à la destruction d'un pont...
Un peu plus loin, la Pologne, ou il glisse en douceur et en vitesse l'idée que cinq armées polonaises auraient été sur le point d'envahir l'Allemagne.
Plus tard dans l'ouvrage, il imputera aussi la responsabilité de Churchill sur l'invasion de la Bessarabie Roumaine en juillet 1940. Après tout, ce dernier n'avait-il pas juré assistance aux Roumains ? Oui, mais il oublie de dire qu'en juillet 1940, les britanniques sont quelques peu occupés avec la Luftwaffe et la Wermacht sur le front de l'ouest. Et l'on voit difficilement la Royal Navy s'en aller s'aventurer dans la mer noire, entre les russes (Qui ont signé un pacte avec Hitler pour envahir la pologne...) et les roumains (Dont le premier ministre Ion Gigurtu s'était déclaré ouvertement en faveur de la politique nazie...).
Le conflit s'éternisant, on aperçoit en effet le désenchantement s'installer peu-à-peu ; Galland se dit horrifier a l'idée d'un conflit avec la Russie, et dit Mölders, son camarade, plutôt enthousiaste. Peut-être y-a-t-il quelque vérité là dedans, puisqu'il n'a pas été le premier choix de Goering pour devenir Général de la chasse.
Il est vrai que Galland n'avait pas un caractère facile. Défendant son arme avec acharnement, même s'il fut incapable d'anticiper le conflit d'attrition et la saignée des pilotes de la Luftwaffe qui mènera finalement l'arme a sa perte, car peu de pilote ont le talent des Hartmann, Mölders ou Barkhorn. Il faillira à instaurer un système épargnant le sang et accumulant l'expérience.
Toujours tourner vers l'ouest, Galland, en tant que général de la chasse, fera ce qu'il pourra, et l'on doit admettre qu'il n'aura pas été aider par son supérieur, le Maréchal du Reich Goering. Galland dresse un portrait de se dernier assez pathétique, se murant de plus en plus dans son chateau de Karinhall, se défiant d'une arme dont il ne comprend pas réellement les enjeux et le fonctionnement. Blâmant la lâcheté au sein de la chasse et finalement s'aliénant la luftwaffe tout entière en plus de la Werhmacht et d'une bonne part de l'Allemagne.
Hitler "bénéficie" d'un traitement similaire, dans les premiers chapitres, Galland reconnaît avoir été impressionné par le charisme de l'homme, par certains de ses instincts et par son savoir sur des éléments comme la météorologie. Sa faculté a être proche de son interlocuteur... mais finalement, lorsque l'heure arrive d'imposer des choix tactiques, stratégiques ou technologique, Hitler apparait rapidement comme un dément coupé de plus en plus de la réalité.
Les derniers mots...
Au final, que puis-je conclure du livre de Galland ?
J'en suis ressortis avec un sale goût dans la bouche parce que cet ouvrage est hanté par la pensée issue des cerveaux des Von Manstein, des Guderian, et autres officier de la Werhmacht après la guerre. Cette idée apologétique que l'Allemagne pouvait gagner la guerre sans l'intervention d'Hitler et de sa clique de nazi, qu'elle menait une guerre juste contre le bolchevisme. Cette myopie morale dénoncée par Anthony Beevor ou Jean Lopez.
Qu'on ne s'y trompe pas, l'ouvrage est utile, bien écrit et décris de manière saisissante et instructive certain moment clé du conflit, mais Galland est au mieux naïf, au pire tente de cacher les crimes de ses pairs. Sans doute est-il aidé par le fait qu'il est issus d'une arme défensive, la chasse, et qu'il pouvait justifier son action par la défense des civils allemands écrasé sous les bombes, et la défense de l'industrie allemandes nécessaire à la continuation de la défense du territoire national. Mais il oublie aussi que ses civils ont soutenu Hitler dans son entreprise d'agression et que ses industries tournaient souvent avec l'effort de nombreux ressortissants étrangers arrachés de force à leur pays.
Galland est un passionné, assortis d'un technicien. Il le montre lui-même dans les derniers chapitres de son livre, lorsqu'il rassemble ses pilotes aux derniers jours de la guerre, alors que l'Allemagne est en ruine et que tout est perdu. Il leur tiens ce discours que je trouve très révélateur :
"La guerre est perdue militairement. Notre combat ne peut plus rien y changer non plus... Je continue à me battre seulement parce que cette action avec le Me 262 m'a saisi intérieurement, parce que je suis fier de compter parmi les derniers chasseurs de l'aviation allemande... Seul ceux qui sont en mesure de faire que cette pensée soit la leur doivent continuer à voler avec moi..."
Ne nous y trompons pas, Galland est un homme courageux, audacieux, compétent dans sa partie et non dépourvu d'intelligence, cependant, toute ses qualités sont mise au service unique de sa passion qui distord le filtre de sa vision globale qui l'aveugle a tout le reste.
Voler est sa passion, son moteur, l'impulsion première qui l'anime. Galland à fait beaucoup pour continuer à voler : il a pris des risques fous, il a menti, il a louvoyé et rusé, et malheureusement il a aussi, comme beaucoup d'allemands, vendu son âme...
Luhkah- Lieutenant-colonel
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