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Une question de responsabilité...

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Message  eddy marz 26/3/2008, 09:43

Si les enquêtes menées depuis plus de soixante ans ont considérablement affiné notre compréhension des rouages de la Solution Finale en général, aucune n’a pu résoudre de manière définitive la question de la responsabilité de Hitler. Au contraire, plusieurs théories se sont développées au fil des années, bousculant l’hypothèse généralement admise lui attribuant le rôle initiateur, créant de ce fait, au sein même de la communauté des chercheurs, une controverse a priori insoluble.

Quoique conduites, dans leur grande majorité, de façon objective, ces études sont obligatoirement teintées des partis pris, critères personnels, couleur politique, ou préjugés divers de leurs auteurs. Par conséquent, les conclusions tirées de l’analyse du sujet par le biais d’un angle spécifique ne pouvaient qu’aboutir à des postulats divergents, et condamnés à le demeurer à moins que n’émerge quelque nouvel indice ; éventualité désormais peu probable.

Pour les historiens favorables à une interprétation intentionnaliste, l’extermination fut l’exécution rationnelle de plans médités de longue date par Hitler. Les apôtres de la théorie fonctionnaliste défendent l’idée d’un dictateur « faible », dépassé par une bureaucratie complexe et anarchique, mais dont les « prophéties » auraient avalisé des décisions prises à son insu, justifiant a posteriori les actes d’adjoints zélés, soucieux de travailler « en direction du Führer » (Ian Kershaw : « Hitler 1936-1945 ; Némésis ») D’autres encore, comme le révisionniste David Irving, interprètent l’absence de directives formelles comme preuve dégageant Hitler de toute responsabilité, suscitant, là aussi, d’amères polémiques. Il semble peu probable, voire impossible, qu’Himmler, et Heydrich jusqu’en mai 1942, aient pu déclancher une opération d’une telle envergure de leur propre initiative, et plus vraisemblable tend à renforcer l’hypothèse, solidement argumentée par l’historien Gerald Fleming, que ces omissions soient le fruit de la détermination et de la ruse de Hitler (Fleming, Gerald. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984). Il ne fait aucun doute qu’il ne souhaitait pas que son nom soit associé à la Solution Finale, et qu’il dissimula délibérément sa responsabilité personnelle. Déjà, au démarrage du programme d’euthanasie, Hitler avait prévenu Philip Bouhler que « la Chancellerie du Führer ne doit sous aucun prétexte être perçue comme étant active dans cette affaire ».

Quant à Himmler, la Solution Finale sera toujours pour lui source de conflits intérieurs. Il n’est même pas réellement antisémite ; élevé dans un catholicisme strict, ses préjugés à l’égard des Juifs sont plutôt ancrés dans l’antijudaïsme ‘religieux’ institutionnel des XVIIIe et XIXe siècles, et une haine farouche du communisme ; il ne partage pas les obsessions pathologiques de son idole, Adolf Hitler et, indiscutablement (comme les documents et témoignages divers en témoignent) une partie de lui répugne à la tâche. Petit-bourgeois propret, à la fois prude, romantique, et borné, son ambition est de créer un territoire ouvert à la colonisation, dont les Juifs et les Slaves auraient été dépossédés ; pour lui la « solution » reste l’expulsion – le concept d’élimination physique de l’adversaire est une « méthode bolchevique », indigne de l’esprit Allemand. C’est donc probablement avec des sentiments partagés qu’Himmler s’embarque, en 1943, pour une série de discours dans le Warthegau, à Posen (Poznan) ainsi que dans d’autres lieux de garnison. Les discours prononcés les 4 et 6 octobre à Posen (Poznan), respectivement devant une assemblée de Gruppenführers SS puis à une convention de Reichsleiters et de Gauleiters sont les plus connus et revêtent une importance capitale. Non seulement parlent-ils ouvertement de l’extermination des Juifs dans la tentative bien réelle de rassurer les cadres de la Solution Finale quant à la légitimité de leur mission, il exprime également l’ambivalence des sentiments du Reichsführer sur la question :

« […] Être passé par là, et en même temps, sous réserve des exceptions dues à la faiblesse humaine, être resté un homme correct, voilé qui nous a endurcis. […] Ceci est une page glorieuse de notre histoire qui n’a jamais été écrite et qui ne le sera jamais ».

Bien qu’assumant la tâche « glorieuse » qui lui a été confiée, il tentera toujours, sinon de s’en dissocier, de la justifier. À plusieurs reprises Himmler se défendra d’avoir agi selon un « ordre ». À la mi-juillet 1942, lorsque débutent les plus importantes opérations d’exterminations, le Gruppenführer SS Gottlob Berger, Chef du SS-Hauptamtes (Direction Centrale SS) et expert en sélection raciale, l’aborde sur la nécessité de définir le terme « Juif » et se fait rembarrer : « […] Tous ces règlements idiots ne réussiront qu’à nous lier les mains » et, apparemment accablé, ajoute :

« Le Führer m’a chargé de l’exécution de cet ordre très difficile. Personne ne peut me soulager de cette responsabilité » (Himmler au Gruppenführer SS Gottlob Berger, 28 juillet 1942 ; RG 238, US National Archives).

Si Hitler, à quelques heures de sa mort, continue dans son « Testament Politique » à haranguer l’humanité contre les Juifs – restant ainsi fidèle à ce qu’il avait toujours prôné, il n’en est pas de même d’Himmler. Lors de son arrestation, il est interrogé par le Colonel Murphy et s’exclame « suis-je responsable des excès de mes subordonnés ?! ». Il semble bien qu’à ce dernier moment l’homme Heinrich Himmler tente désespérément de se dissocier de son alter ego : le Reichsführer SS. En slip et enroulé d’une couverture, il se suicide quelques minutes plus tard.

Ce constat entraîne bien entendu une multitude de questions assez complexes sur les motivations, réactions, et attitudes des nombreux participants aux crimes de guerre et crimes contre l'humanité, qui ne peuvent être balayés comme le simple fruit d'une "folie homicide globale" comme la correction politique en vigueur voudrait nous le faire digérer. Bien que nombre d'entre eux avaient une mentalité criminelle (à peu près dans les mêmes proportions que dans la société normale - voir mes deux messages dans le sujet 'comment devient-on un assassin : Wirth & Globocnik), chaque membre des Einsatzgruppen, des bataillons de Police, ou des personnels des camps étaient des individus à part entière, père, fils, frère, mari de quelqu'un... comme nous. Que s'est-il passé?

Vos analyses, pensées, commentaires ? (I'm interested)

Cheers
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Message  Invité 26/3/2008, 17:58

Tu me laisseras le temps de répondre stp, mais je ne doute pas que certains le feront avant moi. Une chose déjà: cet exposé me paraît assez confus. Que les personnes qui ont participé ou collaboré, contraintes ou volontaires, à la solution finale aient eu des états d'âmes ne change pas grand chose.
En ce qui concerne l'état d'esprit de certains acteurs, je ne peux que conseiller "Des hommes ordinaires, le 101e bataillon de réserve, etc." de Browning.

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Message  Baugnez44 26/3/2008, 18:23

Difficile d'expliquer exactement ce qui s'est passé. Je serais assez tenté de dire que le nazisme a trouvé en Allemagne un terreau peut-être plus fertile qu'ailleurs. Les idées Völkish - teintées d'un nationalisme exacerbé et romantique et d'un antisémistisme radical - ont, je pense préparé les esprits les plus faibles à ce qui s'est passé.

Le système nazi, par essence criminel est parvenu à gommer la conscience morale de nombreux Allemands (qui, effectivement étaient des individus à part entière, père, fils, frère, mari de quelqu'un... comme nous) et à effacer les repères habituels (religion, morale, etc...) pour y substituer d'autres.

Et même si la "folie homicide globale" ne paraît pas une explication suffisante, il me semble qu'il ne faut cependant pas sous-estimer l'effet de foule qui semble avoir eu un indéniable effet d'entraînement. Je vais risquer une comparaison peut-être un peu osée. Toutes proportions gardées, c'est un peu la même chose qui se produit lorsque dans un stade un citoyen apparemment normal se mue soudain et sans raisons apparentes en hooligan. Cela dit, tous les hooligans ne sont pas de citoyens normaux. De la même façon il est clair que pour certains Allemands le régime nazis fut une opportunité de satisfaire des pulsions criminelles et/ou sadiques en toute "légalité".

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Message  eddy marz 26/3/2008, 21:33

Hello LSR and Baugnez 44;

Oui, j'ai lu "Des hommes ordinaires, le 101e bataillon de réserve, etc." de Browning, il y a plusieurs années déja (lors de sa sortie US), et le livre confirme bien que l'on peut faire faire n'importe quoi à n'importe qui. Et NON, je ne pense pas que c'étaient des gens biens. Tu estimes (LSR) que "Que les personnes qui ont participé ou collaboré, contraintes ou volontaires, à la solution finale aient eu des états d'âmes ne change pas grand chose", c'est parfaitement vrai. Les raisons qui m'ont poussé à faire des études (car c'est de ça qu'il s'agit) sur ce sujet ne sont pas des états d'âmes que je tenterais (comme tu sembles, ô si discrètement, suggérer) de défendre ou d'absoudre... je me suis intéressé au nazisme (et les SS) pour la dimension d'endoctrinement "mystico-politique" telle qu'elle est décrite par Hannah Arendt dans "Les Origines du Totalitarisme", et que je trouvais très similaire à celle du Kommintern en URSS. Rien ne peut bien sûr altérer la réalité, les responsabilités impliquées, et l'horreur totale de toute cette histoire. Mais rien ne nous empêche de sonder les écrits, les consciences, et les systèmes politiques afin de "comprendre" la réalité de mécanismes capables d'altérer simultanément des millions d'individus, même en dehors des conclusions officielles. Ne pas aborder des questions, mêmes difficiles, ne serait qu'obscurantisme.

"La même chose qui se produit lorsque dans un stade un citoyen apparemment normal se mue soudain et sans raisons apparentes en hooligan. Cela dit, tous les hooligans ne sont pas de citoyens normaux. De la même façon il est clair que pour certains Allemands le régime nazis fut une opportunité de satisfaire des pulsions criminelles et/ou sadiques en toute "légalité"... Faux. Il y a au contraire - et je pense qu'aucun historien ne me contredirais - de multiples raisons pour ce qui s'est passé; et mis à part les premières années du régime et les SA, les crimes n'ont rien d'un "hubris" de hooligan, mais témoignent (admis certains tatônnements) d'une volonté claire, et d'une organisation lucide. C'est ça justement qui m'intéresse.

Ai-je répondu à votre attente ?

Eddy


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Message  Invité 28/3/2008, 23:21

Hallo,

eddy marz a écrit: ne sont pas des états d'âmes que je tenterais (comme tu sembles, ô si discrètement, suggérer) de défendre ou d'absoudre...

Mon intention n'était pas d'être discret: je l'avoue, je t'ai pris, à tort, pour un disciple des personnes peu fréquentables qui viennent régulièrement déverser ici leur prose peu recommandable (tu comprendras vite). Nous dirons qu'il était tard et tu voudras bien je te prie m'en excuser.

La mécanique ô combien complexe qui transforme monsieur tout-le-monde en assassin ou en complice d'assassins, est extrêmement difficile à démonter. Et je ne dis pas ça parce que je la cerne mal... On peut approcher le problème par le haut en étudiant le système nazi et en utilisant la sociologie et/ou psychologie des masses et même, irréalisable, sauf au cas par cas, la psychologie de l'individu. Mais d'autres, et toi-même dirait-on, maîtrisent sans nul doute mieux ces sujets. Permets-moi donc de ne pas parler de ce que je ne maîtrise pas. Quand j'ai dit qu'il fallait me laisser du temps pour répondre, je ne pensais pas que ça serait quelques mois/années...
Une réflexion de comptoir cependant: ce qui est effrayant lorsqu'on se penche sur un tel sujet, c'est de se rendre compte que, placés dans le même contexte, nous ne savons pas ce que nous aurions fait. Qui peut affirmer qu'il n'aurait pas agi comme ces hommes du 101e bataillon de police, père et époux comme tu le rappelles, qui, entre deux crises de vomissements, ont assassiné de sang froid des femmes et des enfants, "contraints" par un système qui avait réussi à asservir l'âme d'une nation qui passait pour civilisée. C'est là que l'on mesure la grandeur des résistants allemands qui, de l'intérieur, ont mené un combat bien plus difficile selon moi que celui mené par leurs homologues des pays occupés. Mais je digresse.
Oui, cette question est très intéressante, ne fût-ce que parce qu'elle nous renvoie à nous-mêmes... Je te renvoie la question: que s'est-il passé?
Qu'aurions-nous fait?...


Dernière édition par LSR le 29/3/2008, 17:19, édité 3 fois

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Message  Phil642 29/3/2008, 07:25

Bonjour,

J'avais abordé le sujet avec en titre "La banalité du mal" il y a des notes intéressantes dans les liens proposés: https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/l-axe-f3/philo-la-banalite-du-mal-t5439.htm
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Message  eddy marz 29/3/2008, 13:43

Dear LSR ; désolé d’avoir tardé à répondre, mais il me fallait moi aussi réfléchir afind’être clair et pas (trop) long.
Nul besoin de t’excuser, je comprends sans problème ta réaction initiale – parfaitement justifiée (mes recherches m’y ont largement habitué), mais merci quand même pour ta sensibilité et tes propos amicaux.

Qu'aurions-nous fait?...

C’est là la grande question Et franchement je ne sais pas. Comme tu le soulignes toi-même, tous les cas sont individuels et je pense que les réponses ne peuvent venir que par ce biais. Chaque individu est un atome du corps de l’Humanité. Aussi « global » qu’un système puisse paraître, il est incontestablement composé d’individus qui y participent de façon différentes, et à divers niveaux ; réagissant également différemment selon les caractères, prédispositions, influençabilité, fanatisme etc. Le « système » nazi, beaucoup plus bancal qu’on ne le croirait, n’est compréhensible qu’à travers ses acteurs ; tous des individus. Ce qui s’est passé est donc à la fois aussi clair et aussi insondable que l’âme humaine. Il est extrêmement difficile, pour les citoyens du 21ème siècle, de se propulser dans la réalité d’un allemand de l’époque, et plus particulièrement dans la peau des individus mêlés de près ou de loin aux atrocités commises. Pourtant, nombre de réactions – même au sein des plus compromis – tendent à démontrer que chaque participant (à part certains psychopathes comme Christian Wirth, Oskar Dirlewanger, Martin Sommer, Amon Göth, Gustav Wagner etc…) eut à faire face – parfois aux yeux de tous – à de graves problèmes de conscience. À titre d’exemple :

Les Einsatzgruppen, conscients du climat extrêmement volatile dans lequel se déroulent les tueries, et de la nécessité de maintenir l’ordre, conduisent les exécutions selon le code militaire strict des pelotons d’exécution. Les notions d’ordre et d’honneur, un mirage qu’Himmler se plait à entretenir, doivent êtres maintenues coûte que coûte. Ces pratiques « admises » se détériorent rapidement dés le moment où l’assassinat en masse des Juifs s’accélère ; lorsque les tueurs deviennent débordés et psychologiquement affectés par l’ampleur du travail. Certains commandants d’Einsatzgruppen développent leurs propres méthodes au fur et à mesure des tueries. De ce fait, la politique d’extermination et de pillage systématique d’automne 1941 est fréquemment organisée au niveau local, sans ordre précis de Berlin. Ces opérations qui durent parfois plusieurs jours, généralement conduites dans un climat de barbarie et de chaos inimaginable, plongent des régions entières dans un cauchemar à peine concevable. Les tueurs, qu’ils appartiennent à la SS ou à la police, sombrent petit à petit dans l’alcoolisme et la dépression. Même les commandants les plus zélés commencent à montrer des signes d’épuisement. Conscient du problème, Himmler ne cesse de faire des déclarations prêchant la notion de « sacrifice de soi-même » pour accomplir cette « tâche épouvantable mais nécessaire », et crée une « maison de convalescence » secrète (à cause des fuites possibles) réservée aux effectifs de l’Ordnungspolizei dans la Scharnhorststrasse, à Berlin.

- Le Gruppenführer Otto Rasch, Commandant de l’Einsatzgruppe C, responsable du massacre de Babi Yar, exige d’être relevé de ses fonctions.

- le HSSPF Région Nord (Minsk), Erich Von dem Bach-Zelewski, responsable de l’assassinat de plus de 230.000 civils, succombe à son tour une névrose et doit être hospitalisé, affligé de coliques néphrétiques, passant ses nuits à hurler sur son lit d’hôpital, hanté par ses victimes.

- Erwin Schulze (chef de l’Einsatzkommando 5 de L’Einsatzgruppe C) pique une crise de nerf et se fait muter dès septembre 1941.

- Paul Blobel (chef du Sonderkommando 4a de L’Einsatzgruppe C) est retrouvé par ses hommes, enfermé dans sa chambre dans un état de délire et en larme. Il est transporté dans un hôpital psychiatrique.

- Arthur Nebe (Commandant de L’Einsatzgruppe B) quitte ses fonctions sans prévenir en novembre 41 et rentre en Allemagne. Il ne reviendra plus. Son chauffeur, Köhn, se suicide.

- Rudolf Höss (Commandant d’Auschwitz), parlant du premier gazage auquel il assista : « J’étais tellement choqué que je crois que je n’arrivais pas à réaliser ce qui se passait ».

- Le HSSPF Von dem Bach-Zelewski, protestant auprès d’Himmler (sur le sujet des Einsatzgruppen) : « Regardez les yeux de ces hommes, voyez comme ils sont ébranlés ; ce sont des hommes foutus. Quel genre de recrues formons-nous ici, des brutes, des sauvages ?! »

Il y a des centaines de récits analogues… tous vérifiables. Qu’aurions nous fait ? Je ne sais pas.

Loin de tenter d’excuser (comment le pourrais-je ?) de tels comportements je ne puis m’empêcher de penser que tous ces hommes (et femmes) se laissèrent happer par un système réussissant à coordonner toutes les craintes, jalousies, perversions, frustrations, haines, tapies dans « nos » cœurs. Ces témoignages ne disculpent pas les assassins, au contraire, mais démontrent que nous sommes bien en présence d’un drame éminemment humain et individuel, qui nous concerne donc directement.

La correction politique tend à établir une ligne nette entre « eux » et « nous ». Souvenons-nous des critiques acerbes accompagnant la sortie de « La Chute ». On s’insurge contre le fait « d’humaniser » Adolf Hitler ; de le montrer comme le petit bourgeois obsédé et malfaisant qu’il était. Comme il serait commode de penser que le dictateur était une créature venue d’un autre monde. Mais non ; Hitler, de par son appartenance à l’espèce humaine, est notre frère à tous ; c’est là le nœud du problème, et c’est dans cette constatation que résident les réponses.

Je n'ai réussi à être ni clair, ni bref...

Cheers
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