salut à tous

Salut à toi et bienvenue sur ce forum dédié à la SGM. En parlant division Charlemagne, mon père m'a montré quand j'étais gamin, un petit vieux qui s'était engagé dans cette division alors qu'il avait une vingtaine d'année. Même dans les années 1970, il vivait encore comme un proscris dans un petit patelin près d'Arras. Personne ne lui parlait et il recevait des courriers de menaces. Mon père qui le connaissait au moment de son acte de volontariat m'a raconté son histoire. Ca m'avait vraiment intéressé.

Je peux la raconter quoiqu'il n'y ait pas énormément à dire. Je tairais pour l'instant son identité. Ce jeune homme était originaire de Guémappe, petit village à 6km au sud-est d'Arras. Son père était comme nombre de français ancien combattant de 14-18 et fidèle au Maréchal mais sans plus. En 1944, mon père avait onze ans et connaissait bien le jeune homme en question qui se prénommait Jules. Il n'a jamais sû réellement ce qui l'avait poussé dans sa démarche pour intégrer les armées du Reich. Apparemment il a d'abord intégré la LVF puis à versé dans la 33ème division SS de grenadiers volontaires (alias Charlemagne). Sa famille en désaccord avec son engagement ne fut jamais inquiétée tant que la région fut sous domination allemande. L'affaire s'est corsée en juillet 1944 avec l'exécution sur le territoire de Guémappe de deux résistants. C'est une sombre histoire bien connue ici. Un message émanant d'on ne sait précisémment où s'est répandu dans le secteur comme quoi les FFI devaient se regrouper dans la Région des Ardennes afin de monter un groupe puissant capable de harceler les allemands qui reculaient. Les hommes se mirent en route par petits groupes de deux ou trois, à bicyclette parfois mais souvent à pied. La plupart étaient du secteur d' Arras, de Lens, de Liévin et beaucoup étaient des mineurs de fond. Bizarrement en ce mois de juillet, ces petits groupes étaient filés par la gestapo et beaucoup furent arrêtés (souvent au cours d'une pause déjeuner) et bien que la plupart de ces hommes ne fut pas armée, ils furent exécutés sur le champ. Ce fut le cas sur le territoire de Guémappe. Deux hommes furent interceptés par une section de SS et exécutés sur le bord de la route. L'un d'entre eux était le lieutenant FFI HENRI Charles, originaire de Marles les Mines et âgé de 19 ans. Les deux FFI furent inhumés dans la commune et il y eut beaucoup d'émotions lors de la cérémonie et les sentiments anti-allemands s'amplifièrent, la libération prochaine se faisant sentir. A partir de ce moment, les parents de Jules commençèrent à recevoir des lettres de menaces de mort et des petits cercueils en bois. Dans ce contexte Jules fit son apparition dans le village sur la fin du mois d'août, certainement lors d'une courte permission. Mon père le rencontra dans le village, il était en uniforme. Jules qui le connaissait bien lui dit :

- "Tiens mais c'est le petit Henri, comment vas-tu?".

Mon père lui tourna le dos sans lui répondre, agacé par la vue de l'unifore et surtout parce que ceux qui s'adressaient à lui étaient considérés comme des pestiférés dans le village. Le père de Jules eut un long entretien avec son fils. Les britanniques arrivaient dans la région et la Guard Division, désireuse de prendre sa revanche sur la bataille du 21 mai 40, pointait déjà les freins de bouche de ses firefly aux portes d'Arras. Aussi, il lui remit une forte somme d'argent en lui faisant promettre d'enterrer son uniforme dans le bois du village et de quitter les lieux pour aller se refaire une virginité dans une autre région. Jules prit l'argent, quitta sa famille et Guémappe mais repartit pour l'Allemagne. Lors de la libération sa famille fut un peu mollestée, menacée, elle continuera jusqu'en 45 à recevoir des petits cercueils. Jules sera fait prisonnier en Poméranie par des polonais et sera détenu de longues années. Sur la fin des années 50, il sera employé à Paris dans un garage Renault ou Peugeot (je ne sais plus très bien) où oeuvraient principalement des anciens volontaires de l'armée allemande. Il reviendra à Guémappe dans les année 60. Le comportement des gens à son égard ne changera pas. Il vivra alors reclus, tel un clochard en limite du bois et du marais, dans une petite cabane. Il y aura même une histoire où interviendront les gendarmes, car il aurait volé une paire de chaussure appartenant à son père qu'il ne voyait plus. Sa soeur serait venue à la cabane avec la maréchaussée pour les récupérer... C'est à cet endroit que je l'ai aperçu, j'étais un tout jeune garçon et quand je me suis renseigné pour savoir qui il était, mon père m'a raconté son histoire. Il a quitté par la suite le village, je ne l'ai jamais revu...

Voilà, vous voyez rien de captivant, juste des souvenirs qu'un père a trasmis à son gosse (chance pour lui, le gosse en question était déjà passionné par les deux guerres mondiales !)