sur Gerstein
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Narduccio
eddy marz
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sur Gerstein
Bonjour; suite à un ancien message (2007) de phil642, voici un CV résumé de Kurt Gerstein, que je dois envoyer en plusieurs morceaux car un peu long - mais intéressant, je pense.
Kurt Gerstein vient au monde à Münster, le 11 août 1905, sixième de sept enfants, au sein d’une famille Luthérienne bien implantée. Fonctionnaires depuis le XVIe siècle, les Gerstein sont des représentants types de la bourgeoisie Prussienne : chauvins, inconditionnellement dévoués à l’Empire de Guillaume II, et totalement assujettis à l’autorité. Magistrat autoritaire et ultra nationaliste, le père de Kurt n’a de cesse de répéter à qui veut l’entendre qu’ « il n’y a que du sang aryen dans nos veines ! » Ni l’un ni l’autre de ses parents n’ayant suffisamment de temps ou d’énergie à lui consacrer, l’enfant sera confié à une domestique profondément catholique, une femme dont l’Histoire ne retiendra que le prénom : Regina.
Enfant difficile, individualiste, rebelle et aventureux, Kurt crée des tensions entre ses parents, ses frères et sœurs, et lui-même. Bien que brillant, son parcours scolaire laisse à désirer ; il sèche les cours et ignore ses devoirs.
Grandissant en Allemagne durant la 1ère Guerre Mondiale et les tumultueuses années qui suivirent, Gerstein ne pouvait échapper aux pressions de son époque – l’émergence d’une ferveur patriotique épousant le nationalisme – et ne fut probablement pas imperméable à la montée d’antisémitisme de l’entre-deux guerres. Passionnément idéaliste, fervent lecteur de Sören Kierkegaard, il est attiré par les questions religieuses tôt dans sa scolarité. Il devient membre de l’Église Confessante dés son adolescence. À partir de ce moment, il est très actif au sein de la Fédération des Cercles Bibliques (Bibelkreise), et le restera jusqu’à leur dissolution, en 1934.
Malgré un palmarès scolaire médiocre, il obtient son Abitur sans aucune difficulté en 1925, et entre à l’université de Marburg pour y poursuivre des études d’Ingénieur des Mines, obtenant sa licence en 1931.
Comme des millions d’autres Allemands, Kurt Gerstein s’inscrit au Parti Nazi (NSDAP) en 1933, cinq mois après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler. Ses motivations restent obscures ; au départ, peut-être pense-t-il que c’est un devoir patriotique. Cela lui permet, en tout cas, de réduire les pressions exercées par son père et ses frères, tous déjà membres depuis le début. C’est à travers son engagement religieux que Gerstein entre, presque immédiatement, en conflit avec le régime. Plus l’église Confessante s’érige contre l’idéologie nazie, plus l’état Allemand empiète sur l’église et ses organisations. Gerstein doit maintenant choisir : défendre sa foi, ou défendre sa patrie.
En janvier 1935, à Hagen, il assiste à une représentation de « Wittekind », une pièce anti-chrétienne chaudement recommandée par le Ministère de la Propagande, et s’insurge, créant un scandale dans le théâtre. Il est passé à tabac. En septembre 1936, il est arrêté pour activités séditieuses, et emprisonné. Son appartement est fouillé, et sept mille tracts anti-nazis, en faveur de l’autonomie des églises, sont découverts. Relâché au bout de six semaines, il est temporairement exclu du Parti, perdant automatiquement son emploi dans les mines. Libre, mais dans l’impossibilité de retrouver du travail, il se lance dans des études de théologie et de médecine.
Très vite, Gerstein reprend la distribution de littérature séditieuse. Puis, le 14 juillet 1938, il est à nouveau arrêté, inculpé de haute trahison pour association avec le cercle pro monarchique de Reinhold Wulle, et incarcéré dans le camp de concentration de Welzheim où il devient dépressif et suicidaire.
Kurt Gerstein vient au monde à Münster, le 11 août 1905, sixième de sept enfants, au sein d’une famille Luthérienne bien implantée. Fonctionnaires depuis le XVIe siècle, les Gerstein sont des représentants types de la bourgeoisie Prussienne : chauvins, inconditionnellement dévoués à l’Empire de Guillaume II, et totalement assujettis à l’autorité. Magistrat autoritaire et ultra nationaliste, le père de Kurt n’a de cesse de répéter à qui veut l’entendre qu’ « il n’y a que du sang aryen dans nos veines ! » Ni l’un ni l’autre de ses parents n’ayant suffisamment de temps ou d’énergie à lui consacrer, l’enfant sera confié à une domestique profondément catholique, une femme dont l’Histoire ne retiendra que le prénom : Regina.
Enfant difficile, individualiste, rebelle et aventureux, Kurt crée des tensions entre ses parents, ses frères et sœurs, et lui-même. Bien que brillant, son parcours scolaire laisse à désirer ; il sèche les cours et ignore ses devoirs.
Grandissant en Allemagne durant la 1ère Guerre Mondiale et les tumultueuses années qui suivirent, Gerstein ne pouvait échapper aux pressions de son époque – l’émergence d’une ferveur patriotique épousant le nationalisme – et ne fut probablement pas imperméable à la montée d’antisémitisme de l’entre-deux guerres. Passionnément idéaliste, fervent lecteur de Sören Kierkegaard, il est attiré par les questions religieuses tôt dans sa scolarité. Il devient membre de l’Église Confessante dés son adolescence. À partir de ce moment, il est très actif au sein de la Fédération des Cercles Bibliques (Bibelkreise), et le restera jusqu’à leur dissolution, en 1934.
Malgré un palmarès scolaire médiocre, il obtient son Abitur sans aucune difficulté en 1925, et entre à l’université de Marburg pour y poursuivre des études d’Ingénieur des Mines, obtenant sa licence en 1931.
Comme des millions d’autres Allemands, Kurt Gerstein s’inscrit au Parti Nazi (NSDAP) en 1933, cinq mois après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler. Ses motivations restent obscures ; au départ, peut-être pense-t-il que c’est un devoir patriotique. Cela lui permet, en tout cas, de réduire les pressions exercées par son père et ses frères, tous déjà membres depuis le début. C’est à travers son engagement religieux que Gerstein entre, presque immédiatement, en conflit avec le régime. Plus l’église Confessante s’érige contre l’idéologie nazie, plus l’état Allemand empiète sur l’église et ses organisations. Gerstein doit maintenant choisir : défendre sa foi, ou défendre sa patrie.
En janvier 1935, à Hagen, il assiste à une représentation de « Wittekind », une pièce anti-chrétienne chaudement recommandée par le Ministère de la Propagande, et s’insurge, créant un scandale dans le théâtre. Il est passé à tabac. En septembre 1936, il est arrêté pour activités séditieuses, et emprisonné. Son appartement est fouillé, et sept mille tracts anti-nazis, en faveur de l’autonomie des églises, sont découverts. Relâché au bout de six semaines, il est temporairement exclu du Parti, perdant automatiquement son emploi dans les mines. Libre, mais dans l’impossibilité de retrouver du travail, il se lance dans des études de théologie et de médecine.
Très vite, Gerstein reprend la distribution de littérature séditieuse. Puis, le 14 juillet 1938, il est à nouveau arrêté, inculpé de haute trahison pour association avec le cercle pro monarchique de Reinhold Wulle, et incarcéré dans le camp de concentration de Welzheim où il devient dépressif et suicidaire.
Dernière édition par eddy marz le 12/5/2008, 19:11, édité 1 fois
eddy marz- Membre légendaire
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sur Gerstein #2
Bénéficiant d’un non-lieu, Gerstein est relâché au bout d’un mois – probablement à travers les contacts familiaux (peut-être Walter Schellenberg, avocat et futur chef du contre-espionnage nazi) – et réadmis au NSDAP à titre provisoire, le 10 juin 1939. Tiré d’affaire, il retrouve du travail dans l’industrie minière, chez Winterschall, dans les mines de Merkers. Puis, le 10 décembre 1940, pour des raisons qu’il est seul à connaître, Kurt Gerstein fait acte de volontariat à la Waffen-SS…
Entre temps, conformément au « Décret du Führer », le programme secret « T4 », prévoyant l’euthanasie systématique des malades mentaux, s’étend depuis octobre 1939 sur l’ensemble de la communauté psychiatrique Allemande. En février 1941, Bertha Ebeling, belle-sœur de Gerstein, souffrant de dépression chronique, est assassinée dans la clinique d’Hadamar.
Un mois plus tard, un an et demi après le début de la guerre, Gerstein est incorporé au bataillon Germania de la Waffen-SS…
Selon les témoignages des rares témoins à qui il se confia, Gerstein, profondément affecté par la mort de sa belle-sœur, et bouleversé par les évènements se déroulant en Allemagne, décide alors d’infiltrer le système, d’apprendre la vérité sur l’euthanasie, et de faire éclater la vérité au grand jour. Exclu du service armé en raison d’une hypoglycémie, il fait ses classes pendant deux mois dans un bataillon sanitaire de remplacement et, le 1er juin 1941, est affecté à l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS, à Berlin, pour y travailler à la purification de l’eau, aux systèmes de filtrages, et à la lutte contre la vermine. Sa contribution la plus importante sera le maintien d’une eau potable de qualité pour les troupes combattantes.
Pendant plus d’un an, la présence de cet anti-nazi au sein même de la SS n’est pas remarquée. Des informations sur son passé sont éventuellement passées au directeur de l’Institut, le Docteur et Standartenführer SS Joachim Mrugowsky, mais ignorées au vu de ses exceptionnels et indispensables talents d’Ingénieur.
1942… Le Reich est au zénith de sa puissance. La campagne de Russie permet enfin à Adolf Hitler, dans le secret relatif des immenses territoires défrichés, de passer à la phase fondamentale de son programme : la destruction physique des Juifs européens. Cependant, les procédés sont lents, manquent de discrétion, et ont un « effet néfaste » sur le psychisme des tueurs. Pour remédier à ces inconvénients, plusieurs centres d’extermination expérimentaux – utilisant les gaz d’échappement de moteurs – sont rapidement érigées en Pologne orientale. Mais on est loin du résultat escompté…
En janvier, Gerstein est promu Untersturmführer SS (Sous Lieutenant), et nommé chef du Département Sanitaire de la Waffen-SS. Cinq mois plus tard, le 8 juin, le Sturmbannführer SS (Major) Rolf Günther de la section 4BIV de la Gestapo (Service d’Adolf Eichmann) rencontre Gerstein à l’Institut et le charge d’une mission secrète : procurer 250 kg d’acide cyanhydrique et les acheminer vers une destination également secrète. À la mi-août, Gerstein et un « observateur » SS, le professeur Wilhelm Pfannenstiel, se rendent à Kolin, en Tchécoslovaquie, prennent livraison de 250 kg de cristaux de Zyklon B à l’usine Kaliwerke puis poursuivent leur voyage vers la Pologne. En chemin, prétextant une fuite, Gerstein fait enterrer une partie de son chargement, déclarant le reste inutilisable avant vérification. En tant qu’Officier Sanitaire, sa décision n’est pas contestée. Arrivés à Lublin, Gerstein et Pfannenstiel se présentent au Brigadeführer SS Odilo Globocnik, pour d’ultimes directives.
Insistant sur la stricte confidentialité de l’opération, Globocnik instruit Gerstein quant à la véritable nature de sa mission – déterminer la faisabilité d’une amélioration de la technique de gazage, en remplaçant le monoxyde de carbone par du Zyklon B. Le lendemain, 18 août, Gerstein et Pfannenstiel se rendent au camp d’extermination de Belzec, afin de discuter des aspects techniques avec le commandant, le Hauptsturmführer SS Christian Wirth. À sept heures du matin, le 19 août, Gerstein assiste au gazage par monoxyde de carbone de 6.700 Juifs Galiciens.
Entre temps, conformément au « Décret du Führer », le programme secret « T4 », prévoyant l’euthanasie systématique des malades mentaux, s’étend depuis octobre 1939 sur l’ensemble de la communauté psychiatrique Allemande. En février 1941, Bertha Ebeling, belle-sœur de Gerstein, souffrant de dépression chronique, est assassinée dans la clinique d’Hadamar.
Un mois plus tard, un an et demi après le début de la guerre, Gerstein est incorporé au bataillon Germania de la Waffen-SS…
Selon les témoignages des rares témoins à qui il se confia, Gerstein, profondément affecté par la mort de sa belle-sœur, et bouleversé par les évènements se déroulant en Allemagne, décide alors d’infiltrer le système, d’apprendre la vérité sur l’euthanasie, et de faire éclater la vérité au grand jour. Exclu du service armé en raison d’une hypoglycémie, il fait ses classes pendant deux mois dans un bataillon sanitaire de remplacement et, le 1er juin 1941, est affecté à l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS, à Berlin, pour y travailler à la purification de l’eau, aux systèmes de filtrages, et à la lutte contre la vermine. Sa contribution la plus importante sera le maintien d’une eau potable de qualité pour les troupes combattantes.
Pendant plus d’un an, la présence de cet anti-nazi au sein même de la SS n’est pas remarquée. Des informations sur son passé sont éventuellement passées au directeur de l’Institut, le Docteur et Standartenführer SS Joachim Mrugowsky, mais ignorées au vu de ses exceptionnels et indispensables talents d’Ingénieur.
1942… Le Reich est au zénith de sa puissance. La campagne de Russie permet enfin à Adolf Hitler, dans le secret relatif des immenses territoires défrichés, de passer à la phase fondamentale de son programme : la destruction physique des Juifs européens. Cependant, les procédés sont lents, manquent de discrétion, et ont un « effet néfaste » sur le psychisme des tueurs. Pour remédier à ces inconvénients, plusieurs centres d’extermination expérimentaux – utilisant les gaz d’échappement de moteurs – sont rapidement érigées en Pologne orientale. Mais on est loin du résultat escompté…
En janvier, Gerstein est promu Untersturmführer SS (Sous Lieutenant), et nommé chef du Département Sanitaire de la Waffen-SS. Cinq mois plus tard, le 8 juin, le Sturmbannführer SS (Major) Rolf Günther de la section 4BIV de la Gestapo (Service d’Adolf Eichmann) rencontre Gerstein à l’Institut et le charge d’une mission secrète : procurer 250 kg d’acide cyanhydrique et les acheminer vers une destination également secrète. À la mi-août, Gerstein et un « observateur » SS, le professeur Wilhelm Pfannenstiel, se rendent à Kolin, en Tchécoslovaquie, prennent livraison de 250 kg de cristaux de Zyklon B à l’usine Kaliwerke puis poursuivent leur voyage vers la Pologne. En chemin, prétextant une fuite, Gerstein fait enterrer une partie de son chargement, déclarant le reste inutilisable avant vérification. En tant qu’Officier Sanitaire, sa décision n’est pas contestée. Arrivés à Lublin, Gerstein et Pfannenstiel se présentent au Brigadeführer SS Odilo Globocnik, pour d’ultimes directives.
Insistant sur la stricte confidentialité de l’opération, Globocnik instruit Gerstein quant à la véritable nature de sa mission – déterminer la faisabilité d’une amélioration de la technique de gazage, en remplaçant le monoxyde de carbone par du Zyklon B. Le lendemain, 18 août, Gerstein et Pfannenstiel se rendent au camp d’extermination de Belzec, afin de discuter des aspects techniques avec le commandant, le Hauptsturmführer SS Christian Wirth. À sept heures du matin, le 19 août, Gerstein assiste au gazage par monoxyde de carbone de 6.700 Juifs Galiciens.
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sur Gerstein#3
Si l’on en croit son rapport, rédigé à la fin de la guerre, l’opération fut un désastre ; des pannes de moteur répétées, retardant la mise à mort des heures durant, augmentaient le martyre des victimes de façon épouvantable. Mais l’ « orgueil professionnel » de Wirth l’empêchait d’admettre la « supériorité » écrasante du Zyklon B sur le monoxyde de carbone. Aussi, Wirth demande-t-il à Gerstein de ne pas proposer d’autre gaz à Berlin. Trop heureux d’accéder à sa requête, Gerstein ne procède même pas à des essais au Zyklon. Le 20 août, il est conduit à Treblinka, où il assiste à une opération similaire, mais plus importante, et termine sa tournée d’inspection par la visite du camp de Maïdanek, encore en construction.
Sur le train qui le ramène à Berlin, écrasé, Gerstein rencontre le Baron Göran Von Otter, Secrétaire de la Légation de Suède, et lui divulgue le secret d’Etat : « C’était difficile de lui faire baisser le ton. Nous sommes restés assis toute la nuit, six ou huit heure. Encore et encore il répétait ce qu’il avait vu. Il sanglotait, et se cachait le visage dans les mains »
Von Otter propose d’informer le gouvernement Suédois, et promet de reprendre contact avec lui à Berlin. Profondément ébranlé, mais réalisant le caractère unique de sa position en tant que témoin, Gerstein décide alors de faire tout ce qui est en son pouvoir pour alerter l’opinion. Une fois le Vatican informé, le Pape prendra la parole, créant un tollé international d’une telle dimension que les Nazis seront contraints de faire machine arrière et mettre fin aux tueries…
Horst Dickten, son jeune assistant et protégé, est le premier informé. À part lui, les deux seuls autres, pour l’instant, a être au courant sont le pasteur Rehling et Egon Franz, deux amis proches. Pour d’évidentes raisons de sécurité, Elfriede, sa femme, ainsi que le reste de sa famille, sont tenus à l’écart de toute confidence.
Fin août, ou début septembre, Gerstein se présente à la Nonciature du Pape, dans l’espoir d’y rencontrer Monseigneur Cesare Orsenigo, Nonce Apostolique de Berlin, et de faire ainsi transmettre l’information au Vatican. Cet épisode crucial a souvent été écarté, ou considéré comme une fabrication, sous prétexte qu’aucune mention de cet entretien ne figure dans les rapports, ou la correspondance officielle d’Orsenigo. Pourtant, cette visite fut attestée, après la guerre, tant par Horst Dickten qu’Egon Franz : « En entrant à la Nonciature, Kurt fut reçu par un ecclésiastique de haut rang ; pas le Nonce lui-même… ». Peut-être Gerstein rencontra t il Monseigneur Eduard Gehrmann, nazi convaincu et ex-assistant d’Eugenio Pacelli, futur pape Pie XII, alors en poste à Berlin, et logeant à la Nonciature… Quoi qu’il en soit, découvrant l’identité SS de Gerstein, Gehrmann, ou qui que ce fut, met brutalement fin à l’entretien, et l’éconduit.
Entre temps, Von Otter adresse un rapport détaillé de sa conversation avec Gerstein à ses supérieurs. Mais, par peur de représailles allemandes, Stockholm classe le dossier. Rien ne sera fait ; ni même divulgué – il faudra attendre la fin de la guerre. Dévasté, Gerstein tente de se suicider aux environs de Noël 1942. Récupérant, il choisit néanmoins de rester à l’Institut, convaincu d’être plus utile « de l’intérieur ». Promu Obersturmführer (Lieutenant), il assume dorénavant une double tâche : informer bien sûr, mais, plus important encore, s’assurer le contrôle des transports de Zyklon B.
Poursuivant une mission, devenue désormais une croisade personnelle, Gerstein informe le Docteur Winter, coadjuteur de l’évêque catholique de Berlin.
Par ce canal, le pape sera tout de même informé, comme le seront directement ou indirectement les grands dignitaires protestants d’Allemagne. Gerstein informe également la famille du pasteur Niemöller, Otto Dibelius, la résistance Hollandaise, et des dizaines d’autres. Mais les mois passent sans nouvelles des Alliés ; à Rome, le pape reste muet. Prenant des risques irrationnels, Gerstein réquisitionne un avion SS à l’aide d’un faux ordre de mission, et s’envole pour Helsinki, d’où il espère prévenir les Anglais à travers ses réseaux d’affaires. Intercepté à Riga, en Lettonie, et arrêté, il est ramené sous escorte à Berlin pour y affronter Mrugowsky.
Ce qui se passa entre les deux hommes restera un mystère. Mrugowsky sait tout du passé anti-nazi de Gerstein, et Gerstein tout des expériences médicales criminelles de son chef ; il n’y a pas de secrets entre eux, la partie se joue à égalité. Gerstein a-t-il risqué un mensonge éhonté, justifiant son escapade par un problème sanitaire urgent en Finlande ? Que Mrugowsky se soit laissé berner par une excuse aussi peu plausible semble improbable. Mais l’affaire est grave, Himmler, le Reichsführer SS, exigera des explications… Pourtant, depuis le désastre de Stalingrad, la plupart des SS, dont certains préparent déjà leur fuite, n’ont aucune illusion sur l’issue du conflit ; les apartés tournent autour d’un seul sujet : comment s’en tirer ? Acculé, Gerstein a-t-il décidé d’utiliser Mrugowsky en lui révélant la vérité de ses contacts avec les Alliés ? Si Mrugowsky le laissait partir, le moment venu, Gerstein témoignerait en sa faveur…Ceci n’est, bien entendu, que pure hypothèse. Mais le fait que Gerstein, impliqué dans les affaires secrètes de l’Etat, ait quitté le Reich en temps de guerre, à l’aide de papiers truqués, commettant ainsi un acte de haute trahison, et soit resté actif après une courte suspension ; qu’Himmler ait abandonné toute enquête ; que Gerstein n’ait jamais mentionné Mrugowsky dans son rapport et, finalement, que Mrugowsky n’ait jamais mentionné Gerstein à Nuremberg, suggère qu’un pacte important et inhabituel fut conclu.
Aux environs de juin 1943, Gerstein rencontre le Dr. Gerhard Peters, gérant de la société Degesch (fabricant de Zyklon B). Selon Peters « Gerstein me demanda de faire retirer l’irritant contenu dans le gaz afin de détecter les fuites, car d’après lui ce dernier provoquait d’épouvantables et inutiles souffrances aux victimes »
Sur le train qui le ramène à Berlin, écrasé, Gerstein rencontre le Baron Göran Von Otter, Secrétaire de la Légation de Suède, et lui divulgue le secret d’Etat : « C’était difficile de lui faire baisser le ton. Nous sommes restés assis toute la nuit, six ou huit heure. Encore et encore il répétait ce qu’il avait vu. Il sanglotait, et se cachait le visage dans les mains »
Von Otter propose d’informer le gouvernement Suédois, et promet de reprendre contact avec lui à Berlin. Profondément ébranlé, mais réalisant le caractère unique de sa position en tant que témoin, Gerstein décide alors de faire tout ce qui est en son pouvoir pour alerter l’opinion. Une fois le Vatican informé, le Pape prendra la parole, créant un tollé international d’une telle dimension que les Nazis seront contraints de faire machine arrière et mettre fin aux tueries…
Horst Dickten, son jeune assistant et protégé, est le premier informé. À part lui, les deux seuls autres, pour l’instant, a être au courant sont le pasteur Rehling et Egon Franz, deux amis proches. Pour d’évidentes raisons de sécurité, Elfriede, sa femme, ainsi que le reste de sa famille, sont tenus à l’écart de toute confidence.
Fin août, ou début septembre, Gerstein se présente à la Nonciature du Pape, dans l’espoir d’y rencontrer Monseigneur Cesare Orsenigo, Nonce Apostolique de Berlin, et de faire ainsi transmettre l’information au Vatican. Cet épisode crucial a souvent été écarté, ou considéré comme une fabrication, sous prétexte qu’aucune mention de cet entretien ne figure dans les rapports, ou la correspondance officielle d’Orsenigo. Pourtant, cette visite fut attestée, après la guerre, tant par Horst Dickten qu’Egon Franz : « En entrant à la Nonciature, Kurt fut reçu par un ecclésiastique de haut rang ; pas le Nonce lui-même… ». Peut-être Gerstein rencontra t il Monseigneur Eduard Gehrmann, nazi convaincu et ex-assistant d’Eugenio Pacelli, futur pape Pie XII, alors en poste à Berlin, et logeant à la Nonciature… Quoi qu’il en soit, découvrant l’identité SS de Gerstein, Gehrmann, ou qui que ce fut, met brutalement fin à l’entretien, et l’éconduit.
Entre temps, Von Otter adresse un rapport détaillé de sa conversation avec Gerstein à ses supérieurs. Mais, par peur de représailles allemandes, Stockholm classe le dossier. Rien ne sera fait ; ni même divulgué – il faudra attendre la fin de la guerre. Dévasté, Gerstein tente de se suicider aux environs de Noël 1942. Récupérant, il choisit néanmoins de rester à l’Institut, convaincu d’être plus utile « de l’intérieur ». Promu Obersturmführer (Lieutenant), il assume dorénavant une double tâche : informer bien sûr, mais, plus important encore, s’assurer le contrôle des transports de Zyklon B.
Poursuivant une mission, devenue désormais une croisade personnelle, Gerstein informe le Docteur Winter, coadjuteur de l’évêque catholique de Berlin.
Par ce canal, le pape sera tout de même informé, comme le seront directement ou indirectement les grands dignitaires protestants d’Allemagne. Gerstein informe également la famille du pasteur Niemöller, Otto Dibelius, la résistance Hollandaise, et des dizaines d’autres. Mais les mois passent sans nouvelles des Alliés ; à Rome, le pape reste muet. Prenant des risques irrationnels, Gerstein réquisitionne un avion SS à l’aide d’un faux ordre de mission, et s’envole pour Helsinki, d’où il espère prévenir les Anglais à travers ses réseaux d’affaires. Intercepté à Riga, en Lettonie, et arrêté, il est ramené sous escorte à Berlin pour y affronter Mrugowsky.
Ce qui se passa entre les deux hommes restera un mystère. Mrugowsky sait tout du passé anti-nazi de Gerstein, et Gerstein tout des expériences médicales criminelles de son chef ; il n’y a pas de secrets entre eux, la partie se joue à égalité. Gerstein a-t-il risqué un mensonge éhonté, justifiant son escapade par un problème sanitaire urgent en Finlande ? Que Mrugowsky se soit laissé berner par une excuse aussi peu plausible semble improbable. Mais l’affaire est grave, Himmler, le Reichsführer SS, exigera des explications… Pourtant, depuis le désastre de Stalingrad, la plupart des SS, dont certains préparent déjà leur fuite, n’ont aucune illusion sur l’issue du conflit ; les apartés tournent autour d’un seul sujet : comment s’en tirer ? Acculé, Gerstein a-t-il décidé d’utiliser Mrugowsky en lui révélant la vérité de ses contacts avec les Alliés ? Si Mrugowsky le laissait partir, le moment venu, Gerstein témoignerait en sa faveur…Ceci n’est, bien entendu, que pure hypothèse. Mais le fait que Gerstein, impliqué dans les affaires secrètes de l’Etat, ait quitté le Reich en temps de guerre, à l’aide de papiers truqués, commettant ainsi un acte de haute trahison, et soit resté actif après une courte suspension ; qu’Himmler ait abandonné toute enquête ; que Gerstein n’ait jamais mentionné Mrugowsky dans son rapport et, finalement, que Mrugowsky n’ait jamais mentionné Gerstein à Nuremberg, suggère qu’un pacte important et inhabituel fut conclu.
Aux environs de juin 1943, Gerstein rencontre le Dr. Gerhard Peters, gérant de la société Degesch (fabricant de Zyklon B). Selon Peters « Gerstein me demanda de faire retirer l’irritant contenu dans le gaz afin de détecter les fuites, car d’après lui ce dernier provoquait d’épouvantables et inutiles souffrances aux victimes »
Dernière édition par eddy marz le 30/5/2008, 13:09, édité 3 fois
eddy marz- Membre légendaire
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sur Gerstein fin
Lors d’un rendez-vous secret, convenu longtemps à l’avance, Gerstein informe Paul Hochstrasser, un diplomate suisse de haut rang, dans l’espoir d’une plainte officielle de la part du gouvernement Suisse. Mais, une fois de plus, cette tentative n’aboutit à rien. Simultanément, Rolf Günther et la section 4BIV de la Gestapo, lassés des perpétuels embarras et réserves scientifiques de ce petit lieutenant, abandonnent la filière Gerstein, lui préférant son propre personnel, nettement moins scrupuleux.
Le 22 avril 1945, anxieux de témoigner, Gerstein quitte Berlin, rejoint sa famille à Tübingen et, de là, enfourche une bicyclette, se dirige vers le front, et se rend aux forces Française de la VIe Armée, cantonnées à Reutlingen. Après un interrogatoire préliminaire, il est transféré à Rottweil et maintenu aux arrêts dans un petit hôtel local, le Mohren ; à charge pour lui de se présenter à la Police Militaire tous les matins. C’est là qu’il écrit son fameux rapport (en français et en allemand).
Le 26 Mai, il est transféré à Constance puis, début Juin, à Paris. Mais les Français ne sont pas convaincus. Indisposé par toute l’affaire, le Juge Militaire Matteï l’inculpe pour assassinats collectifs et complicité, et ordonne sa mise au secret dans la section de haute sécurité de la prison militaire du Cherche Midi, pour y attendre son instruction.
23 Juillet… Le Baron Von Otter écrit d’Helsinki au Baron Lagerfelt – son homologue à Londres – et lui demande de prévenir la War Crimes Commission, afin que cette dernière intervienne pour sauver Gerstein. Trop tard.
Le 25 Juillet, à 14h30, Kurt Gerstein est retrouvé pendu au vasistas de sa cellule avec des morceaux de couverture déchirés. Une enveloppe adressée au Juge Militaire est également trouvée, et remise au commandant de la prison, François Chiaramonti, qui la lira avant de la transmettre : « Elle était courte. Il disait qu’il était innocent de tous les crimes qu’on lui reprochait et il demandait que son corps ne soit pas mutilé (autopsié) ». La lettre a depuis disparu. Certains ont suggéré que Gerstein fût assassiné par des détenus SS pour le faire taire, mais cette conclusion « moralement satisfaisante », comme une enquête approfondie le démontre – ne repose sur aucune preuve quel qu’elle soit. Gerstein fut enterré au cimetière de Thiais, en banlieue parisienne, sous le nom de « Gastain ».
Le 30 janvier 1946, le « Rapport Gerstein » (dossier PS 1553) est soumis au Tribunal International à Nuremberg, mais sera écarté. En 1950, bien qu’admettant des circonstances atténuantes, une Cour de dénazification allemande condamne Gerstein, à titre posthume. En 1956, une section du cimetière de Thiais, comprenant la tombe de Gerstein, est rasée ; ses restes sont jetés dans la fosse commune. En 1960, le Rapport Gerstein est utilisé au procès d’Eichmann, à Jérusalem. En 1964, Paul Rassinier – fondateur du révisionnisme – met en doute la véracité du Rapport Gerstein. En 1986, à Nantes, Henri Roques soutient une thèse de doctorat, très controversée, sur la folie supposée de Gerstein et conclut à la non-existence des chambres à gaz. La thèse fut annulée par le ministre de la Recherche et de l’Enseignement.
Après des années de luttes juridiques pour réhabiliter son mari, Elfriede Gerstein meurt en 1991.
Merci de votre attention
Eddy Marz
Le 22 avril 1945, anxieux de témoigner, Gerstein quitte Berlin, rejoint sa famille à Tübingen et, de là, enfourche une bicyclette, se dirige vers le front, et se rend aux forces Française de la VIe Armée, cantonnées à Reutlingen. Après un interrogatoire préliminaire, il est transféré à Rottweil et maintenu aux arrêts dans un petit hôtel local, le Mohren ; à charge pour lui de se présenter à la Police Militaire tous les matins. C’est là qu’il écrit son fameux rapport (en français et en allemand).
Le 26 Mai, il est transféré à Constance puis, début Juin, à Paris. Mais les Français ne sont pas convaincus. Indisposé par toute l’affaire, le Juge Militaire Matteï l’inculpe pour assassinats collectifs et complicité, et ordonne sa mise au secret dans la section de haute sécurité de la prison militaire du Cherche Midi, pour y attendre son instruction.
23 Juillet… Le Baron Von Otter écrit d’Helsinki au Baron Lagerfelt – son homologue à Londres – et lui demande de prévenir la War Crimes Commission, afin que cette dernière intervienne pour sauver Gerstein. Trop tard.
Le 25 Juillet, à 14h30, Kurt Gerstein est retrouvé pendu au vasistas de sa cellule avec des morceaux de couverture déchirés. Une enveloppe adressée au Juge Militaire est également trouvée, et remise au commandant de la prison, François Chiaramonti, qui la lira avant de la transmettre : « Elle était courte. Il disait qu’il était innocent de tous les crimes qu’on lui reprochait et il demandait que son corps ne soit pas mutilé (autopsié) ». La lettre a depuis disparu. Certains ont suggéré que Gerstein fût assassiné par des détenus SS pour le faire taire, mais cette conclusion « moralement satisfaisante », comme une enquête approfondie le démontre – ne repose sur aucune preuve quel qu’elle soit. Gerstein fut enterré au cimetière de Thiais, en banlieue parisienne, sous le nom de « Gastain ».
Le 30 janvier 1946, le « Rapport Gerstein » (dossier PS 1553) est soumis au Tribunal International à Nuremberg, mais sera écarté. En 1950, bien qu’admettant des circonstances atténuantes, une Cour de dénazification allemande condamne Gerstein, à titre posthume. En 1956, une section du cimetière de Thiais, comprenant la tombe de Gerstein, est rasée ; ses restes sont jetés dans la fosse commune. En 1960, le Rapport Gerstein est utilisé au procès d’Eichmann, à Jérusalem. En 1964, Paul Rassinier – fondateur du révisionnisme – met en doute la véracité du Rapport Gerstein. En 1986, à Nantes, Henri Roques soutient une thèse de doctorat, très controversée, sur la folie supposée de Gerstein et conclut à la non-existence des chambres à gaz. La thèse fut annulée par le ministre de la Recherche et de l’Enseignement.
Après des années de luttes juridiques pour réhabiliter son mari, Elfriede Gerstein meurt en 1991.
Merci de votre attention
Eddy Marz
Dernière édition par eddy marz le 12/5/2008, 19:20, édité 2 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: sur Gerstein
eddy marz a écrit:Bonjour; suite à un ancien message (2007) de phil642, voici un CV résumé de Kurt Gerstein, que je dois envoyer en plusieurs morceaux car un peu long - mais intéressant, je pense.
Si c'est de toi : félicitation.
Si c'est pas de toi : tu pourrais citer la source ? Merci d'avance.
Narduccio- Général (Administrateur)
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Re: sur Gerstein
Hello Narduccio;
Non, c'est bien de moi. Comme je l'ai précisé dans mon message de présentation, j'étudie l'Aktion Reinhard et Kurt Gerstein en particulier depuis une quinzaine d'années, et possède beaucoup de doc sur les deux sujets, provenant de chercheurs tant en france qu'aux États Unis, UK, et Pologne. L'histoire de Gerstein est, bien entendu, plus complexe que le résumé ci dessus.
Cheers
Eddy
Non, c'est bien de moi. Comme je l'ai précisé dans mon message de présentation, j'étudie l'Aktion Reinhard et Kurt Gerstein en particulier depuis une quinzaine d'années, et possède beaucoup de doc sur les deux sujets, provenant de chercheurs tant en france qu'aux États Unis, UK, et Pologne. L'histoire de Gerstein est, bien entendu, plus complexe que le résumé ci dessus.
Cheers
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: sur Gerstein
Bonjour à tous
Je vais peut étre dire une bétise, mais il me semble que ces faits ont fait l'objet d'un film de Costa-Gavras : "Amen"
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=29197.html
cliquez sur mon lien, puis sur "casting complet", et là le heros s'appelle Kurt Gerstein
Je vais peut étre dire une bétise, mais il me semble que ces faits ont fait l'objet d'un film de Costa-Gavras : "Amen"
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=29197.html
cliquez sur mon lien, puis sur "casting complet", et là le heros s'appelle Kurt Gerstein
furie- Caporal-chef
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Re: sur Gerstein
furie a écrit:Bonjour à tous
Je vais peut étre dire une bétise, mais il me semble que ces faits ont fait l'objet d'un film de Costa-Gavras : "Amen"
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=29197.html
cliquez sur mon lien, puis sur "casting complet", et là le heros s'appelle Kurt Gerstein
Il semblerait que dans le film de Costa-Gavras, il n'y ai pas grand chose qui repose sur des bases historiques.
Renseigne-toi sur la vraie vie de Gerstein.
Narduccio- Général (Administrateur)
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Re: sur Gerstein
Renseigne-toi sur la vraie vie de Gerstein.
bin si je poste ici, c'est que j'ai lu entierement ce post ecrit par eddy marz. ;)
Quant à savoir si le film de Costa Gavras est fidéle ou non a l'histoire de Gerstein, là n'est pas la question...
Je ne fait que relater un fait : Costa Gavras a fait un film sur Gerstein et il m'apparait interessant de le signaler ici, d'autant plus que personne ne l'avait fait avant. C'est en lisant ce post que j'ai tilté et j'ai fait le rapprochement avec ce film.
désolé de vous avoir derangé, j'avais naivement imaginé qu'un film tiré de la vie de cet homme pouvait vous interesser...
promi je ne recommencerais plus...
Il semblerait que dans le film de Costa-Gavras, il n'y ai pas grand chose qui repose sur des bases historiques.
Poses plutot cette question a Costa Gavras ! ;)
Si le film est faux, c'est sa faute, pas la mienne !!!
D'autre part, pour avoir vu le film, je peux affirmer que le pitch du film colle peu ou prou (d'aprés mes souvenirs) avec le post d'eddy marz.
Mais bon, ça reste un film, pas impossible que toute la vie de gerstein n'y apparaisse pas ou que des details soient omis ou faux.
Il n'empeche que ce film a le merite d'exister.
et toi Narduccio, tu as vu le film ?
extrait du lien du film, ça ressemble pas mal a la bio d'eddy marz on dirait :
Le personnage historique de Kurt Gerstein
Le personnage principal, Kurt Gerstein, interprété par Ulrich Tukur a
réellement existé. Ingénieur et médecin évangéliste, il s'oppose aux
Nazis dès 1933 bien qu'il ait adhéré au Parti National Socialiste pour
des raisons professionnelles. Arrêté deux fois et interné dans un camp
de concentration en 1938, il décide de rejoindre les rangs des SS en
mars 1941. Grâce à ses compétences techniques et scientifiques, il
occupe un poste à l'institut d'hygiène de la Waffen SS et combat
efficacement le typhus. Il est nommé Obersturmführer et assiste aux
essais du Zyklon B sur les Juifs. Il ne cesse dès lors d'alerter les
représentants des Eglises chrétiennes et des Alliés sur le génocide et
tente de rencontrer le nonce du Pape. A la fin de la guerre, il est
fait prisonnier par des Français à Rottweil où il rédige son Rapport
Gerstein. Transféré à Paris, il est accusé de crimes contre l'Humanité.
Il est retrouvé pendu dans sa cellule en juillet 1945. Le doute plane
toujours sur son suicide. Son corps fut inhumé à Thiais puis jeté à
l'ossuaire. Il a été réhabilité en 1965.
réellement existé. Ingénieur et médecin évangéliste, il s'oppose aux
Nazis dès 1933 bien qu'il ait adhéré au Parti National Socialiste pour
des raisons professionnelles. Arrêté deux fois et interné dans un camp
de concentration en 1938, il décide de rejoindre les rangs des SS en
mars 1941. Grâce à ses compétences techniques et scientifiques, il
occupe un poste à l'institut d'hygiène de la Waffen SS et combat
efficacement le typhus. Il est nommé Obersturmführer et assiste aux
essais du Zyklon B sur les Juifs. Il ne cesse dès lors d'alerter les
représentants des Eglises chrétiennes et des Alliés sur le génocide et
tente de rencontrer le nonce du Pape. A la fin de la guerre, il est
fait prisonnier par des Français à Rottweil où il rédige son Rapport
Gerstein. Transféré à Paris, il est accusé de crimes contre l'Humanité.
Il est retrouvé pendu dans sa cellule en juillet 1945. Le doute plane
toujours sur son suicide. Son corps fut inhumé à Thiais puis jeté à
l'ossuaire. Il a été réhabilité en 1965.
furie- Caporal-chef
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Re: sur Gerstein
Gerstein est un personnage qui a bien existé, c'est les évènements rapportés par le film qui sont sujets à question et à débat. On n'en a pas parlé sur cette discussion, mais fait une toute petite recherche et tu verra que nous en avons déjà parlé.
Maintenant, un petit détail, parce que ton ton ne me plait vraiment pas : je ne t'agresse pas. J'ai le droit de mettre en doute les arguments que tu avance soit que tu ne prenne cela comme une attaque personnelle.
Si l'on vient sur un forum de discussion, c'est pour discuter, échanger des arguments. Si tout le monde sest consensuellement d'accord, ce n'est pas une discussion.
Donc, tu ne m'agresse pas et tu ne te sens pas agréssé. Tu n'es pas d'accord avec moi ? Tant mieux. Alors, tu utilise ton intelligence pour aller chercher des arguments plus pertinents que les miens. Et si je ne suis pas convaincu par tes arguments, à moi de mettre des arguments pour compléter ou contredire les tiens. C'est pas la qualité de tes arguments que tu pourra faire valoir ton bon droit. Pas en te défendant d'une attaque personnelle imaginaire ou en cherchant à en créer une.
PS : je cite ce que tu a mis : "et il tente de rencontrer le Nonce du Pape". Sur le post qui parle du film, tu verra que contrairement à ce qui est avancé dans le film, il ne l'a jamais rencontré. Conformément à ce que tu a copié.
Maintenant, un petit détail, parce que ton ton ne me plait vraiment pas : je ne t'agresse pas. J'ai le droit de mettre en doute les arguments que tu avance soit que tu ne prenne cela comme une attaque personnelle.
Si l'on vient sur un forum de discussion, c'est pour discuter, échanger des arguments. Si tout le monde sest consensuellement d'accord, ce n'est pas une discussion.
Donc, tu ne m'agresse pas et tu ne te sens pas agréssé. Tu n'es pas d'accord avec moi ? Tant mieux. Alors, tu utilise ton intelligence pour aller chercher des arguments plus pertinents que les miens. Et si je ne suis pas convaincu par tes arguments, à moi de mettre des arguments pour compléter ou contredire les tiens. C'est pas la qualité de tes arguments que tu pourra faire valoir ton bon droit. Pas en te défendant d'une attaque personnelle imaginaire ou en cherchant à en créer une.
PS : je cite ce que tu a mis : "et il tente de rencontrer le Nonce du Pape". Sur le post qui parle du film, tu verra que contrairement à ce qui est avancé dans le film, il ne l'a jamais rencontré. Conformément à ce que tu a copié.
Narduccio- Général (Administrateur)
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Re: sur Gerstein
En fait, la source première du film de Costas-Gavras est une pièce de théâtre sortie en 1963 et intitulée "Le Vicaire".
La pièce reprend en effet de nombreux éléments témoignage de Kurt Gerstein, mais son propos principal est de critiquer l'action (ou l'inaction) de l'Eglise catholique et, principalement, du Pape Pie XII au cours de la seconde guerre mondiale. A ce titre, son propos est très politique. ll s'est même trouvé un ex-agent de la Securitate (la police secrète roumaine de l'époque Ceaucescu) pour prétendre que la pièce avait été créée à l'instigation du bloc de l'Est pour déconsidérer le Pape et l'Eglise. Mythe ou réalité? Je ne me pronconcerai pas là-dessus à défaut d'éléments probants.
Il ne fait toutefois aucun doute que le film de Costas Gavras qui, comme chacun le sait, est un cinéaste politiquement engagé à gauche, est tout aussi politiquement engagé que la pièce dont il s'inspire. Ce qui va l'amener à tranformer certain éléments, à en oublier d'autres tout en en ajoutant de nouveaux, Bref, du cinéma. Je ne prétend pas que Costas Gabras a fait oeuvre de faussaire, mais il faut bien voir qu'un film de 132 minutes ne peut rendre compte dans son intégralité d'une réalité qui fut très complexe et qui s'est étendue sur cinq années (en fait bien plus si on se réfère au combat qu'a mené Gerstein).
En d'autre termes, même si le film s'inspire notamment de l'histoire de Kurt Gerstein (ou du moins de certains événements de sa vie), à l'arrivée il n'a plus qu'un lointain rapport avec ce que fut réellement la vie de Kurt Gerstein. Je suppose qu'Eddy, qui est le spécialiste de Kurt Gerstein, pourra confirmer dans les grandes lignes (et peut-être en y ajoutant quelques détails) ce qui précède.
Encore une fois, le cinéma est un genre particulier qui oblige souvent à procéder par elipses. Les vieux routiers du forums se souviendront qu'il y a un certain temps, un fâcheux était parvenu à nous expliquer très sérieusement que Costas Gavra était un négationniste au motif que dans son film il montrait "que les chambres à gaz avaient des portes en fer alors qu'en réalité elles étaient en bois" (ou l'inverse, je ne sais plus trop et j'ai pas envie d'aller plonger dans cette poubelle pour retrouver l'expression exacte).
La pièce reprend en effet de nombreux éléments témoignage de Kurt Gerstein, mais son propos principal est de critiquer l'action (ou l'inaction) de l'Eglise catholique et, principalement, du Pape Pie XII au cours de la seconde guerre mondiale. A ce titre, son propos est très politique. ll s'est même trouvé un ex-agent de la Securitate (la police secrète roumaine de l'époque Ceaucescu) pour prétendre que la pièce avait été créée à l'instigation du bloc de l'Est pour déconsidérer le Pape et l'Eglise. Mythe ou réalité? Je ne me pronconcerai pas là-dessus à défaut d'éléments probants.
Il ne fait toutefois aucun doute que le film de Costas Gavras qui, comme chacun le sait, est un cinéaste politiquement engagé à gauche, est tout aussi politiquement engagé que la pièce dont il s'inspire. Ce qui va l'amener à tranformer certain éléments, à en oublier d'autres tout en en ajoutant de nouveaux, Bref, du cinéma. Je ne prétend pas que Costas Gabras a fait oeuvre de faussaire, mais il faut bien voir qu'un film de 132 minutes ne peut rendre compte dans son intégralité d'une réalité qui fut très complexe et qui s'est étendue sur cinq années (en fait bien plus si on se réfère au combat qu'a mené Gerstein).
En d'autre termes, même si le film s'inspire notamment de l'histoire de Kurt Gerstein (ou du moins de certains événements de sa vie), à l'arrivée il n'a plus qu'un lointain rapport avec ce que fut réellement la vie de Kurt Gerstein. Je suppose qu'Eddy, qui est le spécialiste de Kurt Gerstein, pourra confirmer dans les grandes lignes (et peut-être en y ajoutant quelques détails) ce qui précède.
Encore une fois, le cinéma est un genre particulier qui oblige souvent à procéder par elipses. Les vieux routiers du forums se souviendront qu'il y a un certain temps, un fâcheux était parvenu à nous expliquer très sérieusement que Costas Gavra était un négationniste au motif que dans son film il montrait "que les chambres à gaz avaient des portes en fer alors qu'en réalité elles étaient en bois" (ou l'inverse, je ne sais plus trop et j'ai pas envie d'aller plonger dans cette poubelle pour retrouver l'expression exacte).
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Baugnez44- Général (Administrateur)
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Re: sur Gerstein
Bonjour Furie;
Je viens de lire ton message et les réponses... Du calme, personne ne te cherche des poux dans la tête.
"Le personnage historique de Kurt Gerstein
Le personnage principal, Kurt Gerstein, interprété par Ulrich Tukur a
réellement existé. Ingénieur et médecin évangéliste, il s'oppose aux
Nazis dès 1933 bien qu'il ait adhéré au Parti National Socialiste pour
des raisons professionnelles. Arrêté deux fois et interné dans un camp
de concentration en 1938, il décide de rejoindre les rangs des SS en
mars 1941. Grâce à ses compétences techniques et scientifiques, il
occupe un poste à l'institut d'hygiène de la Waffen SS et combat
efficacement le typhus. Il est nommé Obersturmführer et assiste aux
essais du Zyklon B sur les Juifs. Il ne cesse dès lors d'alerter les
représentants des Eglises chrétiennes et des Alliés sur le génocide et
tente de rencontrer le nonce du Pape. A la fin de la guerre, il est
fait prisonnier par des Français à Rottweil où il rédige son Rapport
Gerstein. Transféré à Paris, il est accusé de crimes contre l'Humanité.
Il est retrouvé pendu dans sa cellule en juillet 1945. Le doute plane
toujours sur son suicide. Son corps fut inhumé à Thiais puis jeté à
l'ossuaire. Il a été réhabilité en 1965."
Les éléments soulignés en gras sont faux.
L’existence de Kurt Gerstein furent révélés au monde au début des années cinquante par l’historien Léon Poliakov, dans une note de bas de page de son livre « Le Bréviaire de la Haine ; le IIIe Reich et les Juifs ». Puis, en 1963, utilisant le personnage de Gerstein dans sa pièce, « Der Stellvertreter » (« Le Vicaire »), Rolf Hochhuth s’en prit ouvertement à Pie XII, accusant le Catholicisme de tolérance envers les crimes Nazis. Mais, au début des années soixante, aucune recherche sérieuse n’avait été effectuée, et Hochhuth ne pouvait connaître que les grandes lignes de la vie de Gerstein ; aussi créa-t-il un personnage semi historique afin de véhiculer son pamphlet anti-Vatican – passant ainsi à côté de l’extraordinaire aventure personnelle de Gerstein.
En 1969, la biographie de l’historien Saül Friedländer, « Kurt Gerstein ; ou l’ambiguïté du Bien », souffrant d’une évidente réticence à défendre son sujet, malgré la prémisse de départ, connaît un succès mitigé. À la même époque, le journaliste et chroniqueur judiciaire Français Pierre Joffroy entame une enquête approfondie sur Gerstein. Elle durera presque quinze ans, et aboutira avec « L’Espion de Dieu » ; la biographie de référence.
Au sujet de « Amen », le film de Costa-Gavras, il est utile de savoir que Costa-Gavras, s’étant vu refuser les droits d’adaptation de « L’Espion de Dieu » (Pierre Joffroy) – une des rares biographies archi-documentée – il ne pouvait utiliser les informations qui s’y trouvaient. Il se rabattit donc sur le texte de Hochuuth (années 50), dupliquant le pamphlet anti-Vatican et, lui aussi, dressant un portrait fictif de Gerstein (le film est quasi identique à la pièce).
« Amen » est un pamphlet contre le Vatican (pompé sur Hochhuth), et non une biographie de Gerstein qui est ici utilisé uniquement comme véhicule (le « témoin que personne ne veut croire ») pour renforcer le pamphlet :
- Gerstein était le président des Associations de Jeunesses Chrétiennes pour l’ensemble de la Westphalie, et militait pour protéger l’éducation des jeunes (contre la propagande nazie), ainsi que pour l’indépendance de l’Église Confessante. Détail super important non-mentionné.
- Il fut arrêté à 3 reprises par la Gestapo pour activités anti-nazies, puis incarcéré pendant 6 semaines au camp de concentration de Welzheim. Autre détail super important également non mentionné, car on nous montre simplement un SS (un peu gentil et parlant avec une voix douce) sans savoir qui est ce personnage très spécial.
- Bien qu’ayant fait acte de volontariat 3 mois auparavant, il n’était pas encore admis à la Waffen-SS lorsque sa belle-sœur (Bertha Ebeling) fut assassinée dans la clinique d’Hadamar.
- Il n’a pas du tout découvert les gazages comme dans le film, puisque c’est lui qui fut chargé par Rolf Günther de 4BIV de convoyer le Zyklon B à Belzec, dans la tentative de transformer le système de gazage qui fonctionnait au gaz d’échappements (CO2).
- Gerstein avait accepté la mission en connaissance de cause afin de pouvoir en être le témoin. Son cas de conscience remonte à longtemps avant et est la raison même de son engagement à la SS.
- Le détail débile de la boîte de Zyklon roulant du toit des chambres est archi-faux puisque le Zyklon B ne fut jamais utilisé dans les camps d’Aktion Reinhard (la livraison de Gerstein ne fut jamais utilisée, ni même testée, mais enterrée aux environs du camp car le Commandant, Christian Wirth ne souhaitait pas changer le système). D'ailleurs, son rapport montre bien que la visite ne s'est pas du tout passée comme dans le film.
- Si Gerstein avait des moments de déprime profonde - surtout durant les semaines après avoir vu le camp - tous les témoignages affirment qu’ il s’exprimait avec une « attitude SS » (particulièrement en public) afin de donner le change.
- La rencontre avec Monseigneur Orsenigo est un figment de l’imagination de Hochhuth et de Gavras, car elle n’eut jamais lieu. Gerstein s’est bien rendu à la nonciature du Pape, mais y a rencontré quelqu’un d’autre, et les choses se sont passées différemment.
Si tu souhaites en savoir +, n'hésite pas.
Cheers
Eddy
Je viens de lire ton message et les réponses... Du calme, personne ne te cherche des poux dans la tête.
"Le personnage historique de Kurt Gerstein
Le personnage principal, Kurt Gerstein, interprété par Ulrich Tukur a
réellement existé. Ingénieur et médecin évangéliste, il s'oppose aux
Nazis dès 1933 bien qu'il ait adhéré au Parti National Socialiste pour
des raisons professionnelles. Arrêté deux fois et interné dans un camp
de concentration en 1938, il décide de rejoindre les rangs des SS en
mars 1941. Grâce à ses compétences techniques et scientifiques, il
occupe un poste à l'institut d'hygiène de la Waffen SS et combat
efficacement le typhus. Il est nommé Obersturmführer et assiste aux
essais du Zyklon B sur les Juifs. Il ne cesse dès lors d'alerter les
représentants des Eglises chrétiennes et des Alliés sur le génocide et
tente de rencontrer le nonce du Pape. A la fin de la guerre, il est
fait prisonnier par des Français à Rottweil où il rédige son Rapport
Gerstein. Transféré à Paris, il est accusé de crimes contre l'Humanité.
Il est retrouvé pendu dans sa cellule en juillet 1945. Le doute plane
toujours sur son suicide. Son corps fut inhumé à Thiais puis jeté à
l'ossuaire. Il a été réhabilité en 1965."
Les éléments soulignés en gras sont faux.
L’existence de Kurt Gerstein furent révélés au monde au début des années cinquante par l’historien Léon Poliakov, dans une note de bas de page de son livre « Le Bréviaire de la Haine ; le IIIe Reich et les Juifs ». Puis, en 1963, utilisant le personnage de Gerstein dans sa pièce, « Der Stellvertreter » (« Le Vicaire »), Rolf Hochhuth s’en prit ouvertement à Pie XII, accusant le Catholicisme de tolérance envers les crimes Nazis. Mais, au début des années soixante, aucune recherche sérieuse n’avait été effectuée, et Hochhuth ne pouvait connaître que les grandes lignes de la vie de Gerstein ; aussi créa-t-il un personnage semi historique afin de véhiculer son pamphlet anti-Vatican – passant ainsi à côté de l’extraordinaire aventure personnelle de Gerstein.
En 1969, la biographie de l’historien Saül Friedländer, « Kurt Gerstein ; ou l’ambiguïté du Bien », souffrant d’une évidente réticence à défendre son sujet, malgré la prémisse de départ, connaît un succès mitigé. À la même époque, le journaliste et chroniqueur judiciaire Français Pierre Joffroy entame une enquête approfondie sur Gerstein. Elle durera presque quinze ans, et aboutira avec « L’Espion de Dieu » ; la biographie de référence.
Au sujet de « Amen », le film de Costa-Gavras, il est utile de savoir que Costa-Gavras, s’étant vu refuser les droits d’adaptation de « L’Espion de Dieu » (Pierre Joffroy) – une des rares biographies archi-documentée – il ne pouvait utiliser les informations qui s’y trouvaient. Il se rabattit donc sur le texte de Hochuuth (années 50), dupliquant le pamphlet anti-Vatican et, lui aussi, dressant un portrait fictif de Gerstein (le film est quasi identique à la pièce).
« Amen » est un pamphlet contre le Vatican (pompé sur Hochhuth), et non une biographie de Gerstein qui est ici utilisé uniquement comme véhicule (le « témoin que personne ne veut croire ») pour renforcer le pamphlet :
- Gerstein était le président des Associations de Jeunesses Chrétiennes pour l’ensemble de la Westphalie, et militait pour protéger l’éducation des jeunes (contre la propagande nazie), ainsi que pour l’indépendance de l’Église Confessante. Détail super important non-mentionné.
- Il fut arrêté à 3 reprises par la Gestapo pour activités anti-nazies, puis incarcéré pendant 6 semaines au camp de concentration de Welzheim. Autre détail super important également non mentionné, car on nous montre simplement un SS (un peu gentil et parlant avec une voix douce) sans savoir qui est ce personnage très spécial.
- Bien qu’ayant fait acte de volontariat 3 mois auparavant, il n’était pas encore admis à la Waffen-SS lorsque sa belle-sœur (Bertha Ebeling) fut assassinée dans la clinique d’Hadamar.
- Il n’a pas du tout découvert les gazages comme dans le film, puisque c’est lui qui fut chargé par Rolf Günther de 4BIV de convoyer le Zyklon B à Belzec, dans la tentative de transformer le système de gazage qui fonctionnait au gaz d’échappements (CO2).
- Gerstein avait accepté la mission en connaissance de cause afin de pouvoir en être le témoin. Son cas de conscience remonte à longtemps avant et est la raison même de son engagement à la SS.
- Le détail débile de la boîte de Zyklon roulant du toit des chambres est archi-faux puisque le Zyklon B ne fut jamais utilisé dans les camps d’Aktion Reinhard (la livraison de Gerstein ne fut jamais utilisée, ni même testée, mais enterrée aux environs du camp car le Commandant, Christian Wirth ne souhaitait pas changer le système). D'ailleurs, son rapport montre bien que la visite ne s'est pas du tout passée comme dans le film.
- Si Gerstein avait des moments de déprime profonde - surtout durant les semaines après avoir vu le camp - tous les témoignages affirment qu’ il s’exprimait avec une « attitude SS » (particulièrement en public) afin de donner le change.
- La rencontre avec Monseigneur Orsenigo est un figment de l’imagination de Hochhuth et de Gavras, car elle n’eut jamais lieu. Gerstein s’est bien rendu à la nonciature du Pape, mais y a rencontré quelqu’un d’autre, et les choses se sont passées différemment.
Si tu souhaites en savoir +, n'hésite pas.
Cheers
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: sur Gerstein
tant que le post est ouvert, en savoir plus, c'est possible ???
Moi je suis preneuse !
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Re: sur Gerstein
Le sujet a déjà été débattu il me semble ( à propos de Costar Gravos et sa prétendue vision négationiste ou mensongère).
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: sur Gerstein
Phil642 a écrit:Le sujet a déjà été débattu il me semble ( à propos de Costar Gravos et sa prétendue vision négationiste ou mensongère).
Oui, très précisément ici.
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Re: sur Gerstein
Narduccio a écrit:
Maintenant, un petit détail, parce que ton ton ne me plait vraiment pas : je ne t'agresse pas. J'ai le droit de mettre en doute les arguments que tu avance soit que tu ne prenne cela comme une attaque personnelle.//
//Donc, tu ne m'agresse pas et tu ne te sens pas agréssé. Tu n'es pas d'accord avec moi ?/
et bien justement, si j'ai réagi de cette maniére c'est que ta reponse pour le moins laconique m'a semblé agressive.
Je l'ai interprété comme du genre :
-"lit un peu le post au dessus" (ça tombe bien quand je poste je m'efforce de lire ce qui a été ecrit plus haut)"
-et "qu'est ce qu'on s'en tape de ce film !!! pas la peine de mettre tes liens moisis ici, on s'en cogne!"
Met toi 10 secondes a ma place et ensuite relis ton post, tu comprendras ma reaction et surtout mon incomprehension vu ce que j'avais posté avant.
Bref, pour en revenir a mon 1er post, je lis ce post sur Gerstein (2 fois), et je me rappelle avoir vu "Amen" qui traite d'un sujet similaire.
Je verifie sur "allo ciné" que je ne me trompe pas, je poste une reponse qui dit en substance : heho les gars, il existe un film de Costa Gavras sur la vie de cet homme...et c'est tout.
Jamais je ne porte un jugement sur le film, jamais je n'avance quoi que ce soit, jamais je ne donne d'arguments...
Je donne un lien, rien qu'un lien...
Sans critique d'aucune sorte, ni sur le fond du film, ni sur la forme.
Et toi tu mets en doute mes arguments ?!!?
mais quels arguments ???
tu n'as pas a étre ou ne pas étre d'accord avec mes arguments vu que je n'argumente pas, je reste dans le factuel : l'existence d'un film basé sur la vie de gertein.
ensuite tu me rentre dans le lard en me faisant au passage un cours de deonthologie forumesque alors qu'a aucun moment je ne lance de debat ou n'affirme quoi que ce soit...
Bref, un forum est souvent source d'incomprehension, la faute a l'intonation qui en est malheureusement absente.
furie- Caporal-chef
- Nombre de messages : 30
Date d'inscription : 07/05/2008
Re: sur Gerstein
furie a écrit:Bref, un forum est souvent source d'incomprehension, la faute a l'intonation qui en est malheureusement absente.
Ca, je suis bien d'accord. Le seul moyen de faire de l'ironie sur un forum est de le dire ....
Bon, il ne s'agit que d'une incomprehension. J'en suis très content.
Bon, je te présente aussi mes excuse, parce que c'est vrai que tu es nouveau et tu ne pouvais pas savoir qu'il y avait déjà une discussion sur ce film. En fait, au début de certains films on devrait mettre soit : attention phamplet, ou parfois : ceci est une oeuvre romanesque et qui n'a qu'un lointain rapport avec la réalité.
Narduccio- Général (Administrateur)
- Nombre de messages : 4976
Age : 65
Localisation : Alsace
Date d'inscription : 05/10/2006
Re: sur Gerstein
Arf, c'est vrai que ça arrive assez souvent ce genre de quiproquos.
Comme quoi, rien ne remplace un vrai café du commerce !!!
Aller zou, c'est ma tournée !!! 8) :D :D 8)
Comme quoi, rien ne remplace un vrai café du commerce !!!
Aller zou, c'est ma tournée !!! 8) :D :D 8)
furie- Caporal-chef
- Nombre de messages : 30
Date d'inscription : 07/05/2008
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