Tranches de vie II
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Tranches de vie II
Voici de mémoire les souvenirs de mon père, né en 1934 et décédé en 1986. Son père était marin sur les transatlnatiques (Normandie, Liberté etc...). Il avait comme port d'attache Le Havre. En 1936 ils ont profité des congés payés et fait la connaissance d'un monsieur très charmant à la plage. Puis vint le conflit. Mon grand père est bien évidemment en mer lorsque le front de la Somme craque. (Il avait été débarqué à New York le 8 septembre 1939 du Normandie et réembarqué sur le Bonifacio). C'est la grande panique : ma grand mère l'embarque et à pied ils vont faire l'exode. Ils ont marché, marché... Mon père en gardait un souvenir horrible. IL avait dû abandonner son chien et sa chèvre (pour le lait, il était allergique). Les paysans profitaient au maximum des réfugiés et faisaient payer très cher les verres d'eau. Un moment ils se sont arrêtés car la guerre s'est terminée.
Ils sont rentrés à Sainte Adresse (les Belges doivent connaître). Là c'était horrible : il y avait le cadavre d'un enfant projeté sur la façade de la maison. Mon grand père a été rapatrié de Londres par le paquebot De Grasse (source : livret d'inscription maritime). Mais là problème : plus de navigation possible, plus de boulot. Alors mon grand père a revu cet homme rencontré en 36. Surprise! C'était un espion allemand! Mais il leur a obtenu un ausweis. Ils ont fait le voyage en train dans le soufflet entre deux wagons. C'était intemrinable et on ne pouvait pas bougé tellement c'était archicomble. Mon grand père a donc obtenu une affectation à Marseille et la Transat a exploité les lignes de l'Afrique du Nord et du Levant. Mon grand père améliorait l'ordinaire en ramenant des fruits et des agrumes qui n'étaient pas rationnés en Afrique du Nord. En 41 il a participé au rapatriement des forces vichistes du Liban/Syrie. Le 11 novembre 1942, finie la navigation. Les Allemands gèlent le trafic et réquisitionnent les cargos et paquebots. La famille n'ayant plus de ressources, elle retourne chez les parents de ma grand-mère à Scaer en Cornouailles. Ils y resteront jusque la fin de la guerre. Mon père me disait qu'ils se rapellaient les bombardements de Brest qu'il pouvait voir depuis Scaer! (Scaer est au sud de Quimper, c'est dire).
J'essaierai de faire parler ma mère qui était en Normandie en 1944 lors du débarquement, mais de l'autre côté de l'iau comme ils disent là-bas (c'est à dire sur la rive droite de la Seine)
Ils sont rentrés à Sainte Adresse (les Belges doivent connaître). Là c'était horrible : il y avait le cadavre d'un enfant projeté sur la façade de la maison. Mon grand père a été rapatrié de Londres par le paquebot De Grasse (source : livret d'inscription maritime). Mais là problème : plus de navigation possible, plus de boulot. Alors mon grand père a revu cet homme rencontré en 36. Surprise! C'était un espion allemand! Mais il leur a obtenu un ausweis. Ils ont fait le voyage en train dans le soufflet entre deux wagons. C'était intemrinable et on ne pouvait pas bougé tellement c'était archicomble. Mon grand père a donc obtenu une affectation à Marseille et la Transat a exploité les lignes de l'Afrique du Nord et du Levant. Mon grand père améliorait l'ordinaire en ramenant des fruits et des agrumes qui n'étaient pas rationnés en Afrique du Nord. En 41 il a participé au rapatriement des forces vichistes du Liban/Syrie. Le 11 novembre 1942, finie la navigation. Les Allemands gèlent le trafic et réquisitionnent les cargos et paquebots. La famille n'ayant plus de ressources, elle retourne chez les parents de ma grand-mère à Scaer en Cornouailles. Ils y resteront jusque la fin de la guerre. Mon père me disait qu'ils se rapellaient les bombardements de Brest qu'il pouvait voir depuis Scaer! (Scaer est au sud de Quimper, c'est dire).
J'essaierai de faire parler ma mère qui était en Normandie en 1944 lors du débarquement, mais de l'autre côté de l'iau comme ils disent là-bas (c'est à dire sur la rive droite de la Seine)
ghjattuvolpa*- Police militaire (Modérateur)
- Nombre de messages : 1283
Date d'inscription : 18/06/2008
Re: Tranches de vie II
j 'ai bien aimer ton récit. Peut tu me dire qu'elle est le nom de ce fameux espions allemand. ou au moins sont appartenance. SD, Abwers, Gestapo. Merci d'avance je suis très intéressé par l'espionnage a cet époque.
Sgt Witzig- Adjudant-chef
- Nombre de messages : 105
Age : 32
Localisation : Marseille
Date d'inscription : 15/06/2012
Re: Tranches de vie II
ghjattuvolpa* a écrit:. Les paysans profitaient au maximum des réfugiés et faisaient payer très cher les verres d'eau.
Bonjour,
Je réagis à ce témoignage. Ma famille à fait l'exode du nord de la France jusqu'en Bretagne. Je faisais partie du convoi. J'avais alors presque trois ans. Aucun souvenir de ce voyage forcé n'est demeuré dans ma mémoire. Toutefois cet exode m'a été maintes fois raconté par mon père ou par mes soeurs aînées. Jamais ils ne m'ont dit avoir acheté un verre d'eau, même bon marché à un paysan.
Je ne mets pas ta parole en doute mais je reste plus que surpris.
Dans ton témoignage tu généralises, puisque tu écris les paysans sous entendu tous les paysans. Maintenant qu'il y en eut des je reste quand même dubitatif.
Cordialement
Albert
Aldebert- Caporal-chef
- Nombre de messages : 32
Age : 86
Localisation : Bergerac
Date d'inscription : 24/07/2010
Re: Tranches de vie II
Lors de l'exode, il y a eu de tout. Des gens ont tout donné ce qu'ils possédaient pour venir en aide aux malheureux qui affluaient. D'autres ont profité au maximum de la misère humaine et de l'état de nécessité où se trouvaient ces personnes. Il est impossible de généraliser.
Narduccio- Général (Administrateur)
- Nombre de messages : 4976
Age : 65
Localisation : Alsace
Date d'inscription : 05/10/2006
Réfractaire au STO
SOUVENIR D’UN REFRACTAIRE AU S T O
Par L’Abbé Yves Langlois
PRELIMINAIRES :
L’Allemagne en guerre avait un énorme besoin de main d’œuvre. Elle lança une campagne de recrutement. Comme le nombre des volontaires ne suffisait pas, elle procéda par mode de réquisition.
Début 1943, les jeunes gens des classes 40-41-42 furent recensés. Le médecin du Grand Séminaire de Bayeux nous fit passer une visite médicale et exempta la majorité des appelés.
En mai 1943, une contre visite (à CAEN) récupéra les exemptés. A partir de ce moment, nous tendions le dos. Les premières convocations arrivèrent au Séminaire en Juin. Trente-huit séminaristes seront requis.
L’APPEL :
En août 1943, j’étais en vacances à Vire. Dans la seconde quinzaine de ce mois, de retour à la maison, mes parents m’annoncèrent que l’ordre de réquisition m’attendait à la Gendarmerie. Je m’y rendis et revins à la maison avec ce document qui portait la mention : « se munir de vêtements pour l’Allemagne ». Mes camarades et moi allions vivre une expérience à laquelle le Séminaire ne nous avait pas préparés.
Au mois de juillet 1943, une amie d’enfance de ma mère et son mari les BEGUINET étaient en vacances à VIRE. Ils habitaient Mézières Charleville où Monsieur dirigeait une petite usine. Il m’offrit une « planque ». et il était en mesure de me fournir de faux papiers. J’avais une autre « planque en vue ». Par précaution, j’acceptais sa proposition. C’est ainsi que je pris le train pour une destination connue où j’allais connaître une mauvaise surprise. Les premiers jours furent agréables. J’étais considéré comme l’enfant de la maison.
J’avais apporté 3 cartes d’identité vierges, avec la photo de leurs destinataires : mon frère Jacques, mon cousin Bernard et un résistant de Vire, René CHATEL .
Mon logeur avait posé les cartes en évidence sur son bureau.
L’ARRESTATION :
Huit jours après mon arrivée, à la fin du repas de midi, un coup de sonnette se fit entendre. Entrèrent un officier allemand et un civil (interprète). L’allemand procéda à une perquisition sommaire et rafla les 3 cartes d’identité. Puis il intima à mon logeur l’ordre de faire sa valise et de le suivre. Ce fut ma première grande peur. Le lendemain, je reprenais la direction de la Normandie avec escale à PARIS laissant Madame BEGUINET en proie à une grande inquiétude. Son mari avait « bricolé » ma vraie carte d’identité de façon trop voyante. Je ne tenais pas à la présenter à un contrôle allemand.
Monsieur BEGUINET fut tiré de prison par le directeur de la Société, propriétaire de l’usine qui travaillait pour l’Allemagne. Il fut libéré, mais surveillé. A la libération, ses états de service dans la Résistance lui valurent d’être élu conseiller municipal.
SAINT HYMER :
J’arrivai à St HYMER sans encombre où le curé, Monsieur l’Abbé FLAMBARD m’accueille aimablement. (Je l’avais connu professeur à St Jean Eude à Vire). Sitôt arrivé, je quittai la soutane, pour entrer dans la peau d’un ouvrier agricole. Le lendemain, je me rendais à la Mairie. Le secrétaire, Monsieur CHEDOT instituteur, me confectionna ma nouvelle identité. Je m’appelai LEMAITRE, j’étais né en 1924 à St VALERY-en-CAUX. Pourquoi cette localité ? Parce que la mairie et ses archives avaient brûlé en 1940. Le presbytère était en plein travaux. Il y avait en outre une récolte de pommes abondante. Trois semaines après, vers la mi-septembre, Monsieur Patin, cultivateur à BEAUMONT en AUGE vint me chercher pour me conduire chez mon nouvel employeur.
VAUVILLE :
Nous arrivâmes à VAUVILLE route de Touques à Varaville chez Mme Louis DELAMARE. J’étais chez un ancien croupier du casino de Deauville. Il habitait une superbe maison à colombages, domaine de 8 hectares. Là, je fus employé à ramasser des pommes, à arracher la menthe sauvage et à jardiner. C’était un bon gîte, une bonne table et une bibliothèque où je découvris les œuvres de J. de la Varende un coin idéal pour passer inaperçu.
Note :
Les DELAMARE avaient 2 fils : Louis et Charles. Louis était étudiant à Caen et était membre de la Résistance. Il participera à la libération de Trouville-Deauville. Il fut une carrière dans la diplomatie. Il fut assassiné au Liban à Beyrout, en qualité d’ambassadeur de France.
« VACANCES à LISIEUX »
Fin décembre 1943, j’étais à ST HYMER. Mes mains non aguerries aux travaux agricoles, un phlegmon se déclara à la main gauche. Le médecin de Pont-Lévèque m’envoya à Lisieux pour une intervention chirurgicale. Je fus admis à la Clinique des Buissonets sous mon faux nom. Le docteur Berton m’incisa la base des doigts, sans abîmer les tendons. Je fus hébergé pendant quelques jours par la famille d’un confrère de Séminaire les Houlettes. Ceux-ci m’offriront une nouvelle « planque »au cas où il me faudrait changer d’air. Je profitais de ce séjour pour aller au Séminaire – nouveau – de la Mission de France. L’ambiance était extraordinaire, un enthousiasme digne des « Actes des Apôtres ». Puis, je rentrais à St Hymer où une surprise désagréable m’attendait.
OTAGE :
A mon retour, j’appris qu’il me fallait aller à la Mairie pour une formalité. (Peut-être, le recensement de la classe 44 ?) Je me présente après la classe, mais l’instituteur, secrétaire de mairie, venait de partir pour distribuer des tickets d’alimentation dans une commune voisine. Son épouse m’invita à revenir vers 20 heures. En ce début de janvier 1944 la nuit était noire. Pas une lumière pour me guider, sinon un boîtier électrique alimenté par une pile. Je frappe à la porte et j’entre….accompagné de deux individus invisibles dans le noir. J’avais un revolver braqué sur mes côtes : J’étais otage !
Ces brigands venaient dérober les tickets d’alimentation. Ils prirent ceux qui n’avaient pas été distribués, coupèrent le fil du téléphone et disparurent dans la nuit.
On alla téléphoner au café du village pour appeler les gendarmes de Pont-Lévèque. Ils arrivèrent une heure plus tard, à vélo. Ils recueillirent les témoignages de Madame Chedot et le mien puis ils partirent me priant de passer à la brigade.
Le lendemain j’étais à la brigade, le chef prit ma déposition. C’est alors que je pris le risque de lui dire qui j’étais réellement. Au moment de signer il me demanda « Le vrai nom ou le faux ». Je réponds « Le faux car je suis dans une fausse situation » Ainsi fut fait.
SAINT PIERRE DES IFS :
En janvier 1944 je reviens à Vauville. Mon employeur Monsieur Delamare m’informa que les Allemands cherchaient de la main-d’œuvre pour le chantier du mur de l’atlantique et que pour parvenir à leurs fins ils organisaient des rafles de jeunes. A vol d’oiseau Vauville est à cinq kilomètres de la côte. Il devenait prudent de changer d’air. Je prévins donc mon contact à Lisieux.
Je débarquai à Lisieux le 19 mars 1944. Mon nouvel employeur vint me prendre à l’institution Frémont.
Monsieur Bardel, marié, trois enfants, Colette, Jean-Paul et Françoise, exploitait la ferme de la Motte près du tunnel du même nom à Saint Pierre des Ifs. Un deuxième réfractaire vint me rejoindre deux semaines plus tard. Mes connaissances professionnelles s’enrichissent de nouvelles expériences. J’appris à traire une vache, à panser et atteler un cheval. La ferme ne voyait pas de visiteurs, 800 mètres la séparait de la route Lisieux-Falaise.
Le mois de mai fut marqué par la communion solennelle du fils. A deux reprises le soir, je vis passer des V1 lancés au moyen d’une rampe de lancement construite près de Livarot.
Puis ce fut le débarquement. Le soir du 6 juin une escadrille américaine procéda à un premier bombardement. Pendant la nuit, les avions bombardèrent à nouveau. Le ciel bas était tout rouge à cause des incendies, Lisieux possédant des maison à pans de bois.
Le 7 juin, dernier bombardement à la mi journée.
A la ferme, nul n’imaginait ce qui se passait. Les postes de radio avaient été confisqués par ordre des Allemands. Monsieur Bardel allait tous les jours à Lisieux porter ses enfants à l’école. Les filles allaient chez les sœurs de Notre Dame, le fils à Frémont. Les 26 sœurs du pensionnat vinrent se réfugier à la ferme. Il fallut aménager leur installation. Avec deux attelages, Monsieur Bardel, Philippe Brard (le second réfractaire) et moi allions tous les jours à Lisieux. Nous laissions les attelages route de Falaise et, à travers les ruines , nous allions au pensionnat pour ramener matelas, couvertures et ravitaillement.
Note : La famille Bardel a quitté le Normandie pour s’installer dans l’Allier. Depuis, plus de novelles.
Nous déjeunions dans le sous-sol inondé avec ce que nous trouvions : biscuits, conserves et une bonne bouteille de vin. La présence de cette communauté religieuse nous valait d’avoir la messe à domicile. En effet les professeurs de Frémont, prêtres diocésains étaient au chômage . Parmi eux , le Père Lebosquain, économe, me fit part de son désir de regagner le Bocage et me demanda si j’étais partant. Cela tombait bien, un courrier de ma mère m’invitait à rentrer !
RETOUR EN BOCAGE
A la fin de la première semaine de juillet, l’abbé Lebosquain m’apporta une soutane que je revêtais et sac au dos nous prîmes la route.
Les routes étaient désertes, parfois un véhicule allemand dans un fossé inondé. Nous faisions étape dans les presbytères Ammeville , Le Mesnil-Villemmen, Saint Germain du Crioult. C’est dans ce dernier village que résidait l’abbé Xavier Choupault, un expert en liturgie. C’était une soirée d’été radieuse. Etendu sur mon lit j’entendais l’abbé chanter l’hymne des vêpres de la Dédicace « Ville du ciel, Jérusalem, bienheureuse vision de PAIX » Et il chantait cela au son du canon dont le roulement s’entendait depuis la région de Caen. Nous nous séparâmes l’abbé Lebosquain et moi à Viessoix.
Seul, je continuais ma route. Le soir, je reçu l’hospitalité de monsieur Jean Chatel au clos Fortain. Et le lendemain je me rendais au presbytère de Saint Germain de Tallevende où je retrouvais des Virois, le curé de Sainte Anne, le Chanoine Heroult et sa famille. C’est là que j’ai détruit mes faux papiers. A la mairie on me remit une attestation par laquelle j’avais perdu mes papiers dans l’incendie de Vire où je ne résidais pas. En ce temps là, mentir était une condition de survie.
J’appris alors que mes parents et mes frères étaient réfugiés à Vengeons chez les David, au lieu dit La Rigoulière ou la Beaujardière. J’arrivais à point pour fêter en famille mon vingt-troisième anniversaire.
Peu après mon retour, je suis allé à Vire avec mon frère Jacques. Toutes les maisons de la place nationale avaient brûlé. Dans les ruines de la nôtre, nous avons recueilli le bénitier, intact qui était accroché au dessus du lit de nos parents. La ville de Vire était détruite à 90% suite aux bombardements alliés. Trois cent cinquante civils tués. Une page de notre vie était tournée définitivement
VENGEONS
Le séjour à Vengeons a duré un mois. Les Alliés s’approchaient inexorablement. Mon frère Jacques et moi fûmes réquisitionnés pour creuser des trous individuels le long de la route. Un soldat allemand nous offrit un morceau de pain.
A la ferme, nous avons creusé une tranchée le long d’un talus, elle était couverte de fagots de bois. A la fin de notre première nuit dans la tranchée, les premiers obus américains tombèrent sur le secteur.
C’était des tirs de harcèlement. Par prudence nous avons passé les nuits suivantes dans la maison. C’est là que vivaient les cinq Langlois, Berthe Lechonneaux l’ouvrière de notre mère. Nous fûmes rejoint rejoints par la famille Alexis, Georges capitaine à la retraite, sa femme Louise et leur fille Colette.
La guerre se rapprochait. Les tirs de harcèlement tuèrent 8 vaches et nous mettaient les nerfs à vif.
Dans les premiers jours d’août, une section de soldats allemands fit son apparition. Ils installaient une ligne téléphonique. Leur moral était bas. « on se bat pour les capitalistes », dit l’un d’eux à notre intention. Les Allemands nous firent comprendre qu’ils ne fallait pas couper la ligne téléphonique sinon… Nous faisions une partie de cartes, ils nous disent « vous les Français vous jouez aux cartes pendant que nous on se fait casser la gueule »
Le ravitaillement était en général difficile mais nous, nous disposions de lait, de beurre, de farine et d’œufs ce qui nous permettait de manger de la galette.
Une nuit un avion a lâché une bombe tout près à la Beaujardière. Cette bombe devait être de fort calibre à en juger par l’important cratère que causa son explosion. Pourquoi a-t’il lâché cette bombe à cet endroit ? Etait-il en difficulté.
Fallait-il partir ou rester ? Le capitaine Alexis opta pour le départ et pour aller en direction de Truttemer le Grand où s’étaient repliés les médecins de Vire avec du matériel de la clinique.
EXODE
Le 8 août , les Alexis, les Langlois et Berthe nous partons par un chemin creux en direction de Truttemer le Grand. En traversant la route de Vire à Mortain des balles nous sifflent à l’oreille, étaient-elles allemandes, américaines ou anglaises. Puis sur la route il y avait un groupe d’Allemands, fusil à la main, grenades à la ceinture et branches de camouflage sur le casque. Un attelage hippomobile était renversé sur la chaussée, le cheval avait été tué et entrait en putréfaction dégageant une odeur de charogne.
Nous empruntons une petite route qui nous mène dans les premières lignes allemandes. Les hommes tapis dans leur trou individuel nous font signe d’aller voir ailleurs. Dans un chemin creux nous trouvons quelques Allemands, l’un d’eux offre un harmonica à mon frère Michel .
Nous arrivons au château de Chaulieu occupé par un état major. Après vérification de nos identités, on nous laisse poursuivre notre chemin. Celui-ci nous conduit à Yvrandes où nous passons la nuit, dévorés par les puces. Pendant la nuit les troupes allemandes opéraient leur évacuation.
L’itinéraire du lendemain nous conduit à Chanu au terme de notre exode. Ce gros bourg de 1500 habitants abrite plusieurs milliers de réfugies.
Le curé, l’abbé Jamet avait organisé un restaurant du cœur dans la salle paroissiale.
Notre groupe se répartit dans plusieurs maisons. Je fis la connaissance du clergé de Tinchebray.
Un soir un Allemand me demande de prier avec lui, ce que je fis. Un gros char était garé contre l’église. Un atelier de réparation était aménagé en plein air sous les pommiers. Cette présence valut à ce village plusieurs nuits de bombardement par obus. Dans l’affaire, sept personnes dont le curé trouvèrent la mort.
Une section anglaise a traversé le bourg de Chanu avec à leur tète un joueur de cornemuse en kilt.
POST – FACE
Au cours de cette année août 1943 – août 1944 j’ai été exposé comme beaucoup d’autres à des dangers mortels . J’ai été et c’est une conviction profonde, visiblement protégé, voici comment.
Avant mon départ de Vire l’aumônier de l’Hospice Saint Louis, monsieur l’abbé Onfroy m’avait dit :
« Placez vous sous la protection de votre Ange gardien ». J’ai suivi son conseil dans les heures critiques.
Le 15 août, jour de l’Assomption, fut célébré dans un entrepôt, car la nef de l’église était effondrée.
L I B E R A T I O N
Le 16 août au matin on vit apparaître une auto-mitrailleuse et une chenillette.
Un officier anglais se présente et demande en Français « Où sont les boches ». Ils étaient partis nous étions LIBERES.
Saint-Sever le 19 – 02 – 2002
– L’abbé Yves Langlois a été très longtemps père curé de Saint Sever en Calvados et des paroisses environnantes. Grand randonneur devant l’éternel, toujours plein de vitalité, il nous en fait la démonstration en nous présentant son témoignage de réfractaire au STO . Malgré son handicap de malvoyant cette vitalité lui est restée avec ses 91 ans.
Cordialement
Albert
Par L’Abbé Yves Langlois
PRELIMINAIRES :
L’Allemagne en guerre avait un énorme besoin de main d’œuvre. Elle lança une campagne de recrutement. Comme le nombre des volontaires ne suffisait pas, elle procéda par mode de réquisition.
Début 1943, les jeunes gens des classes 40-41-42 furent recensés. Le médecin du Grand Séminaire de Bayeux nous fit passer une visite médicale et exempta la majorité des appelés.
En mai 1943, une contre visite (à CAEN) récupéra les exemptés. A partir de ce moment, nous tendions le dos. Les premières convocations arrivèrent au Séminaire en Juin. Trente-huit séminaristes seront requis.
L’APPEL :
En août 1943, j’étais en vacances à Vire. Dans la seconde quinzaine de ce mois, de retour à la maison, mes parents m’annoncèrent que l’ordre de réquisition m’attendait à la Gendarmerie. Je m’y rendis et revins à la maison avec ce document qui portait la mention : « se munir de vêtements pour l’Allemagne ». Mes camarades et moi allions vivre une expérience à laquelle le Séminaire ne nous avait pas préparés.
Au mois de juillet 1943, une amie d’enfance de ma mère et son mari les BEGUINET étaient en vacances à VIRE. Ils habitaient Mézières Charleville où Monsieur dirigeait une petite usine. Il m’offrit une « planque ». et il était en mesure de me fournir de faux papiers. J’avais une autre « planque en vue ». Par précaution, j’acceptais sa proposition. C’est ainsi que je pris le train pour une destination connue où j’allais connaître une mauvaise surprise. Les premiers jours furent agréables. J’étais considéré comme l’enfant de la maison.
J’avais apporté 3 cartes d’identité vierges, avec la photo de leurs destinataires : mon frère Jacques, mon cousin Bernard et un résistant de Vire, René CHATEL .
Mon logeur avait posé les cartes en évidence sur son bureau.
L’ARRESTATION :
Huit jours après mon arrivée, à la fin du repas de midi, un coup de sonnette se fit entendre. Entrèrent un officier allemand et un civil (interprète). L’allemand procéda à une perquisition sommaire et rafla les 3 cartes d’identité. Puis il intima à mon logeur l’ordre de faire sa valise et de le suivre. Ce fut ma première grande peur. Le lendemain, je reprenais la direction de la Normandie avec escale à PARIS laissant Madame BEGUINET en proie à une grande inquiétude. Son mari avait « bricolé » ma vraie carte d’identité de façon trop voyante. Je ne tenais pas à la présenter à un contrôle allemand.
Monsieur BEGUINET fut tiré de prison par le directeur de la Société, propriétaire de l’usine qui travaillait pour l’Allemagne. Il fut libéré, mais surveillé. A la libération, ses états de service dans la Résistance lui valurent d’être élu conseiller municipal.
SAINT HYMER :
J’arrivai à St HYMER sans encombre où le curé, Monsieur l’Abbé FLAMBARD m’accueille aimablement. (Je l’avais connu professeur à St Jean Eude à Vire). Sitôt arrivé, je quittai la soutane, pour entrer dans la peau d’un ouvrier agricole. Le lendemain, je me rendais à la Mairie. Le secrétaire, Monsieur CHEDOT instituteur, me confectionna ma nouvelle identité. Je m’appelai LEMAITRE, j’étais né en 1924 à St VALERY-en-CAUX. Pourquoi cette localité ? Parce que la mairie et ses archives avaient brûlé en 1940. Le presbytère était en plein travaux. Il y avait en outre une récolte de pommes abondante. Trois semaines après, vers la mi-septembre, Monsieur Patin, cultivateur à BEAUMONT en AUGE vint me chercher pour me conduire chez mon nouvel employeur.
VAUVILLE :
Nous arrivâmes à VAUVILLE route de Touques à Varaville chez Mme Louis DELAMARE. J’étais chez un ancien croupier du casino de Deauville. Il habitait une superbe maison à colombages, domaine de 8 hectares. Là, je fus employé à ramasser des pommes, à arracher la menthe sauvage et à jardiner. C’était un bon gîte, une bonne table et une bibliothèque où je découvris les œuvres de J. de la Varende un coin idéal pour passer inaperçu.
Note :
Les DELAMARE avaient 2 fils : Louis et Charles. Louis était étudiant à Caen et était membre de la Résistance. Il participera à la libération de Trouville-Deauville. Il fut une carrière dans la diplomatie. Il fut assassiné au Liban à Beyrout, en qualité d’ambassadeur de France.
« VACANCES à LISIEUX »
Fin décembre 1943, j’étais à ST HYMER. Mes mains non aguerries aux travaux agricoles, un phlegmon se déclara à la main gauche. Le médecin de Pont-Lévèque m’envoya à Lisieux pour une intervention chirurgicale. Je fus admis à la Clinique des Buissonets sous mon faux nom. Le docteur Berton m’incisa la base des doigts, sans abîmer les tendons. Je fus hébergé pendant quelques jours par la famille d’un confrère de Séminaire les Houlettes. Ceux-ci m’offriront une nouvelle « planque »au cas où il me faudrait changer d’air. Je profitais de ce séjour pour aller au Séminaire – nouveau – de la Mission de France. L’ambiance était extraordinaire, un enthousiasme digne des « Actes des Apôtres ». Puis, je rentrais à St Hymer où une surprise désagréable m’attendait.
OTAGE :
A mon retour, j’appris qu’il me fallait aller à la Mairie pour une formalité. (Peut-être, le recensement de la classe 44 ?) Je me présente après la classe, mais l’instituteur, secrétaire de mairie, venait de partir pour distribuer des tickets d’alimentation dans une commune voisine. Son épouse m’invita à revenir vers 20 heures. En ce début de janvier 1944 la nuit était noire. Pas une lumière pour me guider, sinon un boîtier électrique alimenté par une pile. Je frappe à la porte et j’entre….accompagné de deux individus invisibles dans le noir. J’avais un revolver braqué sur mes côtes : J’étais otage !
Ces brigands venaient dérober les tickets d’alimentation. Ils prirent ceux qui n’avaient pas été distribués, coupèrent le fil du téléphone et disparurent dans la nuit.
On alla téléphoner au café du village pour appeler les gendarmes de Pont-Lévèque. Ils arrivèrent une heure plus tard, à vélo. Ils recueillirent les témoignages de Madame Chedot et le mien puis ils partirent me priant de passer à la brigade.
Le lendemain j’étais à la brigade, le chef prit ma déposition. C’est alors que je pris le risque de lui dire qui j’étais réellement. Au moment de signer il me demanda « Le vrai nom ou le faux ». Je réponds « Le faux car je suis dans une fausse situation » Ainsi fut fait.
SAINT PIERRE DES IFS :
En janvier 1944 je reviens à Vauville. Mon employeur Monsieur Delamare m’informa que les Allemands cherchaient de la main-d’œuvre pour le chantier du mur de l’atlantique et que pour parvenir à leurs fins ils organisaient des rafles de jeunes. A vol d’oiseau Vauville est à cinq kilomètres de la côte. Il devenait prudent de changer d’air. Je prévins donc mon contact à Lisieux.
Je débarquai à Lisieux le 19 mars 1944. Mon nouvel employeur vint me prendre à l’institution Frémont.
Monsieur Bardel, marié, trois enfants, Colette, Jean-Paul et Françoise, exploitait la ferme de la Motte près du tunnel du même nom à Saint Pierre des Ifs. Un deuxième réfractaire vint me rejoindre deux semaines plus tard. Mes connaissances professionnelles s’enrichissent de nouvelles expériences. J’appris à traire une vache, à panser et atteler un cheval. La ferme ne voyait pas de visiteurs, 800 mètres la séparait de la route Lisieux-Falaise.
Le mois de mai fut marqué par la communion solennelle du fils. A deux reprises le soir, je vis passer des V1 lancés au moyen d’une rampe de lancement construite près de Livarot.
Puis ce fut le débarquement. Le soir du 6 juin une escadrille américaine procéda à un premier bombardement. Pendant la nuit, les avions bombardèrent à nouveau. Le ciel bas était tout rouge à cause des incendies, Lisieux possédant des maison à pans de bois.
Le 7 juin, dernier bombardement à la mi journée.
A la ferme, nul n’imaginait ce qui se passait. Les postes de radio avaient été confisqués par ordre des Allemands. Monsieur Bardel allait tous les jours à Lisieux porter ses enfants à l’école. Les filles allaient chez les sœurs de Notre Dame, le fils à Frémont. Les 26 sœurs du pensionnat vinrent se réfugier à la ferme. Il fallut aménager leur installation. Avec deux attelages, Monsieur Bardel, Philippe Brard (le second réfractaire) et moi allions tous les jours à Lisieux. Nous laissions les attelages route de Falaise et, à travers les ruines , nous allions au pensionnat pour ramener matelas, couvertures et ravitaillement.
Note : La famille Bardel a quitté le Normandie pour s’installer dans l’Allier. Depuis, plus de novelles.
Nous déjeunions dans le sous-sol inondé avec ce que nous trouvions : biscuits, conserves et une bonne bouteille de vin. La présence de cette communauté religieuse nous valait d’avoir la messe à domicile. En effet les professeurs de Frémont, prêtres diocésains étaient au chômage . Parmi eux , le Père Lebosquain, économe, me fit part de son désir de regagner le Bocage et me demanda si j’étais partant. Cela tombait bien, un courrier de ma mère m’invitait à rentrer !
RETOUR EN BOCAGE
A la fin de la première semaine de juillet, l’abbé Lebosquain m’apporta une soutane que je revêtais et sac au dos nous prîmes la route.
Les routes étaient désertes, parfois un véhicule allemand dans un fossé inondé. Nous faisions étape dans les presbytères Ammeville , Le Mesnil-Villemmen, Saint Germain du Crioult. C’est dans ce dernier village que résidait l’abbé Xavier Choupault, un expert en liturgie. C’était une soirée d’été radieuse. Etendu sur mon lit j’entendais l’abbé chanter l’hymne des vêpres de la Dédicace « Ville du ciel, Jérusalem, bienheureuse vision de PAIX » Et il chantait cela au son du canon dont le roulement s’entendait depuis la région de Caen. Nous nous séparâmes l’abbé Lebosquain et moi à Viessoix.
Seul, je continuais ma route. Le soir, je reçu l’hospitalité de monsieur Jean Chatel au clos Fortain. Et le lendemain je me rendais au presbytère de Saint Germain de Tallevende où je retrouvais des Virois, le curé de Sainte Anne, le Chanoine Heroult et sa famille. C’est là que j’ai détruit mes faux papiers. A la mairie on me remit une attestation par laquelle j’avais perdu mes papiers dans l’incendie de Vire où je ne résidais pas. En ce temps là, mentir était une condition de survie.
J’appris alors que mes parents et mes frères étaient réfugiés à Vengeons chez les David, au lieu dit La Rigoulière ou la Beaujardière. J’arrivais à point pour fêter en famille mon vingt-troisième anniversaire.
Peu après mon retour, je suis allé à Vire avec mon frère Jacques. Toutes les maisons de la place nationale avaient brûlé. Dans les ruines de la nôtre, nous avons recueilli le bénitier, intact qui était accroché au dessus du lit de nos parents. La ville de Vire était détruite à 90% suite aux bombardements alliés. Trois cent cinquante civils tués. Une page de notre vie était tournée définitivement
VENGEONS
Le séjour à Vengeons a duré un mois. Les Alliés s’approchaient inexorablement. Mon frère Jacques et moi fûmes réquisitionnés pour creuser des trous individuels le long de la route. Un soldat allemand nous offrit un morceau de pain.
A la ferme, nous avons creusé une tranchée le long d’un talus, elle était couverte de fagots de bois. A la fin de notre première nuit dans la tranchée, les premiers obus américains tombèrent sur le secteur.
C’était des tirs de harcèlement. Par prudence nous avons passé les nuits suivantes dans la maison. C’est là que vivaient les cinq Langlois, Berthe Lechonneaux l’ouvrière de notre mère. Nous fûmes rejoint rejoints par la famille Alexis, Georges capitaine à la retraite, sa femme Louise et leur fille Colette.
La guerre se rapprochait. Les tirs de harcèlement tuèrent 8 vaches et nous mettaient les nerfs à vif.
Dans les premiers jours d’août, une section de soldats allemands fit son apparition. Ils installaient une ligne téléphonique. Leur moral était bas. « on se bat pour les capitalistes », dit l’un d’eux à notre intention. Les Allemands nous firent comprendre qu’ils ne fallait pas couper la ligne téléphonique sinon… Nous faisions une partie de cartes, ils nous disent « vous les Français vous jouez aux cartes pendant que nous on se fait casser la gueule »
Le ravitaillement était en général difficile mais nous, nous disposions de lait, de beurre, de farine et d’œufs ce qui nous permettait de manger de la galette.
Une nuit un avion a lâché une bombe tout près à la Beaujardière. Cette bombe devait être de fort calibre à en juger par l’important cratère que causa son explosion. Pourquoi a-t’il lâché cette bombe à cet endroit ? Etait-il en difficulté.
Fallait-il partir ou rester ? Le capitaine Alexis opta pour le départ et pour aller en direction de Truttemer le Grand où s’étaient repliés les médecins de Vire avec du matériel de la clinique.
EXODE
Le 8 août , les Alexis, les Langlois et Berthe nous partons par un chemin creux en direction de Truttemer le Grand. En traversant la route de Vire à Mortain des balles nous sifflent à l’oreille, étaient-elles allemandes, américaines ou anglaises. Puis sur la route il y avait un groupe d’Allemands, fusil à la main, grenades à la ceinture et branches de camouflage sur le casque. Un attelage hippomobile était renversé sur la chaussée, le cheval avait été tué et entrait en putréfaction dégageant une odeur de charogne.
Nous empruntons une petite route qui nous mène dans les premières lignes allemandes. Les hommes tapis dans leur trou individuel nous font signe d’aller voir ailleurs. Dans un chemin creux nous trouvons quelques Allemands, l’un d’eux offre un harmonica à mon frère Michel .
Nous arrivons au château de Chaulieu occupé par un état major. Après vérification de nos identités, on nous laisse poursuivre notre chemin. Celui-ci nous conduit à Yvrandes où nous passons la nuit, dévorés par les puces. Pendant la nuit les troupes allemandes opéraient leur évacuation.
L’itinéraire du lendemain nous conduit à Chanu au terme de notre exode. Ce gros bourg de 1500 habitants abrite plusieurs milliers de réfugies.
Le curé, l’abbé Jamet avait organisé un restaurant du cœur dans la salle paroissiale.
Notre groupe se répartit dans plusieurs maisons. Je fis la connaissance du clergé de Tinchebray.
Un soir un Allemand me demande de prier avec lui, ce que je fis. Un gros char était garé contre l’église. Un atelier de réparation était aménagé en plein air sous les pommiers. Cette présence valut à ce village plusieurs nuits de bombardement par obus. Dans l’affaire, sept personnes dont le curé trouvèrent la mort.
Une section anglaise a traversé le bourg de Chanu avec à leur tète un joueur de cornemuse en kilt.
POST – FACE
Au cours de cette année août 1943 – août 1944 j’ai été exposé comme beaucoup d’autres à des dangers mortels . J’ai été et c’est une conviction profonde, visiblement protégé, voici comment.
Avant mon départ de Vire l’aumônier de l’Hospice Saint Louis, monsieur l’abbé Onfroy m’avait dit :
« Placez vous sous la protection de votre Ange gardien ». J’ai suivi son conseil dans les heures critiques.
Le 15 août, jour de l’Assomption, fut célébré dans un entrepôt, car la nef de l’église était effondrée.
L I B E R A T I O N
Le 16 août au matin on vit apparaître une auto-mitrailleuse et une chenillette.
Un officier anglais se présente et demande en Français « Où sont les boches ». Ils étaient partis nous étions LIBERES.
Saint-Sever le 19 – 02 – 2002
– L’abbé Yves Langlois a été très longtemps père curé de Saint Sever en Calvados et des paroisses environnantes. Grand randonneur devant l’éternel, toujours plein de vitalité, il nous en fait la démonstration en nous présentant son témoignage de réfractaire au STO . Malgré son handicap de malvoyant cette vitalité lui est restée avec ses 91 ans.
Cordialement
Albert
Aldebert- Caporal-chef
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Re: Tranches de vie II
Merci Aldebert de ce témoignage.
Narduccio- Général (Administrateur)
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Date d'inscription : 05/10/2006
Re: Tranches de vie II
Bonjour,ghjattuvolpa* a écrit:. Les paysans profitaient au maximum des réfugiés et faisaient payer très cher les verres d'eau.
Bien que cette contribution soit assez ancienne j’y ai répondu mais peut être un peu trop précipitamment.
En effet je viens de lire dans un texte de R.L. Bruckberger. Ce fameux dominicain qui était en 1940 sergent chef dans les corps francs avec Darnand. Il raconte la retraire qu'il effectue avec ses hommes dans la région de l’Oise.
Je cite « Pour boire nous entrons dans une grande cour de ferme où il y a une pompe. Un paysan, seul, et qui n’est pas parti, fait payer un franc chaque gobelet d’eau. Je refuse net de payer pour moi et mes hommes. Et comme le type devient très insolent avec les vaincus, sans que j’aie dit un mot, derrière moi un homme met le paysan en joue et l’abat d’une seule balle, presque à bout portant, entre les yeux. Le cadavre encombre l’accès de la pompe, deux hommes le jettent sur le tas de fumier. Nous reprenons la route »
Cordialement
Albert
Aldebert- Caporal-chef
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Date d'inscription : 24/07/2010
Re: Tranches de vie II
Bonjour,
Merci albert pour cette tranche de vie, bravo pour ton temoignage. Au moins celui-ci restera gravé grace au forum et les souvenirs sur cette période pourrons perdurer pour les générations à venir
eric
Merci albert pour cette tranche de vie, bravo pour ton temoignage. Au moins celui-ci restera gravé grace au forum et les souvenirs sur cette période pourrons perdurer pour les générations à venir
eric
ecri60- Caporal
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