Un crime de guerre (presque) oublié

Cela fait déjà un moment que je voulais vous parler d'un crime de guerre peu connu, dont j'ai du reste découvert l'existence tout à fait par hasard (merci Wikipedia (en)) alors qu'il s'est pourtant passé lors de la bataille des Ardennes et pas bien loin de mon petit village d'origine.

Il s'agit du meurtre des 11 de Wereth.

En fait, les 11 étaient onze soldats afro-américains appartenant au 333 bataillon d'artillerie de campagne.

Au déclenchement de l'offensive allemande, leur unité se trouvait stationnée à Schönberg, une localité qui ne se situe pas très loin de Saint-Vith et qui se trouvait directement dans l'axe d'approche de la pince nord du dispositif que les Allemands entendaient refermer sur la ville.

Par conséquent, dès le matin du 16 décembre, Schönberg subit de fort tirs d'artillerie, forçant les artilleurs à se déplacer, ce qui n'était pas facile, les Allemands ayant pu très tôt infiltrer certaines unités dans ce secteur.

En définitive, onze homme appartenant au 333e bat. se retrouvèrent à Wereth, un minuscule hameau (et pour y avoir mis les pieds pour la première fois de ma vie l'année passé, je peux vous dire que Wereth est vraiment très petit) des environs.

Ils trouvèrent refuge auprès d'un habitant de l'endroit, mais leur présence fut dénoncée aux Allemands par un sympathisant nazi (membre du Heimattreue Front?). Une patrouille de SS appartenant au Kampfgruppe Knittel (qui allait plus tard se retrouver assis sur le même banc que Peiper et consorts pour le procès du massacre de Malmedy) arriva le 17 décembre et captura les onze hommes.

Les malheureux furent exécutés à proximité (les coups de feu furent entendus dans le hameau) au cours de la nuit.

Par crainte des réactions allemandes, les habitant n'osèrent pas donner une sépulture aux victimes. Les corps furent récupérés en janvier 1945, lorsque le secteur revint sous contrôle allié.

L'enquête diligentée par l'armée américaine ne put trouver d'éléments permettant d'identifier les coupables et l'affaire fut classée.

Contrairement au massacre de Baugnez (Malmedy), où les auteurs faisaient partie d'une colonne de marche pressée d'avancer, ce qui peut expliquer (mais non justifier!) la décision de se débarasser de PG "encombrants" parce qu'on ne souhaite pas distraire des hommes pour les commettre à leur garde, le massacre de Wereth se passe dans un secteur sous contrôle allemand. Rien n'empêchait la patrouille SS qui les a capturés de les remettre à la garde d'une autre unité qui se serait chargée de les envoyer vers l'arrière. D'autant plus que ce jour là, le secteur fourmillait d'allemands.

Il semble donc que ce meurtre délibéré a probablement été motivé essentiellement par des considérations raciales.

Vous trouverez ci-dessous des liens vers l'article Wikipedia (http://en.wikipedia.org/wiki/Wereth_11) ainsi que vers un autre site en anglais consacré à l'affaire (http://www.wereth.org/index.htm). En ce qui concerne ce dernier, je vous recommande particulièrement la lecture de la partie "historical information". Vous y découvrirez notamment que des Afro-américains furent impliqués dans la bataille des Ardennes au sein d'unités combattantes, essentiellement d'artillerie. Certains d'entre eux se trouvèrent même encerclés dans Bastogne où ils combatirent comme leur frères d'armes. Aussi dans les liens de ce site, un article intitulé "The liberators came in many different colors" qui vaut le détour. La phrase du guerrier sioux à l'avant-dernier paragraphe de cet article sous-entend bien des choses.

Et tant que j'y suis, je vous mets aussi un lien vers un article de Stars & Stripes sur le même sujet: http://www.estripes.com/article.asp?section=104&article=11141&archive=true.

Et oui, un affreux bonhomme Knittel...
Sait-on si ce sont sur ses ordres qu'on étés executés ces hommes ? Bien que je ne pense pas...

Un crime de guerre (presque) oublié

Merci pour cette info Baugnez, à present ce ne sera plus oublié autour de moi ;)

Ivy

Les américains ont essayé de retrouver les coupables, mais confrontés au manque d'indices (les rares témoins n'ont pas vu ou n'ont pas pu identifier les badges d'unité des auteurs de l'acte), ils ont dû renoncer.

Par ailleurs, il est bien évident que si ces hommes ont été exécutés sur la base d'ordres donnés par Knittel (ou un autre), aucune trace écrite n'en a été conservée du côté allemand.

J'imagine que si des coupables présumés avaient pu être identifiés par l'armée américaine, ils auraient rejoints les accusés du procès relatif au massacre de Malmedy sur les bancs du tribunal de Dachau. Cela dit, on ne peut pas entièrement exclure qu'ils s'y trouvaient, même si ce crime ne fut pas mis à leur charge pour les raisons que j'évoque ci-dessus.

Okay merci pour les precisions Baugnez

c'est une vrai tragedie merci pour l'information

Ce qui est incomprehensible c est que tantot des soldats afro americains etai executé tantot ils etaient juste fait prisonniers. Ce n etai pas des executions systematique de tous les noirs americains. 

petitsuisse a écrit:Ce qui est incomprehensible c est que tantot des soldats afro americains etai executé tantot ils etaient juste fait prisonniers. Ce n etai pas des executions systematique de tous les noirs americains. 

Cela dépend des unités allemandes impliquées... et des dégâts causés par les noirs américains. Par exemple, lors de la Campagne de France, les troupes de tirailleurs sénégalais qui subirent des massacres, ce furent celles qui résistèrent le plus vaillamment. Il semble que les soldats allemands déniaient aux "sous-hommes" de droit de résister. Quand les cadets de Saumur résistent, les généraux allemands leurs rendent les honneurs de la guerre. Quand il s'agit de soldats de couleurs, ils en fusillent un certain nombre.

Dans un film traitant de la campagne de 1940, où l' acteur Guy Marchand jour le rôle d' un officier Français il est fait allusion à un de ces massacres gratuits

Remarquez, le racisme a l'égard des troupes noirs par les allemands ne dataient pas d'hier.

Lors de la première guerre mondiale, les tirailleurs sénégalais avait une sacrée réputation de troupe de choc dans les troupes françaises, et passait pour terroriser les soldats allemands...

Beaucoup d'officier allemands de la Werhmacht était des anciens de la première guerre mondiale, on imagine facilement que leurs préjugés -et leur bêtise- ont survécu à l'entre deux guerre. 

Avec le "feu vert moral" des naziqs pour justifier toute les atrocités, ce genre de chose était prévisible... 

baugnez44 parle de SS donc les considérations raciales importe peu, sinon, pourquoi auradour.

Luhkah a écrit:Lors de la première guerre mondiale, les tirailleurs sénégalais avait une sacrée réputation de troupe de choc dans les troupes françaises, et passait pour terroriser les soldats allemands...

Beaucoup d'officier allemands de la Werhmacht était des anciens de la première guerre mondiale, on imagine facilement que leurs préjugés -et leur bêtise- ont survécu à l'entre deux guerre.

J'ai lu des extraits de lettre de soldats alsaciens de la PGM. Un qui était enrôlé coté allemands a écrit à sa femme qu'il espérait ne pas combattre contre des cosaques ou des noirs. Les deux étant réputés ne pas faire de prisonniers.

Ce n'est pas spécifique à certaines troupes ou origines par définition, bien que les Marocains aient eu une très mauvaise réputation en Italie au sein de la 1ere Armée (aujourd'hui il existe même un néologisme en italien qui traduit une très sale situation, mais les faits relevés ont été infligés à la population civile et non entre militaires). Mais à l'opposé les fantassins de la 101e aéroportée, le 6 juin 1944, après avoir vu le traitement infligé à certains de leurs camarades (pendus par les pieds morts, tués à l'arme blanche, etc.) dans la région de Sainte Marie du Mont, n'ont plus fait quartier -et de toute façon, les paras n'ont pas par habitude de faire de prisonniers pour des raisons pratiques, notamment et surtout lorsqu'ils sont encerclés ou en territoire ennemi-.

Il est vrai que notre presse de propagande ne se gênait nullement pour présenter  les coloniaux comme des barbares coupeurs d'oreilles dont ils se délectaient à orner des colliers