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Mémoires de guerre du S/Sgt J. Robert "Bob" SLAUGH

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Message  Hellfire62 20/12/2006, 13:31

J'ai fait la connaissance de Bob SLAUGHTER en Normandie le 06 juin1994, à Vierville. J'appartenais au groupe de reconstitution de la 29ème US Infantry Division "Blue en Gray". Nous avions choisi de commémorer chaque année la mémoires des hommes de cette unité, qui s'étaient sacrifiés par centaines sur les plages d'Omaha Beach. Ils n'étaient pas des professionnels, mais de la Garde Nationale et ils n'avaient jamais vu le feu auparavant. Lors de cette rencontre avec Bob, qui semblait à notre grand étonnement, émerveillé de ce que nous faisions pour les vétérans, il a confié à certains d'entre nous des copies de son journal de guerre. Celui-ci représente 89 pages, excitantes, émouvantes et montre la guerre dans toute sa monstruosité, toute sa folie. Il montre aussi du sacrifice des hommes du 116ème régiment d'infanterie de Virginie, dont les hommes de la "A" Cie appartenant à la première vague d'assaut furent décimés en trente minutes. Ce journal m'a beaucoup appris, il laisse aussi l'espoir, parle parfois de fraternité, c'est pour moi un bel exemple d'abnégation et de sens du devoir. Je pense qu'il serait idiot de ne pas le partager avec vous tous, qui êtes des passionnés éclairés de la seconde guerre mondiale. Je vais donc le mettre en ligne peu à peu et j'espère que tout comme moi, il vous captivera et vous donnera une vision encore plus précise du GI de 1944. Le préambule qui suit, aux forts accents républicains n'engage bien sûr que son auteur et a été écrit dans les grandes heures de l'administration Bush (père). Mais il est nécessaire pour comprendre la suite.

MEMOIRES DU S/SGT J.ROBERT SLAUGHTER, CIE "D" -116ème REGIMENT D'INFANTERIE - 29ème "Blue and Gray" DIVISION.

Aux citoyens soldats de la 29ème division d'infanterie, jeudi 07 décembre 1989, 48ème anniversaire de l'attaque de Pearl Harbor.

J'ai rédigé ces mémoires de guerre pour une bonne raison. J'estime tout à fait fondamental que soient préservés les récits écrits ou oraux de ceux qui peuvent apporter leur témoignage, même incomplet, sur l'une des meilleures unités combattantes de l'armée de Etats-Unis d'Amérique, j'ai cité la 29ème division d'infanterie.
Ma vue d'ensemble de cette gigantesque fresque que représente la "blue and Gray" division est plutôt restreinte. Par contre, ce qui est apparu aux yeux d'un chef de section d'une compagnie de combat est tout à fait réaliste. Je me contenterai donc d'évoquer ce qui paraissait important à un soldat d'une armée moderne. Le jugement des faits est celui d'un sergent-chef de 18 ans, relaté par un vétéran qui en compte aujourd'hui 65.
La peur incessante, l'exposition permanente à tous les éléments, la saleté, la puanteur des chairs en décomposition, les bruits assourdissants, la vision de l'humanité, jusqu'au point où elle semble être une chose tout à fait naturelle, la crainte de trop se lier à un copain, sachant qu'il est voué à ne pas survivre très longtemps, tous ces souvenirs ne peuvent que ressurgir du fond de l'esprit et méritent d'être relatés.
Le GI au combat considérait l'armée comme une sorte d'enfer nécessaire. Il croyait dur comme fer son capitaine lorsque celui-ci affirmait que la compagnie à laquelle il appartenait était la meilleur du régiment, que son régiment était le meilleur de la division, que sa division était la meilleure de toute l'armée des Etats-Unis et que cette armée était la meilleure du monde. Il était parfaitement convaincu que le monde devait être libéré de la tyrannie des puissances de l'axe. Il savait qu'il resterait dans la bagarre jusqu'à la fin des hostilités. Il redoutait de devoir tuer des êtres humains. Il avait pleinement conscience de pouvoir être mutilé ou tué et qu'il pourrait très bien, lui-même, mutiler ou tuer un copain.
Mais quels sont les moyens qui arrivent à conduire ainsi les hommes à rejeter toute notion du naturel et à risquer leur vie? C'est l'entrainement militaire auquel on ajoute un commandement de qualité et surtout la fierté. La mission ne peut être qu'une juste cause. Son but doit en être précis et accessible. Savoir aussi que la vie sans l'honneur et sans le respect du devoir accompli devient insipide. Certains de nos camarades sont rentrés aux Etats-Unis, n'osant plus se regarder dans une glace. Ils sont peu nombreux. J'ai essayé de raconter honnêtement la vie quotidienne du combattant, sa façon d'exister, son attitude face à son devoir et à ses chefs, sa peur et aussi son endurance aux épreuves et au danger.
Comme dit une chanson américaine : "dans un soldat, il y a quelque chose de bien, bien, bien..." Avant l'attaque surprise de Pearl Harbor, beaucoup de civils étaient loin d'en arriver à une telle conclusion. Des commerçants peu scrupuleux n'hésitaient pas à faire valser les étiquettes pour les militaires et dans certains cas, les volaient comme au coin du bois. Un écriteau planté sur la pelouse du tribunal d'une ville de Caroline du Nord indiquait : "pelouse interdite aux chiens et aux militaires". L'accès de nombreuses toilettes publiques étaient interdites aux GI's. On considérait les soldats comme des grandes gueules grossières, tout à fait incapables d'être insérés à la société des gens normaux. Le danger était au-delà des deux océans et n'avions-nous pas été assurés de la non ingérence des Etats-Unis dans tout conflit étranger?
07 décembre 1941. Le lâche bombardement de notre grande base navale de Peral Harbor, change d'un seul coup l'attitude des gens vis à vis des militaires. Ils deviennent : "bien, bien, bien..."

Nous sommes entrés dans une période de l'histoire qui a modifié les données de la guerre classique. On parle de guerre froide, d'action de police, de guerres non déclarées, comme au Viet-Nam par exemple et maintenant l'écroulement des pays du bloc de l'Est. Chez nous, l'énorme dette nationale suscite, au congrès, un penchant manifeste pour les réductions budgétaires, au Sénat, contre toute attente, on prêche le désarmement. Il faut savoir que nous pourrions fort bien nous retrouver très vite dans la situation de "l'avant 1941". Il est évident qu'il faille éviter toute forme de gaspillage et mettre à l'ordre du jour la protection du Dollar, mais nous ne devons pas baisser la garde. Nous devons dissuader tous nos agresseurs potentiels, ne pas céder au chantage de tous ces dictateurs de pacotille et des terroristes. Une fois déjà, les océans ne nous ont offert aucune protection, ils ne nous protègeront pas plus à l'avenir. La Garde Nationale des Etats-Unis n'est pas suffisante pour remplir cette tâche. Je suis fier de la 29ème division d'infanterie, de la Garde et de son illustre histoire, soyez-le aussi. Lorsque le devoir l'exigera, la fierté l'emportera et vous ferez votre devoir.
"29th Let's Go"
S/Sgt J.Robert SLAUGHTER, 29ème division d'infanterie (03/02/41 au 13/06/45).

To be continued...
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