La Fille d'un des Commandants d'Auschwitz parle...

Pour la première fois, Barbara Cherish, fille d'Arthur Liebehenschel, un des Kommandant d'Auschwitz, parle...

http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/8210135.stm

Si j'en crois l'article que tu cites, le livre rédigé par cette dame semble assez balancé, encore que rédigé essentiellement sur des témoignages, si je comprends bien.

Par ailleurs, le témoignage de la personne rends bien compte du mailaise éprouvé par de nombreux enfant des criminels nazis vis-à-vis des actes commis par leurs parents. L'autre alternative étant de tous nier en bloc voire de glorifier le père, comme l'a fait Gudrun Burwitz, fille de Heinrich Himmler.

Pas facile à porter, en tout cas. Sans compter les dommages intimes dans la relation père-fille, les non-dits, les regards des autres...

D'après sa filleson père aurait essayé d'améliorer la conditions des prisonniers, si le sujet était amusant, ce serait à hurler de rire.

Difficile à considérer d'un point de vue moral. Il est toujours gênant de porter un avis là dessus, parce qu'il est naturel qu'elle porte de l'affection si ce n'est de l'amour vis-à-vis de son père. Quant à savoir s'il a réellement essayé d'améliorer un tant soit peu les conditions de détention des déportés, encore faudrait-il avoir les minutes du procès sous les yeux pour savoir ce qu'un ou plusieurs ex déportés ont pu dire. On ne peut pas lui reprocher de vouloir avoir une image de son père moins ignoble de ce qu'il a été -ça ne la regarde qu'elle, au sens ou il n'est sûrement pas aisé de vivre en se sachant fille d'un bourreau et criminel contre l'humanité-. En revanche, essayer d'en convaincre autrui, c'est non seulement déplacé mais de plus dangereux pour des raisons politiques... D'une manière générale, c'est ce type d' "officier" qui a contribué à maintenir le fonctionnement des camps. Ils ne sont pas opposés, ne se sont pas tiré une balle dans la tête ou n'ont même pas demandé une affectation dans une unité combattante.

C'est assez étrange qu'Eddy nous parle de cela aujourd'hui parce que ce matin j'ai reçu dans ma boîte au lettre deux prospectus des éditions Delibreo (établies au pays d'adoption de notre Baugnez). Le premier s'appelle "Auschwitz en héritage" qui mentionne l'expérience des camps qu'à vécue une femme -alors âgée de 16 ans- qui est passé par Theresienstadt, Birkenau, Hambourg et Bergen-Belsen. Elle a d'ailleurs été photographiée par un ss durant sa détention. Elle a été libérée par la 2e armée britannique, clouée sur une paillasse, pesant 30 kg, à bout de forces. Le deuxième se nomme "Vous, vous savez, mais moi je ne sais pas". C'est une série de questions à un survivant de la Shoah -Sigmund Toman, mort juste avant la publication du livre- au gré desquelles il témoigne de la force et l'énergie qu'il a eues pour survivre à l'enfer concentrationnaire.

Un des oncles par alliance de mon épouse avait été envoyé à Auschwitz.Je l'avais un peu interrogé car j'étais l'un des seuls de la famille avec qui il en parlait......J'en ai conservé un souvenir empreint d'un certain malaise :ses souvenirs étaient "impersonnels" ,on aurait dit des phrases tirées d'un livre,des images racontées partout...Hormis la faim(il pensait ne jamais revoir un morceau de sucre et semblait faire une fixation là-dessus) et le fait de devoir toujours courir.rien ne semblait être" son" souvenir ...... Je me suis demandé si le syndrome de Stockholm a bien pu exister entre bourreaux et victimes...."Ils ne pouvaient pas agir autrement,m'a-t-il dit un jour ,parce qu'eux mêmes auraient été aussi mis à mort"....étrange

Bonjour, si certains sont intéressés, je peux faire une traduction de l'article.

Le déni est souvent le mécanisme de défense le plus approprié pour la descendance de criminels nazis. Cela permet de se déculpabiliser aux yeux du monde et de l'opinion. Ce qui rend le déni plus difficile à accepter, c'est lorsqu'il est associé à ce sentiment qu'il était moins pire que l'autre. La fille de ce criminel essaie d'atténuer les actes de son père. Mais cela ne change rien à ce qui c'est passé. C'est certains qu'on ne peut pas la blâmer d'être la fille de mais c'est comme çà il faut essayer d'accepter d'où l'on vient et ce n'est pas évident!!!!

bandofbrother a écrit:Le déni est souvent le mécanisme de défense le plus approprié pour la descendance de criminels nazis. Cela permet de se déculpabiliser aux yeux du monde et de l'opinion. Ce qui rend le déni plus difficile à accepter, c'est lorsqu'il est associé à ce sentiment qu'il était moins pire que l'autre. La fille de ce criminel essaie d'atténuer les actes de son père. Mais cela ne change rien à ce qui c'est passé. C'est certains qu'on ne peut pas la blâmer d'être la fille de mais c'est comme çà il faut essayer d'accepter d'où l'on vient et ce n'est pas évident!!!!

Effectivement. Et je pense que le problème est nettement plus complexe que ne peut le suggérer un observateur extérieur regardant "objectivement" les deux côtés. Les souvenirs de cette femme sont ceux du père aimant et protecteur, et forment la base archaïque de son système de référence. La découverte et la compréhension des crimes du même homme viennent plus tard, lorsque la personalité est déjà formée... L'émotionnel et l'affectif demeurent enracinés à jamais. Ne reste plus que l'intellect pour gérer la situation...

et ce n'est pas évident!!!!

comme tu le remarque justement.

Eddy

Je trouve presque ça inutile que la fille d'un des Commandants d'Auschwitz parle maintenant.
Qu'apprendrons-nous de nouveau ?
Ça sent vraiment la fille qui veut faire pleurer dans les chaumières.
Les plus grands criminels nazis étaient des individus incroyablement "bons" dans le cercle familial. Ceci étant, une fois l'uniforme mis, ils étaient capables de tout pour mener à bien leur "mission".
Maintenant, en effet, le côté "fille de" et ce qui en découle peut être intéressant à étudier.
La fille de Klaus Barbie n'a su que très tard que son père avait été un des pires tortionnaire de la Gestapo.

Jules a écrit:Je trouve presque ça inutile que la fille d'un des Commandants d'Auschwitz parle maintenant.
Qu'apprendrons-nous de nouveau ?
Ça sent vraiment la fille qui veut faire pleurer dans les chaumières.

Salut Jules;

Je pense que tout témoignage est utile au "monde des idées", et ne peut qu'affiner ou confirmer notre compréhension des aspects psychologiques de ces évènements uniques dans l'Histoire.

Jules a écrit:Les plus grands criminels nazis étaient des individus incroyablement "bons" dans le cercle familial. Ceci étant, une fois l'uniforme mis, ils étaient capables de tout pour mener à bien leur "mission".

Ce "doublement" (pas dédoublement) de la personnalité chez les tueurs et docteurs nazis - où le père "aimant" se transforme le jour en "tueur" par nécéssité d'adaptation à l'univers nazi (où un comportement "aimant" serait disfonctionnel), avant de rentrer à la maison et de remettre au vestiaire le comportement "fonctionnel", c'est à dire "nazi" - est un sujet de psychologie beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Un livre brillant à ce sujet : "Les Médecins Nazis et la mentalité Génocidaire" de Robert Jay Lifton.

Eddy

Les plus grands criminels nazis étaient des individus incroyablement "bons" dans le cercle familial. Ceci étant, une fois l'uniforme mis, ils étaient capables de tout pour mener à bien leur "mission".

J'ai lu le livre de rudolf hoess "le Commandant d'Auschwitz Parle": il décrivait un certain dégoût de ce qu'il pouvait voir dans les chambres à gaz et autres salles de torture mais cependant c'était comme plus fort que lui oui à cause de l'uniforme et de la parole en vers hitler.
Hoess à choisit sa carrière militaire après avoir longuement hésité à embrasser une carrière religieuse!!! çà aurait été préférable!!!!

Hoess à choisit sa carrière militaire après avoir longuement hésité à embrasser une carrière religieuse

une carrière de cultivateur il me semble...