Proces de la SNCF :

Un mauvais procès
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Monsieur Alain Lipietz a obtenu, le 6 juin 2006, du Tribunal administratif de Toulouse, un jugement condamnant la SNCF, pour avoir transporté son père à Drancy, dans des conditions inhumaines - ce qui est une évidence.
La FNDIRP a, dès le 7 juin, publié un communiqué, dans lequel elle se déclare en désaccord total avec l'initiative d'un procès intenté à la SNCF pour complicité de crime contre l'humanité.
Il faut rappeler que la Fédération a été la première, à l'occasion du procès Papon - lequel coule une paisible vieillesse en bénéficiant de ses droits à pension rétablis par deux arrêtés du Conseil d'État en date du 29 mai 2006 -, à obtenir, le 27 juin 2002, la condamnation de l'État à 1 euro symbolique de dommages et intérêts, pour sa responsabilité dans les arrestations de 72 juifs à Bordeaux.
ô ô ô

Notre désaccord porte sur le fond. La SNCF, après l'occupation de la France par les nazis, avait été, avec l'assentiment du gouvernement de Vichy, entièrement soumise aux autorités d'occupation et ne disposait d'aucun pouvoir de décision. Attaquer la SNCF, mais alors, pourquoi pas les autres entreprises dépendant de l'État qui, toutes, à un titre quelconque, ont collaboré avec l'occupant, pourquoi, ultime dérision, ne pas attaquer les déportés qui, à Dora, fabriquaient, de leur libre arbitre bien sûr, les V2 qui allaient déverser la mort sur Londres ?
Pourquoi, si tout cela n'avait pour but que de défendre la mémoire de son père interné à Drancy d'où, fort heureusement, il ne fut pas déporté, Monsieur Alain Lipietz n'a-t-il pas demandé seulement, comme l'a fait en son temps la FNDIRP, 1 euro de dommages et intérêts ? Il est vrai que, dès qu'il s'agit d'une question pécuniaire, il est difficile de raison garder. On nous dit que « plusieurs requérants (ils seraient 1 200 à la date où ces lignes sont écrites) ont manifesté leur intention de verser leurs éventuelles indemnités à des institutions de la mémoire ». Nous en acceptons l'augure mais cela ne change rien au fond du problème.
De plus, et ce n'est pas rien, ce procès risque de diluer les responsabilités essentielles dans la politique de collaboration avec les nazis : avant tout celle de l'État. N'occultons pas non plus celle de ses grands corps, police, gendarmerie, magistrature et celle de l'Église, ce qui évidemment, n'a pas empêché l'attitude héroïque de certains de leurs membres.
Il nous semble également utile de rappeler que, en 1992, la SNCF a signé une convention avec l'Institut du Temps Présent, laboratoire du CNRS, dirigé par l'éminent historien Henry Rousso, spécialiste de cette période sombre de notre histoire. Cette volonté, hautement responsable de la SNCF, de ne rien cacher de son histoire, a abouti à la publication du rapport de Christian Bachelier « La SNCF sous l'occupation allemande, 1940-1944 ». Rien ne permet donc de dire - sous réserve d'être de bonne foi - que cette grande entreprise a tenté de cacher un pan de son histoire.
Peut-être est-il également bon de se souvenir que la profession cheminote est celle qui a eu le plus grand nombre de déportés et de fusillés. Depuis quelques années, à chacun de ses congrès ou assemblées générales, le premier acte de la FNDIRP est de déposer une gerbe, en gare, aux monuments aux cheminots morts pour la France en y associant nos camarades de l'ANCAC (Association nationale des cheminots anciens combattants) qui sont très meurtris par ce procès et à qui nous témoignons notre totale solidarité.
Enfin, même si ce n'est pas là l'essentiel, on nous permettra de nous étonner que, jamais, à notre connaissance tout du moins, nous n'ayons vu, pas plus nous que les autres associations qui mènent les combats de la mémoire, Monsieur Alain Lipietz s'engager à nos côtés, ou individuellement, dans ces luttes incessantes contre les négationnistes, les falsificateurs de l'histoire, dans ces combats contre les complices des nazis tels que les Bousquet, Touvier et autres Papon, dans ces multiples actions pour la défense des droits des internés, des déportés et de leur descendants.
Enfin, n'est-il pas temps d'arrêter ces demandes d'indemnisation, calquées sur le modèle de ce qui, aux États-Unis, assure la fortune des avocats si ce n'est celle de leurs clients ?
Il reste à attendre la décision de la Cour d'appel du Tribunal administratif. Souhaitons qu'elle infirme la décision du Tribunal administratif de Toulouse, ce ne serait que justice.

Daniel Laurent a écrit:
"Ultime dérision, pourquoi ne pas attaquer les déportés qui, à Dora, fabriquaient, de leur libre arbitre bien sûr, les V2 qui allaient déverser la mort sur Londres ?"

Dick Winters a écrit:Le proces est une erreure monumentale, la sncf était sous dirrection nazie et contraintes comme la plus part des commercant a une réquisition.
Je trouve que c'est , si ont y va de la , il faut porter contre le Furher ..... Cordialement Dick Winters