Merkel: "responsabilité pour l'Holocauste"

La chancelière Angela Merkel a estimé aujourd'hui que l'Allemagne avait "une responsabilité permanente pour les crimes du national-socialisme" à quelques jours du 80e anniversaire de l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler.

"Naturellement, nous avons une responsabilité permanente pour les crimes du national-socialisme, pour les victimes de la Seconde Guerre mondiale, et avant toutes choses, également, pour l'Holocauste", a déclaré la chancelière, dans un podcast, diffusé samedi sur son site internet alors que mercredi marquera le 80e anniversaire de l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler, le 30 janvier 1933.

"Il faut clairement dire, génération après génération, et il faudra le redire: avec du courage, du courage civil, chacun, individuellement, peut permettre que le racisme et l'antisémitisme n'aient aucune chance", a-t-elle ajouté. "Nous faisons face à notre histoire, nous n'occultons rien, nous ne refoulons rien. Nous devons nous confronter à cela pour faire en sorte d'être à l'avenir un partenaire bon et digne de foi, comme nous le sommes d'ailleurs déjà aujourd'hui, heureusement", a-t-elle également affirmé.

Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler accédait au poste de chancelier, appelé au pouvoir par le président de la République de l'époque, le maréchal Paul von Hindenburg.

sources : AFP, lefigaro.fr

J' émets juste une petite réserve quant à la politique commémorative de Mme Merkel. A mon avis un Chef de Gouvernement allemand aurait prioritairement l'obligation de traiter les victimes innocentes de la Seconde Guerre Mondiale sur un pied d'égalité. Or il faut s'intéresser au terme "avant toutes choses aux victimes de l'holocauste".

Il faut savoir que la lecture de programmes de partis politiques est par nature aride, rébarbative et en un mot barbante. Cependant lorsqu'on s'attelle à cette tâche il arrive que l'on trouve des passages éclairants. C'était mon cas lorsque j'ai consulté il y a trois ans le programme politique de la CDU, l'union chrétienne-démocrate,  le parti de Mme Merkel de 2009 à 2013 Ce document est par ailleurs accessible sur internet, il suffit de taper "Wir haben die Kraft, Gemeinsam für unser Land" sur un moteur de recherches, puis de télécharger le programme.

Aux pages 58 et 59 du programme, consacrées à la politique mémorielle de la CDU on relève page 59 la formulation suivante " Wir erinnern an den Nationalsozialismus und seine grauenhafte Verbrechen, die millionenfach Tod und Leid über die Welt gebracht und vor allem mit der Ermordung von sechs Millionen Juden in Europa eine unauslöschliche Mahnung hinterlassen haben." ce qui, traduit en français signifie " Nous faisons mémoire du national-socialisme et de ses crimes effroyables, qui ont amenés des millions de fois la mort et la souffrance sur le monde et qui ont avant tout (souligné par moi) laissé une monition (une mise en garde solennelle) ineffaçable par l'assassinat de six millions de juifs en Europe.

Il faut savoir qu'il y a eu 6 millions de morts de l'holocauste en Europe, mais selon les sources 47 à 60 millions de morts de la seconde guerre mondiale dont plus d'une vingtaine de millions de morts soviétiques, trois à six millions de morts polonaises, plus d'un million de morts yougoslaves, des centaines de milliers de morts grecques, 340000 morts françaises. Faut-il admettre que ces près de 90 % de morts non- juives de la seconde guerre mondiale n'ont-elles pas "avant tout" laissées un souvenir ineffaçable?

Le problème est qu' il ne s'agit pas seulement d'un lapsus théorique dans la formulation d'un programme, mais que la politique allemande suit fidèlement ces priorités. J'avais dans un précedent post consacré à l'affaire Dieudonné montré comment les victimes juives du siège de Léningrad par la Wehrmacht avaient été indemnisées en 2008, mais non les victimes non-juives, il existe des cas de communes italiennes ou grecques, victimes de massacres ou d'éxécutions d'otages durant la seconde guerre mondiale, où les demandes d'indemnisations adressées aux autorités allemandes sont pendantes depuis des décennies devant les tribunaux, alors que les demandes juives sont-elles satisfaites.

Dans un discours tenu devant le parlement israélien la Knesset en 2008 Mme Merkel avait indiqué que la sécurité d'Israël était la raison d'état (Staatsräson) de la République Fédérale allemande. Son discours m'avait fait tiquer à l'époque, il faut savoir que la "Staatsräson", le fait de placer les intérêts supérieurs de l'état au dessus de considérations morales ou politiques est un terme lourdement connoté en Allemagne. Des chefs d'états ou de gouvernements allemands de Fréderic II de Prusse, en passant par Bismarck pour aboutir à Hitler ont systématiquement invoqués la "Staatsräson" pour porter atteinte à la parole donnée, déchirer des traités solennels comme des chiffons de papiers, déclancher des guerres d'agression et dévaster des régions entières de l'Europe.

Mme Merkel a fait remettre à titre gratuit à Israël des Sous-Marins allemands susceptibles de porter des missiles balistiques, même à tête nucléaire. Mme Merkel est le second chef de gouvernement allemand après Helmut Kohl à avoir reçu la médaille du "Bnaï Brith", la maçonnerie juive dépendante du Congrès Juif Mondial à New-York en 2008. Cet honneur était motivé par la "fermeté de Mme Merkel vis à vis de l'Iran et sa lutte contre l'Antisémitisme"

L'efficacité avec laquelle les Juifs arrivent à obtenir quelques réparations tient au fait de leur dynamisme et leurs connaissances juridiques.

Les Tziganes par exemple ayant par nature moins de personnes ayant accès aux études de droits ont plus de difficultés à obtenir réparation, on constate cependant un très net rapprochement ces dernières années entre ces deux communautés à des fins d'entraide en la matière.

Certes la meilleure préparation des organisations et des juristes de la communauté juive joue un rôle, toute la question est de savoir s'il ne bénéficient pas d'un contexte politique discriminatoire pour d'autres catégories de victimes du nazisme. On peut par exemple calculer que pour le prix de quatre sous-marins offerts gratuitement à Israël, l'on aurait déjà pu indemniser un certain nombre de victimes du nazisme, même non juives.

Voilà des opinions dites avec retenue et doigté   
Oui, en Europe ona un à-priori favorable envers les
victimes de l'Holocauste (quand ce n'est pas plus
pesant encor'); "l'affaire" qui vient de secouer l'Hexagone
en est la preuve indéniable.
S'agit-il d'un lobby comme disent les détracteurs ?
Il est toujours très délicat de souligner ce qui apparaît
comme un complexe de culpabilité collective...qui commence
à agacer sérieusement, et pas eulement la jeunesse.

C'est parce que la nature même du crime commit n'est pas perceptible par les citoyens, elle diluée par le temps, la méconnaissance de l'histoire et le manque d'empathie généré par une société de consommation poussée à outrance qui pousse à l'égoïsme.